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6 juillet 2025
DÉPERDITION DES TRADITIONS ET SURVIVANCE DES CASTES
Il fut une époque où partout dans le Fouta, dans les communes et jusqu’aux villages, la tradition était revisitée à travers des jeux de société issus de la culture Halpular
Il fut une époque où partout dans le Fouta, dans les communes et jusqu’aux villages, la tradition était revisitée à travers des jeux de société issus de la culture Halpular. Sous les coups de butoir de la modernité, ces jeux qui se déroulaient au clair de lune et qui réunissaient toute une génération, sont en train de disparaitre. La nouvelle génération se cherche d’autres loisirs plus modernes. Du coup beaucoup de ces jeux qui avaient également un côté didactique, se perdent. Même s’il y a un pan qui résiste, avec la survivance des castes.
Les personnes d’un certain âge se souviennent avec nostalgie des veillées nocturnes au village autour du feu de bois. Des séances de contes ou des jeux de société qui regroupaient des jeunes de différentes tranches d’âge. Plus que de jeux, ces loisirs participaient également à l’éducation des enfants. il en est ainsi des divertissements appelés « Kass - Kass » ou « samory ». ils se tenaient au cœur du village au clair de lune ou autour du feu de bois. Filles et garçons faisaient valoir leurs qualités athlétiques et leur endurance. Puisqu’ avec ces distractions qui étaient des parties de cache – cache, il fallait savoir courir. Et quand cela se faisait dans la journée, une séance exclusivement réservée aux garçons, il arrivait qu’ils fassent des escapades pour se retrouver en brousse. et c’était parti pour des moments de battue ou de quête de pâturages que les jeunes gens revendaient le lendemain. Par cette activité, beaucoup de ces adolescents ont appris, très tôt, à se prendre en charge et à se retrouver avec un pécule considérable. C’est par le produit de la vente de l’herbe pour le bétail durant toutes les vacances qu’ils parvenaient à acheter leurs fournitures scolaires et payer leurs frais de scolarité. La vie de ces jeunes se déroulait également autour du fleuve où ils se faisaient une petite fortune dans la traversée entre les deux rives du fleuve.
La jeunesse d’hier !
Abdourahmane sow est aujourd’hui un grand commerçant. Originaire de Thialy (village situé dans la région de Matam), il tient son magasin de vente de produits vestimentaires au marché de Diamaguène. Des études interrompues très tôt à cause des aléas de la vie. Très jeune, après s’être fait une petite fortune en vendant du foin, il se retrouve dans la capitale pour vivre de débrouille avant de tenir son propre magasin. Aujourd’hui, grâce à ce commerce, il parvient chaque fin du mois à envoyer de l’argent à ses parents au Fouta. a l’en croire, ces jeux presque anodins l’ont formaté pour faire de lui un homme prêt à relever n’importe quel défi. Les années passent, mais il se souvient toujours de ces périodes de son enfance partagée entre des camarades qui sont devenus ses vrais amis quel que soit leur rang social. a l’en croire, c’est un pacte de sang entre lui et ses amis dont certains sont des cadres. « Je ressens une forte émotion quand j’évoque cette période de ma jeunesse. Lorsqu’on allait pêcher au fleuve ou qu’on revenait de nos escapades après avoir passé de longues heures dans la brousse. On menait de rudes batailles à travers les jeux traditionnels des heures durant. Il y avait également des jeux tels que : « Langaboury » les « Yalli gobel »( Ndlr : une partie de jeu de foot par laquelle celui qui se retrouve avec la balle entre les jambes reçoit des coup sur le dos). La vente de l’herbe pour le bétail durant les grandes vacances. Quels beaux souvenirs. Le temps passe si vite » évoque –t-il le sourire aux lèvres caressant une barbe imaginaire.
Remontant le temps de cette belle époque du Fouta, mère Dieyni Ba soutient que les jeunes d’aujourd’hui n’accordent plus une grande importance à leur culture du terroir. Ceci, à force de s’être occidentalisés. Pour elle, ces jeux, plus que des distractions, forgeaient mentalement les enfants du Fouta car les préparant à affronter les rigueurs et réalités de la vie. Une endurance à toute épreuve si bien qu’ils pouvaient résister à toutes privations. C’était aussi le respect dû aux parents et aux ainés. Une perte des valeurs que notre interlocutrice explique par la forte scolarisation dans un milieu qui comptait peu d’écoles et qui était très réfractaire à la modernité. « a notre époque, il existait peu d’écoles et aucun parent ne tenait à y mettre sa fille. Nous, les filles, on ne s’occupait que des travaux ménagers en aidant nos parents. Durant les périodes de récolte, on se retrouvait dans les champs » a expliqué la vielle dame.
L’effet de la modernité chez la nouvelle génération !
Les jeux traditionnels aux placards, la jeunesse rurale est devenue plus moderne et s’est presque occidentalisée. Du coup, toute la richesse du terroir qui constituait un supplément d’âme pour leurs ainés est aujourd’hui presque piétinée. Les interdits d’hier sont ainsi devenus des habitudes. Du coup, la société s’en trouve bouleversée avec des situations qu’on ne pouvait même pas imaginer il y a trente ans voire 20 ans. Des grossesses non désirées sont régulièrement notées dans un milieu qui était très conservatiste avec des jeunes en manque de loisirs et laissés à eux-mêmes. Les jeux traditionnels jugés archaïques, la jeunesse fait un clin d’œil à la modernité. ce sont maintenant les podiums de rap, les soirées dansantes … etc., les parents ne pouvant plus contrôler leurs progénitures. Lesquelles, avec le contact de l’école, sont plus ouvertes au monde et aspirent à d’autres découvertes. Ce qui fait que depuis la fin des années quatre-vingt-dix, cette jeunesse rurale s’est complétement métamorphosée et disloquée.
Les rendez-vous culturels qui tendent vers la disparition !
Ainsi oubliés les évènements phares qui occupaient leurs ainées pourtant plus assis intellectuellement. Pour ces derniers, les vacances scolaires et universitaires constituaient des périodes de retrouvaille. En plus du sport, se tenaient des activités culturelles. De ce fait, l’ambiance festive sur les bras du fleuve qui sépare la république islamique de Mauritanie et le Sénégal, était indicible. Femmes, hommes, jeunes, enfants et adultes s’y rendaient pour suivre ce qu’on appelle dans la région les « déenté laadée » (courses de pirogues). Les veillées nocturnes prenaient place dans tous les coins des villages. des foras avec toute la culture hal Pular à travers l’art du « Pekhannes » animés par de vrais poètes « cubalbés » qui chantent à la gloire des anciens qui ont marqué la société halpular. de véritables joutes oratoires où il fallait faire preuve d’une grande culture.
Le phénomène des castes, une réalité
Cependant en dépit de la perte de certaines valeurs, la société halpular peine à se départir de quelques réalités socioculturelles, notamment la survivance des codes ethniques et des castes. il est rare voire presque inexistant de voir des gens de castes différentes se marier. Les « cubalbés » pêcheurs) se marient entre eux sans sortir du clan. il en est de même pour les « Khorbés »(les bouchers), les Foulbés « les bergers peulh) les « Waloubés » (les cordonniers) et les « sakébés » (les artisans et cordonniers). « C’est une coutume bien respectée chez nous. Cela s’est toujours passé ainsi avec nos aïeux. Donc, on se doit de la respecter. Une union n’est célébrée qu’avec deux individus de même caste. Certains transgressent ces règles, mais ce sont des mariages qui tiennent difficilement. C’est une réalité qui est là et il faut l’accepter ainsi. Il ne faut pas chercher à comprendre. Ce n’est pas le fait qu’une ethnie minimise une autre ou qu’elle soit au-dessus de l’autre. C’est notre société qui ainsi faite » a tenté d’expliquer la dame Coumba Kane qui ne pense une seule fois transgresser ces règles qui ont la peau dure malgré la modernité.
LANSANA GAGNY SAKHO, DG DE L’ONAS AFFICHE SON IMPUISSANCE
Selon lui, c’est un problème bien délicat, mais il faut essayer d’être raisonnable afin de pouvoir trouver des solutions.
Les Sénégalais ont vécu un week-end sous les eaux. De fortes précipitations se sont abattues sur le pays, causant une dizaine de morts et d’importants dégâts dans de nombreuses localités. Invité de l’émission RFM matin, Lansana Gagny Sakho, le directeur général de l’Office National de l’Assainissements du Sénégal, a donné des explications tirées par les cheveux. Le patron de l’ONAS a tout simplement affiché son impuissance suite à ces averses exceptionnelles.
Les fortes pluies qui sont tombées ce week-end sur l’étendue du territoire national ont causé des dégâts inestimables. En plus d’avoir fait des morts. À Dakar, diourbel, Kaolack, Thiès, Fatick, Sédhiou etc. les populations ont été confrontées à d’énormes difficultés. Des quartiers entiers sont sous les eaux, poussant les populations à dormir à la belle étoile. Les maisons qui se sont effondrées ne se portent plus.
Invité de l’émission RFM matin, Lansana Gagny Sakho, le directeur général de l’Onas (Office national de l’assainissement du Sénégal) s’est prononcé sur la situation. « On a bien constaté que l’on a eu des contraintes et les dégâts sont évidemment énormes. Cependant, il faut savoir contextualiser les faits. Cette situation est bien particulière, car on n’a jamais assisté à ce genre de pluies» constate le directeur général de l’Onas.
Selon lui, c’est un problème bien délicat, mais il faut essayer d’être raisonnable afin de pouvoir trouver des solutions. Selon lui, la particularité de la situation vécue ce weekend est due à l’abondance des pluies qui sont tombées dans le pays. Des pluies qui ont dépassé les prévisions. Selon M. Sakho, « à Sangalkam on a noté 120 mm d’eau, Mbao 71 mm, Dakar 110 mm, Guédiawaye 107 mm, Rufisque 112mn et Sokone 200 mm.
La ville de Sokone, par exemple, a presque atteint la moitié de ses estimations pluviales sur une année qui se situent à 800 mm. Cela en un seul jour !» autant de choses qui font dire à M. Lansana Gagny Sakho qu’on est face à une « situation exceptionnelle. » interpellé sur les avertissements des météorologues qui avaient annoncé cette forte pluie sans que des dispositions aient été prises pour atténuer les éventuels dégâts, le directeur de la Onas répond en soulignant que « les ouvrages d’assainissement qui devraient contenir la pluie ne peuvent pas se faire en un rien de temps car il faut une durée de 3 à 4 ans pour les réaliser».
Selon M. Sakho, la situation aurait été beaucoup plus grave si le Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi) n’avait pas était lancé. il assure que ce programme a bien permis, à certaines zones, de se sortir indemnes des pluies diluviennes de samedi et dimanche.
Selon lui, si les mêmes types de pluies se répètent cette année ou même l’année prochaine, « les dégâts seront pareils ». Concernant le plan Orsec activé par le président de la république dans la nuit du samedi, M. Lansana Gagny Sakho affirme que « le plan ORSEC est la résultante d’une situation exceptionnelle » et qu’il ne voulait en aucun cas en arriver là. On a eu 6 morts au Sénégal et, dans ce genre de catastrophe naturelle, il faut rester soudés et se comprendre » dit-il en conclusion.
A CHAQUE PRESIDENT SES ORSEC
Face aux conséquences désastreuses des pluies diluviennes qui se sont abattues sur tout le territoire national le weekend dernier, le président de la République a déclenché un plan Orsec. Un de plus, pourrait-on dire
Face aux conséquences désastreuses des pluies diluviennes qui se sont abattues sur tout le territoire national le weekend dernier, le président de la République a déclenché un plan Orsec. Un de plus, pourrait-on dire. Retour sur ces plans présentés comme étant la panacée à toutes les situations de catastrophes…
Depuis son adoption, le Plan Orsec national a été déclenché et mis en œuvre à plusieurs reprises pour la gestion de catastrophes majeures notamment les inondations récurrentes que le pays a connues en 2002, 2005, 2009, 2012… ainsi, par arrêté ministériel n° 6305-M.INT.DPC-SP en date du 27 septembre 2002, il avait été déclenché par le Président Abdoulaye Wade à la suite du naufrage du bateau « le Joola ».
C’est le ministre de l’intérieur d’alors qui avait même déclenché le plan national d’Organisation des secours – (Plan Orsec), le vendredi 27 septembre 2002 à 9 heures, suite au naufrage du bateau « Le Joola » survenu dans les eaux territoriales gambiennes, le jeudi 26 septembre 2002, entre 22 heures 45 et 23 heures. en 2005, le président Abdoulaye Wade avait encore déclenché le plan Orsec pour les inondations suite aux fortes pluies tombées sur Dakar et sa banlieue. Quatre ans plus tard, le président Abdoulaye Wade déclenchera encore une nouvelle fois un plan Orsec suite à de fortes pluies diluviennes qui étaient tombées sur tout le Sénégal occasionnant des dégâts immenses dans Dakar et sa banlieue. Quelques mois après son accession au pouvoir en 2012, le président Macky sall a déclenché en septembre 2012 son premier plan Orsec. Cette suite là aussi à des pluies diluviennes qui avaient provoqué des inondations dans plusieurs localités du pays. Il en avait profité pour dissoudre le sénat expliquant qu’il allait utiliser le budget de cette institution pour lutter contre les inondations. En 2016 aussi il avait déclenché le plan Orsec.
Rebelote samedi dernier lorsque le président Macky sall a déclenché son troisième plan Orsec. Dès le lendemain dimanche 07 septembre, le ministre de l’intérieur et de la sécurité Publique, Aly Ngouille ndiaye a réuni les services concernés pour mettre en œuvre ledit plan Orsec, comme ordonné la veille le chef de l’état, Macky sall. La veille. Là aussi, le plan est déclenché suite aux fortes pluies qui ont causé des inondations dans plusieurs localités avec des morts et des dégâts matériels énormes…
L’ECHEC DU PLAN DECENNAL, CE N’EST RIEN D’AUTRE QUE L’INCOMPETENCE DE NOS AUTORITES
À en croire l’universitaire et chercheur Boubacar Barry associé à l’Ipar (Initiative prospective agricole et rurale), les réseaux sont sous dimensionnés
À en croire cet expert, les réseaux sont sous dimensionnés. « La science est le parent pauvre dans ce pays. Nous ne sommes pas loin des derniers de la classe. Tout ce qui vient en premier, c’est l’administration et la politique. Mais la science est laissée en rade. Qu’on le veuille ou pas, l’eau c’est de la science. Il y a combien de gens qui comprennent le cycle de l’eau dans la plupart de ces ministères qui gèrent ces questions. Je peux comprendre que le ministre soit politique, mais il doit être entouré d’hommes de science et non des copains et de coquins du ministre. Il faut que ça cesse. L’échec du Plan décennal, ce rien d’autre que l’incompétence notoire de nos autorités ».
Ces propos sont de l’universitaire et chercheur Boubacar Barry associé à l’iPar (initiative prospective agricole et rurale). il était l’invité de « i radio ». Le chercheur ne fait pas dans la langue de bois pour montrer son désaccord. il juge qu’il est grand temps de résoudre le problème des inondations. ce d’autant plus que le pays ne souffre pas de compétences.
Pour l’universitaire, les problèmes techniques et scientifiques doivent être résolus par les scientifiques. Malheureusement, la science est le parent pauvre de ce pays, ici la clientèle politique et le colmatage sont les seuls rois. Les eaux pluviales ne peuvent pas être une malédiction pour les pays subsahariens, et il est inconcevable de pomper ces eaux, afin de les jeter dans les océans. il est possible d’en faire un bon usage. il va plus loin, car pour Boubacar Barry le système de pompage est un moyen d’enrichir des individus.
En effet, les pompes de pressions ne font pas l’affaire et ça les gens le savent, par contre les pompes de gros débit peuvent dans l’urgence faire l’affaire. L’autre difficulté que rencontre la capitale, c’est le niveau des réseaux d’évacuation des eaux, qui sont sous dimensionnés.
Pour le géologue Pape Goumbala ça fait plus de 30 ans qu’il travaille sur la nature du sol, les zones de captage. Ce qui manque c’est un bon maillage hydraulique clair et précis afin de palier une bonne fois pour toutes ces nombreuses et périodiques inondations.
L’ABSENCE DE PREVENTION ET LA MAUVAISE PLANIFICATION DES VILLES, CAUSES DES INONDATIONS
Si le Programme décennal de gestion des inondations a été un échec malgré un investissement annoncé de 750 milliards de francs, c’est parce que le gouvernement a royalement ignoré la question de la prévention
Si le Programme décennal de gestion des inondations (Pgdi) a été un échec malgré un investissement annoncé de 750 milliards de francs, c’est parce que le Gouvernement a royalement ignoré la question de la prévention. Ce constat a été fait par un expert, fonctionnaire à la retraite du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction. Djibril Diop, professeur à l’Université de Montréal, au Canada, estime quant à lui qu’il y a une mauvaise planification de nos villes ainsi qu’une occupation anarchique des espaces qui devaient faciliter l’écoulement des eaux de pluie…
Partout au Sénégal, on patauge dans des eaux souvent jaunâtres ou verdâtres. Le débat fait rage après le lièvre levé par Le témoin vendredi sur les 750 milliards de francs engloutis par le Plan décennal de gestion des inondations (2012-2022). Comme pour donner raison au « témoin », il a plus des cordes tout ce weekend. L’opinion publique et l’assemblée nationale, à la suite du président de la république, exigent des comptes dans ce qui apparait comme un nouveau scandale de l’ère Macky Sall. De l’avis d’un expert urbaniste interrogé par votre serviteur, la récurrence des inondations, nonobstant le Plan décennal de gestion des inondations, s’explique par la non prise en compte de l’importante question de la prévention dans les stratégies élaborées depuis 2012. « Il me semble que le fait de n’avoir pas pris en compte l’aspect prévention dans le Programme décennal 2012-2022 a été la cause de la situation actuelle. S’il est vrai, jusqu’à la mesure d’une certaine vérification, que 750 milliards de francs ont été dépensés dans la lutte contre les inondations, le gouvernement a échoué dans le fait qu’il n’a pas accompagné cet investissement financier par les aléas qui viennent perturber toute la stratégie mise en place » souligne l’ancien fonctionnaire du ministère de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction.
Notre interlocuteur, qui s’est exprimé sous l’anonymat, rappelle que « nos villes, surtout Dakar, ont été taillées sur mesure par le colonisateur français. Lequel avait repoussé les autochtones vers la Médina. Autant le colonisateur a mis en place des infrastructures d’évacuation des eaux pluviales et usées sur mesure pour la capitale, autant d’autres infrastructures sur mesure ont été aussi mises en place par ses soins pour les autochtones. Seulement voilà, toutes ces infrastructures avaient été faites en fonction de la taille des populations d’alors. Il s’agissait notamment du dimensionnement des égouts, des réseaux, des canaux d’évacuation. Figurez-vous que le système de drainage des eaux pluviales de Dakar était dimensionné par le colonisateur pour 600.000 habitants alors qu’aujourd’hui la capitale frôle les 6.000.000 d’habitants. Soit dix fois plus ! Ce qui était valable à cette époque est largement dépassé. La capacité du réseau de drainage est largement dépassée, elle n’est plus la même, ni le nombre d’habitants ».
Djibril Diop, professeur à l’université de Montréal au canada, estime qu’ « il y a une mauvaise planification de nos villes et aussi une occupation anarchique des espaces qui devaient faciliter l’écoulement des eaux de pluies. Il y a le déphasage entre le Coefficient d’occupation du sol (COS) et l’occupation réelle dans les maisons. Autrement dit, il y a plus de monde dans les maisons que ce qui est planifié ». Cela pourrait être une des causes des inondations récurrentes.
L’autre aspect développé par l’ancien fonctionnaire du ministère de l’urbanisme, c’est que la surface qui recevait les eaux autrefois était perméable. Elle ne l’est plus. « Maintenant, on a imperméabilisé nos surfaces. Les réseaux domestiques sont la cause de cette situation. En outre le curage n’est pas possible à cause du comportement des gens qui jettent n’importe quoi dans les réseaux existants. Certes l’Office national de l’assainissement (ONAS) a un rôle à jouer, mais l’assainissement des déchets solides souffre surtout de nos comportements qu’il faut revoir. L’eau qui tombe doit avoir un passage, mais quand elle est bloquée, c’est la catastrophe. Les lits des marigots, les talwegs qui sont les lignes formées par les points ayant la plus basse altitude, soit dans une vallée, soit dans le lit d’un cours d’eau sont occupés » explique l’expert urbaniste.
Sur ce point, Djibril Diop, chargé d’enseignement à l’’école d’urbanisme et d’architecture de paysage à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, ajoute qu’ « il y a le fait que nos villes sont construites au détriment des paysages naturels. Le tout béton et asphalte réduit les capacités d’infiltration d’une bonne quantité d’eau dans les nappes. Ce qui fait que le trop trop-plein n’a pas d’autres solutions que l’écoulement et la stagnation.
Dans la région de Dakar, une partie de la nappe est saturée depuis l’arrêt du pompage de la nappe de Thiaroye à cause de l’excès de nitrate. ce qui fait que, dans la banlieue, une grande partie des eaux qui devaient être absorbées par cette nappe ne s’infiltre plus puisque celle-ci est presque affleurant maintenant. il y a aussi que l’exutoire naturel que devait être la grande Niayes entre Pikine et Patte d’Oie est presque urbanisée empêchant une bonne quantité d’eau de s’écouler vers cette dépression naturelle. C’est le cas de la portion des Niayes pour les Maristes, du fait de l’urbanisme de secteur de la construction de l’autoroute à péage et de l’arène nationale ».
Refondre totalement et redimensionner les ouvrages
Il est possible cependant de faire face à la récurrence des inondations à partir d’un certain nombre d’approches. L’ancien haut fonctionnaire du ministère de l’urbanisme pense que la première stratégie, c’est de sensibiliser les populations pour un changement de comportements. « L’Etat, surtout les services du cadastre foncier, doit jouer un rôle fondamental pour éviter l’aménagement de tout site non aedificandi en habitations. Comme la communication mise en place dans le cadre du covid19, il faut que les pouvoirs publics puissent communiquer avec les populations sur leurs comportements surtout dans la gestion des déchets solides qui obstruent les canaux d’évacuation des eaux usées » souligne encore notre interlocuteur. Djibril Diop, chargé d’enseignement à l’école d’urbanisme et d’architecture de paysage à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, indique à ce niveau qu’ « il y a un défaut de réseau d’assainissement et/ou un sous dimensionnement par rapport aux volumes que les canalisations doivent évacuer et en relation avec le Cos notamment ».
Cet enseignant canadien d’origine sénégalaise pointe du doigt lui aussi les facteurs humains dans la survenue des inondations. « L’irresponsabilité des populations, le manque de citoyenneté puisqu’après tout, il n’y a pas de sanctions. On fait ce que l’on veut. On dépose ses ordures où l’on veut et même dans les canalisations. On enlève les bouches d’égouts que l’on va fondre pour récupérer l’acier. On laisse ainsi les canalisations se remplir de sable, ce qui empêche l’écoulement normal des eaux de ruissellement. Il n’y a pas de différence entre les canaux dédiés aux eaux de ruissellement et ceux destinés aux eaux usées ». « Il faut mettre les dimensions sur les réseaux globaux. L’approche de prendre les réseaux par sections ou quartiers n’est pas bonne. La bonne stratégie pour régler la question des inondations, c’est d’orienter le flux vers des bassins versants. Il s’agit de redimensionner les sections d’ouvrages d’assainissement à canaux à ciel ouvert et fermés à la dimension de nos villes et de leurs habitants. Ce qui est difficile à gérer, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Il faut donc prendre les devants en faisant surtout des projections. Même si on se trompe, on aura réussi à faire quelque chose quand même » indique l’ancien fonctionnaire du ministère de l’urbanisme.
Le Pr Djibril Diop ne cache pas son pessimisme sur la question. « Malheureusement la situation risque de ne pas s’améliorer avec les conséquence du changement climatique qui risquent d’être plus catastrophiques. Car il faut penser aux pluies centenaires (des pluies qui ne surviennent que tous les 100 ans) et au retour des périodes pluvieuses de manière cyclique. Tous les hydrologues connaissent ça » conclut l’enseignant. Bref, pas de quoi optimistes et les inondations ont donc de beaux jours — si on peut dire — devant elles…
«SUR LES 10 POINTS QUI COMPOSENT LE PLAN DECENNAL, LES 07 SONT SANS SUITE»
Faute d’ambitions et de culture de préventions, le plan Orsec qui, en réalité, est le dernier recours en cas de catastrophe, n’est propre qu’à l’Afrique. C’est la conviction de l’ancien député et expert en protection civile, Abdou Sané
Le plan Orsec, même s’il a l’avantage de voir les procédures allégées, peut être un moyen d’enrichissement, avec les marchés de gré à gré ou par entente directe, échappant au contrôle de l’ARMP et souffrant de transparence, de rigueur et de probité. Mieux, faute d’ambitions et de culture de préventions, le plan Orsec qui, en réalité, est le dernier recours en cas de catastrophe, n’est propre qu’à l’Afrique. C’est la conviction de l’ancien député et expert en protection civile, Abdou Sané. Interrogé par Sud Fm, il révèle, concernant le Programme national décennal de lutte contre les inondations (PNDLI - 2012- 2022), que sur les dix (10) points qui composent ce plan décennal, à l’exception des deux ou trois, les sept (07) autres n’ont pas eu de suite.
PLAN ORSEC, C’EST QUOI ?
«Le plan Orsec, c’est le plan d’organisation des secours, il doit toujours être perçu comme l’arme ultime dont disposent nos autorités en vue d’apporter une réponse contre les effets néfastes de toutes les catastrophes. Et, là, c’est le cas avec les inondations. Maintenant, force est de reconnaître que le Sénégal vit déjà une autre crise (mondiale) relative à la Covid-19. Et l’Etat a eu à consacrer de lourds investissements pour faire face à la lutte contre la Covid-19. Il va s’en dire que ces inondations sont arrivées donc à un moment où le portefeuille financier de l’Etat a connu un certain nombre de difficultés. Toutefois, l’avantage du plan Orsec, c’est que lorsqu’il est déclenché, les procédures sont allégées ; donc c’est le gré à gré qui fonctionne. Avec le gré à gré, en termes de transparence, de rigueur et de probité, tout laisse à désirer. La souplesse est que, par entente directe, vous pouvez mobiliser des hydro-cureurs, des camions citernes, et un certain nombre de fournisseurs de pompes peuvent vous accorder des faveurs».
«L’ARMP N’A AUCUN CONTROLE SUR LES MARCHES DU PLAN ORSEC, AUNOMDE L’URGENCE»
«Vous savez, les inondations coûtent cher. C’est le deuxième plan Orsec, en matière d’inondation, sous le l’ère de Macky Sall. Le premier plan Orsec, c’était au temps où Mbaye Ndiaye était ministre de l’Intérieur. Et, cette fois-ci, c’est au moment où Aly Ngouille Ndiaye est ministre de l’Intérieur. Pourquoi c’est cher ? C’est que quand vous déclenchez un plan Orsec, vous êtes dans une position d’urgence ; ce qui devait vous coûter vingt-cinq mille (25000) peut vous revenir à cinquante mille (50000). Il n’y a pas d’Appel d’offres, l’ARMP (Autorité de régulation des marchés publics) n’a pas de contrôle sur ça, le marché est ouvert au nom de l’urgence. Conséquence, avec l’absence de gouvernance qui caractérise notre société et nos marchés, si vous êtes aujourd’hui une personne qui n’a pas le sens de l’éthique et de la probité, vous aurez tendance à surfacturer les marchés, moyennant des commissions pour vous. C’est pourquoi on dit que dans les catastrophes, il y a ceux qui pleurent, mais il y a ceux qui applaudissent parce que quelque part, les catastrophes nourrissent et entretiennent une catégorie de personnes».
DES SOLUTIONS STRUCTURELLES POUR VENIR A BOUT DES INONDATIONS, DEFINITIVEMENT
«En réalité, des indépendances à nos jours, nous assistons à un pilotage à vue dans le cadre de la lutte contre les inondations. Et ce pilotage à vue s’explique par le fait que c’est des moyens d’interventions conjoncturelles, plutôt que de situations structurelles qui sont préconisés. Et c’est ce qui fait que les inondations sont récurrentes, les mêmes moyens de lutte sont récurrents. A l’arrivée, c’est l’Etat qui perd par rapport au financement, parce que les inondations empêchent le travail, et menacent la qualité de vie des populations en termes de maladies et autres désagréments.»
PLAN ORSEC, UNE SOLUTION PROPRE A L’AFRIQUE, FAUTE D’AMBITIONS
«Si nous étions ambitieux, si nous avions une culture de préventions, il y aurait un dispositif qui est prévu pour faire face aux inondations. Parmi ces dispositifs, il y a ce qu’on appelle l’aménagement du territoire et la planification urbaine. Donc, c’est ce qui manque et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, la gestion de notre espace se fait au gré du hasard, sans aucun contrôle ; ce qui est toujours à l’origine du mal et c’est ce qui toujours à l’origine du plan Orsec qui, en réalité, est propre à l’Afrique. Ailleurs, les gens sont tellement ambitieux qu’ils jouent la prévention avant d’en arriver au plan Orsec. Pour l’information, lorsque vous entendrez le mot «plan Orsec», sachez que c’est le dernier, c’est comme si vous dites l’alphabet de A à Z. Avant le plan Orsec, il y a ce qu’on appelle le plan contingent. Ce plan s’il avait été élaboré, allait être une très belle parade et réduire, pour ne pas dire atténuer, les souffrances que sont en train de vivre nos populations. Mais encore une fois, nous n’avons pas le sens de l’anticipation ni le sens de la prévention, nous sommes trop hâtifs».
CERTAINES ZONES INONDEES A CAUSE DES TRAVAUX DE L’ETAT : TER, VDN3, ONAS… AYANT OBSTRUELES VOIES NATURELLES DES EAUX
«Là il faut le déplorer. En réalité, les projets qui sont sous la responsabilité de l’Etat refusent très souvent de s’accommoder à la législation et au règlement en vigueur c’est-à-dire de se soumettre à des études d’impacts pour des projets de grandes ampleurs. Il n’y a pas sérieusement des études d’impacts validés, avec un suivi de gestion environnementale. Conséquence, beaucoup de projets aujourd’hui sont à l’origine de l’inondation. Il est fréquent de voir des populations vous dire que chez nous, on ne connaissait pas les inondations. Mais quand on a créé l’autoroute à péage, le TER et d’autres infrastructures, on a constaté que l’eau qui devait s’écouler est obstruée et par conséquent nous vivons les affres des inondations. Au demeurant, l’Etat a tendance à accuser et dire que ce sont les populations qui occupent spontanément des zones non aedificandi. Mais là, c’est un Etat qui ne donne pas le bon exemple. Aujourd’hui, si vous prenez la situation de Kaffrine, qui se trouve dans une cuvette, le quartier de Diamagueune se trouve dans la zone la plus profonde de la cuvette. Et c’est là-bas où l’Etat a bâti une infrastructure scolaire ; conséquence, la capitale des inondations se trouve dans cette école».
«LE PRESIDENT SAURA QUE LES 07 POINTS SUR LES 10 DU PNDLI N’ONT PAS EU DE SUITE...»
«En termes de propositions, c’est simple : il faut qu’on accepte d’améliorer notre politique en matière de gouvernance. Ce qu’on appelle gouvernance, c’est quoi ? C’est d’avoir des Codes de l’urbanisme, donc des lois ; d’être en mesure de les appliquer. C’est d’avoir des textes réglementaires ; c’est d’être en mesure de les respecter, de développer en nous la culture de l’anticipation et de la prévention. Car la prévention en matière d’investissement coûte moins cher que la réforme. Or, le Sénégal dispose aujourd’hui d’un certain nombre d’outils de planification urbaine. Il était question de mettre en place un Observatoire de suivi parce que là aussi, nous n’avons pas la culture de suivi. Nous faisons les actions et on ne les évalue pas. Malheureusement, c’est un programme qui n’a pas vu le jour. Donc, aujourd’hui, à travers l’interpellation formulée par le président de la République vis-à-vis du gouvernement pour lui demander de faire la situation sur le Plan décennal de lutte contre les inondations, sur les dix (10) points qui composent ce plan décennal, à l’exception des deux ou trois, le président saura que les sept (07) autres n’ont pas eu de suite. Et puisqu’il n’y avait pas d’observatoire de suivi des inondations, personne n’était là pour pouvoir l’alerter et lui dire Monsieur le président, vos décisions n’ont pas connu de suite».
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LES SINISTRÉS DEMANDENT DE L'AIDE
Le Sénégal a essuyé les 5 et 6 septembre des précipitations d'une intensité inhabituelle. Les pluies, qui ont provoqué des inondations dévastatrices, ont fait au moins quatre morts.
Le Sénégal a essuyé les 5 et 6 septembre des précipitations d'une intensité inhabituelle. Les pluies, qui ont provoqué des inondations dévastatrices, ont fait au moins quatre morts. À Dakar, la capitale, des milliers de personnes sont sinistrées. De nombreuses maisons sont submergées et leurs habitants contraints de déménager. Au désespoir, les sinistrés demandent l'aide des autorités, vivement critiquées pour leur gestion des crues.
CE QUE L’ETAT AVAIT PREVU EN 2012 CONTRE LES INONDATIONS
Le plan ORSEC avait été relancé avec un Programme décennal de lutte contre les inondations d’un coût global de 767 milliards FCFA dont 484 milliards pour le volet restructuration urbaine et relogement, et 278 milliards pour les eaux pluviales
Samedi dernier, le Président de la République, Macky Sall a déclenché le Plan Orsec après les fortes pluies qui ont occasionné des inondations. Cependant, il faut rappeler qu’en 2012, le même plan avait été relancé avec un Programme décennal de lutte contre les inondations (Pdli) d’un coût global de 767 milliards FCFA dont 484 milliards pour le volet restructuration urbaine et relogement, et 278 milliards les projets de gestion des eaux pluviales. Ce programme, contenu dans le livre publié par l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, que nous avons à nouveau parcouru, devrait permettre de mettre fin à la gestion des inondations par pompage et privilégier les solutions par drainage. Hélas !
Les inondations qui ont eu lieu le weekend dernier à Dakar et dans certaines régions du pays a contraint le Président de la République, Macky Sall à déclencher le Plan Orsec (Plan national d’organisation de secours). Cependant, il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’il a été mis en branle. Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall avait déclenché le Plan Orsec après les inondations de 2012 qui avaient plongé les populations dans le désarroi. Sa mise en œuvre devrait permettre la mise en place d’un état-major permanent, de hausser le niveau d’alerte, de renforcer la célérité des interventions, et d’avoir la possibilité de mobiliser tous les moyens humains et matériels disponibles sur le territoire pour faire face à la situation des inondations.
Le Plan Orsec avait aussi pour but de maintenir la mobilisation de l’Etat à tous les niveaux pour marquer sa solidarité à tous les sinistrés, les opérations continuant d’être organisées de manière concertée. Face à la souffrance des populations, le Plan Orsec avait suscité un élan de solidarité. Plusieurs mesures avaient ainsi été prises pour venir à bout des inondations. Il s’agissait, entre autres, d’assurer la connexion au réseau électrique de tous les sites de pompage, de revitaliser tous les bassins et lacs de la banlieue, d’interdire l’occupation de toutes les zones non aedificandi, de recenser l’ensemble des sinistrés des inondations, en vue de leur apporter une assistance, d’identifier des sites pour l’installation des sinistrés et préparer des programmes d’habitat spécifique, d’assurer l’aménagement des plans d’eau et de restituer aux Niayes leur vocation agricole naturelle.
Toujours, dans cette dynamique de lutter contre les inondations, le Président Macky Sall avait organisé un conseil présidentiel le 19 septembre 2012 où le Programme décennal de lutte contre les inondations (Pdli) a été validé. Le gouvernement est alors chargé de la préparation d’un programme destiné à vaincre les inondations récurrentes par des solutions structurelles, le ministère en charge de l’Hydraulique et de l’Assainissement, et celui en charge de l’Habitat et de l’Urbanisme sont engagés. Trois périodes pour assurer la mise en œuvre du programme sont retenues. Il s’agissait d’une phase d’urgence qui devrait permettre d’apporter des solutions aux cas les plus critiques, une phase à court terme qui va définir les actions à conduire au cours de la période 2014-2016 et une phase à moyen et long terme afin de permettre d’éradiquer le phénomène des inondations récurrentes à l’horizon 2018.
Pour une réussite du Programme décennal de lutte contre les inondations, le Président Macky Sall avait insisté sur sa conception pour mettre fin à la gestion des inondations par pompage et privilégier les solutions par drainage. En effet, chacune des trois phases devant assurer la mise en œuvre du programme comprenait trois types de projets relatifs à l’aménagement du territoire, à la restructuration urbaine et au relogement, enfin à la gestion des eaux pluviales.
Le coût global du plan décennal est de 767 milliards FCFA dont 484 milliards devront couvrir le volet restructuration urbaine et relogement, et 278 milliards les projets de gestion des eaux pluviales. Au titre de la phase d’urgence, la priorité est toutefois donnée à la gestion des eaux pluviales qui représente près de 75 % des budgets retenus. Que s’est-il passé pour qu’un programme aussi ambitieux noie dans les eaux ? Mystère et boule de gomme !
SONKO ET COMPAGNIE ALERTENT CONTRE UNE MAFIA DU POMPAGE
Suite aux fortes pluies du week-end qui ont inondé tout le pays, semant morts et désolation un peu partout à travers le Sénégal, des réactions de compassion à l’endroit des populations sinistrées fusent de partout.
Suite aux fortes pluies du week-end qui ont inondé tout le pays, semant morts et désolation un peu partout à travers le Sénégal, des réactions de compassion à l’endroit des populations sinistrées fusent de partout. Au-delà, c’est l’Etat qui est mis au ban. Ainsi, la coalition Jotna/Patriotes pour l’Alternative, qui semble approuver le plan Orsec déclenché par le gouvernement, émet toutefois des réserves et alerte contre tout détournement de fonds face à «une mafia du pompage.
«Nous prenons acte du déclenchement par le gouvernement du Plan ORSEC. Cependant, nous exigeons la mise en place immédiate d’un dispositif de contrôle indépendant, participatif et rigoureux pour éviter tout détournement de fonds ou de matériel par une « mafia du pompage » qui profite de la situation pour s’enrichir impunément.
Le caractère urgent et catastrophique des situations d’inondation ne doit plus être un alibi aux pratiques de corruption», alertent Ousmane Sonko et Cie, à travers un communiqué en date d’hier, lundi 7 septembre. Non sans pointer du doigt le manque d’anticipation de la part du gouvernement. «Nous déplorons l’absence d’anticipation du gouvernement malgré le contexte des changements climatiques et les prévisions saisonnières annoncées depuis plusieurs mois par les agences spécialisées.
La croissance démographique et l’urbanisation sont également des tendances bien connues et les données à leur sujet sont disponibles pour les décideurs.» La coalition Jotna relève que le Sénat a été supprimé en 2012 pour augmenter le budget alloué à la lutte contre les inondations et que Macky Sall s’était même permis de vanter les mérites du Plan décennal de gestion des inondations (2012-2022), lors de la campagne pour la présidentielle de 2019.
Mais à l’arrivée, «la situation semble s’empirer : Rien n’est réglé, presque tout reste à faire». «Pourtant le gouvernement nous annonce que plus de 750 milliards ont été mobilisés depuis 2012 dans le PDGI. Nous sommes étonnés de tant d’argent englouti sans résultat probant. Nous réclamons un audit technique et financier au vu de l’aggravation de la situation par la fréquence des sinistres, le nombre des impactés et la gravité des conséquences. Tous ces désagréments graves sont les conséquences d’une politique incohérente d’aménagement du territoire et d’urbanisme et d’un laxisme des autorités dans l’application des dispositions réglementaires en matière d’occupation des sols.
En effet les inondations sont accentuées par les mauvaises politiques publiques et le laissez aller dans le secteur de l’urbanisme. Un pouvoir exécutif est là pour agir et anticiper sur les évènements, surtout ceux dont on sait la forte probabilité d’occurrence comme les inondations. Il est donc inadmissible que celui-ci se présente impuissant prétextant de pluies exceptionnelles. Et que dire des pays qui subissent des cyclones et qui pourtant réduisent d’années en années les conséquences de ces évènements climatiques extrêmes ?»
Suffisant pour que Sonko et Cie exigent «de ce gouvernement une plus grande planification et transparence dans la gestion des risques naturels et des politiques urbaines rationnelles et cohérentes. Le gouvernement doit définitivement adopter une politique d’aménagement harmonieux du territoire et de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) opérationnelle et pragmatique qui s’adapte aux changements climatiques».
Les « Patriotes », qui ne veulent pas entendre parler de pluies exceptionnelles, notent que le Sénégal dispose de ressources humaines et techniques nécessaires pour la conception, le pilotage et la gestion, en rompant avec une réponse politique inadaptée. «Notre pays a toutes les ressources humaines et techniques nécessaires pour concevoir, piloter, gérer et améliorer la résilience des villes aux phénomènes de cette nature. Cependant la réponse politique est inadaptée. Il est regrettable qu’après 8 ans, ce régime reste incapable de répondre aux attentes légitimes des populations en matière de villes assainies, sûres, résilientes et durables», conclut la source.
MACKY CONVOQUE UNE REUNION D'URGENCE
Selon L'Observateur, la rencontre porte sur les inondations qui touchent Dakar, sa banlieue et l'intérieur du pays.
Le chef de l'État, Macky Sall, a convoqué, ce mardi, à 10 heures, une réunion d'urgence au palais de la République.
Selon L'Observateur, la rencontre porte sur les inondations qui touchent Dakar, sa banlieue et l'intérieur du pays.
Il s'agira d'une rencontre de comptes et de perspectives. En effet, à l'issue de ce conclave, un bilan exhaustif sur la gestion des inondations sera fait.
Les ministres de l'Intérieur Aly Ngouille, de l'Eau et de l'Assainissement Serigne Mbaye Thiam, des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, de l'Habitat Abdou Karim Fofana… y prendront part.
Ces ministres devront se présenter à la réunion avec des éléments concrets dans le suivi et l'exécution du Programme décennal de lutte contre les inondations (2012-2022) qui aurait déjà englouti 750 milliards.