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11 septembre 2025
AMINATA MBENGUE NDIAYE BALISE SON CHEMIN
La bataille politique pour le contrôle du Parti socialiste se poursuit entre l’actuel ministre de l’Hydraulique, Serigne Mbaye Thiam et la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales
Le défi lancé par Serigne Mbaye Thiam pour contrôler le parti socialiste (Ps) est bien pris au sérieux par Aminata Mbengue ndiaye. En effet, la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) multiplie ses audiences en direction du congrès. Une manière de baliser le terrain afin d’éviter toute surprise.
La bataille politique pour le contrôle du Parti socialiste (Ps) se poursuit entre l’actuel ministre de l’Hydraulique Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye, non moins présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Depuis quelques semaines, cette dernière multiplie ses audiences et ses visites en direction du Congrès ordinaire dont la date exacte n’est pas encore connue. Ce, en dépit du non renouvellement des instances de base de la formation verte. Ces renouvellements doivent normalement être précédés des opérations de vente de cartes arrêtées à cause de la pandémie de Covid-19.
Nos sources nous renseignent d’ailleurs que la Secrétaire générale intérimaire du Ps aurait reçu hier les présidentes régionales de femmes au nombre de 14 et la fédération départementale de Guédiawaye. Une information confirmée par Aida Sow Diawara par ailleurs vice-présidente nationale des femmes du Ps.
La mairesse de Golf sud, jointe au téléphone, explique : «une audience du genre est normale dans la vie de notre parti. Les présidentes régionales des femmes ont été reçues de même que les militants de la coordination départementale de Guédiawaye qui ont renouvelé leur confiance à Aminata Mbengue Ndiaye et ont exprimé leur intention de l’accompagner pour l’animation du parti.
Aminata Mbengue Ndiaye nous a donné le feu vert pour la reprise des activités et la remobilisation de la base en direction du renouvellement des instances. » Elle renseigne dans la foulée qu’au PS, pour qu’on puisse renouveler une coordination, il faut que l’on vende au moins 61% des cartes pour pouvoir faire l’opération. «Si je prends l’exemple de Guédiawaye, toutes les coordinations ont vendu leurs cartes à hauteur de 65%. Seul la quinzième coordination de Golf-Sud n’a pas pu le faire à cause de la pandémie de Covid-19 qui nous avait imposés de cesser les activités politiques avec l’interdiction des rassemblements », dit-elle.
Aida Sow Diawara annonce dans la foulée que dans les prochains jours, ses camarades vont battre le rappel des troupes pour l’animation des bases et le renouvellement de ses directions en prélude des élections locales.
«C’EST A L’ECOLE QUE LES ELEVES SONT EN SECURITE»
Dans cet entretien accordé à « L’As », Mohamed Moustapha Diagne, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l'éducation nationale, rassure les parents que leurs enfants seront plus en sécurité dans les écoles que nulle autre part
Les élèves retrouvent le chemin de l’école ce matin après plus de six mois de vacances dus à la Covid-19. Une rentrée bien particulière qui intervient dans un contexte de crise sanitaire mondiale. Face à la crainte des parents d’élèves de voir une seconde vague de contaminations avec la reprise des classes, le ministère de l’éducation nationale en collaboration avec celui de la Santé a pris toutes les dispositions nécessaires pour assurer une bonne sécurité sanitaire à l’ensemble des personnels de l’éducation.
Dans cet entretien accordé à « L’As », Mohamed Moustapha Diagne, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l'éducation nationale, rassure les parents que leurs enfants seront plus en sécurité dans les écoles que nulle part ailleurs.
«L’As» : Cette année scolaire va se dérouler dans un contexte particulier avec la Covid-19. il s'y ajoute que les enseignants se signalent déjà pour réclamer l'application du protocole d’accord signé avec l'état. Ne risque-t-on pas de vivre des perturbations d'ordre sanitaire et social ?
Pour la gestion de la Covid, le ministère de l’Education nationale a pris toutes les dispositions en relation avec celui de la Santé. Elle a élaboré un nouveau protocole sanitaire qui a été révisé, vu l’évolution de la pandémie. Aujourd’hui, les cas sont en train de baisser et le chef de l’Etat a ouvert le pays à toutes les activités. Dans ce nouveau protocole, le port du masque reste obligatoire pour les élèves de tous les cycles sauf pour le préscolaire. Ensuite, le dispositif de lavage des mains est mis dans toutes les écoles et établissements. Le lavage des mains reste donc obligatoire. Pendant la reprise de juin dernier, nous avions 551.000 élèves. Cette fois-ci c’est 4.000.000 élèves. Et comme nous voulons accueillir tous les élèves dans les écoles, il est clair que nous ne pouvons pas nous limiter à des classes de 20, ce n’est pas possible. Ce qui est recommandé, c’est que dans les classes les apprenants s’asseyent à deux par table tant que c’est possible. Mais que personne ne soit surpris si nous voyons les élèves s’asseoir trois par table. Donc, les conditions changent d’une école à une autre. A la limite, on peut même dire que c’est à l’école que les élèves sont en sécurité. Donc, le minimum de protocole sera respecté et le ministère a déjà acheminé le matériel dans toutes les écoles et dans tous les établissements du Sénégal. Pour ce qui est du protocole, les gens ont tendance à soutenir que l’Etat n’a rien fait. Le protocole c’est 33 points, et l’Etat a pris en charge les 32. Il y a trois ou quatre points qui sont extrêmement importants. Le premier, c’est la formation. Et sur cette question, l’Etat a énormément fait. 18.000 instituteurs adjoints ont été formés. Tous les titulaires de diplômes spéciaux ont été formés par la Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation (FASTEF) ou l'École Nationale Supérieure d'Enseignement Technique et Professionnelle (ENSETP). Les instituteurs adjoints sont formés par les centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (CRFP). Les maîtres d’éducation physique sont formés par le Centre national d'éducation populaire et sportive (Cneps). Les animateurs polyvalents des cases des tout-petits sont formés par les CFT. Donc l’Etat a presque évacué toutes ces questions. Sans compter les mises en position de stage. Pour ce qui est des questions relatives aux lenteurs administratives, chaque mois les enseignants qui étaient contractuels deviennent fonctionnaires décisionnaires, chaque mois des enseignants reçoivent des millions de rappel, chaque jour des actes d’intégration, de validation, de reclassement sont pris par la fonction publique. Et des mises en solde sont opérées chaque jour. Tout cela représente plus de 250 milliards. Donc dire que l’Etat n’a rien fait relève un peu d’analyses qui sont hasardeuses. N’oublions pas que le chef de l’Etat a fait passer l’indemnité de logement de 60.000 à 100.000 F CFA et rien que 41.000 par mois pour chaque enseignant, c’est 3.000.000.000 par mois. Maintenant le seul point qui reste demeure la rémunération et la motivation des agents de l’Etat. Parce que les enseignants disent que d’autres fonctionnaires qui sont de même corps sont mieux payés qu’eux. C’est vrai qu’il y a des disparités qui ont été confortées par les études sur le traitement salarial des agents de l’Etat. Mais pour résoudre cette question, il va falloir que l’Etat augmente les salaires des enseignants à hauteur de 200.000 ou de 300.000 FCFA. Pour le moment, cela n'est pas envisageable. Néanmoins nous allons continuer les discussions.
L'état a su bien gérer la reprise de juin dernier avec seulement des classes d'examen. Avez-vous vraiment les moyens pour cette grande rentrée de garantir l'hygiène et la santé de millions d'élèves et de milliers d'enseignants surtout que les établissements scolaires pour la plupart manquent de tout?
Même avant la pandémie, à chaque rentrée des classes, le ministère de l’Education nationale organisait la semaine de la propreté avec les collectivités territoriales et l’administration territoriale. Et cette année, on a renforcé ce dispositif là même si on n'a pas organisé la semaine de la propreté. On a mis en place dans toutes les académies des comités régionaux de gestion de la reprise ? Ce comité gère la désinfection, le nettoiement des écoles, etc. A cela s’ajoute le fait que, les directeurs d’école, les chefs d’établissements nettoient leur école, chaque année. Seulement cette activité a été renforcée cette année par l’Etat à cause de cette pandémie. Donc, que les parents nous fassent confiance, parce que le ministère est en train de prendre toutes les dispositions pour que les cours se déroulent dans l’hygiène, dans la sécurité et dans la santé pour les élèves, les enseignants et pour le personnel administratif.
Les parents d'élèves et les écoles privées ne parlent pas actuellement le même langage. Aujourd'hui qu'est-ce que le ministère de l'éducation nationale compte faire pour apaiser la tension ?
Je voudrais d’abord préciser que les informations faisant état que le ministère de l’Education aurait demandé aux parents d’élèves de porter plainte sont infondées. Le ministère n’a jamais demandé aux parents d’élèves de porter plainte. Mamadou Talla a toujours demeuré dans une ligne de consensus entre les deux parties. Les parents ont été impactés, les écoles privées ont été impactés, donc il faudrait que les deux se retrouvent. Le ministère de l’Education nationale peut fermer une école si les enseignants n'ont pas le profil, ou si le programme enseigné n’est pas le programme officiel. Aussi le ministère de l’Education peut fermer une école si les bâtiments menacent ruine. Mais il n’a pas de texte réglementaire sur lequel il peut se fonder pour arbitrer sur un différend commercial. Parce que le déclarant responsable rend un service, le parent d’élève achète un service. Donc s’ils ont un contentieux, il faut qu’ils se parlent comme ils l’ont fait avant d’établir le contrat. Donc ils peuvent se trouver autour d’une table pour le bien de l’enfant. Maintenant la précision de taille est qu'aucune école privée ne peut retenir le bulletin d’un élève ou le certificat de scolarité ou un quelconque document administratif. Si l’élève demande un document administratif, l’école privée doit le lui remettre sans contrepartie. Les Inspections d’académie, les inspecteurs de l’éducation et de la formation sont tenus de veiller à l’application de cette soumission-là.
L'année scolaire ne risque telle pas d’être perturbée avec les enseignants qui s'agitent déjà ?
Je ne crois pas en tout cas. En tout cas, le ministre de l'Éducation nationale est dans une dynamique consensuelle. Tout ce que nous faisons, tous les documents de politiques que nous élaborons aujourd’hui, toutes les initiatives de réformes nous le faisons avec les partenaires, les syndicats, les associations de parents d’élèves, les organisations de la société civile. Je pense donc que si nous restons dans cette dynamique-là, nous pouvons régler les problèmes sans aller dans des postures de conflits. Les syndicats du G7 sont assez conscients et pour permettre au président de la République de dérouler son plan de reprise, il serait bon que ce pays se trouve dans un climat apaisé. A commencer par l’école, le gouvernement a beaucoup fait et le protocole est dynamique. En tout cas nous appelons encore les gens patriotiques, les syndicats surtout ceux du G7 qui sont les syndicats majoritaires pour dire que nous sommes encore dans un contexte de pandémie et que l’Etat a fait énormément d’effort pour les enseignants et ça tout le monde peut l’attester. On devrait donc continuer cette année à ne pas aller dans le sens de déposer des préavis de grève ou de déclencher des mots d’ordre de grève. Vraiment c’est l’appel que je lance au ministre de l’Education nationale qui reçoit régulièrement les syndicats du G7. Pour qu’ensemble, nous réglons et traitons presque tous les problèmes liés à l’éducation et qu’il assure également le portage des autres problématiques pour les autres ministères.
LES ENSEIGNANTS ALERTENT SUR LES GERMES D’UNE RENTREE AGITEE
Doit-on s’inquiéter d’une rentrée des classes mouvementée ! Les enseignants en veulent au gouvernement de n’avoir pas honoré ses engagements résultant du protocole d’accord signé en avril 2018 et non respecté
L’état peine à satisfaire le protocole d’accord signé en avril 2018 avec les enseignants. Et cela peut être un frein au bon déroulement de la rentrée. Les syndicats, joints par «L’AS», ont rappelé au gouvernement ses engagements, non sans avertir que le non-respect pourrait engendrer des troubles au cours de l’année scolaire. En outre, ils ont émis des doutes sur le dispositif sanitaire établi par les autorités de l’éducation.
Doit-on s’inquiéter d’une rentrée des classes mouvementée ! Quoi qu’il en soit, les enseignants prendront le gouvernement pour responsable. Ils lui en veulent de n’avoir pas honoré ses engagements résultant du protocole d’accord signé en avril 2018 et non respecté par le gouvernement.
Selon le Secrétaire général du CUSEMS, Abdoulaye Ndoye, il faudrait impérativement satisfaire les doléances consignées lors de nos dernières négociations. Il s’agit entre autres de régler les lenteurs administratives, les failles du système de rémunération qui a révélé ses limites, la surimposition sur les salaires, etc. Monsieur Ndoye de marteler que ces revendications essentielles sont arrivées à échéance. Il indique que le non-respect de ces revendications pourrait conduire à d’éventuelles troubles au cours de l’année scolaire.
Selon le SG du CUSEMS, les enseignants ont déjà joué leur partition dans cette crise et que la balle est désormais dans le camp du gouvernement. Abondant dans le même sens, le Secrétaire général du Saemes, Saourou Sène, demande au gouvernement d’aller vers un monitoring du protocole et de respecter les points qui y sont consignés. Parce que, souligne-t-il, les enseignants méritent une reconnaissance sociale et politique. Saourou Sène à propos du dispositif sanitaire : «Toutes les conditions ne sont pas réunies pour une rentrée scolaire» Par ailleurs, en ce qui concerne le protocole sanitaire établi par le gouvernement, les syndicats enseignants ne se sont pas montrés rassurés.
Le SG du CUSEMS estime que les enseignants se plieront au protocole sanitaire mis en place par les experts, non sans constater des manquements liés au manque d’eau et d’hygiène dans certaines écoles. Quant au SG du Saems, il est plus catégorique.
A l’en croire, toutes les conditions ne sont pas réunies pour une rentrée scolaire. «Il faudrait que le nettoyage systématique des établissements scolaires soit visible pour prétendre à une rentrée scolaire. Le gouvernement et les collectivités locales doivent travailler la main dans la main », préconise Saourou Sène.
Ainsi, ajoute-t-il, toutes les dispositions de sécurité doivent être mises en place pour permettre aux élèves de travailler dans une atmosphère paisible. Il pense qu’il faut une révision du protocole sanitaire. Car, soutient-il, il ne peut être le même que celui instauré au mois de juin. Il informe que lors de la reprise en juin qui concernait uniquement les classes d’examen, l’Etat avait à gérer 551 000 élèves alors que pour cette rentrée en cours, il aura en face 4 millions d’élèves et d’enseignants.
Ainsi donc, sans une évolution du dispositif sanitaire, la gestion des effectifs sera difficile, soutient Monsieur Sène. Quant à Abdoulaye Ndoye, il attire en outre l’attention sur le fait qu’il reste encore du travail à faire pour les élèves des classes intermédiaires. Avant de déplorer le manque criard d’enseignants dans les établissements.
Sans compter que dans certaines localités, les sinistrés des inondations occupent encore les salles de classe ou même des classes qui baignent dans l’eau. Monsieur Ndoye affirme aussi que les abris provisoires doivent être éradiqués. Il a aussi signalé que les élèves s’inscrivent avec parcimonie alors que la rentrée est prévue aujourd’hui.
En définitive, il relève entre autres inquiétudes concernant les classes pléthoriques le déficit d’enseignants qualifiés, les problèmes d’hygiène et d’eau courante ... à résoudre au plus vite.
LE BOS EXERCE UNE PRESSION SUR LES MINISTRES
Manifestement, le Bureau d’Opération et de Suivi du PSE (BOS) bosse en mode fast track. Et les ministres sont avertis. Ils devront désormais faire vite dans la mise en œuvre du programme de développement du Sénégal.
Pour permettre au président de la république Macky Sall d’accéder aux informations relatives à l’exécution du Pse en temps réel, le Bureau d’Opération et de Suivi du Pse (BOS) vient de finaliser un tableau de bord digitalisé d’évaluation du niveau d’exécution du Pse. Et c’est le directeur Ousseynou Kane qui l’a fait hier, lors d’un atelier de mise à niveau avec la presse économique.
Manifestement, le Bureau d’Opération et de Suivi du PSE (BOS) bosse en mode fast track. Et les ministres sont avertis. Ils devront désormais faire vite dans la mise en œuvre du programme de développement du Sénégal. En effet, dans le cadre du dispositif de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre des 27 projets et 17 réformes phares, le BOS produit un Tableau de bord hebdomadaire à partir de données issues du terrain et collectées au sein des ministères sectoriels et structures d’exécution. Ce tableau de bord, transmis chaque semaine au président de la République et aux Membres du gouvernement, est présenté par le MSPSE durant le conseil des ministres pour rendre compte de façon transparente de l’évolution dans la mise en œuvre du PSE, d'informer sur le niveau d’avancement de chaque action phare permettant d’informer et d'évaluer les performances d’exécution.
Et selon le directeur du BOS, Ousseynou Kane, bientôt la version digitalisée du tableau de bord d’évaluation du PSE sera déployée. «Il permettra l’accessibilité de l’information en temps réel pour le président de la République», a-t-il soutenu hier face aux journalistes. A l’en croire, cet outil est révolutionnaire parce qu’il permettra au chef de l’Etat, quand il sera à Dubaï ou à New York par exemple, de recevoir toutes les informations sur l’énergie à moins de deux minutes. Ce qui poussera, d’après lui, les ministres à répondre à tout instant aux interpellations du président Macky Sall.
Restant dans le même sillage, il souligne que les membres du gouvernement ont besoin de cet outil d’évaluation. «Il ne s’agit pas pour nous de dénoncer mais c’est pour que chacun y voie son compte », rassure-t-il, même s’il avoue que certains y voient une épée de Damoclès.
Pour le directeur du BOS en effet, le garant des politiques publiques, c’est le président de la République et il doit avoir des informations en ce sens en temps réel. «Ce n’est pas pour faire la police mais le président a besoin de ces informations sur l’exécution des projets en temps réel», renchérit M. Kane.
Par ailleurs, il a indiqué que dans le cadre du PSE, les pouvoirs publics ont porté la croissance de l’économie pendant la première phase. « Il s’est avéré la nécessité d’intégrer le secteur privé national dans la mise en œuvre de la phase 2. C’est la raison pour laquelle le plan de relance du PAP2A a clairement indiqué que le secteur privé doit être l’acteur principal », a fait savoir le directeur du BOS.
S’exprimant en outre sur les objectifs de l’agropole centre qui sera bientôt mis en œuvre, il déclare : «L’objectif global de ce projet c’est de relever le niveau de production de trois filières à savoir le sel, le céréale et l’arachide mais aussi pour booster en fait toute la chaîne de valeur en créant un véritable écosystème des régions centres de notre pays. »
Signalant dans la foulée que les agropoles sont portés par le secteur privé. L’Etat, insiste-il, à travers le BOS, fait l’encadrement général et la structuration complète mais par la suite, c’est au secteur privé d’investir. Toujours dans la même veine, il annonce l’ouverture du LAB le 16 novembre. Cette rencontre va réunir plus de 200 acteurs de ces filières qui vont réfléchir sur des business modèles et seront accompagnés par le secteur financier.
Signalons que le LAB est une approche venue de la Malaisie dans le cadre de la mise en œuvre de son programme de transformation économique et gouvernementale. Il se caractérise par la mise en place d’un cadre de travail intensif de haut niveau pendant cinq à six semaines consécutives, avec la participation de toutes les structures publiques concernées, des entreprises privées du secteur d’activités et des institutions financières intéressées.
L’objectif est de faire passer le projet de l’état de concept à un état de maturation avancée, à travers notamment la structuration technique du projet, l’évaluation des volumes d’investissements privés et publics, du nombre d’emplois, et la définition des mesures d’accompagnement attendues de l’État ainsi que du plan détaillé de mise en œuvre du projet.
par Ousseynou Nar Gueye
QUAND LE DRAME DES MIGRANTS PASSE AU SECOND PLAN
L’émigration clandestine est la mauvaise conscience du Sénégal et de son État. Devant tant de victimes, décédées de façon si tragique, le président Sall n’aurait-il pas dû décréter un deuil national ?
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Gueye |
Publication 12/11/2020
Après le naufrage de 140 migrants au large du Sénégal, le président Macky Sall aurait pu décréter un deuil national. La nomination du nouveau gouvernement a au contraire chassé ce drame des priorités. Et la colère gronde sur les réseaux sociaux.
Le 29 octobre, la très sérieuse Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rapporté qu’au moins 140 migrants avaient perdu la vie dans le naufrage de leur bateau au large du Sénégal. Le plus lourd bilan de l’année 2020 pour le pays. Mais le ministère sénégalais de l’Intérieur a démenti les chiffres de l’OIM, sans toutefois convaincre. Le 25 octobre, le président Macky Sall a bien tweeté ses condoléances, mais seulement pour une « dizaine de jeunes » victimes.
Les chiffres de l’État et ceux des experts de l’OIM – qui estimaient au 24 octobre 2020 que 414 sénégalais étaient morts en Méditerranée cette année, contre 210 sur l’ensemble de 2019 – ne concordent donc pas. Dissonance cognitive. L’émigration clandestine est la mauvaise conscience du Sénégal et de son État. Celle d’une réalité de la désespérance qui ne concorde pas avec l’enthousiaste « volonté politique » des différents gouvernements.
« Responsable mais pas coupable » ?
Fin août dernier, à l’université d’été du Medef, le président Macky Sall vantait encore devant le patronat français l’Afrique (et donc le Sénégal) comme terre d’opportunités infinies. « L’Afrique émergente est loin des stéréotypes qui la présentent comme la face obscure de l’humanité », affirmait Macky Sall. Mais son credo du « fast track » ou les chantiers d’un engageant Plan Sénégal Emergent ne suffisent pas à convaincre certains jeunes Sénégalais de renoncer à un quasi-suicide en mer et d’espérer un meilleur avenir au Sénégal.
« Barça ou Barsakh ! » (« Atteindre Barcelone ou rejoindre l’au-delà », en wolof) : le cri de ralliement et d’audace désabusée de cette jeunesse tentée par un périlleux exil économique est un défi au bon sens. Mais aussi une expression de défi lancée à tous ceux qui seraient tentés de les arrêter ou de les raisonner. Au premier plan desquels, l’État.
Le gouvernement, « responsable mais pas coupable » ? Le 26 octobre dernier, Ndèye Tické Ndiaye Diop, alors encore porte-parole du gouvernement, déclarait que ce dernier constatait « avec regret (sic) la recrudescence de l’émigration clandestine par voie maritime ». Et un haut responsable d’un ministère tançait les parents « fautifs d’encourager leurs enfants à se jeter sur le chemin de l’émigration vers le supposé Eldorado européen avec des moyens périlleux ».
Devant tant de victimes, décédées de façon si tragique, le président Sall n’aurait-il pas dû décréter un deuil national ? Une bonne partie de l’opinion pense que si. La fête (chrétienne) des morts, le 31 octobre, était un signe, même si le pays est à 95 % musulman…
Au second plan
Sauf que le président Sall est passé « à des choses plus sérieuses », pour reprendre l’expression tristement célèbre employée par un présentateur de JT français après l’annonce du décès de la princesse Grace de Monaco : il a dissous son gouvernement le 28 novembre, mis à l’arrêt tout le pays pendant trois jours, avant d’annoncer un nouveau gouvernement le 1er novembre.
La composition de ce nouvel attelage gouvernemental, avec l’entrée surprise de grandes figures de l’opposition, a remisé au second ou au troisième plan dans l’actualité, dans le débat public et dans les discussions des citoyens le problème, pourtant lancinant, des victimes de l’émigration clandestine.
Macky Sall a toutefois indiqué qu’un programme de sensibilisation destiné aux jeunes et à leurs parents sera mis en place et que la DER/FJ (Délégation générale à l’entreprenariat rapide pour les femmes et les jeunes) mettra en place en priorité des projets en faveur des jeunes tentés par ou rescapés de l’émigration clandestine.
La solution réside certainement aussi dans la négociation de quotas d’émigration économique légale avec les pays occidentaux. En décembre 2018, alors qu’il présentait son livre Le Sénégal au cœur, Macky Sall invitait le vieux continent à faire preuve de générosité au lieu de se barricader : « Il faut éviter une gestion répressive de l’émigration, avec les Frontex et autres ».
Hommage numérique
Quelles responsabilités (partagées ?) et quelles solutions pérennes face à ce « phénomène » ? L’ancien opposant El Hadj Amadou Sall, nouvel allié du président Sall, met tous les dirigeants du Sénégal depuis 1960 dans le même panier : « C’est un échec de nos différentes politiques depuis l’indépendance », a-t-il déclaré le 10 novembre. Un fatalisme qui fait écho à celui de ces jeunes et moins jeunes qui partent à l’assaut des vagues de l’Atlantique.
Le politique doit pourtant pouvoir agir sur la réalité et « changer la vie ». Les internautes sénégalais ont de leur côté décidé de compenser le manque de compassion de leurs gouvernants avec les hashtags #Whatshappeninginsenegal (« Que se passe-t-il au Sénégal ? ») et #DeuilNationalSN. Ils ont ainsi massivement décidé de décréter ce vendredi 13 novembre comme journée de deuil national numérique en hommage aux clandestins morts en mer.
FAR LIMITED VEND SES PARTS AUX INDIENS
La société australienne d'exploration pétrolière et gazière, FAR Limited, quitte le Sénégal.
Fin de mission de la société australienne d'exploration pétrolière et gazière, Far Limited, au Sénégal. elle a décidé de vendre la totalité de ses parts dans les blocs offshore Rufisque, Sangomar et Sangomar Deep (RSSD) à la plus grande entreprise pétrolière indienne, ONGC Videsh Vankorneft.
La société australienne d'exploration pétrolière et gazière, FAR Limited, quitte le Sénégal. Dans un communiqué rendu public hier, elle annonce avoir décidé de vendre la totalité de ses parts estimées à 15% dans les blocs offshore Rufisque, Sangomar et Sangomar Deep (RSSD) à la société indienne ONGC Videsh Vankorneft. Le document précise qu’en contrepartie, la plus grande entreprise pétrolière en Inde va débourser plus de 25 milliards de francs CFA. « En contrepartie de la vente, ONGC a accepté de payer à FAR 45 millions de dollars US à la fin. En outre, ONGC a accepté de rembourser la part du fonds de roulement des FAR pour le projet RSSD à partir du 1er janvier 2020, totalisant 66,58 millions de dollars américains (plus de 37 milliards : Ndlr), payables à l'achèvement», explique le texte.
S’exprimant sur la transaction, la directrice générale de FAR, Cath Norman, a montré sa satisfaction et sa confiance envers les acquéreurs de leurs parts. « Nous sommes heureux de proposer cette transaction à nos actionnaires et souhaitons remercier ONGC pour son intérêt et sa coopération au cours des derniers mois. ONGC est un groupe très réputé avec des intérêts mondiaux d’exploration et de production. Nous pensons qu'ils seront un partenaire précieux pour Petrosen et Woodside pour aller de l'avant. Comme nous l'avons reconnu, le marché du financement et de la vente d'actifs est faible depuis que l'impact de Covid a été ressenti en mars de cette année. Dans ces circonstances, l'offre d'ONGC représente la meilleure option disponible en ce moment et nous sommes convaincus que nos actionnaires voteront pour cette transaction », fait-elle savoir.
Indiquant que FAR s’attend à disposer d’environ 130 millions de dollars américains en espèces à la clôture de cette transaction, soit plus de 72 milliards de francs CFA, elle a ajouté que cette importante somme d’argent sera utilisée pour « reconstruire la société et développer les autres prospections ouest-africaines au large de la Gambie et de la Guinée-Bissau ».
Soumise à des conditions suspensives parmi lesquelles le feu vert des autorités sénégalaises et l’approbation des actionnaires de FAR, cette opération marquera le retrait de la société australienne du pays, après 14 ans de présence et d’exploration.
Par Zaccaria DIEYE
TRUMP L’AFRICAIN, MAIS ILS SONT OU CES DONNEURS DE LEÇONS ?
Nous n’avons pas le monopole des élections contestées, des soupçons de fraude, de bourrages d’urnes, de proclamation anticipée de la victoire, du refus du verdict des urnes, des craintes de violence électorale voire de guerre civile.
Beaucoup d’enseignements sont à tirer de cette élection présidentielle américaine 2020 qui suscite pas mal d’interrogations.
Désormais nous savons maintenant que nous autres Africains n’avons pas le monopole des élections contestées, des soupçons de fraude, de bourrages d’urnes, de proclamation anticipée de la victoire avant la fin du dépouillement, du refus du verdict des urnes, des craintes de violence électorale voire de guerre civile.
Cette fois cela se passe aux Etats-Unis d’Amérique, et en 2020.Et mon frère Bachir a raison de rappeler qu’Alexis de Tocqueville auteur de La démocratie en Amérique publiée en 1835 doit bien se marrer dans sa tombe. Si, à ces soubresauts de la démocratie américaine, on ajoute le scandale Dassault de corruption électorale et d’achats de conscience à Corbeil-Essonnes actuellement devant les tribunaux en France, on peut se poser la question de savoir si ces démocraties séculaires sont des modèles.
N’en déplaise à ceux qui déclarent que nous ne sommes pas rentrés dans l’- Histoire, il existe des pays africains où, même si la campagne électorale est souvent émaillée de violence verbale ou physique, les résultats sont connus dans la soirée et la vie reprend son cours normal le lendemain. C’est le cas au Cap-Vert, au Ghana, au Botswana, au Bénin. Ce fut le cas au Sénégal lors des deux alternances de 2000 et 2012 où les Présidents au pouvoir battus ont reconnu leur défaite et félicité les vainqueurs.
Certes il y a encore beaucoup à faire pour asseoir une démocratie véritable dans nos pays africains indépendants dans leur majorité en 1960 mais tout n’est pas négatif en comparaison de ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Mais le plus étonnant dans cette élection américaine, c’est le silence des Amnesty International, Human Right Watch et autres Observatoires des droits de l’Homme.
Alors que l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) a dénoncé “un flagrant abus de pouvoir” du Président Trump, ces “vigies de la démocratie” sont restées aphones. Pour qui roulent-elles ? Ont-elles peur de fâcher leurs contributeurs ? Ont-elles des zones d’influence ?
Imaginons les cris d’orfraie si les élections se déroulaient en Afrique ou bien si un Président africain s’amusait à imiter le jeu de yoyo entre le Président russe Poutine et son premier ministre Medvedev. Personne n’est dupe sur la duplicité de ces ONG appuyés par des médias et des intellectuels aux ordres.
Pour s’en convaincre, relisons le Rapport du Sénat français sur l’Afrique qui « souhaite opérer en réseau, avec des partenaires, dans le domaine du Soft Power … et se doter de tous les instruments nécessaires à une politique d’influence moderne ».
Pensons aux observatoires libyen puis syrien des droits de l’Homme curieusement basés tous les deux à Londres et dont on se demande si le décombre macabre quotidien cumulé ne dépassait pas la population de ces pays.
Avec le recul on comprend mieux l’acharnement des Etats-Unis et du Royaume-Uni à se débarrasser de l’ancien Directeur Général de l’UNESCO M. Amadou Mahtar MBOW à propos du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication(NOMIC) Aujourd’hui plus que jamais l’Afrique, à la lumière des élections américaines se doit de bâtir une véritable démocratie et sans complexe, en améliorant l’existant pour ne pas continuer à subir le diktat des puissances étrangères et de leurs partenaires stratégiques.
La réaction du gouvernement n’est pas trop ressentie, après la série de drames qui continue de frapper beaucoup de familles ayant perdu un ou plusieurs des leurs en mer. Avec la résurgence de l’émigration clandestine par voie maritime, des centaines de jeunes à la recherche d’un «avenir meilleur» sont engloutis par l’océan atlantique. A part un tweet du président Macky Sall, un communiqué du gouvernement, quelques déplacements d’autorités locales, rien n’a été constaté. Les familles, dont certaines peinent encore à faire le deuil de proches (filles ou filles) disparus parque n’ayant aucune certitude/confirmation sur leur mort, sont laissées à elles-mêmes.
Des Sénégalais ont décidé de faire des réseaux sociaux un moyen de mobilisation pour rendre hommage aux victimes de l’émigration irrégulière. Ils se donnent rendez-vous, ce vendredi 13 novembre 2020, pour une Journée de commémoration et de prières en la mémoire des centaines de jeunes à la quête d’une «vie meilleure» dans l’Eldorado européen, mais qui sont malheureusement morts noyés dans l’océan atlantique. La démarche de ces citoyens semble combler un vide laissé par les autorités étatiques qui tendent à ne pas accorder au phénomène trop d’importance et à ne pas reconnaître l’ampleur qu’on lui «donne».
A part un communiqué du gouvernement qui revient sur les départs et l’interception de 5 pirogues entre le 7 et le 25 octobre, ou encore l’annonce que les opérations de surveillance en mer sont en train d’être menées avec des moyens aériens et navals renforcés ; une coordination est assurée en permanence pour prévenir les risques. Dans le même communiqué, il est dit que le président de la République, dans le cadre de la coordination gouvernementale, a donné des instructions pour «mutualiser les efforts» et a lancé un appel aux populations à plus de vigilance et à la collaboration avec les Forces de défense et de sécurité pour préserver la vie des jeunes, tentés par l’émigration clandestine.
Par la même occasion, le président Macky Sall avait exprimé sa compassion et sa solidarité aux familles des personnes disparues. Un soutien qu’il avait exprimé plutôt à travers un tweet, après l’explosion d’une pirogue en mer qui a fait au moins 140 morts selon l’Organisation internationale pour les migration (OIM), information démentie par le Secrétariat général du ministère de l’Intérieur sans donner à ce jour le nombre réelle de victimes, et en Conseil des ministres.
PLUTÔT QUE DE DONER DES GAGE ET ASSURANCE… AUX JEUNES, L’ETAT EST DANS LE DÉNI…
La réaction du gouvernement face au drame de l’émigration clandestine qui est en train de décimer plusieurs ménages, surtout des pêcheurs, c’est aussi la visite du tout nouveau ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et de Désenclavement, par ailleurs maire de Saint-Louis, aux familles de ses administrés ayant péri en mer. Mansour Faye était à Pikine, un quartier de St-Louis où l’on a dénombré une vingtaine de décès dans l’explosion de leur pirogue, en partance pour l’Espagne, au large de Mbour, la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 octobre 2020. A part ces quelques actes, rien de plus. Si ce n’est un démenti des 480 morts en mer (estimations de l’Ong Alam Phone) et des responsables du gouvernement qui tentent de récuser la morosité économique évoquée comme étant un des facteurs qui pousse les jeunes à choisir l’émigration irrégulière.
Pourtant, à des occasions pareilles, c’est le président de la République, Macky Sall, qui se déplace pour présenter ses condoléances aux proches des compatriotes victime. Des ministres sont aussi envoyés auprès des familles des victimes pour les réconforter ou même un deuil national est décrété ; c’est selon. Mais, de toute façon, l’on sent la présence de l’Etat pour réconforter les familles et indiquer la meilleure attitude/voie. Ce qui ne semble pas être le cas. En ce moment où le pays, qui continue de perdre des bras valides, par centaines, et les jeunes tentés par l’aventure ont besoin de gages et d’assurance… les autorités excellent dans le déni de l’ampleur du phénomène et du nombre de victimes.
DEUIL NATIONAL APRÈS L’INCENDIE DU DAAKA, LA BOUSCULADE DE MOUNA, LE DRAME DE BOFFA BAYOTTE…
Des évènements tragiques, certes, mais avec moins de victimes que les décès de jeunes migrants notés ces dernières semaines, avaient poussé les autorités à décréter un deuil national. En janvier 2018, le président de la République avait décrété un deuil national de deux jours suite au drame de Boffa-Bayotte. «Le président de la République a décrété un deuil national de deux jours, à compter du lundi 8 janvier, pour honorer la mémoire des victimes de l’attaque armée survenue le 6 janvier 2018 dans l’arrondissement de Niaguis, département de Ziguinchor.
Pendant cette période, le drapeau national est en berne et des minutes de silence sont observées durant toutes les cérémonies officielles. Les rassemblements et autres cérémonies de réjouissance sont interdits sur l’étendue du territoire national», lisait-on dans un communiqué publié le 7 janvier 2018. Aussi, après l’incendie survenu au Daaka de Médina Gounass, en 2016, le chef de l’Etat avait décrété un deuil national d’une durée de trois jours. Il a démarré le mardi 18 avril. L’incendie du Daaka avait occasionné une trentaine de morts et une centaine de blessés. En octobre 2015, des Sénégalais en pèlerinage à la Mecque avaient succombé, après la bousculade de Mouna.
De retour d’un voyage au Etats-Unis, le président Macky Sall avait aussitôt pris la décision de décréter un deuil national de 3 jours, avec comme conséquence, le drapeau national mis en berne pendant tous les 3 jours. Le bilan officiel de la bousculade de Mouna est de 54 victimes sénégalaises. En avril 2017, après le drame de Bettenty, le président Macky Sall s’y est rendu pour présenter ses condoléances aux familles éplorées. Le chavirement d’une pirogue dans cette localité avait coûté la vie à une vingtaine de femmes. Sur place, il avait annoncé de mesures fortes pour lutter contre les accidents à la nature du drame dans les zones côtières.
Bref, à plusieurs occasions également, le chef de l’Etat s’est déplacé pour des condoléances ou porter son soutien à des Sénégalais en détresse. Et pourtant ce sont des familles qui sont décimées par la perte d’un être cher, parti brutalement parfois même sans avertir. Et la posture des autorités semble épouser leurs réactions par rapports à ceux qui indexent l’échec des nombreuses politiques surtout de jeunesse comme étant la cause de l’amplification du phénomène.
LES PARENTS D’ELEVES PRIS EN OTAGE, L’ETAT SE DEBINE
La rentrée scolaire prévue aujourd’hui, Sud quotidien a effectué une immersion dans quelques écoles privées et est parti à la rencontre des parents d’élèves pour s’enquérir des modalités d’inscription pour la nouvelle année 2020-2021.
Pour limiter la propagation de la pandémie à Covid-19 au Sénégal, le président de la République, Macky Sall, avait pris la décision de fermer les écoles depuis le mois de mars dernier. Cela étant fait, les élèves sont restés à la maison pendant les trois derniers mois de l’année scolaire sans aller à l’école. Mais, des écoles privées obligent les parents d’élèves à s’acquitter des trois mois de vacances forcées pour cause de Covid-19. La rentrée scolaire prévue aujourd’hui, Sud quotidien a effectué une immersion dans quelques écoles privées et est parti à la rencontre des parents d’élèves pour s’enquérir des modalités d’inscription pour la nouvelle année 2020-2021.
Il est 12h, mercredi 11 novembre à l’école « Les F…» de Dakar, quartier Sipres 2, des enseignants palabrent sous un arbre autour d’une théière, des va-et-vient incessants de parents d’élèves venus pour inscrire leurs enfants se font aussi remarquer. Parmi ces parents d’élèves, Madame Seck venue pour inscrire son enfant. Reçu d’inscription et bulletin de note à la main, Madame Seck nous fait savoir qu’elle a été obligée de payer les frais de scolarité des mois où son enfant est resté à la maison, à cause de Covid-19.
Déplorant le fait qu’elle qualifie à la limite d’arnaque, elle pointe un doigt accusateur vers l’Etat qui avait amené les élèves en vacances. « Dans cette situation de bras de fer entre parents d’élèves et responsables d’écoles privées, c’est nous, les parents, qui risquons de perdre la bataille donc mieux vaut ne pas aller en guerre. Certes, c’est anormal, l’école vend le savoir à nos enfants et actuellement, la marchandise n’a pas été livrée. On ne paye pas un service qui n’a pas été effectué.
L’Etat devait nous épauler mais le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, nous demande d’assigner ces écoles en justice. C’est irresponsable de sa part. S’il veut réellement intervenir en faveur des parents d’élèves, il n’a qu’à interdire à ses écoles les réclamations de ses trois mois de vacances par un communiqué et mettre une commission de contrôle là-dessus. C’est plus facile que de demander aux parents d’élèves de porter plainte, connaissant bien notre pays. On ne peut pas entamer un procès dont la date de la fin nous sera inconnue. Ça revient à dire oui je vais sacrifier mes enfants ».
Et Mme Seck de poursuivre : « Jamais, je ne sacrifierai mes enfants. Ces établissements privées jouent sur les sentiments des parents sachant qu’ils se soucient de l’avenir de leurs enfants. Raison pour laquelle on les amène dans les meilleures écoles privées pour assurer leur éducation», martèle la dame Seck. Elles sont nombreuses, des écoles privées du genre à imposer aux parents d’élèves le paiement des trois mois de scolarité, suivant la suspension des cours par L’Etat, en mars dernier.
Pour beaucoup, d’acteurs de l’école, il s’agit d’un véritable coup fourré, à la rigueur d’une arnaque contre les parents d’élèves. Et cela, d’autant que l’Etat du Sénégal dans le cadre du Fonds Covid-19 a débloqué 03 milliards de F CFa pour soutenir du privé impactées par la crise née de la pandémie. L’argent encaissé, les écoles privées ont affiché leur «voracité» en imposant aux parents d’élèves de payer les mois d’avril, de mars et de juin sans services rendus.
Suffisant pour faire sortir de leurs gonds les associations consuméristes qui ont dénoncé un « chantage » des écoles privées contre les parents d’élèves. Sollicité pour faire valoir ses responsabilités en tant que patron de l’éducation au Sénégal, le ministre de l’éducation nationale, Mamadou Talla, qui a rencontré avant-hier les parents d’élèves, leur avait demandé… d’assigner ces écoles en justice car elles seraient en faute. Entretemps, les écoles privées persistent et signent au grand dam de parents d’élèves obligés de se plier à la mesure, à contrecœur, par souci de ne pas voir leurs enfants en marge du système.
LA DISTANCIATION PHYSIQUE, UNE PREOCCUPATION POUR L’ADMINISTRATION
Selon le corps enseignant, aucun élève ne sera admis sans masque au sein des établissements scolaires. Toutefois, avec le nombre pléthorique d’élèves et le déficit de tables-bancs, la distanciation physique risque d’être impossible à respecter
Une rentrée générale des classes en contexte de Covid-19 : voilà ce que va vivre l’école sénégalaise en ce jour de jeudi 12 novembre. Et malgré le recul de la maladie, les mesures barrières restent toujours d’actualité dans la lutte contre le nouveau coronavirus.
Selon le corps enseignant, aucun élève ne sera admis sans masque au sein des établissements scolaires. Toutefois, avec le nombre pléthorique d’élèves et le déficit de tables-bancs, la distanciation physique risque d’être impossible à respecter, selon un membre de l’administration du collège Sacré-cœur de Dakar.
Si les enseignants se sont habitués avec certaines des mesures barrières comme le port de masques, l’utilisation du gel hydro alcoolique, le lavage des mains dans la lutte contre le coronavirus, le respect de la distanciation physique demeure une préoccupation majeure. Avec l’ouverture de toutes les classes, cette donne devient à la limite impossible. Cependant, malgré cette préoccupation d’aller vers une année sans enregistrer de cas de Covid-19 au sein des écoles, l’administration tente de se mettre aux normes. Dans plusieurs écoles, la désinfection des lieux s’est déjà fait et des instructions fermes données pour le respect du port de masques pour les élèves.
Selon un des enseignants au collège privé catholique sacré cœur : « c’est une première de gérer autant d’élèves en cette période de pandémie. Il sera très difficile pour nous de faire respecter la distanciation physique. Les enfants ont l’habitude de se mêler entre eux et aujourd’hui, leur dire de se tenir tranquille va être un exercice difficile ». Pour cet enseignant qui a préféré garder l’anonymat, toutes les dispositions sont prêtes pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions d’étude. Et de poursuivre : « lors de la reprise des cours pour l’année écoulée, on n’avait que des élèves en classes d’examen. La situation était gérable par le nombre d’élèves, l’espace et il s’y ajoute qu’il y avait plusieurs enseignants pour surveiller les enfants».
Dans plusieurs écoles visitées, Sainte Bernadette, Saldia ou encore Madieye Sall, des dispositifs sont installées à l’entrée et dans les cours des écoles et les services de nettoyage renforcés. « Nous avons reçu l’ordre de ne laisser passer aucun élève qui ne porte pas de masque, il ne sera pas admis à l’école. L’administration est ferme sur ce point et si on n’exécute pas cette décision, on risque d’être sanctionné et même licencié » a souligné le vigile Moussa Ndiaye du cours privé Madièye Sall.