DEMOLITION DE LOTISSEMENTS IRREGULIERS A CHERIF LO PAR LA DSCOS
«Les dispositions prévues dans le code de l’urbanisme seront appliquées aux fautifs»

La Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols (DSCOS) a entamé, ce jeudi 15 juillet 2021, une grande opération de démolition de bornes irrégulières concernant près 15 mille parcelles sur une étendue d’environ 400 ha, au village de Thiaoune Mbambara Kounta, dans la commune de Chérif Lô, département de Tivaouane. Une bonne partie de la population a applaudi des deux mains. Le maire de la localité, lui, se justifie : « le lotissement a été fait dans les règles de l’art».
Selon le commandant Bassirou Diouf, un urbaniste diplômé (Dprg) chargé de la communication pour cette mission au nom de la Dscos, a expliqué que « cette opération est motivée par un bornage irrégulier sur des étendues à perte de vue. Aucune assiette ne bénéficie d’une autorisation de lotir». Convoquant le code de l’Urbanisme, il rappelle que « l’occupation du sol est motivée surtout par des lotissements qui sont corrélés ou bien qui dépendent de documents de planification urbaine majeure. Ça peut être un plan directeur d’urbanisme ou un schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme ». Après avoir fourni ces explications, Bassirou Diouf trouve donc « intolérable » que « des autorités territoriales se mettent à appliquer un bornage illégal ». Et de se désoler que « malheureusement, sur aucune des assiettes concernées par ce bornage il n’y a une autorisation de lotir ». Ce qui signifie, à l’en croire, que « ce lotissement s’est fait tête baissée, sans tenir compte des textes en vigueur en matière d’urbanisme et d’occupation du sol ». Les conséquences fâcheuses de ce lotissement seraient donc nombreuses. « Il en découle de la spéculation foncière, des doublons en matière d’affectation des parcelles ou bien des terrains qui ne sont pas bien terrassés, ce qui occasionne des inondations, mais également des terrains qui ne se sont pas connectés à la voirie des localités voisines ».
Des sanctions en vue
L’officier supérieur de gendarmerie assure que « les dispositions prévues dans les textes du code de l’Urbanisme seront appliquées à tous ceux qui sont impliqués dans ce bornage de ces assiettes là. Notre brigade qui est compétente en la matière dans ce secteur mènera toutes les enquêtes pour en tirer toutes les conséquences prévues par les textes en vigueur ».
Les précisions de la Directrice de la Société de promotion immobilière et de construction du Lot 221
Mme Amar Seynabou Sougoufara, directrice de la société de promotion immobilière et de construction du Lot 221 dit avoir eu investir, entre 2015 et 2018, environ 95 millions de FCFA sur ce site, après avoir vérifié auprès de l’édile de la commune, Ousmane Sarr, si le site était en règle. « Le maire m’a effectivement rassuré que le site était en règle et m’avait même présenté des documents et une assiette qui, pour le moment, n’est pas encore en règle mais en bonne voie de régularisation. J’ai visité le site en question, mais seulement, au moment de me céder les parcelles on m’a fait des attributions en dehors de ladite assiette. C’est un problème. J’ai ensuite fait mes enquêtes et vu que j’ai été casée sur un espace qui était en dehors de cette assiette, automatiquement j’ai porté plainte auprès de la Dscos pour que justice soit faite », explique celle qui serait à l’origine de cette opération de démolition. Maintenant, poursuit Mme Sougoufara, « il y a beaucoup de personnes qui sont concernées par ce problème, mais puisque l’autorité municipale, elle-même, et d’autres personnes impliquées m’ont appelée pour me recaser sur un site qui est aux normes et avec une autorisation du ministre de l’Urbanisme, là donc, je suis un peu rassurée, pour le moment, mais je vais poursuivre le combat ».
LE MOUVEMENT « AND TAXAWU COMMUNE CHERIF LO » INTERPELLE L’ETAT : « Nous réclamons l’audit du foncier de Chérif Lô, et au-delà, de toute la gestion nébuleuse de la commune »
« La population de Chérif Lô a applaudi des deux mains cette grande opération de démolition menée sur son périmètre territorial par la Dscos ». L’appréciation est du coordonnateur du mouvement « And Taxawu Commune Chérif Lô », Ndiaga Ndiaye, et de ses camarades, les conseillers municipaux à la mairie de Chérif Lo, Ndery Diakhaté et Boubacar Gueye, sans compter Thierno Gueye de la localité de Ndiakhaté Ndiassane. « Avec la dernière énergie, nous avons toujours décrié la nébuleuse qui entoure le lotissement du site de Thiawoun Bambara Kounta. Nous avons eu à organiser beaucoup de points de presse, des sit-in, pour dénoncer la gestion foncière très nébuleuse de notre commune », explique Ndiaga Ndiaye. Lui et ses camarades pointent un doigt accusateur vers l’édile de la cité, Ousmane Sarr. « On ne peut pas ne pas prendre le maire comme responsable parce qu’il est la première autorité municipale qui gère les destinées de cette collectivité territoriale. Il est là depuis 2014, mais, depuis cette date, il n’a jamais essayé de gérer la commune de manière transparente », s’indignent les contestataires.
Poursuivant, ils indiquent que« Toute la population s’inquiète par rapport à la gestion foncière de Chérif Lô. Et aujourd’hui l’histoire nous a donné raison, avec ces opérations de démolitions ». Ndiaga Ndiaye poursuit que « Ça fait plus de deux ans qu’on est en conflit permanent avec le maire Ousmane Sarr, parce que sa gestion est très obscure ». Selon lui, l’acte posé par la Dscos est une « opération bienvenue », car « toute la population a applaudi ». Il prie le maire Ousmane Sarr et toute l’équipe qui gravite autour de sa personne de « revenir à la raison » pour « gérer le patrimoine de la population pour la population ». Surtout, Ndiaga Guèye et ses camarades demandent à l’État de « venir auditer le foncier de la commune de Chérif Lô, et même au-delà des terres, toute la gestion nébuleuse de notre collectivité territoriale car le foncier est le nœud gordien du problème… »
OUSMANE SARR MAIRE DE CHERIF LO : «L’autorisation de lotir que réclame la DSCOS est dans les circuits administratifs»
« Ce lotissement n’a jamais fait l’objet d’une quelconque contestation. L’autorisation de lotir que réclame la DSCOS est dans les circuits administratifs », a expliqué le maire de Chérif Lô. En ce qui concerne l’opération de démolition des bornes, Ousmane Sarr se veut catégorique : « je n’ai reçu aucune convocation. C’est un tiers qui m’a informé que la Dscos était sur le site de lotissement ». Il souligne « avoir également signé un protocole avec des promoteurs », auxquels il demande, ainsi qu’aux populations, de « garder leur calme et leur sérénité », car, rassure-t-il, « ce projet ira jusqu’à son terme sans problème ». Le maire Ousmane Sarr développe que « Thiawoune Bambara est un village de Cheikh Bou Kounta et c’est le défunt Khalife général Mame Bou Mamadou Kounta qui avait demandé le lotissement, en accord avec toutes les populations, pour permettre à tous ses talibés d’avoir des parcelles, en présence de son fils aîné le Pr Mohamed Kounta, membre du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT). Tous les propriétaires de terres ont ensuite signé un protocole d’accord avec la commune. Le lotissement a été fait dans les règles de l’art, à la suite d’une délibération votée par les 46 conseillers, suivie de l’approbation de l’autorité administrative, l’avis du Cadastre, des Domaines et de toutes les administrations concernées ».
SIDY DIALLO CHEF DE VILLAGE THIAOUNE BAMBARA : « Ce projet de lotissement ne souffre d’aucune irrégularité »
« Les jeunes du village sont un peu partout dans le pays, dans le cadre de leur travail. Ils viennent au village pendant les grands évènements, mais n’ont pas de parcelles à usage d’habitation. Le Khalife général de Ndiassane avait interpellé le maire de Chérif Lô sur la nécessité de morceler les champs en parcelles afin que ces jeunes puissent en avoir », explique le chef du village de Thiaoune Bambara Sidy Diallo. Il souligne que « le marabout a ensuite appelé tous les notables, devant l’autorité administrative, et c’est ainsi qu’est né ce projet de lotissement, qui ne souffre d’aucune irrégularité ».