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23 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
DE LA DÉFENSE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’exception sénégalaise se justifie par sa longue période de proximité avec la France. La démocratie au Sénégal n’a pas à être défendue, elle reste à inventer. Telle est la mission historique du M2D
« Démocratie mature ! », « Vitrine africaine de la démocratie ! », « Exception sénégalaise ! ». Que n’a-t-on pas entendu d’appellations flatteuses venant surtout des médias occidentaux, destinées avant tout à flétrir nos compatriotes africains encore « enfermés dans la nuit pré-démocratique », sous le joug de tyrans maintenus au pouvoir par…Paris ou Washington. L’exception sénégalaise se justifiant par sa longue période d’assimilation (la plus ancienne colonie française en Afrique) de soumission et de proximité avec la France. Jules Ferry ne disait-il pas que la mission des races supérieures était de civiliser les races inférieures ? Une démocratie sénégalaise « vibrante, mature, exceptionnelle », confirme donc le succès du projet colonial (civilisateur) français.
Quelle est donc cette démocratie sénégalaise que nous nous engageons à défendre ? Une fois que l’agression contre le Pastef et ses dirigeants sera évacuée (à la sénégalaise) retournerons-nous vers le statu quo ? Un régime présidentialiste avec des pouvoirs si exorbitants que le président finit par se prendre pour un monarque habilité à régner à vie, une présidence dotée de tant de pouvoirs qu’elle devient encline à détruire tous les contre-pouvoirs, imposer ses lois et éliminer tout adversaire potentiel.
Une justice qui n’a jamais été indépendante, ayant perdu sa virginité lors du complot contre Mamadou Dia en 1962 (déjà !). Le complot politique a une longue tradition au Sénégal avec la participation sans états d’âme de notre pouvoir judiciaire. Soixante ans après les transferts de souveraineté, le Syndicat des magistrats larmoie encore sur son manque d’indépendance, mais en évitant de poser le problème de l’intégrité. Le scénario d’une justice indépendante, mais non-intègre serait le pire des aboutissements. Sans parler des arguments « d’incompétence » mis en avant systématiquement par notre Conseil constitutionnel. Pourquoi diable ne demandent-ils pas l’adoption de textes de loi qui les rendront « compétents » ?
À l’Assemblée nationale, les députés ânonnent qu’ils sont les représentants du peuple alors qu’ils sont en fait des députés des partis politiques. Ils sont choisis sur des listes établies par les états-majors et perdent leur siège s’ils quittent le parti sans que leurs électeurs n’y aient mot à redire. Ils ne votent pas en âme et conscience en notre nom et pour notre bien, mais selon la ligne du parti. Pourtant c’est nous qui les payons ! Pas le parti. Ils reçoivent de nous délégation pour superviser la dépense publique, défendre les intérêts de leurs mandants auprès de l’exécutif et de la bureaucratie, discuter des défis auxquels nous sommes confrontés et écrire les lois.
Alors, si l’argent public est détourné, quid du député ? Si une région est ignorée des pouvoirs publics, quid du député ? Si les lois sont liberticides, quid du député ? Si les budgets sont déséquilibrés, la dette insoutenable, la monnaie française nuisible, quid du député ?
Est-ce que cette Assemblée est représentative ?
Quant à la décentralisation de l’Acte 3, elle s’est révélée être une véritable escroquerie politique. Des communes à gogo privées de ressources financières et humaines et acculées à brader le patrimoine foncier pour pouvoir fournir un minimum de services à leurs mandants. Il est vrai qu’il y a là des créations d’emploi surtout pour ceux qui n’ont pas pu décrocher un strapontin au CESE, au HCCT et autres IBNO (Institutions budgétivores non identifiées)
Je repose ma question : qu’elle est cette démocratie qu’il s’agit de défendre ? Élections libres et liberté de parole ? Chaque élection est occasion d’édiction de règles liberticides, de ruses et de “dialogues” sans parler d’élimination d’opposants. Liberté de parole ? ”Parles toujours…tu m’intéresses !”. Macky Sall a gagné les élections de 2012 grâce au Code électoral consensuel d’Abdou Diouf et grâce au fairplay d’Abdoulaye Wade. C’est ce qu’il s’est engagé à déconstruire pour qu’aucun autre candidat ne puisse accéder à la fonction suprême à part lui ou son successeur désigné.
La démocratie au Sénégal n’a pas à être défendue. Comment défendre ce qui n’existe pas ? La démocratie dans notre pays doit être inventée et imposée. Voilà la mission historique du M2D.
Pierre Sané est ancien secrétaire général d'Amnesty International
psane@ seneplus.com
LE SÉNÉGAL OUVRE UN CONSULAT AU SAHARA
La ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, a inauguré le 5 avril avec son homologue marocain Nasser Bourita un consulat à Dakhla
« Le Sénégal a toujours apporté un soutien sans réserve au Maroc pour la sauvegarde de son intégrité territoriale. Il est le pays africain le plus engagé dans la défense des causes du Maroc aussi bien au sein de l’Union africaine [UA] qu’auprès des instances internationales », a fait valoir l’Agence marocaine de presse (MAP). Ce n’était donc qu’une question de temps avant que Dakar rejoigne la danse des pays qui ont ouvert ces dernières années un consulat dans la région disputée du Sahara.
«LE RECRUTEMENT DE 5000 ENSEIGNANTS N’EST QU’UN EFFET D’ANNONCE…»
Dame Mbodj, secrétaire général du Cusems/authentique et coordonnateur du G20, analyse le recrutement de 5000 enseignants annoncé par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation du 3 avril dernier
Le recrutement de 5000 enseignants annoncé par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation du 03 avril dernier ne serait qu’un effet d’annonce, selon le coordonnateur du G20 et secrétaire général du Cusems Authentique, Dame Mbodj. Il pense que le président Macky Sall devrait plutôt parler de 2000 recrues de plus pour la prochaine rentrée scolaire, dès lors qu’on a déjà recruté près de 3000 enseignants pour cette année. Ce syndicaliste de l’éducation considère que 5000 enseignants recrutés au cours de deux années académiques n’est pas un investissement massif dans un corps où, chaque année, on note un nombre important de pertes d’enseignants du fait de décès, voyages et de démission. Des pertes qui interviennent au moment où le nombre d’élèves inscrits augmente d’année en année !
En soutien à l’emploi et aux ménages, le chef de l’Etat a annoncé, lors de son discours prononcé à la veille de la traditionnelle fête de l’indépendance, le recrutement de 65 000 jeunes sur toute l’étendue du pays et dans divers secteurs d’activités comme l’éducation, l’environnement, la sécurité… D’ailleurs, et dès le mois prochain, une somme de 80 milliards de francs Cfa sera débloquée. Dans ce lot, un quota spécial sera réservé au recrutement de 5000 enseignants répartis dans le préscolaire, le primaire, le moyen et le secondaire. Les « daaras modernes » et l’enseignement arabe sont aussi concernés.
« Rien de plus normal », dixit Ndongo Sarr du Cusems
Une décision saluée par le Cusems qui dit avoir toujours crié sur tous les toits qu’il y a un déficit criard d’enseignants dans les écoles. « Il n’y a donc rien de plus normal parce que les recrutements doivent se faire chaque année, et le Cusems va veiller à ce que les choses se passent dans la plus grande transparence », estime donc Ndongo Sarr. A l’en croire, si le système scolaire a continué de fonctionner normalement durant toutes ces années, c’est parce que ce sont les enseignants du système qui le portaient à bout de bras, à leurs dépens. « Si vous visitez les groupe WhatsApp créés par des enseignants, vous serez ahuri par le nombre de décès d’enseignants en activité, et qui découle de la surcharge des heures de travail corrélée au problème de sureffectifs dans les classes », s’est indigné ce syndicaliste-enseignant qui demande que le recrutement annoncé ne soit pas politisé « comme nous l’avons vu dans le passé ».
« Ce sera juste un ajout de 2000 enseignants l’année prochaine »
Dame Mbodj du Cusems Authentique, lui, pense que le chef de l’Etat a seulement fait un effet d’annonce. Et d’expliquer que pour cette année 2020-2021, pour tous les corps confondus, le président a recruté plus de 3000 enseignants. Les deux filles affectées à Matam et qui avaient fait un accident mortel alors qu’elles devaient prendre service étaient de nouvelles recrues qui faisaient partie du lot de 1700 enseignants recrutés pour l’élémentaire. Le recrutement dans le moyen secondaire tournait autour de 1000 enseignants. Soit près de 3000 enseignants pour le primaire et le moyen-secondaire. Toutes choses qui font dire à Dame Mbodj que Macky Sall devait plutôt dire que le quota, pour l’année prochaine, c’est-à-dire l’année académique 2021-2022, va être revu à la baisse avec un recrutement d’environ 2000 enseignants pour tout le secteur allant du préscolaire au moyen-secondaire avec un maillage dans l’enseignement arabe et un enrôlement des daaras modernes. Pour cette année, « je suis sûr qu’il ne va pas ajouter les 2000 enseignants pour avoir le nombre de 5000 annoncés ». A l’en croire, le recrutement de 5000 enseignants, qui constitue qu’une goutte d’eau dans la mer, ne peut pas régler le problème de l’école. « Ce n’est pas un recrutement de 5000 enseignants qui peut relever le faible taux d’enseignants à l’école. Chaque année, on enregistre des décès notamment cette année où le nombre a atteint un niveau jamais égalé, il y a aussi eu beaucoup de retraités. En même temps, le nombre d’élèves inscrits augmente chaque année. Or, plus on a d’élèves, plus le nombre d’enseignants est insignifiant. S’il avait dit 15 000 enseignants, là il y aurait un effet positif sur la qualité des enseignements-apprentissages. On aurait un nombre d’enseignants suffisant. Il pourrait même casser les classes tout en construisant d’autres écoles ou salles de classe, et surtout régler le problème des abris provisoires »,soutient M. Mbodj. Selon lui, recruter 5000 enseignants dans un intervalle de deux années académiques n’est pas un investissement massif.
800 enseignants sortant du Fastef en chômage depuis 8 ans
En minimisant le nombre annoncé par le chef de l’Etat, Dame Mbodj n’a pu s’empêcher d’attirer l’attention sur les près de 800 enseignants de la Fastef qui ont déjà reçu leurs diplômes et qui chôment depuis huit ans. « Ils ont fait deux à trois fois une grève de la faim. Ils ont marché, mais ils ne semblent toujours pas convaincre des autorités. Il y a également les sortants de l’Ugb et du Cneps de Thiès ». Le coordonnateur du G20 et non moins secrétaire général du Cusems Authentique dit souhaiter que ces enseignants soient inclus dans le lot des 5000 enseignants à recruter. Dame Mbodj dénonce aussi la manière dont se font les recrutements dans le secteur de l’Education et de la formation professionnelle. « Pour le cas des professeurs d’éducation physique, l’Etat, au lieu d’aller puiser dans le lot des sortants d’écoles de formation, prend des gens qui entrainent dans les terrains de jeu », prétend-il tout en indiquant que l’Etat ne fait que dans les effets d’annonce.
Par Moustapha BOYE
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ON VEUT BIEN VOUS CROIRE
Des émeutes qui ont fait 13 morts, 13 jeunes Sénégalais comme des martyrs par de larges franges de la population. Le deuil national du 11 mars décrété par le président de la République allait dans le bon sens
Macky Sall se savait attendu au moins sur deux questions fondamentales. Celle de la restauration de l’image des institutions, mais surtout celle de la prise en charge de la problématique de l’emploi des jeunes. Le discours du 3 avril s’inscrivant souvent dans le registre d’une tradition de monologue pour couvrir de lauriers l’Armée et flatter la jeunesse dans le sens du poil avec au passage quelques mots de compassion ou de réconfort pour les anciens combattants, cette fois-ci, émeutes du 03 au 05 mars obligent, il fallait offrir du concret à cette jeunesse qui a été à l’avant-garde des violentes manifestations du début du mois dernier. Surtout que, depuis que le président Macky Sall a accédé au pouvoir en 2012, jamais un discours de 03-Avril au soir n’avait été aussi attendu, épié, guetté. Le président de la République n’avait donc pas droit à un mauvais casting. Il avait déjà prononcé un excellent discours d’apaisement le 08 mars, au lendemain des émeutes, et tout le monde se demandait s’il transformerait positivement l’essai. Surtout que, encore une fois, la fête de l’Indépendance survient presque un mois après les plus grandes émeutes que le pays ait connues depuis 1960. Des émeutes qui ont fait 13 morts, 13 jeunes Sénégalais comme des martyrs par de larges franges de la population. Le deuil national du 11 mars décrété par le président de la République allait dans le bon sens.
Macky Sall semble prendre la mesure de la situation
Depuis lors, le président de la République Macky Sall semble avoir pris la mesure de la situation. Le premier acte, on l’a dit, a été son discours du 08 mars. Un discours dont on disait au début de notre article qu’il avait reçu des totalités positives au sein des populations. Le chef de l’Etat avait adopté contrairement à ses ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères, une posture et un ton d’humilité. Surtout, il avait prononcé un discours de paix, d’unité, d’invite à un retour à l’essentiel, c’est-à-dire la sauvegarde de notre « commun vouloir de vivre en commun ». Il avait fait la promesse ferme de prendre en charge la problématique de l’emploi des jeunes et annoncé le redéploiement de crédits budgétaires dans le but de mobiliser 350 milliards de francs destinés à financer des projets pour les jeunes. Pendant tous les Conseils des ministres qui ont suivi le discours du 08 mars, Macky Sall a encore annoncé de nouvelles mesures pour peaufiner davantage son dispositif de création d’emplois pour les jeunes.
S’inscrivant dans la continuité des annonces faites depuis le 08 mars, le discours du 03 avril était comme l’aboutissement d’une première séquence puisque le chef de l’Etat a annoncé son intention de passer aux actes. « Je veux qu’elle soit le point de départ de nouvelles réponses à vos besoins en éducation, formation, emplois, financement de projets et soutien à l’entreprenariat. Ces dernières années, en investissant massivement dans la réalisation d’infrastructures lourdes, l’Etat a aussi consacré beaucoup d’efforts et de ressources à la création d’emplois et au soutien à la formation, à l’entreprenariat et aux activités génératrices de revenus pour les jeunes. Mais la lutte contre le chômage des jeunes nécessite aujourd’hui un nouvel élan, en raison de la crise économique sans précédent qui affecte tous les pays, développés et en développement. C’est pourquoi, chers jeunes, comme je vous l’avais annoncé dans mon message du 8 mars, j’ai décidé d’une réorientation des allocations budgétaires à hauteur de 450 milliards de FCFA au moins, sur trois ans, dont 150 milliards pour cette année. Ces ressources serviront à financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes qui sera issu du Conseil Présidentiel que je présiderai le jeudi 22 avril. J’ai voulu que les travaux de ce Conseil s’appuient sur les réalités de nos terroirs, dans un format inclusif associant la jeunesse ouvrière, artisanale, paysanne, entrepreneuriale, sportive, artistique, du secteur informel, des cultures urbaines et des loisirs. C’est l’objet des consultations préparatoires menées dans nos 14 régions, grâce au soutien de l’administration territoriale et locale, pour établir l’état actualisé de leurs potentialités et contraintes » a indiqué Macky Sall dans son discours.
Le temps de l’épreuve
D’autres annonces concernent la création d’un guichet unique dans chacun de nos 45 départements dénommé Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes qui servira de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets. La DER/FJ, l’ANPEJ, l’ADPME et le FONGIP entre autres, seront représentés dans chaque guichet unique afin d’apporter aux projets l’expertise, le financement et le suivi nécessaires. Dès le mois de mai, 80 milliards de FCFA seront consacrés au recrutement de 65 000 jeunes sur l’ensemble du territoire national dans les activités d’éducation, de reforestation, de reboisement, d’hygiène publique, de sécurité, d’entretien routier et de pavage des villes, entre autres. Un quota spécial sera réservé au recrutement de 5000 enseignants pour le préscolaire, le primaire, le moyen et le secondaire, y compris les daaras modernes et l’enseignement arabe. Au privé, il est proposé l’extension de la Convention Etat-Employeurs à la filière de l’agriculture et de l’agro business, pour un objectif de 15 000 emplois à créer, « afin de soutenir nos efforts d’autosuffisance alimentaire et de transformation des produits locaux ».
A cette fin, a informé le président de la République, l’allocation de l’Etat à la Convention passera d’un milliard à quinze milliards de FCFA. Ces annonces sont belles, alléchantes même mais Macky Sall est attendu à l’épreuve des faits. Il sait qu’il n’aura pas carte blanche au niveau des jeunes Sénégalais qui ont cessé depuis longtemps de croire au Père Noël ou aux promesses sans lendemains. Surtout que la batterie de mesures qu’il a annoncées ne va pas régler la totalité de la problématique de la question de l’emploi des jeunes. Cela dit, il s’agit là assurément d’amorces importantes pouvant améliorer sensiblement la situation des jeunes Sénégalais. Encore une fois, le grand défi du président Macky Sall sera de réussir à mettre en œuvre ces grandes idées surtout que, jusqu’ici, sa plus grande difficulté a été d’avoir des hommes et femmes capables d’opérationnaliser ses idées. Il lui faudrait dans la même dynamique changer son gouvernement dont le dernier casting laisse fortement à désirer. S’il veut bien sûr réussir les chantiers annoncés…
118 VIEILLES BATISSES A REHABILITER
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
La mairie de Saint-Louis, l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix-S.A) et la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs) ont signé vendredi, une convention de partenariat et de délégation marquant le lancement officiel des travaux de rénovation de bâtiments relevant du patrimoine bâti privé de Saint-Louis. Cette activité, qui entre dans le cadre du Programme de développement touristique de Saint-Louis et sa région (Pdt/Sl), permettra de réhabiliter à terme, 118 unités architecturales situées dans l’île classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales.
La cérémonie de signature de cette convention entre la mairie (maître d’ouvrage), l’Apix (maître d’ouvrage délégué) et la Bhs (opérateur financier désigné), concrétise, selon le Secrétaire général de l’Apix, représentant du Directeur général, «un long processus innovant de Partenariat-public-privé visant la préservation et la sauvegarde du patrimoine urbain et architectural exceptionnel du cœur historique de la ville de Saint-Louis ; mais aussi et surtout l’amélioration d’un cadre de vie décent pour les propriétaires éligibles».
Pour Oumar Sarr, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine urbain et architectural de la ville demeurent un enjeu économique de taille, tant en termes d’attrait touristique du site classé, de génération de revenus et d’emplois dans les secteurs du tourisme, du bâtiment et de l’artisanat que pour l’amélioration du cadre de vie des Saint-louisiens et le rayonnement international de la région et constituent un pilier majeur des activités du Pdt/SL financées par l’Etat du Sénégal et l’Afd à hauteur de 24,5 millions d’euros, soit plus de 16 milliards de francs Cfa. Grâce à ce mécanisme de cofinancement basé sur une subvention du Pdt/SL à hauteur de 90% et une contrepartie de 10% des bénéficiaires, 71 propriétaires ont manifesté leur intérêt pour participer à la mise en œuvre du projet.
La phase priori¬taire des travaux permettra, selon le Secrétaire général de l’Apix, de réhabiliter 700 m2 de menuiserie, reprendre 1500 m2 de toitures, mettre en conformité 250 mètres de balcons, ravaler 4000 m2 de façades et renforcer une dizaine d’entreprises locales, dans le contexte de relance économique ; mais aussi de renforcer l’employabilité des jeunes à travers des contrats d’apprentissage sur des chantiers-écoles concernant les métiers du patrimoine bâti et destinés à plus de 100 jeunes, des contrats de stage destinés à 8 étudiants de l’Université Gaston Berger (Ugb), inscrits en Master sur les métiers du Patrimoine, des sessions de coaching sur 2 ans destinées à plus de 100 artisans, et des sessions de formation destinées à plus de 200 acteurs touristiques. Cette phase a, par ailleurs, un intérêt économique réel, car plus de 400 emplois temporaires seront créés en phase-projet et plus de 800 emplois permanents générés en phase post-projet, a dit Oumar Sarr.
Le maire de Saint-Louis, Amadou Mansour Faye, dont la commune est le bénéficiaire du projet, a salué le partenariat entre sa commune, l’Afd et l’Apix qui va, selon ses termes, changer complètement le visage de la ville et lui redonner son lustre d’antan. Il a rappelé dans ce sens que d’autres projets de l’Etat en cours participent également à améliorer le cadre de vie.
Le directeur de l’Afd, Alexandre Pointier, a de son côté, rappelé que la réhabilitation du patrimoine bâti privé est une composante essentielle du Pdt qui va nécessiter un investissement de plus de 3 milliards de francs Cfa. D’au¬tres composantes ont permis déjà de réhabiliter la cathédrale de Saint-Louis qui a été livrée, la reconstruction de la route de l’hydrobase également terminée et la requalification de la place Baya Ndar ex-Place Faidherbe en cours de réalisation.
Par Ousmane KANE
POUR UNE COHESION NATIONALE RECONQUISE
Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour protéger ce que le Sénégal a de plus cher : la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale
Le Sénégal vient de connaître des évènements qui interpellent et devraient alarmer tout citoyen de cette Nation et de la sous-région sahélienne saharienne.
Des protestations initialement à caractère pacifique ont dégénéré en des contestations et des revendications d’une violence rare qui ont causé des pertes en vies humaines, des actes de vandalisme et des dégâts matériels toujours en cours d’estimation, la paralysie temporaire de plusieurs secteurs économiques, et qui ont écorné l’image d’un Sénégal, pays de la Téranga, jusqu’ici cité en exemple sur le continent africain pour son héritage religieux et culturel, son multipartisme et ses alternances politiques depuis 1960, année de son indépendance, sa tranquillité et sa stabilité dans une région sahélienne en proie à des défis sécuritaires majeurs dus principalement aux activités terroristes et criminelles qui y sévissent, adoubées d’un changement climatique qui ralentit les progrès socio-économiques.
Le Sénégal va mal. Et nous sommes tous interpellés. En effet, les évènements récents ont révélé une exaspération et des frustrations sous-estimées jusqu’ici et des fractures profondes qu’il est impératif d’adresser aux fins d’éviter que l’embrasement ne perdure et que le Sénégal ne sombre subrepticement dans les mêmes maux que certains pays frères voisins.
La croissance économique du Sénégal a longtemps été parmi les plus élevées de l’Afrique avec une moyenne supérieure à 6% par an, de 2014 à 2018. La croissance du Pib, quant à elle, se situait autour de 5,3% en 2019. En dépit de ce profil économique relativement flatteur, le Sénégal figurait à la 168e place (sur 189) au palmarès 2020 de l’Indice de développement humain. Depuis 2020, la pandémie du coronavirus a changé de façon significative les perspectives économiques du Sénégal avec désormais une croissance réduite à une estimation de 1,3% en 2020 avec, hélas, les services comme le tourisme et les transports de même que les exportations étant les plus touchés par la pandémie. Bien que le pays ait répondu à celle-ci avec des mesures d’endiguement de la crise et un plan de stimulus économique aux fins de protéger les vies humaines et les moyens de subsistance, la pandémie de Covid-19 a davantage creusé les inégalités dans notre pays, et les jeunes et femmes en particulier, plus présents dans le large secteur informel de notre économie, demeurent les plus affectés par le manque d’emplois, de perspectives, des systèmes de santé efficaces pour répondre aux dévastations causées par la pandémie.
A ce titre, les contestations qui ont secoué le Sénégal nécessitent qu’on en tire certaines leçons, au nombre desquelles :
Le contexte sécuritaire : Le Sénégal a jusqu’ici été épargné des chocs sécuritaires qui secouent la région du Sahel à laquelle notre pays appartient. Cependant, la recrudescence des activités des groupes terroristes dans les pays voisins et les trafics transfrontaliers en tous genres sont autant de facteurs et risques d’instabilité à nos frontières que nous ne saurions sous-estimer. La position géostratégique du Sénégal dans la région, l’impact de heurts sur la sécurité de notre pays et sur des secteurs tels que l’investissement privé, les exportations, l’agriculture et agro-business, et le tourisme, vecteurs de croissance de notre économie ; sur nos relations avec les pays frontaliers, les investisseurs et partenaires économiques, et autres partenaires bilatéraux et multilatéraux, sont autant de considérations que nous ne pouvons ignorer.
Renforcement de l’état de droit : Le pouvoir judiciaire ne peut et ne doit pas être instrumentalisé, encore moins à des fins politiciennes, ou même être perçu par le justiciable comme étant instrumentalisé. La justice ne peut être sujette à des interférences, pressions et influences qui fragilisent l’un des piliers et organes fondateurs de la Nation, violent les droits humains des présumés victimes et auteurs de ces crimes, et portent gravement atteinte à la démocratie. Il faut garantir et protéger l’impartialité et l’indépendance des magistrats du siège et restaurer la confiance des citoyens dans notre système de justice. Tous les hommes et femmes sont égaux devant la loi et la justice, et tous les crimes, qu’ils soient financiers et d’autre nature, doivent être jugés en toute impartialité dans le respect des lois en vigueur.
Condamnation de la violence : Tout acteur et leader - religieux, politique, de la société civile, des organisations patronales, des groupements de la jeunesse, enseignants/professeurs, parents, autorité administrative, forces de sécurité, chef traditionnel, chef de quartier - a l’obligation de condamner toute violence, quelle qu’en soit la forme, par quelque individu, par quelque parti politique et/ou par quelque corps de l’Etat. Toutes les forces vives du Sénégal doivent, à cette heure grave, user de leur influence pour exhorter à la retenue, au retour au calme et au dialogue dans le respect des lois et régulations en vigueur.
La jeunesse sénégalaise : Plus de 60% de la population sénégalaise ont moins de 25 ans. Les revendications de la jeunesse sénégalaise en particulier doivent être entendues et des actions concrètes engagées pour y répondre dans les meilleurs délais. En effet, ce sont là des cris d’angoisse et expressions de frustration de la jeunesse face à un avenir incertain, une éducation perturbée par la pandémie du Covid-19, un manque d’emplois, de perspectives sociales et économiques (y compris en Europe que certains gagnaient naguère et au prix de leur vie par la Méditerranée), aux inégalités persistantes et face à un manque de dialogue et d’engagement avec les différentes classes dirigeantes du Sénégal. Dans un contexte de pandémie de Covid-19 et les conséquences néfastes qu’elle a engendrées, il est impératif que tous les acteurs et partenaires - y compris la jeunesse et les femmes - soient associés aux stratégies à mettre en place afin que le Sénégal puisse se remettre des effets de la récession économique.
Moralisation de la vie politique : Nous devons moraliser la vie politique et responsabiliser les acteurs politiques. Dans un pays où l’âge médian de la population n’est que de 19 ans, les actes, écrits et paroles des leaders et acteurs politiques (et autres influenceurs) - souvent amplifiés par les réseaux sociaux dont la jeunesse est tant avide - ont une portée considérable. Ils sont, comme nous le savons tous, susceptibles d’embraser une population déjà en proie à des incertitudes et des questionnements légitimes. Il est donc impératif, surtout à l’approche des scrutins locaux et autres échéances électorales dans notre pays, que nous combattions l’incitation à la violence verbale comme physique des acteurs politiques. Les discours à connotation ethnique, régionale ou confrérique sont des développements nouveaux et inquiétants dans un Sénégal uni et indivisible, au-dessus des considérations ethniques ou religieuses, et à ce titre, doivent être rejetés et proscrits par tous, y compris par ceux qui les prononcent, fusse-t-il par un Code de bonne conduite des partis et dirigeants politiques.
Mieux reconstruire le Sénégal après la pandémie : La pandémie continue de compromettre les gains acquis par le Sénégal au cours des dernières années et requiert des efforts soutenus dans la création d’emplois, la digitalisation et la connectivité à un coût plus abordable, une plus grande productivité et compétitivité agricoles, et dans bien d’autres domaines. Tous ensemble, nous devons commencer à reconstruire un Sénégal plus fort, plus centré autour des besoins de la population et des personnes vulnérables en particulier, plus ancré dans les valeurs démocratiques de transparence et la participation de tous aux débats sociaux - fondé sur les principes d’unité, de solidarité et d’humanité - desquels aucun Sénégalais/aucune Sénégalaise ne soit laissé en marge des stratégies et dividendes de croissance économique et développement social.
En conclusion, je souhaiterais lancer un appel solennel à tous les fils et filles du Sénégal. Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour protéger ce que le Sénégal a de plus cher : la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Nous avons la lourde responsabilité de protéger l’héritage de paix et d’unité que nos ancêtres et pères fondateurs de cette Nation nous ont légué et que nous transmettrons à notre tour aux générations futures. Nous, dignes fils et filles du Sénégal, devons nous engager à promouvoir un dialogue pacifique qui solidifie la démocratie, la justice, le respect des droits humains ainsi que la croissance économique dans un Sénégal actuellement fragilisé, comme toute autre Nation, par la crise de Covid19. Ensemble, œuvrons pour l’émergence d’un Sénégal plus prospère, plus juste, plus équitable, plus résilient aux chocs de toute nature, et qui offre des opportunités de vie meilleure à tous les Sénégalais !
Ousmane KANE
Juris Doctor
THIES CONTRE TOUTE POLITISATION DU PROGRAMME DESTINÉ À LA JEUNESSE
Le vice-président du Conseil régional de la jeunesse de Thiès s’aligne sur la décision du chef de l’Etat d’apporter «des réponses pertinentes et durables à l’épineuse question du chômage des jeunes».
Les financements annoncés par Macky Sall pour répondre à la question du chômage des jeunes sont bien accueillis par le Conseil régional de la jeunesse de Thiès. Mais Massamba Diop, vice-président, et ses camarades disent non à une éventuelle «politisation» de ce programme.
Le vice-président du Conseil régional de la jeunesse de Thiès s’aligne sur la décision du chef de l’Etat d’apporter «des réponses pertinentes et durables à l’épineuse question du chômage des jeunes». Mais Massamba Diop est contre «la politisation» du dossier qui risque de «dénaturer une si heureuse et salutaire initiative».
En effet, après la mort d’une dizaine de manifestants suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, le Président Macky Sall a annoncé la mise en place d’un nouveau programme de financement de 350 milliards de francs Cfa et la réorientation des allocations budgétaires pour répondre aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets, entre autres. Un programme qui, selon M. Diop par ailleurs président du Conseil communal de la jeunesse (Ccj) de Thiès-Nord, pourra aider la jeunesse à vivre des lendemains meilleurs. Il propose «l’implication de tous les acteurs à la base, à savoir les Asc, les mouvements de jeunes, les délégués de quartier…pour que ce projet de financement puisse toucher les véritables cibles». Sinon, «ces financements passeront encore inaperçus par l’écrasante majorité de la jeunesse nécessiteuse». Et cela, à l’image des différents projets pour les jeunes des régimes précédents «qui ont tous pratiquement trébuché à cause d’une approche tendancieuse et clanique de cette question qu’il faudrait prendre à bras-le-corps pour aboutir aux résultats escomptés».
Pour simplement dire qu’«il appartient à l’Etat de changer de paradigme et d’abandonner les anciens clichés. La frange la plus importante et la plus active de la population ne doit pas être laissée à son propre sort. Une nouvelle redéfinition des rapports avec les jeunes s’impose. Ils ont de nouvelles grilles de lecture et d’analyse. Ils sont instruits, formés et sortent des grandes écoles pour raser les murs et grossir le rang des «jeunes retraités avant l’heure»».
En clair, estime M. Diop, «le moment est venu pour l’Etat de décrypter les messages forts lancés par la jeunesse», en restaurant «la confiance par un suivi régulier des différentes initiatives à l’endroit des jeunes. Il est temps de faire bouger les lignes et de mettre le curseur sur les véritables préoccupations des jeunes. Toute autre option provoquerait des événements similaires à ceux que nous venons de traverser et que nous déplorons». Il conclut, en demandant à l’Etat d’accompagner les Pme et Pmi pour l’atteinte des objectifs que le gouvernement a fixés sur l’emploi des jeunes. A son avis, «sans l’implication du secteur privé, le problème lié à l’emploi des jeunes va persister, car le public ne peut pas tout absorber».
Concernant également le secteur informel, les marchands ambulants, les artisans, les Gie…, le président du Ccj de Thiès-Nord estime que «des mesures d’accompagnement conséquentes doivent être mises en œuvre afin de booster le développement des couches les plus vulnérables de la population».
LES IMPACTÉS SUR L’AXE RUFISQUE-DIAMNIADIO TOUJOURS À QUAI
Les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio sont toujours dans l’attente de leur indemnisation. Ces frais sont estimés en effet à trois milliards de francs Cfa
C’est une enveloppe de plus de trois milliards francs que doivent recevoir les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio. Des indemnisations qui ne sont toujours pas tombées dans l’escarcelle de ces impactés, qui ont organisé dimanche une mobilisation pour se faire entendre.
Les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio sont toujours dans l’attente de leur indemnisation. Ces frais sont estimés en effet à trois milliards de francs Cfa. Pour rentrer dans leurs fonds, ces victimes ont tenu élever la voix, ce dimanche. «Lors de notre dernière réunion à la présidence de la République devant le Secrétaire général de la présidence, les autorités de l’Apix nous ont fait savoir que le département de Rufisque devrait recevoir une enveloppe de trois milliards huit cent soixante-sept millions (3.867 millions) francs répartis entre deux zones. La première, c’est la ville de Rufisque avec ses trois communes d’arrondissement et la seconde, Bargny et Diamniadio. La ville de Rufisque doit recevoir trois milliards trois cent cinquante millions tandis que Bargny et Diamniadio devraient recevoir cinq cent dix-sept millions de francs», a détaillé Babacar Guèye, porte-voix du collectif des impactés, regrettant la lenteur constatée malgré les assurances des autorités.
Ils envisagent même de saisir l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) pour «vilipender» l’Apix. «Bientôt, nous, impactés du Ter, allons saisir les corps de contrôle de ce pays, en l’occurrence l’Ofnac afin qu’il contrôle la Direction générale de l’Apix parce que c’est trop facile de présenter des chiffres sans contrôle», a-t-il poursuivi en décriant les promesses non respectées. «L’Etat nous a octroyé des parcelles au pôle urbain du Lac Rose pour un complément d’indemnisation. Mais jusqu’à présent, on n’a rien reçu», a-t-il servi au nombre de ces promesses
Par Madiambal DIAGNE
MES PREUVES IRRÉFUTABLES CONTRE LE JUGE TELIKO
Je maintiens mes propos tenus contre le président de l'UMS au Grand jury» du 28 mars dernier tout en ajoutant qu'il n’a pas encore fini de rembourser l’intégralité des sommes indûment perçues dans le cadre de l'affaire Hissein Habré
A l’émission «Grand jury» de la Rfm du dimanche 28 mars 2021, j’ai exprimé mon scepticisme quant aux vertus de Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). J’ai déclaré notamment : «L’Ums organise un séminaire pour parler de l’indépendance de la justice. Dans l’invitation, l’Ums dit que l’actualité impose qu’on parle de l’indépendance de la justice. Quelle actualité ? L’affaire Ousmane Sonko et Adji Sarr ? Est-ce que l’Ums doit tenir ses séminaires au gré de l’actualité ?
Pour moi, une réflexion sur des questions fondamentales et majeures doit être faite dans un climat de sérénité, de paix et de tranquillité. J’ai été gêné de voir que c’est l’actualité qui a déterminé l’agenda de l’Ums. Je suis également préoccupé par l’agenda de ce séminaire, car l’Ums, présidée par Souleymane Téliko, avait organisé en décembre 2017 un séminaire sur le même thème avec les mêmes acteurs et pratiquement les mêmes communicateurs. Qu’est-ce qui a pu changer ?
A l’issue de ce séminaire de décembre 2017, un groupe de travail avait été mis en place et dirigé par le Pr Isaac Yankhoba Ndiaye. Ce groupe de travail n’avait pas adopté la proposition de Souleymane Téliko de modifier les règles de fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature pour le faire présider par le Premier président de la Cour suprême en lieu et place du président de la République.
A-t-on alors organisé ce séminaire à nouveau pour en arriver à la conclusion souhaitée et voulue par Souleymane Téliko ? En tout cas, telle est la recommandation sortie, comme par hasard, du séminaire. Il est aussi curieux que l’Ums organise un séminaire sur ce même thème qui donne son titre au nouveau livre de Souleymane Téliko, et encore que ce séminaire se tient le jour ou la veille de la parution de ce livre. Cette coïncidence des agendas me paraît curieuse.
En plus, quand on cherche à se montrer comme un parangon de vertus, on devrait prêcher par l’exemple. Souleymane Téliko a été épinglé, dans un rapport officiel sur l’affaire Hissein Habré, par l’Union européenne pour avoir perçu des frais de mission pour aller au Tchad, alors qu’il a été pris en charge totalement par le gouvernement tchadien. L’Union européenne a protesté devant le gouvernement du Sénégal. Et Souleymane Téliko a remboursé les sommes.».
Je maintiens ces propos et j’ajoute que Souleymane Téliko n’a pas encore fini de rembourser l’intégralité des sommes qu’il avait indûment perçues.
Tout le monde a pu entendre Souleymane Téliko, exprimer son courroux contre mes propos. Il m’a traité de menteur et a brandi la menace d’une plainte. D’ailleurs, on a pu lire dans les livraisons des médias du week-end dernier qu’une assignation m’a déjà été servie pour un procès prévu pour le 6 mai 2021. Je tiens à préciser qu’au moment où j’écris ces lignes, aucune assignation ne m’est encore parvenue, ni à mes bureaux ni à mon domicile. J’ose penser que Souleymane Téliko ne m’a pas fait «citer à Mairie», car mes adresses restent connues.
En attendant, je réitère à la face du monde que je détiens la preuve irréfutable de mes affirmations. Il faut rappeler que l’affaire des frais de mission indûment perçus dans le cadre de Commissions rogatoires internationales (Cri), lancées pour l’instruction de l’affaire Hissein Habré, avait été soulevée une première fois par le journal Enquête dans sa livraison du 13 octobre 2014. C’était une bombe, et pour sauver l’image de la justice sénégalaise, la version servie aux médias voulait que les juges instructeurs avaient été contraints d’être rassemblés par les autorités gouvernementales du Tchad, dans un même hôtel, à savoir l’hôtel Kempinsky de Ndjamena, pour des raisons de sécurité, car les hôtels réservés n’offraient pas de garanties sécuritaires suffisantes. Cela a pu faire sourire tous ceux qui connaissaient l’état des infrastructures hôtelières dans la capitale tchadienne. En effet, dans les années 2013-2014, seul l’hôtel Kempinsky offrait des conditions d’accueil qui seraient convenables pour des membres d’une mission internationale.
En d’autres termes, des magistrats d’une juridiction internationale qui se permettaient de réserver leurs séjours dans un hôtel à deux balles ne feraient pas honneur à leur statut. Mais le plus absurde est que ces magistrats avaient eu à effectuer trois missions de suite à Ndjamena, et donc pouvaient savoir la réalité du terrain pour ne plus continuer d’accepter de se faire entretenir durant leurs séjours par l’Etat du Tchad, dont l’intérêt dans l’affaire Hissein Habré était on ne peut plus évident. La preuve (?), ce qui devait arriver arriva. Les juges sénégalais seront rattrapés par leurs propres turpitudes. En effet, quand l’Etat tchadien s’est vu débouter de sa demande de constitution de partie civile par les Chambres africaines extraordinaires, l’ambassadeur du Tchad à Dakar a immédiatement saisi le gouvernement du Sénégal ainsi que l’Union européenne, un des principaux bailleurs de fonds du procès, pour exiger le remboursement des sommes dépensées par son pays pour les séjours des magistrats instructeurs à Ndjamena. On devine le branle-bas.
Souleymane Téliko et ses pairs avaient été ainsi obligés de rembourser les sommes illégalement perçues comme frais de mission. La clé de remboursement fixée par les autorités sénégalaises était de leur laisser 50% des frais de mission reçus ; ce qui était déjà sujet à caution, car les membres des Commissions rogatoires internationales avaient été intégralement pris en charge par le gouvernement tchadien. Mais qu’à cela ne tienne ! Au total, le juge Téliko a reçu la bagatelle de 8 millions 925 mille francs Cfa pour des «perdiem» sur 51 jours de mission au Tchad. Il devait donc rembourser la somme de 4 millions 462 mille 500 francs Cfa, à raison de 500 mille francs par mois. Une retenue à la source avait été opérée sur ses indemnités versées par les Chambres africaines extraordinaires pour la période allant d’octobre 2014 (date de révélation du scandale) à février 2015. Les remboursements s’étaient arrêtés quand l’opinion publique avait vite oublié la clameur soulevée par le journal Enquête.
Ainsi, Souleymane Téliko reste devoir la somme de 1 million 712 mille 500 francs Cfa. Toutes ces informations sont contenues dans le «Rapport final narratif et financier», produit en juin 2015 par les Chambres africaines extraordinaires.
Mieux, le magistrat Ciré Aly Ba, administrateur des Chambres africaines extraordinaires, le précisera dans une lettre n° 0002/Cae/C.a.b, en date du 29 avril 2015, adressée à Me Sidiki Kaba, ministre de la Justice du Sénégal, et ayant pour objet «Remboursement de perdiem à la suite d’une double prise en charge». Il y souligne que le comité de pilotage en charge du suivi du financement des Chambres africaines extraordinaires a retenu, à l’issue de sa réunion du 11 mars 2015, de tenir le gouvernement du Sénégal informé de la situation engendrée par la fin de mandat de personnels d’instruction qui n’avaient pas encore fini de rembourser les sommes dues.
Ciré Aly Ba écrit que «cette situation est consécutive à une double prise en charge des trois premières commissions rogatoires par le budget des Chambres et par l’Etat tchadien, en ce qui concerne l’hébergement. Un remboursement de l’ordre de 50% avait été ordonné en répétition de l’indu (action de in rem verso)». On voit bien qui est le menteur dans cette affaire !
Par Hamidou ANNE
DE LA FRONTIÈRE COMME TRAIT D’UNION
Nous vivons une époque de la mobilité qui ne peut s’affranchir d’une réflexion sur l’importance de la circulation des jeunes Africains. Le Sénégal, hub de valeurs, pourrait promouvoir l’effectivité totale de la libre circulation dans l’espace Cedeao
Cette année, la date du 4 avril a coïncidé avec la fête de Pâques. Le philosophe Paul Ricœur disait : «Le symbole donne à penser.» Célébrer le même jour la plus grande fête de la République, qui est celle de l’accession à l’indépendance, et Pâques, symbole chrétien du passage de la mort à la vie du Christ, devrait nous interroger, notamment en ces temps de crise morale. Le pays a vibré à deux reprises ce dimanche ; d’abord, avec ceux qui prient Dieu dans les paroisses, sollicitant sa grâce aux ultimes encablures de la semaine sainte ; ensuite, dans les sonorités du clairon des soldats dévoués à la défense de la patrie au péril de leur vie. Cette année, le thème du 4 avril «Forces de défense et de sécurité, et protection des frontières» rappelle l’exigence de nous doter d’une nouvelle ambition politique qui va au-delà des kilomètres de routes et de pistes réalisées. Depuis l’adoption en 1964 de la résolution portant intangibilité des frontières héritées de la colonisation, une large majorité d’Africains ne cesse d’appeler à une suppression de celles-ci pour faire un même peuple. Le panafricanisme est une idée et une volonté quasi partagées par tous les Africains, mais il se heurte au réel, à ses exigences et à ses transformations concrètes.
Je ne pense pas qu’il soit possible d’arriver à fédérer les peuples sous une même gouvernance politique, en somme faire un pays : l’Afrique. Je ne le souhaite d’ailleurs pas, préférant la nourriture réciproque dans la diversité de nos composantes. Mais en revanche, je crois à la coopération, au dialogue, aux échanges intégrateurs pour ensemble unir les communs. C’est dans ce cadre que, dans le discours de Macky Sall, une phrase m’a beaucoup marqué : «Pour nous, la frontière est un trait d’union et un espace de convivialité entre les Peuples.» Cette phrase fait écho à la célèbre injonction de Tiken Jah Fakoly : «Ouvrez les frontières» !
Le débat sur les frontières revient au cœur de l’actualité, notamment au regard de la lutte contre les intégrismes, la criminalité transfrontalière, la circulation des virus, la migration régulière et irrégulière, la résurgence des nationalismes et des chauvinismes qui menacent la cohésion et la fraternité entre les Peuples. Tant de rêves de jeunes Africains se sont heurtés aux frontières désespérément fermées pendant que les jeunes Américains et Européens, eux, peuvent prendre un billet le matin et dormir à Niamey, à Praia ou à Harare.
Faire des frontières, non pas des murs qui arrêtent, mais des ponts qui relient, est une grande et belle idée. Après des années de coexistence tendue, il n’existe plus de frontières politiques entre Dakar et ses voisins Banjul et Bissau. Le pont Sénégambie a matérialisé cette nouvelle donne. Le pont de Rosso va relier les populations des deux bords du fleuve Sénégal qui partagent une même souche. Sénégalais, Bissau-Guinéens et Gambiens sont une seule et même famille, séparée par les frontières de la colonisation.
J’ai toujours cru que le Sénégal, n’étant pas encore un mastodonte économique, pouvait être en Afrique un hub de valeurs, qui propulse un nouvel universalisme, à travers son histoire, sa géographie, ses intellectuels et son armée disséminés aux quatre coins du monde. Nous vivons une époque de la mobilité qui ne peut s’affranchir d’une réflexion sur l’importance de la circulation des jeunes Africains afin de se confronter à d’autres cultures, savoirs et sociétés qui véhiculent des valeurs humanistes.
Le Sénégal, hub de valeurs, pourrait promouvoir l’effectivité totale de la libre circulation dans l’espace Cedeao, afin que les citoyens ouest africains ne se fassent plus racketter voire arrêter aux postes-frontières. Notre pays a également un poids suffisant pour proposer une sorte d’Erasmus des pays de la Cedeao, de l’Union africaine ou de la Francophonie, afin que les jeunes de ces espaces échangent, se lient politiquement et intimement pour repousser la barrière de l’ignorance et briser les stéréotypes.
Il faudrait que les Etats africains arrêtent de subir le débat sur les frontières, toujours pris en charge par les Européens ou les organisations internationales, comme l’Oim. Nous devons prendre l’initiative de proposer une nouvelle orientation en la matière et en finir avec le réflexe du colonisé qui subit, éructe de manière impuissante et toujours se drape du manteau de victime.