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27 juin 2025
UN SPÉCIALISTE RAPPELLE L’IMPORTANCE DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS
Omar Seck Ndiaye, spécialiste de la communication, a rappelé, samedi, à Dakar, l’importance de l’éducation aux médias pour les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et les journalistes.
Dakar, 29 nov (APS) - Omar Seck Ndiaye, spécialiste de la communication, a rappelé, samedi, à Dakar, l’importance de l’éducation aux médias pour les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et les journalistes.
‘’L’éducation aux médias permet aux gens d’être plus exigeants, d’apporter des réponses positives et même de réclamer autre chose que ce que leur offrent les médias’’, a dit M. Ndiaye lors d’un colloque de l’Institut Panos sur l’éducation aux médias et à l’information.
Au Sénégal, a-t-il souligné, c’est comme si le public n’a pas le droit de critiquer le travail des médias.
Pourtant, les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, comme toute clientèle, ‘’ont le droit de remettre en question le prix et la qualité des produits’’ qui leur sont offerts, y compris les contenus proposés par les journalistes, a insisté Omar Seck Ndiaye. ‘’Mais ici (au Sénégal), on n’a pas cette culture.’’
En exerçant son droit de critique sur les médias et leur contenu, le public aide les journalistes à améliorer la qualité de leur travail, affirme M. Ndiaye, estimant que si rien ne change, ‘’on aura une presse de mauvaise qualité, qui (…) ne va parler que de politique politicienne’’.
Il propose d’enseigner l’éducation aux médias dès l’école élémentaire, pour constituer des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs avertis et critiques. ‘’Il faut commencer ce travail par l’école primaire en inculquant aux enfants cette culture de la critique.’’
QUARANTE-HUIT NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Vingt-deux cas contacts suivis par les services sanitaires et 26 infections causées par la transmission communautaire ont été dénombrés, selon le ministère de la Santé.
akar, 29 nov (APS) – Le dernier bulletin quotidien de la pandémie de Covid-19 fait état de 48 nouvelles infections recensées à la suite de 1.029 tests effectués, avec un taux de positivité de 4,66% qui confirme la montée en flèche de la maladie à coronavirus.
Vingt-deux cas contacts suivis par les services sanitaires et 26 infections causées par la transmission communautaire ont été dénombrés, selon le ministère de la Santé.
Aucun cas de Covid-19 importé n’a été signalé, selon la même source, qui signale la mort, survenue samedi, d’un patient.
Quinze autres patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, cinq cas graves de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Au Sénégal, 16.075 cas de coronavirus ont été diagnostiqués depuis le 2 mars, 15.957 patients ont été guéris, et la maladie a causé 333 décès, selon le bulletin. Et 144 patients sont sous traitement.
DECES DE PAPE BOUBA DIOP
Pape Bouba Diop, ancien international sénégalais de football, est décédé, ce dimanche, en France, des suites d'une longue maladie
Pape Bouba Diop, ancien international sénégalais de football, est décédé, ce dimanche, en France, des suites d'une longue maladie. Sa disparition a été confirmée, à Thiès, peu avant le coup d'envoi de la finale du tournoi de l'UFOA U20, opposant la Gambie au Sénégal.
Pape Bouba Diop est le premier buteur sénégalais dans l'histoire d'une Coupe du monde. Lors du mondial 2002 en Corée et au Japon, il avait inscrit le but de la victoire contre la France. Un but que le peuple sénégalais n'oubliera jamais.
DES ARRESTATIONS APRÈS LA SÉQUESTRATION DE 353 PERSONNES À DAKAR
La Gendarmerie nationale a déclaré dimanche avoir arrêté 43 individus soupçonnés d’avoir séquestré 353 personnes
La Gendarmerie nationale a déclaré dimanche avoir arrêté 43 individus soupçonnés d’avoir séquestré 353 personnes dans plusieurs communes situées dans la région de Dakar.
L’annonce de l’arrestation des auteurs présumés d’actes de séquestration a été faite par le colonel Pape Diouf, porte-parole de la Gendarmerie nationale, lors d’un point de presse à Ziguinchor (sud).
Les personnes séquestrées, dont l’âge varie entre 17 et 43 ans, avaient été détenues à Ouakam, à la Zone B, à Guédiawaye et à Malika, des localités situées toutes dans la région de Dakar.
‘’Elles ont subi toutes sortes de maltraitance. Elles sont actuellement prises en charge à l’hôpital Principal de Dakar’’, a dit le porte-parole de la Gendarmerie nationale.
Selon lui, les auteurs présumés de leur séquestration sont mises à la disposition des autorités judiciaires, qui ont ouvert une enquête.
SUR LES TRACES DU THIÉBOUDIÈNE, UN TRÉSOR NATIONAL SÉNÉGALAIS
Dans l'ancienne capitale Saint-Louis, on cuisine le théboudiène depuis 1830 et on en transmet la recette de mère en fille
Le feuilleton de cette semaine fait le tour du monde des saveurs. Et mardi 24 novembre, c'est le Sénégal qui est à l'honneur avec une spécialité traditionnelle, le thièboudiène. Un mot qui veut dire littéralement "du riz avec du poisson" en wolof, mais qui représente bien plus que cela dans la culture culinaire sénégalaise, où la recette se transmet d'une génération à l'autre. À Saint-Louis, ancienne capitale du pays, la ville se transforme en cuisine à ciel ouvert à l'heure du déjeuner. À l'ombre des ruelles, des femmes cuisinent le plat incontournable qu'est le thiéboudiène.
"Ce plat n'a pas d'égal, je ne jure que par ça. J'en mange depuis que je suis né", confie un habitant de la ville, assiette à la main. "Le thiéboudiène c'est ici son histoire. Quiconque veut l'imiter devra s'inspirer de nous", clame une habitante de Saint-Louis. Ce plat a été cuisiné pour la première fois en 1830 pour le gouverneur de la ville. Tous y ont ensuite succombé. Dans ce pays de pêcheurs, l'ingrédient principal n'est jamais bien loin, et toujours frais. Le Sénégal a déposé une demande pour le classer patrimoine immatériel de l'Humanité auprès de l'Unesco.
LE PANAFRICANISME EST LA TENTATIVE DE CONSTRUIRE UN ORDRE INTERNATIONAL ALTERNATIF
« L’opinion française reste prisonnière d’un récit colonial qui veut que la France soit pure, inattaquable et intervienne pour maintenir l’ordre. (...) Or, cette présence française participe de la politique impériale de la France »
Middle East Eye |
Hassina Mechaï |
Publication 29/11/2020
Libye, Mali, Rwanda ou encore Biafra. Autant de « crises » africaines d’hier et d’aujourd’hui gérées depuis l’Occident. Pourtant, une alternative existe : le panafricanisme. Une réponse africaine aux questions africaines.
C’est un lieu commun. Au chevet des crises à travers le monde se pose toujours ladite « communauté internationale ». Terme qui regroupe au fond, pour peu qu’on s’y arrête, les États occidentaux et plus précisément ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la Chine et la Russie, donc.
La majorité des États subissent beaucoup plus l’ordre international occidentalo-centré tel qu’il est né de la Seconde Guerre mondiale qu’ils n’y participent de façon effective. Pourtant, des ordres internationaux alternatifs ont pu émerger à travers l’Histoire, ordres normatifs et narratifs qui offraient une alternance à l’ordre international occidental.
Parmi eux, le panafricanisme, tant dans sa dynamique politique qui promeut l’indépendance totale du continent africain que dans sa dimension transnationale et civile qui prône la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Comment ce mouvement peut-il éclairer autrement les crises internationales, quelles solutions offre-t-il, quelle est sa dynamique ?
Amzat Boukari-Yabara, historien et docteur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de Nigeria (De Boeck, 2013), Mali (De Boeck, 2014) et Walter Rodney (1942-1980) : les fragments d’une histoire de la révolution africaine (Présence africaine, 2018), répond à MEE.
Middle East Eye : Qu’est-ce que le panafricanisme ?
Amzat Boukari-Yabara : Le panafricanisme est un mouvement né dans un contexte précis, celui des résistances qui sont apparues au sein des populations africaines déportées et réduites en esclavage dans les Amériques sous la contrainte du colonialisme, du capitalisme et du racisme. Trois systèmes qui sont encore présents et structurent le monde actuel.
Depuis deux siècles et demi, ces résistances se sont incarnées dans des projets collectifs, des projets d’unité continentale ou des projets d’État-nation. C’est donc un mouvement historique et politique qui participe des relations internationales et qui s’est institué dans des congrès.
Pourtant, ces congrès n’ont jamais été pris en compte dans la structuration de l’ordre international. Le panafricanisme serait donc une contre-histoire de l’Occident : une réparation par des populations d’origine spécifique (noires et/ou africaines) à travers des projets de libération et d’émancipation de tout ce que l’Occident a produit de dégâts humains, culturels, écologiques.
Une date marque ce mouvement de destruction par le colonialisme : 1492 avec la « découverte » des Amériques et la mise en place des hiérarchies et concepts raciaux.
Le panafricanisme est aussi un projet d’unité visant à rééquilibrer l’ordre international. Il s’est incarné dans des projets culturels, économiques, politiques et également dans des créations qui lui donnent un caractère tangible dans la diaspora et sur le continent. Le panafricanisme renvoie à tous ces espaces que l’Afrique a fécondés.
MEE : En quoi offre-t-il un contre-modèle au système international tel qu’il est ?
ABY : Le panafricanisme est apparu comme un grain de sable dans ce système des relations internationales. C’est la tentative de construire un ordre alternatif face au système international qui repose sur l’idée westphalienne d’États.
Avec le congrès de Vienne de 1815, l’Europe met en place son système international qu’elle va étendre au reste du monde. Lors de la première conférence panafricaine qui a eu lieu à Londres en 1900, les militants essaient de coaliser Haïti, le Liberia et l’Éthiopie, qui à l’époque étaient les trois seuls États dirigés par des noirs, pour leur demander de parler au nom de tous les noirs qui n’avaient pas accès à un appareil d’État.
La question du panafricanisme a souvent été mise de côté car considérée comme étant de l’ordre du ressentiment. Les dirigeants qui l’ont incarnée, de Kadhafi à Sankara, pour citer deux cas assez récents, ont fini de la même manière [assassinés dans des conditions encore obscures].
Leur refus de considérer l’Occident comme le centre du monde révèle une forme de blessure narcissique des Occidentaux hostiles à l’idée d’un autre monde possible. L’Occident n’aime pas qu’on lui fasse la morale et infantilise le reste du monde.
MEE : Mais le panafricanisme n’est-il pas contraint par un système international dont l’acteur principal reste l’État ?
ABY : La question de l’État-nation va s’imposer tout simplement parce que l’histoire de la colonisation va modifier la manière dont les structures étatiques et politiques africaines fonctionnaient. En Afrique, il y avait des empires, des royaumes, des cités-États, des républiques et également des sociétés sans État.
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, PSK est revenu à ses premiers amours. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, le Sénégalais Pape Samba Kane est revenu à ses premiers amours littéraires et artistiques. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines.
« Je suis fruit de toi/ De ton rire qui me mangue / Tu goyaves ma nostalgie / Qu’habite ton haleine corossol / Ta bouche sapotille ma bouche / Tes dents pomment mon cou / Croquent ma volonté… » « L’homme qui écrit ces vers, cet homme ne peut être qu’un poète », déclarait Lilyan Kesteloot, grande historienne de la littérature africaine, aujourd’hui disparue. L’homme en question, celui-là même qui aime déclamer son amour à sa belle avec des mots aussi fruités que poétiques s’appelle Pape Samba Kane.
Pape Samba Kane. Retenez ce nom. À la soixantaine bien bouclée, PSK, comme ses amis l’appellent, est l’une des voix montantes des lettres sénégalaises. Il est l’auteur d’un roman et de deux recueils de poésies. « Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit », aime-t-il dire, regrettant d’avoir tardé à mettre ses talents littéraires à l’épreuve du grand public. Son parcours mérite d’être raconté.
Journaliste au Cafard libéré
Pape Samba Kane a longtemps été journaliste. Il a travaillé dans des rédactions sénégalaises, a fondé des journaux. Son nom a été un temps synonyme de portraits corrosifs qu’il brossait des hommes politiques dans les pages du Cafard libéré, équivalent du Canard enchaîné en France. Selon la légende, la grande peur des hommes publics à Dakar était de voir leurs secrets et leurs incohérences étalés à grands traits dans les colonnes du journal satirique, sous la plume mordante du talentueux PSK. Ils étaient nombreux à pousser des « ouf » de soulagement lorsque le journaliste a raccroché les gants il y a quelques années.
Aujourd’hui, PSK est journaliste à la retraite, confortablement installé dans les faubourgs populaires de Dakar, où il peut enfin consacrer son temps à concrétiser ses ambitions littéraires et artistiques. « Quand j’ai pris ma retraite, confie-t-il, je suis revenu à mes premiers amours. C’est pourquoi quand les jeunes journalistes me posent la question “quand écris-tu ta poésie” ou “Comment passe-t-on de l’écriture journalistique à l’écriture créative ?”, j’essaie d’expliquer qu’en réalité, c’est l’écriture créative qui m’a emmené au journalisme ».
La danse des djinns
C’est en 2015 que cet ancien journaliste et patron de presse a réellement renoué avec l’écriture littéraire en publiant son premier roman chez un éditeur sénégalais, les éditions Feu de brousse. Sabaru Jinne, le titre en wolof de son roman signifie « La danse des djinns ».
L’Assemblée nationale a adopté un projet de budget qui, pour les autorisations d’engagement, octroie 450 milliards 861 millions 409 mille 845 francs CFA au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Dakar, 28 nov (APS) – L’Assemblée nationale a adopté un projet de budget qui, pour les autorisations d’engagement, octroie 450 milliards 861 millions 409 mille 845 francs CFA au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour l’année 2021.
Les crédits de paiement prévus pour ce ministère s’élèvent à 239 milliards 407 millions 275 mille 175 francs CFA.
Son budget pour l’année 2021 est structuré autour de quatre programmes, dont l’enseignement supérieur, les œuvres sociales universitaires et l’administration du ministère.
La construction et la réhabilitation en cours des infrastructures pédagogiques, dans les universités, ainsi que l’achèvement des travaux de l’Université Amadou-Mahtar-M’Bow et de l’Université du Sine-Saloum El Hadj-Ibrahima-Niass font partie des priorités du département ministériel chargé de l’Enseignement supérieur.
S’agissant des œuvres sociales universitaires, Cheikh Oumar Hanne, chargé de ce ministère, a dit que 75,39% des crédits alloués serviront à l’‘’amélioration de la qualité de vie des étudiants’’.
DEUX MILLIARDS DE FRANCS CFA DE L’ETAT POUR L’ACHAT DE PIROGUES EN FIBRE DE VERRE, DÈS DÉCEMBRE
La Délégation à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) va décaisser 2 milliards de francs CFA en décembre prochain pour l’achat de pirogues en fibre de verre destinées aux pêcheurs sénégalais, a annoncé son patron, Pape Amadou Sarr
Mbour, 29 nov (APS) – La Délégation à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) va décaisser 2 milliards de francs CFA en décembre prochain pour l’achat de pirogues en fibre de verre destinées aux pêcheurs sénégalais, a annoncé son patron, Pape Amadou Sarr, samedi, à Mbour (ouest).
‘’On a une enveloppe de 2 milliards de francs CFA destinée à l’achat de pirogues en fibre de verre. Les fonds seront disponibles dès le 1er décembre 2020’’, a assuré M. Sarr lors du lancement d’un programme national de renouvellement du parc piroguier.
‘’La balle est dans le camp du directeur général de la Société des infrastructures de réparation navale’’, a-t-il ajouté en présence de ce dernier, qui a remis des pirogues en fibre de verre à des pêcheurs mbourois.
Le gouvernement recommande aux pêcheurs l’achat des pirogues en fibre de verre, plus que aptes à la navigation que les pirogues de fabrication artisanale utilisées au Sénégal.
Pape Amadou Sarr déclare qu’‘’une enveloppe de 100 milliards de francs CFA (…) sera disponible à partir de 1er janvier 2021’’ pour le soutien aux initiatives économiques des jeunes et des femmes.
‘’Nous allons faire de la discrimination positive pour Mbour, Joal-Fadiouth, Cayar (ouest), Saint-Louis (nord) et Kédougou (sud-est)’’, a-t-il dit, ajoutant que ces zones sont les principaux points de départ des migrants sénégalais cherchant par tous les moyens à entrer en Europe pour y travailler.
M. Sarr dit avoir reçu du président de la République la consigne de trouver ‘’des solutions urgentes’’ à l’émigration clandestine, par la création d’emplois et le soutien des initiatives économiques des jeunes et des femmes, avec la collaboration du ministre chargé de la Formation professionnelle.
CES LEADERS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES ASSASSINÉS
Qu’ont en commun les morts brutales de Lumumba, d’Um Nyobè, de Moumié et de Boganda ? Pour l’historienne Karine Ramondy, la même logique de neutralisation était à l’œuvre
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 28/11/2020
Fin des années 1950, aux premières heures des indépendances. Alors que l’euphorie s’empare des capitales africaines, plusieurs leaders politiques sont éliminés. Dans l’ouvrage Leaders assassinés en Afrique centrale 1958-1961. Entre construction nationale et régulation des relations internationales (éd. L’Harmattan, 2020), l’historienne Karine Ramondy revient sur le destin tragique de quatre figures de proue des indépendances en Afrique centrale, éliminées entre 1958 et 1961.
L’éphémère Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, dissous dans la soude par des séparatistes du Katanga épaulés par des hommes de main belges. Les indépendantistes camerounais Ruben Um Nyobè – abattu d’une balle dans le dos par l’armée française, en pleine forêt équatoriale – et Félix-Roland Moumié – empoisonné au thallium à Genève, en Suisse.
Peut-être aussi le Centrafricain Barthélémy Boganda : il n’est pas exclu que le crash de l’avion dans lequel il a perdu la vie ait été un attentat. C’est d’ailleurs l’une des révélations du livre de Karine Ramondy : une analyse récente d’un document essentiel – le « rapport Bellonte » – lui a permis de relever des manquements qui exigeraient la réouverture d’une enquête.
Une entreprise concertée
La chercheuse évoque un « moment d’accélération de l’Histoire où [les ex-puissances coloniales] redoutaient de perdre leurs acquis » et pointe une certaine impunité pour ces crimes qui s’inscrivent dans un continuum de violences remontant à la colonisation.
Si elle est la première à réunir dans un même ouvrage des parcours jusqu’alors étudiés séparément, c’est, confesse-t-elle, pour démontrer qu’« il y avait des processus, des réseaux et des acteurs communs qui œuvraient ensemble, dans le même sens, quelles que soient les colonies en jeu et quelles que soient les métropoles en train d’y perdre leurs acquis. »
Une entreprise concertée, donc. États, entreprises, services secrets, organismes internationaux… Tous concourent à la descente aux enfers des « condamnés ». L’universitaire en veut pour preuve les calculs des États-Unis ou de l’Union soviétique – pourtant réputés anticolonialistes – et les manœuvres scélérates des ex-colonisateurs pour maintenir le statu quo, par exemple au sein des Nations unies, qui ont joué un rôle trouble.
Au Conseil de tutelle de l’ONU, les ex-puissances coloniales usent en effet de leur pouvoir pour neutraliser les revendications nationalistes. Ramondy fait état d’une circulaire secrète dans laquelle elles se promettent de bloquer toute tentative d’émancipation « rapide ».