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3 juillet 2025
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DAOUDA PLEURE SES FILS PERDUS EN MER
Depuis 2014, 20 000 personnes ont disparu en tentant de rejoindre l’Europe depuis les côtes ouest-africaines. Parmi eux, Ambaye et Ibrahima. Leur père raconte
Le Monde Afrique |
Célia Cuordifede |
Publication 25/09/2020
En 2006, Daouda Diop a déboursé 800 000 francs CFA, soit 1 200 euros, pour faire partir ses fils Ambaye et Ibrahima vers l’eldorado européen. Quelques jours après leur départ de la maison familiale, il reçoit un coup de téléphone. Ses fils lui demandent de prier pour eux avant d’embarquer sur une pirogue. Depuis, il n’a plus eu de nouvelles. Pas un signe de vie, ni de mort.
MACKY SALL ACCUSÉ D'AUTISME POLITIQUE
Le gouffre financier que représente la politique ponctuelle des plans Orsec montre que sans la bonne gouvernance, aucun programme ne peut sortir le pays de sa situation. Il urge d’auditer le PDLI - DÉCLARATION DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD), datée du 24 septembre 2020, sur la situation sociopolitique nationale.
« A la faveur d’une pluviométrie très abondante (ce qui devrait être perçu comme une bénédiction) notre pays a malheureusement renoué avec le spectacle désolant des inondations. S’il est vrai que des pluies torrentielles se sont abattues en un temps record sur le pays, force est de reconnaître que la persistance de la stagnation de l’eau révèle un grave problème d’assainissement dans tout le pays. Cette situation est d’autant plus scandaleuse que le régime de Macky Sall, avec sa rhétorique habituelle des chiffres, avait fini de convaincre les plus sceptiques que la question des inondations était définitivement résolue.
Le CRD, tout en exprimant sa compassion aux sinistrés, exige du gouvernement que la lumière soit faite sur la gestion informelle, populiste et ténébreuse du programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI 2012-2022). L’argument de la quantité exceptionnelle des précipitations le temps d’un week-end ne saurait prospérer dans la mesure où la stagnation persistante des eaux de pluie révèle plutôt l’inexistence d’un système efficace d’évacuation.
Le CRD demande aux Sénégalais de continuer à faire preuve de solidarité à l’endroit des sinistrés et de consentir un accord patriotique sur les mesures nécessaires à mettre en œuvre pour venir à bout de ce fléau. Car, au-delà de l’apparence avilissante que ces images d’un pays submergé par les eaux de pluie renvoient au monde, ces inondations posent un problème de perte de richesse, de santé et, plus généralement, de sécurité. Si ces inondations démontrent de façon définitive l’impuissance de Macky Sall à faire face aux défis qui interpellent notre pays, elles nous incitent aussi à une introspection nationale.
Fidèle à son serment de proximité avec les couches défavorisées de la société, le CRD exige du gouvernement une transparence totale dans la gestion de l’aide d’urgence aux sinistrés. Le gouffre financier que représente la politique ponctuelle des plans ORSEC montre que sans la bonne gouvernance aucun programme ne peut sortir le pays de sa situation.
Le CRD rappelle à ce propos que les inondations sont le résultat de plusieurs années d’anarchie dans la gestion du foncier, de laxisme dans les politiques d’urbanisation et de clientélisme politique dans l’aménagement du territoire. La mal gouvernance étant l’explication ultime de la persistance de ce fléau, le CRD estime qu’il urge d’auditer sérieusement le PDLI, d’identifier les raisons profondes de l’abandon da sa mise en œuvre et de prendre les mesures qui s’imposent.
Le CRD rappelle que des études scientifiques existent depuis fort longtemps et qu’il ne manque que le courage et la volonté politiques pour les mettre en œuvre. Toute autre posture ne sera, pour l’État du Sénégal, que fuite en avant, diversion et tergiversation impardonnable au regard de l’extrême gravité de la situation.
Le CRD regrette qu’au moment où les populations sinistrées attendent des mesures d’urgence et que la modestie s’impose au gouvernement, le président de la République s’illustre par des actes de folklore et des sagas festives en violation flagrante des mesures barrière contre la propagation de la covid-19, le tout agrémenté d’annonces de projets de plusieurs centaines de milliards. Cette attitude d’autisme politique montre que la seule chose qui intéresse le président Macky Sall est le pouvoir qu’il a fini d’ailleurs de transformer en objet de jouissance personnelle.
Le CRD dénonce, par la même occasion, les velléités d’imposer aux Sénégalais un débat nul, anachronique et dangereux sur une impossible troisième candidature de Macky Sall. Pour le CRD, cette question ne se pose pas. La Constitution, avant et après la révision de 2016 a fixé le maximum de mandats consécutifs à deux. La sacralité de la parole du président en tant qu’institution aurait d’ailleurs dû dissuader les membres de la mouvance présidentielle à imaginer une probable candidature de Macky Sall en 2024.
En cette veille de commémoration de la tragédie du bateau le Joola et pour le respect du martyre des victimes et de leur famille, le CRD rappelle aux Sénégalais la nécessité d’une introspection pour une culture du civisme et de la responsabilité individuelle. Nous ne pouvons bâtir le Sénégal que si nous commençons à avoir des comportements exemplaires dans toutes les sphères de la vie sociale. Le CRD s'incline devant la mémoire des victimes et exprime sa solidarité et sa compassion aux familles affectées par cette tragédie.
Concernant la situation dans la sous-région, le CRD se félicite des actes posés par la junte au Mali et allant dans le sens d’une normalisation des institutions et d’un retour progressif à la légalité constitutionnelle. Sous ce rapport, le CRD appelle les instances de la CEDEAO à lever toute forme d’embargo contre le Mali pour faciliter le retour à la vie normale de ces compatriotes africains. »
AUPRÈS DES PASSAGERS DU DIAMBOGNE
C’est dans la joie que le premier bateau du Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama) a pu quitter le port de Dakar mardi soir à 20 heures à destination de la Casamance, rétablissant ainsi la ligne maritime qui avait été stoppée en mars
Devant l’entrée de la gare maritime de Dakar, des groupes de gens sont assis à plus d’un mètre les uns des autres ; mesures sanitaires obligent. Ils patientent. L’atmosphère est calme et détendue. On entend des rires par-ci et par-là. Des enfants jouent. Certaines personnes tuent le temps en lisant, d’autres somnolent, discutent ou pianotent sur leur téléphone portable. Soudain une légère brise iodée salvatrice vient rafraîchir les badauds rappelant que la mer n’est qu’à quelques mètres. Car, devant la gare entourée de bâtiments industriels, avec le tumulte de la ville dans le fond et les hauts buildings de la capitale se dessinant au loin, on oublierait presque la proximité de la mer. Comme répondant à l’appel du large, les passagers sont venus en nombre en ce jour de reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor. « Nous avons accueilli la reprise de la liaison avec une grande joie », dit Lica, mère de famille se rendant avec ses trois enfants en vacances en Casamance. « C’est une fierté de pouvoir se rendre en Casamance et de voir que la compagnie est dirigée par des gens compétents », déclare la jeune mère, en se félicitant des mesures de protection sanitaire prises par le Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama). En effet, toutes les mesures sanitaires, que l’on peut qualifier maintenant de traditionnelles, ont été mises en place.
Impact de la Covid-19 sur les activités de la Cosama
Avant même d’entrer dans la gare, on remarque les innombrable lave-mains, marquage au sol et panneaux de rappel des gestes barrières, symboles de la société « d’après » Covid-19. « Nous avons identifié les sites au sein de la gare qui concentrent beaucoup de personnes avant d’embarquer. […] Dans ces différents sites, nous avons mis en place tout le dispositif sanitaire nécessaire. En collaboration avec le port, il est même à l’étude l’éventuelle installation d’un tunnel de désinfection », confie Abdou Salam Kane, Directeur d’exploitation du Cosama. « À bord, les mêmes mesures qu’à terre sont appliquées. […] À l’intérieur du cargo, il y a assez d’espace pour se mettre à l’aise et garder les distances de sécurité. En plus, le port du masque est obligatoire. Avec un médecin de bord et une infirmerie, nous gardons une cabine d’isolement en cas de suspicion ou un cas avéré », rassure-t-il. La pandémie a durement touché le secteur. Une partie du personnelle a dû être mis en chômage technique. L’autre, s’occupant de l’activité de fret, a été maintenue, commente M. Kane. « Aucun agent n’a été licencié et, durant la plus grande partie de la période de réduction des activités, la totalité des salaires a été payée au personnel », précise-t-il. À l’intérieur de la gare, l’ambiance est calme. Tout le monde vaque à ses occupations dans la plus grande sérénité. « Vous verrez plus tard, fait remarquer un employé. Ça sera beaucoup plus agité.» Le personnel, bien que courtois et accueillant, se montre ferme sur le respect des mesures de protection. Ici pas de place à l’oisiveté.
Derniers préparatifs avant le grand départ
Devant le bâtiment principal, le Diambogne mouille fièrement. Le navire, long de 76 mètres, peut accueillir jusqu’à 490 passagers. Premier bateau remis en fonction, il permettra de tester l’efficacité des mesures et éventuellement, dans un second temps, réhabiliter l’ensemble de la flotte. À l’intérieur du bateau, la chaleur se fait moins forte. La calle est déjà bien remplie. On y trouve notamment un camion-grue, des véhicules de tourisme ou des cargaisons de produits de toutes sortes. Le tout mêlé à une odeur mécanique due aux vapeurs remontant de la salle des machines située à l’étage inférieur. Les cabines qui attendent les passagers se veulent simple, mais intimistes et cosy. Pendant ce temps, le Commandant du navire, M. Sarr, au poste de commandement, briefe son équipage. Tout sourire, il ne cache pas sa joie de reprendre du service. « L’arrêt n’as pas été facile pour les passagers et pour l’équipage ; donc c’est un plaisir de reprendre.» De retour à terre, le hall de la zone fret s’ouvre face aux quais présentant les innombrables marchandises en attente d’embarquer. Produits agricoles, café, chips, meubles, électroménager, colis de tout genre. « C’est une véritable caserne d’Ali baba », fait remarquer un passager venu déposer ses bagages avant de faire son check-in. Dans le bâtiment principal, l’ambiance est au beau fixe. Toutefois, l’agitation grandissante rappelle que l’heure du départ approche. Devant le poste de sécurité, Yvonne patiente, l’air inquiet. « C’est la première fois que je prends le bateau », confie-t-elle. « Je suis un peu stressée. J’ai peur d’avoir le mal de mer », avoue la mère de famille se rendant en Casamance pour les vacances. Interrogé devant le hall de fret, le propriétaire du camion-grue déjà embarqué fait part de son sentiment de grand bonheur quant au rétablissement de la ligne, car la route est une véritable souffrance pour lui et son camion. « La sécurité ferme les portes d’entrée à la gare maritime à 19 heures, explique M. Kane. Puis le personnel embarque les passagers, termine les derniers préparatifs et, à 20 heures, le bateau pourra partir pour plus de 10 heures sans escale jusqu’à sa destination.»
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INDÉPENDANCE, QUEL BILAN 60 ANS APRÈS ?
Retour sur les ambitions, les accomplissements et les enjeux dU Sénégal. Le journaliste Alain Foka a réuni à Dakar : Khady Ndiaye Touré de Kosmos Energy, Amy Sarr Fall d'Intelligences Magazine, l'architectePierre Goudiaby Atepa et le musicien Didier Awadi
Cette année, le Sénégal célèbre le 60e anniversaire de son indépendance. Une occasion pour France 24 et RFI de revenir sur les ambitions, les accomplissements et les enjeux de ce pays. Le journaliste Alain Foka a réuni à Dakar quatre invités emblématiques pour tirer le bilan de ces six décennies.
Nos invités :
Khady Ndiaye Touré, vice-présidente et directrice régionale de Kosmos Energy (Sénégal, Côte d'Ivoire)
Amy Sarr Fall, directrice générale du mensuel Intelligences Magazine et présidente fondatrice du club Intelligences citoyennes
Pierre Goudiaby Atepa, ingénieur architecte
Didier Awadi, musicien
Par Doudou Wade
A MONSIEUR LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE
Depuis quand le bureau de l’Assemblée nationale s’est transformé en un démembrement ou à une officine du cabinet du président de la République ?
Monsieur le président de l’Assemblée nationale, le 15 septembre 2020, vous avez présidé une réunion du bureau sanctionnée par « une déclaration de l’Assemblée nationale » sur le dossier des inondations géré par le gouvernement du Sénégal dans le cadre du Plan Décennal de Lutte contre les Inondations (PDLI).
Monsieur le président, suite à cette réunion, j’exprime mon étonnement et mes inquiétudes du fait de votre comportement. Je vous informe que je ne suis pas le seul au regard des échanges que j’ai eus avec bon nombre de sénégalais avertis et qui suivent le travail de l’Assemblée nationale avec un grand intérêt.
Monsieur le président, vous faites peur à bon nombre de vos concitoyens. Comment pouvez-vous oser, à la réunion du bureau du 15 courant, signer une déclaration dite « de l’Assemblée nationale » ? Au regard de votre cursus universitaire et professionnel, au regard de l’expérience politique et gouvernementale que vous charriez, vous n’avez pas droit à un tel manquement.
Monsieur le président, l’Assemblée nationale n’a pas été saisie de ce dossier. Je vous rappelle qu’elle est hors session depuis le 30 juin 2020. Les pouvoirs du bureau et de son président sont clairement définis par les articles 17 et 18 du Règlement intérieur. Vous n’avez donc aucun pouvoir d’agir de la sorte car le bureau de l’Assemblée n’est pas l’Assemblée nationale et ne s’aurait l’être.
Monsieur le président , vous avez pris deux décisions majeures durant cette réunion. La première est le refus d’user de vos prérogatives (article 5 du RIA) pour convoquer une session extraordinaire et entendre les ministres impliqués dans la gestion du Programme Décennal de Lutte contre les Inondations et sur les conséquences des pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’ensemble du pays comme l’a demandé le Président du Groupe parlementaire liberté et démocratie. La deuxième est la mise en place d’une mission d’information composée de divers députés tenant compte de la configuration politique de l’Assemblée. Si pour la première décision je ne peux rien vous reprocher parce que c’est votre droit le plus absolu. Par contre, pour la deuxième, je vous signale que vous n’en n’avez pas le droit. Cette deuxième décision est un abus, du « ma tey ». Vous avez outrepassé vos prérogatives. Je suis au regret de vous le dire.
En effet, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale dans son chapitre XI Intitulé : « MISSIONS D’INFORMATION OU D’ETUDE DES COMMISSIONS PERMANENTES » ne donne aucune prérogative au bureau dans la constitution et l’orientation des missions d’information prévues par l’article 49 auquel vous avez fait référence. Sans équivoque et sans risque de me tromper, j’affirme que les missions d’information et d’étude dont il s’agit ici, sont celles des commissions permanentes et non “celles“ du bureau de l’Assemblée nationale.
Monsieur le président, dans votre déclaration, vous faites référence à l’esprit et à la lettre du premier alinéa de l’article 49 du règlement intérieur qui est ainsi libellé: « Sans préjudice des dispositions les concernant contenues au Titre Premier, les commissions assurent l’information de l’assemblée pour lui permettre d’exercer son contrôle sur la politique du gouvernement ».
Par omission volontaire ou par ignorance mais de manière suspecte, monsieur le Président, vous faites table rase du deuxième alinéa de l’article 49 qui stipule : « A cette fin, elles (les commissions) peuvent confier à un ou plusieurs de leurs membres des missions d’information ou d’étude. Ce deuxième alinéa constitue une preuve formelle que seules les commissions permanentes peuvent envoyer des missions d’information ou d’étude.
Monsieur le président, vous avez décidé illégalement de votre mission, de son rapport et de son destinataire à savoir le chef de l’Etat. Qu’a cela ne tienne. « Bien entendu, les députés en auront déjà pris connaissance » sans doute pour jouer les seconds rôles. Ceci m’amène à me poser la question de savoir depuis quand le bureau de l’Assemblée nationale s’est transformé en un démembrement ou à une officine du cabinet du président de la République ?
Monsieur le président, à travers la lettre du 14 septembre 2017 que je vous ai adressée à la suite de votre élection comme président de l’Assemblée nationale, je formulais un souhait et exprimais un espoir de voir la 13eme législature nous faire oublier les affres de la douzième. J’ai toujours agi dans cette direction pour apporter ma contribution à rehausser la dignité de l’Assemblée nationale en accompagnant et particulièrement par des prières.
Monsieur le président l’Assemblée nationale, aujourd’hui, je suis au regret de vous dire qu’au regard de ce qui s’est passé depuis cette date que l’espoir n’est plus permis. C’est dommage mais l’histoire retiendra sans doute que vous n’avez pas su (pu ) cristalliser cet espoir que j’avais et que nourrissaient plusieurs de nos compatriotes.
Très respectueusement et que Dieu vous protège
Doudou Wade est ancien président de groupe parlementaire ancien député du parlement de la Cedeao
par Oumou Wane
RAPPORT D’ÉTAT AMERICAIN, SOLIDAIRES ET FIERS !
Que nous faut-il de plus pour croire en nous ? La confiance en soi est l'une des qualités les moins bien partagées dans notre pays
Comment ne pas revenir sur le rapport du Département d'État américain sur le climat des investissements 2020 au Sénégal ? Et comment ne pas se poser la question de son interprétation malveillante par une partie de la presse et un certain nombre d’observateurs politiques, à en faire sortir notre président de ses gonds ?
Car il ne s’agit pas ici du sempiternel complexe sénégalais qui consiste à ne voir que le verre à moitié vide, il en va bel et bien d’une escroquerie intellectuelle, au mieux d’une tentative de désinformer l’opinion, au pire d’une manœuvre pour déstabiliser nos concitoyens.
Que dit le rapport américain en effet ? Les États-Unis louent les avancées du PSE et annoncent le triplement de leurs investissements privés au Sénégal. La déclaration 2020 du Département d'État américain traite des dernières évolutions de l'environnement des affaires au Sénégal dans treize domaines, en notant des progrès significatifs et des défis à relever pour réaliser les ambitions de faire de notre pays une terre d'investissement de rang mondial.
Que nous faut-il de plus pour croire en nous ?La confiance en soi est l'une des qualités les moins bien partagées dans notre pays. Comment arrêter de se dévaloriser ?
Remarque majeure contenue dans le rapport du Département d'État américain : les progrès notés dans l'exécution du Plan Sénégal Emergent, (PSE) vu comme "un ambitieux programme de développement". Alors, qui peut encore douter que la densification des infrastructures économiques et sociales, permettra prochainement d'améliorer les conditions de vie des Sénégalais ? Les sceptiques, les « complotistes » et les grincheux !
Le taux de croissance économique soutenu, de bonnes liaisons dans le transport aérien, des projets d'expansion portuaire planifiés et l'amélioration du transport terrestre et le réseau ferroviaire… le Sénégal c’est l’avenir industriel de la côte ouest-africaine.
Quant au code des investissements du Sénégal ? Il offre, selon le Département d'État, des avantages concurrentiels non négligeables. Je ne rentre pas dans les explications techniques.
Même la réponse à la crise de la Covid-19 a été saluée pour son approche budgétaire offensive avec la mise en place du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid-19) et le financement rapide des équipements de santé usuels.
Bien sûr la pandémie a fortement affecté l'économie sénégalaise, mais est-ce le moment de lâcher prise ?
Concernant l'environnement politique et sécuritaire, le rapport salue le modèle démocratique du Sénégal, la qualité de ses institutions et la stabilité qui prévaut dans le pays. Le rapport mentionne que la sécurité est une priorité absolue pour le gouvernement, qui a augmenté son budget de défense et de sécurité de 92% entre 2012 et 2017. "L'environnement politique stable du Sénégal, sa position géographique favorable, une croissance forte et soutenue et une économie généralement ouverte offrent des opportunités attrayantes pour l'investissement étranger", écrit le Département d'État.
Je passe sur l'un des meilleurs systèmes d'enseignement supérieur d'Afrique de l'Ouest, la main d’œuvre qualifiée, la protection juridique aux femmes et aux enfants…
En revanche et personnellement, j’ajouterai une chose, pas assez mentionnée dans le rapport. Une richesse à laquelle je crois depuis toujours et dont je me désole qu’elle soit si peu exploitée. Selon moi, si le Sénégal est d’après les États-Unis, une terre de destination pour les investissements, il l’est avant tout pour le tourisme et les voyageurs. 7 sites inscrits au patrimoine mondial, 5 culturels et 2 naturels. Un patrimoine qui est témoin d’une histoire.
Ça vous saute aux yeux et c’est si beau ! Sans même parler du supplément d’âme tout à fait exceptionnel si l’on prend le temps de nous connaître et comprendre notre culture. Je veux me battre pour démontrer que ce pays est exceptionnel, ouvert sur les autres, discret mais extrêmement fier de sa culture et de son identité.
Comment ne pas comprendre le coup de colère récent de notre président Macky Sall quant à l’interprétation du rapport américain par ses détracteurs ? D’ailleurs, cette fois-ci les internautes ne s’y trompent pas, car voilà ce je que je peux lire dans les commentaires d’un article de seneweb : « Merci président, comme toujours vous vous battez pour notre pays », « Macky Sall est le premier défendeur de la nation », « Force à vous président, ne vous ne laissez pas faire, il est primordial de protéger nos intérêts comme vous le faites », « Mais oui ça c’est mon président ! Fier de lui, vive le Sénégal »… Que dire de plus ?
KARIM WADE, L'ÉVENTUALITÉ D'UN RETOUR QUI FAIT BEAUCOUP PARLER
L'exilé de Doha va-t-il rentrer au Sénégal, en vue des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2024 ? Au PDS, plusieurs responsables assurent préparer son retour, mais sans plus de précisions sur un agenda
Les avocats de Karim Wade estiment que celui-ci a recouvré ses droits et pourrait désormais être candidat à toute élection. Cette interprétation du code électoral ne fait pas l’unanimité, mais réjouit son parti, le PDS d’Abdoulaye Wade.
« Fin d’exil pour Karim Wade ? » La question est à la Une de la presse au Sénégal après l’annonce du collectif des avocats du fils de l’ancien président. Karim Wade a été condamné en 2015 à six ans de prison et une très lourde amende pour enrichissement illicite. Gracié par le président Macky Sall en 2016, il vit aujourd’hui en exil au Qatar. Sa candidature à la présidentielle de 2019 avait été rejetée, mais ses avocats considèrent qu'il a recouvré ses droits et pourrait désormais être candidat à toute élection. Ils s’appuient sur l’article 32 du code électoral, consacré à la limitation de l’interdiction d’inscription sur les listes à une durée de cinq ans.
L'argument est rejeté par certains juristes, qui soulignent que cette mesure ne s’applique que dans certains cas, pour des courtes peines. Karim Wade reste par ailleurs sous le coup d’une lourde amende de 138 milliards de FCFA, soit environ 210 millions d’euros. Une épée de Damoclès.
DIMAT, LE VERROU CONTRE LA PÉNÉTRATION FRANÇAISE AU FUUTA
Pendant près de 50 ans, cette localité nichée dans la province du Dimar, contiguë au Toro, entre le fleuve Sénégal et le marigot Ngalenka, a constitué un obstacle aux velléités françaises de pénétration des territoires de l’ancien Tekrur
Elhadji Ibrahima Thiam et Oumar Ba, Pape Seydi |
Publication 24/09/2020
Entre le 18ème et le 19ème siècle, si le Fuuta était une porte, Dimat en serait certainement le verrou. Pendant près de 50 ans, cette petite localité nichée dans la province du Dimar, contiguë au Toro, entre le fleuve Sénégal et le marigot Ngalenka, a constitué un obstacle aux velléités françaises de pénétration des territoires de l’ancien Tekrur. Les colons n’ont réalisé leur dessein que trois ans après la mort de celui qui symbolisait cette résistance, le patriarche Elimane Boubacar, en 1854.
Lorsqu’Amadou Makhtar Kane évoque l’histoire de Dimat, l’auditoire est tout ouïe. Il n’a même pas besoin de jeter un coup d’œil sur les papiers qu’il tient entre les mains. Les mots qui sortent de la bouche de ce presque septuagénaire sont d’une limpidité et d’une cohérence dignes d’un agrégé en Histoire. Si tant est que seuls les bancs de l’école garantissent cette dignité. Ici à Dimat, on ne le pense pas. «Amadou Makhtar, c’est notre historien. Personne ne maîtrise mieux que lui l’histoire de cette contrée. On n’ajoute et on ne soustrait rien à ce qu’il dit», souligne l’imam Amadou Sy Baidy que nous retrouverons plus tard à Dimat Walo.
On est le 14 septembre 2020. Après un long périple qui a commencé à Dakar aux premières heures de l’aurore, on arrive enfin, vers 15h, à Dimat que certains appellent «Porte du Fuuta» située à une dizaine de km de Fanaye. «Porte du Fuuta», cette appellation n’est pas usurpée. C’est à la fois une réalité historique et géographique. Mais aussi symbolique. En ce lendemain de pluie, la localité croule sous une chaleur moite. Les rues sont presque désertes comme si le soleil avait étouffé les allers et venues des habitants. Les rares personnes dehors sont cantonnées sous quelques arbres ombrageux qui bordent la Route nationale 2 (Rn2).
Derrière cette tranquillité apparente de Dimat, se cache une histoire au rythme de la lutte contre la pénétration française dans le Fuuta. Un récit peu connu du grand public mais que les Dimatois aiment à ressasser comme pour lutter contre l’oubli mémoriel. «Nous avons mis en place des commissions qui travaillent à la revivification de l’histoire de Dimat et de la province du Dimar en général», glisse Mamadou Kane, un des descendants d’Elimane Boubacar, le grand patriarche qui fut un rempart contre la présence française dans la Moyenne vallée pendant une cinquantaine d’années. «C’est après son décès, en1851, que les Français ont pu mettre un pieds dans le Fuuta. Sous son règne, les Français étaient cantonnés sur l’Île de Saint-Louis et dans le Walo. Elimane Boubacar, c’était une forte personnalité, très respectée et dont l’influence avait donné à Dimat une certaine autonome vis-à-vis du reste du Fuuta bien qu’il n’était pas Almamy», souligne le Pr Mamadou Youry Sall, enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et grand spécialiste du Fuuta.
Quelques vestiges rappellent ce passé. Ces reliques se trouvent à Dimat Walo, de l’autre côté du marigot Ngalenka. En effet, «Dimat est subdivisé en deux parties : Dimat Diéry, d’installation récente et qui se trouve sur la route nationale, et Dimat Walo, notre village originel», précise Alioune Kane, le chef de village.
Pour aller donc à Dimat Walo, il faut traverser le marigot Ngalenka à bord d’une embarcation bien particulière : une traille se déplaçant grâce à des câbles tendus d’une rive à l’autre et à la force du courant. Ensuite, pénétrer les terres de décrue du fleuve Sénégal, trois kilomètres plus loin. Apparaissent alors, au milieu de ce relief plat et herbacé, deux minarets. Comme un peu partout au Fuuta, la mosquée est le premier édifice qu’on aperçoit à l’entrée d’une localité. Dimat Walo ne déroge pas à cette réalité.
Le lieu de culte se trouve au milieu du village aux habitats typiquement traditionnels où le pisé domine le ciment. A côté de la mosquée, l’endroit où a eu lieu la veillée spirituelle entre Elimane Boubacar, Tafsir Diabir Diallo et Elhadji Oumar Tall a été transformé en mausolée. L’endroit est voilé du sceau du sacré car considéré comme étant le point de départ de l’épopée omarienne. Explications : «avant de s’engager dans le djihad, Elhadji Oumar Tall est venu recueillir l’avis d’Elimane Boubacar et de Tafsir Diabir Diallo. Les trois hommes se sont enfermés dans ce local pendant des jours. C’est au sortir de cette retraite spirituelle qu’Elhadji Oumar a obtenu la bénédiction de faire le djihad. Elimane Boubacar lui a donné un de ses fils, Souleymane Boubacar, qui deviendra un de ses principaux lieutenants, du lot de ceux qu’on appelait ‘’afo diiné’’ qui veut dire ‘’aîné en la religion’’ », explique Amadou Makhtar Kane.
Mais, Elimane Boubacar, c’était aussi ce côté politique qu’il assumait. D’ailleurs, le Pr Mamadou Youry Sall le qualifie «d’érudit doublé de fin politicien», en référence à son opposition aux ambitions colonialistes des Français.
Au cimetière du village, le tombeau d’Elimane Boubacar se dresse au milieu des sépultures, entouré par quatre murets peints à la chaux. L’épitaphe accrochée à l’entrée met en exergue la longévité de l’homme : «1721-1851». Cent trente ans sur terre, un modèle de longévité. Et comme un symbole, derrière sa tombe, un canon profondément enfoui sous terre et dont n’apparaît que la gueule. «Il y en a d’autres mais ils sont ensevelis», précise Oumar Gaye, la trentaine, reconnu également comme un fin connaisseur de l’histoire de Dimat aux côtés d’Amadou Makhtar Kane.
Cette artillerie lourde est le témoin de la bataille du 6 mai 1854 entre l’armée de Dimat et les forces coloniales conduites par le gouverneur Auguste-Léopold Protêt et le capitaine de génie Louis Faidherbe. Cet épisode est connu sous le vocable de «Prise de Dial Matche». «Dial Matche» était l’autre nom de Dimat.
Ce jour-là, la muraille d’un mètre de large et de 4,5 mètres de haut qui entourait le village, par ailleurs capitale de la province du Dimar, n’a pas pu résister à la puissance de feu des Français décidés à en finir avec Dimat qui, pendant longtemps, les a empêchés de dérouler leur agenda au Fuuta et limité leurs actions au Sénégal. Les colons français étaient d’autant plus déterminés que celui qui leur tenait tête depuis une cinquantaine d’année, Elimane Boubacar, n’était plus de ce monde. «Les Français voulaient aller s’installer à Podor par le fleuve. Cependant, ils devaient forcément passer par Dimat. Ils ont demandé aux gens de Dimat de rester neutres, ces derniers ont refusé et ont attaqué leur flotte. Dimat a fait prisonniers quatre soldats noirs de l’armée française qui avaient déserté et, en plus, a capturé l’enseigne de vaisseaux Lebrun. Très courroucée par cet acte de défiance, l’armée coloniale française, sur le chemin du retour après l’expédition de Podor, attaqua Dimat», indique Oumar Gaye. Selon Amadou Makhtar Kane, Faidherbe aurait écrit dans son rapport ces mots : «pendant 45 ans, Elimane Boubacar et Dimat nous ont empêché de prendre le Fuuta». D’après l’ancien conservateur du Fort de Podor, Abdourahmane Niang, le contingent français arrivé à Dimat comptabilisait 250 hommes. «Beaucoup d’entre eux ont péri. Après la bataille, il n’en restait que 75», dit-il.
Preuve que la prise de Dimat a été considérée par la France comme une grande victoire, 11 parmi les soldats qui avaient pris part à cette expédition ont été décorés, d’après Amadou Makhtar Kane. Il rappelle que le premier «accrochage» entre les soldats français et l’armée de Dimat a eu lieu le 22 juillet 1804 à Fanaye situé à 9 km de là. Vingt ans plus tard, une grande coalition mise en place par Elimane Boubacar et composée du chef du Walo, Yerim Fatim Mbodj, de l’émir du Trarza, Mohamed El Habib, et de l’almamy du Fuuta, Ibra Jaatara Agn, s’opposera aux Français.
Lorsque Dimat a été vaincu, c’est le fils d’Elimane Boubacar qui tenait les rênes du pouvoir. Il s’appelait Elimane Seydou. Malgré cette défaite, son autorité était restée intacte. Les Français ont tenté d’en faire leur pion, il a refusé. Il est capturé, déporté et mis en résidence surveillée à Saint-Louis. Une autre version dit qu’en 1858, Faidherbe et Elimane Abdoul Boly ont signé un traité de protectorat, ce qui met la province du Dimar sous protectorat français détaché du Fuuta. Dimat aura connu trois déportations : celle d’Elimane Seydou à Saint-Louis, celle d’Elimane Mamadou Dada au Gabon et qui reviendra des années plus tard auréolé du titre d’officier de l’armée française, et celle d’Elimane Demba en Casamance.
LES ETUDIANTS DU PRIVÉ INVESTISSENT LA RUE, BRÛLENT DES PNEUS
Les étudiants orientés dans le privé par l’Etat ont manifesté hier, mercredi 23 septembre 2020, pour réclamer le report des examens du BTS prévu ce lundi 28 septembre.
Les étudiants orientés dans le privé par l’Etat ont manifesté hier, mercredi 23 septembre 2020, pour réclamer le report des examens du BTS prévu ce lundi 28 septembre. Ils ont barré la route qui mène vers Castor et brûlé des pneus, obstruant toute la circulation pendant une heure. Le responsable des étudiants du privé, Babacar Sall, a été interpellé, pendant une demi-heure avant d’être libéré, par les Forces de l’ordre qui dispersé la manifestation.
A quatre (4) jours des examens du BTS, les étudiants orientés dans le privé, par l’Etat, sont passé à la vitesse supérieure dans leur combat pour le report de ces évaluations. Ils ont barré la route qui mène vers Castor, paralysant ainsi le trafic pendant une heure sur cet axe routier. Des pneus, des poubelles remplies d’ordures et des branches d’arbres ont été entassés et incendiés sur la route.
Cependant, les Forces de l’ordre n’ont pas tardé à intervenir pour disperser la foule, avant d’éteindre le feu et rétablir la circulation. Très en colère, les étudiants déclarent qu’ils «seront sur le terrain tant que leur situation, pouvant leur permettre de rejoindre les amphithéâtres, ne sera pas réglée».
A les en croire, les étudiants du privé ne comptent pas déposer les armes. «Aujourd’- hui, nous avons barré la route, brûlé des pneus. Mais que les autorités sachent que ce n’est que le début. J’ai été interpelé par les Forces de l’ordre pendant une trentaine de minutes mais, finalement, ils m’ont libéré. Malgré tout cela, nous ne comptons pas faire marche-arrière, nous allons aller jusqu’au bout, si les autorités ne reportent la date des examens du BTS. Nous ne voulons pas d’un diplôme sans qualification professionnelle», martèle le responsable des étudiants orientés dans le privé, Babacar Sall.
Dans le même sillage, le secrétaire général du Cercle des étudiants orientés dans le privé dénonce le mutisme des autorités et interpelle le président Macky Sall. «Nous avons organisé des conférences de presse dans le but d’alerter les autorités, mais en vain. Cheikh Omar Hann (ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ndlr), Dame Diop (ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat) qui sont toujours restés dans leur mutisme total. Ils doivent impérativement se prononcer sur la situation des étudiants orientés dans le privé. Nous sommes fatigués ! Nous réclamons une formation de qualité pour diriger ce pays, demain. Que les autorités sachent que les étudiants sont prêts à tout pour obtenir gain de cause. Quitte à descendre chaque sur le terrain pour brûler des pneus, barrer la route», tonne Ansoumana Faty, secrétaire général du Cercle des étudiants orientés dans le privé. Même son de cloche, Yaya Cissé, un étudiant en comptabilité et gestion, qui enchaine : «on a repoussé les examens du Baccalauréat, de même que le Bfem, donc pourquoi ne pas repousser les examens du BTS. C’est un diplôme d’Etat, au même titre que les autres diplômes. Nous exigeons le report de la date des examens jusqu’au mois de décembre. Nous sommes restés plus de trois (3) mois sans faire de cours en présentiel. C’est vrai, des cours en lignes ont été proposés via les plateformes. Mais force est de reconnaître que la connexion coûte excessivement chère au Sénégal, raison pour laquelle beaucoup d’étudiants n’ont pas assisté à ces cours. Nous interpellons directement le chef de l’Etat, Macky Sall. Il est temps qu’il réagisse.
Sinon nous allons maintenir notre mot d’ordre de grève tant que cette question ne sera pas réglée». Pour rappel, les étudiants avaient sorti un communiqué et organisé un sit-in pour alerter les autorités et réclamer le report de la date du BTS. Après la manifestation, les gendarmes étaient toujours postés à l’entrée de Castor, pour veiller au grain et les étudiants s’étaient retranchés dans leur campus.
LA CRAINTE DE DESEQUILIBRE TERRITORIAL NE ME SEMBLE PAS SUFFISAMMENT IMPORTANTE
Ababacar Gueye, expert en décentralisation donne de point de vue sur la départementalisation de Keur Massar
La commune de Keur Massar pressentie pour devenir un département, selon le souhait du chef de l’Etat, dispose d’un potentiel socio-économique suffisant à même de permettre à la nouvelle ville d’avoir les ressources qu’il faut. C’est du moins la conviction de l’expert en décentralisation, Ababacar Guèye, qui semble prendre le contrepied de ceux-là qui soutiennent le contraire, non sans estimer que le déséquilibre tant craint par certains ne pèse pas lourd face aux potentialités de la zone.
Comment appréciez-vous cette décision prise par le Chef de l’Etat Macky Sall de départementaliser Keur Massar ?
C’est une décision politique, mais qui répond aux aspirations des populations concernées car il s’agit d’une concrétisation d’une demande récurrente des populations de Keur Massar. Elle me semble aller dans le sens du renforcement de la décentralisation et en même temps de la déconcentration. En effet, la création d’un nouveau département, et l’érection de Keur Massar entre dans ce cadre, s’accompagne d’une amélioration des rapports entre l’administration et les administrés par un rapprochement évident des deux. Elle permet aussi dans le cadre de la décentralisation d’améliorer la gouvernance locale. Cette départementalisation permettra en effet de créer un niveau de collectivité territoriale qui sera soit une ville, soit un département et collectivité territoriale (au Sénégal les départements sont à la fois déconcentrés : circonscriptions administratives, et décentralisés : collectivités territoriales). Donc, les affaires locales de Keur Massar seront prises en compte par les organes locaux, élus par les populations de Keur Massar conformément au principe de la libre administration des collectivités territoriales consacré par l’article 102 de la Constitution. Il faudra cependant attendre pour voir les différentes structures décentralisées qui seront mises en place (de simples communes à l’intérieur du département, des communes qui composeraient la ville de Keur Massar ou alors la coïncidence de l’espace départemental avec celui de la collectivité territoriale).
Quels sont les changements qu’une telle décision va induire sur le plan social et économique pour Keur Massar ?
Vous savez, l’option du Sénégal et de l’Acte III de la décentralisation est la territorialisation des politiques publiques, mais aussi l’impulsion du développement économique par un développement à la base qui passe par les collectivités territoriales. L’érection de Keur Massar devra normalement s’accompagner de la construction d’infrastructures de développement et de mise en place de politiques territoriales de développement du département avec tous les effets induits du point de vue social. Il restera toujours la question de savoir si le département est un niveau pertinent de décentralisation. En effet, d’un point de vue territorial, on peut discuter de la capacité du département, tel que conçu actuellement, à impulser le développement à la base. Le département est de façon indéniable un bon niveau d’administration, il n’est pas forcément un bon niveau de gouvernance territoriale au Sénégal. En tant que collectivité territoriale, toutes les opportunités de la coopération décentralisée vont alors s’ouvrir à Keur Massar en tant que collectivité territoriale, même si c’était déjà une commune. Il ne faudra pas non plus occulter les infrastructures administratives de l’Etat qui auront nécessairement un impact sur la vie des populations.
Est-ce qu’un tel changement ne créera pas des déséquilibres territoriaux avec une région qui compte 5 départements ?
Si on limite la réflexion au niveau superficie du territoire, oui on peut le penser. D’autant plus qu’il s’agit de la plus petite région du Sénégal. Il faut aller plus loin en retenant que c’est la région la plus développée et qui a le plus de potentialités d’un point de vue économique. La zone de Keur Massar polarise des activités socio-économiques relativement importantes, pouvant être le support d’un dynamisme économique certain. Donc, la crainte de déséquilibre territorial ne me semble pas suffisamment importante face aux potentialités de la région et de la zone en particulier. Les activités socio-économiques à Keur Massar sont suffisamment importantes pour permettre à une ou des collectivités territoriales d’avoir des ressources et de participer à une gestion autonome et mener une politique de développement économique local. Il faudrait, et ce n’est pas le plus simple, éviter les pesanteurs qui plombent la plupart des collectivités territoriales au Sénégal. Les équilibres structurels territoriaux ne constituent pas un objectif de la décentralisation et de la déconcentration, ce qui n’est pas le cas du développement économique local. L’essentiel, c’est de s’insérer dans le cadre d’un dispositif d’aménagement du territoire cohérent. Et souvent, c’est là où le bât blesse.