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1 juillet 2025
MACKY S’ENGAGE SUR LES GRANDS CHANTIERS DE TOUBA
Le président a promis de renforcer le plateau technique sanitaire à Touba, aider à la construction de l’université Khadim Rassoul en plus de la construction de nouveaux forages et châteaux d’eau.
Renforcer le plateau technique sanitaire à Touba, aider à la construction de l’université Khadim Rassoul en plus de la construction de nouveaux forages et châteaux d’eau. Telles sont les différentes promesses auxquelles s’est engagé le président Macky Sall, en visite, lundi dans la cité religieuse. L’édition 2020, qui se déroule dans un contexte assez particulier avec la pandémie de la Covid-19, est prévue 6 octobre prochain.
Le chef de l’Etat qui était accompagné d’une délégation réduite a remercié le khalife, Serigne Mountakha Mbacké qui, lors du 1er Safar, avait témoigné sa reconnaissance envers lui. C’est dans ce sens que le chef de l’Etat a tenu à réitérer son engagement à soutenir et accompagner le khalife pour faire de tous les grands projets de Touba une véritable réussite.
800 EX-TEMPORAIRES DE L’EX-REGIE DES CHEMINS DE FER RECLAMENT 1,083 MILLIARD A L’ETAT
Plus de 800ex-temporaires de l’ex-régie des chemins de fer du Sénégal courent derrière un contentieux social avec l’Etat depuis 4ans, après qu’un acompte de 40% a été réglé par le régime libéral.
Plus de 800ex-temporaires de l’ex-régie des chemins de fer du Sénégal courent derrière un contentieux social avec l’Etat depuis 4ans, après qu’un acompte de 40% a été réglé par le régime libéral. Devant la presse hier, Aly Diallo Sow, président de ces ex-temporaires, affirme qu’ils réclament une enveloppe de 1,083 milliard de Fcfa à l’Etat.
Las d'attendre la concrétisation des promesses de règlement définitif du contentieux social les opposant à l’Etat du Sénégal, plus de 800 ex-temporaires de la Régie des Chemins de Fer (Rcfs) ont fait hier face à la presse pour réclamer à l'État du Sénégal leur dû, soit une enveloppe de 1,083 milliard de Fcfa. Ces pères de familles courent derrière ce dû depuis 4 ans et il s’agit d'un reliquat du paiement de différentiels de salaires des années où ils étaient maintenus comme temporaires contrairement au code du travail, après qu’un acompte de 40% a été libéré par le régime libéral de Me Abdoulaye Wade.
Pour Aly Diallo Sow, Président des ex-temporaires, ce sont des travailleurs de l’ex-Régie des chemins de fer du Sénégal qu’on appelait à l’époque les ex-temporaires. C’est parce qu’à la suite d’une longue lutte marquée par des licenciements, des menaces, etc., ils ont été reclassés avec des contrats à durée indéterminée (CDI) en 1996, avec un effet de rétroactivité, la date d’entrée effective dans l’entreprise ayant été prise en compte. En ce qui concerne le paiement des droits de ces travailleurs, une partie a été réglée par le régime libéral de Me Abdoulaye Wade, mais ils courent derrière le reste depuis lors, l’Etat restant leur devoir une enveloppe globale de 1,083 milliard de Fcfa.
Selon lui, le Premier Ministre d’alors Boun Abdallah Dionne, avant de quitter ses fonctions, avait demandé solennellement au ministre des Finances de procéder le plus rapidement possible au paiement et avant la dernière élection présidentielle. Mais se désole-t-il, malgré cet ordre du Premier Ministre, la situation est restée en l’état, sans que les ayants droit ne sachent où se situent les blocages. Et la grande majorité des bénéficiaires réside à Thiès où ils ont subi l’épreuve de la pandémie de COVID-19 et des inondations, sans avoir les moyens de faire face.
Aly Diallo Sow hausse le ton et souligne que l’ensemble des cheminots se sont retrouvés comme un seul homme pour demander à l’Etat de réparer cette injustice dans les meilleurs délais d’autant plus que pendant ces 4 dernières années, beaucoup de bénéficiaires ont perdu la vie, dans des conditions douloureuses. Il s’y ajoute qu’il y a des retraités malades et tout le monde sait que l’Institut de Prévoyance Retraite au Sénégal (IPRES) a des difficultés dans la prise en charge médicale de ces retraités. Les veuves sont également dans des problèmes difficiles à expliquer.
La seule alternative à ses yeux est que l’Etat fasse son travail et que le dû soit viré comme l’avait instruit l’ancien Premier Ministre. D’ores et déjà, dit-il, la mobilisation est sonnée de Dakar à Kidira et aucune piste n’est écartée pour que justice soit faite. Les ex-temporaires ont tenu leur rencontre à la bourse du travail de Thiès, histoire de rendre un hommage méritée à Mody Guiro qui s’est beaucoup investi sur la question avec l’ancien ministre des Finances Abdoulaye Diop, ce qui s’était traduit par le décaissement de l’acompte de 40%.
LE CONSTITUTIONNALISTE NGOUDA MBOUP «CORRIGE» MANSOUR FAYE
A l’en croire, l’Ofnac a bel et bien les compétences pour entendre le ministre du moment où aucun article de la Constitution ne l’interdit
Il ne faut pas compter sur le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, M. Mansour Faye, pour déférer à une quelconque convocation de l’Ofnac suite aux plaintes de Guy Marius Sagna de Frapp et Pr Babacar Diop du parti FDS (Forces démocratiques et sociales). Ces derniers reprochent à Mansour Faye une mauvaise gestion du marché de transport de l’aide alimentaire destinée aux nécessiteux et supputent qu’il a enrichi des gens du régime en place sur le dos des Sénégalais.
Invité du « Grand jury » de la Rfm, une émission animé par Babacar Fall, le beau-frère du président de la République a soutenu que l’Ofnac n’a pas les compétences pour auditionner un ministre, encore moins l’auditer. Pour le constitutionaliste Pr Ngouda Mboup de l’Ucad, au contraire, dans la mesure où aucun article de la Constitution n’interdit cette possibilité, rien n’empêche l’Ofnac d’entendre le ministre Mansour Faye.
Le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale refuse de déférer à une éventuelle convocation de l’Office national de lutte contre la corruption, l’Ofnac. Il l’a fait savoir, avant-hier, au cours de l’émission « Grand-jury » animée par Babacar Fall sur la Radio Futurs Médias. D’après M. Mansour Faye, l’organe dirigé par Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté n’a pas compétence à convoquer un ministre. Prenant son contrepied, le constitutionaliste et enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques de l’UCAD, Pr Ngouda Mboup, estime que le beau-frère du président de la République Mack Sall a tout faux de ne pas déférer à une quelque convocation si toutefois l’Ofnac décidait de l’auditer.
A l’en croire, l’Ofnac a bel et bien les compétences pour entendre le ministre Mansour Faye du moment où aucun article de la Constitution ne l’interdit. “Au plan du droit, le ministre Mansour Faye pourrait bien être auditionné par l’Ofnac dans la mesure où aucun article de la Constitution n’interdit cette possibilité. Rien n’empêche l’Ofnac d’entendre le ministre Mansour Faye. L’Ofnac a tous pouvoirs dès qu’ils n’empiètent pas sur les enquêtes en cours, notamment sur une enquête judiciaire » a soutenu le juriste Pr Ngouda Mboup sur les ondes de la même station. « Seul le président de la République, qui bénéficie d’une immunité totale, n’a pas à répondre devant l’Ofnac » « L’enquête de l’Ofnac ne doit pas se transformer en une enquête judiciaire.
A l’image de l’Ige, il s’agit du travail pour exercer son pouvoir de contrôle. L’Ofnac essaie de voir comment le fonctionnement du département du ministère de Mansour Faye a pu aboutir à cette affaire sans porter de jugement » a ajouté le constitutionaliste et enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques à l’Ucad, Pr Ngouda Mboup. Selon qui, il s’agit tout simplement de décortiquer les règles de procédures de passation des marchés. Et pour l’Exécutif, seul le président de la République, qui bénéficie d’une immunité totale, n’a pas à répondre devant l’Ofnac.
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LA REFONDATION DE L'ARCHITECHTURE POLITIQUE ET INSTITUTIONNELLE DES ETATS ET DE LEUR GOUVERNANCE
Mame Lika Sidibé accueille Pr Babacar Gueye, Dr Serigne Bamba Gaye et Dr Selly Ba pour la cinquième numéro des webinaires de l'Université Cheikh Ahmadou Bamba
Mame Lika Sidibé accueille Pr Babacar Gueye, Dr Serigne Bamba Gaye et Dr Selly Ba pour la cinquième numéro des webinaires de l'Université Cheikh Ahmadou Bamba : Le Thème 5/5: Paix - Sécurité - Stabilité Sociale. • Sujet 1| La refondation de l'architecture politique et institutionnelle des Etats et de leur gouvernance: une réponse aux défis sécuritaires (Pr Babacar Gaye) • Sujet 2| Crises politiques et conflits au Sahel (Dr Serigne Bamba Gaye) • Sujet 3| La prédication féminine au Sénégal: quel rôle des femmes dans la lutte contre l'extrémisme, la construction de la paix et la stabilité sociale (Dr Selly Ba)
TAHIR NDIAYE NOMMÉ DG DE SKY-MALI
L’expertise sénégalaise se distingue encore à l’étranger
L’ancien directeur Commercial et Marketing d’Air Sénégal, M. Tahir Ndiaye, vient d’être nommé directeur général de Sky-Mali. Une toute nouvelle compagnie aérienne dont le décollage est imminent ! Assurément, les administrateurs maliens de Sky-Mali ne se sont pas trompés de choix en jetant leur dévolu sur notre compatriote Tahir Ndiaye considéré comme l’un des meilleurs experts et managers africains en matière de transports aériens.
Le conseil d'administration de Sky-Mali Sa s’est réuni le mardi 22 septembre dernier à Bamako. A l’issue de son assemblée générale, il a nommé notre compatriote Tahir Ndiaye à la tête de la toute nouvelle compagnie aérienne malienne Sky-Mali. Tahir cumulera d’ailleurs cette fonction avec celles de directeur commercial et marketing. Une nomination qui homologue le savoirfaire et l'expertise avérée de notre compatriote Tahir Ndiaye qui fut un bon directeur Commercial et Marketing d’Air Sénégal avant de partir suite à une brouille de compétence avec les Français qui venaient de prendre toutes les commandes de notre compagnie aérienne nationale. Diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris, Tahir Ndiaye est un spécialiste en Finances-Comptabilité et expert en Transports et Distribution. Egalement titulaire d’un diplôme de troisième cycle en informatique de gestion de l’Université de Paris-Dauphine et d’un Mba de l’Université du Québec à Montréal (Uqam), il a une connaissance pointue du secteur du tourisme et des transports aériens. Il pouvait déjà s’en arrêter là mais, décidément insatiable en matière de formation et de diplômes, le nouveau directeur général de Sky-Mali est encore allé à la conquête d’autres expertises et connaissances dans divers domaines.
Ainsi, il est successivement diplômé de l’Institut International des Transports de Mulhouse (France), de l’Université de technologie de Bayonne (France) et de l’Université de Marketing et Ventes IATA de Genève (Suisse). Fort de tous ces diplômes, Tahir Ndiaye s’est vu confier la sous-direction Marketing Ventes à Air France (1988-1996). Et successivement, il a eu à occuper les postes de directeur régional de IATA en Afrique de l’Ouest, directeur régional de Travelport, directeur commercial de Asky-Airlines, directeur Cabinet de Conseil et Consultance « Affirmative Afrique » et autres postes relatifs au transport aérien où il a fait ses preuves. Tabir Ndiaye était aussi chargé du projet de la mise en œuvre de la compagnie sénégalaise Air-Sénégal Sa. Une performance suffisamment rare pour être saluée. Mais en réalité, ce triomphe ne surprend que ceux qui ne connaissent pas Tahir Ndiaye qui est un haut cadre du transport aérien international connu, outre sa compétence, pour sa droiture, son éthique et sa ponctualité sur les tous tarmacs d’Afrique. Malheureusement, nul n'est prophète en son pays ! L’adage s’est vérifié à Bamako où les administrateurs maliens de Sky-Mali sont tombés sous le charme des qualités multidimensionnelles et des compétences managériales de notre compatriote Tahir Ndiaye. Dieu sait qu’ils ne se sont pas trompés de choix sur le profil de haut vol de celui est désormais chargé de faire décoller de façon imminente la compagnie aérienne malienne Sky-Mali. Fondée grâce à des capitaux privés (4 milliards cfa) rassemblés par des hommes d’affaires de ce pays voisin, Sky-Mali a déjà réceptionné son premier Boeing 737-500 dont le vol test entre Bamako et Kayes a connu un succès éclatant.
Un autre Boeing 737 et un Embraer ERJ 145 vont bientôt renforcer la flotte de la jeune compagnie. Sky Mali se positionne sur le créneau des vols domestiques pour desservir les capitales régionales du Mali : Kayes, Mopti, Gao et Tombouctou. Elle ambitionne aussi de relier Bamako à plusieurs villes d’Afrique de l’Ouest et du Centre comme Dakar, Abidjan, Libreville, Lomé, Douala, Ndjamena etc. afin de répondre à la forte demande des nombreux maliens de la diaspora.
Un vrai challenge pour Tahir Ndiaye dans un contexte où presque toutes les compagnies aériennes traversent des zones de turbulences liées à la Covid19. Mais nous n’en sommes pas encore là puisque Sky-Mali entend surtout contribuer au désenclavement et à la cohésion des territoires du Mali. Il est vrai, certains ingénieurs ont inventé de nouveaux avions. D’autres experts, techniciens et opérateurs ont amélioré et révolutionné l’offre des compagnies aériennes en procédant à la baisse des prix des billets d’avion plus compétitifs et plus rentables sur le long terme.
Le tout nouveau Dg de Sky-Mali, en l’occurrence Tahir Ndiaye, fait partie de ces hommes-là ! Et « Le Témoin » quotidien est convaincu qu’il ne ménagera aucun effort pour mettre son expertise et son expérience au profit de Sky-Mali. A défaut d’être prophète chez lui…
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
TROIS DECENNIES POUR PRENDRE LE POUVOIR
En 30 ans, le Sénégal a enregistré des progrès importants dans la scolarisation des filles. Résultat : aujourd’hui dans tous les examens au niveau des ordres d’enseignement du primaire, du moyen et du secondaire, les filles dament le pion aux garçons
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 29/09/2020
La conférence mondiale sur l’Éducation Pour Tous (EPT) réunie à Jomtien, en Thaïlande, et la 4e Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue à Pékin en septembre 1995 ont été un tournant décisif dans l’inscription massive des filles à l’école avec un projet comme la Scofi et aussi l’appui de la coopération bilatérale et de certaines institutions internationales. En 30 ans, le Sénégal a enregistré des progrès importants dans la scolarisation des filles. Résultat : aujourd’hui dans tous les examens au niveau des ordres d’enseignement du primaire, du moyen et du secondaire, les filles dament le pion aux garçons de par le nombre d’inscrits et, souvent, le taux de réussites
Les droits des filles et des femmes sont garantis par la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement et le Programme d’Action élaboré lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui a eu lieu à Pékin en septembre 1995. Ledit programme, adopté à l’unanimité par les 189 Etats présents, définit douze domaines prioritaires d’intervention qui se déclinent en un ensemble d’objectifs stratégiques ; l’objectif 2 étant de favoriser l’égal accès à l’éducation et à la formation. Les gouvernements y reconnaissent que « l’égalité des droits, des chances et de l’accès aux ressources, le partage égal des responsabilités familiales et un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes sont essentiels à leur bien-être et à celui de leurs familles ainsi qu’à l’affermissement de la démocratie ».
La Conférence de Pékin proclame que l’égalité entre les femmes et les hommes est une condition essentielle du développement durable, de la paix et de la démocratie. Douze objectifs stratégiques sont identifiés, que les Etats s’engagent à traduire dans des politiques nationales. Cinq ans avant la plateforme de Pékin, la conférence mondiale sur l’Éducation Pour Tous (EPT) s’est réunie à Jomtien, en Thaïlande. Les représentants de 155 pays et 150 organisations se sont engagés à garantir la scolarisation de base pour tous à l’orée 2000.
Ainsi plusieurs institutions internationales se sont engagées à promouvoir le développement de la scolarisation des filles. Ainsi, entre 1999 et 2007, des progrès considérables ont été effectués au niveau mondial : environ 22 millions de filles de plus ont été inscrites dans les écoles primaires. De ce fait, les écarts entre les sexes au niveau des inscriptions à l’école primaire ont diminué dans beaucoup de pays.
Et vint le SCOFI !
Au niveau national, des initiatives n’ont pas manqué. C’est ainsi que le Sénégal, bien que plongé dans une crise économique sans précédent, s’est engagé à mettre en œuvre les décisions de Pékin et de Jomtien. Au niveau du ministère de l’Éducation nationale, le projet gouvernemental de scolarisation des filles appelé Scofi a été mis en place en 1994. Il a essentiellement pour vocation et mission de mener des actions de plaidoyer, d’information, de communication visant à promouvoir massivement l’inscription des filles à l’école. Dans un pays où les traditions et religions confinent la femme à un statut de soumission, où l’on pense dans certains milieux conservateurs que l’éducation d’une fille n’est pas à pousser comme le dit Nabou dans Une si longue lettre de Mariama Ba, les résistances à un tel projet n’ont pas manqué.
L’objectif de la Scofi n’est pas seulement de scolariser mais aussi de pousser les filles à rester aussi longtemps à l’école que les garçons. Depuis les années 90, on a noté une baisse des inégalités sexuées dans la population scolaire. Si les inscriptions des garçons semblent connaitre un ralenti, celles des filles se sont nettement améliorées. Mais les statistiques ont montré que les garçons sont encore plus aptes à poursuivre les longues études. En 2000, les filles représentent 48,5 % des effectifs du primaire, mais 45,3 % des effectifs de l’enseignement secondaire, et seulement 25 % des effectifs de l’université de Dakar. Cette sous-représentation aux niveaux supérieurs est liée à des motifs économiques, familiaux, personnels, scolaires, à la violence physique, psychique voire sexuelle en milieu scolaire.
En 2018, il y a eu plus de filles inscrites au CI que de garçons
234584 contre 214842. Et il faut souligner que dans toutes les régions du Sénégal excepté Kédougou, Sédhiou, Rufisque et Ziguinchor, le taux d’inscription des filles est supérieur à celui des garçons. Et Diourbel, où les résistances ont été les plus vives contre la scolarisation des filles, a été pendant cette année 2018 la région où l’on a enregistré un fort taux d’inscription des filles au CI avec 20 996 contre 16 964 garçons. Et ce même si la région n’a pas enregistré un TBA (Taux Brut d’Admission) supérieur à 100 % chez les filles. L’analyse du taux global des inscriptions au CI selon le genre montre que le TBA au CI des filles est supérieur à celui des garçons. Cette situation traduit un indice de parité en faveur des filles.
En 2018, les effectifs scolarisés dans l’enseignement moyen général s’élevaient à 722 356 élèves dont 52,8 % de filles. Au niveau des académies, il apparaît selon un rapport de l’ANSD que celles de Thiès (120 610), de Pikine-Guédiawaye (88 920) et de Dakar (67 846) ont les plus gros effectifs tandis que celles de Kédougou (8 189), de Kaffrine (13 944) et de Matam (23 337) ont les plus faibles effectifs. En 2018, l’effectif total des élèves du secondaire général était de 339 225, dont 170 418 filles, soit 50,2 %. Donc la majorité des élèves du secondaire général étaient de sexe féminin cette année-là. Une tendance qui s’est poursuivie.
En effet entre 2000 et 2020, des pays de géants semblent avoir été franchis. Ainsi l’on remarqué qu’au niveau des résultats, que les filles, qui représentaient 54 % des candidats ayant subi les épreuves, ont réalisé une meilleure performance que les garçons à l’examen du Baccalauréat 2020 au Sénégal. Leur taux d’admission est de 52 %, toutes séries confondues, faisant mieux que les garçons.
Pour le BFEM, l’on a enregistré 177 434 candidats dont 54 % de filles. Les résultats détaillés ne sont pas encore disponibles mais les filles sont parties pour prendre le dessus sur les garçons.
Pour le CFEE et l’entrée en 6e de cette année-ci, les filles représentent 53 % des 285 812 candidats. Là aussi, la supériorité côté résultats est plutôt féminine. Pendant ces trois décennies, c’est-à-dire depuis Jomtien, le Sénégal est parvenu est combler le gap existant entre les garçons et les filles en matière de scolarisation. Mais toutefois le décrochage ou le maintien des filles aux niveaux moyen, secondaire et supérieur demeure encore un problème. Les facteurs culturels, les pesanteurs sociales, la pauvreté, les difficultés sociales demeurent encore des goulots d’étranglement pour atteindre l’objectif de les maintenir à l’école le plus longtemps possible.
QUAND LES FILLES S’APPROPRIENT… L’EXCELLENCE
Alors qu’il a fallu mener un rude et long combat pour leur scolarisation, puis, une fois cela fait, leur maintien à l’école, les filles ont dépassé tout cela aujourd’hui et nourrissent d’autres ambitions.
Les fruits d’une discrimination positive et d’une mobilisation de tous les acteurs, selon des syndicalistes d’enseignants.
Alors qu’il a fallu mener un rude et long combat pour leur scolarisation, puis, une fois cela fait, leur maintien à l’école, les filles ont dépassé tout cela aujourd’hui et nourrissent d’autres ambitions. En effet, elles entendent montrer qu’elles sont … plus intelligentes et plus capables que les garçons ! Une supériorité qui n’est sans doute pas encore effective mais qui ne saurait tarder à se réaliser au vu des résultats qu’elles ont obtenus au Baccalauréat et au Bfem 2020. Car certes, les garçons représentent 50,10 % des candidats admis au Bac cette année contre 46, 55 % chez leurs rivales mais, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dernière sont en passe de les rattraper, voire de les dépasser ! « Le Témoin » a cherché à en savoir plus…
Le constat est quasi général ! Cette année, les filles ont battu des records d’admission. Que ce soit au baccalauréat ou au Bfem, et peut-être même pour le Cfee et l’entrée en sixième. Sur la page « infos école », les résultats sont conjugués au féminin. A part Gérard Diop, Ibrahima Diagne Dieng du lycée d’excellence privé Léon Gontran Damas de Louga qui a eu 18,80/20 de moyenne, Cheikh Ahmadou Mbacké de l’école Fallou Gallas Mbacké avec 16,57/20, Thierno Dahirou Dia du centre Cours privé Abdou Aziz Sy Dabakh de Yoff, 14,57/20 et Pape Ngom du Cem de Carabane à Ziguinchor qui a eu son sésame avec une moyenne de 16,42/, le nombre de filles ayant obtenu leur Brevet de fin d’études moyennes et leur Baccalauréat n’a laissé personne indifférent.
Des moyennes de 15 à 19 sur 20
Elles sont admises d’office avec la mention « Très bien », Khady Gning du Cem Joal 3 à l’Ief de Mbour qui a eu une moyenne de 18,85/20, Awa Sarr Sakho du Cem Ibrahima Thiaw et première du centre jury 2 Lpa avec 15,53/20, suivie de Khady Ka du même collège avec 15,42/20. A Podor, l’élève Mame Khady Faty, première de son centre d’examen, est venue confirmer cette supériorité des filles avec une moyenne de 17,15/20 là où Tiguida Kaba depuis le collège Privé Saint Jean 23 de Tambacounda a décroché haut la main le premier diplôme universitaire avec une moyenne de 18,19/20. Parmi les cracks version féminine, il convient aussi de citer Ndiolé Ndiaye, première du centre de Lambaye avec 16,28/20 de moyenne, Khady Diankha du Cem de Karang qui a eu 17,04/20, Siny Kounta du Cem Ibrahima Thiaw des Parcelles Assainies avec 16,73/20, Aldiouma Barry du Cem de Sagatta avec 17, 64, Yacine Fall du collège de Ndande avec 18,52/20. Au collège de Nioro, l’élève Coumba Lô a eu le sésame en totalisant 17,52/20 points, et Marième Diop du Cem 4 à Mbour avec toujours 17,95/20, Awa Coly du Cem Bambilor 2 qui a eu 18,42, sans compter les deux première ex aequo que sont les élèves Mariama Touré et Adama Traoré avec une moyenne de 16,04/20, Madina Bâ du Cem Fanay Diéry, 15/20, Fary Sall du Cem Mansour Sy de Tivaouane avec 17,33/20 … pour ne citer que celles-là. Dans ce petit échantillon de 23 élèves surdoués, on compte seulement 5 garçons qui ont réussi à faire jeu égal avec ces 18 filles têtes d’oeufs. Sans compter les six élèves de la Terminale S2 du lycée de Podor venues confirmer le constat avec 100 % de réussite au baccalauréat. Beaucoup de filles sont premières de leurs centres d’examen avec de fortes moyennes allant de 15 à près de 19/20. On le voit donc, les filles ont parcouru un très long chemin depuis la période où il fallait mener une véritable guerre pour contraindre les parents à les inscrire à l’école. Et même si c’était fait, le combat était loin d’être gagné puisqu’il fallait batailler pour les y maintenir.
Entre les tâches ménagères à accomplir à la maison ou les travaux champêtres, les mariages précoces, les grossesses non désirées… la scolarisation des filles était un parcours du combattant. Les happy few parmi elles qui étaient scolarisées décrochaient en fin de cycle primaire ou dès les deux premières années du collège. Laissant les garçons seuls continuer leurs études, jusqu’à obtenir un travail décent et occuper tous les postes à responsabilité. Fort heureusement, depuis quelques années, la donne semble avoir changé. En effet, on note une percée spectaculaire des filles au niveau des différents examens du Cfee et de l’entrée en sixième, du Bfem et du Bac. Voire du très prestigieux Concours général. Aujourd’hui les filles brillent autant que les garçons, voire plus, dans presque toutes les matières. Le secrétaire général du Syndicat de l’enseignement technique et professionnel, Amar Kane, se réjouit d’une telle percée qu’il trouve pourtant normale. « Que les filles dament aujourd’hui le pion aux garçons à l’école, c’est normal, car elles sont plus surveillées, plus contrôlées et plus encouragées que les garçons, vu le grand retard qu’elles ont accusé dans le passé. Car, comme vous le savez en effet, dans certains milieux traditionnels, c’était un sacrilège que d’envoyer sa fille à l’école », rappelle notre interlocuteur.
Qu’est-ce qui a permis d’inverser la tendance ?
Cette nouvelle situation tranche d’avec « une réalité décriée il y a de cela 15 à 20 ans avec un décrochage expliqué par l’assignation des travaux domestiques, les mariages précoces et les grossesses prématurées. Des raisons pour lesquelles les filles ne pouvaient pas émerger à l’école », selon le secrétaire général du Cusems Authentique, Dame Mbodj. Le secrétaire général su syndicat de l’enseignement technique et professionnel, Amar Kane, est du même avis. D’après lui, cette forte présence des filles dans les classes a été réussie grâce à la mobilisation de toute la communauté et des acteurs de l’éducation. Lesquels ont œuvré de concert pour que la scolarisation des filles soit une priorité. « La lutte contre les mariages précoces et forcé et aussi contre les pesanteurs sociales a permis de maintenir la gent féminine à l’école et de lui assurer une réussite parfaite dans les études », se réjouit Amar Kane confirmé dans ces propos par M. Mbodj.
Le patron du Cusems Authentique dit avoir toujours salué cette volonté de vouloir rectifier le tir et de rééquilibrer le genre sur le plan des effectifs, parce que les garçons, dit-il, étaient largement majoritaire. Il était donc question de travailler à ce que les filles soient mises dans les mêmes conditions de travail que les garçons. D’où la mise en place de plusieurs politiques au niveau national comme international. Au plan national, il y a eu beaucoup de programmes déroulés par le ministère de l’Education nationale en rapport avec les partenaires techniques et financiers. « Il y a eu notamment le Scofi dans plusieurs départements pour encourager les filles à aller à l’école parce qu’on avait considéré à l’époque que beaucoup de filles n’allaient pas à l’école à l’âge de 6-7 ans. Ce qui fait que les garçons étaient majoritaires. Mais il y a aussi des contraintes majeures qui faisaient que les filles ne pouvaient pas faire d’excellents résultats comparés aux garçons qui avaient plus de temps d’apprentissage. Donc pour corriger cette injustice, il y a eu des programmes qui ont été déroulés. Ils ont permis de renverser les tendances, d’avoir d’abord plus de fille au niveau des établissements, sur le plan national. Aujourd’hui, dans toutes les classes on a des filles qui dépassent les garçons en nombre », explique le syndicaliste. Selon lui, les excellentes performances des filles sont une conséquence directe des politiques de discrimination positive qui permettaient d’enrôler le maximum de filles mais aussi de l’action des organismes internationaux qui intervenaient dans l’octroi de bourses et dans l’encadrement des filles à travers les associations féminines et la sensibilisation au niveau des communautés. Tout cela a également participé au renforcement des effectifs féminins dans nos écoles.
En outre, Dame Mbodj note un autre aspect non moins négligeable. Il s’agit de la levée de tous ces goulots qui …étranglaient les filles. « Au sein du ministère de l’Education nationale, il y a eu même des bureaux genre qui ont été érigés pour travailler à renforcer et à encadrer le travail des filles si bien que ces dernières, après plus d’une décennie d’application de ces mesures, disons de ces programmes, les filles en ont largement profité pour se bonifier. Et c’est ce qui fait que dans plusieurs localités, les filles sont devant, travaillent plus que les garçons et réussissent souvent mieux qu’eux », souligne le leader syndical. Toutefois, estime M. Kane de l’enseignement technique et professionnel, il faut aussi tenir compte de l’indice de parité qui penche en faveur des filles ces dernières années grâce aux efforts entrepris durant ces deux décennies.
La promotion de la gent féminine
« Si les filles sortent du lot, c’est parce qu’elles bénéficient de la discrimination positive. On a en effet assisté à une synergie de tous les acteurs de l’éducation pour que les filles puissent faire une percée dans les examens. Il faut aussi rappeler que la promotion de la gent féminine est de mise car on voit que la femme accède aujourd’hui à des postes auxquelles elle n’avait pas droit auparavant ; des postes dans l’Armée, dans la gendarmerie, l’administration territoriale… Autant de nouveaux débouchés qui motivent les filles et contribuent à leurs excellents résultats excellents », estime M. Amar Kane.
DIAOBE ET OUASSADOU, DEUX COMMUNES AUX MAIRES FANTÔMES
Pendant deux semaines, en cette période d’hivernage, «Le Témoin» a sillonné la région de Kolda en passant par ses grandes villes jusque dans certains de ses villages les plus reculés
Pendant deux semaines, en cette période d’hivernage, «Le Témoin» a sillonné la région de Kolda en passant par ses grandes villes jusque dans certains de ses villages les plus reculés. Au cours de ce long périple, il a été question de tendre l’oreille aux populations de cette partie du monde rural, mais également d’échanger avec des élus locaux pour s’imprégner de leurs conditions de vie. Récit poignant du quotidien de ces oubliés !
Nous voilà à 585 Km de Dakar. Au cœur de Diaobé, localité rendue célèbre par son marché hebdomadaire sous régional. De par sa densité humaine et des bâtiments en construction dans tous les sens, Diaobé offre le visage d’une commune en pleine expansion. Le petit village qui, il y a quelques années, regroupait l’unique grande concession de la famille Diao (nom éponyme du village), est devenu une ville cosmopolite. Carrefour commercial de la sous-région. Voire, grenier économique du pays avec son « louma » hebdomadaire qui draine des foules. En quittant la périphérie de la localité, empruntant ses étroites rues, le visiteur non familier de la zone est confronté au doute sur sa direction. « Arrivé au marché, sur la route principale, il vous sera facile de retrouver la mairie », nous avait-on indiqué à l’avance. Mais on peine à retrouver l’artère principale.
Assise devant le portail de son domicile, entourée de sa fratrie, Ramata Baldé s’affaire à griller du maïs qu’elle écoule pour subvenir aux besoins de sa progéniture. Trois dames lui tiennent compagnie. On se renseigne. Puis, soudainement, l’évocation du nom du maire semble irriter les uns et les autres. Curieux, on cherche à déceler les causes d’une telle furie contre l’édile de la localité. « Si vous étiez venu pour rencontrer le maire, Moussa Diao, veuillez retourner sur vos pas ! Il est invisible à Diaobé. D’ailleurs, il ne vit même pas ici. Il passe tout son temps dans la capitale », explique la mère de famille d’un ton répugnant. Tandis que par derrière, une voix entonne : « Rencontrer le maire où même l’apercevoir dans la commune, relève de l’extraordinaire pour nous habitants de Diaobé. J’ai entendu même dire qu’il revient en catimini lors des grandes fêtes pour passer quelques jours avec sa famille puis retourner à Dakar. Mais ce qui est sûr est que notre maire est invisible dans la ville qu’il est censé administrer. D’ailleurs, on dit souvent ici que si une personne doit fuir le maire pour quelques raisons que ce soient, elle n’a qu’à aller se réfugier à la municipalité. Ce qui était partie pour être une visite en quête de renseignements sur les pertes subies du côté de la municipalité en termes de recettes fiscales vient de tourner à la recherche d’un maire qualifié de « fantôme » dans sa ville. La tâche requiert les témoignages des populations.
« Je n’ai pas aperçu le maire depuis les locales de 2014 »
Etudiant, Saliou Ba, 25 ans, est un natif de Diaobé. Rencontré sur les trottoirs da la grande artère qui traverse le marché hebdomadaire, le jeune homme aborde avec déception l’absentéisme d’un élu loin de ses administrés. Il dit : « Je ne l’ai pas aperçu depuis les élections locales de 2014 au moment où la campagne battait son plein. En ce temps, il faisait le tour des maisons, annonçant son projet pour la ville à travers son programme. Par la suite, après le vote, il a remporté l’élection à la tête de notre municipalité. Après son installation, je ne l’ai plus revu ». «Ce qui est vraiment déplorable pour des élus locaux qui, dans les normes, devraient être plus proches des populations du monde rural. Mais malheureusement, c’est comme ça que les choses se passent dans la campagne. On les élit ici pour qu’ils prennent en charge nos préoccupations, mais ils partent se la couler douce à Dakar », fustige avec ironie le jeune étudiant. A quelques encablures, se trouve la municipalité de la commune de Diaobé-Kabendou.
Son siège, un bâtiment à étage surplombe le marché hebdomadaire. Tout juste à l’entrée principale, un agent de sécurité en poste indique la direction à prendre. L’intérieur de la municipalité donne l’impression d’un grand bâtiment abandonné. Soudainement, résonne l’écho de vives voix le long d’un couloir. Les voix émanent au travers d’une porte qui affiche sur un bout de papier : « secrétaire municipal ». On toque … L’adjoint au maire accueille en compagnie du secrétaire municipal. « Le maire est absent des lieux, vous ne pouvez le rencontrer », nous fait- il savoir d’emblée. L’objet de la visite décliné, les deux élus locaux se renvoient la balle, chacun préférant donner sa langue au chat. C’est au bout d’un instant d’hésitation que le secrétaire se résout à câbler l’édile au bout du fil depuis Dakar. L’ordre lui est donné de se pencher face à nos interpellations que sur des questions d’ordre économique.
Dans la commune de Ouassadou, un autre maire fantôme
A la sortie de Diaobé, juste aux portes de Kabendou, la voiture est obligée à faire un détour vers sa droite pour emprunter la piste cahoteuse qui mène vers Ouassadou. Commune située dans une des contrées historiques du Fouladou surnommée le «Pathiana ». Une demi-heure de route après avoir traversé les villages Takoudjiala et Saré Wogna, nous voici à Ouassadou. Contrairement à Diaobé dont la renommée et son lustre économique continuent de résister au temps, Ouassadou, elle, s’est vidée de sa substance de ville carrefour commercial. La localité ne fait plus attraction comme jadis où son economie avait connu un essor avec une ruée des habitants de la contrée. Le poste de police ainsi que le camp militaire, qui assuraient la sécurité dans la commune, ont été transférés à Nianawo, village environnant et frontalier avec la Guinée Bissau.
Ainsi, Ouassadou a vu la précarité s’installer dans son périmètre social. Penda Diallo, connue pour la floraison de ses activités commerciales dans la localité, a vu la ruine s’abattre sur ses économies. La faute, pour elle, est liée en grande partie à l’absence de soutien venant d’autorités locales sans vision ni projet pour la commune. « Dans la précarité et le manque de soutien, nous sommes abandonnés à notre propre sort. En association, nous, les femmes, avions soumis des projets à notre municipalité pour relancer nos activités économiques. Mais ça fait des années que nous sommes toujours sans réponse venant du maire. D’ailleurs qu’attendre d’un maire qui ne vit pas dans la commune qu’il dirige ?», se demande t- elle dans ses remontrances contre l’édile. Le ton est donné. On cherche de ce côté aussi à savoir où se terre ledit maire. « Il est parti s’installer à Vélingara avec sa famille. Notre maire n’a même pas de domicile dans la commune qu’il dirige. On ne l’aperçoit dans la municipalité que lors des réunions avec ses conseillers où pendant les échéances électorales », renseigne un enseignant habitant de Ouassadou. Plus tard, le maire joint au téléphone annonce sa venue le lendemain pour répondre aux interpellations de ses administrés sur les raisons de sa retraite à Vélingara. Le rendez- vous est calé au siège de la municipalité.
Le maire de Ouassadou, Barsa Soumboundou :
«Faute de sécurité dans la commune, j’ai fait l’objet d’une attaque menée par des individus lourdement armés. C’est un Barsa Soumboundou prêt à tout pour se justifier face aux accusations de « maire fantôme » qui nous accueille dans son bureau. Il va droit au but sans porter de gants. «Mes absences récurrentes dans la commune sont indépendantes de ma volonté. Il faut savoir que faute de sécurité dans la commune, j’ai fait l’objet d’une attaque menée par des individus lourdement armés. C’était en 2014 pendant que j’étais en réunion et en plein jour avec mes militants dans une maison d’à côté. Ce jour-là, c’était ma personne qui était visée. N’eut été l’intervention des éléments de la gendarmerie venus de Nianao, le pire allait se produire. Il faut aussi savoir que lors de pareilles attaques, les bandes armées n’ont pour cibles que les autorités sur qui elles espèrent obtenir un butin, comme de l’argent » s’est défendu le maire M. Soumboundou.
Selon lui, ces bandes armées qui mènent ces attaques sont tous nichées de l’autre côté de la frontière, en Guinée Bissau et c’est pourquoi, elles échappent facilement aux forces de l’ordre positionnées à Nianao. « J’ai demandé à l’Etat central de faire en sorte que les forces de l’ordre comme la police et la gendarmerie reviennent à Ouassadou. Car c’est depuis leur départ de la commune que nous avons commencé à faire face à ces problèmes d’insécurité. Certains habitants qui m’accusent d’absentéisme dans la localité sont tous au fait de cette attaque. Et étant donné que ces bandes armées ont fait de ma personne leur cible privilégiée, j’ai déménagé à Vélingara pour sauver ma peau. Mais cela ne veut pas dire que je ne viens pas à Ouassadou », a tenu à préciser le maire.
UNE NOUVELLE DE LOUIS CAMARA
ALLÔ, MONSIEUR LE MINISTRE
Ministre !...Ce n’est pas que du plaisir, de la jouissance. C’est quand même une très lourde charge, une immense responsabilité …Surtout ce buffet à la tête duquel on vient de le propulser !
Ministre !...Ce n’est pas que du plaisir, de la jouissance. C’est quand même une très lourde charge, une immense responsabilité …Surtout ce buffet à la tête duquel on vient de le propulser ! Mais il se sent de taille à tout assumer. Il va s’entourer d’une équipe de techniciens compétents pour prendre des initiatives intelligentes, initier des réformes hardies : avec lui, Maodo, les choses vont bouger !
Bien entendu, avant tout cela – et à cette pensée l’ombre d’un sourire éclaire son visage – il lui faudra bien changer de look ! Il ne pourra plus continuer à s’affubler de costumes à bon marché achetés aux puces de Colobane où s’approvisionnent la plupart des fonctionnaires.
Un ministre, ça porte quand même des vêtements haut de gamme !... Fini donc les vieux vestons élimés aux manches trop courtes ou trop longues, les chemises au col râpé, les pantalons froissés aux plis incertains !... Sa première visite officielle à Paname sera, entre autres, consacrée à l’acquisition d’une garde-robe digne de son rang… Ce n’est pas parce qu’il a l’intention de renier ses convictions profondes, son goût et son option pour la sobriété, ou sa passion pour la démocratie, la justice, l’égalité et toutes ces nobles idées, non… mais son nouveau statut l’oblige à changer radicalement ses habitudes vestimentaires…
Un Ministre, ça ne s’habille pas n’importe où et n’importe comment ! Il ira donc d’abord à Paris, capitale mondiale de la haute couture, chez Yves Saint-Laurent ou Pierre Cardin dont il a si souvent entendu parler. Bien entendu, il ne se déplacera plus qu’en voiture, précédé d’un motard, et non plus en autobus comme il l’a toujours fait. Un Ministre ne peut se déplacer dans un transport en commun. Il aura donc une Mercedes ou une BMW comme ses autres collègues du gouvernement. Tiens, il pourra aussi prendre à son service son vieil ami Abou Fall qui est au chômage depuis plus de dix ans. C’est un excellent chauffeur ; de plus ce sera une véritable bouée de sauvetage pour ce pauvre gars qui se débat dans les affres d’une misère sans nom où l’a plongé, lui et sa famille, la perte de son emploi à la suite d’un licenciement abusif. Mais de toute évidence, il n’est pas question de faire d’inutiles dépenses de prestige. Cela n’est conforme ni à sa propre philisophie ni à celle du gouvernement new-look apparemment engagé dans la lutte contre la fraude et la corruption sous toutes ses formes. Le Président semble décidé à mettre en œuvre une nouvelle politique de gestion des ressources du pays, une politique claire et transparente comme l’eau de roche ! D’ailleurs toutes ces têtes qui tombent ces temps derniers le prouvent bien !...
Bon… tout cela est bien beau, mais il y a aussi des réalités que nul citoyen de Sunugaal, si incorruptible soit-il, ne peut se permettre d’ignorer sous peine d’être incompris et de se marginaliser totalement. Dans ce charmant pays l’on est parfois bien obligé de mettre un peu d’eau dans son bissap ! Maodo ne fait pas exception à la règle et il est clair que sa nomination au poste de Ministre signifie aussi le succès de son marabout, Serigne Moussa Kâ Diakhaté de Gouye Socé , son village natal, qui a formulé tant de prières pour sa réussite. Aujourd’hui c’est chose faite et le saint homme devra lui aussi bénéficier d’un appréciable retour d’ascenseur ...
Quant à son épouse Oumou Sow, la patiente Oumou Kantome, sa douce moitié qui l’a toujours secondé avec une touchante fidélité, elle ne mérite rien moins qu’un cadeau royal pour la récompenser de sa loyauté à toute épreuve ! Il lui offrira une très belle maison sur la corniche de Fann avec une vue plongeante sur l’océan…
Lancé dans ses pensées futuristes, Maodo s’évertue à passer en revue tous les problèmes qui l’attendent et toutes les interrogations que ne manqueront pas de soulever son arrivée à la tête du tout nouveau ministère de la Sécurité sociale et de la qualité de la vie. Tout en cogitant intensément, il feuillette les pages du dictionnaire Larousse posé sur sa table, lorsque ses yeux tombent par hasard sur cette citation en latin : « Arx Tarpeia Capitoli proxima… ».
Il sourit alors, se rappelant ses années d’études en série classique au lycée Van Vollenhoven et les cours d’Histoire avec le vieux Monsieur Lorenzini dans la bouche duquel, il avait pour la première fois entendu cette phrase sans en comprendre tout d’abord le sens… Comme c’est étrange que cette singulière maxime ressurgisse de manière si inattendue dans son esprit. Mais il n’a pas le temps d’épiloguer plus longtemps sur la citation latine de Monsieur Lorenzini ni sur ses souvenirs de lycéen, car un nouveau coup de téléphone, sonore, rageur, vient encore interrompre sa rêverie. L’appel vient de la Présidence de République.
Le cœur de Maodo se met à battre la chamade et il décroche l’appareil d’un geste mal assuré. Au bout du fil, une voix plutôt fluette, au débit saccadé, s’exprime avec un fort accent gabonais.
« Allo, Monsieur Maodo Kane ? »
« Lui-même à l’appareil… à qui ai-je l’honneur ? »
« Je m’appelle Denis Kabilabongo , chef du service du protocole de la Présidence de la République ». « Ah…Enchanté Monsieur Kabilabongo… Qu’y a-t-il pour votre service ?... »
« Écoutez Monsieur Kane, j’ai une information très urgente à vous transmettre… »
« Je vous en prie Monsieur Kabilabongo… »
« Eh bien voilà : contrairement à ce qui a été annoncé, je suis au regret de vous apprendre que ce n’est pas vous qui avez été nommé Ministre de la sécurité sociale et qualité de la vie mais votre homonyme l’ancien directeur des hydrocarbures et de l’énergie solaire. Il y a eu erreur sur son numéro de matricule de solde qui est le 243 658/Z et non 233 658/Z, le vôtre….
C’est une erreur très contrariante et nous vous prions de nous en excuser…
Les dispositions nécessaires ont déjà été prises pour que… Maodo ne laisse pas le « gabonais » terminer sa phrase et il raccroche d’un coup sec. Tout d’un coup ses membres et ses muscles sont parcourus par d’irrépressibles spasmes nerveux pendant que son corps tout entier est envahi par des bouffées de chaleur successives. ..
Son estomac se contracte douloureusement et une brusque envie de vomir s’empare de lui en même temps qu’un flot de bile amère remonte le long de son œsophage jusqu’à la gorge. Il ressent tout à la fois de la colère, de la honte, du dégoût en même temps qu’il est pris d’une furieuse envie de crier, de soulever ce maudit téléphone, de le jeter par terre de, le piétiner, de le briser en mille morceaux…
Maodo est au bord de la crise de nerfs et il sent des sanglots monter dans sa poitrine. .. Mais il ferme les yeux, serre les poings, contracte ses mâchoires et parvient à maîtriser cette pulsion destructrice qui le tenaille de l’intérieur.
Ses oreilles bourdonnent et il a la gorge sèche. Ses yeux picotent, mais ils sont secs. Son cœur est lourd comme une grosse pierre au creux de sa poitrine. Au prix d’efforts surhumains, il parvient cependant à contrôler sa respiration et les battements désordonnés qui secouent sa poitrine s’atténuent petit à petit. Au bout d’un moment, il se sent calme, étrangement calme, et la douceur de ses gestes contraste avec la violence des sentiments contradictoires qui l’agitent encore. Lentement, il se met à classer ses dossiers et à ranger ses affaires car l’heure de la descente est passée depuis longtemps. Puis il se lève, sort de son bureau qu’il ferme à clef et se dirige vers la sortie du tribunal. Arrivé au portail d’entrée, il se rend compte que le ciel est couvert de gros nuages tout noirs.
L’orage menace. Maodo ouvre alors son parapluie et, d’un pas décidé, se dirige vers l’arrêt du bus qu’il emprunte tous les jours pour rentrer chez lui à la Médina. Bientôt, les premières gouttes de pluie commencent à crépiter sur la toile tendue de son grand parapluie multicolore. Autour de lui, les gens se pressent, courent dans tous les sens pour se mettre à l’abri.
Maodo sourit en pensant qu’aucune d’entre toutes ces personnes ne pourrait s’imaginer que, l’espace de quelques heures, il a été Ministre de la Sécurité sociale et de la qualité de la vie. Puis, il rit doucement en pensant à ses collègues et particulièrement à Madame Keïta qu’il va retrouver le lendemain assise avec nonchalance sur sa chaise, à lui-même et tous les états d’âme par lesquels il est passé depuis le fameux coup de fil qu’il a reçu le matin de cette journée singulière entre toutes ... Il pense au nouveau ministre Maodo Kane, son homonyme, à tout le travail et à toutes les épreuves qui l’attendent et se dit qu’après tout, il n’a peut être rien à lui envier et qu’au fond, rien ne vaut sa paisible vie de citoyen, sa vie de citoyen ordinaire qui n’a rien à se reprocher , surtout pas de s’enrichir sur le dos du peuple…à mesure qu’il marche, il sent une sorte de soulagement, de paix intérieure, fluide, impérieuse s’infiltrer en lui. Il se sent également fier d’être ce qu’il est et ne cessera jamais d’être : un fonctionnaire honnête et rigoureux, un homme honnête et scrupuleux.
Dans sa tête résonne de nouveau, comme un écho lointain de ses jeunes années, la voix grave de Monsieur Lorenzini, ce vieux Professeur passionné d’Histoire ancienne que ses élèves écoutaient toujours avec une attention religieuse et qui déclamait avec de grands gestes théâtraux : « Arx Tarpeia Capitoli proxima, La roche tarpéienne est proche du Capitole ! »