Affaire Batiplus : Alex Rabih Kfoury confondu devant le Dji
Rebondissement dans l’affaire Batiplus. Les commission rogatoires du doyen des juges ont littéralement démasqué le fiancé de Rachelle Sleylati Alex Rabih Kfoury vendredi dernier. D’après de sources dignes de foi, les enquêteurs se sont rendus compte que ses déclarations devant les pandores de la Section Recherche n’ont rien à voir avec ce qu’ils ont trouvé dans la réalité. Par exemple, il leur disait ne disposer ni de terrain encore moins d’appartement dans le pays. Or, la commission prouve qu’il en a un au Plateau et est en passe d’acheter un autre en copropriété avec sa fiancée. À ce titre sur les huit cent millions, un acompte de cinq cent millions a été fait. Cerise sur le gâteau, les 95 millions sont en espèce. Au surplus, les enquêteurs qui se sont intéressés aux deux sociétés ( Platinium et Pingouin) ont découvert qu’elles n’ont pas généré dix millions de bénéfice ces 4 dernières années. Qui plus est, il est établi qu’il y a eu des mouvements de fonds entre les comptes de Rabih Kfoury et sa fiancée dont le compte personnel avait 40 millions FCfA pour quelqu’un qui a un salaire mensuel de 1 million. En définitive, les faits accablent le couple Alex-Rachelle, puisque leurs revenus cumulés ne permettent pas tous ces versements. Mais une question reste en suspens. Pourquoi seule la jeune dame est en prison ? si tant est que la complicité est bien établie pourquoi seule Rachelle est en prison pendant que son fiancé se la coule douce? En tout état de cause, le doyen des juges a de quoi désormais prendre son ordonnance de renvoi devant le tribunal dans cette affaire rocambolesque où on parle de 2,5 milliards détournés au préjudice des Fares, propriétaire de Batiplus.
Une femme perd la vie en accouchant
Dans le village de Aga, situé sur l’axe Thiadiaye-Ngueniene, une dame répondant au nom de Khady Maronne y a perdu la vie avant-hier samedi. Mariée et mère de 5 enfants, la dame était en dernière phase pour donner une nouvelle vie. Hélas ! Dans ce village lointain où la case de santé est gérée par une «badianoi gokh» faute d’agents de santé, elle ne pouvait rien faire alors que la situation de Khady Maronne était critique. Ainsi, elle a été évacuée au district de Thiadiaye. Mais vu les complications, Khady Maronne a été ensuite évacuée au centre de Santé de Mbour. Après la césarienne, son nouveau-né n’a pas survécu. Quelques minutes plus tard, Khady Maronne a succombé. Tous les deux ont été enterrés à Aga, le même jour.
Sidiki Kaba distribue 1000 moustiquaires à Tambacounda
Le ministre des Forces Armées joue sur le terrain social. Son mouvement Actions pour le développement du Sénégal oriental a distribué samedi de nombreuses moustiquaires dans les quartiers périphériques de la commune de Tambacounda. Selon la note parvenue à « L’As », cette action initiée par les femmes favorables à Me Sidiki Kaba entre dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Elles ont été assistées dans leur action par les «badjénou Gox» de la ville. Toujours à la recherche du bienêtre des populations, ADESOR a jugé important d’offrir de moustiquaires puisque la forte pluviométrie accélère la prolifération des moustiques, vecteurs d’une autre maladie tout aussi mortelle que dangereuse, le paludisme. D’ailleurs, selon les études du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), 33 844 cas de paludisme confirmés au niveau communautaire y sont dépistés en 2019. Une tendance à renverser pour placer la région dans le vert. En cette période de pandémie liée à la Covid-19, l’attention doit aussi être accordée à cette tueuse silencieuse qui fait des ravages dans les zones de Tamba et Kolda.
Colère des populations de Pata et environs
L’espoir s’est fondu comme du beurre au soleil. Les populations de Pata et de Médina Yoro Foulah qui espéraient que le président Macky Sall allait tenir sa promesse de désenclaver le département en bitumant la route, sont rouges de colère. L’arrêt des travaux et le démantèlement des bases de Pata et de Niaming de l’entreprise qui s’occupait des axes routiers Pata-MYF-Fafoucourou-Dabo, ont fait monté au créneau les jeunes de Pata. Face à la presse hier, les jeunes considèrent le départ de l’entreprise comme un mépris du gouvernement à l’endroit des citoyens de cette partie de la région de Kolda qui tarde à avoir un mètre de route bitumée. En plus du bitumage, le responsable des jeunes de Pata, Chérif Baldé souligne qu’une seule commune du département de MYF est électrifiée, le centre de Santé de MYF n’est que de nom et les jeunes sont au chômage. Ainsi, les populations de Pata et environ exigent du gouvernement le redémarrage immédiat et sans condition des travaux de bitumage, l’électrification des communes de Pata, Kéréwane, Niaming, Ndorna etc., la transformation du poste de santé de Pata en centre de santé et la construction d’un centre de formation.
Macky Sall au Sommet de la Cedeao
Après une longue pause à cause de la pandémie du coronavirus, les sommets en présentiel ont repris. La Cedeao tient sa 57e session ordinaire. Le Président Macky Sall a quitté Dakar hier pour prendre part à la 57e session ordinaire du Sommet de la Cedeao prévue aujourd’hui à Niamey au Niger. Les chefs d’Etat de la Cedeao vont se pencher sur la situation politique, économique et sociale de la sous région ainsi que sur les questions liées au fonctionnement de l’Organisation. Le Président Sall revient aussitôt après la fin du sommet. Mais déjà il fait l’objet de vives critiques.
L’élève décédé en plein examen à Kounkané admis au Bac
Les résultats de l’examen du baccalauréat de leur fils vont réveiller la douleur. Le candidat auBac, Djiby Sadio du Lycée de Kounkané, décédé lors de la dernière épreuve, a été déclaré admis d’office par le président du jury 1011. Il est classé 21e sur les 24 candidats admis d’office. Pourtant, Djiby Sadio n’a pas terminé l’épreuve de Sciences de la vie et de la terre (SVT) puisqu’il était en série L2. Ses parents se chargeront de récupérer son premier diplôme universitaire qu’il ne verra jamais. Pour rappel, sur 152 candidats du jury 1011, 24 sont admis d’office et 52 admissibles au second tour.
Les dégâts collatéraux des pluies diluviennes à Thiès
Les dégâts collatéraux des pluies diluviennes du week-end ont été insoutenables dans plusieurs quartiers de Thiès où des familles ont même été privées de repas de midi, à cause des inondations. Les populations de Sampathé, Kawsara, Takhikao, Nguinth et Keur Mame El Hadji ont été prises de court par les eaux de ruissellement.Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’état actuel du poste de santé de Nguinth, qui se trouve sur un point bas, donc point de convergence des eaux de ruissellement, pour se rendre compte de la gravité de la situation. Du côté de la Chambre de commerce, les lieux ressemblaient à un grand lac, ce qui a endommagé plusieurs véhicules. Pour l’heure, les populations sont dans le désarroi et restent à l’écoute des maires, ne serait-ce que pour les soulager.
Frapp demande la dissolution du HCCT, CESE et CNDT
Une délégation de Frapp conduite par Guy Marius Sagna s’est rendue dans la banlieue pour réclamer la dissolution de certaines institutions de la République afin de résoudre le problème inondations. Selon les activistes, Macky Sall a le devoir aujourd’hui de supprimer le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), la commission nationale du dialogue des territoires (CNDT) … pour mettre l’argent dans les préoccupations premières des populations. Frapp pense que ces institutions inutiles et budgétivores ne sont pas la priorité des populations. Ils réclament l’audit du plan décennal de lutte contre les inondations. Les activistes ont été gazés dimanche par la police alors qu’ils prenaient part à une marche spontanée des populations des Parcelles Assainies de Keur Massar de Rufisque qui sont inondées depuis 2012. Ces populations sont soutenues par le collectif zéro inondation. A les en croire, la police a lancé 09 grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Pourtant d’après Frapp, ces populations ont donné chacune 500.000 pour l’assainissement. Frapp demande où sont passés les 767 milliards du plan de lutte contre les inondations.
Pape Diop réclame la suppression du CESE et HCCT
Restons avec les inondations pour dire que la dissolution de certaines institutions de laRépublique est sur toutes les lèvres. Le leader de Bokk Gis Gis qui est d’avis que ces pluies diluviennes causant d’énormes dégâts sur toute l’étendue du territoire, replongent plusieurs localités du pays dans le spectre des inondations. Pape Diop invite le président de la République, qui vient de lancer le Plan Orsec, à l’accompagner d’actions fortes à l’image de ce qu’il avait fait en 2012, à savoir la dissolution du Senat et le redéploiement de son budget aux opérations de secours et à l’assistance aux populations sinistrées. Le leader de Bok Gis Gis pense que la dissolution d’une ou de plusieurs institutions comme le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) et la Commission pour le Dialogue des Territoires (CNDT) entre autres, doit être envisagée. D’autant que, dit-il, la situation actuelle est, à tout point de vue, beaucoup plus difficile et complexe que celle de 2012 qui l’avait amené à dissoudre le Senat. A l’en croire, le drame des inondations vient s’ajouter à la pandémie à coronavirus avec ses effets dévastateurs sur l’économie nationale et les conditions de vie des Sénégalais.
Arrestation de trois Kankourang à Mbour
Dans une audio, le commissaire central de Mbour met en garde les gens qui s’aventurent à sortir le Kankourang. Le chef de la police locale a mis d’ailleurs aux arrêts et déféré trois Kankourang. Mieux, le commissaire de Mbour a interdit le «diambadong» (Ndlr, danse avec les circoncis) jusqu’à ce que le Préfet donne son aval. Au quartier Mbour Sérère, les limiers ont déjà identifié des jeunes qui veulent sortir le kankourang. Dans un discours limpide, le commissaire Mandjibou Lèye prévient qu’il ne fera pas de compromission et que toute personne qui sera arrêtée sera déférée auprès du procureur. Ainsi Lèye exhorte les jeunes de à respecter la loi avant qu’elle ne s’applique contre eux. «Pour une ample diffusion, le commissaire central demande que cette audio soit partagée au maximum au sein de la collectivité mandingue».
DDD suspend ses lignes de la banlieue
La société Dakar Dem Dikk accentue le calvaire des populations. En plus du supplice des inondations, les banlieusards vont devoir faire face aux difficultés de déplacements. Puisque la direction de Dakar Dem Dikk a décidé l’arrêt provisoire de ses lignes de la banlieue en raison des fortes pluies qui se sont abattues ce week-end occasionnant des inondations. Ainsi, toutes les lignes de banlieue sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.
Assises de la commission nationale consultative de mutation des enseignants
Le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla va présider aujourd’hui la cérémonie de clôture de l’édition 2020 des assises de la commission nationale consultative de mutation des personnels enseignants. Plus d’une cinquantaine d’acteurs de l’éducation nationale étaient en conclave à Mbour pour arrêter de manière consensuelle les critères pour la mutation des enseignants du primaire au secondaire et programmes d’éducation préscolaire, d’enseignement élémentaire et du corps de contrôle. Pour l’année 2020, le ministère de l’Education Nationale a reçu 19.904 dossiers de candidature, soit 18%de l’effectif total des enseignants. Ces demandes sont réparties entre le ministère de l’Education nationale pour 18.490 et celui de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et de l’Artisanat pour 604.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES ENCOMBREMENTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut être costaud mentalement pour vivre en Afrique - NOTES DE TERRAIN
Il nous a fallu 30 minutes pour quitter Sacré-Coeur et arriver à la Zone de captage. À cause des embouteillages, mais surtout parce que la route à partir du Front de terre, jusqu’à la Cité des eaux, en passant devant l’hôpital de Grand-Yoff était impraticable. Les voitures zigzaguaient. Certains chauffeurs cherchaient des raccourcis. Il y avait des flaques d’eau partout, qu’il fallait éviter. Des cratères s’étaient formés çà et là. On aurait dit qu’une bombe avait été larguée ici. Et que la force destructrice de l’impact avait fait surgir un écosystème. De bordel, de précarité, de débris de toutes sortes. Il a plu abondamment ces derniers jours, il faut dire. Mais, cela ne justifie en rien cette situation chaotique. Pourquoi cette zone a été rendue habitable ? Sans un vrai assainissement. Sans un plan d’aménagement correct ?
J’avais un rendez-vous, mais je ne connaissais pas le lieu exact. J’avais juste une carte de géolocalisation, que j’ai suivi jusque-là. La navigation de Google n'était pas précise. Nous avons atterri dans une petite ruelle, un coin étroit. Mon ami a décidé de chercher un endroit plus commode pour se garer. Un peu plus loin, derrière. La manœuvre était délicate. Il fallait attendre que la voiture, à côté, bouge. Puis avancer un peu, avant de faire marche arrière. Il s’agissait, après, de trouver une place de stationnement plus tranquille, qui ne gêne pas la circulation. Pendant que mon ami assurait la navigation, j’appelais au téléphone pour que l’on vienne nous chercher. Nous nous sommes garés, finalement, dans la rue parallèle. Le tableau qui se présentait devant nos yeux était burlesque. En même temps, complètement vivant et chargé d’intensité.
Nous nous sommes mis à observer et à commenter ce panorama absurde. Pourtant familier. Qu’est-ce que tout cela voulait bien dire ? Nous étions là, et nous tentions de déchiffrer ces couleurs, ces pas calmes et résignés, ce spectacle étrange. Nous étions sérieux, en même temps fantaisistes. Nous riions, en restant grave. Mon ami répétait sans cesse : « C’est extraordinaire ! ». Je l’écoutais. Mais, au fond, mon esprit était complètement tourmenté. Ce qui me tracassait à ce moment est presque inavouable. Je vais le dire tout de même. Je pensais, précisément, ceci : malgré toutes nos convictions et nos volontés, nous irons difficilement de l’avant. Il faudrait une confiance infaillible à l’avenir, pour continuer à espérer un pays nouveau. Avec un autre cadre de vie. Ces pensées étaient inconfortables. Je me dépêchais de les congédier. Quelles idées absurdes, me dis-je en mon for intérieur. Pourtant, elles s’installent souvent dans mon esprit. Parfois confortablement. Pendant des heures et des jours.
Ces moments de doute agissent sur moi, de manière abrupte. Me prenant par les tripes. Je sens comme un dégoût quand ils m’empoignent. J’ai honte, je ne sais par quelle inclination de mon caractère, à chaque fois que je pense ainsi. Telle une personne chaste, isolée des désirs de la chair. Qui lorsqu’elle se prend à rêver de relations charnelles, se sent coupable. Même si, il faut le dire franchement, le Sénégal est désespérant. D’ailleurs, si la majorité des jeunes veulent fuir ce pays, c’est d’abord parce qu’ils ne s’y sentent pas à l’aise. Dans la terre de leurs pères, de leurs mères et de leurs ancêtres, il n’y a que très peu de choses vraiment positives. Très peu de confort moral, spirituel. Très peu d’oxygène pour rêver et s’épanouir. Mes songes cessèrent lorsqu’une femme, la cinquantaine largement dépassée, passa devant la voiture.
Elle portait un tee-shirt blanc avec des inscriptions imprimées en rouge. Un pagne beige était assorti à son foulard. Elle marchait patiemment, évitant à peine les pièges des flaques d’eau. On pouvait lire sur son tee-shirt, « Wiz Khalifa ». Avec mon ami, nous avons abondamment ri de cette scène surréaliste. Derrière elle, un charretier terminait de décharger du sable et se dépêchait de démarrer sa voiture hippomobile. Son cheval maigrichon bondit d’un pas, lorsqu’il sauta brusquement sur le chariot. Quelques voitures passèrent par la ruelle, pour échapper à la mare boueuse, qui s’était formée sur la route principale. Des taxis, des voitures individuelles. Plusieurs 4x4. Dans le décor, les bâtiments étaient tous asymétriques. De nouvelles constructions émergeaient tout autour. Des fils suspendus à plusieurs poteaux s’enchevêtraient dans les quatre coins de la rue. Une succession de paraboles Canal+ ornait la face haute de l’immeuble, devant nous.
Des chèvres déambulaient. Trois d’entre elles s’étaient allègrement recroquevillées, à l'entrée d’une charmante villa. Un salon de beauté était mitoyen à la maison. En face, le terrain de football du quartier était complètement inondé. Deux jeunes filles s’étaient accroupies, juste derrière le mur de l’aire de jeu. Elles devaient avoir moins de 12 ans. Elles se cachaient pour uriner. Une jeune femme marchait, vers la voiture. Elle traînait un raffinement extravagant. Elle tenait un smartphone et un sac noir. Sa perruque, mise délicatement, partait à l’arrière de sa tête. Elle dodelinait son corps svelte. Ce qui était saisissant, c’était de voir toutes ces personnes, vaquant à leurs occupations, tranquillement. Comme si ce décor, incohérent et tumultueux, était insignifiant. Le pittoresque de ce tableau ne semblait pas influencer les humains dans leurs activités.
Pourtant, il y avait là, un tas de contraires jetés maladroitement. Des mondes éloignés se rejoignaient. La modernité dans toute sa splendeur. Un univers plutôt misérable, moins glamour et pimpant, s’immisçait à l'intérieur de ce tableau. Des automobiles, de dernière génération, circulaient à côté de la fange. La ville et le milieu rural se superposaient. L’institut de beauté était logé tout près de la crasse. Mon ami, après avoir observé cette juxtaposition paradoxale, me dit : « Il faut être costaud mentalement pour vivre en Afrique. » C’était marrant. En même temps triste. Car, nous nous mouvons, quotidiennement, dans ce décor grotesque. Il n’y a rien de raisonnable dans notre environnement naturel. Notre milieu social est irrationnel. Bien sûr, cela influence notre caractère, en tant que peuple. Quelles que soient ses compétences collectives et sa générosité, une société ne peut s’élever dans ces conditions. La sérénité est impossible dans ce fatras.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Même si elles ont bouleversé les sociétés africaines, la traite et la colonisation n’ont finalement constitué qu’un bref épisode dans l’histoire du continent. Pour l’historien Mamadou Diouf, les cultures ont su se réinventer sans perdre leur essence
Même si elles ont bouleversé les sociétés africaines, la traite et la colonisation n’ont finalement constitué qu’un bref épisode dans l’histoire du continent. Pour l’historien sénégalais Mamadou Diouf, les cultures ont su se réinventer sans perdre leur essence. Entretien extrait de L'Atlas des Afriques, un hors-série de La Vie et du Monde, disponible en kiosque ou à commander en ligne.
En quoi la traite négrière (XVIe-XIXe siècle) et la colonisation ont-elles transformé les modes de vie des sociétés africaines de cette époque ?
Traite et colonisation sont des moments importants de rupture pour l’Afrique. Elles ont transformé aussi bien la géographie économique que les cadres politiques du continent. Avant le développement du commerce des esclaves, les échanges commerciaux, culturels étaient contenus à l’intérieur du continent, sauf aux lisières du Sahara/Sahel, en Afrique du Nord et sur les régions arabe, indienne et persane de l’océan Indien. Après la traite, un basculement s’est opéré : en raison de l’interaction avec les Européens et de leur entrée dans une nouvelle économie mondiale, l’économie atlantique, les sociétés côtières africaines ont gagné en puissance. Elles sont devenues les vecteurs les plus importants de l’organisation, nouvelle et durable, des économies africaines, rendues de plus en plus dépendantes de la demande externe au continent. Cette conjoncture est caractérisée par ce que le philosophe congolais Valentin-Yves Mudimbe appelle la « structure coloniale », dont les trois éléments sont : la conquête territoriale ; l’incorporation des économies africaines à celles des métropoles et la réformation de l’esprit indigène (The Invention of Africa, 1988).
Certaines sociétés africaines ont-elles réussi à tourner à leur avantage la longue période de la traite ?
Dans son livre Africa and Africans in the Making of the Atlantic World, 1400-1680 (Cambridge University Press, 1992), l’historien américain John K. Thornton montre que les Africains n’ont pas uniquement été les victimes de la traite. Certaines sociétés ont pu, à cette occasion, créer une base économique et militaire qui leur a permis de donner naissance à des royaumes esclavagistes puissants – tels les royaumes wolofs du Walo, du Cayor et du Baol, nés de la dislocation du royaume du Dyolof sous l’effet de la présence européenne –, capables parfois d’imposer eux-mêmes les termes du commerce atlantique aux Européens.
La colonisation s’est heurtée à de vives résistances. Quelles ont été les plus marquantes ?
On peut aujourd’hui lire ces résistances protéiformes en prenant le pouls de l’Afrique moderne et en identifiant les héros de chaque communauté. La plupart d’entre eux se sont battus lors de résistances qui ont joué un très grand rôle dans les idéologies nationalistes des années 1950-1960. Lat Dior (1842-1886), héros national des Sénégalais, s’est opposé avec force à la mise en place d’une liaison ferroviaire entre Dakar et Saint-Louis et à l’implantation de l’arachide. El-Hadj Omar (1797-1864), fondateur de l’Empire toucouleur sur le territoire des actuels Guinée, Sénégal et Mali, a levé une armée contre les forces coloniales françaises, un combat poursuivi par son fils Ahmadou Tall (1833-1898), qui tenta de fédérer les musulmans de la région. L’almamy Samori Touré (v. 1830-1900), résistant à la pénétration coloniale de l’Afrique occidentale, a dirigé une révolte dans les régions entre la Guinée et la Côte d’Ivoire. Citons aussi les animateurs du mouvement Mau-Mau au Kenya (1952-1956) ; le prince Louis Rwagasore (1932-1961) du Burundi… Après la conférence de Berlin en 1885 (voir page 82), les États européens sont parvenus, dans une certaine mesure, à assurer leur domination territoriale et politique sur l’Afrique. Cependant, les sociétés « égalitaires » constituées en villages sans autorité centrale ont été plus difficiles à soumettre. En effet, dans le cas des États centralisés, la défaite militaire entraîne la signature d’un traité ; dans celui des sociétés où la chefferie est plus floue, signer un traité ne rime à rien. Les Diolas de la Casamance, par exemple, ont résisté jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Ce fut le cas du peuple de l’Indénié en Côte d’Ivoire, des Sérères au Sénégal, des Samos, des Markas, des Bobos en Haute-Volta. Et de bien d’autres.
Monsieur le Directeur Général, C’est avec une grande stupéfaction que nous avons constaté, à travers les réseaux sociaux mais également directement sur le terrain, le démantèlement par la SONATEL de l’Antenne principale de la station terrienne de GANDOUL (Sébikhotane).
Dans un souci de vérification, nous avons privilégié l’échange avec vos services qui nous ont confirmé l’effectivité du processus. Nous aurions souhaité vous rencontrer et en discuter directement, mais il est à craindre que les délais exigés par le protocole d’une demande d’audience ne nous en laissent pas le temps car à ce jour, jeudi 03 Septembre 2020, plus de la moitié de la parabole est déjà enlevée.
Monsieur le Directeur, vous le savez certes déjà, mais il est important de rappeler pour le public sénégalais, que cette antenne revêt un caractère historique qui devait, à tous les niveaux, la classer définitivement dans le patrimoine technologique du Sénégal ! En effet, avec son diamètre 30 mètres, c’est la toute première antenne de ce genre installée en Afrique.
Le chantier a démarré en 1970 par la construction des bâtiments, et s’est poursuivi par la mise en place des équipements techniques et radioélectriques en 1971. Elle fut inaugurée le 5 Avril 1972 par le Président Léopold Sédar Senghor témoignant de la vision manifeste de notre jeune nation à exceller dans le secteur stratégique des télécommunications en présence des membres du Gouvernement et de tous les députés de l’Assemblée Nationale, Elle fait partie, de ce fait, du patrimoine des télécommunications au Sénégal mais aussi en Afrique. Dans sa conception, cette antenne démontre la qualité exceptionnelle de nos ressources humaines avec le leadership assuré par M. Alassane Dialy Ndiaye, reconnu comme le premier africain spécialisé dans les télécommunications spatiales et qui dirigea TELESENEGAL.
En 1985 en intégrant les Télécommunications Intérieures TELESENEGAL deviendra la SONATEL. Gandoul a contribué à la formation des pionniers du secteur des télécommunications en Afrique : des dizaines de Techniciens et Ingénieurs du Sénégal, de Gambie, Sierra Leone, Liberia, Gabon, Togo, Congo y ont été initiés aux Télécommunications par Satellite. La station de Gandoul a ouvert l’ère des Télécommunications modernes à notre Pays et à l’Afrique. Elle a permis au Sénégal, en 1972 de démarrer la Télévision Publique.
C’est ainsi que nous avons pu assister en direct aux Jeux Olympiques de Munich, et par la suite aux grands évènements mondiaux. Grâce à l’antenne de Gandoul le Sénégal a participé au programme des USA mené dans les années 1970 pour la compréhension de l’origine et de l’évolution des ouragans dans l’Atlantique Nord. Cette antenne est aussi entrée dans l’histoire de l’exploration spatiale en jouant un rôle capital dans la réussite du programme de la Navette Spatiale Columbia de la NASA.
En effet, à partir de 1981, elle a servi de station de Tracking (suivi), de contrôle et de communications dès les premiers essais de la navette spatiale américaine. Une contribution décisive et reconnue par un diplôme de la NASA, et en 1992, la visite à Gandoul de l’astronaute Kenneth « KEN» BOWERSOX, Commandant de la mission STS 50.Il décerna aux techniciens BACHIR NASRE et PAUL CORREA le « Silver Snoopy Award », une distinction que les astronautes de la navette spatiale remettaient à certaines personnes en guise témoignage de leur importance dans la réussite de la mission. C’est une reconnaissance pour le Sénégal entier !
Cette antenne parabolique de Gandoul avait aussi pour rôle de connecter le Sénégal et l’Afrique au reste du monde de manière sécurisée et entièrement autonome. C’est une station terrienne qui a permis la communication satellite au Sénégal bien avant l’avènement des sociétés de téléphonie mobile et de communication.
A ce titre, une fois de plus, elle est à inscrire en lettres d’or dans le patrimoine du Sénégal et de l’Afrique entière. Monsieur le Directeur Général, après ce rappel qui ne montre qu’une portion infime de la valeur technologique et historique de cette infrastructure, nous tenons à mettre l’accent sur la réalité qui fait aujourd’hui, de la SONATEL, le fleuron des entreprises sénégalaises.
La SONATEL est une fierté pour le Sénégal, à la pointe de la technologie et qui s’active à développer le secteur de l’innovation. Et c’est bien pour cette raison qu’il devient extrêmement difficile de comprendre qu’elle en arrive à décider d’effacer une infrastructure aussi importante dans l’histoire de la marche scientifique de la Nation. Nous ne pourrons jamais construire un futur technologique si nous effaçons, dès aujourd’hui, les témoins de nos efforts et réussites du passé. Pendant que vous démontez l’antenne de Gandoul, les dispositifs similaires en Algérie et en France, par exemple, bénéficient d’une attention bien particulière : en Algérie, l’antenne est dans un musée et en France depuis 2004, elle bénéficie d’un classement aux monuments historiques du 20e siècle.
Au moment où le Sénégal investit massivement dans la réorientation des enseignements et formations vers les sciences, et cherche à intéresser les jeunes générations aux filières scientifiques, la destruction en catimini de cette antenne sonne non seulement comme une grave amputation de notre histoire mais surtout comme une élimination définitive d’un important vecteur de création de vocation. Monsieur le Directeur Général, le regretté Joseph NDIAYE, ancien Conservateur de la Maison des Esclaves de Gorée, avait l’habitude de dire que « l’Histoire ne ment pas ».
Et malheureusement, avec cet acte de démolition, l’histoire de cette antenne racontée aux générations futures ne bénéficiera, dans le meilleur des cas, que d’un banal « Ah bon ? ». Signe d’étonnement ? Signe d’incrédulité ? L’histoire nous le dira !
Mais imaginez, d’un autre côté, son apport si elle est conservée, trônant fièrement au milieu des baobabs à la sortie ou à l’entrée de la dynamique ville de Diamniadio, nouveau symbole du progrès technologique du Sénégal avec la construction de la Cité du Savoir ou du Parc de Technologies Numériques (PTN). Imaginez, Monsieur le Directeur Général, l’impact que peut avoir la visite de cette infrastructure dans la conscience des jeunes élèves, en quête de référence dans le domaine scientifique. Nous-nous attendons déjà à toutes les explications et justifications possibles comme la vétusté du matériel, le risque sécuritaire qui en découle, le coût de l’entretien d’un équipement hors d’usage, l’installation de nouveaux équipements sur le site ... mais c’est bien cela la valeur de l’histoire : elle s’entretient ! Il est possible de restaurer cette antenne, de la sécuriser et d’en faire un musée qui rentre dans le circuit touristique sénégalais.
Aujourd’hui les navettes spatiales ne sont plus en activité, la fusée SATURNE 5 qui a faitl e succès des missions Apollo n’est plus d’actualité et Spoutnik, le premier satellite artificiel de l’humanité date de 1954, mais tous ces équipements ou leurs copies, occupent une place privilégiée dans les plus grands musées du monde et sont au cœur d’une attention particulière de la part de leur nation. Monsieur le Directeur Général, la construction de nouvelles infrastructures ne sera pas non plus une raison suffisante. En guise d’exemple, sous prétexte de la construction d’un nouveau dispositif reliant l’ile de Saint-Louis à Sor, il reste impensable que le mythique et historique Pont Faidherbe soit démantelé ou détruit. Ce serait un sacrilège !
Tout comme il est impensable que la Tour Eiffel soit détruite sous prétexte de la construction d’un nouveau monument à Paris. Pour toutes ces raisons, nous vous appelons, Monsieur le Directeur Général de la SONATEL, à reconsidérer ce processus, hélas déjà avancé, de destruction d’une infrastructure historique, patrimoine national et africain, qui mérite toute l’attention du Sénégal. Dans le pire scénario, reconstituez et réinstallez-la au cœur de la Cité du Savoir ou du Parc de Technologies Numériques (PTN) de Diamniadio, ou bien trouvez-lui une place au milieu des baobabs et transformez le site en Musée des Télécommunications.
Mais de grâce, Monsieur le Directeur Général, n’effacez pas plus de 30 années de notre histoire et d’une difficile marche vers la maitrise technologique en mesure de soutenir notre ambition de développement durable ! Nous taire, devant une telle situation, serait une grave trahison de la cause des générations futures que nous appelons à porter le flambeau de la renaissance scientifique de l’Afrique !
Nous espérons vivement, une considération distinguée à cet appel, que nous adressons également à la plus Haute Autorité du pays, son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de nos sentiments distingués. M. Maram KAIRE Chevalier de l’Ordre National du Lion Ingénieur Systèmes & astronome Président de l’Association Sénégalaise d’Astronomie National Astronomy Education Coordinator
M. Alassane Dialy NDIAYE
Ingénieur Sup’Télécoms Paris
Directeur Général-Fondateur de la SONATEL
Membre de l’Académie Internationale d’Astronautique
Membre-Fondateur de l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal
Ancien Ministre d’Etat
LES PAYS AFRICAINS S’ENGAGENT DANS UNE INITIATIVE NOVATRICE
Au moment où la course à la découverte de vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 se poursuit, l’Afrique se déclare non partante. Le continent va jouer encore les seconds rôles dans cette lutte contre la pandémie.
L’Afrique est non partante dans la course à la découverte de vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19. Cependant, 54 pays de l’Afrique s’engagent dans une initiative novatrice, qui vise à obtenir au moins 220 millions de doses de ce vaccin pour le continent, une fois qu’il aura été homologué et approuvé.
Au moment où la course à la découverte de vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 se poursuit, l’Afrique se déclare non partante. Le continent va jouer encore les seconds rôles dans cette lutte contre la pandémie.
Le continent noir reste dans une posture attentiste alors que selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un total de 176 candidats vaccins sont en cours de développement dans le monde, dont 34 sont au stade des essais cliniques. Ce qui signifie qu’ils ont commencé à être testés sur des humains. Parmi ceux-ci, huit sont en phase 3, la plus avancée. Quid des pays africains ?
Le bureau régional de l’Afrique de l’OMS indique que les 54 pays de l’Afrique s’engagent dans une initiative novatrice, qui vise à obtenir au moins 220 millions de doses de ce vaccin pour le continent, une fois qu’il aura été homologué et approuvé. «Les 54 pays du continent ont tous exprimé leur intérêt pour la Covax, une initiative mondiale qui est codirigée par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), Gavi, l’Alliance pour les vaccins (Gavi) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les partenaires collaborent avec les gouvernements et les fabricants afin d’acheter suffisamment de doses de vaccins pour protéger les populations les plus vulnérables du continent», souligne-t-on dans un communiqué.
En effet, à travers la plateforme Covax coordonnée par Gavi, l’initiative vise à garantir l’accès à tous : les pays à revenu élevé et moyen qui autofinanceront leur propre participation, et les pays à revenu moyen inférieur etfaible qui verront leur participation soutenue par la garantie de marché de Covax.
Toutefois, huit pays d’Afrique ont accepté d’autofinancer leurs doses de vaccins par le biais de la plateforme Covax. Cette manifestation d’intérêt se traduira par des engagements contractuels à se joindre à l’initiative d’ici le 18 septembre, et les paiements initiaux devront être effectués au plus tard le 9 octobre 2020. «La Guinée équatoriale a adhéré à Covax, car c’est le moyen le plus efficace de garantir que notre population puisse avoir accès aux vaccins contre la Covid-19 », a déclaré l’honorable Mitoha Ondo’O Ayekaba, vice-ministre de la Santé et de la Protection sociale de la Guinée équatoriale. En outre, selon la même source, 46 pays d’Afrique sont éligibles à l’instrument de financement, le Covax Amc, qui a collecté environ 700 millions de dollars US sur un objectif initial de 2 milliards de dollars US de fonds de démarrage provenant de pays donateurs à revenu élevé, ainsi que du secteur privé et de philanthropes d’ici la fin de 2020. « La Covax est une initiative mondiale novatrice qui associera les pays africains et veillera à ce qu’ils ne soient pas laissés en fin de liste pour l’accès aux vaccins de la COVID-19 », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. «En allant au-delà du continent pour collaborer avec d’autres gouvernements et fabricants à l’échelle mondiale et en mettant en commun les pouvoirs d’achat, les pays peuvent protéger les personnes les plus vulnérables à la maladie en Afrique.» Pour le Directeur général de la CEPI, Dr Richard Hatchett, «il est essentiel que les pays africains participent aux essais de vaccins, en plus des essais cliniques qui se déroulent dans d’autres régions du monde.
Les essais de vaccins sur le continent garantissent que des données suffisantes sont générées sur la sécurité et l’efficacité des vaccins candidats les plus prometteurs pour la population africaine afin qu’ils puissent être déployés en toute confiance en Afrique une fois les vaccins approuvés». Pour sa part, le coordonnateur du programme de vaccination et de développement de vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Richard Mihigo pense que «pour déployer efficacement un vaccin dans les pays d’Afrique, il est essentiel que les communautés s’engagent et comprennent la nécessité de la vaccination. Il est important de commencer à travailler avec les communautés dès maintenant pour tracer la voie de l’une des plus grandes campagnes de vaccination que l’Afrique ait jamais connue».
IBK NE SE SAUVE PAS DU MALI
Les Etats ouest-africains se sont engagés à faire revenir au Mali son ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, parti samedi se soigner aux Emirats arabes unis, si la justice a besoin de lui
Les Etats ouest-africains se sont engagés à faire revenir au Mali son ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, parti samedi se soigner aux Emirats arabes unis, si la justice a besoin de lui, a-t-on appris dimanche auprès de la junte qui l'a renversé et de l'organisation régionale.
Les 15 Etats de la Cédéao ont "pris des engagements écrits pour que IBK (surnom de l'ex-président) se présente si la justice a besoin de lui", a affirmé dimanche à l'AFP une source proche de la junte qui l'a renversé le 18 août. "La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a également participé aux négociations pour son départ", a ajouté cette source, au lendemain du départ pour les Emirats de M. Keïta, 75 ans, pour des soins médicaux. "Nous avons effectivement pris des engagements. Le président IBK ne se sauve pas du Mali. Il va se soigner. Il a dit lui-même qu'il sera à la disposition de son pays si nécessaire", a confirmé à l'AFP une source proche de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Son départ pour des soins à l'étranger avait été envisagé peu après sa chute le 18 août. Il s'est précisé en début de semaine à la suite, selon ses médecins, d'un court AVC pour lequel il a été hospitalisé mardi dans une clinique de Bamako qu'il a quittée jeudi. "Nous avons respecté nos engagements pour le départ de IBK. C'est dans un but humanitaire", a ajouté dimanche la source proche de la junte. "La junte a joué vraiment le jeu. Elle a facilité le départ de IBK tout en était ferme sur des principes", a indiqué à l'AFP un diplomate en poste à Bamako.
Par ailleurs, un des enfants d'IBK "n'a pas été autorisé à le suivre", a appris l'AFP auprès de sa famille. L'ex-président malien a quitté Bamako samedi soir à bord d'un vol spécial avec deux personnes dont les identités n'ont pas été précisées.
MBARASSANE, LES GRAINES DE L'ESPOIR
Le village situé au nord-ouest de Diourbel a changé de visage depuis quelques années, grâce à l’apport du marabout Cheikh Ahmadou Mbacké. Ce disciple de Serigne Saliou Mbacké a largement contribué à l’émergence de cette localité
Le village de Mbarassane (nord-ouest de la ville de Diourbel) a changé de visage, depuis quelques années, grâce à l’apport du marabout Cheikh Ahmadou Mbacké. Ce disciple de Serigne Saliou Mbacké (5e khalife général des mourides) a largement contribué à l’émergence de cette localité. Il n’empêche, des maux, il en existe encore, comme le manque d’eau, de bons services de soins de santé et d’éducation.
L’accès au village de Mbarassane (arrondissement de Ndindy, département de Diourbel) relève d’un parcours du combattant. Peu de gens s’y rendent. Ainsi, les voitures de transport en commun ne desservent pas cette localité le matin. Un flux vers ce patelin est noté vers 17 h. C’est l’heure à laquelle rentrent les villageois exerçant leur activité dans la capitale du Baol. Cette situation expose sans doute les citadins voulant s’y rendre pendant la journée et empruntant les transports en commun à des difficultés. Le voyageur pressé est donc contraint de louer un taxi ou une ‘’moto-Jakarta’’. La première option est beaucoup plus confortable. La seconde indispose le voyageur.
Ce dernier, qui quitte Diourbel, devra défier la poussière et les obstacles de la route latéritique inachevée de ‘’Touré Mbonde’’. Mais le conducteur habitué de la zone peut atténuer sa peine. Le ‘’Jakartaman’’ arpente d’abord les raccourcis des pistes sablonneuses, puis traverse les villages de Ndiodione, Yatène, Sarème, Dambane, Yemal, Ndiallap avant d’arriver enfin à Mbarassane, après 42 minutes de route.
A l’arrivée, une mosquée imposante de six minarets vous accueille. Cette infrastructure religieuse, peinte aux couleurs beige et vert, fait aujourd’hui ‘’la particularité’’ de ce village, souligne un jeune croisé devant cet édifice. La mosquée est construite à l’entrée du village par le marabout Cheikh Ahmadou Mbacké ‘’Mahoul Hayaat’’ (disciple de Serigne Touba). D’après lui, le guide religieux a procédé à son inauguration en 2016, après quatre ans de travaux. La maison de culte, bâtie sur une grande superficie, fait face au ‘’daara’’ moderne. C’est dans cette école coranique que sont assurés actuellement l’enseignement et l’éducation religieuse de plus de 200 enfants.
Le calme plat attire l’attention du visiteur, en cette matinée du 15 août 2020, dans ce vaste espace dénommé ‘’Manaroul Hudda’’ (Minaret de la droiture). La grande superficie abrite, en outre, la maison du guide religieux et quelques concessions de ses fidèles et proches. Seules les chansons des talibés de l’école coranique perturbent la tranquillité de cet espace public.
Insuffisance de l’eau, de services de santé et d’éducation
Mais ce calme n’est pas perceptible à l’intérieur du village. La contrée est très animée vers 13 h, coïncidant avec le retour des champs des vieux, jeunes et adultes. Le chef du village fait partie de ceux qui reviennent des travaux champêtres. L’ex-travailleur à la Sonacos s’active dans l’agriculture depuis sa retraite.
Selon lui, l’agriculture et l’élevage constituent d’ailleurs les principales activités de Mbarassane. Il précise qu’il n’y a pas assez de ressources et d’espaces permettant aux habitants de mener d’autres activités. ‘’Nous ne pouvons pas faire de commerce, en raison de l’absence de marché formalisé nous permettant d’écouler nos produits. C’est pourquoi nos fils sont obligés d’aller à Diourbel, Keur Ngalgou, Ndindy, Gawane, Bambey Sérère… pour s’en sortir’’, indique-t-il.
Outre la faiblesse des activités lucratives économiques, la bourgade de Mbarassane est confrontée à d’autres difficultés comme les problèmes d’accès aux soins de santé et à l’éducation. Le village dispose d’une case de santé avec des moyens limités. Les résidents sont condamnés à se rabattre sur le poste de santé de Keur Ngalgou, le centre de santé et l’hôpital Heinrich Lübke de Diourbel, en cas de complications. Il s’y ajoute que les évacuations se font dans des conditions difficiles causées par l’absence d’ambulance et l’impraticabilité des routes.
Mais les villageois espèrent des lendemains meilleurs. Ils peuvent compter sur le soutien du marabout Mahul Hayaat. Ce dernier a entrepris la construction d’un poste de santé. Il a, entretemps, mis à la disposition du village une infirmière. Celle-ci appuie l’agent affecté à la case de santé pour la prise en charge des pathologies simples de 10 000 habitants.
Concernant l’éducation, la contrée compte une école primaire, la seule depuis 1960. Elle a été érigée sous le magistère du chef de village Daouda Faye. L’école compte six classes et après le concours d’entrée en 6e, les élèves sont orientés ailleurs dans les collèges d’enseignement moyen de Diourbel ou de Taiba Moutouf. Ils poursuivent leurs études secondaires aux lycées de Diourbel.
L’autoroute Ila-Touba, un obstacle à la place d’un atout
Mbarassane fait partie des villages longeant l’autoroute Ila-Touba. Mais selon Madiagne Diagne, cette infrastructure, considérée au début comme un avantage, est devenu un obstacle. ‘’Le gouvernement n’a pas impliqué les villageois dans la mise en œuvre et la procédure d’indemnisation’’, regrette-t-il. Mbaye Diouf, électromécanicien, souligne que l’autoroute a séparé certains paysans de leurs champs et voisins de Keur Ngalgou. ‘’Ils sont confrontés à des problèmes de déplacement causés par l’insuffisance de passerelles pour les piétons et les charrettes. Les paysans dont leurs champs se trouvent de l’autre côté de l’autoroute, sont obligés de faire un tour de 3 km. Les élèves vivaient la même situation et ils ont dû s’employer et creuser de petits tunnels afin de pouvoir traverser’’, a-t-il témoigné.
Aujourd’hui, le visage de Mbarassane a changé, avec la construction d’une vingtaine de maisons modernes appartenant à des fils du territoire. Selon l’un d’entre eux, Oumar Diouf, ils sont inspirés par le marabout Mahoul Hayaat. ‘’Il a accepté de résider dans ce village en y construisant une maison de valeur. Il y mène également beaucoup d’activités agricoles. Cela nous a poussés à rester sur place, en faisant comme lui. Nous ne devons jamais oublier notre terre d’origine, quelle que soit notre richesse’’, lance Oumar Diouf.
Le directeur du Patrimoine bâti de l’université Alioune Diop de Bambey (UADB) renseigne, par ailleurs, que la terre de leur village a été désertée à cause de l’exode rurale. ‘’La première génération des fils de Mbarassane a toujours considéré que la réussite était de construire une belle maison à Dakar ou à Touba. C’est ce qui explique que le village était délaissé. L’ingénieur en Génie civil ne regrette pas son retour au bercail. Il a décidé de construire et d’investir dans la terre de ses ancêtres, malgré les opportunités qu’il a trouvées dans d’autres grandes villes.
Le village est aujourd’hui électrifié et l’eau coule grâce aux services hydrauliques fournis par l’Office des forages ruraux (Ofor). Mais les habitants de Mbarassane sont souvent confrontés à des problèmes liés au manque d’eau. Ils exigent l’érection de leur propre château d’eau, puisqu’ils sont alimentés par celui de Yamal dont la capacité ne peut pas assurer l’approvisionnement correct, à cause du boom démographique.
La révolution de Mbarassane a commencé en 2001, avec l’arrivée du marabout Cheikh Ahmadou Mbacké ‘’Mahoul Hayaat’’. ‘’Le guide religieux venait dans cette contrée pour présider un Magal annuel, le lendemain de la Tabaski. Il a ensuite décidé de résider sur place en construisant une mosquée, une maison et un ‘daara’ moderne’’, précise un habitant.
Madiagne Diagne rappelle que l’apport du marabout est très important pour le village. Pour lui, cette plu value est perceptible sur tous les plans social, économique, sanitaire. ‘’Les jeunes et le vieux profitent de ses bienfaits’’, se réjouit-il. La construction de la grande mosquée a soulagé les populations. Ces dernières se déplaçaient à Ndiallap pour les prières hebdomadaires du vendredi et celles des fêtes annuelles de la Korité et de la Tabaski, à cause de l’étroitesse de la première maison de culte. Madiagne Diagne, actuel chef de village de Mbarassane, conduit la destinée de ses compatriotes depuis 1995, suite au rappel à Dieu de son père. Mais avant l’avènement des Diagne, la fonction de chef de village a été assurée par les Ngom et les Faye.
Par ailleurs, même si des réalisations sont faites, les populations aspirent à plus. Ainsi, le chef du village fait de l’extension de son fief sa priorité. Et pour lui, cela ne pourra se réaliser qu’avec ‘’un bon lotissement et une attribution équitable des terres’’. Il invite le maire de Taiba Moutoufa (chef-lieu de commune) et le sous-préfet de Ndindy à établir un plan imminent de découpage des terres afin d’éviter des litiges fonciers. Les 300 demandes de terrains à usage d’habitation et 50 autres destinées aux activités commerciales témoignent de l’intérêt porté à cette agglomération. C’est pourquoi M. Diagne sollicite du gouvernement le goudronnage de la route Diourbel – Mbarassane. Cela facilitera les navettes et les évacuations des malades. L’érection d’un marché et d’un ‘’louma’’ (marche hebdomadaire) font également partie des projets de Madiagne Diagne.
Le village de Mbarassane, situé à 15 km de Diourbel, a été créé en 1770. Cette contrée de la commune de Taiba Moutoufa aspire au développement.
CRASH DE SENEGALAIR, UN DRAME SANS COUPABLE
Cinq ans après le crash de l’aéronef qui avait coûté la vie à sept personnes dont trois Sénégalais, une Française, deux Algériens et un Congolais, l’enquête est toujours au point mort. Pire, les mesures conservatoires escomptées n’ont pas été prises
Un crash. Sept morts. Une enquête. Un rapport. Zéro coupable. Et puis, silence… plus rien. Sinon des familles, dignes dans l’épreuve, mais qui ne verront ni épave, ni responsables, encore moins les corps de leurs proches engloutis au fond de l’océan, depuis ce soir du 5 septembre 2015.
Cinq ans plus tard, le dossier, sous le coude des autorités judiciaires et administratives, ne semble pas du tout avancer. Pire, les mesures conservatoires escomptées n’ont pas été prises. Même le directeur général de l’Anacim, accusé de graves légèretés, a pu conserver son poste.
Ancien chef de maintenance de la compagnie Senegalair, Al Hassane Hane s’étrangle de rage : ‘’C’est extraordinaire ! Vous ne pouvez pas être directeur général d’une structure, avoir été inculpé d’homicide et continuer d’exercer comme si de rien n’était. C’est très regrettable. Il faut savoir que tant que les causes profondes de cet accident perdureront, nous ne sommes pas à l’abri d’autres drames. C’est pourquoi j’interpelle d’abord l’Etat du Sénégal à rectifier le tir. J’interpelle aussi l’UEMOA, la CEDEAO et l’Asecna à prendre des mesures. Il y va de la sécurité des usagers de l’aéroport. Parce que les circonstances qui ont abouti à cet accident tragique sont toujours présentes.’’
En fait, en mars 2018, suite à une commission rogatoire dépêchée au Sénégal par la justice française, plusieurs personnalités de l’aviation civile nationale ont été inculpées par le doyen des juges d’instruction Samba Sall. Il en est ainsi du directeur général de l’Anacim, Maguèye Marame Ndao, du contrôleur Jacob Lèye, du directeur général de Senegalair Gérald Gabriel Diop, entre autres. Quelque temps après, le dossier a encore été rangé aux oubliettes. Pourtant, les conclusions de l’enquête semblaient accablantes pour certains de ces responsables. D’énormes légèretés ont été relevées, aussi bien du côté de l’Anacim que du côté de Senegalair, et auraient pu coûter très cher au Sénégal.
Retour sur les révélations de l’enquête
Dans son rapport, le Bureau d’enquête et d’analyse énumérait plusieurs manquements graves, dont le plus flagrant portait sur l’altimètre (appareil indiquant l’altitude où se positionne l’avion). ‘’L’avion de la compagnie Senegalair avait de sérieux problèmes altimétriques. L’altimètre de l’avion était défectueux, avec comme conséquence, de sortir l’avion de son niveau normal", a souligné le BEA. Une anomalie signalée par l’Asecna à l’Anacim, suite à un accident évité de justesse, moins de deux mois seulement avant le crash. ‘’L’Anacim a reçu le premier rapport (de l’Asecna) le 27/08/2015 ; soit neuf (9) jours avant l’accident. Dans ce rapport, l’Asecna recommandait à l’Anacim de faire une inspection technique du 6V-AIM. L’avion a continué à voler sans inspection technique, ni intervention sur ses systèmes altimétriques’’, lit-on dans le rapport du BEA, qui ajoute : ‘’Le BEA Sénégal n’a pas eu à sa disposition toutes les informations requises auprès de l’Anacim, de l’autorité de l’Aviation civile d’Algérie et de la compagnie Senegalair.’’
Ces remarques de l’Asecna faisaient suite à une série de violations notées suite à la reprise de la compagnie après un arrêt long de plusieurs mois. Le BEA de souligner un incident grave survenu dans la nuit du 22 au 23 juillet 2015. ‘’Cette nuit-là, il (l’aéronef) rentra en conflit avec le Boeing 737 de la compagnie Arik (vol Ara 387) qui était en sens opposé. L’équipage du 6V-AIM était persuadé d’être au niveau 320 (c’était ce qu’il lisait à l’altimètre) alors qu’Ara 387 le voyait au même niveau que lui (FL 310) sur son TCAS. Ara 387 demanda à changer de niveau de vol pour éviter un désastre (FL 290 accordé). Lorsque le 6V-AIM passa sous la couverture radar de Dakar, il était détecté au niveau 310, au lieu du 320 indiqué par l’altimètre’’, informent les enquêteurs.
Selon le BEA, cet incident significatif mit en lumière des différences entre les données d’altitude fournies par l’altimètre pilote et celles délivrées par le transpondeur. Aussi grave soit-il, cet incident n’a pas fait l’objet d’un rapport et n’a pas été non plus consigné dans le carnet de compte-rendu technique. ‘’En réalité, l'aéronef en question signalait aux contrôleurs et aux autres appareils une position où il n'était pas. En clair, il pouvait bien voler à une altitude qui n’est pas la même que celle indiquée par les appareils de mesure. Si bien que les erreurs de calcul inhérentes à cette défaillance de l'altimètre l'exposent à des risques plus qu'imminents de collision avec d'autres appareils, comme cela semble avoir été le cas le samedi 5 septembre dernier’’, relatent les experts.
La rançon d’un pilotage à vue
Dès lors, la question qui s’est posée, c’est comment un tel avion et une telle compagnie ont pu exercer au Sénégal ? Selon beaucoup de spécialistes, la responsabilité de l’Anacim et de son directeur général, en poste depuis avril 2013, ne saurait être éludée. Bien avant l’alerte de l’Asecna, l’ancien chef maintenance de Senegalair, M. Hane, avait déposé un rapport circonstancié à l’Anacim, pour dénoncer un certain nombre de manquements dans le fonctionnement de cette entreprise. Auparavant, il a eu à saisir ses supérieurs à maintes reprises. Au lieu d’apporter les correctifs nécessaires, ces derniers l’ont pris pour cible et ont fini par le mettre à l’écart.
Le 17 avril 2013, il écrit un rapport de 9 pages adressé au directeur général de l’Anacim, avec ampliation au président de la République, au Premier ministre, au ministre de la Justice, au ministre des Transports, au président du Conseil de surveillance de l’Anacim, au secrétaire général de la Haute autorité de l’aviation civile, entre autres, pour porter à leur connaissance les griefs notés dans sa propre compagnie.
Pourquoi un tel acte ? Le technicien assure avoir agi uniquement par devoir. ‘’J’avais vu que la vie des gens qui prenaient notre compagnie était menacée. Je n’avais pas le droit de me taire. J’ai fait ce que j’ai pu, d’abord à l’interne, pour prévenir le pire. Mais cela n’a abouti à rien du tout, sinon à un lever de boucliers contre un empêcheur de tourner en rond. J’ai donc avisé ceux qui ont en charge l’aviation à travers un rapport circonstancié que j’avais adressé au directeur général de l’Anacim, le 17 avril 2013’’.
Face à la réticence des autorités de l’aviation, il a insisté, a initié des démarches pour que toutes les autorités soient au courant de l’affaire (présidence, primature…). A force de plaidoiries et d’abnégation, il a finalement été convoqué et entendu par le Bureau d’enquête et d’analyse qui venait d’être réactualisé. Finalement, le fonctionnement de la compagnie a été suspendu pendant une bonne période.
Mais c’était juste quelques coups d’épée dans l’eau. Le monstre n’a pas été définitivement anéanti, mais juste endormi. Et le réveil a été dramatique. Deux ans plus tard, Senegalair reprend les vols et crée presque à chaque expédition des failles pouvant emporter des vies. Dès son premier vol, l’avion a failli percuter un autre, sauvé de justesse par son système d’alerte, comme rapporté par les enquêteurs du BEA. ‘’Selon toute vraisemblance, soutient Alhassane Hane (licencié tout de suite après le dépôt de son rapport à l’Anacim), les gens n’ont pas fait tout ce qu’ils devaient pour apporter des solutions pérennes aux maux dont souffrait la compagnie’’.
Le DG de l’Anacim inculpé et maintenu à son poste
Ces péripéties donnent d’ailleurs à ce crash un caractère on ne peut plus particulier. Voilà un accident dont certaines des causes ont été portées à la connaissance des autorités deux ans même avant son arrivée. Monsieur Hane regrette : ‘’L’aviation est une science exacte. Il y a des normes établies à ne bafouer sous aucun prétexte. Un système d’alerte de veille et de surveillance est mis en place et il doit être opérationnel 24 h/24. Tout ce qui se passe au niveau d’une compagnie doit être connu de la Direction générale de l’aviation civile, à travers ses différents organes. Les inspections programmées ou inopinées doivent se faire de manière rigoureuse. Malheureusement, le copinage aidant, cette compagnie, qui ne respectait aucune norme, a pu continuer de fonctionner.’’
Comme dans le cadre du naufrage du ‘’Joola’’, cinq après ce drame qui avait provoqué une onde de choc au Sénégal et dans le monde, l’enquête judiciaire semble toujours au point mort. Certains craignent déjà ‘’une nouvelle jurisprudence bateau ‘Le Joola’, à savoir ‘’qu’il n’y a aucun responsable et que seul l’équipage de Senegalair, au fond de l’océan, est coupable du crash’’.
Les zones d’ombre sur Ceiba
Dans cette affaire, l’avion de Senegalair est entré en collision avec un appareil de la compagnie Ceiba, qui fait partie de ‘’la liste noire actualisée 2017, des compagnies aériennes les plus dangereuses au monde’’. Ainsi que l’a révélé l’ancien responsable du contentieux à l’Asecna, Djibril Birasse Ba, dans une tribune publiée dans ‘’EnQuête’’ en 2018.
Il mettait à nu quelques failles notées dans l’enquête du BEA. ‘’Concernant la compagnie aérienne équato-guinéenne Ceiba Intercontinental, constatait-il pour le regretter, il n’y a rien à signaler. Tout est parfait. Le BEA Sénégal a certainement oublié de signaler que la compagnie aérienne Ceiba est interdite de vol dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, depuis le 11 avril 2008’’.
Ce n’est pas tout. D’après le retraité de l’Asecna, le BEA Sénégal a surtout omis de signaler, dans son rapport final, tout ce que la compagnie aérienne Ceiba et ses pilotes ont fait et qu’ils ne devaient pas faire. ‘’Qu’il s’agisse du délit de fuite ou des manœuvres ayant abouti à l’effacement des enregistrements de bord… Tout semble avoir été fait pour empêcher la manifestation de la vérité’’.
Le jeudi 17 septembre 2015, soit une dizaine de jours après l’accident, rappelait-il, deux enquêteurs français, déployés par Paris, se sont rendus à Malabo pour inspecter le Boeing 737 de la Ceiba, avant d’entendre l’équipage de l’avion, notamment. La réaction des autorités équato-guinéennes n’avait pas tardé deux jours plus tard.
A la place de ‘’fuite’’, elles ont préféré parler d’un "sang-froid" du CDB, avant de préciser : "Le pilote n’a pas fui. Il a fait le meilleur choix en retournant à Malabo pour nous éviter des dépenses supplémentaires. S’il avait continué vers Cotonou, l’avion y serait immobilisé et nous serions obligés de payer des droits de stationnement. D’ailleurs, le pilote sera décoré prochainement par les autorités équato-guinéennes."
Ainsi, pour éviter de payer de l’argent, ce commandant n’a pas hésité à mettre en danger la vie de ses passagers, en se dirigeant vers Malabo et non vers l’aéroport le plus proche.
Un passager de Ceiba revient sur l’abordage
Passager du Boeing 737-800 de la compagnie équato-guinéenne Ceiba international, le journaliste-formateur au Cesti, Mamadou Koumé, revient sur un choc qui ne livrera peut-être jamais tous ses secrets.
Journaliste-formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Mamadou Koumé faisait partie des passagers de la Compagnie équato-guinéenne Ceiba qui avait eu un abordage avec l’aéronef de Senegalair. Aujourd’hui encore, il se souvient très bien de cette journée fatidique. ‘’C’était une journée très triste. Ce jour-là, nous avions pris l’avion de la compagnie équato-guinéenne Ceiba International pour nous rendre à Cotonou, dans le cadre d’une mission de l’université.
Au bout d’une vingtaine de minutes, après le décollage vers les coups de 17H30 à Dakar, nous avons entendu un bruit. Nous nous sommes alors posés pas mal de questions sur l’origine de ce bruit, mais il n’y avait personne pour apporter des réponses. L’équipage n’a rien dit’’. Par la suite, rapporte Monsieur Koumé, un ami qui était en classe business est venu éclairer un peu sa lanterne. Il lui dit : ‘’Grand on l’a échappé belle. C’est lui qui m’a dit que l’avion a eu un contact avec un autre. Mais pas plus de détails’’.
Comme si de rien n’était, le Boeing continué son chemin. Mais au lieu de se diriger vers Cotonou qui était sa destination initiale, il fait cap sur sa base à Malabo. Jusque-là aucune information pour les plus de 150 passagers à bord. Plus de trois heures après, alors que ces derniers pensaient qu’ils étaient sur le point d’atterrir à Cotonou. Ils apprennent la grosse surprise. ‘’Le commandant de bord a dit que pour des raisons techniques et de sécurité, il a été obligé de faire cap sur Malabo. C’est là-bas que nous avons su avec certitude qu’il y avait un accident. Mais jusque-là, on ne savait pas qu’un autre avion est tombé des suites de ce choc. Par la suite, la compagnie a affrété un autre Boeing et nous avons embarqué pour Cotonou, en nous cachant toujours la vérité’’.
Pour Monsieur Koumé qui n’en était pas à son premier voyage à bord de cette compagnie, l’amateurisme est le maitre mot à Ceiba International. ‘’Ce n’était pas la première fois que je prends cette compagnie. J’avoue qu’il y a beaucoup d’amateurisme’’, témoigne l’ancien président de l’Association nationale de la presse sportive.
L’AMS TORPILLE AQUATECH ET SOLLICITE L’ARBITRAGE DU CHEF DE L’ETAT
Les difficultés notées récemment dans la gestion de l’eau, notamment au niveau des régions de Thiès et de Diourbel, ne sont pas du goût de l’Association des Maires du Sénégal (Ams).
Les difficultés notées récemment dans la gestion de l’eau, notamment au niveau des régions de Thiès et de Diourbel, ne sont pas du goût de l’Association des Maires du Sénégal (Ams). Dans un communiqué, Mbaye Dione et ses camarades condamnent l’attitude de Aquatech, tout en sollicitant l’intervention du chef de l’Etat.
L’approvisionnement correct en eau dans les régions de Thiès et de Diourbel demeure une grosse inquiétude pour les populations de ces localités. En charge de ce volet, le concessionnaire Aquatech est loin de répondre aux attentes des riverains. Irritée par une telle situation, l’Association des Maires du Sénégal (Ams) s’est emparé de la question.
Mbaye Dione et ses camarades dénoncent ces anomalies et marquent leur solidarité envers leurs collègues. «L’Association des Maires du Sénégal, dans le cadre de ses missions naturelles et citoyennes, exprime toute sa solidarité et son soutien aux collègues maires des régions de Diourbel et de Thiès suite aux nombreuses difficultés qu’ils rencontrent avec la gestion de l’eau dans leurs communes par les concessionnaires du service public en général et par Aquatech en particulier», peut-on lire dans un communiqué qui nous est parvenu.
A en croire l’Ams, seul un manque de considération pourrait expliquer une telle attitude. «L’Ams condamne fermement les tentatives de musèlement ainsi que le manque notoire de respect au statut et rang des exécutifs locaux, conformément au code des collectivités territoriales», détaille le texte.
Dans une posture de dénonciation, Aliou Sall et ses camarades déplorent un amateurisme, mais aussi une gestion hasardeuse et conflictuelle de certaines délégations de service public de l’hydraulique rurale. L’instance qui regroupe les maires du Sénégal invite ainsi le chef de l’Etat à mettre fin aux agissements de Aquatech.
«L’Ams sollicite l’arbitrage bienveillant du président de la République ainsi que la nécessité de procéder à une évaluation indépendante de la politique de délégation de service public de l’eau en milieu rural», peut-on lire. Autres griefs soulevés par les maires du Sénégal, l’augmentation du prix du mètre cube, sans une amélioration de la qualité et de la quantité de l’eau promise aux populations. Il en est de même pour les coupures d’électricité fréquentes ou la non-disponibilité du carburant, sources de nombreux dysfonctionnements de beaucoup de forages et souvent pendant plusieurs jours ou mois.
L’Ams déplore également les retards de salaire notés pour beaucoup de conducteurs de forage, mais aussi les arrêts fréquents des chantiers de l’Etat et des collectivités territoriales ou encore la disparition de plusieurs périmètres maraîchers faute d’eau.
«L’Ams, concomitamment à l’expression de sa solidarité agissante sans faille aux collègues maires ainsi qu’aux populations victimes de ces errements, suit avec vigilance, la tournure de ce dossier au plus haut niveau», ajoutent les membres de l’Association dans un communiqué.