Le Conseil constitutionnel a validé lundi la réélection du président ivoirien sortant, Alassane Ouattara, pour un troisième mandat controversé, selon une déclaration de son président, Mamadou Koné, au siège de l'institution à Abidjan. Alors que l’opposition avait appelé au boycott du scrutin, 53,90 % des électeurs se sont rendus aux urnes.
"Aucune irrégularité grave", a annoncé Mamadou Koné. Le président du Conseil constitutionnel de la Côte d'Ivoire a confirmé lundi 9 novembre la réélection du président sortant Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé, lors d'une déclaration au siège de l'institution à Abidjan. Quelque 53,90 % des électeurs se sont rendus aux urnes, après l'appel au boycott de l'opposition.
"M. Alassane Ouattara est proclamé élu au 1er tour" avec 94,27 % des voix, a déclaré le président du Conseil constitutionnel, qui a indiqué n'avoir relevé "aucune irrégularité grave" sur les bureaux qui ont été pris en compte. L'opposition avait boycotté le scrutin du 31 octobre et empêché la tenue du vote dans près de 5 000 bureaux. Ceux-ci n'ont pas été inclus dans le corps électoral.
Mamadou Koné a également souligné qu'"aucune réclamation" n'avait été déposée. Sans surprise, le Conseil constitutionnel n'a changé aucun des résultats annoncés le 3 novembre par la Commission électorale.
Un scrutin marqué par des violences et saccages de bureaux
Le taux de participation a été de 53,90 %.
Le président sortant Alassane Ouattara a recueilli 3 031 483 voix sur un total de 3 215 909 suffrages exprimés lors de ce scrutin marqué par des violences.
Le Conseil constitutionnel a ajouté que 17 601 bureaux sur les quelque 22 381 bureaux ont pu ouvrir ; le nombre d'inscrits pouvant voter est donc passé de 7 495 082 à 6 066 441 inscrits. Des militants de l'opposition avaient saccagé ou empêché l'ouverture de bureaux.
Selon les scores validés par le Conseil constitutionnel, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin arrive en deuxième position, avec 1,99 % des voix (64 011 votes). Les deux autres candidats avaient appelé au boycott mais ont tout de même reçu des suffrages. L'ancien président Henri Konan Bédié termine troisième avec 1,66 % (53 330 voix) et l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, quatrième avec 0,99 % (31 986 voix).
Trois morts et 41 blessés dans de nouveaux affrontements
Les affrontements intercommunautaires autour du scrutin continuent toutefois. Lundi 9 novembre, ces derniers ont fait au moins "trois morts et 41 blessés" à Daoukro, dans le centre-est du pays, a déclaré à l'AFP la préfète de la région, Solange Aka. Il s'agit du fief de l'ancien président et principal opposant Henri Konan Bédié.
Ces affrontements, dont le bilan a été confirmé par le président du conseil régional Adam Kolia Traoré, intervient alors que l'opposition avait appelé à une journée de mobilisation, émaillée d'incidents dans plusieurs villes du sud du pays.
Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro – ce que l'opposition conteste.
Au mois 14 personnes sont mortes au cours de violences lors du scrutin ou dans son sillage. Avant l'élection, une trentaine de personnes étaient mortes dans des troubles et des violences intercommunautaires depuis le mois d'août et l'annonce de la candidature d'Alassane Ouattara.
La crainte d'une escalade des violences est forte dans ce pays d'Afrique de l'ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts.
CONDITIONS MINIMALES POUR UNE BONNE RENTRÉE DES CLASSES
Près de 95.000 élèves, tous niveaux confondus, et 3.500 enseignants reprennent cette semaine le chemin de l’école à Kaffrine
Kaffrine 9 nov (APS – La région de Kaffrine a rempli les ‘’conditions minimales’’ pour une bonne rentrée des classes, a rassuré, lundi, son inspecteur d’académie (IA), Aboubacry Sadikh Niang.
Près de 95.000 élèves, tous niveaux confondus, et 3.500 enseignants reprennent cette semaine le chemin de l’école dans toute l’étendue de cette région située au centre du pays, a-t-il précisé, au terme d’un comité régional de développement (CRD) axé sur la préparation de la rentrée des classes, prévue le 12 novembre.
‘’Partout à travers la région de Kaffrine, des engagements fermes suivis d’effet sont en train d’être mis en œuvre sur le terrain. Au moment où nous parlons, les conditions minimales pour une bonne rentrée des classes sont réunies. Et ceci, en parfaite compréhension avec les exigences du protocole sanitaire’’, a rassuré l’IA de Kaffrine.
Le CRD, présidé par le gouverneur de Kaffrine, William Manel, a enregistré la présence des chefs d’établissement, des parents d’élèves, des autorités administratives, des syndicalistes, des chefs de service, des élus locaux.
La coordonnatrice régionale de la Coalisation des organisations en synergie pour la défense de l’’éducation publique (COSYDEP), Aïssatou Sanou Gaye Mbodj, a également assisté à la rencontre.
‘’La désinfection des établissements, la mise à disposition des intrants pédagogiques et la mise à disposition du matériel de lutte contre la COVID 19 sont déjà pris en compte. Pour une bonne rentrée des classes, nous avons prévu de mettre en place tous les dispositifs nécessaires’’, a ajouté Aboubacry Sadikh Niang.
Selon lui, ‘’par rapport à la longue pause des élèves due à la maladie à coronavirus, l’académie de Kaffrine mettra cette année en place un dispositif qui puisse permettre de consacrer les premières semaines de cette rentrée à un dispositif de renforcement et de remédiation pour pouvoir mettre les élèves dans le bain et aborder sereinement les nouvelles acquisitions’’.
‘’En attendant d’avoir la situation de la phase 2 du recrutement au CI [Cours d’initiation], nous sommes en mesure de dire à titre indicatif que la région de Kaffrine attend près de 95.000 élèves tous niveaux confondus’’, a-t-il informé. Un peu moins de 3.500 enseignants sont concernés par la rentrée des classes.
‘’Cette année, en termes d’enseignants, la région de Kaffrine a enregistré 169 départs, 84 arrivés. Donc, nous avons besoin de 85 enseignants’’, a relevé Aboubacry Sadikh Niang. Il a plaidé pour une dotation en personnels enseignants pour la région de Kaffrine aussi bien pour l’élémentaire que pour le moyen secondaire.
Lors du CRD, la COSYDEP a offert des kits d’hygiène à l’IA de Kaffrine, un geste selon sa coordonnatrice, Aïssatou Sanou Gaye Mbodj, destiné à mettre les élèves et les enseignants dans de bonnes conditions et éviter les risques de contamination à la COVID 19.
‘’La COSYDEP a fait un noble geste. Elle est une importante organisation qui nous accompagne à rendre possible le démarrage des cours dès les premiers jours de la rentrée. Nous nous félicitons de cette initiative de la COSYDEP’’, a magnifié l’IA de Kaffrine.
LES AGROPOLES VONT CRÉER 14.000 EMPLOIS DIRECTS
‘’Les agropoles sont des projets révolutionnaires du chef de l’Etat qui vont transformer l’économie de la Casamance’’ a souligné Moustapha Diop.
Kolda, 9 nov (APS) – Les agropoles que prévoit de mettre en place le gouvernement sénégalais vont permettre la création de 14.000 emplois directs et plus 35.000 emplois indirects, a affirmé, lundi à Kolda, le ministre des Industries, des Petites et Moyennes entreprises, Moustapha Diop.
‘’(…) avec les agropoles industriels, c’est 14.000 emplois directs, plus de 35.000 emplois indirects et qui vont impacter 365.000 ménages’’, a souligné le ministre, lors d’une visite de l’Agropole Sud.
Le ministre a entamé sa visite par la région de Ziguinchor, avant de se rendre dans celle de Kolda.
‘’Les agropoles sont des projets révolutionnaires du chef de l’Etat qui vont transformer l’économie de la Casamance’’, a-t-il souligné après une visite à l’unité de transformation des produits locaux de Sanankoro.
Le projet phare « Création de trois agropoles intégrées » vise à renforcer la valeur ajoutée des produits agricoles et à réduire la dépendance aux importations de produits agroalimentaires.
D’un point de vue opérationnel, il vise la création de 3 pôles de transformation agroalimentaire avec des vocations définies autour des filières de l’agriculture et de l’élevage, combinant des infrastructures et des services partagés et un cadre incitatif attractif et simplifié.
Les agropoles constitueront des pôles de développement agro-industriel facilitant la mise en réseau de tous les acteurs des chaînes de valeurs avec des capacités et des compétences accrues.
Elles servent de plateforme multi-filières d’incubation et d’intégration de technologies, d’équipements et de services en faveur des PME.
J’ASSUME TOUT LE MAL QUE J’AI PU DIRE DE MACKY SALL
La crise au PDS, ses relations heurtées avec le président de la République - Me El Hadji Amadou Sall dit tout
Invité de la matinale d’ITV, Me El Hadji Amadou Sall s’est prononcé sur l’actualité nationale marquée par le Gouvernement dit d’ouverture. Il est revenu de ses relations heurtées dans le passé avec le président de la République dont il est devenu allié via sa nouvelle formation politique, la crise qui prévaut au Parti démocratique sénégalais non sans oublier la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine.
Quelles sont les raisons qui ont poussé votre parti à intégrer le Gouvernement ?
La première raison, c’est notre liberté d’appréciation qui a guidé notre choix. La deuxième raison, c’est le contexte politique. Nous avons participé au dialogue politique et au dialogue national. Ils ont donné des résultats qui donnent satisfaction. C’est sur cette base que le président de la république Macky Sall nous a proposé un compagnonnage. En plus nous sommes dans un pays qui traverse des difficultés liées à l’émigration clandestine, à la situation économique qui est difficile, au Covid-19. Donc, nous avons besoin de stabiliser le pays, de stabiliser la vie politique et sociale, de faire en sorte qu’on se mette au travail pour le seul bien des sénégalais.
Vous n’avez pas été tendre avec Macky Sall. Vous l’avez traité d’incompétent et d’impuissant. Qu’est ce qui a changé entre temps.
A-t-il été tendre avec moi ? N’a-t-il pas dit que nous avions de la haine contre lui ? C’est le jeu politique. La vie politique est faite de joutes, de combat de corps à corps où beaucoup de coups sont permis. Oui, j’ai dit beaucoup de mal de Macky Sall. Ces partisans ont également dit beaucoup de mal de moi. Et, il y a le temps du combat, il y a aussi le temps de la discussion constructive. Nous sommes à la discussion constructive. Je ne dis pas que le passé est le passé mais nous étions dans un combat politique, il n’y avait aucun aspect personnel. Donc j’assume tout le mal que j’ai pu dire de Macky Sall comme, j’imagine, qu’ils assument tout le mal qu’ils ont pu dire de moi. Aujourd’hui, on rabat les textes, on se revoit et on parle. Je ne regarde pas dans le rétroviseur. Je regarde devant.
Le Pds traverse aujourd’hui des difficultés. Et ce que l’histoire ne vous donne pas raison ?
Ça doit être pénible d’avoir raison. C’est triste d’avoir raison pour des questions aussi essentielles. J’ai fait une partie de mes armes dans le Pds. J’ai fait une partie de ma classe politique dans le Pds. J’y ai noué des relations exceptionnelles. Abdoulaye Wade, je le considère à la fois comme un mentor, comme un guide et un père. Et le Pds fait partie de moi. Donc, il est naturel qu’on puisse avoir le cœur serré quand on parle d’un parti qui vous a tant donné. Mais c’est la vie. Les choses naissent, développent, s’étiolent ou meurent en fonction des évènements et des circonstances. Nous y avons été nous n’y sommes plus, permettez-moi de ne pas trop en dire. Ça me fait quand même un peu mal au cœur.
Quelle explication donnez-vous au phénomène de l’émigration clandestine ?
Au-delà de l’explication à donner, il faut d’abord dire à quel point c’est désastreux de voir nos enfants aller se battre en pleine mer pour leur propre survie. C’est l’expression ou la manifestation d’une grosse insuffisance dans la définition de nos politiques. Si les résultats étaient suffisants, si les résultats étaient satisfaisants nos enfants ne quitteraient pas, par vagues entières, pour aller dans des endroits où ils ne sont mêmes pas sûrs, d’ailleurs, de trouver leur bonheur. C’est l’échec de nos différentes politiques depuis l’indépendance et, il est temps qu’on s’arrête un instant et qu’on réfléchisse à ça, pour apporter des solutions. Il n’y a qu’une seule solution, c’est la création d’emploi qui résulte d’investissement.
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ON CONSTATE UNE IMMATURITÉ DÉMOCRATIQUE CHRONIQUE EN AFRIQUE
Invité de Alaasne Samba Diop, le journaliste chroniqueur, Elgas constate en faisant la lecture de la question du troisième en Afrique de l'Ouest, une immaturité démocratique chronique
Invité de Alaasne Samba Diop, le journaliste chroniqueur, Elgas constate en faisant la lecture de la question du troisième en Afrique de l'Ouest, une immaturité démocratique chronique.
PASTEF QUITTE LA COALITION JOTNA
Tout porte à croire qu’un malaise s’est installé dans cette coalition d’autant plus que le parti d'Ousmane Sonko affirme qu’il « reste ouvert à une collaboration plus souple et sans contrainte avec les autres parties prenantes »
Le parti d’Ousmane Sonko a pris « la décision de se retirer de la coalition Jotna », une coalition de partis politiques mise en place depuis septembre 2019. Une décision qui a été actée à travers un communiqué signé par l’administrateur général du parti et envoyé au Président de cette coalition, Bruno d’Erneville. Pastef/Les Patriotes assure que cette décision est née « d’une profonde réflexion et un processus de concertation interne ».
Un retrait qui intervient au moment où Ousmane Sonko, le leader des « Patriotes » a révélé, ce week-end via sa page Facebook, que Boubacar Camara, membre de la coalition Jotna a été reçu par le Président de la République Macky Sall. Une audience qui a même fait réagir Bruno d’Erneville: « En ma qualité de président de la coalition JOTNA, je n’ai jamais eu écho de cette rencontre », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Tout porte à croire qu’un malaise s’est installé dans cette coalition d’autant plus que Pastef affirme qu’il « reste ouvert à une collaboration plus souple et sans contrainte avec les autres parties prenantes », lit-on dans le communiqué. On risque d’assister, dans les jours à venir, à l’implosion de la coalition Jotna née sur les fonts baptismaux de la « Coalition Sonko Président ». En effet, Pastef tend la main à d’autres partis pour de nouvelles alliances en réitérant « son offre de fusion à toutes les parties prenantes de la coalition, offre déjà acceptée par une dizaine d’entre elles à ce jour », poursuit le communiqué.
A la présidentielle de février 2019, la coalition Sonko Président avait recueilli 15,67% des suffrages exprimés derrière respectivement les candidats Idrissa Seck (20,50%) et Macky Sall (58,27%).
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MARIÉES, MAIS SEULES
Leurs maris sont partis rejoindre ce qu’ils appellent « l’eldorado européen » et laissent derrière eux, femmes et enfants. Reportage au sud du Sénégal sur ces femmes devenues célibataires à leur dépens
Leurs maris sont partis rejoindre ce qu’ils appellent « l’eldorado européen » et laissent derrière eux, femmes et enfants. Notre reportage au sud du Sénégal sur ces femmes devenues célibataires à leur dépens.
par Madiambal Diagne
MACKY A UN COUP D'AVANCE
Le chef de l'Etat a désorganisé son opposition politique, en s’assurant déjà que les leaders qui restent ainsi dans cette opposition sont incapables de s’unir pour se mettre dans une dynamique unitaire
Tout le monde s’attendait à un remaniement gouvernemental, mais sans doute pas à un chamboulement de l’échiquier politique comme vient de le faire le président Macky Sall. A la faveur du remaniement opéré la semaine dernière, le chef de l’Etat a recomposé la scène politique, en élargissant notamment les bases de sa majorité. L’idée de faire revenir le camp de Idrissa Seck au sein de la majorité ainsi que la fraction du Parti démocratique sénégalais (Pds), conduite par Oumar Sarr, ne paraissait pas très opportune aux yeux de nombreux observateurs. En effet, le président Macky Sall, n’étant pas confronté à un problème de majorité politique après sa réélection l’année dernière, avec un score avoisinant les 60% des suffrages et pouvant compter sur une écrasante majorité parlementaire, n’était sous aucune pression pour avoir à s’associer à de nouvelles forces politiques afin de maintenir la stabilité et la cohésion de son régime. Il s’y ajoute que l’idée de s’ouvrir à l’opposition pourrait faire nourrir certaines appréhensions. D’aucuns ont pu considérer que la situation politique et/ou économique n’était pas si dramatique, au point de chercher à s’allier coûte que coûte avec l’opposition. Surtout que cette opposition ne pourrait pas donner des gages certains de sincérité ou de fidélité, ou même de meilleures compétences.
En revanche, l’entrée au gouvernement de personnalités politiques de l’opposition leur permettrait de se faire une nouvelle santé financière et de pouvoir caser certains de leurs camarades et militants. Alors que l’histoire politique sénégalaise a enseigné que des opposants, invités à la table du Conseil des ministres, ne se gêneraient pas pour quitter le navire une fois que la situation ne les arrangerait plus ou qu’ils seraient dans une logique de disputer des élections sous leur propre bannière. On a déjà vu ce schéma avec Abdoulaye Wade et Abdou Diouf (1993 et 1995). Au demeurant, la taille d’un gouvernement n’étant pas extensible à souhait, les places données à l’opposition le seraient au détriment du camp du président Sall. La recomposition devrait induire de délester le parti présidentiel de postes ministériels, au profit de nouveaux arrivants de l’opposition. En outre, l’entrée de l’opposition au gouvernement pourrait impacter négativement le gouvernement qui pourrait donner l’air d’un partage du gâteau. Le risque étant également de donner l’image d’un pouvoir cherchant toute aide pour se légitimer après juste 18 mois de mandat. Le président Macky Sall a choisi de ne pas écouter ces voix pourtant assez audibles. A l’analyse, son choix d’ouvrir son alliance politique à de grands pans de l’opposition semble gagnant et lui donne davantage les coudées franches.
Le bon sens politique de Macky Sall
L’opération a indubitablement permis au président Sall de montrer la justesse de sa posture et sa légitimité politique reconnues, de bon gré, par de virulents adversaires politiques qui exprimaient des velléités de contester sa réélection, en février 2019 au premier tour du scrutin. Ces personnes seront maintenant bien mal placées pour lui porter la critique. Un artiste français disait : «L’homme politique est devenu un si habile manipulateur qu’il se rapproche de l’illusionniste.» En effet, on ne le dira jamais assez, en politique, la fin justifie les moyens. C’est ce que distillait Machiavel dans son «célébrissime» ouvrage Le Prince, quand il affirme que : «Tout bien considéré, (le prince) trouvera quelque chose qui semble être vice, mais en la suivant, il obtient aise et sécurité». Aussi, «toute vertu ne concourt pas nécessairement à la conservation de l’Etat et à la sauvegarde du trésor public». La philosophie de gouvernance politique de Macky Sall demeure de s’associer avec le plus large spectre de familles politiques. C’est ainsi qu’il a su asseoir des alliances politiques depuis son arrivée au pouvoir en 2012, en enjambant tous les clivages partisans, idéologiques ou personnels. Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Djibo Leyti Kâ ont pu travailler dans une même alliance politique. Des Libéraux ont travaillé avec des personnalités socialistes ou des communistes.
La dernière surprise du chef a donc été de se rallier à nouveau avec Idrissa Seck, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle avec plus de 20% des suffrages. La nouvelle recomposition politique qui se dessine élargit considérablement les bases du régime de Macky Sall. On annonce l’arrivée certaine de El Hadji Malick Gakou dans la nouvelle majorité ainsi que de certains autres ténors de la Grande alliance qu’il avait mise sur pied avec d’autres candidats malheureux à l’élection présidentielle, comme Me Madické Niang, Issa Sall ou d’autres leaders comme Cheikh Hadjibou Soumaré ou Abdoulaye Baldé. Le gain politique pour le président Sall est énorme. Il se donne les atouts, avec ces belles prises, pour s’assurer un raz de marée électoral aux prochaines élections locales et législatives. Macky Sall aura, par ce biais, étendu son hégémonie politique dans des circonscriptions qui lui étaient restées hostiles, comme Thiès, Touba, Ziguinchor, Oussouye ou Bignona, ou dans la banlieue de Dakar, où le président a un grand besoin de renforcer son assise politique. On ne voit pas cette alliance se disloquer au bout de quelques petits mois, car les opposants qui ont intégré le pouvoir de Macky Sall se disqualifieraient beaucoup si, sitôt entrés, ils trouvaient des raisons de le quitter.
De toute façon, cette nouvelle alliance si elle débouche, comme on s’y attend, sur un projet électoral commun, devrait permettre au camp du président Sall de s’assurer un triomphe dans la plupart des circonscriptions électorales du pays. L’agrégation des voix potentielles lui donnerait une victoire sans bavure et lui assurerait davantage des conditions plus sereines, jusqu’à la fin du mandat présidentiel en cours. Dans l’absolu, si d’aventure une telle alliance électorale devait se disloquer au lendemain des élections à venir, on peut considérer que le président Macky Sall aurait préalablement fini de placer, sur les listes dans des circonscriptions où son parti serait assez faible pour risquer d’être défait, et à des positions éligibles, des personnalités politiques qui lui resteraient fidèles, quelle que soit l’issue de ce compagnonnage. On a vu des membres de la société civile s’étrangler de rage, considérant que les hommes politiques auraient trahi la Nation au gré de leurs propres intérêts. Cela donne encore du sens à l’enseignement de Platon qui disait que «ceux qui sont trop intelligents pour entrer en politique sont punis en étant gouvernés par ceux qui le sont moins».
La panacée du dialogue pour se sauver d’un mauvais syndrome
Le chef de l’Etat a eu l’initiative d’impulser un dialogue politique et social qu’il avait voulu large et inclusif. Tous les acteurs ayant participé à ce dialogue en étaient arrivés à la conclusion de la nécessité de procéder à une ouverture, encore plus large, de la gouvernance politique. On peut considérer que le président Sall les aura pris au mot. Le contexte politique en Afrique, particulièrement dans la sous-région, donne encore du sens à cette volonté générale au Sénégal d’une ouverture plus large à la classe politique pour trouver des consensus et assurer les conditions d’une paix politique et civile. La recomposition politique qui vient donc d’être opérée consacre cette exception sénégalaise. Une autre raison qui conforterait le président Sall est relative à l’ambition de relancer l’économie du pays, après les ravages économiques et sociaux consécutifs à la pandémie du Covid-19. L’union «sacrée» autour du chef de l’Etat et les synergies en découlant permettraient de faire l’économie de troubles politiques ou sociaux et donneraient des chances de conduire des actions efficaces de reconstruction. Le président Macky Sall n’aurait pas voulu s’arrêter en si bon chemin. Il serait de ses intentions de chercher à rallier le camp du président Wade à la nouvelle mouvance, mais ce dernier ne souffrirait pas l’idée de donner sa bénédiction à des personnalités comme Idrissa Seck et Oumar Sarr, que la rhétorique du Parti démocratique sénégalais (Pds) présente comme des renégats. En prenant le groupe de Oumar Sarr dans ses filets, le Président Sall a fini de donner l’estocade au Pds. Macky Sall reste ferme, pour ne pas dire intransigeant, sur son refus d’envisager toute idée d’amnistier les crimes économiques pour lesquels Karim Wade et Khalifa Sall sont condamnés par la justice.
L’emprise sur le camp présidentiel
Le président Sall aura fait d’une pierre plusieurs coups. L’élargissement de sa majorité permettrait de pallier la supposée perte de vitesse de certains vieux alliés comme le Parti socialiste (Ps), l’Alliance des forces de progrès (Afp) ou le Parti de l’indépendance et du travail (Pit). La recomposition politique va aussi permettre au président Sall de réaliser une reprise en main de son appareil politique au sein de son parti, l’Alliance pour la République (Apr). Il a, à l’occasion, limogé des responsables politiques d’envergure. Les départs de Aminata Touré, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé et Oumar Youm auront permis au chef de l’Etat de clarifier en quelque sorte le jeu politique au sein de son parti. C’était un secret de polichinelle que ces personnalités politiques étaient en délicatesse avec le chef de l’Etat du fait que leurs agendas personnels pourraient se révéler incompatibles avec les exigences du «patron», ou que par leurs actes, attitudes ou comportements, le degré de confiance que le président de la République leur accordait aurait beaucoup baissé. On a vite fait de conclure que le limogeage de ces personnalités politiques serait justifié par des ambitions politiques qui leur seraient prêtées pour l’horizon 2024.
Qu’à cela ne tienne ! Le cas échéant, le président Sall aura au moins le mérite de libérer de telles ambitions qui pourraient désormais s’exprimer sans aucune entrave. Il reste que ce ne serait pas trahir un secret d’Etat que de dire qu’aucune de ces personnalités politiques ne pouvait ignorer la limite et les conditions que le Président Sall avait fixées à leur compagnonnage. Le président Macky Sall n’apparaîtrait plus, lui-même, crédible, s’il continuait de se coltiner certaines personnalités. De toute façon, il n’aurait pas perdu au change. A l’exception d'Aminata Touré, ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), remplacée par Idrissa Seck, toutes ces autres personnalités semblent s’inscrire dans une logique de rester en réserve du président Macky Sall. L’avenir dira ce qu’il en adviendra, mais on doit souligner que Macky Sall n’a pas décidé de se passer de leurs services sur un coup de tête. Il a patiemment pris le soin de leur chercher des doublures au niveau des bases politiques en question. Aussi, le remaniement du gouvernement lui aura permis de mettre le pied à l’étrier à des cadres politiques, jeunes et technocrates, qui ne manqueront pas d’avoir à l’esprit l’engagement, le dévouement, le devoir de mouiller le maillot, d’autant qu’ils auront conscience des tares et autres écueils fatals à leurs prédécesseurs. En revanche, l’attitude de defiance, à son égard, de Aminata Touré, lors de son départ du Cese, démontre à suffisance que le Président Macky Sall ne devrait rien avoir à regretter. Il a l’avantage de pouvoir mettre à l’épreuve tout ce groupe.
On retiendra que le président Sall a semblé bien réussir son coup. Il a désorganisé son opposition politique, en s’assurant déjà que les leaders qui restent ainsi dans cette opposition sont incapables de s’unir, de s’entendre, pour se mettre dans une dynamique unitaire. On connaît suffisamment les gros problèmes d’ego qui empêchent ces leaders de l’opposition que sont Ousmane Sonko, Karim Wade, Khalifa Ababacar Sall, Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, Pape Diop, à se mettre autour d’une table pour s’entendre sur des causes communes. El Hadji Malick Gakou qui servait de trait d’union a fini par choisir le camp du président Sall.
3 NOUVEAUX CAS, PLUS QUE 35 PATIENTS SOUS TRAITEMENT
’’Le ministère de la santé et de l’action sociale a reçu les résultats ci-après : sur 544 tests réalisés, 3 sont revenus positifs, soit un taux de 0,55%’’, a notamment précisé le directeur de la prévention, au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Dakar, 9 nov (APS) – Trois nouvelles contaminations de Covid-19 ont été dénombrées au cours des dernières 24 heures au Sénégal à partir de tests virologiques réalisés sur 544 individus, a appris l’APS de source officielle.
’’Le ministère de la santé et de l’action sociale a reçu les résultats ci-après : sur 544 tests réalisés, 3 sont revenus positifs, soit un taux de 0,55%’’, a notamment précisé le directeur de la prévention, au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Intervenant lors du point quotidien sur la situation de l’épidémie dans le pays, le docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a précisé qu’aucun cas importé n’avait été enregistré parmi les nouvelles infections.
Les deux sont des contacts suivis par les services sanitaires alors que le dernier, à la source de transmission est inconnue, a été localisé dans la commune de Rufisque, a-t-il souligné en annonçant dans la foulée la guérison de 13 patients supplémentaires.
Le directeur de la Prévention a, dans le même temps, assuré qu’aucun décès n’avait été enregistré au cours des dernières 24 heures, tandis que le nombre de patients encore sous traitement est de 35.
Depuis l’apparition de la maladie dans le pays, 15711 cas positifs ont été officiellement déclarés. A ce jour, 326 décès ont été comptabilisés tandis 15.349 ont recouvré la santé, d’après les données du ministère de la Santé.
LES TRANSFERTS DES ÉMIGRÉ ONT BAISSÉ DE 9% EN 2020
En Afrique subsaharienne, notamment au Sénégal, les familles qui dépendent de ces fonds sont rudement éprouvées
A cause de la pandémie de Covid-19 et la crise économique engendrée, les envois de fonds des travailleurs migrants vers leurs pays d’origine devraient reculer de 14% d’ici 2021 par rapport au niveau d’avant la pandémie en 2019. Selon les dernières estimations de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, le repli enregistré en Afrique subsaharienne va s’établir en 2020 et 2021 respectivement à 9 et 6%.
Face à cet ennemi mondial, les migrants courent plus le risque d’attraper le virus que de se retrouver au chômage. Un état de fait qui a induit un repli des envois de fonds vers leurs pays d’origine. En Afrique subsaharienne, notamment au Sénégal, les familles qui dépendent de ces fonds sont rudement éprouvées.
Selon les projections de la Banque Mondiale, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient reculer d’environ 9% en 2020, à 44 milliards de dollars. Même si, signalent-ils, les flux à destination du Kenya restent pour l’instant positifs, ils devraient finir par plonger en 2021. « Les transferts vers tous les grands pays bénéficiaires devraient baisser. La pandémie de COVID-19 touchant à la fois les pays d’origine et de destination des migrants subsahariens, ce tassement des remises migratoires devrait aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté », renseigne la note d’information consultée par « L’As ».
Mieux, les coûts des transferts, indique-t-on, notamment le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars vers la région, s’établissent à 8,5% au troisième trimestre 2020, en léger repli par rapport à l’an dernier (9%). Non sans préciser, à cet effet, que l’Afrique subsaharienne reste la région la plus chère du monde comparée aux autres régions du monde. « Le déploiement de technologies numériques, conjugué à la mise en place d’un environnement réglementaire favorisant la concurrence entre opérateurs et à un examen de la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, est indispensable pour faire baisser le coût des transferts de fonds dans la région », recommande le groupe de la Banque Mondiale.
Par ailleurs, la note d’information de l’institution financière internationale signale que les envois de fonds devraient reculer dans toutes les régions en 2020 et 2021, avec un repli particulièrement marqué en Europe et en Asie centrale (de respectivement 16 et 8%), devant l’Asie de l’Est et le Pacifique (11 et 4%), le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (8% pour les deux années), l’Asie du Sud(4et11%) et l’Amérique Latine et les Caraïbes (0,2 et 8%).« Les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient se replier à 508 milliards de dollars en 2020, en recul de 7%, avant de connaître un nouvel effondrement en 2021, à 470 milliards de dollars (-7,5%) », annonce la Banque Mondiale.
Cet effondrement des envois de fonds des travailleurs migrants s’explique en grande partie, d’après ladite institution financière, par l’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emplois dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar. C’est pour cela qu’elle recommande aux pays de trouver des solutions pour favoriser la réinstallation des migrants de retour en les aidant à trouver un emploi ou à créer une entreprise.
Enfin, le groupe de la Banque Mondiale révèle que pour la première fois dans l’histoire récente, le nombre de migrants internationaux va baisser cette année, à la faveur d’un ralentissement des nouveaux départs et d’une hausse des retours vers les pays d’origine. Ce qui, informe la note, va accentuer la hausse du chômage parmi les migrants et les réfugiés, provoquée par des restrictions plus strictes en matière de visas.