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27 juin 2025
MON BUT CONTRE LES BLEUS MARQUERA MA VIE POUR TOUJOURS
Papa Bouba Diop s'est éteint ce dimanche. Le Sénégalais est notamment entré dans la mémoire collective en marquant le but victorieux des siens contre la France, championne du monde en titre au Mondial 2002. Retour sur ce moment très fort de sa carrière
So Foot |
Anthony Audureau |
Publication 29/11/2020
Papa Bouba Diop s'est éteint ce dimanche. Le Sénégalais est notamment entré dans la mémoire collective du football en marquant le but victorieux des siens contre l'équipe de France, championne du monde en titre, lors du match d'ouverture du Mondial 2002. À l'occasion du retour du Sénégal en Coupe du monde, en 2018, il était revenu pour sofoot.com sur ce moment très fort de sa carrière.
Le Sénégal fait son retour en Coupe du monde, pour la première fois depuis 2002. Ça doit faire remonter des souvenirs, notamment ton but contre la France face à Barthez...
Oui, bien sûr. C’est quelque chose qui marquera ma vie pour toujours. Quatre ans avant, en 1998, on était devant la télé. Au Sénégal, on était pour la France. Quand ils ont gagné, on était dans la rue, on jubilait. Alors quatre ans après, tu marques contre cette équipe... C’est un truc qui a marqué toute ma vie, mes enfants, ma famille. C’est quelque chose que personne n’oubliera jamais au Sénégal. J’y repense parfois, et je me rends compte que le monde du foot, c’est fou.
Tu le regardes parfois sur Internet, ce but ?
Oui, mon fils me le montre souvent. Il est fier de son père, donc il en parle. Quand il discute avec ses copains, il montre la vidéo en disant que son papa a marqué contre la France, contre Zidane, Henry tout ça. C’est quelque chose quand même. On a fait l’exploit.
EXCLUSIF SENEPLUS - Dakar est une grande jungle - L’amélioration des réseaux de transports urbains et interurbains va permettre la mixité sociale - NOTES DE TERRAIN
Je suis monté. L'espace était exigu. Deux jeunes femmes étaient assises sur la rangée. L’une d’elles a fait un effort pour que je puisse m’asseoir. L’autre, ça se voyait, n’était pas très emballée à l’idée de me laisser de la place. Je lui ai demandé, gentiment, de se décaler un peu. Elle n’a pas bronché. L'expression de son visage était désagréable. Elle avait des manières antipathiques. Comme si je l’importunais. Ça m’était égal. Je me suis débrouillé pour bien redresser mon corps, et rentrer le dos dans le petit espace qu’elles m’ont laissé. Trois gars étaient en face de nous. Quand l’un d’eux est descendu, j’ai voulu prendre sa place. Finalement, une femme, de forte corpulence, est montée. Le coxeur lui a indiqué la place vide.
Le clando reste mon moyen de transport favori. Les matins surtout. Je peux marcher tranquillement jusqu’à l’arrêt, et le prendre. Je peux ainsi m’installer confortablement devant. Le soir, c’est plus compliqué. Les clandos sont généralement bondés, lorsqu’ils arrivent à l’arrêt. Quand il n’y a pas de places assises, je marche un peu. Jusqu’à Mermoz. Pour prendre un taxi, et surtout payer le prix qui me semble raisonnable, entre Sacré-Coeur et Ouakam : 1500 F CFA. Car en début de soirée, les chauffeurs de taxi prétextent les embouteillages pour gonfler les prix des courses. Or, j’ai un système fixe, une sorte de barème, de prix. Que je modifie rarement. Je ne change le tarif que pour une seule raison. Quand je veux éviter d’être en retard. Parfois aussi, arrivé à destination, quand le dialogue avec le chauffeur a mis mon âme en paix, il m’arrive de lui donner beaucoup plus que le prix consenti au départ.
J’avais un peu délaissé les clandos, à cause de la pandémie. Il faut dire que Dakar Dem Dikk a commencé à desservir l’axe Ouakam-Liberté 6. Avec des minibus plus confortables. Mais, irréguliers. Il m’arrive de les attendre, pendant des minutes interminables. Alors que les clandos, en partant de Ouakam, sont plus fréquents. Le seul problème avec les clandos, ce sont les surcharges. Et parfois, la conduite insensée des chauffeurs. Qui peuvent enfreindre, sans scrupules, les règles élémentaires du code de la route. Une fois, j’en suis venu aux mains avec l’un d’eux. J’étais assis juste derrière lui. Plusieurs fois, je lui ai fait remarquer qu’il roulait dangereusement. Il a répondu que je pouvais descendre si je n’étais pas content. Hors de moi, je lui ai dit que c'est à cause de petits cons comme lui, que les gens meurent bêtement sur les routes du pays. Les insultes ont fusé. La voiture s’est garée. Nous nous sommes expliqués. Tous les chauffeurs de clandos ne font pas n’importe quoi. Il y en a qui sont responsables. Qui essayent d’être réglos sur la route. Malheureusement, pour ce que je vois, c’est une infime minorité.
Dakar est une grande jungle. Pour ceux qui n’ont pas de voiture, c’est exaspérant d'attendre les transports en commun. C’est difficile de mesurer les fréquences de départ et d’arrivée des bus. Or, avec un peu de volonté, et grâce aux nouvelles technologies, Dakar Dem Dikk pourrait facilement renseigner les utilisateurs sur les horaires exacts. Ce n’est pas vraiment le cas. Il faut s’armer, en général, de patience. Quant aux bus « Tata », aux « Njaga Njaay » et aux « Kàrapid », c’est une affaire un peu plus compliquée. Je me risque rarement à les emprunter. En général je m'y résous lorsque j'ai un peu de temps à perdre. Pour aller au travail, en tout cas, je prends un clando. Ou un taxi, quand j’ai la paresse d’attendre, et si je risque d’être en retard à un rendez-vous. Je me demande, toujours, pourquoi il n’y a pas de compteur dans les taxis à Dakar. Tout le monde y gagnerait, en transparence. Le chauffeur comme le client. Quand je pose la question aux chauffeurs de taxis, ils répondent, à chaque fois, que les clients seraient les grands perdants. À cause des embouteillages. Comme s'il n’y avait pas de bouchons à New-York, à Tunis ou à Paris.
La vérité, et nous pouvons extrapoler à tous les niveaux, ici au Sénégal, c’est qu’il nous manque la science de l’organisation. Le désordre est beaucoup sollicité. Et c’est, peut-être, à dessein que nous acceptons ce cafouillage structurel. Certes, il y a une administration, des lois. Mais, dans les interactions sociales, l’organisation est très peu intégrée. Ce qui permet toutes les fourberies, et la corruption endémique. L’exemple du marchandage est édifiant. Ces tractations commerciales, qui devaient, on peut le supposer, favoriser le lien social, ainsi que l’arbitrage équilibré, ont été foncièrement perverties. Le chauffeur de taxi ou même le marchand à Kolobaan ou à Sàndaga ne se préoccupent plus que de « couper la tête » de leurs interlocuteurs. Parfois, c’est vraiment exagéré. C’est de bonne guerre, pourrait-on dire. Seulement, cette forme d’intelligence est attentatoire au bien-être social. La ruse et le vice sont les formes embryonnaires des grands maux de notre société.
L’Etat peut mieux faire pour rendre les transports en commun disponibles et sûrs. Des projets comme le BRT (Bus Rapid Transit) sont bienvenus. Les citoyens perdent beaucoup de temps et d’énergie dans les transports. Il faut penser à nos compatriotes, qui viennent de Keur Massar et partout dans la banlieue. Qui attendent indéfiniment dans les arrêts de bus. Pour au final s’entasser dans des cars claudicants, qui mettent un temps fou dans les embouteillages. Avec l'aménagement de voies de circulation dédiées aux transports publics, ils seraient soulagés. Mieux, l'amélioration des réseaux de transports urbains et interurbains va permettre la mixité sociale. Si les bus sont commodes et réguliers, les Sénégalais, dans leur diversité, vont s’y retrouver. Ils pourront obtenir un gain sanitaire. En étant moins exposés à la pollution. Et cela pourrait mettre fin à cette idée impertinente : « la voiture est une nécessité ».
J’ai décidé de ne jamais avoir une voiture personnelle. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que cela participe grandement au dérèglement climatique. Ensuite, et c'est la raison principale, nous suffoquons à Dakar. L’air y est toxique et nous empêche de profiter des effluves marines. C’est une catastrophe pour une presqu’île. Il y a trop de voitures à Dakar. Beaucoup ne devraient tout simplement pas rouler. L’autorisation d’importer des voitures de moins de 8 ans a été un permis de polluer. Heureusement que cette décision a été abolie - la limite d’âge d’importation de véhicules est de 5 ans maintenant. Enfin, l’idée de la voiture personnelle a été suggérée par la « classe de loisir ». Qui cherche à se différencier des autres couches sociales, par l’ostentation. Si l’on grimpe dans la hiérarchie sociale, il faut forcément avoir une voiture. Après la voiture d’occasion, la voiture toute fringante, etc., etc. C’est une logique, certainement, désastreuse.
Cela dit, il demeure parfois un peu difficile de vivre à Dakar, en ayant comme recours, pour circuler, les bus, les clandos et les taxis. Il faut tout le temps partir tôt, pour éviter les retards. Il arrive aussi que les prix flambent sans raison. Lorsque les fêtes approchent, c'est agaçant de voir les tarifs ordinaires multipliés par deux. Et oui, certaines fois, c’est dérangeant, de devoir rentrer avec des amis. Qui doivent se dire, je suppose : « Tu vois, il faut bien que certains soient véhiculés. » Ce ne serait pas un raisonnement absurde. Je discute souvent, avec des proches, de la question de la voiture individuelle. Et on me pose alors toutes sortes de questions. « Imagine qu'un membre de ta famille tombe malade la nuit, tu fais quoi ? » « Tu es seul, non, dans un taxi ? » « Et si ta femme a une voiture, tu accepterais qu’elle conduise pour toi ? » « Si tu avais une fonction officielle, accepterais-tu d’avoir une voiture et un chauffeur ? » J’insiste toujours pour dire que chacun fait son choix dans la vie. Au fond, tout est relatif. Et puis, je suis un peu vieux pour passer le permis.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
353 PERSONNES SÉQUESTRÉES ET MALTRAITÉES CHEZ KARA
43 personnes ont été arrêtées dans les centres de redressements de Serigne Modou Kara Mbacké pour des faits de maltraitance, de traite des personnes, de vol de scooters et trafic de chanvre indien.
43 personnes ont été arrêtées dans les centres de redressements de Serigne Modou Kara Mbacké pour des faits de maltraitance, de traite des personnes, de vol de scooters et trafic de chanvre indien. Elles ont été arrêtées, du 26 au 28 novembre dans les différents centres de redressement du guide religieux, situés entre Ouakam, Malika, Guédiawaye et la Zone B.
LES VICTIMES ADMISES À L’HÔPITAL PRINCIPAL
Le colonel Pape Diouf, chef de la chaîne emploi et opération et de l’Etat-major du haut commandement de la gendarmerie nationale est revenu sur les arrestations. Selon lui, tout est parti d’un transport que les éléments de la section de recherches ont effectué dans le centre de redressement sis à Ouakam dans le cadre d’une enquête pour un vol de scooter.
À cette occasion, ils ont retrouvé sur les lieux où se trouvait le scooter volé trois autres scooters et plusieurs scooters en pièces détachées, étant le produit de vols qui ont été également déclarés au niveau de la Section de recherches. Grande a été la surprise des enquêteurs qui ont découvert sur les lieux plusieurs personnes qui, selon le colonel, étaient séquestrées et soumises à des actes de maltraitance voire de tortures. « Ces personnes étaient en majorité des jeunes âgées de 17 à 42 ans. Elles souffraient visiblement de malnutrition et plusieurs d’entre elles étaient blessées. Elles ont été prises en charge par les éléments de la section de recherches. Ils les ont évacuées au niveau du service de santé de la gendarmerie nationale située à la caserne Samba Diéry Diallo et à l’hôpital Principal de Dakar avec l’aide du médecin chef de la gendarmerie nationale », a informé le colonel Pape Diouf qui a fait face à la presse, ce dimanche.
Les témoignages des victimes font état de plusieurs décès durant ces deux dernières années. Le dernier cas de décès remonte à trois jours.
Poursuivant son argumentaire, il renseigne que les éléments de la Section de recherches, après Ouakam, se sont rendus sur trois autres sites de détention identiques à celui de Ouakam. Il s’agit, dit-il, d’un site qui est situé à Guédiawaye où 213 personnes ont été également retrouvées. Un autre site situé à Malika accueillait également 22 victimes. Le dernier site situé à la zone B accueillait 100 victimes. « Parmi ces victimes, il a été dénombré 7 mineurs et une jeune fille. Au total, 353 personnes étaient détenues dans ces centres de redressement », a soutenu le colonel. Qui précise, dans le même sillage, qu’au cours de leurs investigations, non seulement quatre scooters volés ont été retrouvés mais également un des geôliers des victimes a été retrouvé avec 6 paquets de chanvre indien. Ce dernier a réussi, cependant, à prendre la fuite et s’était réfugié au domicile de Serigne Modou Kara dont le fils Ahmadou Mbacké l’a finalement ramené à la section de recherches suite à la demande insistante du commandant de la section de recherches.
L’enquête ouverte suit son cours. Pour le moment, la convocation du guide religieux n’a pas été annoncée mais, pour les besoins de l’enquête et pour apporter la lumière dans cette affaire, elle se fera dans les prochains jours, selon des sources.
UN SPÉCIALISTE RAPPELLE L’IMPORTANCE DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS
Omar Seck Ndiaye, spécialiste de la communication, a rappelé, samedi, à Dakar, l’importance de l’éducation aux médias pour les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et les journalistes.
Dakar, 29 nov (APS) - Omar Seck Ndiaye, spécialiste de la communication, a rappelé, samedi, à Dakar, l’importance de l’éducation aux médias pour les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et les journalistes.
‘’L’éducation aux médias permet aux gens d’être plus exigeants, d’apporter des réponses positives et même de réclamer autre chose que ce que leur offrent les médias’’, a dit M. Ndiaye lors d’un colloque de l’Institut Panos sur l’éducation aux médias et à l’information.
Au Sénégal, a-t-il souligné, c’est comme si le public n’a pas le droit de critiquer le travail des médias.
Pourtant, les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, comme toute clientèle, ‘’ont le droit de remettre en question le prix et la qualité des produits’’ qui leur sont offerts, y compris les contenus proposés par les journalistes, a insisté Omar Seck Ndiaye. ‘’Mais ici (au Sénégal), on n’a pas cette culture.’’
En exerçant son droit de critique sur les médias et leur contenu, le public aide les journalistes à améliorer la qualité de leur travail, affirme M. Ndiaye, estimant que si rien ne change, ‘’on aura une presse de mauvaise qualité, qui (…) ne va parler que de politique politicienne’’.
Il propose d’enseigner l’éducation aux médias dès l’école élémentaire, pour constituer des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs avertis et critiques. ‘’Il faut commencer ce travail par l’école primaire en inculquant aux enfants cette culture de la critique.’’
QUARANTE-HUIT NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Vingt-deux cas contacts suivis par les services sanitaires et 26 infections causées par la transmission communautaire ont été dénombrés, selon le ministère de la Santé.
akar, 29 nov (APS) – Le dernier bulletin quotidien de la pandémie de Covid-19 fait état de 48 nouvelles infections recensées à la suite de 1.029 tests effectués, avec un taux de positivité de 4,66% qui confirme la montée en flèche de la maladie à coronavirus.
Vingt-deux cas contacts suivis par les services sanitaires et 26 infections causées par la transmission communautaire ont été dénombrés, selon le ministère de la Santé.
Aucun cas de Covid-19 importé n’a été signalé, selon la même source, qui signale la mort, survenue samedi, d’un patient.
Quinze autres patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, cinq cas graves de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Au Sénégal, 16.075 cas de coronavirus ont été diagnostiqués depuis le 2 mars, 15.957 patients ont été guéris, et la maladie a causé 333 décès, selon le bulletin. Et 144 patients sont sous traitement.
DECES DE PAPE BOUBA DIOP
Pape Bouba Diop, ancien international sénégalais de football, est décédé, ce dimanche, en France, des suites d'une longue maladie
Pape Bouba Diop, ancien international sénégalais de football, est décédé, ce dimanche, en France, des suites d'une longue maladie. Sa disparition a été confirmée, à Thiès, peu avant le coup d'envoi de la finale du tournoi de l'UFOA U20, opposant la Gambie au Sénégal.
Pape Bouba Diop est le premier buteur sénégalais dans l'histoire d'une Coupe du monde. Lors du mondial 2002 en Corée et au Japon, il avait inscrit le but de la victoire contre la France. Un but que le peuple sénégalais n'oubliera jamais.
DES ARRESTATIONS APRÈS LA SÉQUESTRATION DE 353 PERSONNES À DAKAR
La Gendarmerie nationale a déclaré dimanche avoir arrêté 43 individus soupçonnés d’avoir séquestré 353 personnes
La Gendarmerie nationale a déclaré dimanche avoir arrêté 43 individus soupçonnés d’avoir séquestré 353 personnes dans plusieurs communes situées dans la région de Dakar.
L’annonce de l’arrestation des auteurs présumés d’actes de séquestration a été faite par le colonel Pape Diouf, porte-parole de la Gendarmerie nationale, lors d’un point de presse à Ziguinchor (sud).
Les personnes séquestrées, dont l’âge varie entre 17 et 43 ans, avaient été détenues à Ouakam, à la Zone B, à Guédiawaye et à Malika, des localités situées toutes dans la région de Dakar.
‘’Elles ont subi toutes sortes de maltraitance. Elles sont actuellement prises en charge à l’hôpital Principal de Dakar’’, a dit le porte-parole de la Gendarmerie nationale.
Selon lui, les auteurs présumés de leur séquestration sont mises à la disposition des autorités judiciaires, qui ont ouvert une enquête.
SUR LES TRACES DU THIÉBOUDIÈNE, UN TRÉSOR NATIONAL SÉNÉGALAIS
Dans l'ancienne capitale Saint-Louis, on cuisine le théboudiène depuis 1830 et on en transmet la recette de mère en fille
Le feuilleton de cette semaine fait le tour du monde des saveurs. Et mardi 24 novembre, c'est le Sénégal qui est à l'honneur avec une spécialité traditionnelle, le thièboudiène. Un mot qui veut dire littéralement "du riz avec du poisson" en wolof, mais qui représente bien plus que cela dans la culture culinaire sénégalaise, où la recette se transmet d'une génération à l'autre. À Saint-Louis, ancienne capitale du pays, la ville se transforme en cuisine à ciel ouvert à l'heure du déjeuner. À l'ombre des ruelles, des femmes cuisinent le plat incontournable qu'est le thiéboudiène.
"Ce plat n'a pas d'égal, je ne jure que par ça. J'en mange depuis que je suis né", confie un habitant de la ville, assiette à la main. "Le thiéboudiène c'est ici son histoire. Quiconque veut l'imiter devra s'inspirer de nous", clame une habitante de Saint-Louis. Ce plat a été cuisiné pour la première fois en 1830 pour le gouverneur de la ville. Tous y ont ensuite succombé. Dans ce pays de pêcheurs, l'ingrédient principal n'est jamais bien loin, et toujours frais. Le Sénégal a déposé une demande pour le classer patrimoine immatériel de l'Humanité auprès de l'Unesco.
LE PANAFRICANISME EST LA TENTATIVE DE CONSTRUIRE UN ORDRE INTERNATIONAL ALTERNATIF
« L’opinion française reste prisonnière d’un récit colonial qui veut que la France soit pure, inattaquable et intervienne pour maintenir l’ordre. (...) Or, cette présence française participe de la politique impériale de la France »
Middle East Eye |
Hassina Mechaï |
Publication 29/11/2020
Libye, Mali, Rwanda ou encore Biafra. Autant de « crises » africaines d’hier et d’aujourd’hui gérées depuis l’Occident. Pourtant, une alternative existe : le panafricanisme. Une réponse africaine aux questions africaines.
C’est un lieu commun. Au chevet des crises à travers le monde se pose toujours ladite « communauté internationale ». Terme qui regroupe au fond, pour peu qu’on s’y arrête, les États occidentaux et plus précisément ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la Chine et la Russie, donc.
La majorité des États subissent beaucoup plus l’ordre international occidentalo-centré tel qu’il est né de la Seconde Guerre mondiale qu’ils n’y participent de façon effective. Pourtant, des ordres internationaux alternatifs ont pu émerger à travers l’Histoire, ordres normatifs et narratifs qui offraient une alternance à l’ordre international occidental.
Parmi eux, le panafricanisme, tant dans sa dynamique politique qui promeut l’indépendance totale du continent africain que dans sa dimension transnationale et civile qui prône la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Comment ce mouvement peut-il éclairer autrement les crises internationales, quelles solutions offre-t-il, quelle est sa dynamique ?
Amzat Boukari-Yabara, historien et docteur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de Nigeria (De Boeck, 2013), Mali (De Boeck, 2014) et Walter Rodney (1942-1980) : les fragments d’une histoire de la révolution africaine (Présence africaine, 2018), répond à MEE.
Middle East Eye : Qu’est-ce que le panafricanisme ?
Amzat Boukari-Yabara : Le panafricanisme est un mouvement né dans un contexte précis, celui des résistances qui sont apparues au sein des populations africaines déportées et réduites en esclavage dans les Amériques sous la contrainte du colonialisme, du capitalisme et du racisme. Trois systèmes qui sont encore présents et structurent le monde actuel.
Depuis deux siècles et demi, ces résistances se sont incarnées dans des projets collectifs, des projets d’unité continentale ou des projets d’État-nation. C’est donc un mouvement historique et politique qui participe des relations internationales et qui s’est institué dans des congrès.
Pourtant, ces congrès n’ont jamais été pris en compte dans la structuration de l’ordre international. Le panafricanisme serait donc une contre-histoire de l’Occident : une réparation par des populations d’origine spécifique (noires et/ou africaines) à travers des projets de libération et d’émancipation de tout ce que l’Occident a produit de dégâts humains, culturels, écologiques.
Une date marque ce mouvement de destruction par le colonialisme : 1492 avec la « découverte » des Amériques et la mise en place des hiérarchies et concepts raciaux.
Le panafricanisme est aussi un projet d’unité visant à rééquilibrer l’ordre international. Il s’est incarné dans des projets culturels, économiques, politiques et également dans des créations qui lui donnent un caractère tangible dans la diaspora et sur le continent. Le panafricanisme renvoie à tous ces espaces que l’Afrique a fécondés.
MEE : En quoi offre-t-il un contre-modèle au système international tel qu’il est ?
ABY : Le panafricanisme est apparu comme un grain de sable dans ce système des relations internationales. C’est la tentative de construire un ordre alternatif face au système international qui repose sur l’idée westphalienne d’États.
Avec le congrès de Vienne de 1815, l’Europe met en place son système international qu’elle va étendre au reste du monde. Lors de la première conférence panafricaine qui a eu lieu à Londres en 1900, les militants essaient de coaliser Haïti, le Liberia et l’Éthiopie, qui à l’époque étaient les trois seuls États dirigés par des noirs, pour leur demander de parler au nom de tous les noirs qui n’avaient pas accès à un appareil d’État.
La question du panafricanisme a souvent été mise de côté car considérée comme étant de l’ordre du ressentiment. Les dirigeants qui l’ont incarnée, de Kadhafi à Sankara, pour citer deux cas assez récents, ont fini de la même manière [assassinés dans des conditions encore obscures].
Leur refus de considérer l’Occident comme le centre du monde révèle une forme de blessure narcissique des Occidentaux hostiles à l’idée d’un autre monde possible. L’Occident n’aime pas qu’on lui fasse la morale et infantilise le reste du monde.
MEE : Mais le panafricanisme n’est-il pas contraint par un système international dont l’acteur principal reste l’État ?
ABY : La question de l’État-nation va s’imposer tout simplement parce que l’histoire de la colonisation va modifier la manière dont les structures étatiques et politiques africaines fonctionnaient. En Afrique, il y avait des empires, des royaumes, des cités-États, des républiques et également des sociétés sans État.
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, PSK est revenu à ses premiers amours. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, le Sénégalais Pape Samba Kane est revenu à ses premiers amours littéraires et artistiques. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines.
« Je suis fruit de toi/ De ton rire qui me mangue / Tu goyaves ma nostalgie / Qu’habite ton haleine corossol / Ta bouche sapotille ma bouche / Tes dents pomment mon cou / Croquent ma volonté… » « L’homme qui écrit ces vers, cet homme ne peut être qu’un poète », déclarait Lilyan Kesteloot, grande historienne de la littérature africaine, aujourd’hui disparue. L’homme en question, celui-là même qui aime déclamer son amour à sa belle avec des mots aussi fruités que poétiques s’appelle Pape Samba Kane.
Pape Samba Kane. Retenez ce nom. À la soixantaine bien bouclée, PSK, comme ses amis l’appellent, est l’une des voix montantes des lettres sénégalaises. Il est l’auteur d’un roman et de deux recueils de poésies. « Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit », aime-t-il dire, regrettant d’avoir tardé à mettre ses talents littéraires à l’épreuve du grand public. Son parcours mérite d’être raconté.
Journaliste au Cafard libéré
Pape Samba Kane a longtemps été journaliste. Il a travaillé dans des rédactions sénégalaises, a fondé des journaux. Son nom a été un temps synonyme de portraits corrosifs qu’il brossait des hommes politiques dans les pages du Cafard libéré, équivalent du Canard enchaîné en France. Selon la légende, la grande peur des hommes publics à Dakar était de voir leurs secrets et leurs incohérences étalés à grands traits dans les colonnes du journal satirique, sous la plume mordante du talentueux PSK. Ils étaient nombreux à pousser des « ouf » de soulagement lorsque le journaliste a raccroché les gants il y a quelques années.
Aujourd’hui, PSK est journaliste à la retraite, confortablement installé dans les faubourgs populaires de Dakar, où il peut enfin consacrer son temps à concrétiser ses ambitions littéraires et artistiques. « Quand j’ai pris ma retraite, confie-t-il, je suis revenu à mes premiers amours. C’est pourquoi quand les jeunes journalistes me posent la question “quand écris-tu ta poésie” ou “Comment passe-t-on de l’écriture journalistique à l’écriture créative ?”, j’essaie d’expliquer qu’en réalité, c’est l’écriture créative qui m’a emmené au journalisme ».
La danse des djinns
C’est en 2015 que cet ancien journaliste et patron de presse a réellement renoué avec l’écriture littéraire en publiant son premier roman chez un éditeur sénégalais, les éditions Feu de brousse. Sabaru Jinne, le titre en wolof de son roman signifie « La danse des djinns ».