Dakar, 28 nov (APS) – Les sujets économiques et politiques dominent l’édition du week-end de la presse quotidienne.
‘’Les chiffres de la crise’’, écrivent EnQuête et Libération, comme s’ils s’étaient passés le mot. Les deux journaux se sont intéressés à un rapport que l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a consacré à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les emplois et l’industrie au Sénégal.
‘’Le fonctionnement de la quasi-totalité des entreprises industrielles (…) a été impacté par la pandémie de Covid-19 à 95%’’, rapporte le premier, indiquant que 70,3 des parts de marché ont été ‘’paralysées’’. EnQuête fait état d’une baisse des commandes et d’une tension de trésorerie dans les industries.
‘’Au deuxième trimestre de 2020, le nombre d’employés salariés recevant une rémunération de leur employeur, dans le secteur moderne hors administration, est estimé à 304.003, contre 341.347 à la même période de 2019, soit une baisse de 10,9%’’, écrit Libération.
Vox Populi annonce la création, dans le centre du pays, d’un mouvement social qui dénonce le tarif de 250 francs CFA fixé par l’Etat pour le kilogramme d’arachide.
Le but du mouvement est de ‘’faire en sorte que l’injustice soit combattue dans tous les secteurs d’activité où on sent que le plus fort pourra écraser le plus faible’’, lit-on dans le même journal, selon lequel des opérateurs économiques chinois proposent aux paysans 350 francs CFA pour le kilogramme d’arachide, soit 100 francs de plus sur le tarif fixé par l’Etat.
En matière de communication, le président de la République est en train de chercher ‘’la bonne formule’’, selon Sud Quotidien.
Un spécialiste interrogé par le journal estime que ‘’c’est à la personne qui coordonne l’action gouvernementale, en l’occurrence le président de la République, en l’absence du Premier ministre, que doit revenir la charge de coordonner la communication gouvernementale’’.
C’est l’avis de Fernand Nino Mendy, enseignant à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), à qui Sud Quotdien a demandé ce qu’il pense de la récente conférence de presse donnée conjointement par plusieurs ministres.
Le Quotidien évoque l’alliance scellée entre Macky Sall et Idrissa Seck. ‘’Il faudrait que la vision de Macky Sall quitte Diamniadio’’, déclare Déthié Fall, un député de Rewmi, le parti de M. Seck.
‘’Le président Macky Sall a une vision qui s’arrête à Diamniadio’’, a dit M. Fall, faisant allusion aux nombreuses infrastructures construites par l’Etat dans cette ville située à une trentaine de kilomètres de Dakar.
‘’Déthié Fall met du sable dans le couscous’’, commente Le Quotidien, une allusion au désaccord de l’élu de Rewmi avec la politique infrastructurelle de Macky Sall.
‘’Idy (Idrissa Seck) se fait coacher par Aminata Tall’’, écrit L’As, concernant le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), et cette ancienne présidente de la même institution.
Non seulement elle aide M. Seck à piloter le CESE dont il est devenu président depuis novembre, mais aussi ‘’Aminata Tall trouve en Idrissa Seck un allié de taille au sein de la majorité présidentielle’’, où ‘’elle ne s’épanouit guère’’.
L’ex-présidente du CESE, Aminata Touré, ‘’s’éloigne’’ de Macky Sall et ‘’rompt avec les symboles de l’APR’’, le parti du président de la République, selon WalfQuotidien. ‘’Lentement, mais sûrement, Aminata Touré prend ses distances avec l’APR et le président de la République. Elle commence à se séparer des symboles qui le liaient au parti présidentiel’’, écrit le même journal.
Tribune se fait l’écho de ‘’confidences’’ faites par l’ancien ministre Karim Wade à certains de ses proches. ‘’Préparez le terrain’’, aurait dit M. Wade, qui vit en exil au Qatar depuis sa sortie de prison en 2016, à la suite d’une grâce accordée par le chef de l’Etat.
Source A se désole des ‘’chiffres de l’horreur’’, révélant l’existence de ‘’78 écoles privées non autorisées et de 16 établissements clandestins, rien que dans la circonscription des Almadies’’, à Dakar.
L’Observateur annonce le démantèlement d’une ‘’mafia de la cocaïne’’, à Dakar. ‘’Deux narcotrafiquants nigérians établis à Ouest-Foire ont été placés sous mandat de dépôt, vendredi, pour trafic international de cocaïne présumé. Ils convoyaient subtilement la drogue vers la Thaïlande…’’ explique le journal.
Le Soleil consacre un dossier à la cleptomanie, cette ‘’envie irrépressible de commettre un vol’’.
La cleptomanie ‘’expose bien des vies à l’humiliation et sème l’incompréhension dans les communautés qui en ont des lectures différentes’’, explique le journal.
La BMW X5 de Massaly qui fait jaser les Apéristes
Traîné devant la justice pour avoir incendié la tribune où étaient installés les leaders du Parti socialiste (PS) lors d’un meeting à Thiès, Mouhamadou Lamine Massaly vient de mettre le feu à l’Alliance pour la République (APR). A cause de l’ancien inconditionnel d’Abdoulaye Wade, il y a une grosse colère qui couve dans les chaumières du parti au pouvoir, alors qu’on n’a pas fini de parler des soubresauts liés à la mise en place de la plateforme chargée de défendre les intérêts du président de la République. A l’origine du problème, une voiture BMW X5 que lui aurait offerte le chef de l’Etat, Macky Sall. En effet, ce mercredi, lors d’une discussion avec le responsable apériste de Madina Ndiathbé, Thiaye Diaby a lâché une bombe. « Je n’en reviens toujours pas lorsque j’ai entendu Massaly dire que c’est Macky Sall qui lui a offert une voiture de luxe de marque BMWX 5 », dit-il amer. Le jeune responsable de l’Apr est d’autant plus amer que deux de ses véhicules personnels ont pris feu dans le Fouta alors qu’il défendait le locataire du Palais sans avoir bénéficié de ce traitement de faveur. Thiaye Diaby n’a pas cherché de midi à quatorze heures, il a tout de suite rassemblé des mécontents de l’APR, avec qui il a créé une rébellion au sein du parti, pour combattre toutes les tares de cette formation politique et mettre un terme à la promotion des transhumants. D’ailleurs, ses collègues et lui se sont donné rendez-vous à la Somone ce week-end, pour peaufiner des stratégies à mettre en place pour atteindre leurs objectifs. «Le Tribunal de l’Histoire jugera. À coup sûr, nous avons accompagné le Président dans le “Yaakaar”, aujourd’hui, nous tendons vers le désespoir. Ce sont les transhumants du régime chassé en 2012 qui ont fini par occuper honteusement les places de choix», tempêtent Thiaye Diaby et sa bande qui ont refusé les appels incessants de responsables de l’Alliance pour la République leur demandant de surseoir à la rencontre prévue à la Somone. Parmi les rebelles, on peut citer Djily Seck de Biscuiterie, René Pierre Yehoum de Dakar Plateau, Nourou Niang de Grand Dakar, Baye Gana Diop , le fils du Diaraf de Keur Massar etc…
300 milliards pour accompagner les projets des entreprises
L’Etat et les institutions financières mettent sur la table une enveloppe de 300 milliards Fcfa pour accompagner les projets de développement des grandes entreprises et les petites et moyennes entreprises (Pme) sénégalaises formelles. Hier, le ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération (Mepc), l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (Apbef) et le Fongip ont signé un accord cadre relatif à la mise en place d’un mécanisme de financement pour soutenir la relance de l’économie nationale. Ainsi, l’enveloppe de 300 milliards Fcfa est destinée à accompagner les projets de toutes les entreprises formelles dans les secteurs alimentaires, pharmaceutiques, sanitaires et numériques lourdement affectés par la pandémie de la Covid19. Une bouffée d’oxygène pour Thérèse Faye Diouf qui arrive à point nommé.
Visite du ministre de l’Urbanisme au Fongip
A peine installé, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Sow, prend en main le dossier du programme des 100.000 logements. A ce propos, il a effectué hier une visite de travail au Fonds de Garantie des Investissements prioritaires (Fongip) en compagnie de Mme Victorine Ndèye, Secrétaire d’Etat, chargée du Logement. D’ailleurs, une convention de partenariat est en cours de négociation entre le Fonds de l’Habitat Social (Fhs) et le Fongip pour le financement de l’acquisition de logements au profit des travailleurs sénégalais. Abdoulaye Sow a exhorté les parties prenantes à accélérer les procédures et mécanismes d’accompagnement pour une avancée significative du projet. Cette convention, qui sera paraphée par l’administrateur du Fongip, Thérèse Faye Diouf et le Fonds de l’Habitat social (FHS), reste un système de garantie innovant pour l’accompagnement sécurisé aux demandeurs de logements sociaux. Ainsi, des guichets uniques destinés au secteur informel, aux travailleurs à revenus modestes, à la diaspora ainsi qu’aux promoteurs seront mis en place pour faciliter les procédures administratives pour l’acquisition de logements.
Proposition de Cheikh Oumar Sy …
Constatant les limites de la Loi de Finances Initiale (LFI) dans la distribution des ressources pour impulser le développement, l’ancien député Cheikhou Oumar Sy pense qu’il est temps d’innover. A l’en croire, il faut innover pour créer un modèle économique plus efficace. Est-il pertinent aujourd’hui de continuer de voter une LFI dont le format est presque le même depuis l’indépendance du Sénégal et qui peine à impulser le développement socio-économiques du pays ? Il estime qu’on doit changer les mécanismes de redistribution des ressources. Certes, dit-il, on est à l’ère du budget programme mais pour impulser le développement dans les régions, à l’instar des Investissements Directs Etrangers (IDE), chaque région, dans le cadre de la répartition budgétaire, devrait recevoir 100 milliards Fcfa en termes de Budget d’Investissements Direct qui sera exécuté sous la supervision du gouverneur. Ainsi, ce sont 1400 milliards Fcfa seront injectés dans les régions, soit 1/4 du budget national. Ainsi, argumente l’ancien député, le secteur privé ira chercher les marchés directement dans les régions et la création d’emplois est garantie (un frein à l’émigration clandestine). Les financements se feront en fonction des priorités définies par les maires de chaque région. Cheikh Oumar Sy pousse plus loin sa pensée, en suggérant d’attribuer 50 milliards Fcfa à chaque département. Ce qui fera au total 2250 milliards Fcfa.
Prorogation de la validité des visites techniques des véhicules
Il l’avait promis, il l’a fait. Le ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement a enlevé une épine des pieds des conducteurs de véhicules. Ces derniers avaient toujours la peur au ventre de croiser les policiers et gendarmes pour défaut de visite technique. Une grande partie des véhicules circulant à Dakar n’a plus de visite technique valide à cause de la fermeture du centre, à cause de la pandémie à coronavirus. Eh bien, ils peuvent désormais circuler sans soucis. Le ministre Mansour Faye a pris un arrêté pour proroger la durée de validité des visites expirées. Il écrit dans l’arrêté dont «L’As» détient une copie que toutes les durées de validité du contrôle technique des véhicules automobiles devant expirer pendant l’année 2020 sont prorogées jusqu’au 31 décembre 2020. Toutefois, les propriétaires des véhicules sont tenus d’assurer un entretien correct des véhicules. Cependant, les forces de sécurité sont tenues de mettre en fourrière tout véhicule dont l’état technique constitue une menace pour la sécurité de ses occupants.
L’ancien ministre Madieng Khary Dieng s’est éteint
Un grand serviteur de l’Etat du Sénégal a tiré sa révérence hier. L’ancien ministre du régime socialiste, Madieng Khary Dieng, est décédé hier au Maroc suite à une maladie. C’est son neveu, Dr Massamba Guèye qui a donné l’information. Selon lui, le Ndiambour, le Sénégal et l’Afrique perdent un homme d’une dimension exceptionnelle qui a consacré sa vie à servir son peuple et sa famille. «Un patriarche unificateur et véritable liant social», témoigne Dr Guèye. Le défunt était un administrateur civil. Il fut ministre de l’Intérieur de Avril 1991 à Mai 1993 et puis ministre des Forces Armées de Juin 1993 à Mars 1995. Après son départ du gouvernement, Madieng Khary Dieng a été nommé ambassadeur du Sénégal en Gambie. Il a quitté le poste en 1998. «L’As» présente ses condoléances à la famille éplorée.
Marche des étudiants de l’UCAD pour dénoncer l’insécurité
L’insécurité aux alentours de l’Université Cheikh Anta Diop reste préoccupante. C’est pourquoi, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) accompagnés par des organisations telles que Frapp Ucad, Fnpes et Africa First, ont organisé hier une marche pacifique dans l’enceinte du Temple du Savoir pour dénoncer l’insécurité qui règne aux alentours de l’Université. En fait, les cas d’agressions et d’assassinats sont récurrents, plus particulièrement au niveau du Canal 4 à cause d’une absence de surveillance. Ainsi, les étudiants résidant dans les quartiers proches du Canal sont exposés en empruntant ce chemin. Les étudiants réclament la sécurité à l’Ucad et ses alentours. Pendant la procession, ils ont rappelé l’assassinat de leur camarade Joël Célestin Philippe Ahyi aux abords du Canal 4. Le tronçon Petite Porte-Canal 4-Claudel qui est emprunté par des milliers d’étudiants reste un danger permanent.
Un souk devant le domicile de Senghor
Si l’ancien président Léopold Sédar Senghor se réveillait de sa tombe, il est sûr et certain qu’il ne reconnaitrait pas son domicile transformé en un véritable souk. La devanture de la maison du poéte-président offre une image triste d’un quartier populeux. Aux vendeurs de citrons qui écoulaient leurs marchandises sur les lieux, sont venus s’ajouter d’autres commerçants certainement attirés par le fait que les voitures font du surplace à cause de la circulation dense au niveau de cette ruelle. Cette situation commence à entrainer des grincements de dents. Certains se demandent où se trouvent le maire de Fann-Point E-Amitié, Palla Samb...
Un décès lié à la Covid-19 et 05 cas graves en réanimation
Même s’il y a une baisse de la contamination de la covid-19 par rapport à la journée du jeudi, les nouvelles contaminations sont importantes. En plus, un décès a été enregistré hier. Les cas graves ont connu une hausse, puisqu’ils sont passés de 03 à 05 cas dans les services de réanimation. Le ministère de la Santé et de l’Action Sociale a enregistré 21 nouveaux cas positifs sur 921 tests, soit un taux de positivité de 2,28%. Il s’agit de 11 cas contact et de 10 cas issus de la transmission communautaire. Ces derniers sont recensés à Dieuppeul 02 cas, Maristes 02 cas, Podor 02 cas, Fatick 01 cas, Mermoz 01 cas, Richard Toll 01 cas et Thiès 01 cas. Cependant, 11 patients sont déclarés guéris. A ce jour, le Sénégal a enregistré 15.981 cas positifs dont 15.569 guéris, 332 décédés, et donc 79 sous traitement.
Incendie au Technopole
Un incendie s’est déclaré hier dans la soirée derrière le cimetière de Pikine, vers le Technopole. Les flammes ont ravagé les hautes herbes sous le regard des habitants de la zone et de curieux. Les sapeurs pompiers qui se sont transportés sur les lieux ont eu beaucoup de peine pour maitriser le feu. Pendant plusieurs tours d’horloge, ils ont essayé d’éteindre le feu. L’édile de Pikine Ouest a débarqué sur les lieux. Pape Gorgui Ndong réclame l’ouverture d’une enquête avant d’appeler les populations à la vigilance.
Deux camions citernes prennent feu à Kahone
Un incendie s’est déclaré hier dans la soirée dans la commune de Kahone, non loin de Kaolack. Selon une source de «dakaractu.com», deux camions citernes ont pris feu. L’un des camions transportait de l’hydrocarbure. Le feu serait parti du premier camion qui s’est renversé près du foirail. Finalement, le feu s’est propagé jusqu’à atteindre le second camion qui est venu vider le carburant du premier.
LA MÉMOIRE DES LUTTES ANTICOLONIALES RÉVEILLE DES QUESTIONS DÉRANGEANTES
Pour l’historien et politologue camerounais, Achille Mbembe, il n’y a rien à célébrer après soixante ans d’indépendance. Dans un entretien à Jeune Afrique, il appelle à « vaincre la tyrannie postcoloniale » et à « réenchanter l’Afrique »
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam et François Soudan |
Publication 28/11/2020
Franc-tireur impertinent ? Analyste avisé et lucide ? L’historien et politologue camerounais Achille Mbembe, 63 ans, est sans doute un peu des deux. Ce libre penseur qui vit en Afrique du Sud, où il enseigne à l’université du Witwatersrand (Johannesburg), peine à faire renouveler son passeport dans son pays depuis bientôt deux ans et ne peut se déplacer que grâce à un passeport diplomatique sénégalais.
Jeune Afrique : Contrairement au cinquantenaire, ce soixantième anniversaire des indépendances passe inaperçu…
Achille Mbembe : Le plus frappant, cette année, c’est d’abord la crise sanitaire, qui, elle-même, est le symbole de l’impasse dans laquelle la civilisation techno-matérialiste aura mené l’humanité. C’est aussi la protestation mondiale qui a accompagné le meurtre de George Floyd, aux États-Unis.
Ces deux événements ont pour fond le désastre climatique imminent. L’enjeu final, celui qui nous interpelle tous, quelle que soit la région du monde à laquelle nous appartenons, c’est la survie de notre espèce sur Terre et, de manière plus générale, la continuité du vivant. Si, après la colonisation, l’Afrique était parvenue à se hisser à hauteur du monde, elle pèserait aujourd’hui d’un poids singulier sur ces bouleversements de portée planétaire.
Tel n’est pas le cas ?
À cause des faiblesses structurelles internes du continent et de sa précarité sur l’échiquier mondial, les Africains et leurs descendants, mais aussi leurs dirigeants, sont traités partout par l’insulte et le mépris. Le racisme anti-nègre avance désormais à visage découvert.
Peu importe qu’ils ne sachent rien de notre passé et de notre présent, tous les idiots du monde se croient habilités à nous donner des leçons. La mémoire des luttes anticoloniales est piétinée. Des statues dédiées à ceux qui hier nous ont volés, violés et pillés trônent sur les places publiques de nos capitales alors qu’aucune de nos grandes avenues ne porte le nom de nos martyrs. C’est en très grande partie à cause de cette phénoménale abdication de la conscience historique que nous en sommes là.
Il n’y a donc rien à célébrer ?
La vérité est que la lutte africaine pour une autonomie relative est loin d’être terminée. L’urgence n’est donc pas à la célébration. En revanche, il faut engager une réflexion importante sur ce qui a bien pu faire du projet d’autodétermination – pour lequel beaucoup se sont sacrifiés – le non-événement qu’il est devenu.
Quelles étaient les attentes des Africains à travers ce projet ?
Les mêmes que celles d’aujourd’hui, à savoir être reconnus en tant qu’humains et être traités comme tous les autres humains, vivre chez soi dans la dignité, coexister en harmonie avec le reste du vivant et hériter du monde dans son ensemble. Des aspirations somme toute universelles.
Le nationalisme anticolonialiste avait pour objectif la réhabilitation d’une humanité avilie, la réparation culturelle, le renouveau du monde et de l’humanité. Il ne s’agissait pas seulement de vaincre la faim et la soif ou de répondre à des besoins purement matériels, comme garder une partie du fruit de son labeur, vendre son cacao ou son coton à un juste prix, avoir accès à la santé, à l’eau potable et peut-être à l’électricité.
Il s’agissait aussi d’énoncer des paroles neuves, d’intervenir dans le discours sur les finalités de l’existence humaine par le biais de l’art et de la culture, d’ouvrir d’autres potentialités humaines, de faire monde avec les autres, là où, longtemps, d’autres avaient pris l’habitude de faire monde contre nous.
EXCLUSIF SENEPLUS - Si nous voulons que ces drames migratoires cessent, commençons par bien les nommer et comprendre leurs significations. Il est avéré que la désinvolture est la marque de ce gouvernement
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 27/11/2020
Combien sont-ils ? 400, 500, 800 ? Les associations comme Alarm Phone[1] ont signalé qu’en une semaine, à la fin du mois d’octobre, au moins 480 candidats à l’émigration sont morts ou portés disparus au large des côtes sénégalaises. L'Organisation internationale des migrations (OIM) a fait état de 140 victimes au cours d'un seul naufrage au large de Mbour fin octobre, chiffre contestée par l’État sénégalais. Le gouvernement n’a pas donné le nombre de naufragés et son porte-parole, Abdou Latif Coulibaly, invité de l’émission le Grand Jury de la RFM le dimanche 15 novembre 2020 s’est adonné à son exercice favori : l’arrogance matinée d’un verbiage creux. Et comme, expression de ce gouvernement de renoncement national et d’une élite déconnectée des réalités sénégalaises, monsieur Coulibaly de dire « qu’il est impossible » de faire un bilan de ces drames. Dans sa diatribe contre les « émotifs », il épingla l’Organisation des Nations unies (ONU) accusée d’avoir fait « preuve de légèretés… comme souvent » en se prononçant sur cet évènement. Espérons qu’Abdou Latif Coulibaly, comme porte-parole du gouvernement, n’aura jamais à se prononcer sur un éventuel problème avec la Mauritanie. Avec les autorités de ce pays, nos relations sont parfois très compliquées et la communication doit être par conséquent plus maîtrisée. Le 24 novembre 2020, appelé à préciser le nombre de victimes de ces tragédies, le nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome a déclaré que « l’objectif du gouvernement n’est pas de dénombrer des morts, mais de trouver des solutions aux problèmes qui se posent aux Sénégalais ». Il est avéré que la désinvolture est la marque de ce gouvernement.
« Mal nommer les choses, c’est rajouter du malheur au monde » Albert Camus
Face à ces drames, la société sénégalaise a montré plus d’empathie que le gouvernement et son porte-parole. Les responsables des différents cultes se sont prononcés en des termes qui, sans doute, ont apporté du baume au cœur des familles éplorées. Un collectif associatif a organisé un « deuil virtuel ». À Dakar, le samedi 21 novembre 2020, une centaine de personnes ont défilé en silence en hommage aux victimes et ont appelé les autorités et les citoyens à réagir. Le président de la République n’a pas encore pris la parole pour évoquer le sujet. Nous sommes invités à nous satisfaire des déclarations de ses ministres et les communiqués du Conseil des ministres. Personnellement, depuis que j’ai vu Macky Sall arrivé dans la ville de Keur Massar inondée, en costume bleu, chemise blanche et mocassins, j’ai compris : nous avons perdu le président de la République ! Nous avons dorénavant un monarque à qui les courtisans soufflent tous les jours qu’il est de droit divin.
Ces drames ont été l’occasion aussi de débat sur la nature des évènements en eux même et aussi sur le devenir du pays et la place de la jeunesse dans notre société. Il ne me semble pas conforme à la description la plus fidèle de dire que les jeunes qui meurent en tentant de rejoindre l’Europe par des embarcations insuffisamment adaptées à la traversée de l’Atlantique sont suicidaires. Toutes les personnes qui s’engagent dans ces entreprises le font avec l’espoir de rejoindre ce qu’ils considèrent comme « la terre des possibles ». Elles prennent les dispositions de la majorité des Sénégalais quand elles vont affronter une situation qui sort de l’ordinaire. Sollicitations de prières auprès des parents et du guide religieux ! Visite à l’homme qui parle-aux-génies pour avoir le talisman protecteur. Autant de démarches qui ne sont pas celles des « suicidaires ». Ils prennent d’énormes risques pour forcer leurs destins afin que les regards portés sur eux changent. Certes, ils utilisent l’énergie du désespoir dans la quête de ce qu’ils croient être le chemin de l’espérance, mais y voir une attitude d’autodestruction ne me semble pas conforme à la réalité. Si nous voulons que ces drames cessent, commençons par bien les nommer et comprendre leurs significations.
« Dem ngir daffa wara nekk gorr done Goorgoolou/ Partir car la dignité passe par de la débrouillardise » Youssou Ndour
Dem ndax lan ? Baye ako mom/Pourquoi partir ? C’est la propriété du père.
Dem nguir xeer bou barri bi/Partir à cause de ce sol pierreux
Dem ndax teen boh neex bi/ Partir parce que le puits qui donne cette eau si douce
Teh rapp rek noom noo siy naan/ Il n’y a que les génies de la nuit qui y boivent
Nach bi lakkatouma taw bi barrewoul/Le soleil ne brûle plus ma peau et il ne pleut plus
Dem ngir bokk bol menou fee am/ Partir parce qu’il n’y a plus de solidarité
Dem ngir daffa wara nekk gorr done Goorgoolou/ Partir car la dignité passe par de la débrouillardise
Depuis le début des années 2000, chaque année des milliers de jeunes Africains tentent de rallier l’Europe par divers moyens. En plus du trajet passant le désert, les côtes magrébines et la traversée de la Méditerranée, nous avons la voie partant des côtes sénégambiennes et mauritaniennes pour rejoindre les îles Canaries. Ce phénomène qu’on a appelé au Sénégal Barça ou Barsac (voir Barcelone ou mourir) n’est pas sans rapport avec la crise dans le secteur de la pêche. Les ressources en poisson excessivement exploitées sont devenues rares. Selon les chercheurs, près de 15 000 pêcheurs migrants originaires de la Casamance, de la petite ou de la grande côte, affrètent des pirogues, chaque année, vers des destinations toujours plus lointaines. La raréfaction des bancs de poissons force les pêcheurs sénégalais à étendre leurs zones de pêche, parfois en conflit avec d’autres populations côtières. La pêche ne nourrit plus son homme. Ce phénomène résulte de l’activité des flottes de pêche étrangères, en particulier européennes, chinoises et russes dans les eaux sénégalaises. Les accords de pêche qui permettent aux chalutiers européens de pêcher dans les eaux sénégalaises si elles se font avec des aides compensatoires qui permettent les équilibres macroéconomiques ne sont pas sans conséquence sur le développement des pêcheries locales et des écosystèmes marins. Ces accords ont été accusés à juste titre de nourrir, par un effet d’éviction, les filières d’émigration clandestine. La preuve : les voyages sont effectués sur des embarcations dont les barreurs sont des marins-pêcheurs reconvertis en passeurs.
« Le cynisme, c'est comme la nicotine, ça tache. » André Brink
Les questions éthiques que soulèvent ces drames ne doivent pas nous faire perdre de vue l’économie politique des migrations vers l’Europe. Les personnes qui tentent d’émigrer dans ces conditions ne sont pas des migrants appauvris et privés de tout, issus de la pression démographique. Ce sont des gens qui peuvent profiter des perspectives d’emploi offertes par les pays européens. L’explication des poussées migratoires accrues de ces dernières années doit plus à la mondialisation capitaliste qu’à la simple croissance démographique ou à l’incurie de nos gouvernants. L’Europe qui a besoin de bras fait comme si ce n’est pas le cas. Elle met cyniquement en place des mécanismes de contrôles qui loin de tarir les flux migratoires, les rendent coûteux en vies humaines. L’État sénégalais a la responsabilité de la sécurité des citoyens y compris quand leurs actes délibérés sont en cause. Il y a un devoir de protection des Sénégalais qui incombe à la puissance publique. Dans les drames que nous avons vécus, faut-il parler de faillite du renseignement intérieur ou de cynisme ?
[1] Alarm Phone est une ONG qui apporte une assistance téléphonique pour les personnes en situation de détresse en mer Méditerranée.
[2] The Guide (Wommat)1994 Sony Music Entertainment INC
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours.
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours. Les femmes de Ndayane ont trouvé un remède censé prévenir et guérir de la "maladie mystérieuse" qui touche plus d'une centaine de pêcheurs.
Un remède pas aussi mystérieux que la maladie, car à Ndayane, plus de 200 personnes atteintes par cette maladie cutanée ont été guéries.
Khardiata Ciss, présidente du cercle des femmes And-Jef de Ndayane témoigne : "Ce produit soigne. Ceux qui ont été atteints ont été tous guéris par cette crème. Cela fait deux ans que nous avons mis en place ce produit qui soignait les plaies cutanées".
Les femmes de Ndayane s'activent beaucoup dans tout ce qui touche à la santé par les plantes. Le projet Wer Werlé, financé par Horizont 3000, qui est mis en oeuvre par Enda Santé, les aide dans le cadre de leur activité.
Commercialisé en petit pot, les femmes soutiennent que Enda-Santé, particulièrement Abdoulaye Ndiaye, formateur-assistant suivi évaluation à Enda-Santé, a beaucoup aidé dans la conception de ce produit miracle. L'Ong a également confirmé l'efficacité du produit fait à base de plantes de 'mbeur beuf', du beurre de karité et autres plantes. Le pot échangé à vil prix aux pêcheurs atteints est l'objet de toute les discussions dans cette communauté de pêcheur.
"Je souffrais beaucoup, je n'arrivais même plus à dormir. Une badienou gokh du nom de mère Aminata m'a conseillé d'aller voir les femmes du Gie pour qu'elles me procurent la crème. Je suis resté plusieurs jours sans aller en mer. La crème m'a guéri en deux jours", affirme Aliou Sarr, un des patients.
Sur son corps comme sur ceux de ses amis, on constate la cicatrisation des boutons. Comme quoi à Ndayane le 'mbeur beuf' a eu raison de la maladie mystérieuse. Et ce "vaccin" a été trouvé par les femmes.
LA GAMBIE EN FINALE
Après sa victoire (2-1) sur la Guinée, vendredi, à Thiès la Gambie se qualifie pour la finale de l'UFOA 2020
La Gambie s'est qualifiée pour la finale du tournoi de l'UFOA Zone Ouest A de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) U20, après sa victoire (2-1) sur la Guinée, vendredi, à Thiès.
Le capitaine guinéen Kerfala Camara a ouvert le score sur un but contre son camp à la 27e minute de jeu, permettant aux Gambiens d'aller à la pause avec cet avantage d'un but à zéro. Bah Abdourahmane a égalisé pour la Guinée en début de seconde période (48').
Le numéro 10 de la Gambie, Kajally Drammeh a permis à son équipe de reprendre l'avantage à la 63e minute de jeu. Les Gambiens ont géré le score pour finalement remporter la partie 2-1, se qualifiant pour la finale du tournoi de l'UFOA A. Ils affronteront le vainqueur de l'autre demi-finale qui opposera le Sénégal à la Guinée Bissau, ce soir à 19h30, au stade Lat Dior.
Pour rappel, le champion de ce tournoi se qualifiera à la Coupe d'Afrique des Nations des moins de 20 ans prévue en février en Mauritanie.
par Ousseynou Nar Gueye
DIRECTEUR DE CAMPAGNE, BERCEAU DES AMBITIONS PRÉSIDENTIELLES
Macky Sall, Aminata Touré, Idrissa Seck… Tous ont été directeurs de campagne et tous ont (eu) des ambitions présidentielles. Retour sur une fonction qui peut donner des envies de briguer la magistrature suprême
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Gueye |
Publication 27/11/2020
Aminata Touré, ex-Première ministre encore récemment présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ; Idrissa Seck, ancien chef de gouvernement et désormais président dudit CESE ; Macky Sall lui-même… Tous ont, en leur temps, dirigé la campagne d’un candidat à la magistrature suprême et avant de se lancer dans la course – ou du moins d’y songer très fortement.
Les deux séquences sont-elles liées ? La première est-elle une étape nécessaire avant d’envisager la seconde ? Macky Sall est devenu président de la République en 2012, Idrissa Seck s’est présenté à trois reprises et « Mimi » Touré ne fait plus mystère de ses intentions. Interrogée sur la suite de sa carrière politique alors qu’un décret venait de mettre fin à son mandat, elle n’y est pas allée par quatre chemins : « l’ambition n’est pas un délit », a-t-elle martelé dans la presse sénégalaise.
Ambition. Le mot est lâché. Pour les membres de ce trio, le rêve de diriger les destinées des Sénégalais(es) a pris forme tandis qu’ils exerçaient la fonction de directeur de campagne.
Comme dit l’adage, « il n’y a pas de grand homme pour son valet ». À servir les ambitions d’un autre dans la poursuite de la fonction suprême, ils ont tous fini par se dire : « Et pourquoi pas moi ? »
Idy le marabout
Le plus ancien à avoir exercé cette fonction est Idrissa Seck, 61 ans. En 1988, il cornaque Abdoulaye Wade lors de cette année de braise où le Parti socialiste (PS), quasi parti unique, est à son apogée.
« Idy » parvient à tenir la dragée haute aux socialistes et sa diction si particulière, quasi hypnotique, lui vaut le surnom de « mara » (« marabout »). Il mouille la chemise et n’hésite pas, en plein meeting, à tenir le micro pour Abdoulaye Wade.
Mimi Touré, 58 ans aujourd’hui, a quant à elle été directrice de campagne de Landing Savané, en 1993 – elle a été la première femme à se voir confier un tel poste au Sénégal. Landing Savané s’était lui-même surnommé « le candidat sans illusions » lors de sa précédente candidature, en 1988, mais il avait su s’entourer en s’appuyant sur cette jeune femme prometteuse, qui avait fait ses premières armes politiques dans le marxisme.
Après avoir divorcé de la gauche et rallié Macky Sall, Mimi Touré sera membre de son directoire de campagne en 2012. Mise au placard après avoir été gardienne des Sceaux et Première ministre, elle reviendra sur le devant de la scène en tant que directrice du cabinet de campagne de Macky Sall, en 2019.
Le 1er novembre dernier, Macky Sall lui a finalement rendu sa liberté : elle va donc pouvoir courir après son destin politique. À ses risques et périls.
Sall, fin politicien
Last but not least, Macky Sall, 58 ans. Il fut le directeur de la campagne victorieuse d’Abdoulaye Wade en 2007. Avant la disgrâce et son éviction de la présidence de l’Assemblée nationale l’année suivante par un procédé peu élégant qui aura certainement accéléré sa détermination (précoce) à accéder à la magistrature suprême. Poste qu’il décrochera lors du scrutin suivant, en 2012, devenant ainsi l’alternance au « régime de l’Alternance » de Wade.
En 2008, il avait fini de puiser dans les carnets d’adresses du Parti démocratique sénégalais (PDS) et dans ceux de Wade, et avait tout autant assimilé les fondamentaux de l’itinéraire efficace à suivre en campagne présidentielle. Ce qui fait qu’il passe désormais pour le plus fin politicien de l’histoire contemporaine du Sénégal, même s’il n’est pas considéré comme le plus grand homme politique du pays.
Qui a ses chances ?
On peut légitimement s’interroger sur les chances de Mimi Touré d’accéder à la présidence de la République. Elle a un beau pedigree, mais une élection ne se joue pas sur un CV. La magistrature suprême se gagne sur le terrain, en allant chercher la victoire avec les dents. Avec un fief, des foules de partisans et un appareil politique entièrement dévoué.
Quant à ce qu’il reste de chances à un Idy au destin présidentiel mis entre parenthèses, à défaut d’être forclos, on dira qu’il faut « laisser le temps au temps ».
Les membres de ce trio ont presque le même âge : il n’est pas sûr que, dans une même génération, il y ait de la place pour deux présidents successifs. Encore moins pour trois.
IMBROGLIO AUTOUR D'UN ACCORD AVEC L'ESPAGNE SUR LE RAPATRIEMENT DES MIGRANTS
Qui croire, entre le Sénégal et l'Espagne ? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne ?
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 27/11/2020
Accablée par l’arrivée massive de migrants à partir du Sénégal, l’Espagne est décidée à régler la question à la source. Sa ministre des Affaires étrangères en visite à Dakar, invoquant une convention signée avec le gouvernement sénégalais, a annoncé le rapatriement de ces sans-papiers. Mais pour Dakar, il n’existe aucun accord à ce sujet.
Confrontée aux débarquements massifs de migrants dans les îles Canaries, l’Espagne est décidée à agir, avec le gouvernement sénégalais, contre les réseaux criminels qui organisent des départs à partir du Sénégal. Aranja Gonzalez Laya, sa ministre des Affaires étrangères, était à Dakar ce 22 novembre pour mettre la dernière main au programme visant à renvoyer les citoyens sénégalais sans titre de séjour dans leur pays d’origine.
«Les migrants clandestins de nationalité sénégalaise qui arrivent en Espagne seront renvoyés dans leur pays. Nous le ferons en respectant les règles et conventions que le Sénégal a signées avec l’Espagne», avait déclaré Aranja Gonzalez Laya, après une entrevue avec son homologue sénégalaise Aïssata Tall Sall qui faisait ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions.
Le mystère persiste sur le contenu de ces «règles et conventions» que les deux pays ont signées en ce qui concerne la lutte contre les migrations irrégulières. Pour couper court aux propos de la diplomate espagnole, c’est le secrétaire d’État sénégalais aux Affaires étrangères Moïse Sarr qui est monté au créneau.
«Il n’y a pas d’accord signé entre la République du Sénégal et le Royaume d’Espagne en ce qui concerne le rapatriement de nos compatriotes. Que cela soit clair et net pour tout le monde», a soutenu l’officiel sénégalais devant la presse ce 24 novembre.
Qui croire, entre la diplomate espagnole et le secrétaire d’État aux Affaires étrangères en charge des Sénégalais de la diaspora? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne? Ceux-ci pourront- ils prendre part au rapatriement en l’absence d’un accord particulier régissant ce sujet?
Création de bureaux d’accueil
«Il n’existe aucun processus de rapatriement de migrants sans accord préalable et sans compensations financières, généralement, au bénéfice de l’État qui accepte le retour de ses ressortissants», affirme à Sputnik Boubacar Sèye, président de l’ONG Horizons sans frontières.