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25 septembre 2025
APRÈS LA RENOMMÉE, LA GALÈRE POUR CERTAINES ANCIENNES GLOIRES DE LA LUTTE
Qu’ils s’appellent Boy Bambara, Balla Gaye 1, Mohamed Ali, Khadim Ndiaye … Ils sont nombreux ces anciens lutteurs à connaître aujourd’hui le revers de la médaille, à passer de la gloire à la déchéance, de la richesse à la pauvreté
Samba Oumar Fall et Fama Ndiaye |
Publication 28/06/2020
Ils ont connu des heures de gloire, ont fait vibrer l’arène et ont écrit l’une des plus belles pages de la lutte sénégalaise. Ils ont tutoyé les sommets il y a quelques années, mais leur fin n’a pas été des plus glorieuses. Qu’ils s’appellent Boy Bambara, Balla Gaye 1, Mohamed Ali, Khadim Ndiaye … Ils sont nombreux ces anciens lutteurs à connaître aujourd’hui le revers de la médaille, à passer de la gloire à la déchéance, de la richesse à la pauvreté. Une véritable descente aux enfers qui n’épargne cependant pas les jeunes lutteurs.
Quand on feuillette le livre de la lutte sénégalaise, de nombreux noms défilent. Double Less, Mbaye Guèye, Birahim Ndiaye, Balla Gaye 1, Pape Diop, Boy Bambara, Mohamed Ali, Toubabou Dior, Mor Fadam, Manga 2, Mor Nguer, Khadim Ndiaye, Balla Bèye 1 entre autres. Des noms de grands champions qui se sont incrustés dans les mémoires des amateurs. Ces lutteurs ont fait les beaux jours de l’arène. Certains de ces champions sont aujourd’hui décédés. Il y en a qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu, d’autres connaissent l’envers du décor, vivent dans la solitude la plus complète, fauchés en plein vol par la déchéance, ou terrassés par la maladie. Dans une arène où l’argent coule à flots, ils ont eu la malchance de ne s’être pas préparés à la vie d’après. L’arène a pourtant connu une grande révolution avec l’arrivée de Mohamed Ndao Tyson qui a vu les cachets atteindre les 100 millions de francs Cfa. Même si, quatre décennies plus tôt, Boy Bambara avait empoché la rondelette somme de 1 million de francs pour affronter Modou Pouye en décembre 1976. Depuis, les cachets ont explosé. Les déchéances également. Les sommes énormes n’ont malheureusement pas empêché les désillusions financières au moment de dénouer le « nguimb », voire plus tôt. Plusieurs lutteurs se sont retrouvés dans une galère sans nom. A l’exception de quelques anciennes gloires qui ont réussi leur reconversion professionnelle l’arrêt de leur carrière a été, pour beaucoup, un enfer. Leur activité, avec les combats qui s’enchainaient, les avait maintenus hors du monde réel.
Revers de la médaille
Aujourd’hui, nombre de lutteurs connaissent le revers de la médaille après une carrière florissante. Et doivent leur survie à certaines âmes généreuses qui les assistent dans leurs moments difficiles. En avril dernier, une certaine presse avait relayé la mort d’Alioune Camara, plus connu sous le nom de Boy Bambara, mais sa famille avait vite démenti l’information précisant que c’était l’un de ses fils qui avait rendu l’âme. Aujourd’hui âgé de 77 ans, le natif de Niayes Thioker, terrassé par une longue maladie vit des heures difficiles. Le promoteur, Luc Nicolaï, avait même organisé un téléthon pour l’aider à prendre en charge ses frais médicaux. Comme beaucoup de lutteurs, celui qui avait permis au Sénégal de remporter une médaille d’or à un tournoi en Turquie en 1966 connait une fin de vie difficile. Une situation qui avait même poussé Balla Gaye 2 à monter au créneau pour inviter le Cng à soutenir les lutteurs qui ont porté haut le drapeau du Sénégal et qui, aujourd’hui, sont très malades et souffrent. Une maladie qui n’a pas laissé beaucoup de chance à Cheikhou Diène, Lamine Sarr, ou encore Abdou Malien, plus connu sous le nom de l’An 2000.
Parmi le lot de malades figure également Balla Gaye 1, alité depuis presque 3 ans. « Je suis malade, Double Less et tant d’autres anciens lutteurs aussi. Je suis chez moi et je me soigne. De toute façon, des anciens comme Daour Fall, Toubabou Dior, Mor Fadam et autres sont partis. C’est fini pour eux, pourtant leurs familles continuent de vivre. Donc, on va tous partir un jour ; le reste ce n’est pas important », laisse entendre l’ancien lutteur qui regrette cependant de n’avoir pas vu d’autorités à son chevet. « Je ne les connais même pas, mais je ne pointe pas du doigt l’Etat, car je n’ai pas défendu le drapeau du Sénégal quand j’étais en activité. Je luttais pour mon propre compte. Donc je crois que ce n’est pas son rôle de me prendre en charge. Mais s’il le faisait, je m’en réjouirais », fait savoir Balla Gaye 1. Il reconnait cependant que Manga 2, président des anciens lutteurs du Sénégal, et les responsables de l’association des sages de la lutte sénégalaise sont venus le voir pour lui apporter tout leur soutien. « Les lutteurs en activité n’ont pas eu cette courtoisie. Mais je ne blâme personne et je n’en veux à personne non plus ».
Après une carrière longue d’un quart de siècle, Mohamed Ali a été envoyé à la retraite par le Cng alors qu’il avait atteint par la limite d’âge (49 ans). Cet ancien ténor de l’arène est aujourd’hui cloué par une maladie. « Je suis chez moi et j’essaie de me soigner avec les moyens du bord comme tous les autres « anciens » tombés malades, en attendant tranquillement la mort», indique le mastodonte du Walo.
Des difficultés pour épargner
Mohamed Ali fait partie des lutteurs à qui la chance n’a pas trop souri ; même si, comme il se plait à le rappeler, il a été un entrepreneur. « C’est à cause de ma maladie que je suis cloué au lit, mais mes enfants sont en train de poursuivre le travail », précise-t-il. De son temps, rappelle-t-il, les plus gros cachets tournaient entre 4 et 5 millions de francs. Cependant, précise-t-il, « on avait des difficultés pour épargner ». La raison est simple, dit-il. « Dès que les proches avaient vent qu’un combat était ficelé, ils venaient de partout et il était difficile de faire face à la demande. C’est différent d’aujourd’hui, où les jeunes perçoivent de gros cachets », dit-il avec regret. Mohamed Ali déplore le fait que « le Comité national de gestion (Cng) ne fasse rien pour les anciens ». Idem pour les lutteurs en activité. « Ils ne font absolument rien pour leurs devanciers, mais nous arrivons malgré tout à vivre et nous nous contentons de ce que la vie nous a donné », fait-il savoir.
Cependant, précise-t-il, « en plus de quelques soutiens de la part des gens comme Tyson et Manga 2 qui m’épaulent, les associations des lutteurs aussi nous appuient parfois ». Ali dit ne compter que sur ses proches. « Mais si ceux qui nous aident ne sont pas aidés à leur tour, ça sera difficile », prévient-il.
Né en 1952, Mohamed Ali s’est forgé un nom dans l’arène. Alors que la carrière des grands lutteurs « Walo-Walo » tirait à sa fin, le jeune champion qui voulait assurer la relève est alors entré dans le monde de la lutte en 1976. Et il a eu une carrière très riche. Il a terrassé Toubab Dior, Mor Fadam entre autres champions. En 74 combats, il n’a connu que 11 défaites et 9 nuls. Un riche palmarès dont se vante le lutteur. « Beaucoup disaient que je n’allais pas faire carrière dans la lutte. C’est ce qui m’a le plus motivé à persévérer et je n’ai jamais été déçu de son passage dans ce milieu », relève Ali qui a livré son dernier combat contre Zale Lo en 2001. Mohamed Ali qui eu à diriger l’écurie Walo estime qu’un lutteur peut réussir sa vie s’il est bien organisé. « J’ai conseillé à Lac de Guiers dont je suis le manager d’investir dans le business et d’essayer d’ouvrir sa propre entreprise, des magasins et de recruter des jeunes afin de mieux gérer sa vie après la fin de sa carrière ». Selon lui, les jeunes devraient cumuler la lutte avec autre chose pour que, en cas de difficulté comme c’est le cas pour lui aujourd’hui, ils puissent se reconvertir dans une autre activité. « C’est l’idéal, la vie n’est pas facile. Donc il faut essayer de l’améliorer autant que faire se peut ». « Pour ne pas vivre dans la galère aussi, je conseille aux jeunes lutteurs en particulier d’aller chercher un métier pour préparer leur avenir. Mais pour dire juste aux jeunes lutteurs, que la lutte n’est pas un métier. « Allez chercher un travail », la preuve depuis l’apparition de la Covid-19, la lutte est au point mort.
par Pepessou
MOI DAVID, GEOLIER EN CHEF DE JAMMEH
Comme pour David le geôlier en chef et Goliath Jammeh, les incuries de la Gambie trouvent, pour une large part, leurs sources dans la sous-qualification de ceux qui, à un moment de son histoire, ont eu à gérer le pays
De détenteur d'hommes en mal avec la loi et - assez souvent - seulement avec le régime en place quand Yaya Jammeh, alors tout-puissant président autocrate de la Gambie, régnait en maître incontesté, David Colley est passé de l'autre côté de la cellule. Il était sur la sellette cette semaine, plus de trois ans après la chute de Jammeh. Plus exactement hier jeudi, il comparaissait devant la Commission vérité, réconciliation et réparation de la Gambie, plus communément appelée TRRC. De sa "prison" bien dorée de la Guinée équatoriale, comme beaucoup de Gambiens à l'étranger, Yaya Jammeh a pu suivre sur les réseaux sociaux le récit de ses années de braise au pouvoir, version cour de prison.
Directeur général de l'Administration pénitentiaire gambienne, plusieurs fois nommé, plusieurs fois démis de ses fonctions "sous Jawarah comme sous Jammeh", précise-t-il, il symbolise le visage hideux du règne de Jammeh, en matière de privation de liberté. Avant qu'il ne se retrouve devant cette commission, l'air presque hagard et l'esprit absent, au point de se faire rappeler, par le teigneux Essa Mb. Faal, le Lead Counsel, une sorte de procureur, qu'il se devait d'être plus attentif : "Les choses sont sérieuses", le prévient-il.
CONDITIONS INHUMAINES - Au lendemain du changement de régime, les graves suspicions qui pesaient sur ce septuagénaire en matière de violation des Droits de l'homme l'ont amené à la détention à Mile 2. Il y a découvert de plus près alors le "chamber pot", ou pot de mayonnaise vide de 5 litres, dont les prisonniers gambiens se servent pour faire leurs besoins, entre 18 h et 8 h, à défaut d'avoir des toilettes dans leurs cellules.
Mais son régime de détention est sans doute plus doux et moins inhumain, malgré tout. Il n'est plus question de torture systématique, d'empoisonnement, de disparition, encore moins de détention secrète comme sous le règne du tyran. Pour une population carcérale globale de moins de 700 personnes (plus de 10 000 au Sénégal ou, plus effarant, les 2 300 000 prisonniers aux Etats-Unis), la Gambie, avec ses trois prisons (Mile 2, la plus grande, Jeshwan et Janjaburreh, les deux autres centres secondaires de détention) a connu l'un des pires systèmes de détention au monde. Des dizaines de prisonniers mourraient dans les geôles de Jammeh, chaque année de béribéri, douleurs abdominales, malnutrition, d'anémie et, plus incroyablement, d'empoisonnement. Cette dernière pratique était tellement connue que certains prisonniers rejetaient systématiquement la nourriture qui leur était servie.
TUEURS A LA SOLDE - Baba Jobe, un prospère homme d'affaires qui fut un des leaders du parti APRC, servit de prête-nom à Yaya Jammeh pour ses affaires. Pour le ploutocrate Jammeh, cela allait de la boulangerie à la boucherie, en passant par tout ce qui pouvait rapporter de l'argent en Gambie. Tombé en disgrâce, Baba Jobe finit en prison où il était averti des risques, au point de refuser tout aliment de ses geôliers, comme le raconte sa veuve Tinda Jaiteh, passée en début de semaine devant la commission. Cela ne l'empêcha pas de se faire tuer par l'escadron de la mort de Jammeh. Les Junglers - escadron de la mort de Jammeh - le trouvèrent dans un hôpital de la capitale gambienne où il était hospitalisé en tant que détenu malade, pour le tuer par asphyxie. "Je donnais des milliers de dalasis par mois à David Colley et ses hommes pour sauver mon mari. J'ai acheté des téléviseurs et lecteurs DVD qui ont fini entre les mains de David Colley...". Une corruption assumée par la dame qui voulait à tout prix sauver son homme. Pour rien ! Finalement, pour ne voir que son mari mourir tragiquement.
‘’FONDE’’ LE MATIN, COUSCOUS LE SOIR - Pour ceux qui survivaient au "pap every morning" (‘’fondé’’) au "cherreh every night" (couscous tous les soirs, infect précisent les détenus qui ont témoigné), le menu alimentaire des détenus gambiens était à l'image d'un pays rongé par la ploutocratie : tout se volait. Les provisions pour l'alimentation des prisonniers étaient détournées par Mister Colley, selon les détenus et gardiens de prison qui ont témoigné. "Quand on abattait un boeuf à la cuisine, on n'en voyait pas la viande ; ce sont les abats qui parvenaient dans nos maigres assiettes", raconte l'un d'eux devant la commission. David Colley avait un système de prévarication tellement rôdé et impuni que même des agents pénitentiaires étaient affectés en permanence à sa ferme où ils servaient de cultivateurs, tout en devant payer eux-mêmes leur transport pour s'y rendre...
Comme avant lui, bien d'autres anciens officiels gambiens qui ont servi sous le régime de Jammeh et qui ont eu à témoigner devant la commission, à plusieurs reprises, la réponse de Mister Colley pour se disculper aura été : "Je n'y pouvais rien. J'étais un soldat aux ordres." Cela rappelle bien avant lui Isatu Njie Seydi, la bonne dame qui fut la vice-présidente bien arrangeante de Jammeh. Vingt de ses 22 années de règne au total ! Son passage devant la commission, en octobre 2019, fut un vrai moment d'aveu d'impuissance !
INCOMPETENCE ET MAUVAISE FOI - Quand ce n'est pas la National Intelligence Agency, la fameuse NIA, qui ne venait pas à Mile 2 faire son marché de prisonniers du jour à torturer, à enquêter ou faire disparaître ou exécuter. En 2012, sur ordre de Jammeh, les Junglers vinrent avec la NIA extraire un lot de neuf prisonniers, neuf personnes dont une Sénégalaise (Tabara Samb) et un Sénégalais. Ils furent exécutés par étouffement.
Pour ceux qui n'étaient pas tués, il y avait "talk true place" (comprenez la salle des aveux), l'endroit où le chief Ebrima Jammeh et ses sbires faisaient subir les pires supplices corporels aux prisonniers. Comme pour une opération chirurgicale, les détenus étaient étalés sur la table et frappés jusqu'à avouer ce qu'on voulait bien qu'ils avouèrent.
Quand, à bout de rouleau, désespéré de voir que le témoin Colley avait visiblement un problème de niveau pour comprendre ses questions, tombe l'interrogation quasi-cynique : "Monsieur Colley, quel est votre niveau de qualification ?" "Je suis grade nine". Le procureur sombre dans la désolation à vue d'œil. Il y a de quoi ! Grade nine, comprenez neuf années d'études depuis la première année d'école primaire... Cinquième secondaire ? Comme pour David le geôlier en chef et Goliath Jammeh, les incuries de la Gambie trouvent, pour une large part, leurs sources dans la sous-qualification de ceux qui, à un moment de son histoire, ont eu à gérer le pays. Pour ceux-là qui étaient dans ce que le pouvoir politique pouvait avoir comme forme la plus bête et méchante, c'est-à-dire le totalitarisme, l'Etat de droit n'avait aucun sens à leurs yeux. That's the matter, mister David !
Par Ndey Koddu Faal, Paap Aali Jàllo ak Daawuda Géy
LU DEFU WAXU : Seetlu nañ ni, saa booy wax ci nguurug Maki Sàll, danga naan « Nee na moom moo gañe… ». Mu mel ni nanguwoo ndamu Maki Sàll li ci joŋante wote njiiteef bii weesu. Lu tax ngay waxe noonu ?
USMAAN SONKO : Nun, waa Pasteef ak làng yin lëkkaloo woon, sunu kàddu, ca njëlbéen ga ba nëgëni-sii, genn doŋŋ la te du mës a soppiku. Bi nu génnee ci wote yi, danu ne nanguwunu palug Maki Sàll gi, te li nu taxoon a wax loolu ñépp a ngi ci doon teg seen bët. Waaye, ci wàllu yoon, maanaam, bees sukkandikoo ci ndeyu àtte réew mi, moom mooy njiitu Senegaal. Loolu, sikk amu ci. Waaye, lu jaar yoon te xel nangu ko, tubaab naan ko « légitimité », ak lu yoon sàrtal te muy tekki ci tubaab « légalité », bokkuñu. Am na lol, yoon mën na ko sàrtal, biral ko fekk ne dafa safaanoo ak li yoon woowu tëral. Loolu, nag, mooy li nu jàpp ne moo am ñeel palug Maki Sàll gi. Ndax, Maki ak i ñoñam ñoo jëkk a biral seenug pal laata yoon di ci àddu. Ci guddig bésu wote bi la ay jëwriñam ak i farandoom génn, di joxe ay lim. Te, jamono jooju, biroy wote yi sax noppeeguñu woon seen liggéey. Ndajem ndeyu àtte mi nga xam ne moom la fi nekkal, deful woon lu dul dëggal li ñu waxoon.
LDW : Kon, yéen ak làng yi ngeen àndaloon, dangeen a jàpp ni suñ waxantee dëgg ndamu Maki Sàll li dafa taq suuf ?
US : Danoo gis ne, ni wote yi tëdde woon, ca ndoorteel la ba ca njeexital la, daraba dara booloo jeex méngoowu ci woon ak li yoon tëral. Maki dafa bañoon a amal ndajem politig bi waroon a am ñeel làng yi ngir nu waxtaane lépp lu jëmoon ci wote yin dégmaloon. Yemu ci, mu jël kaardànte yi, jox ñi ko neex, téye yosi ñi mu jàppoon ne duñ ko woteel, rawatina ndaw ñi. Nu ni déet-a-waay, mu séddale dénduw wote bi (carte électorale) ni mu ko neexe. Boo boolee yooyu yépp, dinga xam lu tax ñu naan saa su nekk « nee na moo falu… ». Kon, na féetoo nguur gi, doxal li mu war a doxal, nu féete ci kujje gi, di def li nu war. Loolu mooy demokaraasi.
LDW : Ndax bu la Maki Sàll woowoon ngirdénk la ndombog-tànk dinga nangu ?
US : Mukk ci àddina ! Duma ko mës a def. Bi jiitu ci sabab yi mooy ne, amul benn fànn boo xam ne man ak Maki Sàll bokk nan ci gis-gis. Te, gis-gis moo lal liggéeyub nguur. Ñaareel bi di, bokkunu naal. Man, dama jàpp ne naalub « Plan Sénégal Emergent » bi Maki Sàll kàmpaañe woon te di ko doxal nii, baaxul, santul Yàlla. Nun, danu amoon sunu naalu bopp, mu méngoo ak sunu gis-gis ci nees war a yore réew mi. Ñetteel bi, nag, mooy ne man dama nawloowul Maki Sàll ci ni mu yore réew mi. Bu may wax loolu, du jëmmu Maki Sàll ci boppam laa ci namm. Njiitu réew mim doon a ma tax di wax. Ndaxte, man dama gëm ne, Maki Sàll, amul xam-xamu jiite réew, amul mën-mën bi te sax amul fulla ji ak fit wi. Ndege, ndawal Farãs la.
Ci gàttal daal, Maki dafa jaar nii, ma jaar nee. Kon, xel xalaatul may liggéey ak moom. Bu sama waa pàrti yépp màbboon ne dañuy fekki Maki Sàll ci nguurug bennoo gi mu doon woote, man duma ci dem.
LDW : Nee ñu Usmaan Sonko du waxal mukk Maki Sàll lu baax, safaan bi rekk. Ndax, ci sa gis-gis, amul lu Maki def lu baax bim faloo 2012 ba léegi ?
US : Moone, ci wàllu mbasum Covid-19 bi, waxoon naa fi ne, li Maki Sàll waxoon ne nguur gi du delloosi ndawi réew mi te ñu caŋoon Siin, lu baax la, àndoon naa ci.
LDW : Benn boobu rekk nga ko mën a waxal ci lu baax ?
US : Lu ngeen bëgg yéen tamit ? Su ma fi newoon di tagg Maki Sàll dinaa jaaxal askan wi ! Te du moom sax am nab « armada » bu koy xalamal ? Maanaam, am nay ndaw yoo xam ne, mbaaxam rekk lañuy wax, di ko tagg ak a kañ. Am na, sax, ay kurél, ab tele ak yenn ci yéenekaayi réew mi yoo xam ne, suba ba ngoon jot, lu baax rekk lañuy wax ci moom, lu baaxul sax, ñu baaxal ko, rafetal ko ba nga ne lii lum doon. Man, nag, loolu du sama cër.
LDW : Ndax xamante ngeen ?
US : Man xamuma Maki Sàll, Maki Sàll xamu ma. Benn yoon la sunuy bët mës a daje te mooy keroog bi ma demee pale. Ngeen baal ma rekk ma yokk ci ne nitu Maki ñoru ma. Li mu doon njiitu réew mi moo ma tax di wax. Loolu dafa war a leer ci boppu askan wi.
LDW : Déggees na la yit ngay tuumaal Mañsuur Fay, di ko dendale ak Karim Wàdd mi fi amoon doole lool ca jamonoy baayam Ablaay Wàdd. Ndax danga jàpp ne Maki Sàll da koy xàllal yoon ngir mu wuutu ko ?
US : Ku am tuuti seetlu rekk, ndax mën na maa wax lu wutale Mañsuur Fay ak Karim Wàdd ci wàllu ndomboy-tànk ? Ndax xam ngeen ne Mañsuur Fay mooy séddale ndimbalug njaboot gi ? Ndax xam ngeen ne moo yor naalub tabax tali ci gox-goxaat yi te ñu dippe ko ci nasaraan ‘’Promoville’’ ? Te, nguur yoonam newul ci defar i tali ñeel gox-goxaat yi. Loolu, liggéeyu meeri yi la. Nguur, taliy réew mi la war a féetewoo. Mañsuur Fay mooy jawriñu mbooloo tund wi ak ndimbalu njaboot gi, mooy meeru Ndar, moo yor PUDC, yor PUMA, mooy séddale dund gi…Maanaam, lépp lu koy tax a jege askan wi rekk, joxees na ko ko.
LDW : Lan moo taxoon Maki Sàll ne fàww mu am ñaareelu moomeel, xar ci tànki-tubéyam ?
US : Li taxoon Maki Sàll doon rey boppam ngir am ñaareelu moomeel, mooy tóoxidooni yim defoon, moom ak njabootu politigam. Dafa bëggoon, bu gañee, fexe ba maasale njombe yeek toj-toj yu bare yim def, moom ak nguuram ci moomeem gu njëkk gi. Moom, bi mu nee falu na, toogagul sax, naan day woote ndajem yëgoo ñeel réew mépp ngir tàppe xol yi... Idiriisa Sekk mi toppoon ci moom ci wote bi ne demul, man mi nekkoon ñetteel ma bañ it, ne duma dem, PDS mi nga xam ne, ak lu mu dee dee am na taxawaay, ne moom it demul, làngu ñoom Abdul Mbay gi tamit ne demul. Maanaam, daal, kujje gim soxla woon, kenn fullaalu ko ci. Amul li mu bëggoon.
LDW : Lu taxoon ngeen bañ a wuyuji njiitu réew mi ?
US : Bun ko wuyuji woon ca jamono jooju, kenn ci nun dootul woon mën a diiŋat nguur gi bu jàddee yoon. Loolu lépp àntuwul. Mu des lan ? Ci sama gis-gis, Maki Sàll nas nay pexe ngir génn ci gutë gim dugal boppam.
LDW : Yan pexe ?
US : Ñett lañu. Bi ci jiitu mooy, mu xool ba xam mën na fexe ba ndajem ndeyu àtte mi daganal ñetteelu moomeem. Te, loolook xaru ñoo yem. Bi ci topp mooy, mu xool ndax mën na wut ab tofo ci pàrteem, ngemb ko ngir mu wuutu ko. Ñetteel bi mooy mu jéem a xool kiy gën a jekku ci wutaakoni kujje gi, keroog woteb 2024 bi, mu kootoog moom, ñu déggoo ciy kàddu ngir kooku faral koy njaaxumam, bañ leen a toppe dara, moom ak njabootam. Te kooku moom du mës a doon man mii Usmaan Sonko.
LDW : Noo nar a doxale ?
US : Bés bu Yàlla tegee réew mi ci sunuy loxo, képp ku fi mës a yor fiftinu askan wi, diŋ ko leeral ndax alalu mbooloo la.
LDW : Noo gise ñetti pexe Maki Sàll yi nga lim léegi ?
US : Jàpp naa ni mu ngi liggéey ci 3i pexe yépp. Te, bu dee ci wàlluw tofo bi rekk, génne na ci xelam Aamadu Ba, Aliyun Badara Siise, Ablaay Daawda Jàllo, Aali Nguy Njaay, añs.
LDW : Da leen a wóoluwul, walla ?
US : Ñoom ñépp la yemale, xéy-na da leen a ñemewul. Ku des kon ? Xanaa Mañsuur Fay, goroom, di magu soxnaam Mareem Fay Sàll. Li ñuy coow Aliyun Badara Siise fii, Aamadu Ba fee, lépp ngir xàllal yoon goro bi rekk la. Ci pexe mi la bokk. Moo tax mu dénk ko ay ndomboy-tànk yu bare, jox ko ay milyaar ngir mu jënde leen askan wi. Ndege, ñoom, ni ñu jàppe politig mooy, amal ay milyaar jënd baati askan wi. Waaye, gisuma nan la Mañsuur Fay di def ba jiite miim réew.
Li ma wax fii, nag, sama xalaatu bopp la ; sama njàngatu bopp la ñeel doxalinunjiitu réew mi, Maki Sàll.
LDW : Fu mbirum 94i milyaar yi tollu ?
US : Waaw. Yaakaar naa ne am na ku ciy waajal benn téere. Duma leen wax kan la, te duma ci sore. Mooy li waa ja waxoon rekk, Yàlla du nit [fii reetaan na]. Li ma ci mën a wax daal mooy fàttali askan wi ne OFNAC génne na ràppooram, dëggal li ma waxoon lépp. Rax-ci-dolli, dafa joxe ay ndigal ngir ñu topp Maamur Jàllo, Tayiiru Saar, jaraafu Ndakaaru ji, noteer bi defar kayit yi, ak ñeneen ñoo xam ne tudduma leen woon sax. Li wóor moo di ne gaa ñi, yàgg-yàgg dinañ layook yoon. Ndaxte, mbir mi dafa doy waar, dafa jéggi dayo. Te sax, OFNAC dafa génnewaale 27i njombe yu wute ak njombew 94i miliyaar yi. Li ci kanam rawul i bët.
US : Waaw, loolu mi ngi ci loxo yoon. Man, ci sama wàllu bopp, kalaameji woon naa cay këri àtteb àddina si, ca Àngalteer, ca Amerig… Dafa di, sax, tàmbali nañ gëstu bi. Xam nga, Amerig, ñoom, bu ñuy liggéey duñ ko yàkkamti. Waaye, ñu ngi ciy lëñbëtu. Ndaxte, way-lëñbëti Amerig yi jóge nañ Washington, dem ba Ohio ngir laaj Aliyun Géy li mu xam ci mbir mi. Moom, Aliyun Géy, moo nu kalaamejiloo yoon. Te, mujje naa bokk Pasteef. Yàgg-yàgg dingeen ci dégg dara. Nun, li nu waroon, def nan ko.
LDW : Ndax Usmaan Sonko dafa am ay ndaw yu koy déey i xibaar te bokk ci nguur gi ? Fan ngay xibaarloo ?
US : Nit ñi bàyyiwuñ xel ne, xibaar yi, bu dee 100, 80 yi mënees na cee jot ci anam bu yomb a yomb. Dafa fekk ne, kay, Senegale yee dul gëstu ci dalu– webu njawriñu ngurd mi ak sax bu nguur gi, walla ci yéenekaayi nguur gi, anternet bi, añs. Yooyu ma lim yépp, foo ci dem fekk fa xibaar yu bare yees fay rotal. Ci misaal, bi may siiwal luubalug lempo ga woon ca péncum réew mi, mooy biñ may dàq, ci dalu webu njawriñu ngurd mi laa jukkee woon xibaar yi ma amoon yépp. Kon, bare nañ lool, nit ñi mën nañ cee jot. Man, nag, ci gëstu laa dëkk. Saa yu ma toogee defuma dara, maa ngi gëstu, di seet ak a settantal lu jëm ci réew mi ak lu jëm ci àddina sépp, rawatina diggante réew yi.
LDW : Bu weesoo gëstu yooyu, nag, amul ñuy ñëw leeg-leeg di la déey ?
US : Fànn bu nekk, damay xool ñoo xam ne seen xel da cee màcc dëgg-dëgg, may jokkoo ak ñoom, di leen laaj seen xalaat. Fi mu ne nii, duma toog 3i weer yoo xam ne demuma CNCR seeti leen, waxtaan ak ñoom ci wàllu mbey mi. Noonu laa koy defe ak ñeneen ak ñeneen. Mu des, nag, ñi nga xam ne dañoo bëgg réew mi te di liggéey ci caytu gi te yenn saa yi ñu gis lu leen metti te duñ ko mën a wax. Maanaam, am na ñoo xam ne dañoo dem ba mënatuñu, bëgg a wax te mënuñoo wax. Bu ko defee, dañuy wax ak man walla ñu wax ak kenn ku ma jege, mu jottali ma ko. Noonu laay taataane samay xibaar.
LDW : Nooy jàngate taxawaayu Senegaal ak Afrig ci mbas mi ?
US : Waaw, taxawaayu Afrig moom du jafee jàngat. Li may wax rekk, di li ma njëkk a seetlu, mooy nanu sant Yàlla ndax amul menn réewum Afrig mu am dooleci wàllu paj, mu mel ni kon Afrig ag tàkk la ci wàllu paj. Xanaa ay Tinisi, Marog, ñoo ci tàmbali woon tane, ak réewum Afrig-Bëj-Saalum. Te kat, gis nañ ne ñoo ci gën a sonn fi mu ne nii. Kon, mbir mi Yàllaa nu ko fànqal boppam. Walla moo nu ko woyofalal boog ba aayul ni mu waroon a aaye. Teewul nag, réewi Afrig yépp jël nañu ay matuwaay. Te matuwaay yi wuutewuñu ak yees jël fépp ci àddina si. Afrig, nag, defe naa Afrig-Bëj-Saalum rekk a ci jéemoon a lëlu, te dafa mujjoon a jur coow, ndax réew moo xam ne li nit kiy xëye tey moom lay dundee ëllëg, soo ko bëggee lël du sotti. Kon, moo tax ma ni leen jàngat taxawaayu Afrig du jafe, ndax jàpp naa ni li ëpp solo ci mbir mi mooy li nu Yàlla suturaal ba nu muccandi ci. Waaye bu doon ni mu aaye feneen la aaye fii, tey dina metti lool ci nun. Di ñaan Yàlla, nag, mu wéy noonu.
LDW : Luy sa xalaat ci coowul “artemisia” li, di garab gu réewum Madagaskaar ne day faj covid-19 te Kurél gi yor wérgi-yaram ci àddina si (OMS) bañ ko koo nangul ?
US : ‘’Artemisia’’ bi wareesu koo dàq ndax li mu jóge Afrig rekk – loolu nun mënatunu koo nangu, weesu nanu loolu. Waaye tamit garab dafa am yoon wu mu war a jaar ci wàllu xamtu balaa ñuy mën a wax ni garab gii day faj lii. Ñépp nangu nañu ne yoon woowu jaaraguñu ci. Li ñu ci xamagum daal, dégg naa ni am na ñu koy jëfandikoo te gis nañu ci njariñ. Loolu lañu waxagum. Te tamit boo dégloo njiitu réewum Madagaskaar, dafa ne yàgg naa waxtaan ak kilifay OMS yi te OMS nangu naa gunge Madagaskaar ci wàllu xamtu. Kon, xanaa rekk ñaan Yàlla li ñu ci amoon ci yaakaar mu àntu. Ak nu mu mënti deme yit, ñépp nangu nañu ne garab gu baax la, te am nay feebar yu muy faj te sax, ci misaal, baax na ci sibbiru. Kon nañu ñaan Yàlla bu ñu ci jaaree fi ñu war a jaar yépp, liñ ci yaakaar am te muy ndamu Afrig gépp.
LDW : Noo gise diggante Senegaal ak Farãs, walla sax diggante Farãs ak Afrig ?
US : Waaw fi ngeen daanele, diggante Farãs ak Afrig, laay njëkke. Gis naa ne dañuy jox Farãs gëdd gu ëpp li mu tekki ci Afrig te réewi Afrig yiy làkk farañse ñoo may tax a wax. Farãs amul lenn loo xam ne mën na koo dogal ci réewi Afrig yiy làkk àngale, du Niseryaa, du Gànnaa, du Afrig-Bëj-Saalum, du feneen. Boo jëlee réewi araab yi nekk Afrig tamit, Farãs tekkiwu fa dara, muy Misra, di Alséri, ñépp xam nañu loolu. Kon, su ñuy wax ‘’Françafrique’’ war nanoo xam fan la yem. Nañuy yemale wax ji ci Farãs ak réew yi mu tegoon loxo démb. Te digganteem ak réew yooyu bu deme ni mu deme tey, man amuma dara lu may wax Farãs, luñ ko ci wax tooñ ko. Tubaab yi dañoo am seen fulla, xam li ñu bëgg, di def seen kem-kàttan ngir am ko, jaar sunu kow. Sunu njiit yi fi Tubaab yi teg laay duut baaraam, di leen laaj lu tax ñu ñàkk fullaak fayda bay nangoo doon i xuus-maa-ñàppam, yoon wu mu leen awloo ñu gaawtu aw fa. Kon wax ji, feek delloowuñ ko foofu…
LDW : Ñi naan « France dégage », nag ? Dangaa bëgg a wax ne àndoo ci ?
US : Ànduma ci, kay. Fi ngeen may gis nii, saa su ne damay tooñ sama gaa ñi, naan leen bàyyileen di wax “France Dégage”. Te lu ma gëm la, damaa gëm ne coow li du “France Dégage”. Farãs mënu fee jógee noonu, walla bu fi jógee yit te nuy wéy ak xeetu njiit yu mel ni ñi fi nekk, yeneen doxandéem dinañ leen fi wuutu. Seetleen ko ci Siin rekk, fi nu jëm ak Siin boo moytuwul mooy gën a doy waar, gën a metti li nuy dund ak Farãs. Te nanu sant Yàlla, nag, ci li nu mësul a yitteel Amerig. Moom daal, feek nu ngi wéy di am xeeti njiit yi fi nekk, waxuma la sax Farãs walla Siin waaye réew yu leen gën a néew doole dinañ sonal Senegaal.
LDW : Yan réew ngay xalaat ?
US : Ci Tirki la sama xel njëkk a dem. Tirki, ci atum 1950 sorentewunu woon te léegi nee nañu dañ noo bëgg a dimbale. Waaye mën naa lim tamit Marog nga xam ne noo moomandoo sunu bopp. Réew yu ni mel ñooy ñëw tey dinu noggatu. Moo tax mbir mi bu nu ko tënkee ci Farãs rekk dafay mel ne dan koo singali ndax fi nu jaar ak moom ca jamonoy njaayum jaam jaak nooteel ja. Waaye tey, doomi–Tirki yi dañuy ñëw, nu jébbal leen lépp, jox leen naawu bi te ni ñu ko bëgge lay ame.Sinwaa yi tamit dañuy ñëw ne la dama lay lebal xaalis ci anam yi ma bëgg, indiy ndefaram, indiwaale ñi ciy liggéey. Xam ngeen ne Farãs sax mësul àgg ak nun foofu. Moo tax bunu ci demul ak xel danuy moy li gën a am solo. Farãs, bu nu amee njiit yu am fulla, Farãs day nekk naataango, ni ñeneen ñi, nuy jëflanteekmoom ndax danoo nekk ci àddina su ubbeeku.
LDW : Kon ci yow lan mooy wax ji ci dëgg-dëgg ?
US : Ci sama gis-gis bu gàtt, wax ji yépp lii la : lan moo tax Maki Sàll, Alasaan Watara ak IBeeKaa ak ñoom seen di sukkal ay doxandéem, di dox ci waawu Farãswalla Siin walla keneen ku mu mënti doon ? Waxtaan woowu lanu war a amal, dem ci ak xel, nag, fexe ba waa Senegaal tamit yeewu ci.
LDW : Dinañ lay dégg léeg-léeg ngay tagg Aasi…Jàpp nga ne dan leen war a roy ?
US : Naw naa lool waa Aasi, muy Sinwaa yi di Sapone yi, ndax li ñu gëm seen bopp ! Maa ngi waxtaan keroog ak sama benn xame bu def 20i at Siin, ay doomam juddoo fa ba am sax kayitu réew ma. Mu ne ma fu mel ne Kàntoŋ ñu koy wax Guwànju, ñoom beneen Sinwaa bu fa bokkul sax dañu lay xeeb. Nee na ma yit Guwànju dafa am xeetu taksi boo xam ne waa Guwànju rekk a am sañ-sañu dugg ci, farañse beek ñépp a ci yem, bu leen doxandéem tàllalee loxo dañu koy rombdem seen yoon. Mën nañu ne sax loolu ëpp na waaye day biral tamit ni ñu gëmeseen bopp. Foofu kenn sañu faa dem naan day taxawal ab sosete ci nu mu ko neexe, ñoom ñoo lay wax ni nga koy defe, boo ci àndulee foo xam nga jëm. Moo waral gën gaa néew ci 100i sosete yoo jël, 51i ay Sinwaa ko moom. Keroog damay seetaan li xew Taylànd, gis ne Farañse yu bari dañoo tàmbalee wutali réew moomu. Waaye foofu tamit du ku jóg taxawal ab sosete, ci misaal, benn doxandéem mënul a ubbi sosete buy liggéey ci turism, di jëley nit Farãs di leen yóbbu Taylànd. Ñi ko bëgg a def dañuy mujjee ànd ak benn doomi-Taylànd, te moo la ciy ëpple, fàww nga jox ko 51i xaaj ci 100 boo jël.
LDW : Senegaal de demewul noonu…
US : Déedéet. Senegaal, danga fiy wàcc léegi, ñu ni la lii bu la neexee jël ndaxbenn doomu-Senegaal yelloowu ko. Ci loolu lanu war a xalaat te dafa mel ni soxalul kenn. Loolu laay wax bés bu nekk ñoom Gii Maryiis Saaña, mbir mi warunu koo yemale ci benn réew, noonoo ko, bàyyi ñi ci des. Te bunu ci deful njàngat gi war, am ndam ci xeex bi du yomb. Fàww nu taxaw seetlu, jéem a xam lu waral Póol Kagame mën a fippu, lu waral Àndri Rajowelina tàmbalee fippu ca Madagaskaar, lu waral njiitu réewum Gana mën a fippu, te Maki Sàll sañu ko sax xalaat. Foofu lanu war a yóbbu wax ji. Bu doon sama sago danuy teg fale Farãs te laaj sunuy njiit lan moo tax ñu ragal ko nii.
LDW : Ayi-bés yii ñu weesu, gis nañ nga yëkkati sa kàddu di jàppale Madagaskaar ci xëccoo bi am ci digganteem ak Farãs te li ko waral di ay dun yu nekk ci wetu Madagaskaar te Farãs wéy di ci teg loxo ne moo leen moom. Ndax foog nga ni Madagaskaar mën naa am ndam ci boobu xëccoo ?
US : Madagaskaar mën na cee am ndam, ndaxte du ñaari làrmee jàkkaarloo, du xeex bu ñuy génne ay xeej ak i fetal, yoon a leen di àtte te Madagaskaar moo ne ci dëgg. Loolu la Mbootaayu Xeet yi xam ba jël ay dogal. Kon Farãs yey nañ ko ba noppi, day guddal jéll fi mu ne nii. Waaye mën ngaa am ndam te du doy, li gën mooy Afrig jàppale Madagaskaar ndax leer na ñépp ne dun yooyu indi coow li, moo leen moom ni Senegaal moome dunu Gore. Dun yooyu soree nañ lool Farãs, soo jógee Pari, dinga toog 8i waxtu walla lu ko ëpp cib fafalnaaw door faa yegg.Boo ko jaaree géej, dinga romb Marog ak Afrig sowu-jant, wàcc ba Afrig-Bëj-Saalum, wër ko, soog a yéeg wutali dun yooyu. Nan la leen Farãs mën a moome ? Dafa am loo xam ne xel mënu koo nangu. Gis nga yu mel nii, dafa waroon a nekk nattukaay ci ni nuy jàppalantee nun doomi-Afrig yi. Waaye fi ngay gis sunu njiit yi, ñoom ñépp dañuy lem seen geen toog ci, mel ne yëguñu sax li xew.
(ÑETTEELU XAAJ BI FEEK I FAN)
LA COVID-19 FAIT CAPITULER L'ÉTAT
Voilà maintenant plus d’un mois, depuis que le pays a ‘’jeté’’ les armes dans le combat entrepris contre le virus. Désormais, la gestion de l’épidémie semble se limiter à une théâtralisation du nombre de morts, de cas graves et de nouveaux testés positifs
Après avoir capitulé face à la Covid-19, le Sénégal risque de sortir de cette crise avec un système de santé encore plus malade que jamais.
Voilà maintenant plus d’un mois, depuis que le Sénégal a ‘’jeté’’ les armes dans le combat épique qu’il avait entrepris contre la Covid-19. Aujourd’hui, la gestion de l’épidémie semble se limiter à la situation du jour, où l’on se suffit à une théâtralisation du nombre de morts, de cas graves, de nouveaux testés positifs, de guéris, entre autres données sans grande valeur informationnelle, ni scientifique. Poussant certains à déplorer une capitulation qui ne dit pas son nom.
Docteur Ousmane Guèye, membre du Comité national de gestion de l’épidémie (CNGE) rétorque : ‘’Non, le combat continue toujours. Nous continuons la sensibilisation en renforçant et en réadaptant la stratégie en fonction de la réalité au niveau communautaire. Nous parlons sans cesse aux populations, en les mettant au-devant de la scène. Aujourd’hui, il revient à chaque citoyen, au niveau où il se trouve, de prendre la question à bras le corps…’’
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce message a du mal à passer auprès des destinataires, brouillés par les mille et un signaux provenant du même gouvernement. Loin de ces cafouillages politiques, le Dr Guèye essaie de maintenir le cap : ‘’Que la communauté nous entende ou pas, notre rôle est de continuer à leur parler, à les sensibiliser et à leur transmettre le bon message. Il faut que chaque Sénégalais soit un vecteur de transmission du bon message, que chacun soit un exemple de port du masque, de distanciation physique et de lavage des mains. Il faut vraiment une réappropriation de ces messages. Il n’y a pas d’autres moyens d’enrayer cette progression de la maladie.’’
Pendant ce temps, des milliards et des milliards de francs CFA continuent d’être dépensés à tort et à travers, sans que l’on sache quelle est leur véritable destination. Avec les multiples manquements signalés çà et là, ils sont nombreux, les observateurs, à se demander comment le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) gère les deniers qui lui ont été confiés dans le cadre de cette crise. Certains craignent que cette manne soit jetée dans un trou sans fond, alors même que le système de santé croule sous le poids de la misère. Récemment, la députée Aida Mbodj avait d’ailleurs introduit une question orale sur la table de l’Assemblée nationale, dans l’optique d’éclairer la lanterne des Sénégalais.
Alors, où va l’argent de la Covid ? Cette question est d’autant plus légitime qu’en ces temps de crise sanitaire, les procédures de passation de marchés ont été suspendues. Aussi, à la lumière de la loi de finances rectificative adoptée récemment en Conseil des ministres, l’on a appris que le budget de la Santé dans le fonds Force-Covid-19, initialement fixé à 64 milliards F CFA environ, a bondi jusqu’à plus de 78 milliards. Ce montant a été dégagé pour, d’une part, la prise en charge des patients, d’autre part, la prévention. Pour quel résultat ? L’argent a-t-il été dépensé à bon escient ?
Interpellé sur cette dernière question, le secrétaire général du Sames, Dr Yeri Camara, déclare : ‘’Je ne saurais dire si cet argent est bien dépensé ou pas, mais, ce que je puis vous assurer, c’est que les structures de santé ne l’ont pas vu. Ces dernières sont dans une situation très difficile, faute de ressources. Les agents qui sont au front aussi ne le sentent pas. Au niveau de certains postes frontaliers, par exemple, des agents de la Croix-Rouge ont été contraints au départ, parce qu’on ne leur assurait même pas le repas.’’
Personnels entre précarité et absence de motivation
Ainsi, malgré les milliards annoncés urbi et orbi, certains personnels de santé sont confrontés à toutes sortes de difficultés, mais continuent de se battre jour et nuit pour la prise en charge des patients et l’endiguement de la maladie. C’est le cas des doctorants (étudiants en 7e et 8e année de médecine en attente de soutenance de leur thèse) qui a soulevé l’ire de bien des praticiens cette semaine. En fait, à la création de nouveaux centres de traitement, il fallait bien des personnels pour la prise en charge des patients. Très vite, ces doctorants ont répondu à l’appel des autorités sanitaires. A l’époque, il n’y avait même pas encore de budget.
Ce pensionnaire au CTE de Yoff précise : ‘’A part Le Dantec et Fann, dans la plupart des CTE, il y a plus de doctorants. Et nous faisons le même travail que les diplômés, car tout ce qui nous manque, c’est la soutenance. Dans la vie, il faut être reconnaissant. Quand il n’y avait pas de budget ni rien, nous nous sommes engagés par patriotisme. Que ça soit clair : nous ne demandons pas le même traitement, car l’Administration, c’est des textes. Mais il y a un minimum de respect que nous exigeons.’’
Le chef du Service urologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, lui, a été encore plus courroucé par la réaction du directeur des Ressources humaines du MSAS. Recevant ces jeunes étudiants employés dans les centres de traitement épidémiologique (CTE), le DRH leur aurait signifié ceci : ‘’Le ministère n'a pas à vous payer des primes de garde, car il n'était même pas au courant de votre présence dans les centres de traitement et il n'y a aucun lien entre vous et le ministère...", rapporte le professeur Alain Khassim Ndoye. Avant de s’indigner : ‘’Qu’un DRH puisse s’adresser en des termes aussi cavaliers à des personnes qui ont fait entre 7 et 8 ans d’études, c’est inacceptable. Si on ne s’indigne pas, dans quelque temps, ça va monter de façon graduelle et peut-être ce sont les docteurs qu’on va insulter. Le fait qu’ils n’aient pas encore soutenu leur thèse ne doit pas empêcher qu’on leur donne le respect dû. Il faut savoir que le diplôme n’est qu’une finalité diplomatique. Ces gens sont déjà censés disposer de toutes les compétences et c’est pourquoi ils servent dans les CTE. Par patriotisme, ils ont répondu à l’appel. On ne peut pas leur manquer de respect de la sorte.’’
A en croire le Pr. Ndoye, si ces jeunes ont pu accéder et servir dans les centres, c’est parce que le ministère ou ses représentants les ont appelés. L’Etat, renchérit-il, a tout intérêt à les motiver, surtout avec les ressources humaines limitées dont dispose le pays dans le domaine de la santé. Il peste : ‘’Si l’on n’y prend garde, ces jeunes iront ailleurs pour monnayer leur talent. Il y a une forte demande dans le privé, ici au Sénégal comme à l’étranger.’’ Le docteur Yeri Camara embouche la même trompette. Selon lui, l’Etat doit revoir la condition de ces doctorants. ‘’Ce sont des gens qui ont très tôt répondu à l’appel, à un moment où on avait besoin d’eux. A l’époque, il n’y avait même pas de budget disponible. Aujourd’hui qu’il y a des contrats à signer, on doit aussi penser à eux. On ne peut se lever comme ça et leur dire qu’on ne les reconnait pas. Je pense qu’il faut trouver une solution à leur problème. Purement et simplement’’.
Gaspillage, déficit d’infrastructures et d’équipements
Par ailleurs, avec la pandémie de Covid-19, tous les observateurs se sont accordés de la nécessité, dans des pays comme le Sénégal, d’investir davantage dans le domaine de la santé. Mais, encore une fois, les pouvoirs publics semblent avoir raté le coche. Depuis le début de la crise, les spécialistes ont signalé le nombre étriqué de lits de réanimation à travers le territoire national. Certes, des efforts ont été faits, si l’on en croit la rhétorique des communicants du MSAS. Mais aujourd’hui encore, le problème reste entier, alors que les cas graves ne cessent d’augmenter. Au total, le gouvernement parle de 50 lits chauds disponibles.
Pour le SG du Sames, en sus d’une mauvaise répartition du stock dans l’espace, il faudrait aussi tenir compte de la présence d’autres pathologies qui utilisent ces appareils. Au-delà de cette question, se pose la question des investissements effectués par le MSAS. Sur cette question, le professeur Alain Khassim Ndoye tient d’emblée à préciser qu’il n’est pas possible de régler tous les problèmes du système en un claquement de doigts. Mais, reconnait-il, ‘’il y a, de manière globale, beaucoup de gaspillage dans la qualité de l’investissement ainsi que la maintenance des équipements… Moi, je préfère dépenser beaucoup d’argent et d’avoir des infrastructures durables, que de dépenser peu pour des infrastructures dont la qualité est précaire. Mais, au-delà d’un problème d’investissement, c’est aussi un problème global qui incombe à tous les acteurs. Chacun doit jouer sa partition pour des équipements de qualité qui durent’’.
En tout cas, l’hôpital est malade, s’accordent à dire nombre d’observateurs et de spécialistes. Le cas d’Aristide Le Dantec, une des références au Sénégal, en est une parfaite illustration. Une situation écœurante pour le chef du Service urologie de ladite structure. Il peste : ‘’Je suis choqué de voir la situation que traverse cette structure qui a toujours fait la fierté du Sénégal, qui a rayonné au-delà même de nos frontières. Des efforts sont en train d’être faits par le nouveau directeur, mais il ne peut tout faire. L’Etat doit l’accompagner, à mon avis.’’ L’état du service qu’il dirige est d’ailleurs bien symptomatique de cette déliquescence. ‘’Si on nous permettait de finir le bloc opératoire, s’il tourne à plein régime, il pourrait faire 15 malades par jour. Aujourd’hui, ce bloc fait 6 malades par semaine, parce qu’on a très peu de moyens. Le Dantec est un peu laissé à lui-même et c’est vraiment désolant pour ce que représente ce patrimoine.’’
Pendant que Le Dantec s’apitoie sur son sort, d’autres structures de soins demandent plus d’équipements de protection pour remplir correctement leur mission. ‘’Dans les régions, peut-être il y a moins de problèmes. Mais à Dakar, Touba et Thiès où la maladie est très présente, il y a toujours de sérieux problèmes’’.
LE RACISME N'EST PAS UN ACCIDENT, C'EST UN ÉCOSYSTÈME
Le philosophe et historien camerounais, Achille Mbembe, revient sur la polémique autour des statues de figures de la colonisation, et la nouvelle ère qui s’ouvre pour le combat contre le racisme à travers le monde
QG Média |
Jonathan Baudoin |
Publication 27/06/2020
Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe a accordé un entretien fleuve exclusif à QG depuis Johannesbourg, en Afrique du Sud. Il revient pour nous sur les manifestations consécutives à la mort de George Floyd, sur le sens de celles organisées en France par le Comité pour Adama, sur la polémique autour des statues de figures de la colonisation, et la nouvelle ère qui s’ouvre pour le combat contre le racisme à travers le monde.
Il est l’un des intellectuels les plus importants de notre époque. Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, auteur de De la postcolonie, aux éditions La Découverte, et professeur à l’université du Witwatersrand, à Johannesbourg en Afrique du Sud, a accordé un entretien fleuve exclusif à QG, revenant sur les manifestations consécutives à la mort de George Floyd à Minneapolis le 25 mai dernier, sur ce qu’elles illustrent en matière de racisme, un « écosystème » à ses yeux. Aux États-Unis, mais aussi en France, où le déni est également puissant dans le débat public à ce sujet. Cette interview est également l’occasion pour lui d’évoquer les accusations d’antisémitisme lancées à son encontre par deux universitaires allemands, et aussi d’évoquer le regard porté sur le décès de George Floyd à travers le continent africain. Interview par Jonathan Baudoin
QG : Quel regard portez-vous sur les manifestations contre le racisme organisées dans le monde occidental après la mort de George Floyd, le 25 mai dernier ?
Achille Mbembe : J’espère vivement que c’est un pas de plus sur le chemin vers une nouvelle conscience planétaire. À travers ces manifestations se sont exprimés des sentiments de colère et d’indignation, voire de rage. Mais nous avons également assisté à ce qu’il faut bien appeler un deuil collectif. Il était en effet important que cette vie et ce corps honnis et souillés par un dispositif d’Etat, la police, soient publiquement reconnus comme la vie et le corps d’une personne humaine dont la perte est, par définition, incalculable.
Ce deuil était œcuménique dans la mesure où il a rassemblé des personnes humaines de toutes les couleurs. Ceci signifie, et je voudrais y croire, que pour une fois, le malheur n’aura pas seulement frappé les communautés ordinairement racisées. D’autres se seront reconnus dans le calvaire de George Floyd, dans la croix de la race que les personnes d’origine africaine et plusieurs autres sont obligées de porter partout à travers le monde. Contrairement au policier assassin, ils auront entendu son cri et auront perçu, par-delà son visage, bien des images de leur propre visage.
L’amplitude de ces manifestations montre par ailleurs que la lutte contre le racisme sera universelle, ou alors qu’elle n’aboutira point. C’est ce pesant d’universalisme qui, du reste, aura fait la force des grands mouvements de libération humaine depuis le 18ème siècle, qu’il s’agisse de l’indépendance d’Haïti, de l’abolition de l’esclavage, de la décolonisation, du mouvement des droits civiques ou de l’abolition de l’Apartheid. Car, contrairement à ce que prétendent certains, c’est bel et bien le système esclavagiste, le système colonial et le racisme qui sont des expressions du séparatisme, de la sécession, ou de ce que j’appelle le désir d’apartheid.
J’espère enfin qu’à l’occasion de ces manifestations, nous aurons tous compris que le racisme existe. Qu’il n’est pas un accident, mais un écosystème. Qu’il n’est pas une menace à laquelle seule une partie de l’humanité est exposée. Qu’il menace notre capacité à tous de respirer et de respirer ensemble. Et c’est donc à s’attaquer à cette écologie qu’il s’agit de se consacrer, plus que jamais.
QG : Plus généralement, comment les pays africains réagissent-ils à cette histoire tragique ?
La plupart des gouvernements africains ne sont guère conscients des enjeux de mémoire, ni des choix éthico-politiques qui devraient en découler. Dans l’ensemble, les élites africaines ne comprennent pas que pour se réapproprier des ressorts de notre monde, l’Afrique a besoin de reconquérir son regard sur elle-même et sur ses diasporas. Je doute, par exemple, qu’il y ait plus de trois ou quatre pays africains ou l’histoire des Africains-Américains, des Afro-Caribéens ou des Afro-Brésiliens soit enseignée dans les programmes scolaires. Cette abdication, y compris au regard de la pensée, nous aura causé d’énormes préjudices. Ce défaut de conscience historique explique, en très grande partie, la servilité dont elles font preuve à l’égard des ex-puissances coloniales. Elles ont un rapport trouble à la mémoire et lui préfèrent l’oubli et l’amnésie.
La situation est cependant relativement différente parmi les jeunes générations, du moins il faut l’espérer. L’exécution de George Floyd a donné, je dirais, un coup d’accélérateur à un mouvement qui lui préexistait, un grand mouvement culturel, intellectuel et artistique qui travaille le continent depuis quelques années et qui a pour nom le mouvement de la « décolonisation ». De l’Afrique du Sud au Kenya, du Zimbabwe au Sénégal et au Congo, l’injonction de “décoloniser” travaille l’imagination des nouvelles générations.
L’objectif de ce mouvement est de faire de l’Afrique sa puissance propre et son centre propre. Dans le domaine de la pensée critique, de l’écriture et des arts en général, une jonction est en train de se faire entre l’Afrique et ses diverses diasporas. Si elle veut jouer un rôle décisif dans le monde qui vient, l’Afrique devrait faire du 21ème siècle le siècle de ses diasporas. En organisant méthodiquement la jonction avec celles-ci, elle peut contribuer à changer le visage du monde.
QG : Étant donné que vous enseignez, ou avez enseigné, aux États-Unis, analysez-vous cet homicide comme une démonstration macabre du racisme institutionnel au sein de ce pays ?
Il faut d’abord dire que des faits comme celui-ci, c’est-à-dire l’exécution extra-judiciaire d’une personne noire sur le trottoir d’une grande ville américaine, ne sont absolument pas nouveaux. Il ne s’agit pas d’un accident, non plus. Non seulement, ils se répètent sur la durée, mais encore, ils font partie de la substance même des États-Unis.
J’irai plus loin. Je dirai qu’il y a une dimension proprement négrophage dans le concept même des États-Unis. En tant qu’idée et en tant que projet, les États-Unis exigent, pour leur reproduction dans la durée, que de temps à autre, un homme noir de préférence, mais aussi des femmes noires, soient sacrifiés. Ce sacrifice se déroule de plusieurs manières. Il est l’œuvre de la police, au détour de rencontres qui se soldent généralement, soit par la mort de la cible ou alors par sa mutilation corporelle. Le corps noir demeure, de ce point de vue, la pierre angulaire dans la logique de reproduction du pouvoir raciste.
Avec l’hivernage et les patients qui évitent les structures de santé, il y a de fortes chances que cette pathologie soit beaucoup plus mortelle que la Covid-19
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a intérêt à bien dérouler le plan de contingence contre le paludisme. Avec l’hivernage et les patients qui évitent les structures de santé, il y a de fortes chances que cette pathologie soit beaucoup plus mortelle que la Covid-19. Le coordonnateur du PNLP tire la sonnette d’alarme.
L’hivernage a débuté au Sénégal. Une période où le paludisme cause beaucoup de dommages. Avec la crise sanitaire, le pays va apprendre à vivre avec deux maladies. La situation est d’autant plus grave que les deux pathologies ont pratiquement les mêmes symptômes. Ce qui fait dire au coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), Docteur Doudou Sène, qu’ils ont un double défi à relever. C’est-à-dire garantir la mise en œuvre des programmes et barrer la route à la Covid-19.
De l’avis de Dr Sène, le mieux est de surfer sur les vagues de la Covid et essayer de mener tant bien que mal leurs différentes activités. Parce que, fait-il savoir, l’expérience a montré qu’en cas de pandémie, il y a plus de morts liées au paludisme.
‘’On s’est rendu compte, en 2014, lors d’Ebola en Guinée et en Sierra Leone, qu’il y a eu plus de 14 mille morts supplémentaires liées au paludisme. Ce sont les mêmes impacts, actuellement. Parce la population a commencé à fuir les structures de santé, le personnel de santé aussi avait peur. Donc, toutes ces leçons sont tirées par notre système de santé’’, explique le médecin.
Ce dernier souligne, toutefois, que le ministère est en train de faire beaucoup d’efforts pour protéger la population du paludisme. A l’en croire, le palu est une grande priorité de santé publique, face à la Covid. Parce que, souligne le Dr Sène, cette maladie reste mortelle, quand il n’y a pas de traitement. Alors qu’on peut avoir la Covid sans pour autant mourir de cette maladie. L’important, selon lui, c’est d’abord de garantir la mise en œuvre de leurs activités, pour protéger la population, mais également veiller à limiter la propagation de la Covid.
En plus de cela, ajoute le spécialiste, il y a la prise en charge précoce des cas. Sur ce point, il demande aux populations de se rendre dans les structures de santé, en cas de fièvre. ‘’On leur fait le test de diagnostic rapide (TDR). Si c’est le paludisme, on traite, si c’est la Covid, on vous prend en charge’’, précise-t-il. Pour le médecin, le pays est en en guerre. Donc, ce n’est pas parce qu’il y a un malade ou quelqu’un touché par une balle qu’on doit arrêter. ‘’La guerre, c’est toutes ses composantes. Il faudra garantir ce combat pour que les gens soient dans une bonne santé. Covid, paludisme et toutes les autres maladies qu’il y a, nos pays n’ont pas les moyens de supporter autant de catastrophes sanitaires de cette ampleur. Il commence déjà à pleuvoir dans certaines zones. Si on ne maintient pas les activités, il y a des fortes chances que le paludisme soit beaucoup plus mortelle que la Covid elle-même’’, prévient le Dr Sène.
‘’Les femmes enceintes doivent assurer le traitement préventif intermittent‘’
Pour le coordonnateur du PNLP, il urge de faire le plaidoyer afin que les populations continuent d’utiliser les moustiquaires imprégnées. Car, révèle-t-il, le paludisme devient très grave dans des zones où il y a une disparition progressive de cette maladie. ‘’Parce qu’il y a une baisse de l’immunité des populations. Donc, quand on a un palu, rapidement, on développe la forme grave qui peut être mortelle, plus mortelle que la Covid-19. Les femmes enceintes doivent assurer le traitement préventif intermittent. Ce traitement les protège et protège le fœtus’’, conseille le médecin.
Cependant, il précise qu’ils n’ont pas croisé les bras, depuis le mois de mars. Déjà, sur instruction du ministre, il a été demandé à chaque programme d’élaborer un plan de contingence pour dérouler les activités prévues. C’est ainsi que les partenaires les ont accompagnés dans la mise en œuvre. Il s’agit de dérouler les aspersions intra-domiciliaires. C’est aussi une pulvérisation des maisons avec des produits d’insecticides pour réduire les vecteurs responsables de transmission de la maladie. Selon lui, ils ont déjà démarré à Makacolibantang et à Kédougou, en garantissant la sécurité des agents par la dotation en masques et en gels hydro-alcooliques. ‘’La campagne se déroule bien, en respectant les mesures barrières. Normalement, nous devons terminer d’ici la semaine prochaine. A Makacolibantang, on est à presque 90 % de couverture. A Kédougou, nous sommes à plus de 60 %. La progression est un peu plus lente’’.
Une autre campagne, renseigne le Dr Sène, est prévue pour la chimio-prévention saisonnière du paludisme dans les régions de Kédougou, Tambacounda, Kaolack et Diourbel. Le lancement a été fait hier à Diourbel. Cette campagne, de l’avis du médecin, constitue un grand défi, parce qu’il s’agit d’administration de médicaments. ‘’Avec toutes les mauvaises informations qu’il y a pendant cette Covid, nous sommes obligés de beaucoup communiquer pour faire comprendre aux populations qu’il est important de se protéger’’, s’inquiète-t-il. Avant de soutenir que cette procédure est la même que quand on donnait la nivaquine. ‘’Maintenant, c’est le fansidar à base de sulfadoxine pyriméthamine associé à l’amodiaquine qu’on administre aux enfants de 3 mois à 10 ans avec trois passages. Pour Kédougou, c’est quatre passages. A la fin de chaque mois, on administre ces médicaments qui leur permettent de se protéger’’, informe le coordonnateur du PNLP.
Dans les régions de Matam et de Louga, le PNLP a prévu de faire les aspersions intra-domiciliaires dans les zones à forte transmission. Les sites dans ces régions sont là où il y a une forte prévalence de la maladie. Cette situation est un peu compliquée, reconnait Dr Sène, car le pays avait atteint la pré-élimination du paludisme dans cette zone. Mais, avec la Banque islamique de développement, le programme a trouvé un financement qui permet de dérouler cette campagne dans les districts de Matam, Kanel, Ranérou et Linguère.
Le paludisme a connu une baisse de plus de la moitié des cas en 2019 au Sénégal. Le pays était à 530 745 cas en 2018. En 2019, il s’est retrouvé avec 35 400 cas confirmés. Soit une réduction d’environ 28 % sur l’ensemble du territoire national. Le nombre de décès a également chuté. Il était de 550 en 2018, contre 260 décès pour 2019, une réduction de plus de 51 %.
Selon le docteur Doudou Sène, ces résultats sont obtenus grâces aux actions menées en 2018, notamment la grande campagne de distribution de Milda. ‘’Neuf millions de moustiquaires ont été distribuées. Mais c’est également grâce à la prise en charge précoce des cas, avec la stratégie de Pcadom (prise en charge à domicile des cas). Celle-ci permet de recenser rapidement les cas suspects et de les tester’’.
par Siré Sy
NIASSE ET TANOR ONT DIVERTI MACKY PENDANT SEPT ANS (5/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Ils ont fait faire au président, durant sept ans, leur propre combat (personnel) contre Wade à travers la traque des biens supposés mal acquis - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c’est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacré à et sur le président Macky Sall. Pour ce cinquième et dernier épisode, Macky, ex-otage de Benno ?
La traque des biens supposés mal acquis, n'est pas à vrai dire, pour le moment, une crise mais plutôt un scandale parce que son processus de mise en œuvre a abouti à une impasse fort dommageable. Car, en termes de gouvernance politique dans son versant de reddition des comptes, quand on commence une entreprise de cette ampleur et de cette portée, on ne s'arrête pas au beau milieu de la mer. Même houleuse. En stratégie de combat, un général ne prend jamais sur lui, l'initiative d'une attaque contre des lignes adverses, s’il n’est pas prêt à aller jusqu'au bout, tout en étudiant au préalable les points forts et les points faibles de l'adversaire mais aussi, lui-même le général, ses points forts et ses points faibles.
En politique, les fautes se payent cash. Et l’une des fautes de stratégie politique au débit du président Macky Sall durant son mandat 2012-2019, a été la traque des biens supposés mal acquis. Entendons-nous bien : la reddition des comptes est une exigence démocratique et une demande sociale. En tout temps (pour tous les régimes) et en tout lieu (sur toutes les affaires publiques). Cependant, faire une reddition des comptes, de manière sélective, s'appelle un règlement de compte politique. Lequel règlement de compte politique a fini par diviser en deux camps, la propre famille du président Macky Sall. Souvenir pour souvenir, quand certains pontes du défunt régime de Wade ont été convoqués par la gendarmerie nationale, la propre grande sœur du président Macky, qui vit en France, avait piqué une crise….
Le président Macky Sall s’est créé lui-même ses propres adversaires et s’est aliéné lui-même des soutiens de taille, quand il venait tout juste d'être élu de fort belle manière en 2012. Seulement, voilà, si le film de l'histoire pouvait être rembobiné, certainement le président Macky, n'accepterait pas qu'on lui fasse mener un combat par procuration. La seule circonstance atténuante pour Macky Sall dans cette affaire de ''chasse aux sorcières'', c'est qu'il a été divertit par Moustapha Niass et feu Ousmane Tanor Dieng, qui ont fait faire au président, durant sept ans (2012-2019), un combat par procuration : leur propre combat (personnel) contre le président Ablaye Wade. Et comme le dit la sagesse Wolof, quand on ne peut pas atteindre directement son adversaire, on s'en prend à ses plus proches, à sa famille. C’est donc de l'échec de cette périlleuse entreprise inachevée et sélective qu'est la traque des biens supposés mal acquis, qui est le point de départ d'un certain désamour entre une frange grossissante de Sénégalais envers leur président. Et que la gestion ambivalente de la Covid-19, a, on ne peut plus, creusé. Maintenant que le président Macky Sall a peut-être réalisé, tardivement, qu’il a été divertit, en étant embarqué sur une fausse-vraie piste, va-t-il entreprendre ‘’une rectification du tir’’ ? Benno Siggil Sénégal, après l’avoir porté au pouvoir et à bout de souffle, Macky Sall va-t-il mettre en place et conjuguer avec cette nouvelle majorité présidentielle, celle-là qui l'a porté au pouvoir en 2019 ? Le président va-t-il s’émanciper du PS, de l’AFP et de Benno Siggil Sénégal ? Lui seul le sait.
RIPOSTE À LA COVID-19, RÉAJUSTEMENT OU FUITE EN AVANT ?
La voie de salut réside dans une approche qui laisse plus d’espace aux initiatives locales. Cela suppose le partage de données fiables avec les acteurs locaux, la transparence et la redevabilité dans la conduite des actions publiques
Au moment, où le nombre de décès dépasse la barre fatidique de 100, nos autorités semblent avoir opté, sinon pour la dissimulation, tout au moins pour une omerta qui ne dit pas son nom sur les principaux indicateurs de pandémie, à savoir les vrais taux de prévalence et de mortalité de la Covid-19.
Les mesures d’assouplissement prises par le gouvernement censées permettre la reprise des activités socio-économiques ont eu pour conséquence naturelle l’augmentation des contacts au sein de la population, induisant du coup une hausse de la transmission du virus. De telle sorte que le pic annoncé de 771 cas observé durant la semaine du 11 au 17 mai dernier a été dépassé pendant la semaine du 15 au 21 juin 2020, avec 798 cas.
S’il faut regretter l’absence de compliance de plusieurs de nos concitoyens aux mesures préventives édictées par les pouvoirs publics, il revient aux autorités politiques de jouer leur partition en initiant, avec les professionnels de la santé, des stratégies pour casser les chaines de transmission grâce au dépistage, au traçage et à l’isolement.
Alors qu’on s’attendait à une augmentation du nombre de tests de dépistage, le ministère de la Santé vient de publier une nouvelle lettre-circulaire accompagnée d’une fiche technique pour procéder à un "réajustement stratégique", rendant encore plus drastiques les conditions d’accès au test pour les cas-contacts. Seuls y auront désormais droit ceux d’entre eux, présentant des symptômes et ceux asymptomatiques mais jugés vulnérables (âge supérieur à 50 ans et/ou présence de comorbidités).
On peut douter de la pertinence d’un tel choix, quand on sait que les dangers de propagation du coronavirus émanent précisément des personnes jeunes, souvent exemptes de comorbidités, pauci- ou asymptomatiques, à l’origine de cas communautaires, dont le nombre est en train d’exploser actuellement.
C’est dire que le système sanitaire doit se donner le maximum de chances pour que l’identification des personnes-contacts (ou traçage) soit la plus exhaustive possible en tablant sur les mécanismes communautaires plus compatibles avec nos réalités socio-culturelles et le respect de nos droits et libertés.
L’isolement des cas positifs, qu’ils soient ou non symptomatiques et de leurs contacts va aider à ralentir la propagation du coronavirus.
Au regard des gaps énormes en dépistage des cas, qui empêche à l’opinion, d’avoir une visibilité sur le niveau réel de la Covid-19, il ne reste plus, dès lors, que les formes graves et les décès pour surveiller l’impact de la pandémie dans la population générale et sur l’offre de soins.
Les professionnels africains de la santé publique se sont rendu compte, depuis l’épidémie d’Ébola, que la maîtrise des causes de décès est devenue un impératif, malgré le caractère embryonnaire des systèmes d’enregistrements des faits d’état civil et des statistiques vitales dans leurs pays.
Notre pays, avec un nombre officiel de 102 morts, se trouve à la croisée des chemins. Il est temps que les autorités se mettent à la hauteur des enjeux.
La plupart des professionnels de santé de notre pays, depuis les fonctionnaires et experts de la santé publique jusqu’aux spécialistes les plus pointus sont unanimes sur le fait que l’approche exclusivement curative est suicidaire dans ce genre de pandémie.
La voie de salut réside dans une approche de responsabilisation communautaire, qui laisse plus d’espace aux initiatives locales.
Cela suppose le partage de données fiables avec les acteurs locaux, la transparence et la redevabilité dans la conduite des actions publiques.
Le discours des autorités doit redevenir crédible pour espérer entraîner les larges masses dans le combat contre la pandémie.
L'HOMME À L'ORIGINE DE L'IDÉE DE CRÉATION DE LA CEDEAO
Si l’histoire retient que les fondateurs de la CEDEAO sont les ex-présidents Yakubu Gowon du Nigeria et Gnassingbé Eyadema du Togo, on oublie parfois le rôle important de l’ancien président libérien William Tubman dans la création de la communauté
Si l’histoire retient à raison que les fondateurs de la CEDEAO sont les ex-présidents Yakubu Gowon du Nigeria et Gnassingbé Eyadema du Togo, on oublie parfois le rôle important de l’ancien président libérien William Tubman dans la création de la communauté. En effet des années avant la création de la CEDEAO, c’est le réformateur libérien qui a avancé l’idée de créer une telle organisation.
Lorsque la CEDEAO et les présidents de ses pays membres décident de rendre hommages aux personnes ayant joué un rôle fondateur dans sa création, comme en 2015, les anciens présidents Yakubu Gowon et Gnassingbé Eyadema reçoivent les hommages dus à leurs rôles de pionniers. Seulement, le tableau n’est pas vraiment complet sans William Tubman.
Président modernisateur du Liberia, l’homme était le premier à essayer de créer une organisation de ce genre pour favoriser l’intégration en Afrique de l’Ouest. S’il échoue à concrétiser sa vision, c’est pourtant son idée qui a été à l’origine de la création de la CEDEAO.
Jeunesse d’un politique aux idées révolutionnaires
William Tubman est né le né le 25 novembre 1895 à Harper au Liberia. Son père est un pasteur méthodiste afro-américain originaire de l'État de Géorgie. Durant ses plus jeunes années, il grandit dans un environnement vicié par la domination des Libériens venus des Etats-Unis, sur les autochtones. Plutôt que de s’y complaire il décide de lutter contre ce qu’il considère comme une injustice. Il s’inscrit en cours de droit et devient avocat en 1917. Il exerce ce métier, pendant plusieurs mois, avant d’être nommé juge à la Cour de justice de Harper, sa ville natale. Pourtant, il quittera le droit pour devenir collecteur d’impôts, professeur et ensuite colonel dans la milice libérienne. Pour changer les choses, il comprend qu’aucun des métiers qu’il a pratiqué jusque-là ne vaut une incursion dans la vie politique. Il intègre le True Whig Party (TWP), qui domine l’arène politique locale depuis 1878. En 1923, il est élu au parlement et devient, à 28 ans, le plus jeune sénateur de l’histoire du Liberia. Réélu en 1929, il intègre l'équipe du vice-président Allen Yancy comme conseiller juridique.
Deux ans plus tard, un trafic scandaleux d’esclaves impliquant le gouvernement est révélé. William Tubman démissionne de ses fonctions de sénateur. En 1934 il revient au Sénat avant de démissionner à nouveau en 1937, pour prendre le poste de juge à la Cour suprême, qu’il occupe jusqu’en 1943.
Le père du Liberia moderne
Lorsque se posera la question de la succession du président Edwin Barclay, William Tubman, très populaire grâce à ses positions rassembleuses, fait partie des 6 candidats en lice et est même, avec le ministre des Affaires étrangères Clarence L. Simpson, l’un des favoris. Finalement, le natif de Harper l'emporte et est élu président le 4 mai 1943, à l’âge de quarante-huit ans.
Le pays, potentiel futur «émirat gazier», est contraint par la crise du covid-19 de revoir ses ambitions à la baisse dans ce secteur. Avec l’urgence de régler dans l’immédiat les conséquences désastreuses d’une récession imprévue
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 27/06/2020
Le coronavirus est passé par là. Il tue, mais il déstabilise de grands projets économiques et financiers à travers le monde. Le Sénégal, potentiel futur «émirat gazier», est ainsi contraint de revoir ses ambitions à la baisse dans ce secteur. Avec l’urgence de régler dans l’immédiat les conséquences désastreuses d’une récession imprévue.
Les déclarations du Président Macky Sall au journal britannique Financial Times du 23 juin ont sonné l’alerte et font craindre des lendemains difficiles pour l’économie sénégalaise et, surtout, pour les populations. «Si la pandémie de Covid-19 se poursuit, le Sénégal risque la récession économique. […] Cela ne fait aucun doute», a lâché le chef de l’État sénégalais. Après cinq années successives de croissance soutenue d’au moins 6,5%, le pays ne pourra pas dépasser 1% en 2020 «même si tout se passe bien». Le Président Sall, après avoir pourtant tablé sur une croissance d’environ 3% dès les premiers effets de la pandémie, met aujourd’hui le curseur sur les «effets dévastateurs» du Covid-19.
«Cette récession, tous les économistes l’ont vue venir. Nous avons dit à haute voix que le Président Sall était un peu trop optimiste de tabler sur une croissance de 3%. Pour moi, même 1% serait une performance inespérée du fait de notre modèle économique presque entièrement dépendant de l’étranger», souligne l’économiste sénégalais Mbaye Sylla Khouma interrogé par Sputnik.
Il y a de l’eau dans le gaz… et le pétrole
Pour un pays comme le Sénégal, explique à Sputnik un ex-haut fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances, la récession est «une baisse d’activité qui se traduirait par d’importantes moins-values fiscales par rapport aux prévisions. Quand on sait que 85 à 90% des recettes fiscales vont au paiement du service de la dette et aux salaires des fonctionnaires, on peut dire que la survie dépendra de la perfusion des bailleurs et de coupes sombres dans les programmes d’investissement publics de l’État». En plus de «la désorganisation de la campagne agricole, les secteurs secondaire et tertiaire seraient très affectés», précise cet ancien fonctionnaire qui a préféré gardé l’anonymat.
Un autre gros souci s’est imposé au gouvernement, c’est la remise en cause des grands projets bâtis autour des hydrocarbures. Depuis 2014 en effet, le Sénégal est dans le cercle des futurs grands producteurs de gaz et, dans une moindre mesure, de pétrole grâce aux découvertes des compagnies Kosmos Energy, Cairn, Woodside Energy et de leurs partenaires. Les réserves de gaz sont estimées à 700 milliards de mètres cubes. Celles de pétrole, autour de 500 millions de barils, devaient permettre au Sénégal de produire «une moyenne de 100.000 à 120.000 barils/jour» à partir de 2021. Aujourd’hui, cette échéance n’est plus tenable, confirme Macky Sall qui table sur un retard «d’un à deux ans» dans l’exploitation du gaz et du pétrole.
«Ce que le Président Sall n’a pas dit, c’est: que fait-on justement à partir du moment où on sait avec certitude que le pétrole et le gaz ne seront pas là aux dates indiquées?», interpelle Mbaye Sylla Khouma.
«C’est toute une stratégie qui prend l’eau»
Entre investissements prévus mais plombés par le Covid-19 d’une part et d’autre part les nouvelles stratégies envisagées, le Comité d’orientation stratégique des secteurs du pétrole et du gaz (COS PETROGAZ) créé par Macky Sall s’échine à trouver un juste milieu qui ferait aboutir les projets initiaux.
«Les compagnies et les techniciens sont en train d’y travailler pour évaluer», affirme laconiquement à Sputnik Barthélémy Sène, conseiller technique en communication du ministre sénégalais du Pétrole et des Énergies.