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29 juin 2025
LE PRIVÉ FAIT CHANTER LES PARENTS D’ELEVES
Des établissements réclament, malgré une subvention de trois milliards de francs reçue de l’Etat, le paiement de trois mensualités - couvrant de la période d’avril à juin - aux parents d’élèves. Lesquels refusent de payer pour un service non effectué
Le privé… privant les élèves d’une rentrée scolaire ce jeudi, les acteurs de l’Etat et les associations de consommateurs tranchent en faveur des parents d’élèves…
Malgré la subvention de trois milliards de francs allouée par l’Etat aux écoles privées fortement impactées par la crise liée à la pandémie de Covid-19, des établissements réclament le paiement de trois mensualités — couvrant de la période d’avril à juin — aux parents d’élèves. Lesquels refusent de payer pour un service non effectué. Une situation inacceptable selon des acteurs de l’Education qui plaident en faveur des parents.
De l’école privée à la privation… d’école ! A trois jours de la rentrée scolaire, des élèves du privé risquent de ne pas reprendre les cours ce jeudi. Le « fichu » virus de Covid19, qui a bon dos, a été saisi comme prétexte par les établissements privés d’enseignement pour exercer un chantage éhonté sur les élèves et leurs parents. Des parents qui n’ont pourtant pas été épargnés par la pandémie à laquelle ils ont payé un lourd tribut sanitaire et économique. Alors qu’on note une tendance baissière des cas ces derniers jours, dans l’enseignement privé, les parents d’élèves subissent durement ces jours-ci les conséquences de la pandémie de Covid-19. En effet, beaucoup d’écoles privées refusent d’inscription les élèves dont les parents n’auraient pas acquitté trois mois de scolarité pour un service non effectué, l’inscription non inclue.
En effet, le 16 mars dernier, le gouvernement avait procédé à la fermeture de toutes les écoles, publiques comme privées, sur toute l’étendue du territoire national dans le but d’éviter une propagation du coronavirus. Une fermeture qui a duré trois mois avant de faire place à une réouverture partielle qui n’avait concerné que les élèves en classes d’examen (Cm2, troisième et Terminal). Alors que l’année académique 2020-2021 pointe le bout du nez, directeurs d’écoles privées et parents d’élèves sont à couteaux tirés. Une rentrée chaude s’annonce donc dans le privé. A l’origine de cette pomme de discorde, le refus par les parents de payer la scolarité des mois d’avril, de mai et de juin durant lesquels leurs enfants sont restés la maison. Et n’ont même pas bénéficié de télé-enseignement dans la plupart des cas ! Durant cette période, l’Etat avait demandé de retenir les enfants à la maison. Mais des écoles privées qui ont reçu la subvention classique et ou spéciale de l’Etat continuent de demander le beurre et l’argent du beurre. Sans avoir effectué de prestation en contrepartie.
« Les écoles privées, autorisées comme reconnues, font un service public qu’elles vendent à des parents pour leurs enfants. C’est pour dire que ces établissements sont régis par la loi d’orientation. Ils exercent dans l’éducation et la formation avec des normes bien établies. Donc c’est l’Etat qui a eu le pouvoir de fermer les écoles. Pour cette période d’avril à juin, le service n’a pas été effectué, il n’y a pas eu de prestation à cause de la situation de pandémie et d’état d’urgence », a expliqué le secrétaire général du Cusems (Cadre unitaire de l’enseignement moyen secondaire)/Authentique qui trouve que les écoles privées ont tort de réclamer des mensualités à des parents alors qu’il n’y a pas eu de cours dans les classes intermédiaires.
DAME MBODJ : « Le ministre Mamadou Talla attise le feu, et Macky Sall doit donner des instructions fermes »
Pourtant, et malgré les indignations et autres lamentations des parents, certaines écoles continuent de retenir les bulletins de notes des élèves et refusent l’inscription de ces derniers pour l’année 2020-2021. Une attitude « irresponsable », selon Dame Mbodj qui dit avoir toujours accompagné ces écoles privées pour que l’Etat augmente la subvention de trois milliards pour la rapprocher de l’enveloppe de 12 milliards demandée. « Je croyais que c’était en compensation. Mais ils doivent comprendre que les parents, dont la plupart ont perdu leurs emplois, sont aussi impactés. Donc, ces directeurs d’établissements privés n’ont pas le droit de renvoyer les élèves ou retenir leurs bulletins de notes », martèle Dame Mbodj avant de qualifier l’acte du ministre de l’Education nationale de « fumisterie ». Dans cette situation de guerre entre parents d’élèves et déclarants responsables d’écoles privées, dit-il, c’est M. Mamadou Talla qui attise le feu. « Il a d’abord reçu les parents pour leur dire qu’on ne peut pas réclamer de l’argent pour un service non effectué, pour ensuite recevoir les directeurs d’écoles privées pour leur dire que oui, vous êtes impactés mais on doit vous payer parce que l’Etat n’a pas les moyens. C’est de la fumisterie ! » s’exclame le syndicaliste. Il demande au ministère de « trancher dans le sens de la vérité en sortant une note circulaire pour dire que ces trois mensualités ne devraient pas être payées et que tout contrevenant va voir son école fermée ». Selon Dame Mbodj, un Etat ne doit pas opter pour le pourrissement. Sur ce, il demande au chef de l’Etat Macky Sall « qui avait fermé les écoles » de donner des instructions fermes à son ministre. En attendant que l’Etat tranche, certainement en faveur des élèves qui seuls pourraient être les plus grands perdants, Tamsir Bakhoum du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss) demande aux parents d’assumer leurs responsabilités et de ne pas payer les mensualités réclamées. Surtout qu’il y a des enseignants, vacataires comme permanents, qui n’ont pas été payés par les directeurs d’établissements privés. M. Bakhoum rassure les parents quant à la possibilité d’un transfert des élèves concernés dans des écoles qui seraient déjà prêtes à les accueillir. En tout cas, dans ce bras de fer, les associations de consommateurs ont déjà tranché en faveur des parents d’élèves à qui ils demandent de ne pas payer ces mensualités exigées par certaines écoles privées. Me Massokhna Kane juge « illégal » le fait d’exiger la contrepartie d’un enseignement non effectué pour un contrat bilatéral.
L’ASCOSEN SE RANGE DU COTE DES PARENTS D’ELEVES
Le président de l’Association des consommateurs sénégalais (ASCOSEN) se rallie à la cause des parents d’élèves qui sont actuellement en croisade contre les établissements privés. Ces derniers réclament aux parents d’élèves de payer les mois d’avril, mai et juin avant de pouvoir faire inscrire leurs enfants pour la rentrée scolaire 2020- 2021. Momar Ndao appelle les parents d’élèves à refuser de payer s’il n’y a pas eu de prestation durant les mois en question. « Il faut systématiquement refuser de payer s’il n’y a pas de prestation. Dans un souci d’apaisement, nous leur (Ndlr, aux directeurs d’établissements privés) avons dit que s’il y a eu des cours en ligne, on peut aviser. Nous avons indiqué que, dans toutes les écoles où il n’y a pas eu de prestations du tout, ni cours en ligne, ni cours en présentiel, ces mois ne devront pas être payés dans la mesure où c’est inscrit dans un contrat. En terme de contrat, il y a ce qu’on a appelle l’exception de l’inexécution qui figure dans l’article 104 du code des organisations civiles et commerciales. Cet article précise que si vous avez un contrat avec quelqu’un et si ce dernier n’honore pas ses engagements, vous n’êtes pas tenu de payer. Il faut aussi que le gouvernement se prononce de manière claire afin que l’on puisse vraiment régler de manière globale la situation » s’est exprimé le président de l’Association des consommateurs du Sénégal, Momar Ndao, sur les ondes de Zik Fm.
VERS L’INDUSTRIALISATION DU MODELE DE DECHARGE DE SINDIA
La gestion de la décharge sise dans le village de Gandigal, va être confiée à la société « Savoie S.A », qui va être une société de capital sénégalais avec une solide expérience dans le domaine du Bench-marking
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 10/11/2020
Pour la gestion de la décharge de Sindia, une convention d’exploitation a été signée entre la commune de Sindia et la société «Savoie S.A». En prélude du démarrage des activités du repreneur, une visite de terrain a été effectuée le week-end dernier en compagnie du maire de Sindia. Le Directeur Général de «Savoie S.A» a révélé à l’occasion de cette visite de site que la décharge de Gandigal reçoit chaque jour 500 tonnes de déchets dont 200 à 225 de la commune de Mbour.
La gestion de la décharge de Sindia, sise dans le village de Gandigal, va être confiée à la société « Savoie S.A », qui va être une société de capital sénégalais mis en place grâce à un partenariat avec des experts nationaux et internationaux riches d’une solide expérience dans le domaine du bench- marking. Après la signature de la convention d’exploitation, la société de gestion a jugé utile d’effectuer une visite de terrain, histoire de mieux s’imprégner du site.
Cette visite de terrain effectuée en compagnie du maire de Sindia, Thierno Diagne, a été une occasion pour le Directeur Général de «Savoie S.A «, de dégager les priorités de son projet « Nous venons faire avec le maire de Sindia pour un état des lieux en vue de voir par rapport au schéma industriel que nous comptons réaliser au niveau de la décharge; comment vraiment l’implanter et comment trouver des solutions écologiques face aux difficultés et aux problèmes que rencontrent la décharge de Gandigal, les innovations que nous amenons au niveau de cette décharge » a dit d’emblée Babacar Lam, le D.G de «Savoie S.A» « On a un schéma directeur. On commence avec la mairie de Sindia avec Gandigal, on va essayer de régler le problème de la décharge de Gandigal qui crée un impact négatif pour notre environnement. Les gens en souffrent et puis les conditions dans lesquelles la décharge travaille sont vraiment difficiles et lamentables. Nous démarrons par l’organisation en mettant des éléments pour la sécurité et après créer une unité de transformation pour éradiquer le problème des déchets définitivement », a expliqué M.Lam. « Nous sommes venus aujourd’hui pour dire pourquoi démarrer avec la décharge de Gandigal en phase test et si on le réussit avec le maire de la commune de Gandigal, nous allons avancer et mettre une unité industrielle pour la transformation parce que ce que nous voyons que cette destruction des déchets par le feu crée un impact très négatif à l’environnement de l’habitation de notre très cher maire et c’est vraiment difficile. Ça leur préoccupe, c’est pourquoi il a validé le projet ».
Un schéma cent pour cent écologique
Selon Babacar Lam, le Directeur Général de Savoie S.A, dans cette phase de proposition, il s’agira de faire une unité de prélise. Ce premier schéma est un schéma écologique qui fait la destruction par le feu et qui permet de transformer les déchets soit en énergie renouvelable ou autres. Pour le démarrage, il sera possible d’avoir 100 à 200 tonnes / jour en employant 24 jusqu’à 48 personnes. Cette destruction en plus, peut être un modèle de transformation en énergie pour d’autres possibilités. Dans ce projet, il y a le Ministère du Cadre de Vie et de l’Hygiène Publique, via l’Unité de Coordination de la Gestion des Déchets Solides (UCG). Selon le Directeur Général de « Savoie S.A », le constat qui a été fait c’est que c’est Mbour qui décharge le plus dans la décharge de Gandigal et aujourd’hui d’après l’équipe, il est établi que la décharge de Gandigal reçoit 500 tonnes de déchets solides par jour dont 200 tonnes voire 225 tonnes par la commune de Mbour et le reste les autres communes.
Une projection de transformation de 400 tonnes/jour
Compte tenu de la nature et du coût du projet qui va s’étendre jusqu’à 13 milliards en deux phases, il a été étendu à d’autres communes comme Diass et Poponguine, dans le cadre de l’intercommunalité. Ce sont 2 milliards qui sont prévus pour la première phase et 11 autres Milliards de Frs Cfa pour la deuxième phase qui va consister en l’implantation d’une autre unité avec un gazéificateur qui permettra de pouvoir transformer les ordures au minimum 200 à 400 tonnes par jour ce qui permettra en conséquence de réduire le problème des déchets. « Maintenant ça va être un schéma beaucoup plus organisé que nous comptons mettre en tant que société et vraiment nous avons l’étude, le fond d’investissement, la collaboration de Sindia. Maintenant il nous a poussés dans l’intercommunalité ».
Selon Babacar Lam, le coordonnateur de L’UCG Ibrahima Mbaye qui a été rencontré dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, a exprimé toute la disponibilité de ses services à accompagner le projet. C’est parce que l’UCG est à 20% seulement de taux d’exécution par rapport à la gestion des déchets solides, pour le reste elle se retrouve obligée d’impliquer les charrettes faute de moyens logistiques suffisants pour parvenir à l’objectif « zéro déchet » préconisé par le Président Macky Sall. M. Lam a aussi exprimé ses remerciements au maire Thierno Diagne pour son appui indéfectible à la réalisation du projet. Il souligne que pendant deux ans, grâce à son appui, avec la participation des autres communes, ils sont parvenus à faire une étude technique sur les problèmes liés aux déchets au niveau du département.
Par Ousmane BADIANE
ADIEU PROFESSEUR !
l’itinéraire des 83 années de vie du professeur Iba Der Thiam, est jalonné des traits de lumière qui scintillent et éclairent singulièrement les sillons profonds dans lesquels sont semées les graines de l’école nouvelle
J’ai rencontré le professeur Iba Der Thiam trois mois avant sa disparition, dans une structure hospitalière à Dakar. Il était en compagnie de son assistant Ibrahima Faye. Il avait sur lui une pile de journaux et de documents. Il avait le visage calme et serein. Dès qu’il m’a vu, il m’a salué chaleureusement, en arborant son légendaire et sympathique sourire dont il ne se départissait jamais. Certains membres du personnel soignant semblaient étonnés de voir un patient venu en consultation avec autant de documents. Mais pour moi, ce n’était guère une surprise, car connaissant bien cet homme de culture, qui de tous temps et en tout lieu, a toujours eu pour compagnon la lecture et la quête du savoir. Celui qui vient au domicile du professeur pour la première fois, est frappé par le volume de sa bibliothèque. Dès qu’on tape à la porte d’entrée, ce sont les livres qui vous accueillent et vous sourient. Partout où vous vous installez dans la maison, ce sont les livres qui vous tiennent compagnie, jusque dans la cuisine. Quand vous rentrez, ce sont les livres qui vous raccompagnent et vous disent au revoir !
En parcourant d’un long regard la vie et l’œuvre du Professeur Iba Der Thiam, on est frappé par son envergure intellectuelle et son épaisseur scientifique. Ses étudiants l’avaient surnommé « Der la science ». A l’université, il est considéré comme l’un des meilleurs historiens du Sénégal. D’ailleurs son nom est contenu dans un des nouveaux chapitres de l’Histoire générale du Sénégal dont il assure la coordination de la rédaction.
Doué d’une mémoire prodigieuse, ce grand intellectuel qui a délibérément choisi de faire de l’histoire le fil conducteur de sa vie, a fortement contribué au rayonnement académique et scientifique du Sénégal, de l’Afrique et du monde. Né le 26 février 1937 à Kaffrine, Iba Der Thiam qui a passé le baccalauréat comme candidat libre, est un enseignant chercheur émérite, très connu et respecté dans les milieux académiques en raison de son parcours particulièrement élogieux : instituteur, professeur des collèges et lycées, professeur titulaire honoraire d’Histoire moderne et contemporaine, professeur honoraire associé de plusieurs universités dans le monde, agrégé de l’Université française en Histoire-Géographie.
Sa thèse de doctorat d’Etat à la Sorbonne a porté sur « L’évolution politique et syndicale du Sénégal colonial de 1840 à 1936 », Université de Paris I, 1983, 9 tomes, 5 179 pages. A l’UCAD où il fut pendant longtemps enseignant- chercheur dont le savoir encyclopédique est unanimement reconnu par tous, il a encadré plusieurs thèses et mémoires d’étudiants.
Malgré sa retraite en 2006, il continuait de dispenser, gratuitement, en Masters, un cours sur le Panafricanisme et les Relations internationales au XIXe siècle. Il est l’auteur de plus de 500 articles, conférences, communications, préfaces scientifiques, politiques, économiques, philosophiques, anthropologiques, épistémologiques, sociologiques et culturelles publiées dans plusieurs revues et journaux à l’occasion de manifestations scientifiques. Mais c’est en tant que leader syndical pendant près de 20 ans, qu’il a mené les luttes les plus dures de sa vie. Il a été arrêté trois fois et mis en prison pour activités politiques et syndicales, en compagnie de ses camarades, dont feux Mbaba Guissé, Bakhao Seck , Demba Sall Niang…
Sa dernière condamnation était de trois ans sous le régime du Président Senghor, avant qu’il n’obtienne une remise de peine par grâce présidentielle. Le Professeur Iba Der a eu un vécu syndical très intense. Il a été Secrétaire général du SUEL (Syndicat Unique de l’Enseignement Laïc du Sénégal) et du SES (Syndicat des Enseignants du Sénégal) qui est issu d’une fusion entre le SUEL et le SPAS (syndicat des Professeurs Africains du Sénégal) en 1969. Il a été également ancien membre du Bureau de l’UNTS (Union Nationale des Travailleurs du Sénégal). C’est dire que ce géant du savoir encyclopédique qui a un sens élevé de l’engagement patriotique, a contribué aux luttes syndicales multiformes de l’école sénégalaise.
Ancien Ddirecteur de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Dakar, devenue aujourd’hui FASTEF (Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation) de 1975 à 1983 et ancien Directeur de l’Université des Mutants créée par le poète Président Léopold Sédar Senghor et par le philosophe français Roger Garaudy, en 1979 à Gorée, Iba Der Thiam a occupé les fonctions de Ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur (1983- 1988), avant d’exercer pendant deux mandats une carrière internationale brillante à l’UNESCO ( Organisation des Nations-Unies pour l’Education, les Sciences et la Culture), comme membre du Conseil Exécutif . Il a été félicité à deux reprises par la Conférence Générale pour services rendus à l’Organisation, à travers deux résolutions votées à l’unanimité par tous les Etats membres.
Un hommage solennel du Groupe Africain de l’UNESCO lui a été consacré pour avoir représenté dignement le continent noir et pour services rendus à l’organisation onusienne. Il a été désigné par cette prestigieuse institution comme membre de la Commission Internationale chargée d’écrire l’Histoire du Développement Social et Culturel de l’Humanité, plus connu sous le titre de l’Histoire Générale de l’Afrique. Il a assumé avec un sens élevé de responsabilité, la fonction de co-directeur du Tome VII. Au plan parlementaire, Iba Der Thiam a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire de cette institution. Avec deux mandatures, il a apporté sa contribution à l’écriture des plus belles pages de notre assemblée nationale.
Les Sénégalais se souviennent des nombreuses questions orales très pertinentes sur les différents problèmes d’actualité qu’il ne manquait jamais de poser, et qui suscitaient beaucoup d’intérêt chez ses compatriotes. Il y a beaucoup d’anecdotes relatives à son expérience parlementaire que les Sénégalais ignoraient et qui n’ont été révélées qu’après sa mort.
Quand il a fait son entrée à l’hémicycle dès son premier mandat, il a refusé de percevoir son salaire, en disant qu’il est un professeur d’université rémunéré pour cela. Par conséquent, il ne pouvait pas recevoir deux soldes provenant des caisses de l’Etat. Il a fallu une intervention du président de l’Assemblée nationale de l’époque, pour qu’il accepte de prendre ses salaires de député pour l’affecter à des œuvres caritatives. Ses collègues députés ont raconté une autre anecdote le concernant.
Le gouvernement de l’époque avait augmenté les salaires des députés de près de 300 OOO francs. Il n’était pas au courant de cette augmentation. Un jour, en faisant les comptes, il s’aperçoit qu’il y avait plus de dix millions de francs en surplus sur ses revenus. Quand il s’est renseigné auprès des services comptables de l’Assemblée sur l’origine de cette situation, on lui a fait comprendre que cela est dû au cumul des rappels d’augmentation des salaires des députés sur une longue période. Sa réaction, a été de demander au service de la comptabilité, de retirer immédiatement ce montant de son compte pour le reverser au trésor public. Ces deux anecdotes, à elles seules, nous donnent un indice éclairant sur le degré de probité morale et d’honnêteté intellectuelle de ce pharaon du savoir.
Depuis l’annonce du décès du professeur Iba Der Thiam, les témoignages fusent de partout : à la cérémonie de lever du corps à la mosquée de liberté IV, au cimetière musulman de yoff, à son domicile à liberté IV, dans la presse nationale et internationale. Les différentes catégories d’acteurs et des personnalités avec lesquels il entretenait des relations étroites, ont fait des témoignages émouvants sur les relations qu’ils avaient avec le défunt : les familles religieuses, la communauté universitaire, les hommes politiques et les dirigeants syndicaux, la famille, les parents proches, les voisins du quartier…
Tous les témoignages qui sont loin d’être des témoignages de circonstance, convergent vers un seul point : la loyauté, le patriotisme, l’intégrité, la probité, la foi, l’érudition de l’historien de notoriété mondiale que fut le professeur Iba Der Thiam. Un paradoxe est né suite à la disparition du professeur. Autant les sénégalais apprécient et admirent cet homme d’une dimension exceptionnelle et magnifient les qualités qui ont été les siennes, autant ils ne connaissent pas bien l’identité véritable de cette personnalité. Tout se passe comme si c’est le professeur lui-même qui a délibérément choisi de cacher sa véritable identité. C’est pourquoi, ce n’est qu’après sa disparition que les sénégalais commencent à découvrir véritablement la face cachée du personnage.
Toutes les familles religieuses du pays ont fait observer que le professeur Iba Der entretenait avec chacune d’elle des relations étroites et cordiales de collaboration multiforme. Il leur apportait un appui matériel et financier lors des célébrations de manifestations religieuses et spirituelles ou à l’occasion de la construction des mosquées, sur toute l’étendue du territoire national. Mais, tout cela se faisait dans la plus grande discrétion. Moi-même, depuis plus de 20 ans, j’ai entretenu des relations très étroites de collaboration avec le professeur. Depuis les élections locales de 1996, j’étais un plénipotentiaire de l’opposition dans plusieurs cadres et coalitions politiques. J’ai beaucoup fréquenté le leader politique Iba Der Thiam, dans comme en dehors des instances. J’étais le Secrétaire Permanent de la CAP 21, de 2001 à 2006 (Convergence des Actions autour du Président pour le IIIème millénaire) et le professeur en était le Coordonnateur national, sous le magistère du président Abdoulaye Wade. Il arrivait souvent qu’il me confie un travail dans le cadre de la mise en œuvre des décisions arrêtées par la Conférence des leaders de la coalition. Si j’avais des difficultés, il arrivait que nous fassions ensemble le travail. Ensuite, il me laisse le présenter à la réunion, et il était le premier à me féliciter chaleureusement et à m’encourager. C’est là, assurément, l’expression formidable de la générosité et du sens du partage de cette légende considérée par tous comme un modèle d’excellence et de patriotisme. C’est pourquoi, malgré l’étroitesse de mes liens avec le professeur sur une très longue période, je me suis rendu compte qu’en réalité, je ne le connaissais pas bien. Ce n’est qu’après sa mort, que j’ai commencé à découvrir réellement et progressivement qui était cet homme, qui a gravé en lettres d’or son nom dans le marbre du monument de l’histoire moderne et contemporaine.
C’est ici le lieu de saluer chaleureusement l’excellente initiative du président de la République, Macky Sall, de faire du professeur Iba Der Thiam, le parrain de l’Université de Thiès. Ce faisant, il érige sa mémoire en super ministère du Savoir entouré de guichets de distribution automatique de générosité et de valeurs fondatrices de tout ce qui fait l’humain, et dont le professeur fut le maître incontestable et incontesté. Si l’on sait que le Mémoire de maîtrise de l’étudiant Iba Der soutenu en 1972, avait pour thème « La grève des cheminots du Sénégal de septembre 1938 », et si on tient compte de ce que représente la ville de Thiès dans la conscience des Sénégalais comme symbole politique et foyer historique de résistance syndicale et patriotique, on mesure la pertinence et la portée du choix du président Macky Sall, de faire de cet intellectuel émérite de haut rang mondialement reconnu, le parrain de cette prestigieuse université de Thiès.
Du fond de sa tombe, ce dernier a dû certainement sursauter de joie et de bonheur, en apprenant une telle nouvelle qui fut le combat de toute sa vie. En définitive, l’itinéraire des 83 années de vie du professeur Iba Der Thiam, est jalonné des traits de lumière qui scintillent et éclairent singulièrement les sillons profonds dans lesquels sont semées les graines de l’école nouvelle, chère au professeur. Celles-ci, ne manqueront pas de germer, pour offrir à notre jeunesse en quête de repères, une oasis où elle pourra s’abreuver pour étancher sa soif de générosité, d’équité, de foi, de solidarité, de justice et de progrès.
DÉCÈS DE L'EX-PRÉSIDENT MALIEN AMADOU TOUMANI TOURÉ
Celui qui a dirigé le pays sahélien de 2002 à 2012 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire, est mort dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 72 ans en Turquie où il avait été transféré pour des raisons de santé
L'ancien président malien Amadou Toumani Touré, qui a dirigé le pays sahélien de 2002 à 2012 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 72 ans en Turquie où il avait été transféré pour de raisons de santé.
"Amadou Toumani Touré est décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie où il avait été évacué pour des raisons sanitaires", a annoncé à l’AFP son neveu, Oumar Touré.
Amadou Toumani Touré avait subi récemment "une opération du cœur à l’hôpital du Luxembourg de Bamako qu’il a créé.Tout semblait aller bien", a indiqué sous couvert d'anonymat un médecin de l'hôpital.
"On a décidé ensuite de l’évacuer sanitairement.Il a voyagé vers la Turquie très récemment par un vol régulier.Malheureusement il est décédé dans la nuit de lundi à mardi", a-t-il ajouté.
Le nom d'Amadou Toumani Touré, ancien militaire entré en politique, était associé à la transition démocratique du Mali du débaut des années 1990.
Devenu président en 2002, il avait été renversé en mars 2012 par un putsch de soldats entrés en mutinerie contre l'incapacité du gouvernement à arrêter l'offensive, dans le nord du pays, de rebelles touareg et l'afflux de jihadistes en provenance des pays voisins.
Le pays a sombré depuis dans une spirale de violences jihadistes et intercommunautaires qui se sont propagées au centre du pays et au Burkina Faso et au Niger voisins.
- Coup d'Etat -
Amadou Toumani Touré avait lui-même pris part en mars 1991, après des manifestations populaires durement réprimées par le pouvoir, à un coup d'Etat qui avait eu raison du régime de Moussa Traoré, en place depuis 1968.
Il avait pris la tête d'un comité de transition, exercé les fonctions de chef de l'Etat et dirigé l'organisation d'élections.La transition avait débouché en 1992 à l'avènement d'Alpha Oumar Konaré, premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance.
Surnommé familièrement ATT, Amadou Toumani Touré avait à son tour été élu président en 2002 et réélu en 2007.
Loin de stopper l'avancée des indépendantistes et des jihadistes, le coup d'Etat de 2012 avait au contraire précipité la déroute de l'armée.Le nord était alors rapidement tombé sous la coupe des jihadistes avant l'intervention des forces françaises.
Les deux tiers du territoire malien échappent aujourd'hui à l'autorité centrale.
Amadou Toumani Touré disparaît alors que le Mali est à nouveau dans une période de transition, consécutive à un nouveau coup d'Etat militaire, qui a fait tomber le 18 août l'ancien président élu Ibrahim Boubacar Keïta.
Certains des officiers impliqués dans le putsch du 18 août, dont leur numéro deux, le colonel Malick Diaw, figuraient sur la photo de groupe des putschistes de 2012.
Les putschistes ont mis en place une présidence et un gouvernement de transition et se sont engagés à remettre le pouvoir à des civils élus sous 18 mois.
PFIZER ANNONCE UN VACCIN «EFFICACE A 90%» CONTRE LE CORONAVIRUS
Les premiers résultats des essais cliniques de notre phase 3 ont fourni la preuve initiale de l'efficacité de notre vaccin pour prévenir la Covid-19 », a déclaré Dr Albert Bourla, PDG du laboratoire Pfizer dans un communiqué
C’est une bonne nouvelle dans la lutte contre le coronavirus. Les laboratoires Pfizer (Usa) et BioNtech (Allemagne) ont annoncé avoir développé un vaccin « efficace à 90% ». Ce, après dix mois de travaux. « Aujourd'hui est un grand jour pour la science et l'humanité.
Les premiers résultats des essais cliniques de notre phase 3 ont fourni la preuve initiale de l'efficacité de notre vaccin pour prévenir la Covid-19 », a déclaré Dr Albert Bourla, PDG du laboratoire Pfizer dans un communiqué rendu public hier, lundi 9 novembre.
43500 personnes dans six pays ont déjà été testées depuis le 27 juillet dont 38 955 ont reçu une seconde dose du vaccin candidat le 8 novembre et « aucun problème de sécurité sérieux n’a été observé ». « Plus de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d’un siècle, nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif pour le monde dans notre bataille contre la Covid19 », a fait savoir Dr Albert Bourla qui annonce que « des données de sécurité et d’efficacité supplémentaires continuent d’être collectées ».
En effet, la catégorie de vaccin de Pfizer et BioNtech se fonde sur une technologie nouvelle, dite de « l’ARN messager ». Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), Tedros Adhanom Ghebreyesus a salué « des nouvelles encourageantes ». « Nous saluons les nouvelles encourageantes en matière de vaccin provenant de @pfizer & @BioNTech_Group et saluons tous les scientifiques et partenaires dans le monde qui développent de nouveaux outils sûrs et efficaces pour vaincre le Covid-19 », a tweeté le chef de l'agence onusienne.
Poursuivant son propos, il ajoutera : « Le monde connaît une innovation et une collaboration scientifique sans précédent pour mettre fin à la pandémie ». « Les laboratoires ont d'ores-et déjà demandé à l'Agence américaine du médicament (FDA) une autorisation d'utilisation d'urgence du vaccin. Pfizer espère que cela aura lieu au cours de la troisième semaine de novembre. Le vaccin pourrait ainsi être disponible avant la fin de l'année. Les deux laboratoires ont déclaré qu'elles prévoyaient de fournir jusqu'à 50 millions de doses de vaccins dans le monde en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021 ».
Toutefois, une distribution commerciale à grande échelle n’a encore été autorisée pour aucun vaccin dans la lutte contre la Covid-19. L’Oms a annoncé que « dix essais cliniques de vaccins sont actuellement en phase 3 dans le monde, dont ceux de la biotech américaine Moderna, de plusieurs laboratoires étatiques chinois et du britannique AstraZeneca, en collaboration avec l’université d’Oxford. Pfizer et BioNTech sont les premiers à rendre publics des résultats intermédiaires de ces essais»
«CONFIER LES EVENEMENTS DU 28 SEPTEMBRE 2009 A LA CPI SERAIT SYNONYME D’ABANDON DE NOTRE SOUVERAINETE»
Sud Quotidien est allé à la rencontre du tout nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Mory Doumbouya, qui affiche sa détermination à ce que la justice soit rendue
CONAKRY, Guinée) – 28 septembre 2009 ! Un lundi noir à Conakry où un meeting politique organisé par le Forum des forces vives de la Guinée dans le stade qui porte le même nom, tourne au drame. L’armée aurait tiré sur la foule et commis des viols publics. Le bilan est estimé à 157 morts et plus de 1000 blessés. 11 ans après, la communauté internationale attend toujours la tenue du procès. Sud Quotidien est allé à la rencontre du tout nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Mory Doumbouya, qui affiche sa détermination à ce que la justice soit rendue. Entretien.
Monsieur le ministre, à quand le procès des évènements du 28 septembre 2009 ?
Je suis Garde des Sceaux, il y a quelques mois. C’est parce que j’ai été investi dans mes actuelles fonctions le 19 juin passé. J’ai pris contact avec les juges qui sont saisis de ce dossier, notamment les juges du Tribunal territorial compétent. J’ai échangé avec les cadres du département. J’ai échangé avec les associations des victimes. J’ai eu des échanges également avec le collectif d’avocats chargé d’assurer la défense des personnes poursuivies dans le cadre de ces évènements. Je suis allé plus loin. Peut-être que ça pourrait vous paraitre saugrenu. Je suis allé à la maison d’arrêt échanger directement avec les personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire et ça m’a permis d’avoir une impression d’ensemble. C’est parce qu’au point de vue procédural, j’ai aperçu en réalité que la procédure des instructions était achevée. J’ai compris que pratiquement, il ne restait plus rien à faire au titre de l’instruction du dossier, l’ordonnance de renvoi ayant été rendue, les voies de recours qui auraient dû être exercées, sont toutes épuisées. J’étais curieux de savoir pourquoi jusqu’à mon arrivée, ce procès n’était pas organisé et bien sûr sans avoir la prétention de remettre en cause les actes posés par mes prédécesseurs. En raison de la continuité de l’Etat, j’ai quand même décidé de marquer certaines ruptures sur beaucoup de points.
Lesquels ?
Premièrement, la construction d’un tribunal ad hoc posée comme condition préalable pour la tenue et l’organisation du procès. Puisqu’à l’image de l’Etat du Sénégal chargé d’organiser le procès du président Hissen Habré, les autorités guinéennes s’étaient inspirées des conditions d’organisation de ce procès en mettant en place un comité ad hoc chargé d’examiner et de gérer toutes les questions liées à l’organisation de ce procès. Ayant donc compris avec l’ordonnance de renvoi qui était rendu dans ce dossier qu’il ne restait plus rien à faire, j’ai pris la décision de prendre nos responsabilités et de quitter le cadre des interférences du département dans les procédures éventuelles de jugement. Et j’ai dit aux associations des victimes, au collectif d’avocats, aux représentants des Nations Unies, un expert basé à Nouakchott, Me Baal qui est avocat de profession, ancien président de la Cour Suprême, ancien Garde des Sceaux de la République de Mauritanie, que j’étais décidé à prendre mes responsabilités en allant tout droit à l’organisation de ce procès et que les partenaires de la Guinée pouvaient nous prêter main forte si c’était nécessaire en terme d’organisation, de conditions matérielles du procès et que la Cour d’Appel de Conakry sécurisée et même réaménagée pouvait nous permettre d’ouvrir ce procès-là et faire comparaitre les personnes poursuivies et déjà mettre les juges devant leur responsabilité. Parce qu’en réalité, on a trop dramatisé ces évènements et la dramatisation a donné l’impression que la justice guinéenne n’était pas en mesure de tenir ce procès. Ce qui était d’une fausse impression au point qu’à un moment donné, il y avait une terrible pression de la Cour pénale internationale qui a déclaré : «depuis 2009, vous ne faites rien et nous, si rien n’est obtenu en terme de justice, nous allons nous saisir de cette affaire». Beaucoup de missions conduites par des experts de la Cedeao ont eu lieu en territoire guinéen avec des échanges multiples sur ce dossier. Je dis qu’en raison du principe de subsidiarité (un principe selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur, Ndlr), qui fait que la compétence de la CPI serait synonyme d’un abandon de souveraineté pour l’Etat de Guinée de ne pas pouvoir organiser et faire juger ces évènements. Et pratiquement, un mois avant la tenue de l’élection présidentielle, j’étais décidé à demander au tribunal compétent de proposer une date d’ouverture de ce procès. Mais, il faut noter qu’il n’appartient pas au ministère de la Justice, à la Chancellerie, à un Garde des Sceaux de fixer la date d’ouverture d’un procès quelconque. Cette question relève de la compétence des juges Des propositions d’ouverture de date avaient été faites et en raison quelque peu de la sensibilité de ce dossier, pour des raisons sécuritaires, nous avions estimé que l’ouverture ne pouvait pas aller dans un contexte d’élection présidentielle. Donc, voilà pratiquement là où nous en sommes. Je vous donne ma ferme assurance que dès après la proclamation des résultats définitifs de l’élection du Président de la République, nous allons reprendre les choses pour que très rapidement, nous puissions montrer à la face du monde que nous sommes déterminés à faire la lumière sur ces évènements. Parce qu’en réalité, on n’organise pas un procès pour trouver forcément des coupables. On organise un procès pour qu’à la suite d’un débat contradictoire, des responsabilités sur des faits précis soient déterminées. Des sanctions si bien sûr des responsabilités ont été situées, soient prononcées et que des réparations soient accordées.
Est-ce vous pouvez nous donner un échéancier, un deadline pour la tenue de ce procès ?
Si vous vous placez dans le contexte de la date de commission des infractions poursuivies, vous aurez l’impression que nous trainons les pas. Mais si vous tenez compte des particularités liées aux procédures judiciaires, vous comprendrez notre position. Voilà des faits au regard de la loi guinéenne constitutive de faits criminels et quand il s’agit des infractions érigées au rang des crimes, la procédure est complexe. D’abord, les enquêtes préliminaires ont dû prendre du temps mais surtout la procédure devant les cabinets d’instruction. Mais en réalité et comme je l’ai toujours dit, je crains que je ne fasse une ingérence dans la compétence des juges en vous disant voilà tel jour, ce procès se tiendra. Le rôle de l’Etat, parce que je représente le pouvoir exécutif, est de créer les conditions sécuritaires, matérielles d’organisation du procès. Mais il est de notre devoir d’interpeller le parquet du tribunal et je vous le disais que cela était déjà fait avant l’ouverture de la campagne de l’élection du Président de la République et je viens de vous dire que dès après la proclamation des résultats définitifs, cette démarche va se relancer pour que les juges nous fassent des propositions de date immédiate. J’ai eu des échanges avec des avocats qui m’ont dit : «Monsieur le ministre, si ce procès se tenait demain, vous nous verrez aux audiences avec nos moyens». J’ai reçu les avocats des associations de victimes qui m’ont tenu le même langage. J’ai dit au procureur, il ne reste plus qu’au juge de prendre les responsabilités et de prendre le taureau par les cornes.
Pourtant, on entend aussi parler de la construction d’un tribunal pour la tenue du procès. Qu’en est-il ?
Je ne lie pas forcément l’ouverture de ce procès à la construction d’un bâtiment. Je suis clair là-dessus. Nous avons la salle d’audience de la Cour d’appel de Conakry qui, sécurisée, réaménagée, peut valablement nous permettre d’organiser le procès.
Quel est le nombre de personnes qui sont poursuivies dans le cadre de cette affaire et quels sont les délits retenus contre elles ?
Pour la plupart, ce sont des cas de viol, de meurtre, des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort. En réalité, une kyrielle d’inculpations et bien sûr des personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire en partie ont bénéficié des ordonnances de non lieu partielles, sauf erreur de ma part à vérifier dans les documents, je crois savoir qu’à date, au moins 15 personnes sont renvoyées devant la formation du jugement.
Revenons sur la présidentielle du 18 octobre dernier. Beaucoup de vos compatriotes, établis notamment au Sénégal et dans la diaspora, ont dénoncé le fait de n’avoir pas pu s’acquitter de leur devoir civique. Qu’est-ce qui explique ce dysfonctionnement ?
Je n’appellerais pas cela dysfonctionnement encore moins inégalité. Je crois que la Commission électorale nationale indépendante était bien placée pour nous expliquer les situations de ce genre. Mais, en réalité, le principe voudrait pour une élection que tous les Guinéens soient investis, de pouvoir s’exprimer. C’est ça le principe. Mais, si pour des raisons quelconques qui ne peuvent être expliquées que par la Ceni. Il est établi que par endroit, certains compatriotes n’ont pas pu prendre part à l’élection du Président de la République. Mais, je crois qu’à l’avenir si les conditions le permettaient, il serait beaucoup préférable de faire en sorte que les circonscriptions électorales soient beaucoup plus élargies. Mais, en réalité, et à part des contraintes certainement liées au travail de la Ceni, je ne vois derrière tout cela aucune volonté de discriminer qui que ce soit. Il n’y a aucune intention préalable d’écarter qui que ce soit parce que la communauté guinéenne vivant au Sénégal est composée de toutes les ethnies de la République de Guinée, de toutes les obédiences politiques, a priori. Il est difficile de savoir si quelqu’un s’appelle au Sénégal Doumbouya ou Mamadou, de quelle formation politique ou pour quel candidat, cet électeur-là va voter. Et donc pas seulement au Sénégal et nous ne sommes pas parvenus malheureusement à permettre à tous les compatriotes en dehors du pays de s’exprimer par endroit et le vote a eu lieu mais tout le monde n’a pas pu s’exprimer. Et je crois que le fichier qui a été présenté avant l’élection du Président de la République et qui a été validé par les experts de la Cedeao, est consensuel nonobstant les réserves infondées de l’opposition. En réalité, l’élection a eu lieu dans un contexte totalement apaisé avec un taux de participation record (plus de 78 %, selon la cour constitutionnelle, Ndlr). Nous sommes dans l’attente des résultats définitifs qui vont être proclamés par la Cour Constitutionnelle dans les délais légaux (entretien réalisé avant la confirmation des résultats définitifs-ndlr), la Ceni ayant déjà annoncé les résultats provisoires qui accordent un suffrage record avec ce Président de la République qui passe au premier tour. En tout cas, selon les chiffres donnés par la Ceni.
MACKY DYNAMITE L’OPPOSITION
«Je réduirais l’opposition à sa plus simple expression». Cette assertion du chef de l’Etat semble se confirmer de jour en jour
Suite aux consultations et entretiens que le chef de l’Etat, Macky Sall, a accordés à certains leaders de l’opposition, dans le cadre de l’ouverture du gouvernement à d’autres forces politiques, les coalitions de l’opposition volent en miettes. Après le retrait des forces démocratiques du Sénégal (Fds/Les Guelwaars) de Dr Babacar Diop et le Front pour le socialisme et la démocratie (Fsd/Bj) du député Cheikh Bamba Dièye de la coalition «Idy 2019», c’est au tour de Pastef d’Ousmane Sonko de se retirer de la coalition Jotna.
«Je réduirais l’opposition à sa plus simple expression». Cette assertion du chef de l’Etat, Macky Sall semble se confirmer de jour en jour. Après être parvenu à diviser l’opposition sur la question du chef de l’opposition, avec notamment des attaques par presses interposées entre camarades de même bord, le président Sall a réussi encore une fois un coup de maitre en faisant voler en éclats les différentes coalitions qui avaient été mises en place pour faire face à son régime.
Les entretiens et autres rencontres avec des leaders de l’opposition, membres de coalitions, ont littéralement brisé l’élan d’unité noté entre certaines formations politiques qui partageaient vraisemblablement un même idéal.
A l’image de la coalition «Idy 2019» qui a éclaté avec le retrait des Forces démocratiques du Sénégal (Fds/Les Guelwaars) de Dr Babacar Diop et le Front pour le socialisme et la démocratie (Fsd/Bj) du député Cheikh Bamba Dièye, suite à l’entrée d’Idrissa Seck et de son parti Rewmi dans le gouvernement, c’est au tour de la coalition Jotna de faire les frais de l’ouverture du gouvernement à l’opposition.
Le parti Pastef et son leader Ousmane Sonko se retirent de ladite coalition. Dans une lettre adressée au président de la coalition, en l’occurrence Bruno d’Erneville, le Pastef dit avoir «pris la décision de se retirer de la coalition JOTNA conformément aux dispositions de l’article 10 du Code de conduite du 14 juillet 2019, modifié».
Toutefois, Ousmane Sonko et ses camarades de partis n’ont pas tardé et cherchent à former une autre coalition. Ils ont ainsi réitéré leur offre «de fusion à toutes les parties prenantes de la coalition, offre déjà̀ acceptée par une dizaine d’entre elles à ce jour».
Mieux, pour faire face à la mouvance présidentielle, lors des élections locales à venir, Pastef dit rester «ouvert à une collaboration plus souple et sans contrainte avec les autres parties prenantes» tout en réaffirmant son ouverture «à l’examen des possibilités de coalition à l’approche de toutes échéances électorales». Une décision qui fait suite à l’audience entre le chef de l’Etat, Macky Sall, et le leader du Parti de la Construction et de la Solidarité (Pcs/Jengu), Boubacar Camara qui a préféré quitter la coalition pour former une autre dénommée coalition des «Bâtisseurs».
En réalité, d’autres leaders de la même coalition auraient été reçus par le président Sall, selon Ousmane Sonko. On note encore une fois un coup fourré de l’opposition Sénégalaise. Après la tentative avortée d’aller en rangs serrés à l’élection législative de 2017, pour contraindre le pouvoir à une cohabitation et son échec de se retrouver autour d’une candidature unique de l’opposition pour défaire Macky Sall, à l’élection présidentielle de février 2019, l’opposition vient de montrer que les intérêts personnels passent avant tout.