Elles craignent que la manne soit captée par les grands promoteurs hôteliers. Elles expriment leurs craintes et interpellent l'Etat.
Face à la crise économique induite par l’apparition du Covid -19 depuis mars dernier au Sénégal, le secteur du tourisme touché de plein fouet, bénéficie d’une enveloppe de 32 milliards de francs dans le cadre du programme de résilience économique mis en place par le chef de l’Etat. Pour autant, les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur du tourisme ne se sentent pas sorties de l’auberge car elles craignent que cette enveloppe soit captée par les grands promoteurs hôteliers. En outre, elles estiment minimes leurs chances d’être éligibles au fonds de garantie de 200 milliards institué pour aider les entreprises impactées par la pandémie à bénéficier de prêts remboursables un an après. Autour du député Malick Guèye, le collectif qu’elles ont constitué compte mener le combat pour que leurs voix soient audibles auprès de l’autorité.
Depuis le début de l’année, le monde tout entier traverse une crise sanitaire sans précédent due à l’épidémie du Covid-19. Au Sénégal, l’apparition des premiers cas au mois de mars a précipité la fermeture de nos frontières avec les pays les plus touchés par cette pandémie, en l’occurrence la Chine, la France, l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis etc. Il se trouve que ces pays, ceux européens surtout, portaient à eux seuls plus de 60 % des touristes au Sénégal.
Par conséquent, cette pandémie a plongé le secteur touristique dans un sommeil profond. La preuve par la fermeture de quasiment tous les établissements hôteliers sur ordre du gouvernement. L’Etat, interpellé, a cru devoir prendre certaines mesures. C’est ainsi que le 3 avril, à l’occasion de son traditionnel message à la Nation à la veille de la Fête de l’Indépendance, le président de la République a annoncé la mise en place d’un programme de résilience économique, notamment dans le secteur du tourisme.
Le 14 avril, le ministre du Tourisme et des Transports aériens a livré plus de détails sur ce programme, plus exactement le volet destiné au secteur qu’il gère. Lequel bénéficie d’une enveloppe de 77 milliards de francs qui se décompose comme suit : 45 milliards pour le transport aérien ; 12 milliards pour les hôtels réquisitionnés ; 5 milliards pour les entreprises et agences du portefeuille de l’Etat (ASPT, SAPCO etc.) ; 15 milliards pour le crédit hôtelier.
Sur la Petite côte, un des berceaux du tourisme sénégalais, pullulent des entreprises vivant du tourisme et ayant un réel besoin d’aide. Hélas, elles ont peur que l’aide destinée au secteur ne bénéficie seulement qu’à une minorité de «grands» hôteliers capables plus qu’elles de faire du lobbying pour capter toute cette manne financière au détriment de la majorité des acteurs. «Déjà, les grandes entreprises du secteur, sont certainement en contact avec le ministère (Ndlr, du Tourisme et des Transports Aériens) représentées par la Fédération des Organisations Patronales des Industries Touristiques du Sénégal (FOPITS). Mais les PME ne sont pas forcément organisées et risquent donc de ne pas être représentées alors que ce sont elles qui sont le plus en danger», alerte le Collectif des PME du secteur du tourisme.
Ainsi, le ministre de tutelle est interpellé pour que les PME ne soient pas ignorées dans la répartition de l’aide destinée au secteur du tourisme et des transports aériens. «A Monsieur le Ministre, nous sollicitons d’être pris en compte dans la répartition de cet appui, car nous sommes plus fragiles que ces propriétaires hôteliers milliardaires», ont crié les membres du collectif. Pour le député Malick Guèye et compagnie, les petits commerces des zones touristiques, les restaurants touristiques, le village artisanal, les salons de beauté, les boutiques de transfert d’argent, de change, les chauffeurs des transports touristiques, les salles de sports, les agences de voyage, les régies immobilières, les guides touristiques etc. devraient être pris en compte dans la répartition des fonds débloqués par l’Etat pour venir en aide au secteur touristique de manière large.
«Toutes ces petites entreprises ont un réel besoin d’aide. Beaucoup pourraient ne pas survivre plus de deux ou trois mois si cette situation perdure. Et derrière ces entreprises, il y a des employés qui risquent d’être fragilisés à long terme, si ces entreprises disparaissent», plaide Boly Guèye, président de l’antenne départementale de Mbour du Syndicat d’Initiative du Tourisme. «Ces entreprises ont un réel besoin d’aide, pour pouvoir payer leurs charges, leur loyer, leurs employés et pour les plus petits simplement pouvoir avoir un revenu pour assurer la survie de leur famille», embraie Stéphane, un Ukrainien propriétaire d’un restaurant à La Somone.
«LE FONDS DE GARANTIE DE 200 MILLIARDS N’AIDERA PAS LES PME»
Il convient de signaler que parmi la batterie de mesures annoncées dans le cadre du Programme de résilience économique, figure l’ouverture d’un fonds de garantie de 200 milliards de Frs CFA pour permettre aux entreprises de disposer de crédits de trésorerie et de prêts rapides remboursables seulement un an après la fin de l’épidémie du Covid-19.
Toutefois, face à une situation déjà périlleuse, les petits entrepreneurs ne voudront pas contracter des emprunts qui constitueraient pour eux une charge supplémentaire à moyen ou long terme, estime le collectif des PME du secteur du tourisme. Un collectif qui reste convaincu que même si elles envisagent cette solution, le Fonds de garantie mis à la disposition des banques sera difficilement utilisable par les PME, si les procédures bancaires ne changent pas, surtout avec l’analyse du risque crédit. «Pour les banques, la garantie ne fait pas le crédit, mais c’est la confiance qui fait le crédit et malheureusement les banques ne font confiance qu’aux riches, donc un gérant d’un petit restaurant pourra difficilement convaincre un banquier que son exploitation pourrait à court terme supporter les échéances et frais financiers», fait valoir avec pertinence le collectif.
La question fondamentale pour ce dernier est de voir comment l’aide de 15 milliards de francs pourra bénéficier aux PME du tourisme qui en ont un réel besoin pour survivre. Parmi les solutions envisageables, le collectif préconise que les grandes entreprises du secteur, qui sont certainement plus solides et qui pourront bénéficier du fonds de garantie de 200 milliards Frs CFA, laissent une large part des 15 milliards d’aide pour les PME, faisant ainsi preuve de solidarité dans ces moments difficiles.
Pour mieux réussir son action, le collectif invite le ministre du Tourisme et des Transports Aériens à faire une visite de terrain sur la Petite côte pour constater de visu l’impact de la crise humanitaire créée par le Covid -19. Ce afin qu’il puisse avoir tous les éléments d’appréciation pour mieux arbitrer quant à la répartition de l’aide. Le collectif des PME a aussi annoncé son intention d’effectuer une tournée de sensibilisation prochainement au Cap Skirring (Casamance).
Par Oumar-Diouf FALL
L’EFFET POSTILLON
Au Sénégal, tout observateur attentif constate que les programmes de soutien aux populations dites défavorisées ont toujours laissé un goût amer.
Au Sénégal, tout observateur attentif constate que les programmes de soutien aux populations dites défavorisées ont toujours laissé un goût amer. C’est même à croire que l’opinion publique, à travers quelques lanceurs d’alerte, traque le moindre faux pas sur le chemin des différents gouvernements qui ont eu à gérer des opérations de cette nature. Malheureusement, les différents gouvernements sont tombés dans cette sorte de chausse-trappe.
Ce gouvernement-ci ne déroge pas à la règle, perturbé dans son élan par une tempête médiatique heureusement vite étouffée —pour l’heure en tout cas — par le président de la République. Lequel a pu mesurer la clameur d’indignation en apportant des correctifs dans son dispositif de gestion de la logistique de l’aide destinée à ses concitoyens affectés par les ravages sanitaires et économiques de cette pandémie.
En effet, Macky Sall sait très bien que les partenaires au développement du Sénégal goûteraient peu un détournement supposé des fonds mobilisés pour la riposte par l’attribution frauduleuse des marchés de cette aide. Pour la bonne et simple raison qu’il ne peut vouloir une chose et son contraire. Demander l’annulation de la dette pour atténuer les terribles et imprévisibles contrecoups qui seront créés par la pandémie du Covid-19 ne peut s’accommoder d’un quelconque soupçon de collusion avec ses partisans politiques. Ce serait tout simplement se faire hara kiri !
Pour autant son plaidoyer pour l’annulation de la dette risque d’être un coup d’épée dans l’eau, même si, dans son offensive médiatique tous azimuts à travers France 24 et le quotidien Le Figaro, il n’a cessé de prévenir les partenaires du Sénégal et de notre continent que si « l’Afrique tombe, le monde tombe ».
De son point de vue, « une Afrique impuissante face au Covid-19 restera une menace pour le monde », d’où l’impérieuse nécessité de soulager notre continent du lourd fardeau de la dette — dont le paiement serait insupportable — tout en faisant face aux répercussions désastreuses de l’après-pandémie sur nos économies et sur nos vies.
A vrai dire, le monde d’après Covid19 se relèvera difficilement des dégâts manifestes qui n’épargneront personne. Dès lors, il est plus à redouter un repli généralisé sur soi qu’un sursaut de solidarité et de partage des dividendes de cette catastrophe venue d’ailleurs que de notre continent habituellement indexé de toutes les pestes de la terre. C’est pourquoi, les bouleversements économiques et socio-politiques qui se profilent dans un proche horizon poseront plus de problèmes qu’ils n’en résoudront.
Alors, autant le virus dégage des postillons susceptibles de propager à grande échelle la maladie, autant la bataille pour son endiguement ne peut s’accommoder de considérations politiciennes et de bavardages inutiles.
Oui, cette affaire de Covid-19 est trop sérieuse pour qu’on puisse jouer avec ou se laisser distraire par elle. Cela est valable aussi bien du côté du gouvernement, qui est à la manœuvre au nom et pour le compte du peuple sénégalais, que de celui de ceux qui crient haro à la magouille et au détournement d’objectifs de l’aide destinée aux populations. Attention ! Il n’est pas question ici de donner blanc-seing à des pratiques hors normes et des dérives qui transgressent l’orthodoxie de la bonne gestion.
Les comptes seront faits en temps opportun et au besoin réclamés avec insistance par une opinion publique exigeante et désormais de plus en plus soucieuse de transparence et de bonne gouvernance. Pour l’heure, ne nous trompons donc pas de combat et de priorités car le mal progresse et touche des zones jusqu’ici épargnées. Virus invisible, cas communautaires invisibles. Équation difficile à résoudre d’où l’alerte des techniciens de santé sur la riposte musclée à apporter par le port systématique de masques et le confinement séquentiel ou général des quartiers ou régions infestés.
Visiblement, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge Covid-19.
Oumar-Diouf FALL
MediaPower221.com
LES GARANTS DE FORCE COVID-19 SE DÉVOILENT
Seydou Diouf, Toussaint Manga, Issa Sall, Habib Sy, Yacine Fall... L'As révèle les coulisses de la désignation des différents noms susceptibles de siéger au comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte contre le coronavirus
Depuis le 17 avril dernier, le président de la République, Macky Sall, a pris un décret créant et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19, appelé Force Covid-19. La dream team est en train de prendre forme progressivement après la nomination du Général François Ndiaye comme président du comité de suivi.
Jusque-là, seul le nom du Général François Ndiaye est sorti. Il a été nommé président du Comité de suivi des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19. Ce comité, qui sera chargé de suivre de façon proactive et inclusive l’ensemble des opérations menées par le Fonds et d’en rendre compte au président de la République, devrait être également composé de représentants de l’ensemble des forces vives de la nation. Les institutions de la République ne sont pas en reste parmi lesquelles l’Assemblée nationale qui a déjà désigné ses trois représentants.
«L’As » a appris que l’Assemblée a porté son choix sur Seydou Diouf (pouvoir), Toussaint Manga (opposition) et El Hadji Issa Sall (non alignés) alors que les syndicats se feront représenter par Mademba Sock (Unsas) et Lamina Fall (Cnts). Le Comité va également comprendre six représentants du gouvernement, deux représentants du Haut conseil des collectivités territoriales, deux représentants du Conseil économique, social et environnemental, et deux (2) représentants des Associations d’élus territoriaux.
Habib Sy et Yacine Fall ou Gnagna Touré représentent les partis de l’opposition
Pour ce qui est des partis politiques, ils seront au total six représentants provenant des différents pôles en raison de deux par camp : majorité présidentielle, opposition parlementaire, et non-alignés. Selon nos sources, le pôle de l’opposition a désigné l’ancien responsable libéral, Habib Sy et l’ancienne candidate à la candidature pour la présidentielle de 2019 finalement alliée d’Ousmane Sonko, en l’occurrence la très critique Yacine Fall. A préciser toutefois que ces noms qui sont sortis du lot devront être validés aujourd’hui par l’ensemble des acteurs du pôle de l’opposition.
Par ailleurs, L’As a appris que le PDS n’est pas en phase avec le choix porté sur Yacine Fall. Me Wade a plutôt désigné Gnagna Touré en lieu et place. Concernant le pôle des non-alignés, ils cogitent toujours sur les personnes à choisir et comptent en finir aujourd’hui. Ce qui est sûr, le coordonnateur du pôle des non-alignés, Déthié Faye, ne sera pas de la partie parce qu’il a décidé de laisser la place aux autres membres de son camp.
On notera également la présence dans ce Comité de trois représentants des organisations de la société civile et de deux représentants des associations de consommateurs. Oumar Diop, Mame Yacine Camara et Alassane Seck devraient siéger au nom de la société civile. Joint au téléphone, Valdiodio Ndiaye estime qu’il est tout à fait normal dans le contexte actuel que le chef de l’Etat désigne les personnes habilitées à y être, d’autant que lui-même connaît mieux que quiconque les différentes spécificités de la société civile. «Le Président connaît les différentes compétences qui sont dans la société civile. L’urgence lui permet de choisir au plus vite deux parmi ceux qui travaillent et maitrisent le plus les questions liées à la bonne gouvernance et à la transparence. Ils sont connus. Il n’a aucun intérêt à passer outre. Et il est suffisamment informé pour savoir ceux qui doivent normalement intervenir pour gérer et surveiller telles actions liées à l’agroalimentaire et à la transparence des fonds», dit-il.
Joint également au téléphone, le président d’Ascosen, Momar Ndao, confie que la décision finale revient au président Macky Sall. «C’est à lui de faire des propositions sur les deux représentants des associations de consommateurs. Nous restons à l’écoute», a-t-il déclaré. Il faut dire en définitive que les organisations patronales auront aussi deux représentants. Toutefois, en dehors des personnalités provenant de ces différentes institutions et structures, le Comité pourra s’adjoindre, à l’occasion de ses rencontres, toute personne dont la participation est jugée utile.
AU TEUNGUETH FC, ON NE PENSE PAS A UNE ANNULATION DE LA SAISON
Le Teungueth FC, leader de la ligue 1 à l’issue de la phase aller, n’envisage pas une annulation de la saison de football 2019- 2020, en dépit de la pandémie du Covid-19, a indiqué son président, Babacar Ndiaye.
Le Teungueth FC, leader de la ligue 1 à l’issue de la phase aller, n’envisage pas une annulation de la saison de football 2019- 2020, en dépit de la pandémie du Covid-19, a indiqué son président, Babacar Ndiaye.
Même si le contexte lié à cette pandémie empêche toute lisibilité sur le futur proche des compétitions sportives à travers le monde, Babacar Ndiaye estime qu’il est encore prématuré de se prononcer dans un sens ou dans l’autre. « C’est trop tôt pour dire si on va annuler ou pas », a-t-il affirmé. Mais, il reste « qu’au vu des investissements effectués pour la préparation de la saison qui a joué la moitié de la saison », il serait « difficile d’annuler tout ce qui a été fait d’un coup de crayon », fait-il valoir dans un entretien avec l’APS.
Et il n’y a pas lieu de se précipter, car « il y a le temps de voir venir », argumente-t-il. « Plusieurs scénarios peuvent être mis sur la table, mais je préfère attendre et parler à qui de droit », a ajouté le dirigeant. Il soutient que les compétences ne manquent pas pour donner une suite à la saison de football. Mais pour le président de TFC, dont le club compte 12 points d’avance sur le deuxième à l’issue de la phase aller, le seul combat qui vaille est celui contre la maladie à coronavirus. « La bataille qui vaut d’être menée actuellement, c’est la lutte contre la propagation du Covid-19, et je salue la posture du monde sportif en général et de la famille du football dans la lutte contre cette pandémie. Nous avons réussi une belle mobilisation et montré un bel élan de solidarité », s’est-il réjoui.
A la question de savoir ce qu’il pense de l’attribution des titres en ne tenant compte que de la phase aller, il a indiqué qu’il était mal placé pour répondre à cette question. « Nous avons fait un beau parcours avec 12 victoires et un nul à l’issue de la phase aller », a-t-il dit.
D’après lui, la Ligue de football et la Fédération sénégalaise de football ont le temps de voir venir. « Il n’y a pas seulement des titres à attribuer, il y a des montées et des descentes en division inférieure à tenir compte et il y a encore du temps pour terminer la saison », a-t-il fait savoir. Au terme de la phase aller (13 journées) de ligue 1, le TFC compte 33 points, soit 12 de plus que le Jaraaf 2ème , qui en compte 21 points.
LE FOOTBALL LOCAL, LE «GRAND OUBLIE » DE L’AIDE FOURNIE PAR L’ETAT
Le football local est le « grand oublié » de l’aide fournie par l’Etat aux secteurs d’activité affectés par la pandémie de Covid-19, a estimé Babacar Ndiaye, le président de Teungueth FC (Ligue 1). « Le football local a été ignoré dans les audiences au palais. Recevoir la Fédération sénégalaise de football et la Ligue professionnelle aurait été un premier signe encourageant », a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec l’APS.
Si les cultures urbaines ont vu leur subvention passer de 500 millions à un milliard de francs CFA, l’aide à la presse de 700 millions à plus d’un milliard, le football mérite aussi un coup de pouce en raison des milliers d’emplois qu’il concentre et de son impact sur la vie des populations, a argué Babacar Ndiaye. Selon le président de Teungueth FC, il est temps que l’Etat prête une oreille attentive au football sénégalais, qui « apporte beaucoup » au pays.
« Les footballeurs, comme les basketteurs et les autres sportifs, font vivre leur famille et apportent des contributions importantes aux secteurs de l’éducation et de la santé », a rappelé Babacar Ndiaye. Il a donné les exemples des internationaux de football et de basketball Sadio Mané et Gorgui Sy Dieng, qui viennent en aide à de nombreuses familles.
Aps
LE FONDS COMMUN DÉTERRÉ PAR LES MAGISTRATS
Les magistrats sénégalais veulent se payer sur la bête. En d’autres termes, ils veulent recevoir une prime sur toutes les amendes qu’ils seraient appelés à fixer à des justiciables en cas de condamnation
Les membres de l’Union des magistrats sénégalais ont élaboré un projet de loi qu’ils veulent proposer à la signature du chef de l’Etat et qui vise à instituer un «fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire». Ledit fonds, qui devrait être alimenté par les amendes prononcées par les Tribunaux, servirait à leur fournir des ressources supplémentaires, en plus de leurs salaires. Un décret similaire, signé par Wade à la fin de son pouvoir, avait été abrogé par Macky dès son élection. Cela ne semble pas décourager les collègues de Souleymane Téliko.
Les magistrats sénégalais veulent se payer sur la bête. En d’autres termes, ils veulent recevoir une prime sur toutes les amendes qu’ils seraient appelés à fixer à des justiciables en cas de condamnation. A l’initiative de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), un projet de décret a été déposé depuis le début de ce mois de mars, au cabinet du ministre de la Justice, pour être étudié et préparé à la signature du président de la République.
Le décret en question, censé instituer un «Fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire», viserait, selon ses initiateurs, à «contribuer à la modernisation de la justice et à l’amélioration des conditions de travail de ses acteurs-clés que sont les magistrats, en permettant le renforcement des équipements et une meilleure prise en charge de certains besoins, notamment en documentation technique ou en formation». C’est du moins ce qu’affirme le rapport de présentation du projet de texte. Et pour mieux séduire l’autorité politique, en ces temps de fortes dépenses dues à la pandémie du coronavirus et qui ne doit pas voir d’un bon œil de nouvelles dépenses, les magistrats assurent, concernant ce fameux fonds, que «son instauration est d’autant plus opportune que la nouvelle orientation désormais donnée aux peines d’amendes et à leur recouvrement implique qu’elle n’entraîne pas de charges supplémentaires pour l’Etat qui, au contraire, grâce au relèvement du niveau de recouvrement, en tirerait un avantage certain en termes de ressources, de même que tout autre bénéficiaire de pourcentage sur les amendes prononcées».
En réalité, une lecture du texte en projet démontre très clairement que les magistrats sénégalais prêchent d’abord pour leur paroisse. L’argent des amendes qu’ils seraient amenés à prononcer va principalement alimenter le fonds en question, de même que les «consignations faites pendant l’instruction, lorsqu’elles sont devenues définitivement acquises au Trésor public, à l’exception de celles faites en raison des détournements des deniers publics». Il y a aussi les droits de chancellerie payés par les bénéficiaires des décrets de naturalisation qui vont alimenter ledit fonds.
L’article 3 du projet indique que «les ressources du fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire sont affectées aux dépenses d’équipement des Cours et tribunaux et à la motivation des magistrats de ce corps». L’article 6 indique que la part réservée à la motivation des magistrats leur est allouée sous forme de primes payées chaque trimestre. Ladite quote-part «ne peut être inférieure à la moitié des ressources du fonds» et est fixée par arrêté du garde des Sceaux. Et si la part réservée aux dépenses d’équipement est excédentaire à la fin de l’année, le solde peut être réaffecté à la motivation des magistrats.
Fortes similitudes
Ce texte préparé par l’Ums rappelle étrangement le décret 2011-1929 du 1er décembre 2011, signé par le président Abdoulaye Wade, et qui instituait le Fonds commun des magistrats. Le texte en question avait, dans son rapport de présentation, pour objectif de «permettre l’allocation de revenus additionnels aux magistrats bénéficiaires». Ce Fonds commun des magistrats y est comparé à ceux qui existent pour les fonctionnaires des ministères de l’Economie et des finances, ainsi que du Commerce. Il s’agit par ailleurs, selon le texte, «de doter les magistrats de moyens adéquats de travail et de leur assurer des émoluments de nature à les mettre à l’abri du besoin et des sollicitations». Et comme son successeur, le Fonds commun devait être alimenté par «les amendes criminelles, correctionnelles ou de police, ainsi que des confiscations prononcées par les Cours et tribunaux en toutes matières…», et d’autres sources pareilles à celles du Fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire.
Cantinisation de la justice
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Macky Sall avait fait son sort au Fonds commun des magistrats en abrogeant par décret 2012-904, du 30 août 2012, le décret qui l’instituait. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux de l’époque, Mme Aminata Touré, dans son rapport de présentation, indiquait que «l’intéressement des magistrats aux produits des amendes et des confiscations qu’ils prononcent eux-mêmes pose un sérieux problème d’éthique». Y aurait-il quelque chose de changé depuis lors ?
Et pour ce qui concerne la situation de «précarité» dans laquelle vivraient les magistrats sénégalais, à lire leur traitement, il y a certainement beaucoup de fonctionnaires, des enseignants et même de médecins qui souhaiteraient connaître les mêmes niveaux de dèche. Déjà à l’époque du Président Wade, les magistrats avaient décroché de ce que certains ont appelé «un décrochage exceptionnel par rapport à la grille salariale de la Fonction publique. Leur indemnité de judicature était passée de 150 mille à 800 mille francs Cfa en 2006, et leur indemnité de logement doublée. Fonctionnaires de la hiérarchie A1, ils ont le salaire le plus élevé de la Fonction publique. Cela, sans compter d’autres avantages en fonction des responsabilités de chacun».
Dès 2011, Le Quotidien pouvait établir que les magistrats sénégalais ne pouvaient rougir de la comparaison par rapport à leurs collègues de plusieurs pays d’Afrique et même d’Europe. Et les choses n’ont pas réellement changé depuis. On comprend donc qu’en 2012, l’un de leurs, l’ancien président de l’Ums, Aliou Niane, ait pu dénoncer le Fonds commun des magistrats, en déclarant que «c’est une forme de cantinisation, de mercantilisation de la justice».
La crainte à l’époque, comme aujourd’hui, est que les juges prononcent des peines, non pas en fonction des crimes et délits, mais plutôt en fonction des ressources qu’ils espéreraient tirer des personnes condamnées. On risquerait alors de voir les magistrats privilégier leurs propres intérêts, au détriment de la justice. La question est de savoir si Macky Sall en viendra aujourd’hui à renier sa décision d’il y a 8 ans.
"QUE GUÉDIAWAYE SOIT CONFINÉE !"
Pr Fatou Samb Ndiaye, coordinatrice du Comité de riposte du Covid-19 de l’hôpital Dalal Jamm, fait le point de la situation dans la banlieue dakaroise où les cas se multiplient
La propagation du coronavirus dans la banlieue dakaroise inquiète les populations, mais surtout les agents de la santé. A l’hôpital Dalal Jamm, ils sont au front de la lutte avec la prise en charge des malades. Pr Fatou Samb Ndiaye, coordinatrice du Comité de riposte du Covid-19 de l’hôpital Dalal Jamm, fait le point de la situation dans cette partie de la capitale où les cas se multiplient.
«Aujourd’hui, le problème qui se pose en banlieue est que nous avons une surpopulation. Guédiawaye compte aujourd’hui plus de 500 mille habitants. La question qui se pose ou qui fait peur, c’est que les infections communautaires commencent d’augmenter. On se pose la question de savoir est-ce que ce ne sont pas des cas contacts qui ont échappé à la surveillance et qui n’ont pas été déclarés. Et c’est ça la gravité de la question. Un cas communautaire est un sujet qui a été en contact avec la maladie, mais n’avait pas été déclaré ou qui a échappé au service de suivi des membres du Comité d’alerte au niveau du ministère.
Donc pour chaque cas communautaire, il y a un nombre de cas contacts déclarés. Certes la balle est toujours dans notre camp, mais je dirai qu’aujourd’hui elle est plus dans le camp de la communauté. Maintenant, c’est à l’échelle communautaire que les décisions doivent se prendre. Chaque mairie, chaque préfecture, les gouvernances devraient prendre des décisions qui siéent pour cette lutte.
Je demande à ce que la ville de Guédiawaye soit confinée. Dès l’instant qu’on dit que Guédiawaye a un cas communautaire, la population doit être attentiste vis-à-vis du ministère de la Santé et de l’action sociale, et même de l’Etat. C’est à nous de prendre notre propre décision par rapport à notre protection.
C’est inquiétant. Je me demande même si ces gens-là sont suffisamment sensibilisés ou si l’information n’est pas passée. C’est à nous peut-être, techniciens de la santé, de faire autrement ou de voir une manière mieux adaptée pour faire passer l’information, pour que la population adhère à ce qu’on est en train de faire. Pourquoi les gens continuent toujours à se regrouper ? Pourquoi se regrouper dans les grands-places et autres ? Il faut une maturité pour qu’on puisse combattre cette maladie sinon on risque de se retrouver dans la même situation que les Marocains. Nous allons nous retrouver avec des milliers de cas et on n’aura même pas où les mettre, parce que si la population ne suit pas, on aura d’énormes difficultés à pouvoir maîtriser cette maladie.
Le port du masque dès l’instant qu’il devient obligatoire, mais surtout le lavage des mains, rester à distance avec son interlocuteur, les gens doivent s’adapter. Il faut que les mairies viennent en aide aux populations parce qu’on ne peut pas confiner un «gorgoorlou» chez lui pour le laisser mourir de faim. Que les moyens soient dégagés. Il faut que les mairies achètent aussi des masques pour les offrir aux populations parce qu’il y a des gens qui ne peuvent pas les acheter. C’est le rôle de la mairie d’aider les populations à rester chez elles.»
PR SALIOU DIOP VOTE «COVID PLASMA»
Au cœur des recherches de traitement adéquat pour une prise en charge optimale des malades de Covid-19, plusieurs types de traitements sont sujets d’expérimentations pour contrer le virus.
Au cœur des recherches de traitement adéquat pour une prise en charge optimale des malades de Covid-19, plusieurs types de traitements sont sujets d’expérimentations pour contrer le virus. Ainsi, à part la formule de l’hydroxychloroquine prônée par le Pr. Raoult, l’immunothérapie est une option de traitement des cas de Covid-19 selon le Professeur Saliou Diop, directeur du Centre national de transfusion sanguine (Cnts). Ce type de traitement consiste à utiliser les anticorps contenus dans le plasma du sang d’un malade guéri de Covid-19 pour renforcer le système immunitaire des patients.
De nombreuses molécules sont testées à travers la planète pour essayer de combattre le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la maladie Covid-19. A l’instar des médicaments anti-Ébola, des antirétroviraux utilisés contre le Vih mais aussi des molécules plus controversées comme la chloroquine. Un nouveau traitement est également en cours d’expérimentation pour la prise en charge des malades de Covid-19. Ce traitement baptisé «Covid Plasma» consiste à récupérer les anticorps des patients guéris de Covid-19 et de les injecter aux patients malades.
Selon l’Établissement français du sang (Efs), une personne ayant contracté le coronavirus Covid-19 et guérie depuis au moins deux semaines présente une quantité suffisante d'anticorps pouvant être utilisés chez d'autres patients. Ces anticorps se trouvent dans le plasma sanguin et peuvent être récupérés lors d'un don semblable au don du sang classique.
Du même avis, le Pr. Saliou Diop du Cnts a soutenu : « il y a aujourd'hui une possibilité d'utiliser les anticorps des patients qui sont guéris du Covid-19 pour traiter les malades qui sont toujours sous traitement. Et au Sénégal, nous avons déjà fait la proposition aux équipes qui traitent les maladies au Covid-19 ». Et de poursuivre : « ils sont en train d'identifier toutes les possibilités. Et c'est un projet qui sera réalisé entre le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) et les équipes médicales». Le Professeur Saliou Diop a d’ailleurs indiqué avoir écrit à ce sujet au Professeur Moussa Seydi, Chef du service des maladies infectieuses et tropicales.
PRINCIPE DE TRAITEMENT
Par ailleurs, pour expliquer le principe de ce type de traitement, Dr Aliou Ndaye a expliqué : « Quand un patient est infecté, son organisme produit des anticorps, cet agent sécrété par les globules blancs lorsqu'ils détectent une substance étrangère au corps. Pour combattre cette substance étrangère, appelée antigène, le corps déclenche une réponse immunitaire. Plusieurs mécanismes de défense s'enclenchent, comme les lymphocytes chargés de reconnaître et détruire les cellules étrangères. Une fois la maladie passée, les anticorps restent présents dans l'organisme du patient guéri ».
Selon lui, les immunoglobines, anticorps sécrétés chez les patients guéris, ont déjà montré leur efficacité dans le cadre de plusieurs autres maladies et le don de plasma constitue déjà une pratique très encadrée. « Les immunoglobulines, fabriquées par les lymphocytes B – des globules blancs – reconnaissent les antigènes des virus ou des bactéries sur lesquels elles se fixent pour les détruire. Elles constituent le traitement de fond des patients atteints de déficits immunitaires, en apportant les anticorps nécessaires à la prévention des infections. Elles conditionnent ainsi la survie de nombreuses personnes.
Les immunoglobulines sont également utilisées pour traiter les maladies autoimmunes » a-t-il expliqué. En somme, en dépit de la non-recommandation jusqu’à la date du mardi 21 avril 2020, de ce type de traitement par l’Organisation mondiale de la santé (Oms), tout porte à croire que le traitement « Covid Plasma » peut s’avérer très efficace contre ce nouveau virus à multiples facettes.
DR MOHAMED LY POUR L’ACTIONNEMENT DES LEVIERS COLLECTIFS
En parlant de leviers communautaires pour réfréner la propagation du coronavirus, dr Mohamed Lamine Ly met le focus sur le port généralisé de masques, le rapport de confiance entre politiques mais entre gouvernants et gouvernés pour l’implication de tous
Face à la prolifération progressive des cas communautaires dans la contamination du coronavirus depuis deux semaines au Sénégal, le Dr Mohamed Lamine Ly, spécialiste en santé publique, souligne que « la pandémie pourrait revêtir sur notre continent des allures cauchemardesques, en raison de la faiblesse de nos systèmes sanitaires sous financés et sous-équipés alors que la prise en charge des cas graves nécessite des soins intensifs ». Face à ce danger, la blouse blanche préconise « de tabler sur notre expérience en matière de lutte contre les épidémies et d’actionner les leviers communautaires, qui peuvent nous être d’un grand secours ».
En parlant de leviers communautaires pour réfréner la propagation du coronavirus qui, depuis deux semaines, prend de l’ampleur avec la contamination communautaire avec un taux avoisinant 12%, le docteur Mohamed Lamine Ly, spécialiste en santé publique met le focus sur le port généralisé de masques, le rapport de confiance entre politiques mais entre gouvernants et gouvernés pour l’implication de tous dans la lutte contre le coronavirus au Sénégal. Pour le spécialiste de santé publique, il faudra, de plus en plus, aller vers la sensibilisation communautaire, en évitant d’apeurer ou de culpabiliser les populations qu’on doit plutôt inciter à s’approprier les initiatives non pharmaceutiques (INP).
De ce fait, il a estimé que le premier point sur lequel le Sénégal devra insister sera la protection des personnes âgées et/ou vulnérables souffrant d’affections chroniques. Quant aux relais et leaders communautaires, il a déclaré que le ministère de la Santé doit leur transférer des compétences dans les domaines suivants : la formation, la sensibilisation, l’hygiène, la surveillance à base communautaire, la confection des équipements locaux de protection individuelle voire l’enterrement et la gestion des corps. « Il se pourrait même, devant la recrudescence des cas, qu’on en arrive, en profitant des opportunités offertes par la nature pyramidale de notre système sanitaire, à l’implication des acteurs du niveau opérationnel et communautaire dans la prise en charge des cas simples, sur la base d’algorithmes prédéfinis », a-t-il renseigné.
Et d’ajouter : « cette hypothèse se justifie du fait que, de plus en plus de chercheurs émettent l’hypothèse que les nombreux décès constatés depuis le début de la pandémie seraient le fait, non pas de pneumonies virales - mais de micro-thromboses au niveau pulmonaire, qui sont curables grâce à l’administration d’anticoagulants».
De l’avis de Dr Ly, il y a également une toute nouvelle théorie, selon laquelle, le Covid-19 infecterait une bactérie dénommée Prevotella, laquelle provoquerait, en l’absence d’antibiothérapie adéquate, l’hyper-réaction immunitaire responsable du délabrement pulmonaire et de l’issue fatale, dans les cas graves. C’est donc dire qu’une prise en charge des cas, prenant en compte les risques thromboemboliques et infectieux ou tous autres paramètres que la recherche pourra mettre en évidence, pourrait réduire le nombre de cas ayant besoin de soins intensifs et serait une chance pour nos pays pauvres qui disposent de très peu de lits de réanimation. « Nous voyons donc que nos pays ont tout à gagner, en misant sur la carte communautaire pour juguler cette pandémie épouvantable » a-t-il déclaré.
PROLIFÉRATION DE LA CONTAMINATION COMMUNAUTAIRE
Le maillage de Dakar est fait sur les cas communautaires. Presque tous les districts de la capitale sénégalaise en disposent. La localité de Touba et Ziguinchor ne sont pas en restent ces derniers jours sur la liste. Face à cette situation, le spécialiste de la santé publique, le docteur Ly, a réagi hier, mardi : « nous assistons à la prolifération progressive et inquiétante des cas communautaires, ce qui nous fait perdre nos dernières illusions, sur l’invulnérabilité des Africains au Covid-19. Pis, la pandémie pourrait revêtir sur notre continent des allures cauchemardesques, en raison de la faiblesse de nos systèmes sanitaires sous-financés et sous-équipés alors que la prise en charge des cas graves nécessite des soins intensifs ». Face à ce danger selon lui « imminent », les recettes asiatiques ou européennes ne risquent pas d’être d’une grande utilité à l’Afrique, en raison du faible niveau de développement socio-économique. « Il ne nous reste dès lors, d’autre choix que de tabler sur notre expérience en matière de lutte contre les épidémies et d’actionner les leviers communautaires, qui peuvent nous être d’un grand secours » a-t-il laissé entendre.
UNE PANDEMIE AUX COULEURS TROPICALES
Pour Dr Ly, dans les pays africains, la pandémie se présente sous un jour particulier. Selon lui, il y a d’abord la lenteur de la transmission du virus si on la compare à celle de certains pays européens et asiatiques, qui pourrait n’être liée qu’au faible pourcentage de tests réalisés ou alors relever d’un niveau d’urbanisation moindre comme la démultiplication des contacts dans les transports en commun, les grandes surfaces. Ensuite, Dr Ly fait noter une mortalité apparemment plus faible dans les pays africains peutêtre due aux différences dans les pyramides d’âges avec des populations africaines plus jeunes que chez les Européens et à l’existence fréquente chez les personnes âgées de comorbidités qui sont des facteurs péjoratifs pour le pronostic vital. Enfin, il a évoqué des facteurs immunitaires, parmi lesquels l’administration habituelle du BCG qui aurait un rôle protecteur pour les enfants dans les pays africains. « Cette aggravation de la situation épidémiologique, de même que les implications socio-anthropologiques de la pandémie font que l’exigence d’un dialogue franc avec les communautés se fait pressante, dans un souci de les responsabiliser dans la mise en œuvre des initiatives non pharmaceutiques (I.N.P), parmi lesquelles le port du masque qui occupe une place de plus en plus centrale » a-t-il soutenu.
COVID-19 CONFINE LES ELECTIONS ET FLOUTE LE MANDAT DE MACKY
Les effets de la pandémie du Covid-19 sont naturellement avant tout humains, puisqu’il s’agit de la santé publique, mais aussi des conséquences qu’elle entraîne pour le mode de vie.
Degats collateraux de la crise du coronavirus sur la sphere politique
Dans les conversations, le coronavirus et ses conséquences ont complètement éclipsé, presque effacé, les enjeux des Locales prévues au plus tard le 28 mars 2021. Le dialogue politique suspendu, au moment où les acteurs, après avoir fini de trouver un consensus sur les Termes de références, étaient en train de boucler le mode de financement de l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral pour procéder ensuite à l’appel d’offre, risque de compromettre l’échéance fixée par le ministre de l’Intérieur. Si bien évidemment rien n’est fait d’ici la fin du mois de mai. Quid du quinquennat du président Macky Sall fortement chahuté dès sa première année et mis à rude épreuve par la pandémie du Covid-19 ?
Les effets de la pandémie du Covid-19 sont naturellement avant tout humains, puisqu’il s’agit de la santé publique, mais aussi des conséquences qu’elle entraîne pour le mode de vie. Ses effets sont aussi économiques et sociaux, comme on le constate déjà, avec le chômage partiel, les emplois remis en cause, la désorganisation des échanges internationaux, etc. Mais aussi, le Coronavirus a un impact politique très fort au Sénégal. En effet, il a porté un sacré coup de frein au dialogue politique suspendu, depuis le mois de mars dernier, risquant ainsi de dérègler l’horloge électorale. Les acteurs parties prenantes à ces concertations politiques étaient sur le point de boucler le financement de l’audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral, après avoir trouvé un consensus sur les Termes de référence. Cela, afin de lancer l’appel d’offre pour ces deux mesures très attendues par les acteurs politiques.
Hélas ! Le Covid-19 vient de remettre très sérieusement en doute la possibilité d’organiser ces élections locales, dans la fourchette temporelle proposée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à savoir au plus tard le 28 mars 2021. Pour cause, tout est suspendu alors que lors des travaux, les acteurs de la société civile avaient jugé nécessaire d’obtenir du gouvernement un chronogramme qui permettrait de planifier toutes les grandes étapes qui vont mener aux élections. Leur crainte était basée sur le fait que d’ici la fin du mois de mai, si rien n’est fait, la date des élections serait compromise. Parce que, selon eux, il y aurait moins de 8 mois pour réviser les listes électorales, distribuer les cartes, procéder au parrainage, sans oublier la phase des contentieux et la consolidation de la liste, et la campagne électorale, pour enfin arriver à l’organisation du scrutin proprement dit. Cela, même s’ils admettent qu’il y a la possibilité de réduire les délais légaux. Par conséquent, si à cause du Covid-19, le cycle électoral n’est pas démarré d’ici la fin du mois de mai, les élections seront compromises à cette date et le président serait obligé de proroger encore une fois le mandat des maires, conseillers communaux et départementaux. Ce qui porterait un sacré coup aux principes démocratiques en dérèglant le calendrier électoral républicain, en violant le principe de souveraineté nationale et en bafouant le droit de suffrage des électeurs, entre autres.
Quid du quinquennat du président Macky Sall ? Le moins que l’on puisse dire, le second mandat du chef de l’Etat traverse une épreuve majeure. Déjà, la première année de son mandat a été fortement chahuté par beaucoup de choses, telles que l’affaire BBC et Aliou Sall sur le pétrole, le déterrement de la hache de guerre des syndicats d’enseignants, la crise née au sein de son parti l’Alliance pour la République (Apr), tout comme la polémique autour du mandat présidentiel, sans oublier la chasse à l’homme démarrée dans l’Apr à cause dudit mandat. Du débat post covid qui ne manquera pas d’être relancé.
Maintenant, il vient s’y ajouter cet ennemi invisible de Covid-19 qui remet aux calendes grecques la date de livraison des grands chantiers de l’Etat. Les priorités étant réorientées vers la lutte contre le Coronavirus, le programme de campagne qui a permis de réélire la président Macky Sall risque d’être confiné dans les tiroirs. Cela ne risque-t-il pas de donner des idées au chef de l’Etat, notamment de vouloir réclamer un mandat supplémentaire pour l’achèvement de ses grands chantiers, comme l’avait demandé son prédécesseur ? L’urgence du moment étant la lutte contre le Covid-19, le président Macky Sall a tout intérêt à prendre des initiatives adaptées, à livrer des informations vraies, à trouver les choix, les actes et les mots nécessaires.
Par Doudou DIA
OBLIGATION DE TRANSPARENCE ET D’INCLUSION POUR VAINCRE L’INCERTITUDE ET LA PEUR
Nous vaincrons le Covid-19 que lorsque nous respecterons toutes les règles collectives y compris la gestion vertueuse et efficiente du fonds alloué à cet effet. Le Covid-19, aussi tragique qu’il soit, ouvre également des opportunités !
Dans son adresse à la nation du 03 avril 2020, le Président Macky Sall insistait sur la nécessité de la mise en place d’un Comité de pilotage composé de représentants de l’Etat, de l’Assemblée nationale toutes sensibilités confondues et de la société civile afin de superviser le Fonds «Force-Covid -19» pour ainsi garantir les conditions de transparence et d’inclusion.
Cet appel du Chef de l’Etat a suscité un élan de solidarité nationale instaurant ainsi une confiance au sein de toutes les parties prenantes de la nation sénégalaise sanctionné par le vote, à l’unanimité de la loi d’habilitation autorisant le Gouvernement à légiférer par ordonnance.
Malheureusement depuis quelques jours le débat est dominé par les questions d’amateurisme et de transparence dans l’attribution des marchés et de la distribution de l’aide alimentaire au profit des citoyens les plus démunis. En aucun cas, cette crise sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité ne doit être une source d’enrichissement de prédateurs économiques ou une porte ouverte à la gabegie. Faut-il le rappeler, si la crise sanitaire semble pour le moment être maitrisée c’est grâce au patriotisme et au professionnalisme de nos vaillants médecins et personnel de santé, faisant preuve d’une forte résilience.
Cependant, avec la montée des cas communautaires, il est prédit que notre pays, comme tant d’autres du continent africain surtout, risque d’être sévèrement atteint dans tous les secteurs. Ce qui rend le défi beaucoup plus grand qu’inquiétant. C’est dire qu’il est plus qu’important de gérer cette crise avec intégrité et patriotisme compte tenu de ses conséquences incalculables pour le moment et susceptibles de bouleverser nos vies. L’heure n’est pas à la manipulation, à la suspicion ou à la gabegie ; la santé des citoyens est la supra-priorité. L’état d’urgence, une des réponses gouvernementales, requiert dans sa gestion l’anticipation, la réactivité et la transparence sur toutes les décisions prises ; l’information sur tout le processus lié à la lutte contre la pandémie dans le seul but de protéger les populations. Par contre, cet état d’urgence ne doit pas rimer avec absence de transparence, de reddition des comptes ou d’abstraction des règles de bonne gouvernance et d’intégrité en général. Il ne faudrait surtout pas que la gestion de la crise du Covid-19 renforce les inégalités sociales par une distribution nébuleuse des aides ou un accès inéquitable aux services sociaux de base.
Faut-il le rappeler, les crises sont des moments opportuns pour éprouver les capacités de résilience d’un peuple, mais bien plus jauger le niveau d’engagement citoyen, de patriotisme et surtout de la primauté de la nation sur l’Etat. C’est dire que les décisions prises par les autorités notamment le Chef de l’Etat doivent être ouvertes, informées et transparentes. C’est dans ce sens que toute la nation sénégalaise, dans son écrasante majorité, et les forces vives avaient salué l’initiative du Chef de l’Etat et fait bloc autour de lui. Il ne faut donc surtout pas altérer cet élan de solidarité et de patriotisme mobilisé pour une réponse collective et ferme à la pandémie.
L’état d’urgence ne doit pas être une funeste opportunité de faire fi de ces règles même s’il est clair qu’une décision participative est, toutefois, difficile en tant de crise de cette envergure. C’est pourquoi, il faut saluer et consolider la récente décision du Président de la République de matérialiser le Comité de Pilotage annoncé par le Chef de l’Etat tel qu’annoncer dans son adresse à la nation du 03 avril 2020. Ce Comité aura au moins à atténuer autant que possible les risques de malversations en surveillant, contrôlant et supervisant la mise en œuvre de toutes les décisions des pouvoirs publics.
Le débat autour de l’attribution de marchés et de la distribution de l’aide alimentaire constitue une opportunité pour nos gouvernants de renforcer les moyens de contrôle et de contre-pouvoirs attribués au Comité, mais aussi communiquer plus clairement sur ses actions. Il nous faut favoriser les bonnes pratiques capables de renforcer l’élan de confiance, de solidarité et de cohésion nationale, éléments essentiels pour répondre efficacement aux besoins des citoyens.
Au moment où le coronavirus survient en temps d’agitation sociale et nous dicte un changement drastique de comportement, un avenir incertain et la peur, il importe de construire un partenariat collaboratif entre nos dirigeants et nos communautés pour surmonter cette crise sanitaire aux conséquences économiques incalculables. Le Gouvernement, en mettant à disposition un financement d’urgence de 1000 milliards de Fcfa, se doit d’intensifier ses opérations en mettant le focus sur les besoins prioritaires en matière de santé et sur la protection des ménages les plus démunis. Dans notre situation actuelle avec la pandémie du COVID-19 en cours, le problème central de gouvernance consiste à amener les gens à se détourner de leurs routines normales au nom d’objectifs de santé publique.
Pour redonner espoir à nos citoyens, nos gouvernants doivent apprendre à changer. Après tout, avant que le virus ne se déclare, le débat était dominé par la politique délétère symbolisée par des jeux d’alliances qui se font et se défont au gré des intérêts du moment des acteurs. Pour le citoyen lambda, « politique et mensonge portent le même pagne ». Avec le Covid-19, le Gouvernement bénéfice de la confiance des populations et joue la carte de la crédibilité de l’Etat. Nous savons tous que le manque de transparence est encore plus préjudiciable lorsque les systèmes sont exposés à des menaces graves comme la pandémie actuelle d’où la nécessité d’un nouveau contrat social. Le COVID-19 est aussi une opportunité de construire un nouvel avenir basé sur une plus grande confiance de la société face à l’Etat, un impératif pour un processus de changement social. Toute rupture de confiance conduirait à des pratiques contre productives au sein de nos communautés.
Enfin, il est surtout indispensable de faire prendre conscience de la valeur des biens publics. Après tout, la corruption résulte en partie d’un manque d’appréciation du bien commun. Le coronavirus est égalitaire et ne cède pas aux fausses allégations. Il attaque tout le monde indépendamment de la classe économique, de l’appartenance politique et du groupe social ou religieux. L’énormité de la situation provoquée par la pandémie du COVID-19 oblige surtout nos décideurs politiques à réfléchir sur la nature et l’efficacité de nos systèmes de gouvernance. Au-delà du Covid-19, nous nous devons être les protagonistes de notre propre avenir ; nous devons éviter la mentalité de la dépendance et de la coercition pour épouser celle de l’auto-développement coordonné où le citoyen est au cœur de l’action. Après tout, un peuple qui exige de la part de ses gouvernants l’obligation de respect des règles de bonne gouvernance en cette période de pandémie est un peuple de citoyens informés et engagés, conscients de leurs droits et surtout animés du mieux-être. Comme le dit si bien une sagesse populaire: « quand vous perdez la confiance du peuple, même si vous dites la vérité, on ne vous croit plus », c’est aussi sous cet angle qu’il faut apprécier toute cette exigence de transparence, de reddition des comptes et d’inclusion. Profiter du bien public en cette période de pandémie est pire que le Covid-19 et pourrait-être assimilé à de la haute trahison. Nous vaincrons le Covid-19 que lorsque nous respecterons toutes les règles collectives y compris la gestion vertueuse et efficiente du fonds alloué à cet effet. Le Covid-19, aussi tragique qu’il soit, ouvre également des opportunités !