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27 juin 2025
LA MÉMOIRE DES LUTTES ANTICOLONIALES RÉVEILLE DES QUESTIONS DÉRANGEANTES
Pour l’historien et politologue camerounais, Achille Mbembe, il n’y a rien à célébrer après soixante ans d’indépendance. Dans un entretien à Jeune Afrique, il appelle à « vaincre la tyrannie postcoloniale » et à « réenchanter l’Afrique »
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam et François Soudan |
Publication 28/11/2020
Franc-tireur impertinent ? Analyste avisé et lucide ? L’historien et politologue camerounais Achille Mbembe, 63 ans, est sans doute un peu des deux. Ce libre penseur qui vit en Afrique du Sud, où il enseigne à l’université du Witwatersrand (Johannesburg), peine à faire renouveler son passeport dans son pays depuis bientôt deux ans et ne peut se déplacer que grâce à un passeport diplomatique sénégalais.
Jeune Afrique : Contrairement au cinquantenaire, ce soixantième anniversaire des indépendances passe inaperçu…
Achille Mbembe : Le plus frappant, cette année, c’est d’abord la crise sanitaire, qui, elle-même, est le symbole de l’impasse dans laquelle la civilisation techno-matérialiste aura mené l’humanité. C’est aussi la protestation mondiale qui a accompagné le meurtre de George Floyd, aux États-Unis.
Ces deux événements ont pour fond le désastre climatique imminent. L’enjeu final, celui qui nous interpelle tous, quelle que soit la région du monde à laquelle nous appartenons, c’est la survie de notre espèce sur Terre et, de manière plus générale, la continuité du vivant. Si, après la colonisation, l’Afrique était parvenue à se hisser à hauteur du monde, elle pèserait aujourd’hui d’un poids singulier sur ces bouleversements de portée planétaire.
Tel n’est pas le cas ?
À cause des faiblesses structurelles internes du continent et de sa précarité sur l’échiquier mondial, les Africains et leurs descendants, mais aussi leurs dirigeants, sont traités partout par l’insulte et le mépris. Le racisme anti-nègre avance désormais à visage découvert.
Peu importe qu’ils ne sachent rien de notre passé et de notre présent, tous les idiots du monde se croient habilités à nous donner des leçons. La mémoire des luttes anticoloniales est piétinée. Des statues dédiées à ceux qui hier nous ont volés, violés et pillés trônent sur les places publiques de nos capitales alors qu’aucune de nos grandes avenues ne porte le nom de nos martyrs. C’est en très grande partie à cause de cette phénoménale abdication de la conscience historique que nous en sommes là.
Il n’y a donc rien à célébrer ?
La vérité est que la lutte africaine pour une autonomie relative est loin d’être terminée. L’urgence n’est donc pas à la célébration. En revanche, il faut engager une réflexion importante sur ce qui a bien pu faire du projet d’autodétermination – pour lequel beaucoup se sont sacrifiés – le non-événement qu’il est devenu.
Quelles étaient les attentes des Africains à travers ce projet ?
Les mêmes que celles d’aujourd’hui, à savoir être reconnus en tant qu’humains et être traités comme tous les autres humains, vivre chez soi dans la dignité, coexister en harmonie avec le reste du vivant et hériter du monde dans son ensemble. Des aspirations somme toute universelles.
Le nationalisme anticolonialiste avait pour objectif la réhabilitation d’une humanité avilie, la réparation culturelle, le renouveau du monde et de l’humanité. Il ne s’agissait pas seulement de vaincre la faim et la soif ou de répondre à des besoins purement matériels, comme garder une partie du fruit de son labeur, vendre son cacao ou son coton à un juste prix, avoir accès à la santé, à l’eau potable et peut-être à l’électricité.
Il s’agissait aussi d’énoncer des paroles neuves, d’intervenir dans le discours sur les finalités de l’existence humaine par le biais de l’art et de la culture, d’ouvrir d’autres potentialités humaines, de faire monde avec les autres, là où, longtemps, d’autres avaient pris l’habitude de faire monde contre nous.
EXCLUSIF SENEPLUS - Si nous voulons que ces drames migratoires cessent, commençons par bien les nommer et comprendre leurs significations. Il est avéré que la désinvolture est la marque de ce gouvernement
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 27/11/2020
Combien sont-ils ? 400, 500, 800 ? Les associations comme Alarm Phone[1] ont signalé qu’en une semaine, à la fin du mois d’octobre, au moins 480 candidats à l’émigration sont morts ou portés disparus au large des côtes sénégalaises. L'Organisation internationale des migrations (OIM) a fait état de 140 victimes au cours d'un seul naufrage au large de Mbour fin octobre, chiffre contestée par l’État sénégalais. Le gouvernement n’a pas donné le nombre de naufragés et son porte-parole, Abdou Latif Coulibaly, invité de l’émission le Grand Jury de la RFM le dimanche 15 novembre 2020 s’est adonné à son exercice favori : l’arrogance matinée d’un verbiage creux. Et comme, expression de ce gouvernement de renoncement national et d’une élite déconnectée des réalités sénégalaises, monsieur Coulibaly de dire « qu’il est impossible » de faire un bilan de ces drames. Dans sa diatribe contre les « émotifs », il épingla l’Organisation des Nations unies (ONU) accusée d’avoir fait « preuve de légèretés… comme souvent » en se prononçant sur cet évènement. Espérons qu’Abdou Latif Coulibaly, comme porte-parole du gouvernement, n’aura jamais à se prononcer sur un éventuel problème avec la Mauritanie. Avec les autorités de ce pays, nos relations sont parfois très compliquées et la communication doit être par conséquent plus maîtrisée. Le 24 novembre 2020, appelé à préciser le nombre de victimes de ces tragédies, le nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome a déclaré que « l’objectif du gouvernement n’est pas de dénombrer des morts, mais de trouver des solutions aux problèmes qui se posent aux Sénégalais ». Il est avéré que la désinvolture est la marque de ce gouvernement.
« Mal nommer les choses, c’est rajouter du malheur au monde » Albert Camus
Face à ces drames, la société sénégalaise a montré plus d’empathie que le gouvernement et son porte-parole. Les responsables des différents cultes se sont prononcés en des termes qui, sans doute, ont apporté du baume au cœur des familles éplorées. Un collectif associatif a organisé un « deuil virtuel ». À Dakar, le samedi 21 novembre 2020, une centaine de personnes ont défilé en silence en hommage aux victimes et ont appelé les autorités et les citoyens à réagir. Le président de la République n’a pas encore pris la parole pour évoquer le sujet. Nous sommes invités à nous satisfaire des déclarations de ses ministres et les communiqués du Conseil des ministres. Personnellement, depuis que j’ai vu Macky Sall arrivé dans la ville de Keur Massar inondée, en costume bleu, chemise blanche et mocassins, j’ai compris : nous avons perdu le président de la République ! Nous avons dorénavant un monarque à qui les courtisans soufflent tous les jours qu’il est de droit divin.
Ces drames ont été l’occasion aussi de débat sur la nature des évènements en eux même et aussi sur le devenir du pays et la place de la jeunesse dans notre société. Il ne me semble pas conforme à la description la plus fidèle de dire que les jeunes qui meurent en tentant de rejoindre l’Europe par des embarcations insuffisamment adaptées à la traversée de l’Atlantique sont suicidaires. Toutes les personnes qui s’engagent dans ces entreprises le font avec l’espoir de rejoindre ce qu’ils considèrent comme « la terre des possibles ». Elles prennent les dispositions de la majorité des Sénégalais quand elles vont affronter une situation qui sort de l’ordinaire. Sollicitations de prières auprès des parents et du guide religieux ! Visite à l’homme qui parle-aux-génies pour avoir le talisman protecteur. Autant de démarches qui ne sont pas celles des « suicidaires ». Ils prennent d’énormes risques pour forcer leurs destins afin que les regards portés sur eux changent. Certes, ils utilisent l’énergie du désespoir dans la quête de ce qu’ils croient être le chemin de l’espérance, mais y voir une attitude d’autodestruction ne me semble pas conforme à la réalité. Si nous voulons que ces drames cessent, commençons par bien les nommer et comprendre leurs significations.
« Dem ngir daffa wara nekk gorr done Goorgoolou/ Partir car la dignité passe par de la débrouillardise » Youssou Ndour
Dem ndax lan ? Baye ako mom/Pourquoi partir ? C’est la propriété du père.
Dem nguir xeer bou barri bi/Partir à cause de ce sol pierreux
Dem ndax teen boh neex bi/ Partir parce que le puits qui donne cette eau si douce
Teh rapp rek noom noo siy naan/ Il n’y a que les génies de la nuit qui y boivent
Nach bi lakkatouma taw bi barrewoul/Le soleil ne brûle plus ma peau et il ne pleut plus
Dem ngir bokk bol menou fee am/ Partir parce qu’il n’y a plus de solidarité
Dem ngir daffa wara nekk gorr done Goorgoolou/ Partir car la dignité passe par de la débrouillardise
Depuis le début des années 2000, chaque année des milliers de jeunes Africains tentent de rallier l’Europe par divers moyens. En plus du trajet passant le désert, les côtes magrébines et la traversée de la Méditerranée, nous avons la voie partant des côtes sénégambiennes et mauritaniennes pour rejoindre les îles Canaries. Ce phénomène qu’on a appelé au Sénégal Barça ou Barsac (voir Barcelone ou mourir) n’est pas sans rapport avec la crise dans le secteur de la pêche. Les ressources en poisson excessivement exploitées sont devenues rares. Selon les chercheurs, près de 15 000 pêcheurs migrants originaires de la Casamance, de la petite ou de la grande côte, affrètent des pirogues, chaque année, vers des destinations toujours plus lointaines. La raréfaction des bancs de poissons force les pêcheurs sénégalais à étendre leurs zones de pêche, parfois en conflit avec d’autres populations côtières. La pêche ne nourrit plus son homme. Ce phénomène résulte de l’activité des flottes de pêche étrangères, en particulier européennes, chinoises et russes dans les eaux sénégalaises. Les accords de pêche qui permettent aux chalutiers européens de pêcher dans les eaux sénégalaises si elles se font avec des aides compensatoires qui permettent les équilibres macroéconomiques ne sont pas sans conséquence sur le développement des pêcheries locales et des écosystèmes marins. Ces accords ont été accusés à juste titre de nourrir, par un effet d’éviction, les filières d’émigration clandestine. La preuve : les voyages sont effectués sur des embarcations dont les barreurs sont des marins-pêcheurs reconvertis en passeurs.
« Le cynisme, c'est comme la nicotine, ça tache. » André Brink
Les questions éthiques que soulèvent ces drames ne doivent pas nous faire perdre de vue l’économie politique des migrations vers l’Europe. Les personnes qui tentent d’émigrer dans ces conditions ne sont pas des migrants appauvris et privés de tout, issus de la pression démographique. Ce sont des gens qui peuvent profiter des perspectives d’emploi offertes par les pays européens. L’explication des poussées migratoires accrues de ces dernières années doit plus à la mondialisation capitaliste qu’à la simple croissance démographique ou à l’incurie de nos gouvernants. L’Europe qui a besoin de bras fait comme si ce n’est pas le cas. Elle met cyniquement en place des mécanismes de contrôles qui loin de tarir les flux migratoires, les rendent coûteux en vies humaines. L’État sénégalais a la responsabilité de la sécurité des citoyens y compris quand leurs actes délibérés sont en cause. Il y a un devoir de protection des Sénégalais qui incombe à la puissance publique. Dans les drames que nous avons vécus, faut-il parler de faillite du renseignement intérieur ou de cynisme ?
[1] Alarm Phone est une ONG qui apporte une assistance téléphonique pour les personnes en situation de détresse en mer Méditerranée.
[2] The Guide (Wommat)1994 Sony Music Entertainment INC
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours.
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours. Les femmes de Ndayane ont trouvé un remède censé prévenir et guérir de la "maladie mystérieuse" qui touche plus d'une centaine de pêcheurs.
Un remède pas aussi mystérieux que la maladie, car à Ndayane, plus de 200 personnes atteintes par cette maladie cutanée ont été guéries.
Khardiata Ciss, présidente du cercle des femmes And-Jef de Ndayane témoigne : "Ce produit soigne. Ceux qui ont été atteints ont été tous guéris par cette crème. Cela fait deux ans que nous avons mis en place ce produit qui soignait les plaies cutanées".
Les femmes de Ndayane s'activent beaucoup dans tout ce qui touche à la santé par les plantes. Le projet Wer Werlé, financé par Horizont 3000, qui est mis en oeuvre par Enda Santé, les aide dans le cadre de leur activité.
Commercialisé en petit pot, les femmes soutiennent que Enda-Santé, particulièrement Abdoulaye Ndiaye, formateur-assistant suivi évaluation à Enda-Santé, a beaucoup aidé dans la conception de ce produit miracle. L'Ong a également confirmé l'efficacité du produit fait à base de plantes de 'mbeur beuf', du beurre de karité et autres plantes. Le pot échangé à vil prix aux pêcheurs atteints est l'objet de toute les discussions dans cette communauté de pêcheur.
"Je souffrais beaucoup, je n'arrivais même plus à dormir. Une badienou gokh du nom de mère Aminata m'a conseillé d'aller voir les femmes du Gie pour qu'elles me procurent la crème. Je suis resté plusieurs jours sans aller en mer. La crème m'a guéri en deux jours", affirme Aliou Sarr, un des patients.
Sur son corps comme sur ceux de ses amis, on constate la cicatrisation des boutons. Comme quoi à Ndayane le 'mbeur beuf' a eu raison de la maladie mystérieuse. Et ce "vaccin" a été trouvé par les femmes.
LA GAMBIE EN FINALE
Après sa victoire (2-1) sur la Guinée, vendredi, à Thiès la Gambie se qualifie pour la finale de l'UFOA 2020
La Gambie s'est qualifiée pour la finale du tournoi de l'UFOA Zone Ouest A de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) U20, après sa victoire (2-1) sur la Guinée, vendredi, à Thiès.
Le capitaine guinéen Kerfala Camara a ouvert le score sur un but contre son camp à la 27e minute de jeu, permettant aux Gambiens d'aller à la pause avec cet avantage d'un but à zéro. Bah Abdourahmane a égalisé pour la Guinée en début de seconde période (48').
Le numéro 10 de la Gambie, Kajally Drammeh a permis à son équipe de reprendre l'avantage à la 63e minute de jeu. Les Gambiens ont géré le score pour finalement remporter la partie 2-1, se qualifiant pour la finale du tournoi de l'UFOA A. Ils affronteront le vainqueur de l'autre demi-finale qui opposera le Sénégal à la Guinée Bissau, ce soir à 19h30, au stade Lat Dior.
Pour rappel, le champion de ce tournoi se qualifiera à la Coupe d'Afrique des Nations des moins de 20 ans prévue en février en Mauritanie.
par Ousseynou Nar Gueye
DIRECTEUR DE CAMPAGNE, BERCEAU DES AMBITIONS PRÉSIDENTIELLES
Macky Sall, Aminata Touré, Idrissa Seck… Tous ont été directeurs de campagne et tous ont (eu) des ambitions présidentielles. Retour sur une fonction qui peut donner des envies de briguer la magistrature suprême
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Gueye |
Publication 27/11/2020
Aminata Touré, ex-Première ministre encore récemment présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ; Idrissa Seck, ancien chef de gouvernement et désormais président dudit CESE ; Macky Sall lui-même… Tous ont, en leur temps, dirigé la campagne d’un candidat à la magistrature suprême et avant de se lancer dans la course – ou du moins d’y songer très fortement.
Les deux séquences sont-elles liées ? La première est-elle une étape nécessaire avant d’envisager la seconde ? Macky Sall est devenu président de la République en 2012, Idrissa Seck s’est présenté à trois reprises et « Mimi » Touré ne fait plus mystère de ses intentions. Interrogée sur la suite de sa carrière politique alors qu’un décret venait de mettre fin à son mandat, elle n’y est pas allée par quatre chemins : « l’ambition n’est pas un délit », a-t-elle martelé dans la presse sénégalaise.
Ambition. Le mot est lâché. Pour les membres de ce trio, le rêve de diriger les destinées des Sénégalais(es) a pris forme tandis qu’ils exerçaient la fonction de directeur de campagne.
Comme dit l’adage, « il n’y a pas de grand homme pour son valet ». À servir les ambitions d’un autre dans la poursuite de la fonction suprême, ils ont tous fini par se dire : « Et pourquoi pas moi ? »
Idy le marabout
Le plus ancien à avoir exercé cette fonction est Idrissa Seck, 61 ans. En 1988, il cornaque Abdoulaye Wade lors de cette année de braise où le Parti socialiste (PS), quasi parti unique, est à son apogée.
« Idy » parvient à tenir la dragée haute aux socialistes et sa diction si particulière, quasi hypnotique, lui vaut le surnom de « mara » (« marabout »). Il mouille la chemise et n’hésite pas, en plein meeting, à tenir le micro pour Abdoulaye Wade.
Mimi Touré, 58 ans aujourd’hui, a quant à elle été directrice de campagne de Landing Savané, en 1993 – elle a été la première femme à se voir confier un tel poste au Sénégal. Landing Savané s’était lui-même surnommé « le candidat sans illusions » lors de sa précédente candidature, en 1988, mais il avait su s’entourer en s’appuyant sur cette jeune femme prometteuse, qui avait fait ses premières armes politiques dans le marxisme.
Après avoir divorcé de la gauche et rallié Macky Sall, Mimi Touré sera membre de son directoire de campagne en 2012. Mise au placard après avoir été gardienne des Sceaux et Première ministre, elle reviendra sur le devant de la scène en tant que directrice du cabinet de campagne de Macky Sall, en 2019.
Le 1er novembre dernier, Macky Sall lui a finalement rendu sa liberté : elle va donc pouvoir courir après son destin politique. À ses risques et périls.
Sall, fin politicien
Last but not least, Macky Sall, 58 ans. Il fut le directeur de la campagne victorieuse d’Abdoulaye Wade en 2007. Avant la disgrâce et son éviction de la présidence de l’Assemblée nationale l’année suivante par un procédé peu élégant qui aura certainement accéléré sa détermination (précoce) à accéder à la magistrature suprême. Poste qu’il décrochera lors du scrutin suivant, en 2012, devenant ainsi l’alternance au « régime de l’Alternance » de Wade.
En 2008, il avait fini de puiser dans les carnets d’adresses du Parti démocratique sénégalais (PDS) et dans ceux de Wade, et avait tout autant assimilé les fondamentaux de l’itinéraire efficace à suivre en campagne présidentielle. Ce qui fait qu’il passe désormais pour le plus fin politicien de l’histoire contemporaine du Sénégal, même s’il n’est pas considéré comme le plus grand homme politique du pays.
Qui a ses chances ?
On peut légitimement s’interroger sur les chances de Mimi Touré d’accéder à la présidence de la République. Elle a un beau pedigree, mais une élection ne se joue pas sur un CV. La magistrature suprême se gagne sur le terrain, en allant chercher la victoire avec les dents. Avec un fief, des foules de partisans et un appareil politique entièrement dévoué.
Quant à ce qu’il reste de chances à un Idy au destin présidentiel mis entre parenthèses, à défaut d’être forclos, on dira qu’il faut « laisser le temps au temps ».
Les membres de ce trio ont presque le même âge : il n’est pas sûr que, dans une même génération, il y ait de la place pour deux présidents successifs. Encore moins pour trois.
IMBROGLIO AUTOUR D'UN ACCORD AVEC L'ESPAGNE SUR LE RAPATRIEMENT DES MIGRANTS
Qui croire, entre le Sénégal et l'Espagne ? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne ?
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 27/11/2020
Accablée par l’arrivée massive de migrants à partir du Sénégal, l’Espagne est décidée à régler la question à la source. Sa ministre des Affaires étrangères en visite à Dakar, invoquant une convention signée avec le gouvernement sénégalais, a annoncé le rapatriement de ces sans-papiers. Mais pour Dakar, il n’existe aucun accord à ce sujet.
Confrontée aux débarquements massifs de migrants dans les îles Canaries, l’Espagne est décidée à agir, avec le gouvernement sénégalais, contre les réseaux criminels qui organisent des départs à partir du Sénégal. Aranja Gonzalez Laya, sa ministre des Affaires étrangères, était à Dakar ce 22 novembre pour mettre la dernière main au programme visant à renvoyer les citoyens sénégalais sans titre de séjour dans leur pays d’origine.
«Les migrants clandestins de nationalité sénégalaise qui arrivent en Espagne seront renvoyés dans leur pays. Nous le ferons en respectant les règles et conventions que le Sénégal a signées avec l’Espagne», avait déclaré Aranja Gonzalez Laya, après une entrevue avec son homologue sénégalaise Aïssata Tall Sall qui faisait ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions.
Le mystère persiste sur le contenu de ces «règles et conventions» que les deux pays ont signées en ce qui concerne la lutte contre les migrations irrégulières. Pour couper court aux propos de la diplomate espagnole, c’est le secrétaire d’État sénégalais aux Affaires étrangères Moïse Sarr qui est monté au créneau.
«Il n’y a pas d’accord signé entre la République du Sénégal et le Royaume d’Espagne en ce qui concerne le rapatriement de nos compatriotes. Que cela soit clair et net pour tout le monde», a soutenu l’officiel sénégalais devant la presse ce 24 novembre.
Qui croire, entre la diplomate espagnole et le secrétaire d’État aux Affaires étrangères en charge des Sénégalais de la diaspora? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne? Ceux-ci pourront- ils prendre part au rapatriement en l’absence d’un accord particulier régissant ce sujet?
Création de bureaux d’accueil
«Il n’existe aucun processus de rapatriement de migrants sans accord préalable et sans compensations financières, généralement, au bénéfice de l’État qui accepte le retour de ses ressortissants», affirme à Sputnik Boubacar Sèye, président de l’ONG Horizons sans frontières.
L'AFRIQUE N'EST PAS PRÊTE À DÉPLOYER UN VACCIN ANTI-COVID
Une analyse réalisée par l'OMS révéle que seuls 33% des pays africains disposent de systèmes de santé capables de mener des campagnes de vaccination de masse
L'Organisation mondiale de la santé avertit que l'Afrique est loin d'être prête à déployer un vaccin Covid-19, une fois qu'il est disponible.
Une analyse réalisée par l'institution révéle que seuls 33% des pays africains disposent de systèmes de santé capables de mener des campagnes de vaccination de masse. Les pays sont maintenant instamment priés de se préparer à l'arrivée d'un vaccin dès que possible.
Alors que la course pour trouver un vaccin Covid-19 prend de l'ampleur à l'échelle mondiale, les experts de la santé en Afrique craignent que les systèmes de santé à travers le continent ne soient pas prêts à mettre le vaccin à disposition de leur population.
Trois sociétés pharmaceutiques mondiales travaillant sur les vaccins Covid-19 ont récemment publié des résultats prometteurs et attendent l'approbation pour commencer à les administrer au public.
L'OMS affirme que seulement 49% des pays d'Afrique ont réservé des fonds et identifié les cas prioritaires qui recevront le vaccin en premier.
Certains de ceux qui seront les premiers en ligne sont les travailleurs de la santé, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies sous-jacentes.
Le Centre africain de controle des maladies affirme qu'un vaccin sera une méthode de prévention supplémentaire contre le COVID-19.
Cependant, le plus grand défi sera de vacciner les populations. Le directeur du CDC Afrique, le Dr John Nkegasong, indique que cela pourrait ne pas commencer avant le deuxième trimestre de l'année prochaine.
Le CDC Afrique espère vacciner au moins 60% de la population africaine avec les doses initiales acquises. Ils soutiennent que cela aidera à obtenir l'immunité collective. Il y a maintenant plus de 2,1 millions de cas sur le continent, ce qui représente moins de 4% des cas dans le monde.
Par Me El Amath THIAM,
LA SUCCESSION DES VICTIMES A L’EMIGRATION «CLANDESTINE» : QUE DIT LA LOI ?
Le Code de la Famille est sans équivoque. Il dispose en son article 1er que la personnalité juridique cesse au décès. C’est donc au décès et par le décès que s’éteint la personnalité, qu’elle se perd.
Au-delà de l’aspect social, économique et politique, un coin de l’approche juridique de cette situation préoccupante de l’émigration clandestine mérite d’être rappelé pour le respect des âmes des personnes dont les corps n’ont pas été jusque-là retrouvés ou identifiés pour pouvoir déclarer leur décès dans les conditions classiques prévues par la Loi.
Le Code de la Famille est sans équivoque. Il dispose en son article 1er que la personnalité juridique cesse au décès. C’est donc au décès et par le décès que s’éteint la personnalité, qu’elle se perd. Généralement, les successions s’ouvrent par la mort de l’individu (art 397 et suivants du Code de la Famille). Néanmoins, il existe d’autres causes, au-delà de la mort naturelle, qui permettent d’ouvrir la succession. Mais il arrive qu’en l’absence de cadavre, le constat du décès soit impossible. Ces situations engendrent des incertitudes que le législateur sénégalais encadre dans les articles 16 et suivants du Code de la Famille. Cette incertitude peut résulter de l’absence de nouvelles d’une personne pendant une période relativement longue ou des circonstances dans lesquelles ce manque de nouvelles s’est produit. Ce sont respectivement l’absence et la disparition relativement définies ci-après : Selon l’article 16 al. 1er du Code de la Famille, l’absence est la «situation de la personne dont le manque de nouvelles rend l’existence incertaine». Dans le langage vulgaire, commun, usuel, l’absent est un individu qui n’est pas présent dans un lieu où il aurait dû se trouver à un moment déterminé. Légalement, l’absent est un individu dont on ne sait plus s’il est vivant ou mort parce qu’il a quitté son domicile depuis longtemps sans donner de ses nouvelles. NB : La procédure relative au cas de l’absent est plus longue, elle peut durer 10 ans et se déroule en trois (03) phases avec des effets de droits :
La déclaration de présomption d’absence,
La déclaration d’absence,
La déclaration de décès ;
Concernant la disparition, contrairement à l’absence, le législateur a consacré un régime spécifique, fondé sur le raccourcissement et l’allégement de la procédure. Aux termes de l’article 16 al. 2, la disparition est la situation de la personne «dont l’absence s’est produite dans des circonstances mettant sa vie en danger, sans que son corps ait pu être retrouvé». Ces circonstances sont de nature à mettre sa vie en danger mais dont on n’a pas retrouvé le cadavre. (Naufrage, accident, guerre, catastrophe minière ou aérienne, incendie, etc.) La Loi attache à la disparition dans de telles circonstances, une présomption de décès.
NB : La disparition est, selon le Code de la Famille, une cause d’ouverture de succession article 398 du CF. Le certificat de décès est l’acte sans lequel on ne peut pas établir le jugement d’hérédité, document judiciaire qui constate toutes les personnes appelées à succéder au de cujus.
Important : Il convient de rappeler qu’en pareilles circonstances, aucun maire n’est compétent pour établir l’acte de décès d’une personne déclarée absente ou disparue sans un jugement déclaratif de décès prononcé par un Tribunal compétent. Les services municipaux doivent tout simplement transcrire la décision du Tribunal, seul habilité à en donner l’ordre. Tout maire qui outrepasse ses prérogatives, pourrait être poursuivi pour faux en écritures publiques et complicité de faux et usage de faux pour le/la demandeur de l’acte incriminé. Au regard de ces deux définitions légales, on peut retenir que les volontaires à l’émigration clandestine et dont les corps n’ont pas pu être retrouvés ou identifiés par leurs familles sont considérés comme des disparus. Les disparitions sont d’autant plus dramatiques qu’elles s’accompagnent de complications juridiques. En effet, l’acte de décès ne peut être rédigé et la famille du disparu se trouve dans l’impossibilité de gérer les problèmes urgents, tels que le règlement de la succession du présumé défunt ou encore la mise en jeu des assurances souscrites, les cotisations sociales, etc. L’Etat a l’obligation de prendre toutes les diligences habituelles par le biais du Ministère Public ou le Parquet, pour diligenter les enquêtes et prendre toutes mesures utiles à la publication et publicité de la demande ou requête des familles, quel qu’en soit le support communicationnel et le lieu (audiovisuel, presse écrite, nationale et à l’étranger) (art. 18).
D’abord, aux fins d’assister les familles des victimes (d’obtenir que la disparition soit reconnue et commémorée, de recevoir un soutien économique, financier, psychique et psychosocial), conformément à la résolution 69/184 de l’Onu relative aux personnes disparues en date du 5 août 2016 et ratifiée par le Sénégal. Le ministère de la Justice doit jouer un rôle central dans la recherche des personnes disparues, et la création d’un registre national des personnes disparues. Ensuite, l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances des disparus, et assister les familles à obtenir des jugements déclaratifs de décès ainsi que les actes subséquents pour leur faciliter à liquider la succession des disparus résultant de ces événements maritimes regrettables.
La procédure de déclaration de décès du disparu Qui peut demander la requête aux fins de jugement déclaratif de décès ?
Pour qu’une personne soit officiellement reconnue disparue, c’est le premier défenseur de la collectivité, le procureur de la République, de sa propre initiative ou à la requête de tout intéressé (conjoint, héritiers, créanciers, ami…bref toute personne qui a intérêt), de saisir le Tribunal de Grande instance (Tgi) du lieu de la disparition aux fins d’obtenir une déclaration judiciaire du décès de ce dernier. La requête peut être introduite à tout moment (pas de délai) auprès du Tribunal du lieu de la disparition si celle-ci s’est produite sur le territoire sénégalais, sinon au Tribunal régional de Dakar si les circonstances des événements se sont produites à l’étranger. Que ce soit à titre individuel soit collectivement en cas de disparition de plusieurs personnes, la procédure est faite dans les mêmes circonstances (Exemple : Cas du bateau Le Joola). Le jugement déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès. Il produit exactement les mêmes effets. Ainsi, l’intéressé étant considéré comme mort, son mariage est dissous, le conjoint survivant, en général c’est la femme, elle peut donc se remarier sans violer l’article 333 du CF relatif à la bigamie.
Preuves et enquête : Réservations, liste d’embarquement du bateau ou la pirogue, coupures de journaux, photos, vidéos, témoignages de rescapés…, tout est bon pour apporter une telle preuve au juge. Et si le Tribunal estime que le décès n’est pas suffisamment établi, il peut ordonner des recherches complémentaires, notamment une enquête administrative afin de faire la lumière sur les circonstances de la disparition.
La déclaration judiciaire du décès Une fois le décès reconnu, le juge doit en déterminer la date, en tenant compte des circonstances liées à la disparition. Si cela est impossible, il retient généralement le jour de la catastrophe. Le jugement est ensuite transcrit sur les registres de l’état civil du lieu réel ou présumé du décès, ou, en cas de décès survenu à l’étranger, sur ceux du lieu du dernier domicile connu du défunt.
NB : Le disparu est donc considéré comme mort à la date déterminée par le Tribunal et c’est à cette date que sera ouverte la succession, dans les conditions habituelles
En cas de disparition, la procédure de déclaration judiciaire de décès est rapide, contrairement à celle suivie en cas d’absence
Si le disparu réapparaissait
Si le disparu venait à réapparaître (art 27 et 28 CF), il devrait demander au Tribunal qui l’a déclaré disparu de prononcer un jugement d’annulation. Il reprendra alors ses biens dans l’état où ils se trouveront au jour de sa réapparition. S’ils ont été vendus, il doit en récupérer le prix de vente. En somme, les actes d’aliénation régulièrement passés lui sont opposables. Il en est ainsi si le retour intervient après le jugement, le nouveau mariage du conjoint ou le divorce éventuellement obtenu est opposable à l’absent. Que le retour l’absent ou du disparu intervienne avant ou après le jugement, le régime de l’administration légale ou de la tutelle sur les enfants mineurs cesse. NB : Toute cette procédure est d’ordre public. Par conséquent, le régime juridique diffère avant ou après le jugement déclaratif de décès. En dépit du caractère non conventionnel qui entache cette émigration, l’Etat, par le biais de ses services compétents, a l’obligation d’assister les familles des victimes à régulariser leurs situations patrimoniales et extrapatrimoniales sur les plans juridique et administratif parce que, d’une part, certains d’entre eux avaient sans doute contracté des dettes pour les besoins du voyage, d’autres aussi, ont laissé des femmes, des enfants, des biens et autres que la loi a rigoureusement organisés d’autre part. Que Dieu dans sa magnanimité ait pitié de leurs âmes !!!
«Nul n’est censé ignorer la loi»
Me El Amath THIAM,
Consultant en Droit,
Spécialiste du Contentieux des Affaires
Email thiamelamath@yahoo.fr
LE SENEGAL PECHE DANS L’APPLICATION DES TEXTES
L’étude réalisée par le Forum civil sur l’état de la mise en œuvre de la convention de l’Union africaine relative à la prévention et la lutte contre la corruption confirme que le Sénégal n’est pas un bon élève.
Insuffisances dans l’application des textes, absence de lois sur l’accès à l’information et le financement des partis politiques… Tels sont, entre autres, les points relevés par l’étude menée par le Forum civil pour évaluer l’état de la mise en œuvre de la convention de l’Union africaine relative à la prévention et la lutte contre la corruption par le Sénégal.
L’étude réalisée par le Forum civil sur l’état de la mise en œuvre de la convention de l’Union africaine relative à la prévention et la lutte contre la corruption confirme que le Sénégal n’est pas un bon élève. Hier, lors de l’atelier de restitution de cette étude, il a été montré que beaucoup de textes ont été adoptés en matière de finance publique, de lutte contre la corruption et des organes de contrôle mis en place. Mais, pour le Coordonnateur général du Forum civil, la principale difficulté constatée au Sénégal c’est «l’application de ces textes».
Birahim Seck renseigne que «du point de vue de la répression, il y a pas mal de dispositions qu’on retrouve au Sénégal ; que cela soit sur l’enrichissement illicite, le recel, le détournement de deniers publics, le trafic d’influence, des infractions que l’Etat du Sénégal a bel et bien rendues conformes par rapport à la convention de l’Ua». Non seulement leur application laisse à désirer, mais une bonne partie de ces dispositions n’est pas conforme à cette convention de l’Ua ratifiée par l’Etat du Sénégal.
Le rapport relève aussi, l’absence d’une loi sur l’accès à l’information, d’une loi sur le financement des partis politiques. Outre l’absence de ces lois, l’étude a montré également, des insuffisances dans certaines dispositions de cette convention transposées au Sénégal. C’est le cas par exemple de la loi sur la déclaration de patrimoine avec des directeurs de structures qui gèrent plus d’un milliard et qui ne s’acquittent pas de cette obligation. Autre exemple relevé, c’est le fait que dans la loi concernant la corruption dans le secteur privé le dirigeant n’est pas visé.
En faisant cette étude, le Forum civil, d’après son coordonnateur, a voulu «revisiter le contenu de la convention de l’Ua par rapport à son application au Sénégal dans ces aspects qui sont relatifs à la prévention, à la répression, mais aussi à la coopération y compris la prise en charge des médias et de la Société civile» dans ce texte. Ainsi, soutient M. Seck, il s’agira, avec le travail de plaidoyer de la Société civile, d’investigation et de contrôle des médias, «d’amener le gouvernement à se conformer de façon effective» à cette convention. Le Forum civil a décidé d’impliquer les femmes, afin de les mettre en avant «dans le plaidoyer pour que l’Etat du Sénégal aille dans le sens d’adopter un certain nombre de textes pour se conformer de façon effective à cette convention».
Sur le choix porté sur cette couche de la société, M. Seck évoque le sens de l’engagement des femmes. Le coordonnateur du Forum civil de préciser : «C’est la raison pour laquelle nous avons convié des femmes des ministères, de la Société civile, des syndicats, celles qui sont dans les organes de lutte contre la corruption, des organes de contrôle des marchés publics pour les sensibiliser sur le contenu de cette convention.»
Artiste-musicienne, auteure-compositrice-interprète, béninois-sénégalaise évoluant dans le milieu du hip hop depuis 2001, Moonaya de son vrai Awa Mounaya Yanni est également juriste de formation. Elle a laissé les dossiers pour le micro. Connue pour son humour, elle est finaliste du Prix découvertes RFI. En attendant la publication des résultats prévus le 10 décembre prochain, nous avons rencontré celle qui a lancé le concept «Séné galoniak». Entretien…
Vous êtes finaliste du prix RFI Découvertes 2020. Comment appréciez-vous cela ?
C’est une fierté de faire partie des 10 finalistes du prix « RFI découvertes » pour lequel je représente un de mes pays, le Sénégal. J’ai choisi de faire une musique qui est aujourd’hui quelque peu impopulaire. C’est-à-dire, une musique qui conscientise par les thèmes qu’elle aborde. donc, je suis déjà mentalement préparée à ce que ce ne soit pas facile. Mais au-delà de ma musique, il y a une vision, un idéal, un rêve africain. Donc la reconnaissance du travail effectué, à travers mes dernières nominations, est une source de motivation supplémentaire et le signe que je ne dois pas baisser les bras.
Comment en êtes-vous arrivée à ce résultat. Parlez-nous du processus de votre inscription. (Rires)
C’est comme si vous saviez qu’il y avait une anecdote en dessous. Je vais avant tout remercier l’artiste togolais Xsoharè qui réside à Dakar. C’est lui qui m’avait informé des inscriptions pour le concours et de la date butoir. Et le dernier jour, il m’a appelé pour me demander si je m’étais finalement inscrite. Je lui avais répondu que je doutais avoir mes chances parce que les gens n’arrêtaient pas de me dire que ma musique n’est pas commerciale… Il m’a répondu que je racontais n’importe quoi et que j’avais le profil pour qu’il croie en moi. du coup, je me suis inscrite et j’ai, dans un premier temps, été retenue parmi 60 artistes pendant la présélection. Et il y a deux semaines, l’équipe du prix découvertes m’a informée que je fais partie des 10 finalistes.
Vous avez déjà une carrière assez remplie…
J’avoue que depuis que j’ai remporté ma médaille d’argent pour le Sénégal dans la catégorie Chanson aux VIIIème Jeux de la Francophonie à Abidjan et ma signature en major à Sony Music, le tout en 2017, ma carrière a pris un tournant important. Après les tournées africaines et européennes avec le collectif AURA et la comédie musicale « Les Histoires Extraordinaires des Enfants du Poto-Poto » de 2005 à 2010, j’ai observé un stand-by jusqu’en 2014 où je suis complètement revenue à ma musique…
Où en êtes-vous avec la maison de disques Sony Music Afrique ?
Avec ma maison de disques, nous travaillons, nous essayons des choses, nous nous apprenons… Ils respectent ma personnalité artistique et m’accompagnent autant qu’ils peuvent dans ma vision musicale et professionnelle. Ça va pour le moment. Pas grand-chose à dire !
Concrètement, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
De l’expérience ! Une meilleure connaissance de l’environnement musical et plus particulièrement dans les majors, parce qu’il faut dire que je ne connaissais que l’autoproduction. Quand bien même, j’avais le soutien des aînés… Une plus grande visibilité à l’international et une meilleure connexion avec mon public que j’ai découvert un peu partout en Afrique et dans le reste du monde.
Didier Awadi, votre mentor, a été lauréat du prix RFI Découvertes. Vous a-t-il encouragé à le faire ?
Si je vous le dis, vous n’allez pas me croire. Mais ça fait plus de 5 ans que Didier Awadi m’exhorte et m’encourage à m’inscrire au prix RFI découvertes. Il fait partie des premiers à croire en moi et en mon art depuis le début de ma carrière et à me dire que je dois libérer ma puissance et arrêter de me mettre des barrières (rires). Et cela m’a motivé, bien sûr, car les opportunités qui accompagnent ce prix permettent à une carrière de décoller et à l’artiste de présenter ses œuvres et son spectacle devant une multitude de publics.
Juriste, animatrice de radio et artiste. D’où tirez-vous cette énergie ?
Bon, on dit que les femmes sont multitâches. Mais plus sérieusement, j’ai juste étudié le droit. Je n’ai pas fait de carrière dans ce domaine. Depuis 2014, je ne travaille plus dans les médias, je suis plus concentrée sur ma musique. Aujourd’hui, mes casquettes sont : artiste-musicienne, écrivaine, conférencière, entrepreneuse car directrice de YANNI Production, commissaire aux comptes de l’AMS (Association des Métiers de la Musique au Sénégal), grande sœur, amie et « tantie » choc ! (Rires)
Cela n’empiète pas sur votre vie privée ?
Non, pas du tout ! J’ai toujours du temps pour mes frères et sœurs et mes ami(e)s. Surtout que je suis une gourmande affective. Je ne peux me passer des gens que j’aime. Après votre sacre d’Abidjan, vous voilà encore en lice pour un autre prestigieux prix pour le compte du Sénégal.
Quel sentiment vous anime quand on sait que vous êtes aussi à moitié Béninoise. Et le Bénin dans tout cela ?
Ok ! Je vais vous faire un peu ma généalogie. Mon père est Sarakholé, originaire de Moudéry, un village qui se trouve à Bakel. J’ai une grand-mère de Bida (Nord du Nigéria), une autre de Aneho (Togo) et le père de ma mère est métisse franco-béninois. Et moi, je suis née et j’ai grandi au Bénin. Pour répondre à votre question, le Bénin se trouve dans mon cœur à côté du Sénégal, du Togo et du Nigéria et aussi des pays comme le Burkina Faso, la Côte d’ivoire et le Ghana pour lesquels je ne suis pas originaire, mais pour lesquels je garde d’excellents souvenirs de mes passages. Si dieu m’a offert cette diversité culturelle à travers mes quatre grands-parents de quatre origines différentes, et les sept langues que je parle, c’est pour que je m’en accommode et en fasse une richesse. Aujourd’hui, je vis au Sénégal dont je défends les couleurs à l’extérieur. Mais s’il faut le faire aussi pour le Bénin, ce sera avec plaisir. Ce que je suis est la somme de mon vécu et de mon éducation aussi bien au bénin qu’au Sénégal. On ne peut demander à quelqu’un de choisir entre son père et sa mère.
La gente féminine est très présente au niveau des sélectionnés. Comment expliquez-vous cela ?
Je ne sais pas s’ils appliquent une forme de discrimination positive envers les femmes dans leur sélection. Mais force est de constater que toutes les femmes qui y figurent sont méritantes. La plupart sont des artistes reconnues et plébiscitées dans leurs pays d’origine... Je peux donc dire que c’est peut-être parce que les femmes, aujourd’hui, ont moins de mal à embrasser des carrières artistiques et à les envisager dans la durée et de manière professionnelle.
Avec tout ce travail abattu, pensez-vous fonder un foyer ?
Oui, pourquoi pas ? Je n’ai jamais été contre cette idée même si elle ne m’obsède pas. Mon bonheur n’est pas conditionné par ce que les gens pensent que je n’ai pas ou que je devrais avoir. Ou par ce que je ne peux pas avoir personnellement. Je considère chaque jour que je me réveille en bonne santé physique et mentale comme une grâce du Tout-Puissant. Je suis reconnaissante pour tout ce qu’il fait déjà dans ma vie. Je profite des petites choses comme des grandes, tout est bénédiction. Je laisse ma destinée s’accomplir et c’est ce qui est écrit qui sera et rien d’autre.
Quel est votre idéal masculin Waouh !
C’est une question çà ! (Rires) Est-ce que l’homme idéal existe ? Je pense qu’on se met juste avec les personnes dont on supporte le mieux les défauts. Personne n’est parfait. Maintenant, à la question de savoir si j’ai des critères, la réponse est oui. Mais je garde les détails pour moi, sinon ce serait trop facile. C’est comme donner un couteau au boucher pour qu’il t’égorge. (Éclats de rire)
Parlez-nous de vos projets en dehors du prix Découvertes RFI.
J’ai plein de chantiers en dehors de la course pour le prix RFI musique. Sortir des singles, des clips vidéo, communier avec mon public à travers mes spectacles. Faire grandir ma boîte de production à travers différents projets que j’ai sous la main, écrire mon livre, et si mes moyens me le permettent, entreprendre quelques actions sociales auxquelles je pense depuis plusieurs années déjà !
Moonaya et l’animation, est-ce le divorce ?
Non, je n’ai pas divorcé avec l’animation. De 2008 à 2014, j’ai amassé pas mal d’expériences et d’acquis via mon parcours professionnel dans les médias au Sénégal. Notamment à la 2stv, RSI, RTS1, Africa7 et AlmadinaTv. J’ai pris du plaisir à travailler dans ces différents médias. Et ces compétences me servent jusqu’aujourd’hui dans le cadre de mon activité musicale et entrepreneuriale. Je peux très bien revenir à la télé ou dans les médias. Mais ce sera sous un autre format que les précédents.