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23 juin 2025
Par Yoro DIA
PRESIDENT ALPHA CONDE ET LE SENEGAL, LE RESSENTIMENT PERMANENT
Notre brillante compatriote, l’écrivaine Fatou Diome, dit souvent à la jeunesse africaine que «le ressentiment n’est pas un projet mais un frein à tout». Le Président Condé, qui n’est plus si jeune, devrait aussi s’approprier cette sagesse.
Notre brillante compatriote, l’écrivaine Fatou Diome, dit souvent à la jeunesse africaine que «le ressentiment n’est pas un projet mais un frein à tout». Le Président Condé, qui n’est plus si jeune, devrait aussi s’approprier cette sagesse. En septembre 2020, le Président Alpha Condé ferma sa frontière avec le Sénégal. A Dakar, on ne s’en rendit même pas compte. Ce fut un non-évènement. Sept mois après, il a fallu que Condé en parle à Jeune Afrique pour que le Sénégal se rappelle et se souvienne que la frontière était toujours fermée. Ce qui confirme que la fermeture de la frontière guinéenne a été et demeure un non-évènement à Dakar. Si l’histoire des relations internationales est avant tout une question de rapport de force, on voit nettement où penche la balance.
Il avait affirmé lors de l’épidémie d’Ebola que le Sénégal avait fermé ses frontières alors que, selon lui, la Guinée nourrit le Sénégal. Depuis septembre 2020, la frontière est fermée et le Sénégal n’est pas mort de faim. Alpha Condé cherche une voie de sortie honorable pour ouvrir la frontière ? Et c’est parce que la sortie de Alpha Condé dans Jeune Afrique a été un non-évènement à Dakar qu’il a changé de stratégie en sortant le riti pour le 4 avril, en «nous assurant de sa ferme détermination à œuvrer de concert avec vous pour le renforcement et la diversification de nos liens d’amitié de fraternité, unissant si heureusement nos deux pays». Le Sénégal a très bien fait d’être constant en traitant toutes ces gesticulations de Condé comme des non évènements. Il avait fermé unilatéralement sa frontière. S’il veut la rouvrir, il n’a qu’à le faire unilatéralement. Ce n’est pas au Sénégal de lui fournir un prétexte, ou une porte de sortie honorable.
Comme je l’ai souligné dans ma dernière chronique, Condé poursuit le Sénégal d’un ressentiment tenace qui remonte d’avant les indépendances, à cause de frustrations d’étudiant à la Feanf. C’est ce ressentiment permanent qui explique sa joie à peine dissimulée lors des émeutes qui ont coûté la vie à une dizaine de nos compatriotes. C’est aussi ce ressentiment qui explique qu’il ait servi de bouclier pour sauver Yahya Jammeh, le Néron de Banjul, qui attisait le feu en Casamance pour une partition du Sénégal. Il y a un proverbe arabe qui dit : «Il est préférable de choisir le voisin avant la maison et le compagnon avant le voyage.» Un pays fait son histoire mais subit sa géographie. Donc, le Sénégal et la Guinée sont des voisins et aucun ne peut déménager, mais heureusement le compagnonnage avec Condé est limité dans le temps, s’il est probable qu’il va céder à la tentation du 4e mandat. Qui aimerait avoir un voisin qui se réjouit de vos malheurs (les émeutes qui ont fait une dizaine de morts) et va servir de bouclier pour sauver un de vos pires ennemis (Jammeh). Pour justifier son bras de fer avec Macky Sall, Condé invoque la vieille rivalité entre les deux titans Senghor et Sékou Touré. Il a raison. Tout est parti de là.
Sékou Touré a été, comme l’a écrit Sennen Andriamirado, un «un héros» avant de devenir un «tyran» sanguinaire. De Sékou Touré à Condé, la Guinée est passée de l’avant-garde incarnant le rêve et la fierté africaine, à l’arrière-garde. Sékou Touré a fait entrer la Guinée dans l’histoire en 1958, ses successeurs l’en ont fait sortir.
Sékou Touré a brisé son élan et celui de la Guinée parce qu’il s’est enfermé dans le piège identitaire, avec une quête permanente de complots souvent imaginaires comme le fait Condé aujourd’hui. Contrairement à Sékou Touré et son obsession des complots, Senghor s’est courageusement mis à l’œuvre pour bâtir une Nation mais surtout un Etat, qui est aujourd’hui notre bien le plus précieux. C’est parce que Senghor s’est battu pour une Nation et un Etat que Diouf a consolidés, que le Sénégal a souvent été une terre d’asile démocratique pour Condé quand il était opposant. Ce Sénégal dont il se réjouit des malheurs et qui l’a pourtant sauvé des geôles de Lansana Conté. D’ailleurs, dans les milieux diplomatiques, on raconte l’anecdote que, «il n y a que Condé qui a réussi la prouesse d’énerver l’irréprochable Bruno Diatta, dont le flegme et le sang-froid étaient légendaires». Quand le Président Diouf en visite à Conakry, sauva Condé des geôles de Lansana Conté, il le ramena à Dakar dans son avion et le fit loger au Méridien. Condé appela Bruno Diatta, non pas pour le remercier des dispositions prises pour le loger mais pour protester qu’on ne lui ait pas donné une suite. Le Sénégal a toujours été une terre d’asile naturelle pour les opposants africains (de la Swapo à Condé), mais aussi refuge pour anciens dictateurs qui viennent chercher la protection de notre Droit et de nos lois qui étaient une denrée rare sur le continent.
Eyadema avait fait la querelle à Wade : «Mes opposants se réunissent à Dakar alors que tes opposants ne sont pas à Lomé.» Les opposants sénégalais n’ont pas besoin de terre d’asile parce qu’ils peuvent se réunir librement au vu et au su de tout le monde. Condé poursuit le Sénégal d’un ressentiment qui remonte aux années d’avant indépendance. Vu l’ampleur et la profondeur de cette frustration et de ressentiment plus âgé que le Sénégal indépendant, on a qu’à remercier Dieu que Condé n’ait pas le pouvoir de dévier le cours du fleuve Sénégal et de l’empêcher de couler vers Saint-Louis. S’il en avait le pouvoir, il l’aurait fait sans hésiter. Remercions aussi Dieu de nous avoir donné Léopold Senghor qui, en plus d’avoir renforcé le sentiment national (le contraire de la Guinée) et de nous avoir laissé cet Etat qui est notre avantage absolu, et qui permet au Sénégal de rester à l’avant-garde des démocraties avec l’alternance devenue la respiration naturelle de notre démocratie. N’en déplaise à Condé, c’est parce que nous sommes à l’avant-garde que l’opinion internationale s’émeut des émeutes à Dakar, alors qu’elles sont une banalité dans d’autres pays. Les Sénégalais ne doivent jamais l’oublier. Quelles que soient nos différences politiques, notre pays a un rang à tenir car les autres se projettent sur nous et aspirent à atteindre nos standards démocratiques.
LES TRAVAILLEURS DE PANAPRESS DÉNONCENT LES MESURES DE RETORSION DE LA DIRECTION
L’Agence panafricaine d’information vit des heures difficiles. La maison est secouée par le non-paiement des salaires des travailleurs depuis 38 mois
L’Agence panafricaine d’information (Panapress) vit des heures difficiles. La maison est secouée par le non-paiement des salaires des travailleurs depuis 38 mois. La Direction générale «a pris des mesures de rétorsion contre les employés en grève en bloquant leurs mots de passe pour qu’ils n’accèdent plus à la plateforme de l’agence et gelé leur couverture médicale», informe le Collectif des employés de Panapress.
Les travailleurs de l’Agence panafricaine d’information (Panapress) sont dans une situation critique depuis trois années. Ces pères et mères de famille, qui sont restés 38 mois sans être payés, continuent de réclamer les arriérés de salaire. «Une bonne partie des employés de l’Agence panafricaine d’information (Pana-press) a entamé ce mardi 6 avril, sa cinquième mois de grève pour obtenir le paiement de 38 mois d’arriérés contractés pendant cinq ans. Ils n’ont pas reçu de salaire depuis fin août 2020. Au cours de l’année dernière, ils n’ont perçu que deux salaires (en janvier et avril) et des demi-salaires en mai, juin, juillet et août», informe un communiqué.
Dans le document, les grévistes ont reproché à leur direction de s’adonner à des intimidations pour les faire reculer.
Le Secrétaire général du Collectif des employés de la Panapress, Amadou Abdoul Sakho, informe : «La Direction générale n’a pris aucune initiative allant dans le sens de régler la crise. En revanche, elle a pris des mesures de rétorsion contre les employés en grève en bloquant leurs mots de passe pour qu’ils n’accèdent plus à la plateforme de l’agence et gelé leur couverture médicale. Ainsi, nos familles et nous n’avons plus accès aux médicaments et ne pouvons plus nous soigner dans les structures médicales. A cela s’ajoutent les intimidations et menaces de licenciement.»
Il faut rappeler que c’est la énième fois qu’un acte de ce genre est posé par le Collectif des employés de Panapress. Récemment, ils ont écrit, en fin février dernier, au Président de la Rd Congo, Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (Ua), au Prési¬dent sénégalais, Macky Sall, au président de la Commission de l’Ua, Moussa Faki Mohamat, et à la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Mme Aïssata Tall Sall. Toutes ces autorités sont informées de «notre situation, des difficultés financières que l’agence ne cesse de rencontrer depuis 2003, soit trois ans après sa relance, et du manque de perspectives dans nos carrières surtout en termes d’avancement et d’augmentation de salaires», souligne le document.
PUR TRANSHUMANCE
Ce n’était peut-être qu’une question de temps. Mais on voyait venir El Hadji Issa Sall quand, après le ralliement de Idrissa Seck, le Président Macky Sall avait révélé discuter avec les autres candidats.
Le député Issa Sall a été remplacé, vendredi dernier, par son suppléant Cheikh Tidiane Ndiaye. Lui a préféré le poste de ministre conseiller auprès du chef de l’Etat. Mais l’ex-coordonnateur du Pur avait annoncé les prémices de son rapprochement avec Macky Sall depuis la réélection de ce dernier.
Ce n’était peut-être qu’une question de temps. Mais on voyait venir El Hadji Issa Sall quand, après le ralliement de Idrissa Seck, le président Macky Sall avait révélé discuter avec les autres candidats. On pouvait en soustraire Ousmane Sonko à cause de son opposition farouche au pouvoir. Pour Madické Niang, on attend de voir, mais El Hadji Issa Sall avait posé des actes qui le rapprochaient de Macky Sall depuis son échec à la Prési¬dentielle de 2019. Le premier jalon a été sa participation au lancement du dialogue national, le 28 mai 2019, contre le gré du guide des Mous¬tar¬chidines. «J’ai vu Issa Sall participer au dialogue national. Mais sachez que c’est sans mon aval (..) ! Je voulais vous informer de cela pour que, quand je prendrai des dispositions pour punir des gens, vous sachiez que ce sont leurs affaires. Issa Sall n’est ni le secrétaire général ni le président du parti. Il n’est que le coordonnateur national. C’est pourquoi je tenais à ce que vous le sachiez, vous membres du Pur qui êtes sur le terrain. Les personnes que j’ai éduquées ont plus de niveau que lui. Il est intellectuel certes, il a de bonnes idées et du courage, mais le problème c’est que le parti n’est pas un passe-partout», a dégainé Serigne Moustapha Sy lors du congrès du Pur le 31 août 2019 à Yoff.
«Le Pur est un parti politique, pas un mouvement religieux»
Pour officialiser la rupture avec le marabout, Issa Sall conteste son remplacement. «Au moment où je vous parle, je suis le secrétaire général national du Pur. Le Pur est un parti politique, pas un mouvement religieux. Ce qu’ils ont fait n’engage qu’eux, ça n’engage pas le Pur», défie le député Issa Sall dans la foulée du congrès. L’ex-coordonnateur, remplacé par un trio à la tête du Pur, accepte la main tendue du Président Macky Sall dans les consultations relatives à la gestion du coronavirus en mars 2020. Il assure publiquement soutenir Macky Sall dans la crise. D’opposant avant 2019, le député du Pur devient moins radical vis-à-vis du régime. En décembre 2020, Issa Sall lance aussi sa formation politique Parti de la paix, de l’éthique et de l’équité (Ppee). Voilà qui en fait un député démissionnaire, donc qui perd son mandat. Il est remplacé par Cheikh Tidiane Ndiaye.
«Sonko n’a pas à nous dire ce qu’on doit faire»
M. Sall observe un silence dans les évènements qui secouent le pays. Issa Sall s’attaque même à Ousmane Sonko qui a critiqué la participation d’une partie de l’opposition au dialogue national qu’il accuse d’être des pions de Macky Sall. «Il n’a pas à le dire. Nous sommes libres. Il est libre de ne pas participer au dialogue. Mais ceux qui y participent sont libres de le faire. Il n’a pas à nous dire ce qu’on doit faire et ce qu’on ne doit pas faire. Cela est tout à fait clair», répond Issa Sall au «Jury du dimanche» sur Iradio. Comme pour pousser le bouchon plus loin, il informe pendant la même émission qu’il n’exclut pas d’entrer dans un gouvernement de Macky Sall. En attendant, il est ministre conseiller…
LA VENN BATAILLE
Malgré la suspension des permis de coupe, les trafiquants parviennent à se frayer un chemin pour transporter le bois rose en Gambie. À Médina Yoro Foulah, Sédhiou, Ziguinchor et Bignona, le dispositif sécuritaire n’a pas réussi à freiner le trafic
Malgré la suspension des permis de coupe, les trafiquants parviennent à se frayer un chemin pour transporter le bois rose en Gambie. A Médina Yoro Foulah, Bounkiling, Kolda, Sédhiou, Ziguinchor et Bignona, le dispositif des Forces de défense et de sécurité n’a pas réussi à freiner le trafic. Ce pillage organisé courrouce les défenseurs de l’environnement. Le Quotidien, en collaboration avec la Fondation Heinrich Boll Sénégal, a mené l’enquête dans les régions de la Casamance et en Gambie.
Sur la piste latérite, qui mène à Médina Yoro Foulah, les arbres s’affaissent sous l’assaut des coupeurs. En quittant Kolda, il faut faire 80 km à moto à partir de Kolda pour parcourir cette forêt où ils dictent leur loi. La végétation s’efface peu à peu pour laisser place au désert. Cette masse poussiéreuse obstrue la vue au milieu de la broussaille de ce département de la région de Kolda. Enfouie dans la Casamance, Médina Yoro Foulah est une ville rurale, implantée au cœur d’une jungle. Mais, elle incarne l’élégance de la région naturelle du Sud du Sénégal. Dans ces forêts cohabitent une multitude d’espèces, qui risquent de perdre leur habitat naturel. De Bounkiling à Sédhiou en passant par Ziguinchor et Bignona, le constat est triste : les arbres implantés, qui poussent depuis au moins 50 ans, sont abattus. Les feuilles de bois mort jonchent le sol noirci par une exploitation du charbon. Les feux de brousse laissent échapper une fumée blanche qui se propage dans tous les coins de la forêt. Sec et accablant, le temps annonce la canicule en ce mois de février. Le changement climatique serait en train de faire ses effets à cause de la course effrénée au bois rose. Médina Yoro Foulah perd sa verdure, des hameaux servent d’accueil aux trafiquants. Dans les vastes formations de steppe de la région, il y a du maïs séché, un tapis herbacé jauni, à cause de la chaleur excessive qui sévit depuis février. La diversité d’espèces végétales et fauniques constituant le charme de ces forêts. «Avant de venir, les Gambiens se renseignent si le bois recherché -bois rose- existe dans la zone. Ils vont chez le chef de village appelé «jarga» pour lui donner 300 000 francs ou 500 000 francs Cfa. Ensuite, ils vont aller voir le maire qui va leur donner son consentement. Ils coupent tout ce que bon leur semble pour trans¬porter ce bois en Gam¬bie», explique Dikory Baldé, écologiste, habitant à Kolda.
Par de petites allées tracées au cœur de la brousse, les trafiquants tiennent leurs pistes déjouant les Forces de l’ordre postées dans les frontières administratives. Au niveau des «boders», déformation de l’anglais Border signifiant frontière, les charrettes ne désemplissent pas. La scène se déroule à Sara Moussayel situé au niveau de la frontière gambienne. Les charretiers traversent la frontière avec leurs troncs. Avec une tranquillité déconcertante. Sans la présence des agents des Eaux et forêts. Ils transportent le bois vers la Gambie. A Burko, Niaming, Faffacourou, Saré Moussael et Saré Bodion… faisant partie des 11 communes du département de Médina Yoro Foulah, les dépôts ou «boders» constituent les lieux de négoce, le théâtre des marchandages entre Sénégalais et Gambiens. Les premiers coupent le bois et les seconds les récupèrent en échange de sommes d’argent ou de motos Jakarta.
Dans ces zones hostiles, le journaliste est obligé de cacher son identité. «J’ai obtenu ma moto grâce à un tronc d’arbre que j’ai transporté jusqu’à Saré Moussayel. Il n’y a rien à faire dans ce département où les gens vivent dans une extrême pauvreté. Si j’ai une autre occasion d’avoir encore une moto Jakarta, je suis prêt à entrer dans la forêt pour couper le bois. C’est une question de survie», se justifie Boubacar qui fait la navette Kolda-Médina Yoro Foulah en moto.
Saisie importante à Coumbacara
Dans l’autre bout de la brousse, la route menant à Dabo vers le département de Vélingara, les forêts classées commencent à recevoir la visite des coupeurs de bois rose. Le 27 décembre dernier, l’Observatoire sur les territoires (Oster) découvre 3 dépôts avec 98, 73 et 42 troncs dans la forêt classée de Koudora à Sare Héry et Sinthiang Yaya situé à une cinquantaine de km de Kolda. Dans cette zone, le Forum civil a mis en place des équipes de contrôle formées par les populations à travers l’Oster. «Ce sont de gros troncs. Les trafiquants ont des tracteurs dans la brousse. Les Eaux et forêts ne savaient même pas qu’il y avait d’autres dépôts. Lorsqu’on a découvert ces dépôts, on a directement prévenu la gendarmerie», révèle Moudjibou Rahmane Baldé, coordonnateur régional du Forum civil à Kolda.
Dans cette forêt située dans la commune de Coumbacara, les dépôts ont été saisis par la brigade locale des Eaux et forêts. Un juge d’instruction est aujourd’hui en train d’enquêter sur les responsabilités alors que le présumé trafiquant court toujours. «On n’arrête que les délinquants de seconde zone, à savoir les chefs de village et les charretiers. Sinon, les vrais trafiquants ne sont jamais inquiétés», se désole le coordonnateur régional du Forum civil. Dans son discours, il pointe en filigrane des complicités jamais inquiétées. «Parfois on se demande si les agents des Eaux et forêts ne sont pas complices. Moi, j’achète du bois de fraude mais à chaque fois que les Eaux et forêts saisissent mes pièces de bois, ils les revendent à d’autres menuisiers», accuse Ndiaga convaincu que certains trafiquants «bénéficient de la complicité d’agents de l’Adminis¬tration qui ferment les yeux sur certains actes». Vers la fin du mois de février, un camion venant de la Gambie a été intercepté par les Eaux et forêts à Tambacounda.
Un camion gambien intercepté à Tamba
Dans la forêt classée de Kanoulayes, dans le département de Bignona, une importante partie de l’écosystème a disparu à cause des coupeurs clandestins. En attestent ces espaces vides qui font juste apparaître des pieds d’arbres abattus. C’est le cas à Oudacar, Sédhiou et Bounkiling, où les palmiers surplombent les habitations. L’herbe, qui pousse et jonchant les souches d’arbres, est dévorée par les vaches tandis que les amoncellements de bois mort s’étalent le long de la Route nationale. Après la tragédie de Bofa Bayotte (13 morts), en janvier 2018, le président de la République avait décidé de suspendre les permis de coupe du bois. De plus, le ministre de l’Environnement et du développement durable a indiqué que le nouveau Code forestier, voté le vendredi 2 novembre 2018, définit mieux le concept de trafic de bois en y ajoutant la notion de commanditaire et une nouvelle incrimination qu’est l’association de malfaiteurs. Alors que les peines infligées aux trafiquants de bois passeront désormais de quatre à dix ans avec des sanctions pécuniaires pouvant atteindre 30 millions de francs Cfa. En apparence, ce durcissement des peines n’a pas dissuadé les coupeurs au moment le Sénégal perd 40 mille ha de forêt par an.
LA GAMBIE, REFUGE DES TRAFIQUANTS DE BOIS DE LA FORÊT CASAMANÇAISE
Le long des frontières sénégalo-gambiennes, les trafiquants de bois entretiennent leur business à travers des pistes cachées dans les forêts. Le trafic y prend une ampleur inquiétante. La Gambie semble désarmée pour arrêter ce fléau
Le long des frontières sénégalo-gambiennes, les trafiquants de bois entretiennent leur business à travers des pistes cachées dans les forêts. Le trafic y prend une ampleur inquiétante. La Gambie semble désarmée pour arrêter ce fléau. C’est un milieu où les interdits sont allégrement violés et des responsables de haut niveau cités comme les cerveaux de ce pillage des forêts de la Casamance.
«Lo beug timber timber ? (Est-ce que tu veux le bois rose ? en wolof).» Musa, subitement rattrapé par un sentiment de peur, se désintéresse de la discussion relative au bois rose transporté de la Casa¬mance vers la Gambie. Les cernes sous ses yeux traduisent la fatigue qui se lit sur le visage de ce jeune docker qui parcourt le port de Banjul sans répit. «Si on t’attrape avec du bois rose, tu es foutu», lance le jeune homme d’une vingtaine d’années qui écarquille sous le regard de ses camarades à la recherche d’un travail dans les parages du port de Banjul. Dans la plateforme portuaire dénommée «Gambia ports authority», où les services de sécurité veillent au grain, une floraison de bateaux-containers décore le grand bleu. Que contiennent ces containers ?
A cette question, personne ne veut se mouiller chez les centaines de dockers. «Parfois il y a du bois, mais c’est interdit», répond Turay, qui travaille sur la plateforme portuaire depuis 30 ans. Barbe blanche touffue, l’homme qui fait la navette Serrekunda-Banjul tous les jours se lâche : «Le bois vient de la Casamance, mais le gouvernement gambien a décidé d’interdire les exportations pour freiner le trafic du bois rose. Les gens l’entassent dans les maisons et une fois que la quantité peut remplir un container, il est acheminé nuitamment au niveau du port de Banjul. Avec des pratiques corruptrices, le bois est acheminé vers la Chine.» Son récit est entrecoupé tant il a peur d’être identifié. Dans les rues de Banjul, en passant par Wesfil, Abuko, Soukouta, Kanifing, Brikama ou Mandiaye, camions et charrettes chargés de bois encombrent les routes étroites et cabossées. Placés un peu partout dans les coins et recoins, les scieries pullulent dans les villes. Les vrombissements des machines torturent l’organe de l’ouïe, sous un temps caniculaire.
1,6 million d’arbres extraits de la Casamance entre 2012 et 2020, le gouvernement de Barrow accusé
Sous le regard indifférent des populations, les jeunes Gam¬biens prennent ce raccourci qui mène vers la richesse : l’exportation du bois de la Casamance. A Brikama, deu¬xième plus grande ville du pays et peuplée de plus de 50 mille âmes, bercées par le souffle humide de la forêt, les charretiers trimballent leurs chargements de bois. Comme si de rien n’était. Le tapis herbacé a jauni. Les gazouillements des oiseaux violent la tranquillité dans cette zone forestière qui se dépeuple. La Gambie a perdu ses forêts depuis le début des années 2000. Les trafiquants se sont engagés dans une déforestation massive des arbres de la Casamance. «Depuis 10 ans, je ne travaille que sur le bois», révèle un charretier transportant 3 gros troncs d’arbre vers la ville d’Abuko, située à 8 km de Banjul. Pour se faire une religion sur l’ampleur des dégâts causés par le pillage des ressources naturelles de la Casamance, Le Quotidien a pu consulter le rapport de l’Agence d’enquête environnementale (Eie). Les enquêteurs révèlent «qu’environ 1,6 million de bois rose ont été coupés illégalement au Sénégal et introduits clandestinement en Gambie entre juin 2012 et avril 2020». Le document d’ajouter : «Le trafic de bois rose entre le Sénégal et la Gambie a été largement contrôlé par le groupe rebelle armé du Mouvement des forces démocratiques de Casamance et la principale source de revenus pour les rebelles de haut niveau.» Les conclusions du rapport mouil¬lent aussi Lamin Dibba, actuel ministre de l’Environ¬nement, du changement climatique et des ressources naturelles. Selon le rapport de l’Eie, ce collaborateur de Adama Barrow aurait violé la mesure d’interdiction du bois rose en vigueur depuis août 2019. D’après l’enquête, les trafiquants «utilisaient la société Jagne narr procurement & Agence de services pour acheminer le bois rose au Ghana, en Guinée Bissau, en Zambie ainsi qu’en Chine et au Vietnam, les deux principaux marchés du bois rose dans le monde».
Depuis ses débuts en Afrique, plus de dix ans, le pillage des espèces de bois rose réduit la majeure partie de la forêt ouest africaine, affectant des centaines de milliers de vies, menaçant les moyens d’existence et augmentant la désertification tout en contribuant à l’aggravation des effets du changement climatique. Le trafic de bois rose en Afrique de l’Ouest est devenu le plus important au monde, selon l’Eie.
Le quartier de Boffa Zone, endroit périphérique de la ville de Serrekunda, est un symbole. En février dernier, 22 containers contenant du bois et prêts à être exportés ont été découverts dans ce populeux bidonville fait de baraques et de culs de sac. Coupé et prêt à être utilisé, le bois en question, transformé en planches et poutrelles, vient de Bignona. Les trafiquants ont pu utiliser des astuces pour tromper la vigilance de la Brigade des Eaux et forêts de Diouloulou et du poste gambien de Brikama. Par quel circuit ? Y a-t-il eu des complicités ou les trafiquants ont-ils emprunté des voies officieuses dans la dense et vaste forêt ? Les fabricants de meubles attendaient ce bijou lorsque Kemo Faty, directeur de l’Ong Green up, a mis l’affaire jusqu’ici secrète sur la place publique.
22 containers de bois frauduleux saisis en février
Devant la tempête médiatique, le ministre de l’Environ¬nement est convoqué par la commission de l’Assemblée nationale chargée de la question. «Après enquête des agents forestiers, il a été constaté que 22 containeurs étaient emballés dans la zone tampon. Sur ces 22, 5 étaient vides et 17 remplis de bois transformé. L’un des containeurs était chargé de billes rondes», s’est expliqué Lamin Dibba devant la représentation nationale gambienne. Accusé de promouvoir en sourdine le trafic, le ministre rejette et accuse des «hommes d’affaires sans scrupule qui veulent battre le système et faire leurs affaires comme ils le souhaitent». Le présumé propriétaire du bois est un certain Saikou Conteh, très connu dans le monde gambien du trafic du bois. Il est membre du Regroupe¬ment des exportateurs de bois de la Gambie.
Présentement sous les liens de la détention, Saikou «n’a obtenu aucun permis ou une licence pour continuer à se livrer à ce trafic», se dédouane le ministre Dibba. Le bois est actuellement entre les mains des agents forestiers de la Gambie. Il a remis au grand jour la difficulté de régler cette question, malgré l’avènement du Président Adama Barrow. «Notre Président est un pion de Macky Sall. Si le Sénégal voulait régler la question, ce serait le cas depuis très longtemps. Mais le Sénégal trouve son compte dans ce trafic», accuse Kemo Faty, directeur de l’Ong Green up/Gambie.
BOULAYE DIA ET IDRISSA GANA GUEYE NOMINÉS
Les internationaux sénégalais, Idrissa Gana Gueye (PSG) et Boulaye Dia, ont été nominés parmi les 11 prétendants au titre du meilleur footballeur de africain 2021, dénommé Prix MarcVivien Foé
Les internationaux sénégalais, Idrissa Gana Gueye (PSG) et Boulaye Dia, ont été nominés parmi les 11 prétendants au titre du meilleur footballeur de africain 2021, dénommé Prix MarcVivien Foé, du nom de l’ancien international camerounais décédé en 2003 d’un accident cardiaque au cours d’un match de la Coupe des Confédérations.
Le prix est attribué par le groupe France Media Monde (RFI, France 24) au meilleur footballeur africain exerçant en France. Agé de 24 ans, Dia, le néo international sénégalais, auteur de 14 buts, est devenu l’un des meilleurs attaquants de la Ligue 1 française. ’’Même s’il a eu un passage à vide de deux mois et demi, Boulaye Dia ne cesse d’étonner cette saison’’, écrit le site de Rfi soulignant que ‘’celui qui figure parmi les meilleurs buteurs de L1 évoluait encore en 4e division, il y a trois ans’’. ’’Un parcours atypique qui force le respect et a attiré l’attention d’Aliou Cissé, le sélectionneur de l’équipe du Sénégal’’ qui l’a appelé pour la première fois en octobre dernier lors du match amical contre le Maroc (1-3).
A 31 ans, Idrissa Gana Gueye fait toujours partie des joueurs qui comptent en Ligue 1 française. ’’Parfois contesté par les supporters du PSG, le milieu de terrain semble avoir retrouvé confiance depuis l’arrivée de Mauricio Pochettino sur le banc de touche’’, relève le site de Rfi au sujet du milieu de terrain international. L’ancien pensionnaire de Diambars ‘’est suffisamment mûr pour se focaliser sur un des grands objectifs de la saison : aider Paris à conserver son titre de champion de France’’.
Les autres nominés sont le Marocain Nayef Aguerd (Rennes), les Algériens Farid Boulaya (FC Metz) et Andy Delort (Montpellier), l’Ivoirien Seko Fofana (RC Lens), Tino Kadewere (Zimbabwe et Lyon), Gael Kakuta (RC Lens, RD Congo), Alexandre Oukidja (Algérie, Metz), Reinildo Mandava (Lille, Mozambique), Charles TokoEkambi (Lyon, Cameroun).
IBOU KONTE, LE MÉCÈNE DES POSTES DE SANTÉ DES ZONES ENCLAVÉES
Zoom sur le président de l’association «Urgence Sanitaire Sénégal» (U2S)
Dès l’année prochaine, Ibrahima Konté compte rendre le tablier, après plusieurs années passées à la tête de l’Association « Urgence sanitaire Sénégal » (U2s) qui accompagne les postes de santé dans le renforcement de leur plateau technique en dispositifs médicaux et en médicaments. Dans l’action humanitaire depuis plusieurs années, cet infirmier et coordonnateur territorial en santé publique établi à Nice, en France, a essayé, tant bien que mal, d’essuyer les larmes et de soulager la douleur des populations souffrant de maladies et vivant dans des zones enclavées. Ce, à travers son association financée par ses deux primes décentralisées en été et en hiver acquis dans le cadre de l’exercice de ses fonctions à l’hôpital de Nice.
Il a voyagé. Il a découvert des contrées autres que le Sénégal, son pays d’origine. Mais son bonheur, dit-il, n’est pas une destination à atteindre. Ibrahima Konté, à l’état civil infirmier et coordonnateur territorial de santé publique à Nice, en France, pense qu’au-delà de la découverte d’un pays d’accueil, il y a toujours une façon de voyager. Elle consiste à voir comment réussir son voyage afin d’être utile à son pays. Notamment aux couches vulnérables du monde rural. Un rêve aujourd’hui réalisé avec un objectif presque atteint. « Voyager et découvrir, mais retourner à la source pour aider les nécessiteux » ! La philosophie de « Baye Ibou », c’est de s’attacher à ses racines. A la tête de l’Association Urgence Sanitaire Sénégal (U2S) depuis des années, il s’est engagé à garantir une vie épanouie aux personnes démunies avec une part belle réservée aux association de personnes vivant avec un handicap. Une bonne partie de son soutien est toujours allée à cette catégorie de personnes souvent oubliées. Après le centre Talibou Dabo de Grand Yoff en 2019, il a fait cap sur Vélingara, l’année suivante, pour les besoins de la célébration de la journée internationale du handicap, édition 2020.
«Aider, soulager, rassurer et réconforter»
Sa passion, Ibou Konté la résume en quatre mots : « aider, soulager, rassurer et réconforter ». Elle consiste surtout à accompagner les postes de santé pour alléger la souffrance des populations démunies afin de leur garantir une situation meilleure dans un monde épanoui. Dans l’urgence sanitaire, il répond toujours « présent » ! Il s’est en effet porté volontaire, des années durant, pour contribuer au renforcement du plateau technique des postes de santé se trouvant dans les zones enclavées du pays. Et même en banlieue dakaroise. De Fatick à Ziguinchor en passant par Kaolack, Sédhiou jusqu’à Kédougou, il accompagne les centres de santé dans leur équipement en matériels médicaux et en médicaments pour faciliter l’accès aux services minimums de base aux populations vulnérables. Ce, à travers des initiatives sociales. Le poste de santé de Keur Madiabel est un exemple parmi tant d’autres. En pleine pandémie de Covid-19, et depuis Nice, il annonce avoir eu toutes les autorisations administratives pour voyager et embarquer des médicaments et dispositifs médicaux par voie aérienne. Cette fois-ci, dira-t-il, « on ira au fond du Saloum pour soulager le poste de santé de Keur Madiabel très affecté par un manque cruel d’infrastructures sanitaires. Le projet consiste à équiper ledit poste de santé en médicaments et en dispositifs médicaux ». Et c’est après qu’il a soulagé le poste de santé de Kamantane, Foudiougne à Fatick. En 2019 l’équipe de U2S, composée de médecins généralistes, de sages-femmes, d’infirmiers et de pharmaciens, a organisé une journée de consultations médicales gratuites combinées à un don de médicaments à Bogal, un village religieux de Bounkiling, dans le département de Sédhiou où plus de 500 personnes ont été consultées par des généralistes mais aussi des spécialistes.
Refus de financement étatique
Ce mécène dit refuser toute forme de financement étatique ou de subvention extérieure. « Je suis infirmier et je gagne bien ma vie. Alhamdoulillah. Dans le cadre de mes fonctions à l’hôpital de Nice, j’ai une prime décentralisée en été comme en hiver. Alors, j’ai décidé de ne pas y toucher et de les verser aux plus démunis en guise de Zakat. C’est comme ça que je finance l’association » explique notre interlocuteur. En plus du reversement de ses primes, notre mécène consacre ses congés aux activités de l’Association U2s. Ce qui ne signifie pas qu’il peut tout faire lui-même. Il arrive parfois que l’Etat l’aide à décanter une situation. A titre d’exemple, « en février 2019, j’avais envoyé un conteneur de médicaments qui a été saisi par la douane. Du coup, j’ai fait recours aux services du ministère de la Santé et de l’Action sociale vu qu’ils me connaissent à travers mes actions humanitaires. Ils ont délégué la direction de la pharmacie pour vérifier l’authenticité des médicaments. Après vérifications, ils étaient séduits et ont libéré le lot de médicaments le 17 avril », a-t-il expliqué.
Offrir des sourires
Dans l’action humanitaire, il est obligé d’emprunter parfois des pistes sablonneuses et cahoteuses en parcourant des kilomètres sous un soleil de plomb, supportant de grosses gouttes d’averses en période hivernale, pour donner du baume au cœur de malades en situation précaire. Des malades qui, donc, n’ont pas les moyens de se faire soigner. Il s’agit aussi pour Ibou Konté d’offrir un « joli sourire » aux pharmacies « édentées » de beaucoup de postes de santé des localités difficiles d’accès, le plus souvent laissées en rade. Il supporte les conditions pénibles de ces voyages pour donner une lueur d’espoir aux malades démunis en dotant les services de santé d’équipements médicaux pour une meilleure prise en charge des pathologies les plus fréquentes dans ces zones éloignées. L’infirmier « niçois » a presque fait le tour du Sénégal en actions humanitaires. « L’adjectif humanitaire qualifie ceux-là qui s’intéressent au bien de l’humanité et qui cherchent à améliorer la condition de l’homme », explique cet humanitaire qui reste convaincu que l’action humanitaire doit principalement être destinée aux plus vulnérables. « A tout être humain, ont été concédées deux qualités : le pouvoir et le don. Le pouvoir conduit l’homme à la rencontre de son destin ; le don l’oblige à partager avec les autres ce qu’il y a de meilleur en lui ». Fervent talibé Niassène, Ibrahima Konté, qui cite son guide spirituel Cheikh Al Islam, Cheikh Ibrahima Niass, indique que « les maladies cachées du cœur ne peuvent être guéries que par la constance dans le ‘’zikr’’ ». Oui, la constance dans l’action et dans le partage. « Un cadeau, explique notre bienfaiteur, est pur lorsqu’il provient du cœur puis donné à la personne indiquée au bon moment et au bon endroit, et surtout de ne rien attendre au retour ». En donnant cette leçon de morale, le président de U2S en a profité pour annoncer son retrait de la tête de l’Association dès l’année prochaine. « Etant donné que je suis contre le pouvoir éternel africain, j’ai donc décidé, dès l’année prochaine, de céder la place aux jeunes car je pense avoir déjà montré la voie. C’est le moment de rendre le tablier aux plus jeunes », indique-t-il comme pour indiquer la voie aux présidents à vie africains et autres adeptes du renouvellement infini des mandats à la tête de nos pays…
LES GUINEENS ASPHYXIES PAR LA HAUSSE DES PRIX DE DENREES ALIMENTAIRES
À quelques jours du début du ramadan, les consommateurs guinéens commencent à subir les graves conséquences économiques, sociales et sanitaires de la fermeture des frontières avec le Sénégal décidée par leur président.
À quelques jours du début du ramadan, les consommateurs guinéens commencent à subir les graves conséquences économiques, sociales et sanitaires de la fermeture des frontières avec le Sénégal décidée par leur président. Si la situation est si grave dans ce pays voisin, c’est parce que non seulement la quasi-totalité des denrées alimentaires viennent de Dakar, mais encore de nombreux malades guinéens aux pathologies chroniques se soignent dans les hôpitaux sénégalais. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’« embargo » voulu et imposé par le président contesté Alpha Condé et qui a asphyxié le peuple guinéen à travers une hausse sans précédent des prix de denrées alimentaires..
En plus de l’obtention d’un troisième mandat très contesté, car jonché de cadavres, le président Alpha Condé est en passe de mettre en péril la sécurité économique, sanitaire et alimentaire du peuple guinéen.
En effet, à une semaine du début du ramadan, les consommateurs guinéens subissent les graves conséquences de la fermeture de la frontière de leur pays avec le Sénégal. Selon de nombreux opérateurs économiques, commerçants, médecins, camionneurs et autres hommes d’affaires guinéens, mais aussi des citoyens de ce pays qui viennent de revenir à Dakar contactés par « Le Témoin » quotidien, les consommateurs sont complètement asphyxiés par la hausse des prix des denrées alimentaires. Dans tous les marchés de Conakry, Labé, Kankan, Nzérékoré, Mali etc., le prix du sac de 50 kg de riz qui coute 12.000 francs CFA au Sénégal se négocie à 20.000 CFA en Guinée, la bouteille de gaz butane de 6 kg (2.900 CFA à Dakar) coûte 6.000 CFA à Conakry, le litre d’huile végétale (1.200 CFA) est revendu à 2.000 CFA à Labé et 2.500 CFA à Conakry.
A en croire Th. B, un commerçant guinéen basé à Labé, pratiquement tous les prix des produits alimentaires importés du Sénégal ont connu de très fortes hausses « Les prix du poivre, du sel sénégalais, du sucre, du lait ainsi que des légumes importés ont flambé, battant un record de hausse jamais égalée en Guinée. Si le pays souffre de la cette hausse exagérée des produits alimentaires, c’est à cause de la fermeture des frontières non seulement avec le Sénégal mais aussi avec la Guinée-Bissau. Car, les rares denrées disponibles sur le marché guinéen sont importées frauduleusement du Sénégal par des voies clandestines. Ce, à cause de la fermeture des frontières » se désole notre interlocuteur.
Et de menacer : « A ce rythme, tout le peuple guinéen finira par se révolter. Car toutes les couches sociales et ethniques à savoir les soussous, peulhs, malinkés et autres souffrent de l’augmentation des prix des produits de première nécessité » ajoute ce grand commerçant guinéen. Le parc automobile guinéen a subi également de plein fouet la fermeture de la frontière entre les deux pays. Car, la plupart des pièces de rechanges automobiles et motos telles que les lubrifiants, les pneus, les moteurs, les pots d’échappement, les courroies de distribution et autres accessoires deviennent de plus en plus rares. Garagistes et automobilistes sont dans le désarroi. Et craignent la pénurie totale dès lors que la plupart des pièces détachées sont achetées à Dakar et acheminées en Guinée par la voie terrestre. « Car le marché des pièces détachées automobiles est un secteur très attractif en Guinée. La plupart des revendeurs et fournisseurs s’approvisionnaient au Sénégal. Aujourd’hui, tout le secteur est au ralenti ! » regrette A. Diallo garagiste installé à Conakry joint par « Le Témoin » par l’intermédiaire d’un de ses amis rencontrés à Dakar.
La Cedeao interpellée
En dehors des conséquences économiques et sociales, la fermeture de la frontière entre la Guinée et le Sénégal a aussi affecté le secteur de la santé. Pour mieux comprendre l’impact, il est bon de rappeler que Dakar est devenue une destination hospitalière privilégiée de la sous-région. Donc se faire évacuer à Dakar est un luxe voire un espoir de survie pour de nombreux patients guinéens, maliens, mauritaniens, gambiens etc. souffrant de pathologies graves ou chroniques. Un médecin guinéen se désole du fait qu’il ne peut plus orienter certains malades vers les hôpitaux sénégalais à cause de la fermeture des frontières. « Surtout en matière de chirurgie pédiatrique où des enfants guinéens graves malades allaient à l’hôpital Albert Royer de Dakar pour se soigner. Parce que la Guinée manque de tout en matière de plateaux sanitaires. Malheureusement, les évacuations sanitaires entre la Guinée et le Sénégal ne sont plus possibles pour le pauvre guinéen obligé de prendre la route. Les malades guinéens souffrent donc de cette fermeture des frontières à cause de l’irresponsabilité d’un président nommé Alpha Condé » regrette notre médecin guinéen. Selon M. Oury Thialéré, président de l’Union des jeunesses guinéennes au Sénégal, en dehors de la politique, la Guinée est en passe de sombrer dans une très profonde crise économique et sociale. « A quelques jours du ramadan, tous les prix de denrées alimentaires ont augmenté du simple au triple. Tout cela à cause du président Alpha Condé qui a pris la décision unilatérale et incompréhensible de fermer les frontières avec le Sénégal. Et seul le peuple guinéen est le grand perdant dans cette situation. Car, le Sénégal est tellement développé au point qu’il ne peut rien attendre de la Guinée… Je profite des colonnes du « Témoin » pour demander l’arbitrage de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) afin que les dirigeants de cette communauté raisonnent le président Alpha Condé dans le sens de rouvrir les frontières » implore M. Oury Thialéré, président de l’Union des jeunesses guinéennes au Sénégal.
REORIENTATION DES ALLOCUTIONS BUDGETAIRES VERS L’EMPLOI
Les économistes Mansour Samb et Meïssa Babou décortiquent les failles du nouveau dispositif de Macky Sall
Après huit ans à la tête de notre pays, le président Macky Sall fait toujours face à l’équation des jeunes englués dans un chômage chronique. Comment en est-on arrivé à cette situation malgré l’existence de plusieurs structures dédiées à la création d’emplois pour cette couche de la population et les sommes colossales englouties dans ce domaine ? Des économistes chevronnés se sont penchés sur les failles du système actuel après que le chef de l’Etat a annoncé le déblocage de 450 milliards de francs provenant d’une réorientation budgétaire pour résoudre la lancinante question de l’emploi des jeunes.
Au regard du nouveau cap fixé par le chef de l’Etat, lors de son traditionnel discours à la Nation du 03 avril au soir, il est permis d’en conclure que la politique d’emploi de son régime est caractérisée par un échec patent. Le remède de cheval proposé par le président pour résoudre cette équation apparemment insoluble, c’est une réorientation d’allocutions budgétaires à hauteur de 450 milliards sur trois ans.
De façon urgente, 150 milliards seront alloués dès cette année-ci à la création d’emplois. S’agit-il d’une nouvelle manière de faire face à la question de l’emploi des jeunes ? Macky Sall abat-il, à travers cette mesure, sa dernière importante carte sur le chemin de 2024 ? Économiste, Mansour Samb, auteur de l’ouvrage « Les limites du Plan Sénégal émergent » (Pse) répond positivement à ces deux questions. « Le président de la République n’a pas le droit de rater un tel virage en direction des jeunes qui sont tout de même une carte maîtresse sur le chemin de 2024. Cependant, je me demande si la manière d’articuler cette nouvelle démarche est la bonne » commence par tempérer notre interlocuteur. On aura compris que Mansour Samb est sceptique quant aux répercussions économiques du nouveau dispositif présidentiel. « Etant donné qu’actuellement le Sénégal connaît, d’une part, un déficit de 6 % et que, d’autre part, en termes d’endettement nous avons atteint 70 % de notre PIB, l’Etat ne peut plus emprunter de l’argent ailleurs. Donc, la réorientation des allocutions budgétaires dont parle le président va forcément consister à couper sur certains budgets qui étaient prévus pour d’autres dépenses. Autrement dit, dans tous les ministères, il va y avoir des ponctions sur leur budget déjà défini. Ce qui, par conséquent, va entrainer des trous financiers dans la mesure où un budget est une prévision de dépenses. Or, toutes ces dépenses budgétisées étaient conçues pour être exécutées et alléger les problèmes des populations. C’est pourquoi, avec cette réorientation budgétaire qui vise à régler la question de l’emploi, il faut également s’attendre à voir subitement d’autres secteurs en crise ainsi que des blocages dans plusieurs départements ministériels », avertit l’économiste Mansour Samb.
A l’en croire, un autre risque pèse sur l’atteinte du taux de croissance de 5 % prévu en 2021. Au sujet des ressources financières pour la réalisation des nouveaux engagements du président, l’économiste entrevoit une certaine lueur d’espoir sur les deux ans à venir dans la mesure où, ditil, le gouvernement aura eu suffisamment de marge de manœuvre sur le budget. Mais, à l’en croire, des insuffisances se profilent irréversiblement à l’horizon. Aujourd’hui, souligne M Samb, le gouvernement veut créer de l’emploi avec le budget. « Or ce n’est pas avec le budget qu’on crée de l’emploi, mais c’est avec plutôt un secteur privé fort. Ce qui va se passer c’est la création de fonds pour stimuler l’emploi. Mais ce ne seront pas des emplois durables et stables. Dans un pays organisé, pour créer de l’emploi, il faut d’abord former les jeunes. Il faut les former en adéquation avec les besoins du marché. Mais le principal problème dans tout cet échec est le fait que, structurellement, on n’a pas mis en place une véritable politique qui viserait à avoir un secteur privé local fort, dynamique et capable d’absorber toutes les demandes d’emplois des jeunes », a diagnostiqué l’économiste, auteur de l’ouvrage « Les limites du Pse ».
Der, Anpej, Fongip, l’Adpme, ces structures sans rendement
Selon l’économiste Meissa Babou, il est urgent de réorganiser l’ensemble du système mis en place pour résoudre la question du chômage des jeunes dans notre pays. Car, soutient-il, malgré tous les efforts financiers déployés par le régime en place pour résoudre la problématique de l’emploi des jeunes, la réalité sur le terrain montre que les résultats restent mitigés. « Et c’est parce que c’est un problème d’organisation. Car, ce n’est pas en multipliant des agences et des bureaux qu’on parviendra à résoudre ce problème. Le chômage dans ce pays est un problème structurel et anémique. Parce ce que l’activité économique principale au Sénégal n’est pas résiliente socialement. C’est-à-dire que nous avons des secteurs à faible rentabilité sociale. Et ils sont beaucoup plus tournés vers le tertiaire comme les services de téléphonie et financiers. Or, en matière d’emplois, ce secteur ne peut pas engloutir une grande part de la demande sur le marché », analyse l’enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Autre facteur déterminant dans l’échec des politiques d’emplois initiées par le pouvoir en place, selon Meissa Babou, la diversité des centres de décision. « Et entre ces centres de décision, il n’y a pas de link. Ceux dédiés à la formation aussi ne sont pas directement liés aux structures d’emplois. En plus même la DER (Ndlr, Délégation générale à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes) n’est pas rattachée au ministère en charge de la micro finance », déplore l’économiste, d’après qui, l’orientation prise par le chef de l’Etat en ce qui concerne la décentralisation de sa nouvelle politique d’emploi par des guichets dans les départements est une approche importante. Il rappelle que, depuis le magistère du président Abdoulaye Wade, l’Etat a créé beaucoup d’agences dédiées à la promotion de l’emploi des jeunes mais qui ont été sans impact significatif dans la réduction du chômage. C’est pourquoi l’économiste Mansour Samb estime que ce qui était attendu du président Macky Sall, c’était de dissoudre toutes ces structures pour enfin les fusionner en une seule. « Non seulement cela aurait permis de rationaliser les dépenses publiques mais également de renforcer la crédibilité de la politique d’emploi. En ce sens, une seule structure avec différents guichets aurait permis de régler la situation. Mais malheureusement, l’aspect politique et le clientélisme sont toujours au cœur de toutes ces initiatives », soutient l’auteur de l’ouvrage « Les limites du PSE ».
L’autre option que devrait prendre le président Macky Sall dans cette volonté de résoudre le problème de l’emploi, selon M. Samb, c’est l’audit de toute la manne financière injectée dans ces structures qui n’ont pas connu de réussite. « Car rappelez- vous, la plus grosse faillite dans cette politique d’emploi fut ce que le Fongip avait investi dans la création des cantines à Dakar. 2 milliards ont été injectés dans ce sens alors qu’au finish le projet a échoué sans que personne ne sache les causes d’une telle faillite », a conclu l’économiste Mansour Samb.
LA THERAPIE D'ALIOU SOW POUR L'EMPLOI DES JEUNES
Le leader du MPD Liggeey veut redonner le sourire à la jeunesse désespérée des pratiques politiciennes
L’ancien ministre de la Jeunesse du président Wade, Dr Aliou Sow, croit en des lendemains qui chantent pour le Sénégal. A travers sa page Facebook, le président du parti Mpd Liggeey appelle les différents socles de notre société à l’unité pour relever les multiples défis qui se dressent devant notre pays et maintenir la cohésion sociale. Ce qui, selon l’ancien ministre l’ancien libéral, passera par un renforcement d’un partenariat dynamique et mutuellement enrichissant avec tous les peuples du monde sans hostilité inutile…
Le leader du MPD Liggeey veut redonner le sourire à la jeunesse désespérée des pratiques politiciennes. Ce qui le motive à prendre sa plume et d’inciter afin de demander aux désespérés d’y croire, malgré les périodes sombres que le pays a traversées avec les conséquences de la covid19. « En dépit des nombreuses difficultés, du désespoir, de la pauvreté et du chômage renforcés par les conséquences de la pandémie qui n’épargnent aucun pays, gardons le sourire, notre optimisme habituel, notre persévérance d’un grand peuple attaché au travail bien fait et aux valeurs de solidarité dans l’épreuve”, a exhorté Aliou Sow dans sa page Facebook.
Pour la cohésion sociale !
L’ancien ministre de la Jeunesse du régime du président Abdoulaye Wade appelle à une unité et une action complémentaires pour relever « dignement » tous les grands défis et se séparer de tous préjugés destructifs de la cohésion sociale. Ce, en renforçant un partenariat dynamique et mutuellement enrichissant avec tous les peuples du monde sans hostilité inutile ou préjugés primaires. « Nous devons préserver l’unité nationale et la cohésion sociale sans tomber dans les pièges destructeurs des socles de notre beau pays, tendus subtilement par de grands égoïstes qui ne pensent qu’à leurs carrières politiques précaires. Le Sénégal est un pays de métissages protéiformes très charmants et de complémentarités enrichissantes. Que personne ou rien ne nous oppose par de piètres manipulations identitaires et de viles velléités dictatoriales. Entendons-nous sur l’urgence de promouvoir partout les grandes valeurs du civisme, de la citoyenneté agissante et de l’amour de la patrie dans toutes les situations quotidiennes” poursuit-il.
Le Haut conseiller des Collectivités Territoriales soutient que l’emploi se trouve dans tous les secteurs d’activités. « Avec rigueur, objectivité et transparence, l’objectif du plein emploi sera poursuivi à travers la valorisation de chaque métier et activités génératrices de revenus par la promotion du mérite, de l’excellence et de l’égalité des chances. En plus de ces dimensions socio-économiques, l’emploi est aussi une question de sécurité et de paix. La pluie est principalement une bénédiction et une source de richesses dans notre conscience populaire malgré certains dégâts engendrés par les limites de la vision de certaines élites et non une malédiction pour choisir une date de célébration de notre indépendance en saison sèche” a encore indiqué M. Aliou Sow, conseiller du Hcct.