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27 juin 2025
par Florian Ngimbis
ÊTRE JEUNE EN AFRIQUE, C'EST VIVRE UN CAUCHEMAR ÉVEILLÉ
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire, sans avoir la certitude de vivre assez vieux pour se réveiller et en sortir
Jeune Afrique |
Florian Ngimbis |
Publication 30/11/2020
Depuis la publication, en 2017, du très médiatisé rapport « Génération 2030 » de l’Unicef sur l’avenir démographique du continent, rien n’a changé. Les éléments de langage dont il regorgeait sont toujours paresseusement repris par les médias : la jeunesse africaine serait, d’un point de vue démographique, soit un « potentiel », soit une « catastrophe ». Une vision manichéenne dont il faudrait se départir en se penchant sur ce que cette génération éprouve.
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire. C’est connaître la précarité, la faim. Pas celle qu’illustrent les clichés de l’enfant noir, les yeux exorbités et le ventre ballonné. Plutôt une faim existentielle : la faim (ou la soif) de réalisations, exacerbée par la conscience d’un potentiel sous-exploité au mieux, inexploité au pire.
« Dès que j’ai le bac, je pars »
Cette faim est également renforcée par l’état de décrépitude des structures de formation, quand la scolarité s’apparente à un parcours du combattant. Si bien que beaucoup se donnent du courage en répétant un mantra : « Dès que j’ai le bac, je pars. » Le signe le plus criant de l’échec des politiques publiques en Afrique est cette fuite des cerveaux, symbolisée par des files interminables devant les ambassades étrangères.
EXCLUSIF SENEPLUS - Papa Bouba Diop incarnait le leadership et une génération des Lions qui a rendu fier au-delà des frontières sénégalaises. La course aux vaccins contre la covid entrée dans sa dernière ligne, quid de l'Afrique ?
Dans ce numéro de Lu Bees Charles Faye attristé par le décès de l'ancien international sénégalais Papa Bouba Diop, salue la mémoire du déunt. Il espère des autorités un hommage à la hauteur de ce qu'a incarné le natif de Rufisque entré à jamais dans l'histoire du foot sénégalais à l'occasion du Mondial 2002.
Lamine Niang revient sur la course aux vaccins contre la covid-19 presqu'à terme et appelle à la diligence de la part des Etats africains afin de ne pas rester en marge.
Lu Bees est un talk hebdomadaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
UN AUTRE TRAITEMENT AURAIT PU ETRE RESERVE AU DEPARTEMENT DE TIVAOUANE
Cheikh Tidjane Diouf, ancien député Rewmi de la 12e législature et ancien président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale des Eco villages (Anev), analyse, dans cet entretien, la situation politique nationale
Cheikh Tidjane Diouf, ancien député Rewmi de la 12e législature et ancien président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale des Eco villages (Anev), analyse, dans cet entretien, la situation politique nationale. Même s’il revendique son alliance avec le président de la République Macky Sall, le président du Mouvement Construire Tivaouane Durablement (Mctd) estime qu’un autre traitement aurait pu être réservé au département de Tivaouane lors du dernier remaniement.
On ne vous entend plus dans l'espace politique local. Est-ce une stratégie ou une volonté d'exprimer un certain mécontentement ?
La sagesse populaire nous enseigne que «quand tout le monde parle, se taire pour certains devient un impératif». Les populations nous attendent davantage dans des actions concrètes, utiles que dans des discours politiciens, creux, stériles et puériles, en déphasage avec leurs préoccupations. Il devrait plutôt s’agir de parler peu et d’agir beaucoup. C’est cela le temps de l'action. C'est dans cette dynamique que je me suis inscrit.
Un nouveau gouvernement d'ouverture a été récemment mis en place. Comment l’appréciez-vous ?
Un remaniement est un évènement ordinaire dans une République. C’est un acte de gestion, de management des ressources humaines. Le Président apprécie la situation politique et en fonction de ses objectifs, il fait usage de ses prérogatives constitutionnelles dans le but d’apporter les changements qu’il estime qualitatifs, pour le développement économique et social du pays. Les ministres dans un gouvernement, sont à l’image de joueurs de football dans une équipe. Il faut de temps à autre changer les hommes, réajuster le dispositif, pour apporter du sang neuf ou du tonus à l'équipe. Les ministres ne sont pas inamovibles et c’est le président de la République qui nomme à des fonctions civiles et militaires.
L'entrée de Rewmi, votre ancien parti, vous- a-t-elle surpris ?
Absolument pas ! En effet le président de la République a appelé au dialogue pour aboutir à un consensus autour du concept «Un Sénégal de tous et pour tous». Des partis ont répondu favorablement, et d'autres non. On va voir ce que cela va donner dans l’avenir.
Certains soupçonnent le Président Macky Sall de vouloir déblayer le terrain pour Idrissa Seck. Etes- vous de cet avis?
Je ne suis pas un génie de l'art divinatoire et je m’abstiens toujours de faire des élucubrations politiciennes, bien que ma formation et mon parcours politiques m'ont procuré un certain nombre d'outils et d’instruments, pour pouvoir faire une analyse objective et concrète d'une situation bien déterminée. La seule et unique certitude que je puis vous confirmer est que le pouvoir reste un attribut du Tout Puissant. C'est Dieu qui confère le (ou une portion de) pouvoir à qui il veut, assorti d’un échéancier précis. Le Sénégal étant une démocratie, la transmission du pouvoir se fait par le biais du suffrage universel.
Pensez-vous que le gouvernement actuel est capable de prendre réellement en charge les préoccupations actuelles des Sénégalais ?
Dans tous les cas, le gouvernement est tenu de s'y atteler et dans les meilleurs délais possibles ; «réew mi, fépp ay metti» (Ndlr, la situation du pays est difficile) ! L'urgence est partout et dans tous les sens.
Le département de Tivaouane ne compte pas de ministre dans ce gouvernement. Quel impact cela peut-il avoir sur l'avenir du département?
Il est vrai que tous les 45 départements que compte le pays ne peuvent pas siéger dans le gouvernement. Toutefois, compte tenu du statut socio économique, religieux, historique et politique du département et de la disponibilité de cadres de haute facture, aux compétences et expertises certifiées dans les domaines les plus pointus, qui sont, et de surcroit, engagés à côté du Président Macky depuis l'opposition, un autre traitement aurait pu lui être réservé. Des ministres, des Directeurs généraux, des hauts fonctionnaires civils comme militaires, au-delà de l’honneur et de la fierté, apportent toujours une plus-value réelle dans un département ou dans une communauté. Des postes de responsabilité, Tivaouane en a plus que besoin.
Selon vous, comment la coalition Bby devrait s'y prendre pour être au top à Tivaouane?
La Coalition Bby Tivaouane est à l'image des autres départements du pays. Elle est minée par des tendances partisanes, par des manœuvres politiciennes et des luttes de positionnement. Elle n'est ni structurée ni organisée. Je ne vois pas comment la rendre dynamique et efficace dans ces conditions.
Quels sont vos rapports avec le Président Macky Sall?
Mes rapports avec le Président sont au beau fixe. Il sait plus que quiconque ce que je lui ai apporté depuis 2012. Le Président Macky Sall connait bien mon parcours, mes performances et mon potentiel politiques. De même, il sait aussi le genre d'homme que je suis. Le Président a beaucoup de considérations et d'estime pour ma personne. Il m’avait fait l'honneur de me nommer Président du Conseil de Surveillance de l’Agence Nationale des Eco-villages (Anev) suite à ma non-reconduction à la dernière minute, à l'Assemblée Nationale. Nous avions trouvé beaucoup de difficultés dans l'Agence. Dès notre prise de fonction, nous nous sommes mis au travail, avec le Conseil de Surveillance et l'équipe cadre de l’Anev, pour la relancer. Mais le Président l’a dissoute en Août 2019. Depuis, nous restons à l'écoute du président de la République, tout en lui renouvelant notre engagement à ses côtés, conformément à la volonté de mon père et guide Abdoul Aziz Sy Al Amine (RTA) qui m'avait demandé de le soutenir. Ce que j'ai fait sans réserve et sans préalable aucun. Nous relevons tout de même que cette longue attente constitue une entrave au développement de nos activités. Le statut et la responsabilité renforcent toujours en politique. Sans responsabilité, pas de perspectives !
Les prochaines élections locales se préparent dans un contexte marqué par une nouvelle configuration politique, suite à la formation du dernier gouvernement. Quel rôle comptez-vous y jouer ?
Sans intérêt et motivation, il n’y a pas d'action. Et c’est l'action qui nourrit l'ambition. Depuis 1985, je fais de la politique. J'étais encore au collège. Je suis l'un des hommes politiques les plus constants en terme de présence et de participation à des élections. Depuis 96, j'ai participé activement à toutes les joutes locales. En 2009, je devais être le maire de Tivaouane, mais à la dernière minute, une bonne partie des conseillers ont fait défection. Ce qui explique que nous avions en tant que député, déposé une proposition de loi portant modification du mode d'élection du maire en Mars 2013. Aussi en 2014, nous devrions remporter les élections devant une très grande coalition dirigée par le ministre Abdou Ndéné avec aussi Demba Diop dit Diop Sy, Mamadou Diagne Sy Mbengue devenu maire, la ministre Seynabou Gaye Touré, des membres de la famille Sy et d'autre gros calibres. Au finish, nous avons perdu par une différence de 800 voix. J'avais battu entièrement campagne avec mes moyens propres sans aucun soutien particulier. J’étais alors dans Rewmi ; et ce statut d’opposant ne m’a pas facilité les choses à Tivaouane. Je signale d’ailleurs qu’en 35 ans de militantisme, je n’ai jamais adhéré à un parti au pouvoir. Depuis, le contexte local a évolué avec l'arrivée de nouvelles têtes. Nous appartenons à une coalition qui a un chef, nous attendons ses directives, même si le dernier mot appartient aux populations. Il faudra auparavant que les uns et les autres soient fixés sur la date exacte des prochaines élections locales.
Quel est l'état d'avancement des grands projets du Président dans la ville sainte?
Les travaux ont connu un coup d'arrêt pour beaucoup d'entre eux. Il y en a qui n'ont pas encore connu un début d'exécution. Le projet d'assainissement se poursuit. On n’a pas encore beaucoup inauguré. Pour dire vrai, tout ne se passe pas comme prévu. Et la Covid19 est venue compliquer davantage les choses. Les Tivaouanois attendent aussi le président de la République sur les questions de l’éducation, des daara, sur la formation, l’insertion et l'emploi des jeunes dans les industries extractives du département mais aussi dans les filières agricoles et artisanales, pour atténuer le phénomène «Barça ou Barsakh». En outre, il faut un second lycée car le lycée Babacar Sy a dépassé largement ses capacités d’accueil. Il faut un centre de formation professionnel à défaut d'un lycée technique, mais aussi un stade moderne pour les sportifs. J'en ai parlé au président de la République au cours d'un de nos entretiens. Le chômage et la pauvreté font des ravages dans le département de Tivaouane en dépit de ses potentialités ! Heureusement, c’est en cela que le projet du khalif général Serigne Babacar Sy pour la finition de la grande mosquée est salutaire. Il est venu à son heure pour embaumer les cœurs et susciter davantage d'espoirs dans la ville sainte et la communauté.
LA GENDARMERIE RACONTE L’HORREUR DANS LES CENTRES DE REDRESSEMENT DE KARA
Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», la Maréchaussée affirme que des hommes qui y sont internés faisaient l’objet de séquestration, torture, maltraitance
La Gendarmerie est sortie de sa réserve pour expliquer les raisons qui ont conduit ses hommes à démanteler les centres de redressement de Serigne Modou Kara. Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», la Maréchaussée affirme que des hommes qui y sont internés faisaient l’objet de séquestration, torture, maltraitance. Elle a également fait état de traite d’êtres humains et de présence de drogue sur les lieux.
L’affaire aurait pu se limiter à l’arrestation d’un petit voleur de moto, mais elle a fini par prendre des proportions inimaginables qui pourraient inspirer les réalisateurs de cinéma, dans le futur. Voulant élucider le vol d’un simple scooter, la Section de Recherches (SR) de la Gendarmerie a finalement mobilisé ses redoutables hommes pour le démantèlement d’un réseau de vol de scooters, de trafic de chanvre indien, et de traite de personnes. Si l’on se base sur le communiqué des pandores parvenu hier à «L’As», tout a commencé le 26 novembre dernier. «Du 26 au 28 novembre 2020, des éléments de la Section de recherches (SR) ont effectué un transport à Ouakam pour exploiter un renseignement sur le vol d’un scooter.
A cette occasion, les enquêteurs ont découvert trois (03) autres scooters faisant l’objet de recherches et par incidence, un lieu de regroupement de plusieurs individus, en majorité jeunes, âgés de 17 à 42 ans, placés sous haute surveillance et victimes de séquestration, de maltraitances, voire de torture. Ils vivent dans des conditions sanitaires déplorables, dans des endroits présentés comme des daara de redressement, tenus par des disciples de Serigne Modou Kara. Les responsables se font appeler «commandant» et «colonel», renseigne la Gendarmerie dans son communiqué.
Les gendarmes affirment qu’au moment de leur décente sur les lieux, ils ont trouvé non seulement des personnes souffrant visiblement de maladies et de malnutrition sévère. De plus, les stigmates des sévices corporels étaient visibles sur les corps des victimes, dont certains semblaient avoir perdu la raison. Selon les pandores, elles ont expliqué qu’elles ne mangeaient qu’un repas par jour et ne se lavaient qu’une fois par semaine. «En outre, un des mis en cause appelé «Ndaama géant» chez qui il a été retrouvé six (06) paquets de chanvre indien, est allé se réfugier au domicile de Serigne Modou Kara, dont le fils Ahmadou Mbacké l’a heureusement reconduit à l’unité, suite aux mises en garde du commandant de la SR. Les témoignages des victimes font état de plusieurs décès durant ces deux dernières années, dont le dernier remonte à trois jours, sur lesquels des investigations sont en cours. Plusieurs blessés ont été secourus et acheminés d’urgence au service de santé de la gendarmerie et à l’hôpital Principal de Dakar, par les soins des éléments de la Section de recherches et du médecin chef de la Gendarmerie», ont fait savoir les gendarmes.
D’après le communiqué des pandores, «le 26 novembre, d’abord, dix-huit (18) personnes ont été découvertes aux Mamelles, sous la garde de quatre (04) geôliers. Ensuite, le 27 novembre à Guédiawaye, deux cent treize (213), dont sept (7) mineurs, séquestrés dans un immeuble R+1 et entassés dans huit(08) chambres, ont été libérées de ces lieux de détention». «Enfin, un transport effectué le samedi 28 novembre 2020, sur deux (02) autres sites situés à Malika et à la Zone B, a permis de découvrir respectivement vingt-deux (22) et cent (100) pensionnaires, dont une (01) fille âgée de 17 ans. Au total, quarante-trois (43) personnes ont été interpellées, dont six (06) à Ouakam, treize (13) à Guédiawaye, vingt (20) à la Zone B et quatre (04) à Malika».
Pour conclure, la gendarmerie explique que la Section de Recherches a démantelé un réseau de vol de scooters, de trafic de chanvre indien et de traite d’êtres humains. Selon les pandores, l’enquête se poursuit sous la direction du procureur de la République, précisément pour les faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion en temps de nuit, trafic de drogue, traite de personnes et complicité. «Les documents audiovisuels sont disponibles et feront l’objet d’une diffusion en temps opportun», souligne la Gendarmerie.
LE CAMP DE KARA DEMENT LA GENDARMERIE
Le démantèlement des centres de redressement de Serigne Modou Kara par la Section de Recherches connaît un rebondissement. Après la sortie de la Gendarmerie pour expliquer les raisons qui ont motivé son acte hier, le camp du guide religieux s’est fendu, quelques heures après, d’un communiqué lui aussi pour battre en brèche les allégations des pandores selon lesquelles ils ont trouvé sur les lieux de la drogue, des personnes qui souffrent de maltraitance et de malnutrition. «Suite au communiqué très nuancé partagé sur les réseaux sociaux et par la Gendarmerie Nationale, le Diwane tient à préciser ce qui suit : la Gendarmerie n’a trouvé de la drogue dans aucun des centres de redressement Darou Salam au niveau de la banlieue cités dans leur communiqué. Nous invitons l’autorité à bien préciser l’endroit dans lequel elle affirme avoir trouvé du chanvre indien pour éviter toute confusion», indique le camps de Serigne Modou Kara. Sur l’un des geôliers où a été retrouvée de la drogue et dont les gendarmes affirment qu’il a trouvé refuge au domicile de Serigne Modou Kara Mbacké, le camp du marabout dément. «Celui auquel ils font allusion est certes un membre du mouvement, mais pas geôlier au niveau des trois principaux centres reconnus de la Kara sécurité. Il serait bien de préciser qu’il n‘était pas dans le domicile du guide Cheikh Ahmadou Kara Mbacké au moment de la descente de la Gendarmerie. C’est seulement après le départ de la Gendarmerie que le guide, informé de la situation, a immédiatement intimé son fils Serigne Ahmad Mbacké l’ordre d’aller chercher ce talibé partout où il se trouverait pour le mettre à la disposition de la justice pour répondre des accusations qui pèsent sur lui», précise le texte. A propos de la maltraitance et de la malnutrition évoquées, les disciples de Kara expliquent qu’ il serait bien de rappeler que les pensionnaires de ces centres (Daara Tarbiyah) y ont été envoyés par leurs propres parents sur la base d’une décharge d’autorisation parentale signée. Ces mêmes parents accompagnés de membres de leurs familles faisaient des visites récurrentes pour s’enquérir de l’état de leurs enfants dans la structure»
LA GARDE RAPPROCHEE DE MACKY
De la politique aux affaires, en passant par sa famille, qui sont les personnalitéś qui comptent dans l'entourage proche du président de la République ?
Moins impulsif qu’Abdoulaye Wade, son prédécesseur, Macky Sall mûrit longuement ses décisions, cloisonne ses réseaux et choisit avec soin les personnes de confiance qui l’entourent. De la politique aux affaires, en passant par sa famille, qui sont les personnalitéś qui comptent dans son entourage proche ?
« La confiance de Macky Sall ne s’acquiert pas facilement », confie l’un de ses proches. À la tête d’une véritable arméé mexicaine d’alliés, de rallieés et de « ministres conseillers » aux fonctions parfois honorifiques, le président sénégalais, adepte du cloisonnement, se montre sélectif lorsqu’il s’agit de laisser l’un de ses proches gagner en influence.
Lors du récent remaniement, il en a surpris plus d’un en écartant du gouvernement et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) plusieurs personnalitéś de son premier cercle : son ex-Premier ministre puis secrétaire général de la présidence, Mahammed Boun Abdallah Dionne, et quelques ministres qu’on jugeait jusque-là̀ incontournables : Amadou Ba (Affaires étrangères, Aly Ngouille Ndiaye (Intérieur), Mouhamadou Makhtar Cissé (Pétrole et Energie), Oumar Youm (Infrastructures, Transports terrestres et Désenclavement); ou encore l’ancienne Première ministre Aminata Touré,́ devenue la présidente du CESE après̀ avoir dirigé́ sa campagne victorieuse au début de 2019. Dans l’entourage présidentiel, les hommes et femmes de confiance sont discrets, voire secrets, et font rarement la Une des journaux.
À l’heure où le chef de l’Etat vient de lancer une nouvelle OPA sur l’opposition, certains d’entre-deux ont, par leur conseils ou leurs missions de bons offices, aidé « le patron » à consolider son emprise sur la scène politique nationale.
Les conseillers Mahmoud Saleh
Son influence est proportionnelle à sa discrétion. Nommé directeur de cabinet du chef de l’Etat lors du dernier remaniement, Mahmoud Saleh occupait auparavant la fonction de ministre-conseiller. Surnommé « Raspoutine » par ses détracteurs au sein de l’entourage présidentiel, il a l’oreille du président depuis sa première élection en 2012. Cet ancien trotskiste a eu un parcours sinueux. Au début des années 2000, après avoir suivi Djibo Leyti Kâ dans sa scission d’avec le Parti socialiste, il a créé à son tour une branche dissidente de l’Union pour le renouveau démocratique (URD) et s’est rapproché́ du régime d’Abdoulaye Wade, avant de rallier Macky Sall lorsque ce dernier a créé ́son propre parti, l’Alliance pour la République (APR). Mahmoud Saleh est aussi, pour le chef de l’Etat, un missi dominici qui porte des messages au moment opportun et vient sceller les alliances avec les adversaires d’hier. Il aurait ainsi favorisé le rapprochement de Macky Sall avec Oumar Sarr, longtemps numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), qui a lui aussi milité à l’extrême gauche dans sa jeunesse.
Seydou Guèye
Cet enfant de la Medina, un quartier populaire de Dakar, passera de longues années en France où il aura comme mentor Michel Rocard. Rentré au Sénégal, il quitte le giron socialiste pour rejoindre Macky Sall à l’Alliance pour la République (APR). Depuis l’élection de ce dernier, en 2012, Seydou Gueyè a rang de ministre, sans toutefois détenir de portefeuille. Mais la parole présidentielle passe par lui. Porte-parole de l’APR, tour à-tour porte-parole ou secrétaire général du gouvernement ou de la présidence, ou ministre-conseiller en charge de la communication, il est l’apparatchik dont le président a besoin pour délivrer ses messages aux médias et gérer, quand cela est nécessaire, la communication de crise.
Le politique Moustapha Niasse
Si Macky Sall a été élu en 2012, puis réélu sept ans plus tard, et s’il a remporté haut la main les législatives à deux reprises, c’est grâce à eux : Ousmane Tanor Dieng, qui dirigeait le parti socialiste depuis 1996 et jusqu’à son décès en juillet 2019, et Moustapha Niasse, 81 ans, fondateur et président de l’Alliance des forces de progrès (AFP), qui occupe depuis 2012 le perchoir de l’Assembléé nationale. Le pacte scellé par les trois hommes a conduit Niasse et Tanor à mettre leur parti au service de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), quitte à s’abstenir de présenter une candidature autonome à la présidentielle de 2019. Et ce, au prix de plusieurs exclusions dans leurs propres rangs, lorsque des frondeurs se faisaient entendre pour critiquer cette stratégie d’allégeance. Depuis le décès d’Ousmane Tanor Dieng, l’ancienne ministre Aminata Mbengue Ndiaye a repris le flambeau au PS, tout en héritant de la fonction de Tanor à la tête du Haut conseil pour les collectivités territoriales (HCCT), troisième institution de l’Etat dans l’ordre protocolaire.
Les hommes d'affaires Harouna Dia
Macky Sall compte parmi ses proches le patron des patrons sénégalais, Baidy Agne, tout à la fois président du Conseil national du patronat (CNP), président du Syndicat des entreprises de manutention des ports du Sénégal (Sempos) et PDG de plusieurs entreprises dans les secteurs de la manutention, de la construction, de l’extraction de minerais, du tourisme et du transport. Il entretient également des relations suivies avec Mamadou Diagna Ndiaye, un homme de réseaux qui était déjà un conseiller influent de l’ex-président Abdou Diouf. Nommé en 2013 ministre-conseiller du président en charge des investissements et du comité stratégique, Diagna Ndiaye est un pilier du groupe Mimran, qui détient notamment la Compagnie sucrière du Sénégal (CSS). Homme d’affaires fortuné et cosmopolite, au carrefour de nombreux secteurs industriels et commerciaux, il est un « ouvreur de portes » au carnet d’adresses très fourni. Mais dans l’entourage présidentiel, nul repères entant du monde des affaires n’égale Harouna Dia. Cet enfant du Fouta, halpular tout comme Macky Sall, fut un soutien de la première heure à qui ce dernier doit beaucoup. Financier de l’Alliance pour la République (APR) depuis sa création en décembre 2008, ce milliardaire a offert au futur parti présidentiel les moyens de ses ambitions... en pleine traverséé du désert. Peu connu au Sénégal, si ce n’est dans la valléé du fleuve, il l’est davantage au Burkina Faso, où il s’est installé en 1986 avant de faire fortune dans le commerce de poisson surgelé.́ « Macky lui voue un grand respect, explique un proche. Pas seulement pour ce qu’il a fait pour lui, mais aussi pour ce qu’il représente. » Si Harouna Dia, le « roi du poisson », n’occupe aucune fonction officielle – il a décliné un portefeuille ministériel au lendemain de l’élection de 2012 -, il est un homme écouté par le chef de l’Etat, à qui il apporte son carnet d’adresses, sa connaissance du monde des affaires et son influence dans le Fouta ainsi qu’en Afrique de l’Ouest.
Le journaliste Madiambal Diagne
Leur complicité s’est scelléé peu après la disgrâce de Macky Sall, en 2008, après avoir été le principal homme de confiance d’Abdoulaye Wade. Madiambal Diagne – journaliste trublion, brièvement incarcéré sous Wade – lui détaille alors ce que le régime, dont il fut l’un des piliers, lui avait fait subir. Il l’incite aussi à ne pas laisser le champ libre au président vieillissant, qui entend briguer un troisième mandat. Apres̀ la victoire de Macky Sall, en 2012, Madiambal Diagne, directeur général du groupe Avenir Communication – et président de l’Union internationale de la presse francophone depuis 2014 -, devient un confident privilégié du chef de l’Etat, qui teste auprès de lui certaines de ses futures décisions et sollicite son point de vue sur les sujets du moment. Si son nom a plusieurs fois circulé comme un possible ministrable, lui- même préfèrè rester dans cet entre-deux, entre conseiller informel et confident privilégié.
Dans son éditorial du lundi, dans les colonnes du Quotidien, Madiambal Diagne alterne prises de position pro-domo ou plus critiques à l’égard de la mouvance présidentielle. Son ex-confrère Abdou Latif Coulibaly, dont les investigations choc sur le régime Wade ont défrayé la chronique au cours des années 2000, a quant à lui opté pour une reconversion assumée dans les arcanes du gouvernement ou de la présidence, où il occupe des fonctions depuis le début du premier mandat de Macky Sall. A ceux-là, il faut ajouter sa famille notamment son frère Aliou Sall, son épouse Marième Faye Sall et le frère de celui-ci Mansour Faye.
JE N’AI JAMAIS ETE DEMANDEUR NI D’UN POSTE DE DEPUTE NI DE MINISTRE
Entre se taire ou quitter le navire, Déthié Fall semble avoir fait son choix. Apparemment, son destin politique n’est plus lié à celui du parti Rewmi
Entre se taire ou quitter le navire, Déthié Fall semble avoir fait son choix. Apparemment, son destin politique n’est plus lié à celui du parti Rewmi. «Je vous donne rendez-vous très prochainement», a écrit le député. «Je prends acte de la décision du président Idrissa Seck de me destituer de mon poste de vice-président du parti Rewmi après 16 ans d’engagement à ses côtés et cela suite à ma dernière sortie à la plénière à l’assemblée nationale», dit-il. «Je le remercie bien vivement de la confiance qu’il a portée sur ma personne toutes ces dernières années», ajoute M. Fall qui déclare à qui veut l’entendre. « Je précise aussi à l’opinion nationale et internationale que je n’ai jamais été demandeur ni d’un poste de député ni d’un poste de ministre auprès de qui que ce soit». Aussi tient-il à faire savoir : «Je suis un professionnel qui a toujours gagné sa vie dans le privé. Mon engagement politique reste exclusivement orienté au service du peuple sénégalais».
En conclusion, il déclare : «Je vous donne rendez-vous très prochainement ».
A Saint-Louis, où est originaire le désormais ex-numéro 2 de Rewmi, des rewmistes considèrent la destitution de Déthié Fall au poste de vice-président du parti Rewmi par Idrissa Seck comme une trahison. Mais pour eux, c‘est la meilleure manière pour le natif de Léona qui a été « loyal, disponible, et engagé » vis-à-vis de l’ancien premier ministre de garder «sa liberté d’expression».
LE NOMBRE DES NOUVELLES INFECTIONS FLÉCHIT À 14 CAS
Aucun décès n’a été enregistré au cours des dernières vingt-quatre heures, a indiqué le Dr Ndiaye, annonçant que 10 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
Dakar, 30 nov (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé lundi 14 nouvelles contaminations au coronavirus (Covid-19) enregistrées au cours des dernières vingt-quatre heures.
Les nouvelles infections ont été détectées à la suite de 722 tests pour un taux de positivité de 1,94 %, a précisé le directeur de la prévention Dr El Hadji Mamadou Ndiaye, en présentant le bilan quotidien de la pandémie de Covid-19 au Sénégal.
Elles sont composées de cinq cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale et de neuf cas issus de la transmission communautaire.
Les infections dont on ignore la source de la transmission proviennent de Grand-Dakar (1), Keur Massar (1), Liberté 6 (1), Mamelles (1), Mermoz (1), Ngor (1), Nord-Foire (1), Pété (1) et Point-E (1).
Aucun décès n’a été enregistré au cours des dernières vingt-quatre heures, a indiqué le Dr Ndiaye, annonçant que 10 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
Six cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Le Sénégal a enregistré depuis le 2 mars, date d’apparition de la maladie sur son territoire, 16.089 cas positifs de Covid-19, dont 15.607 guéris et 333 décès. Cent quarante-huit patients sont encore sous traitement.
Dakar, 30 nov (APS) - Le décès de l’ancien footballeur international sénégalais Pape Bouba Diop est un des sujets saillants de l’actualité qui se nourrit également de l’omniprésence de la politique.
Pape Bouba Diop, un ancien du Jaraaf de Dakar, passé par plusieurs clubs en France, en Angleterre et en Grèce, est décédé dimanche, en France, à l’âge de 42 ans.
En 2002, il devient vice-champion d’Afrique avec les Lions du Sénégal, puis remporte la Coupe d’Angleterre avec Portsmouth, et la Coupe de Grèce, trois ans plus tard, avec l’AEK Athènes.
Avec Portsmouth, il a été finaliste de la Coupe d’Angleterre, en 2010, mais surtout, Pape Bouba va rester dans la mémoire du sport sénégalais comme le buteur du but de la victoire du Sénégal contre la France, à l’occasion de la première participation sénégalaise au Mondial 2002.
Les journaux lui rendent hommage en insistant sur ce fait. "Adieu à +l’homme qui a terrassé la France’’, souligne par exemple le quotidien national Le Soleil.
"L’autre Pape s’est éteint’’, écrit Lii quotidien qui pleure avec les autres journaux la mort de l’ancien milieu sénégalais qui "a finalement perdu son combat contre une longue maladie’’.
Pape Bouba Diop est décédé à l’hôpital de Lens, rapporte le quotidien L’Observateur qui revient sur les derniers instants de l’ancien international sénégalais.
Selon ce journal citant Gervais Martel, son ancien président au RC Lens avec qui il était resté en contact, Diop était atteint de la maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative qui atteint progressivement les neurones et entraîne une faiblesse musculaire puis une paralysie.
"Pape Bouba perd son dernier match’’, note le quotidien L’As, Vox Populi titrant : "Pape Bouba Diop, le Lion dort à jamais’’. Le journal rappelle la trajectoire du défunt et se fait l’écho avec les autres journaux de la pluie d’hommages suscitée par l’annonce de la mort de l’ancien international sénégalais.
Du président de la République Macky Sall au président de la Fédération sénégalaise de football en passant par le ministre des Sports Matar Bâ et ses coéquipiers de la Génération 2002, les uns et les autres se sont passés des formules pour saluer la mémoire de Pape Bouba Diop.
Un élan unanime que le sport peut se permettre en comparaison des controverses, ruptures et autres divisions que peuvent susciter la politique. Ce dont rendent compte plusieurs journaux en se faisant l’écho du limogeage de Déthié Fall de la vice-présidence du parti Rewmi de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.
M. Fall a été démis de ses fonctions dimanche à l’issue d’une réunion du secrétariat national de Rewmi tenue au Cybercampus de Thiès, rapporte Le Soleil. Le journal semble lier cette décision à la dernière intervention de Déthié Fall à l’Assemblée nationale.
"Vendredi dernier, lors du vote du budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Déthié Fall avait fustigé la politique agricole du régime alors que son mentor, Idrissa Seck, a rejoint la majorité présidentielle depuis le 1er novembre dernier’’, écrit ce journal.
Selon Sud Quotidien, la sanction contre Déthié Fall "est tombée moins de quarante-huit heures après la sortie très critique du député Déthié Fall à l’encontre de la politique agricole du président Macky Sall, lors du passage du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural Moussa Baldé à l’Assemblée nationale, pour l’examen du projet de budget 2020-2021 de son ministère’’.
"Coups Seck contre Déthié Fall’’, indique le journal à propos de cette décision, avant de prêter des propos au président de Rewmi : "Inacceptable que mon entourage tance le président’’. Et le journal d’enfoncer le clou : "Il a mal vécu son absence au gouvernement’’.
Déthié Fall "dément Idrissa Seck ’’à ce sujet, relève L’Observateur, avant de donner la parole à l’ex vice-président de Rewmi qui assure n’avoir jamais été demandeur d’un quelconque poste auprès de qui que ce soit. "Je suis un professionnel qui a toujours gagné sa vie dans le privé’’, assène-t-il ensuite dans les colonnes du même journal.
par Madiambal Diagne
RIEN DE NOUVEAU CHEZ MODOU KARA
Les autorités de l’Etat ont toujours fait la politique de l’autruche, espérant sceller des alliances électorales avec des groupes qui contrôlent des hordes de fidèles qui ne discuteraient pas un mot d’ordre ou une consigne de vote
L’arrestation de plusieurs personnes, trouvées dans un établissement dédié par Serigne Modou Kara Mbacké à la rééducation de jeunes gens ayant emprunté des chemins de travers, défraie la chronique. Le guide religieux lui-même a annoncé la nouvelle, via le réseau social Facebook, en criant à de l’acharnement des Forces de l’ordre ; surtout que ces dernières semaines, Serigne Modou Kara a eu à exprimer des positions défavorables au régime politique du Président Macky Sall. La maréchaussée a estimé devoir éclairer l’opinion publique sur les raisons et résultats de cette opération qui passerait pour une banale opération de routine, dans le cadre d’une enquête judiciaire et qui lui aura permis de démanteler un vaste réseau criminel. Dans sa communication, la gendarmerie soutient que «les éléments de la Section de recherches de la gendarmerie s’étaient transportés à Ouakam pour une affaire de vol de scooters. Une fois sur les lieux, trois scooters, produits du vol, ont été retrouvés. Des personnes ont été également retrouvées sur les lieux. Elles étaient toutes soumises à des actes de torture. Elles étaient âgées entre 17 et 42 ans et souffraient de malnutrition. Elles ont été toutes transportées à l’hôpital Principal de Dakar avec l’aide de la gendarmerie. Nous nous sommes rendus dans d’autres sites comme Guédiawaye où 213 personnes ont été retrouvées. A Malika, 22 personnes ont été retrouvées et à la Zone B, 100 dont 7 mineurs et une jeune fille. Un des geôliers a été retrouvé avec de la drogue. Ce dernier a trouvé refuge au domicile du guide religieux Serigne Modou Kara Mbacké. Son fils l’a arrêté avant de le remettre à la Section de recherches de la Gendarmerie nationale. Une enquête a été ouverte pour des faits de maltraitance sur des personnes et trafic de chanvre indien. L’enquête est en cours et les 43 personnes arrêtées seront mises à la disposition du procureur de la République. Les cerveaux sont au nombre de deux. L’un se fait appeler «colonel» et le second «commandant», a confié le colonel Pape Diouf à Libération Online.
Cette affaire ne manque pas de susciter un certain émoi, mais si on considère les faits, on pourrait dire qu’il n’y aurait rien de nouveau qui vient d’être découvert. Que des responsables de ces lieux de maltraitance se fassent appeler par des grades militaires ? Serigne Modou Kara Mbacké lui-même ne se fait-il pas déjà appeler «général» au Palais présidentiel, par les chefs d’Etat ayant pour nom Abdoulaye Wade ou Macky Sall ? Donc, un «général» devrait logiquement se faire seconder par des «colonels» et des «commandants», ainsi que des «capitaines», des lieutenants, des adjudants, des sergents, des caporaux et on ne sait encore !
Combien de fois il a été déploré les uniformes et grades militaires et les parades en rangs, avec des armes à feux bien visibles, des disciples de Serigne Modou Kara ou de Serigne Moustapha Sy, responsable moral des Moustarchidines ? Les autorités de l’Etat ont toujours fait la politique de l’autruche, ou ont même encouragé cette situation, espérant toujours sceller des alliances électorales avec des groupes qui contrôlent des hordes de fidèles qui ne discuteraient pas un mot d’ordre ou une consigne de vote. Pendant ce temps, tous les principes de la République et de l’Etat de droit sont foulés au pied. Ces groupes militaro-religieux ont pu constituer des sanctuaires, assurant l’impunité à leurs membres et adeptes. Combien de fois les médias ont rendu compte de délinquants ou criminels pourchassés par les Forces de l’ordre et qui ont trouvé refuge au domicile de tel ou tel chef religieux et ont pu ainsi échapper à l’action de justice ? Des groupes de personnes peuvent vous barrer le passage dans la rue ou vous importuner et déranger leur voisinage sous prétexte d’être au service de leur guide religieux.
Les Américains alertaient sur le basculement d’une «jeunesse désemparée»
La gendarmerie affirme avoir trouvé de la drogue dans les locaux visités. Il est de notoriété publique que le «Diwaan», nom du groupement de fidèles du guide religieux, cache des trafics en tous genres. Il est aussi de notoriété publique qu’une certaine impunité est assurée pour que bien des adeptes n’hésitent d’user de violence contre toute personne et fasse taire tout discours contraire. Les disciples de Serigne Modou Kara peuvent se permettre impunément d’insulter, de menacer de mort des journalistes ou des leaders d’opinion, sans pour autant que les forces de sécurité ne daignent intervenir. Il leur est arrivé plus d’une fois de passer à l’acte en déversant une violence inouïe contre des personnes et des biens, sans que l’Etat censée garantir et assurer notre sécurité à tous, ne daigne réagir. Le saccage des locaux du groupe de presse Wal Fadjri, le 25 septembre 2009, est encore présent dans les esprits. Sidy Lamine Niasse, le patron de cette entreprise de médias, avait été enlevé de force par des personnes habillées en tenue militaire ou paramilitaire et dûment identifiées. Les domiciles des autres responsables du groupe de presse avaient fait l’objet d’attaques de ces disciples déchaînés. En outre, des cas de meurtres impunis ont été enregistrés et sont imputables à des disciples du marabout, comme celui de ce berger tué en mai 2019 à Bambilor. En effet, Thierno Sow conduisait un troupeau lorsque l’une des bêtes est entrée dans le champ appartenant au guide religieux, et en représailles de ce crime de lèse-majesté, un disciple a ouvert le feu sur le guide du troupeau de bêtes.
Qui va prétendre apprendre que par la publication des câbles de Wikileaks en 2011, l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, Mme Maria Bernicat, considérait depuis plusieurs années, Serigne Modou Kara comme un «gourou» auquel s’identifie une certaine jeunesse et s’étonnait de son impunité. La diplomate écrivait notamment que «Kara est le gourou d’un grand nombre de jeunes urbains mécontents et appauvris. Ses disciples l’appellent «Général». Et lui de facto, conduit un grand groupe de militants qui lui donnent un pouvoir de négociation substantiel avec le parti au pouvoir». Combien de parents désemparés ont appelé sur les ondes des radios et télévisions pour dénoncer la disparition de leurs progénitures tombées entre les mains du mouvement de Serigne Modou Kara. Aucune enquête n’a été ouverte sur de telles allégations. Alors, on ne devrait pas exclure le risque de découvrir dans des arrière-cours les pires des tragédies et des tombes de personnes ayant perdu la vie à l’occasion peut-être de rixes, de tortures ou d’actes de «rééducation». Qui donne à ces gens le droit et l’autorité de redresser à la dure, avec des actes de violence, pour ne pas dire de barbarie, des êtres humains ? Ils ont eu le temps de créer plusieurs centres disséminés à travers le pays. La formation militaire qui leur a été prodiguée à l’occasion, ainsi que le formatage pour ne pas dire le dressage, dont ils ont manifestement fait l’objet peuvent laisser augurer que ces troupes pourraient être utilisées dans des projets néfastes à la paix civile. L’Etat sénégalais qui a encouragé ce jeu pendant bien des années et s’en est servi pour des desseins politiques, est le premier responsable de toute cette situation. Les forces de défense et de sécurité n’ont cessé d’alerter sur l’existence tolérée de milices d’obédiences confessionnelles dans le pays et du risque pour la stabilité sociale et la paix civile.
MAHMOUD SALEH LEVE UN COIN DU VOILE SUR LES NÉGOCIATIONS ENTRE IDY ET MACKY
Invité de l’émission Jury du dimanche (JDD) d’Iradio, Mahmoud Saleh a livré quelques détails des discussions souterraines qui ont conduit à la réintégration du président du parti Rewmi, dans le camp du pouvoir
Invité de l’émission Jury du dimanche (JDD) d’Iradio, Mahmoud Saleh a livré hier, dimanche 29 novembre, quelques détails des discussions souterraines qui ont conduit à la réintégration du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, dans le camp du pouvoir le 1er novembre dernier. Selon l’invité de Mamadou Ibra Kane, « l’initiative de lancer le dialogue national et de le formaliser, en installant un Comité national du dialogue a précédé la Covid-19 ». Une déclaration qui tranche ainsi avec le « contexte international africain, sous-régional et national » difficile à cause de la Covid-19 évoqué par l’ancien Premier ministre pour justifier son ralliement au camp du pouvoir.
On en sait un peu plus sur les contours des discussions souterraines qui ont conduit à la réintégration dans le camp du pouvoir du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, non moins candidat arrivé deuxième à l’issue de la présidentielle de février 2019 et devenu depuis le 1er novembre dernier, nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Invité de l’émission Jury du dimanche (JDD) d’Iradio hier, dimanche 29 novembre, Mahmoud Saleh promu ministre d’État Directeur de cabinet du président de la République, en la faveur de ce remaniement ministériel qui a vu le retour d’Idrissa Seck et de son parti, le Rewmi dans le camp présidentiel et l’arrivée d’Oumar Sarr ex-coordonnateur du Pds, a livré quelques détails du processus qui a abouti à ce résultat. Alors que l’ancien Premier ministre avait brandi lors de sa conférence de presse tenue dans la foulée de l’officialisation de son retour dans le camp présidentiel, le « contexte international africain et sous régional et national » difficile à cause de la Covid-19 pour justifier son ralliement, le ministre d’État, Mahmoud Saleh, semble prendre le contrepied de cette thèse.
En effet, face à Mamadou Ibra Kane hier, il a révélé que « l’initiative de lancer le dialogue et de le formaliser, en installant un Comité national du dialogue, a précédé la Covid-19. Donc, cette dynamique à laquelle Idrissa Seck et d’autres ont participé depuis le début, a été sanctionnée par ce qui est en train de se faire actuellement ». « Il est évident que le dialogue public est accompagné de concertations souterraines. Il y a la forme visible du dialogue, et la forme souterraine de la quête. Le dialogue, c’est des aspects différenciés devant aboutir à un même but », ajoute-t-il encore. Il faut dire que cette sortie du ministre d’État, Directeur de cabinet du président de la République, prouve et atteste qu’Idrissa Seck dialoguait directement dans le plus grand secret des Sénégalais avec le président Macky Sall bien avant la déclaration du premier cas du nouveau coronavirus sur le sol sénégalais.
Et ce, pendant que le numéro 2 de son parti, Déthie Fall, en sa qualité de coordonnateur et porte-parole du pôle de l’opposition au sein de la Commission cellulaire du dialogue politique menait le bras de fer avec la majorité.
Par ailleurs, interpellé sur le limogeage de certains ténors de l’Apr tels que Mahammed Boun Abdallah Dionne, Mimi Touré, Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba, Oumar Youm et Mouhamadou Makhtar Cissé en la faveur du dernier remaniement ministériel qui a vu le retour d’Idrissa Seck et son parti dans le camp de la majorité et l’arrivée d’Oumar Sarr, le ministre d’Etat Mahmoud Saleh dit ne pas comprendre la polémique autour du départ de ces personnalités qui, selon lui, n’ont pas « participé à générer les fondamentaux » du parti au pouvoir, l’Alliance de la République.