La levée de l’état d’urgence décrété dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus n’a pas laissé la classe politique indifférente. Si des partisans du chef de l’Etat ont salué cette décision de déconfinement total qui concrétise la stratégie du « vivre avec le virus » déjà annoncé lors du discours du 11 mai, on est plutôt dans l’indignation du côté de l’opposition qui invite Macky Sall à tirer toutes les conséquences de sa démission.
Aussitôt après la fin du discours du chef de l’Etat, beaucoup de responsables politiques sont montées au créneau pour donner leur avis sur l’option de Macky Sall de mettre un terme aux restrictions qu’il avait prises dans le cadre la lutte contre la Covid-19 en faveur de la reprise des activités économiques alors que les cas de malades du coronavirus augmentent ainsi que les décès.
Si des partisans du chef de l’Etat ont salué cette décision de levée de l’état d’urgence qui concrétise la stratégie du « vivre avec le virus » déjà annoncé lors du discours du 11 mai, l’opposition préfère faire dans l’indignation. Dans un tweet posté quelques minutes après la prise de parole du chef de l’État, le député à l’Assemblée nationale et président du Mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo, n’est pas allé par quatre chemins pour inviter le Président Sall à tirer toutes les conséquences au plan politique de l’échec de sa stratégie de lutte contre la Covid-19. «Comme anticipé, ce lundi 29 juin, le Président Macky Sall, après trois mois de pleins pouvoirs, lève le drapeau blanc devant le coronavirus et laisse le peuple, les soldats à eux-mêmes, alors que la pandémie se développe. Il reconnaît ainsi l’échec de sa stratégie de lutte contre la Covid-19. Il devrait en tirer toutes les conséquences au plan politique. Macky Sall a atteint ses limites», a twetté le député non inscrit également membre de la Conférence des leaders du Congrès de la renaissance démocratique (Crd).
Abondant dans le même ordre d’idées, son collègue du Crd, Thierno Alassane Sall, ancien ministre de l’Énergie et président du parti politique la République des valeurs a lui aussi fustigé cette décision du président Sall dans un tweet publié sur son compte. «Le chef Suprême MS aux Sénégalais : j’ai tout essayé contre l’Ennemi Covid mais il continue à gagner du terrain.
Ainsi, puisqu’il n’y a pas de différence entre ma stratégie et la reddition pure et simple, je décrète le retour à la normale. Désormais, je m’en remets à Dieu. Amen !»
Pour sa part, l’ancien Premier ministre et président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (Act), Abdoul Mbaye, soulignant que Macky Sall a choisi de devenir spectateur, invite les députés à proposer de vraies mesures de relance économique. «Nos députés ont une occasion historique de retrouver leurs habits perdus de représentants du Peuple, Macky Sall ayant choisi de devenir spectateur. Qu’ils écoutent les professionnels des différents secteurs et proposent de vraies mesures de relance économique», a-t-il tweeté.
De son côté, l’ancien ministre chef de cabinet du président du président Macky Sall, Moustapha Diakhaté, fustigeant la gestion de cette pandémie a estimé dans un post sur sa page Facebook que le chef de l’Etat a abandonné les Sénégalais avec la Covid-19. «Le Président Macky Sall a échoué à endiguer la Covid-19 et à atténuer la transmission de la maladie. Au bout de 90 jours, le coronavirus continue de faire des ravages à travers le pays. Avec plus de 6 000 cas, plus d’une centaine de morts, le Sénégal reste l’un des pays de l’Afrique soudano sahélienne les plus touchés. Au regard de la démission du président Macky Sall, l’impact à venir de la pandémie pourrait être catastrophique tant du point de vue sanitaire, économique et social», a-t-il prévenu avant de marteler. «La seule bonne nouvelle du discours présidentiel, c’est la levée de l’illégal état d’urgence assorti d’un inutile couvre-feu avec plus de 3 mois de répressions policières pour rien».
Les commerçants de Sandaga sommés de quitter vendredi
La réhabilitation du marché de Sandaga est imminente. Comme annoncé par «L’As», les autorités sont déterminées à faire déguerpir les marchands récalcitrants. A la suite du ministre de l’Urbanisme, le Préfet de Dakar a publié hier un communiqué pour sommer les occupants des lieux de quitter au plus tard le vendredi prochain à 20h. Cette mesure concerne les commerçants installés sur la voie publique et tout autour du bâtiment central, notamment les occupants des cantines implantées sur l’avenue Lamine Guèye du côté gauche du rondpoint Sandaga jusqu’à la rue Sandiniéry. Ceux qui sont installés sur les deux côtés de l’avenue Emile Badiane sont également priés de plier bagages. Le Préfet de Dakar Alioune Badara Samb informe toutefois que les formalités de réinstallation provisoire des commerçants au champ de Courses sont en cours.
Soutien à la dame qui a accouché devant Philippe Maguilène Senghor
Des donateurs ont volé au secours de la dame qui, faute d’argent, a accouché devant le centre de Santé Philippe Maguilène Senghor. Cette information relayée par «L’As» a suscité une vague d’indignations et un élan de solidarité. Aussitôt, des personnes de bonne volonté ont lancé un appel pour soutenir la dame, même si elle a déjà accouché. Elles ont collecté 113.750 Fcfa. Cette somme va servir à l’achat des ordonnances qui s’élèvent à 21.000 francs, au paiement du ticket d’accouchement à 10.000 F et aux frais d’analyses qui s’élèvent à 50.000 Fcfa. Le tout fait 81.000 Fcfa.
Talla Sylla fait avorter un rapatriement de talibés
Des talibés du Daara de Serigne Kébé de Thiès ont été regroupés hier au Service du développement communautaire qui était sur le point d’enclencher une opération de rapatriement auprès de leurs familles. Les enfants étaient rassemblée dans le service, dans des conditions propices à la propagation du coronavirus. Et c’est Talla Sylla, maire de la Ville, qui a fait avorter l’opération, après avoir servi à manger aux pauvres enfants. Selon lui, il ne s’agit pas d’un rapatriement, mais d’une garde à vue de fait. Il estime que ces «enfants n’ont commis aucune faute. «Ils sont en réalité des victimes et ont été embarqués manu militari, pour être regroupés au service départemental de développement communautaire. J’ai pris langue avec le chef de service et nous nous sommes rendu compte qu’une cérémonie était en préparation avec le secrétaire général du ministère en charge de la Protection de l’enfance». Mais finalement, il a été décidé que les enfants allaient été conditionnés pour retourner dans leur Daara, avant la poursuite des échanges et des discussions.
Audition de René Capain Bassène dans l’affaire Boffa Bayotte
Le dossier de la tuerie de Boffa Bayotte est réouvert. Le juge d’instruction a entamé hier les auditions dans le fond après 2 ans et 6 mois de détention provisoire des prévenus. C’est le journaliste René Capain Bassène, par ailleurs chargé de mission de l’Agence Nationale pour la Relance des Activités économiques en Casamance (ANRAC), qui a ouvert le bal. Il était assisté par Me Ciré Clédor Ly, lors de son face-à-face avec le juge d’instruction. Selon l’avocat, le sieur Bassène est accusé de tous les maux de la terre. Comme si cela ne suffisait pas, regrette-il, le juge d’instruction a ajouté un nouveau chef d’accusation. Il a inculpé René Capain Bassène de sortie irrégulière de correspondance. Soupçonné d’être le cervau de la bande qui a tué 15 coupeurs de bois, René capain Bassène est également poursuivi, d’après son conseil, pour association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurectionnel, assassinat et tentative d’assaninat, détention d’armes sans autorisation et vol commis en réunion.
Audition dans l’affaire Boffa Bayotte (bis)
Restons avec René Capain Bassène pour dire que ce dernier s’est plaint devant son avocat d’être victime de torture. Ce que Me Ciré Clédor Ly a déploré. La robe noire constate pour le dénoncer que de plus en plus, des personnes arrêtées pour certaines infractions se plaignent de tortures. C’est grave, clamet-il. A l’en croire, René Capain Bassène l’a soutenu. Même si ce sont des allégations, il renseigne que dans la semaine, il y a eu plusieurs dossiers où les personnes ont parlé de torture venant de personnes très respectées dans ce pays. L’avocat relève que la gendarmerie qui est considérée comme la crème des forces de défense et de sécurité est de plus en plus accusée de tortures. Auparavant, dit-il, c’était la police, mais on entend de moins en moins des tortures de la police parce qu’il y a eu des poursuites judiciaires contre des flics. Me Ciré Clédor Ly pense que c’est un phénomène qu’il faut suivre de près.
Un décès lié à la covid-19 à Oussouye
Le cas communautaire d’Oussoye est décédé hier aux Iles Carabane. Il s’agit d’un navigateur d’un bateau étranger qui a accosté à Carabane. Ce patient a contaminé deux autres personnes avec qui il partageait le bateau. Les tests de trois autres navigateurs sont revenus négatifs. Mais par mesure de précaution, les autorités sanitaires ont préféré les isoler dans le bateau. Ils restent en observation pendant quatorze jours. Oussouye enregistre son premier décès lié au Covid-19. A ce jour, la région de Ziguinchor compte 136 cas déclarés positifs dont 36 guéris. 56 malades sont sous traitement dans le district de Ziguinchor, 7 à Oussouye, 11 à Bignona. Le département de Ziguinchor a enregistré 109 cas, 11 pour le département Oussouye et 16 pour Bignona.
Un malade mental retrouvé mort au Technopole
Le corps sans vie d’un malade mental a été découvert hier en état de putréfaction avancée, au niveau de la réserve naturelle urbaine de la Grande Niayes de Pikine Technopole. Il a été retrouvé couché à plat ventre dans un ravin. Selon nos sources, l’homme s’appelle Djadji Kobar. Il est âgé de 43 ans et habite Golf Sud. Le malade mental avait élu domicile au niveau des ravins. Nos sources ajoutent que le défunt a été aperçu pour la dernière fois samedi passé aux environs de 18 heures. Les limiers de Pikine, informés de la découverte macabre, se sont déplacés sur les lieux pour faire le constat d’usage en présence d’un médecin de l’hôpital Dalal Jamm. Le Procureur de Pikine, mis au courant de l’état de décomposition avancée du corps, a ordonné son inhumation sur place. Les sapeurs-pompiers ont enseveli le corps en présence des agents des Eaux et Forêts et du service d’hygiène. Cette découverte macabre remet au goût du jour l’épineuse question de la prise en charge des déficients mentaux.
15 600 interpellations et 3 035 véhicules immobilisés par la police
Les policiers n’ont pas chômé pendant ces trois mois d’état d’urgence assorti du couvre-feu. Les limiers ont interpellé au total 15 600 individus et en ont déferré 425 pour violation du couvre-feu. Pour ce qui est de la violation de l’arrêté du ministère de l’Intérieur interdisant le transport interurbain, les flics ont mis la main sur 128 personnes, immobilisé 3 035 véhicules et 2180 motos sur l’ensemble du territoire national. 1200 pièces de conducteurs sont saisies pour surnombre de passagers et non-respect du port du masque. Le gros du lot se trouve à Dakar. Dans la capitale, les policiers ont interpellé 10 395 individus.
Un jeune surpris en pleins ébats sexuels avec une malade mentale
Il y a des hommes qui sautent sur tout ce qui bouge. Ahmadou Sall, vigile de son état et domicilié à la Médina, à la rue 22x18, a jeté son dévolu sur une malade mentale. Il a été surpris en train d’entretenir des rapports sexuels avec une fille qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales, dans la rue. C’est une patrouille des éléments du commissariat de police de Rebeuss qui est tombée sur la scène dans la nuit du 29 au 30 juin 2020 aux environs de minuit, à l’avenue Blaise Diagne X Dial Diop, plus précisément près du feu tricolore. Ils ont appréhendé le jeune vigile âgé de 25 ans. Devant les enquêteurs, le mis en cause a expliqué qu’il s’était rendu au bar de Niayes Thioker vers 19 heures pour prendre quelques verres. En rentrant, dit-il, il a trouvé une malade mentale couchée non loin du feu tricolore. Ayant eu envie de faire l’amour, il s’est rapproché d’elle, mais cette dernière qui avait faim lui a demandé de l’argent avant de passer à l’acte. Pour appâter sa victime, Ahmadou Sall lui a donné le pain qu’il avait dans son sac. Il dit ignorer que la dame est malade. Il a été déféré au parquet pour outrage public à la pudeur.
Alioune Guèye bouscule sa cousine sur les escaliers
Alioune Guèye a été traîné en justice par sa cousine Isabelle Danso, pour coups et blessures volontaires. Le prévenu a bousculé cette dernière sur les escaliers avant de lui donner des coups de pied. La plaignante avait envoyé son cousin Baye Ablaye à la boutique pour acheter des œufs et autres pour le dîner. Mais ce dernier a été intercepté et battu par Alioune Guèye qui a même cassé les œufs. C’est ainsi qu’elle est allée dire ses quatre vérités à son cousin. Mais M. Guèye l’a traitée de tous les noms d’oiseaux. Ils ont échangé des propos aigres-doux. Les voisins sont intervenus. Mais Alioune Guèye est revenu à la charge et a poursuivi Isabelle Danso dans les escaliers avant de la cogner sur les marches. Elle ajoute que le prévenu a battu sa mère jusqu’à lui fracturer le bras. Alioune Guèye a balayé d’un revers de main ces accusations. A l’en croire, sa cousine est tombée des escaliers. Le procureur a requis un an assorti de sursis et une amende de 100.000 Fcfa. Le juge a suivi le réquisitoire du parquet.
Sud FM fête ses 26 ans
C’est le 1er juillet 1994 que la première radio privée au Sénégal a commencé à émettre. Il s’agit de la radio «Sud Fm» du Groupe Sud Communication. En effet, Sud Fm fête aujourd’hui un quart de siècle d’existence dans le paysage médiatique du Sénégal. Selon le Directeur général Baye Omar Guèye, le crédo de la radio est d’être de plus en plus à l’écoute des populations et de contribuer à figurer parmi les passeurs d’idées et d’intelligence du pays. Il salue les pionniers que sont Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla et toutes les personnes qui se sont battues pour la création de cette radio. Malgré ses 26 années, il y a toujours des défis à relever. Ainsi Baye Omar Guèye et son équipe ambitionnent-ils de mailler le territoire national. Il promet d’achever dans les meilleurs délais les 4% restants pour que «Sud FM» soit écoutée dans les hameaux les plus reculés du pays. Déjà, se félicite-t-il, la présence de la radio sur le net assure une proximité avec la diaspora et les citoyens du monde entier.
Le front multi-luttes Doyna engage le combat contre Aquatech
Le collectif pour la défense des intérêts de Toubatoul et de Mérina Dakhar représentés respectivement par Modou Diouf et Moustapha Bassirou Gaye ont tiré à boulets rouges sur la société canadienne Aquatech en charge de l’hydraulique dans leurs zones. A en croire ces organisations membres du front multi-luttes Doyna, à cause de la mauvaise gestion de cette entreprise en charge de l’hydraulique rurale, leurs populations sont confrontées à d’énormes difficultés pour s’approvisionner en eau potable. C’est pourquoi, Guy Marius Sagna et ses camarades demandent le départ de cette entreprise dans ces zones.
KEEMTAAN GI - CHAUDS LAPINS
Macky Sall ne sera pas seulement applaudi par la population pour la levée du couvre-feu et la fin de l’état d’urgence. A vrai dire, pour certains de nous de la presse qui bouclions tardivement, il nous arrivait d’avoir pitié de ces hommes et femmes des forces de sécurité. Sous le vent, la poussière, dans la solitude et, souvent, la pénombre, ils traquent les récalcitrants et autres qui ont dans leurs gênes un atavisme de la défiance de l’autorité. Personne ne peut les ramener à l’ordre et leur faire comprendre qu’aujourd’hui, c’est la survie de l’humanité qui est jeu à cause de ce fichu diable de covid19. Donc, la levée du couvre-feu et de l’état d’urgence va permettre à nos vaillantes forces de sécurité d’aller se reposer. Un repos bien mérité ! Surtout que l’Etat a été trop pingre avec ces femmes et hommes qui sont au service de la nation. Cela dit, ceux qui danseront certainement, ce sera les hommes infidèles. A contrario, les femmes vont pleurer parce que le couvre-feu et l’état d’urgence leur avaient permis de récupérer leurs hommes d’une certaine manière. Parce que du 23 mars à jours, les hommes ont abandonné leurs deuxièmes ou troisièmes bureaux, tout en continuant cependant à les prendre en charge. D’autres astuces n’ont pas manqué surtout pour des hommes impossibles à canaliser. Cela consistait à juste passer au bureau le matin, pour ensuite filer à l’anglaise vers sa dulcinée pour deux bonnes heures salaces. A Madame qui appelle, Monsieur lui chuchotera dans le combiné qu’il homme est en réunion de direction qu’il ne peut pas parler. Et le tour est joué ! Après quoi, revenir tranquillement au bureau avant rentrer à la maison sans tambour, mais avec le cœur rempli de joie. Tout en feignant une fatigue intense du fait d’un surcroit de travail ! Pour dire que la mesure prise par Macky Sall ce lundi a des effets collatéraux insoupçonnés. KACCOOR BI
INDICE DE PAUVRETE EXTREME A DAKAR LE RIZ ET L’HUILE DE LA COVID19 VENDUS SUR LES LIEUX DE DISTRIBUTION MEMES !
Au lendemain de la guerre contre la covid19, le président Macky Sall ne s’était pas trompé en décrétant l’état d’urgence alimentaire au profit des ménages les vulnérables. Bilahi walahi, la distribution de l’aide alimentaire à ces familles démunies constitue un indice voire un instrument pour mesurer l’extrême pauvreté dans laquelle vivent les Sénégalais. Tenez ! Avant-hier lundi, il y avait foule à l’école de la Sicap Liberté 3 près agence Sde) où l’on distribuait des kits de vivres composés de riz, de sucre, du savon, de l’huile et de pâtes (vermicelles ou macaroni). Il est vrai que les bénéficiaires ont affiché un large sourire de délivrance sociale après avoir reçu de quoi manger durant un mois. Malheureusement, un reporter du « Témoin » quotidien a pu constater que cette aide est un véritable cadeau ou don « empoisonné » pour certains pères et mères de famille. Cette triste scène de rue en est une parfaite illustration. Une fois servie, cette vieille maman (70 ans environ) a failli crouler sous le poids de ses sacs de riz et autres bidons d’huile. « Je n’ai pas même de quoi payer un chariot pour transporter ces denrées. C’est pour cela que j’ai tout bradé sur place à des prix dérisoires. En effet, depuis hier nuit, je vis dans l’obscurité faute de crédit « woyofal ». Sans oublier la facture d’eau que je n’arrive pas à payer. Mon petit-fils dont j’assure la garde est gravement malade faute de médicaments. « Motakh madiay ko, Yala bakhnaa » (Pour toutes ces raisons, j’ai tout vendu sur place) » se justifie tout bas la pauvre maman dont les lamentations sont tombées dans l’oreille de notre reporter. Ndeyssan !
CONSOMMATION LOCALE LES INDUSTRIELS PRENNENT AU MOT MACKY SALL
Dans son dernier discours « viral », le président de la République Macky Sall a voulu davantage développer un état d’esprit de nature à ancrer durablement une culture du produire et consommer sénégalais. Avec force détails, le chef de l’Etat a tenu à ce que l’Etat et ses démembrements, y compris les sociétés à participation publique, ainsi que le secteur privé valorisent davantage le contenu local dans la commande publique des biens et services. « Mais tous, ensemble, nous devons faire du consommer sénégalais non pas un effet de mode ou de conjoncture, mais l’affirmation d’une véritable culture de souveraineté économique » avait-il déclaré. Dès la fin de son discours, certains industriels et transitaires sénégalais ont appelé « Le Témoin » pour se réjouir du fait que le président Sall tienne encore à son consommer local. Le prenant au mot, ils invitent le chef de l’Etat à accentuer la lutte contre la fraude et la contrebande relatives à certains produits comme le sucre, le fer à béton, le savon et l’huile dont la production locale satisfait largement le marché. Hélas, cette production ne parvient pas à s’écouler du fait justement des importations frauduleuses ou en contrebande !
PARTENARIAT 90 MILLIARDS DE LA FRANCE AU SENEGAL
Par ces temps qui courent où les caisses de l’Etat sont désespérément vides, recevoir 90 milliards de francs, c’est une véritable aubaine pour nos gouvernants. La France, via l’Agence française de développement (AFD), a signé hier avec le ministre Amadou Hott plusieurs conventions pour un montant total de 138,05 millions d’euros, soit environ 90 milliards 547 millions F.CFA. Le premier financement est la convention de financement du projet de renforcement de la justice civile et commerciale (JUCICOM) d’un montant de 20 millions d’euros, soit environ 13,1 milliards F.CFA, dont 12 millions d’Euros (7,8 milliards F.CFA) de prêt et 8 millions d’Euros de subvention, soit environ 5,2 milliards F.CFA. La deuxième convention de financement du Projet de Gestion Intégrée de l’Economie des Déchets Solides (PROMOGED) d’un montant de 40 millions d’euros, représentant 26, 2 milliards F.CFA. La troisième est constitué des avenants relatifs à la restructuration des Prêts de Politiques Publiques à la gouvernance financière et au secteur de l’eau et de l’Assainissement pour un montant de 50 720 000 Euros, soit 33,2 milliards F.CFA. La convention de financement du Programme d’Appui au Développement de l’Education du Sénégal : Riposte et Résilience face à la COVID-19, pour un montant de 6 millions d’euros, soit environ 3,9 milliards F.CFA. Et enfin les subventions destinées aux Etudes du projet PROMOGED pour un montant de 0,3 million d’Euros, soit environ 196,5 millions F.CFA, à l’organisation des jeux olympiques de la jeunesse prévus au Sénégal en 2022 pour un montant de 0,4 million d’Euros soit 262 millions F.CFA, au parc numérique pour un montant de 0,15 million d’Euros soit environ 98,2 millions F.CFA, et au renforcement des capacités organisationnelles de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) pour un montant de 0,5 million d’Euros soit environ 327,5 millions F.CFA.
500 ENTREPRISES AFRICAINES LA 1ERE SENEGALAISE, LA SAR, A LA 141EME PLACE
Comme chaque année, Jeune Afrique publie en exclusivité le classement des 500 principales entreprises du continent. Fondée sur les résultats financiers de 2018, cette photographie du secteur privé africain révèle des dynamiques bouleversées par la pandémie de Covid-19, sans qu’on puisse à ce jour mesurer l’impact. Le classement 2020 reste dominé par les entreprises évoluant dans les hydrocarbures. C’est ainsi que la première place est occupée par la puissante compagnie de pétrole algérienne Sonatrach, elle est suivie par l’Angolaise Sonangol. Mais c’est l’Afrique du Sud qui vient immédiatement avec près de 11 entreprises évoluant dans le bois, le papier, la chimie, le caoutchouc… qui dominent largement ce classement de Jeune Afrique. La première entreprise sénégalaise, la Société africaine de Raffinage (SAR) se situe très loin. Elle occupe la 141ème place. Elle est suivie par Sonatel Orange qui est positionnée à la 168ème place. Ce duo est complété par Total Sénégal qui pointe à la 215ème place. de cette crise.
BILAN COUVRE-FEU 15.600 INTERPELLATIONS, 425 DEFERREMENTS
Le couvre-feu est derrière nous. C’est le temps des comptes et mécomptes. La Police nationale, appelée aux côtés des gendarmes et de l’Armée, a dévoilé ses chiffres du couvre-feu. Du 23 mars début du couvre-feu à nos jours, sur le segment uniquement du transport, 15 600 personnes ont été interpelées pour différents motifs et 425 individus déférés pour non-respect du couvre-feu. La capitale sénégalaise arrive en tête de peloton. À Dakar, 10395 individus ont été interpellés. Les autres régions ne sont pas en reste. 11 131 personnes ont eu maille à partir avec la justice parce qu’elles ne couvraient ni la bouche ni le nez. Au total, 21 926 sénégalais ont été verbalisés. La violation sur le transport interurbain n’est pas en reste mais les déviants ne sont pas nombreux. La police n’a interpellé que 128 personnes. Pour les véhicules mis aux arrêts, la Police annonce 3035 véhicules immobilisés, 2180 motos également. Sur le dispositif du nombre de passagers, certains chauffeurs n’ont pas respecté les consignes. La police a ainsi saisi 1200 pièces d’identité pour surnombre de passagers et non-respect du port du masque. La police a aussi fait dans la sensibilisation pour maintenir cette mesure barrière afin de limiter la propagation du virus. Mais, qui pour interpeller l’ennemi invisible qui rôde toujours dans les rues au Sénégal mais aussi dans le monde.
SANDAGA LES COMMERÇANTS SOMMES DE QUITTER AU PLUS TARD LE VENDREDI
Le préfet de Dakar fixe un ultimatum aux commerçants du marché Sandaga. Dans un communiqué rendu public ce mardi, Alioune Badara Sambe demande aux commerçants de quitter les lieux au plus tard vendredi 3 juillet 2020. « Dans le cadre du projet de réhabilitation du marché Sandaga, les commerçants installés sur la voie publique (pourtour du bâtiment central fermé) sont sommés de quitter les lieux, au plus tard le vendredi 3 juillet 2020 à 20 heures », informe la note. Laquelle précise : « Il s’agit notamment des cantines implantées sur l’Avenu Lamine Guèye, Rue Sandiniéry, Avenu Emile Badiane. » Selon le préfet de Dakar, les formalités de réinstallation sont en cours. Après plusieurs reports, le ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana a annoncé la démolition du marché, à partir du vendredi 3 juillet prochain. Et comme Monsieur « démolisseur » n’est pas un enfant de chœur, chers commerçants, prenez vos bagages et cliques pour rejoindre le champ des courses.
HOPITAL DE TIVAOUANE 5 SAGES-FEMMES ET UNE AIDE-SOIGNANTE TESTEES POSITIVES AU CORONAVIRUS
Sur sa page Facebook, la présidente de l’Association des sages-femmes d’Etat du Sénégal, Ndèye Bigué Bâ Mbodj fait état de 10 sages-femmes de l’hôpital de Tivaouane testées positives au coronavirus. Une situation qui a occasionné la fermeture de la maternité dudit établissement de santé. Mais, après recoupement, on nous apprend que ce sont plutôt 6 agents qui ont été contaminés. « Il s’agit de 5 sages-femmes et d’une aide sagefemme », nous a donné comme information une sage-femme qui fait partie de ce lot de contaminées. Il faut dire que ce cas de l’hôpital de la ville sainte de Tivaouane n’est pas un cas isolé. Pour qui connait le travail dans les services de santé, c’est en général des services fermés, avec des agents qui travaillent en rotation, de la salle d’accouchement à la salle de suite de couche en passant par la salle de consultations prénatale (Cpn)… Donc, un seul agent de santé en service peut contaminer tout un bloc !
LA GENTRIFICATION DE LA PRESSION FONCIÈRE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est la course à l'accession à la propriété immobilière urbaine, avec des montées de fièvre récurrentes encore illustrée par des litiges fonciers - Aux USA comme au Sénégal, les cas de Covid augmentent de manière exponentielle
Réalisation et montage Boubacar Badji |
Publication 01/07/2020
Lu Bees avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar : Pression foncière immobilière continue au Sénégal et regain de la pandémie Covid-19 aux USA avec une riposte contrastée selon les États
Dans ce numéro de Lu Bees, Ousseynou Nar Gueye pointe la "gentrification" de la pression foncière au Sénégal, poussée par les bourgeoisie moyenne et haute qui font la course à l'accession à la propriété immobilière urbaine, avec des montées de fièvre récurrentes encore illustrée par les litiges fonciers concernant le littoral dakarois, Gadaye dans la banlieue dakaroise ou Ndingler dans la région de Mbour. Tous les Sénégalais peuvent t-ils raisonnablement aspirer à posséder un toit en milieu urbain ou faut-il revenir à une politique locative d'un parc de logements à loyer modéré promu par les villes ?
Du côté de l'Amérique, René Lake souligne ce paradoxe du nouveau continent qui, avec 5% de la population mondiale, fournit 25% du contingent d'infectés au Coronavirus au plan international. Les réponses des États de l'Union sont diverses et souvent opposées, balançant entre retour au confinement strict et rejet du port obligatoire du masque barrière. Il fait le parallèle avec la récente levée du couvre-feu au Sénégal, alors que la courbe des contaminations ne baisse pas, pas plus quaux États-unis.
Lu Bees, un partenariat audiovisuel hebdomadaire du mercredi entre Seneplus et Tract.sn. Réalisation et montage assurés par Boubacar Badji.
L'EUROPE RECHIGNE À ACCUEILLIR LES AFRICAINS
Les 27 Etats européens ne comptent accepter, pour l'heure, que quatre pays africains sur leur sol. Et ce sont ceux de l’Afrique du Nord
Le Sénégal compte rouvrir ses frontières aériennes dès le 15 juillet prochain. Visiblement, sans restrictions vis-à-vis de certains pays. Pourtant, l'Union européenne, réunie vendredi dernier, a retenu 14 pays qui pourraient être autorisés à atterrir sur son sol, s'ils ouvrent leurs frontières. Cette sélection comprend seulement quatre pays africains : le Maroc, le Rwanda, l'Algérie et la Tunisie. Si ces pays présentent des statistiques plus élevées en termes d'infection en Afrique, plusieurs critères établis par l'UE jouent en leur faveur.
Il s'agit, entre autres, de la capacité de réaliser des tests en nombre, des règles de prévention en vigueur et leur respect, ainsi que le taux de nouvelles contaminations. Sur le dernier point, les Européens se sont accordés sur un chiffre en deçà de 16 pour 100 000 habitants, sur les 14 derniers jours. Les 27 Etats européens comptent réviser cette liste toutes les deux semaines. En outre, un pays de l'UE peut refuser de recevoir l'un de ces pays listés, mais ne doit en aucun cas accepter les ressortissants d'autres pays en dehors de cette liste. Ce projet a été soumis au vote, hier, et selon la présidente de l'UE, aucun problème de fond ne s’oppose à son adoption.
Le continent africain est moins impacté, en termes d'infection et de décès, mais n'est visiblement pas le bienvenu en Europe. En effet, pendant que la France, l'Italie et l'Espagne totalisent plus de 92 000 morts, l'ensemble du continent a perdu environ 9 000 personnes, depuis le début de la pandémie et le taux de guérison est des plus élevés. Vu sous ce rapport, l'Afrique ne devrait-elle pas appliquer également le principe de la réciprocité ?
Pour l’instant pas, si on en croit le Directeur des Sénégalais de l'extérieur qui tempère : "malgré la fermeture des frontières, le Sénégal continuait à bénéficier d'autorisations pour les vols spéciaux. Donc, je pense qu'il n'y a pas vraiment de problème à ce niveau. Le Président vient d'annoncer la réouverture de nos frontières le 15 juillet. Et j'ai reçu récemment une autorisation du gouvernement italien pour des compatriotes qui sont encore bloqués au Sénégal. Il en est de même pour le gouvernement espagnol. Donc, je précise que la fermeture concerne les vols commerciaux. Néanmoins, il y a des vols spéciaux qui sont organisés et dont les autorisations sont souvent délivrées".
Toutefois, les frontières européennes restent fermées aux Américains, aux Turcs et aux Russes ainsi qu'à l'Arabie saoudite, en raison d'une situation épidémiologique jugée plus grave qu'en Europe. La Chine, par contre, ne sera acceptée sur le sol européen que lorsqu'elle va appliquer le principe de la réciprocité.
par Achille Mbembe
QUE FAIRE DES STATUES ET MONUMENTS COLONIAUX ?
Il y a quelque chose de profondément offensant à voir ces masques d’un potentat racial (le potentat colonial) trôner au centre de nos villes africaines, parfois même sur la Place de l’Indépendance, si longtemps après notre prétendue émancipation
Le texte ci-dessous a été préalablement publié en 2006 dans le quotidien camerounais, Le Messager.
Les mêmes toujours les mêmes qui refusent d’entendre diront qu’il y a des choses plus urgentes à faire que de se préoccuper, maintenant, des reliques, effigies et autres monuments laissés par la colonisation. Les mêmes feront valoir que le passé est passé et qu’il faut le restituer au passé. Ils affirmeront qu’au lieu de s’en prendre aux statues érigées par l’État colonial, les Africains feraient mieux de s’attaquer aux » vraies » questions, celles que leur impose le présent la production agricole, la bonne gouvernance, les finances, les nouvelles technologies, ou encore la santé, la nutrition et l’éducation, bref ce que, depuis près d’un demi-siècle, les Nègres s’échinent, souvent sans réfléchir, à épeler : le » dé-ve-lo-ppe-ment « . D’autres encore iront plus loin. Ils diront que si et seulement si les indigènes s’étaient montrés capables de préserver le peu que la colonisation leur a laissé, ils se porteraient sans doute mieux aujourd’hui. Or, à peine leurs anciens maîtres partis, ils se sont attelés à détruire l’héritage que ces derniers leur ont si gracieusement légué.
Zélotes de l’amnésie
De tels raisonnements auxquels d’ailleurs de nombreux Africains souscrivent – ont toutes les apparences du bon sens. Ils reposent pourtant sur de fallacieux présupposés.
Et d’abord, ceux qui préconisent l’amnésie sont incapables de nommer la sorte d’oubli qu’ils nous recommandent. S’agit-il d’un oubli sélectif ou s’agit-il vraiment de tout oublier du passé tout le passé ? À quelle autre communauté humaine cela a-t-il jamais été prescrit ? Supposons, un instant, que cela soit possible : comment, dans de telles conditions d’amnésie radicale, pourrons-nous répondre de notre nom, c’est-à-dire assumer, en toute connaissance de cause, notre part de responsabilité et d’implication dans ce qu’a été notre histoire ? Par quels signes reconnaîtrons-nous ce que notre présent est capable de signifier ? Car, même s’il est vrai qu’une distance relative par rapport au passé est absolument nécessaire pour » faire la paix avec le passé » et ouvrir le futur, le passé n’appartient jamais qu’au seul passé.
C’est l’une des raisons pour lesquelles la plupart des sociétés humaines portent un tel souci pour leur histoire et mettent tant de soin à s’en souvenir à travers des commémorations et, davantage encore, par la mise en place de maintes institutions chargées d’activer la créativité culturelle et de gérer le patrimoine national (musées, archives, bibliothèques, académies). Au demeurant, il n’existe de communauté proprement humaine que là où la relation au passé a fait l’objet d’un travail conscient et réfléchi de symbolisation. Plutôt que d’oublier tout le passé, c’est ce travail (critique) de symbolisation du passé (et donc de soi-même) que les Africains sont invités à effectuer.
Deuxièmement, les zélotes de l’amnésie se méprennent sur les multiples significations des statues et monuments coloniaux qui occupent encore les devants des places publiques africaines longtemps après la proclamation des indépendances. L’on sait que pour être durable, toute domination doit s’inscrire non seulement sur les corps de ses sujets, mais aussi laisser des marques sur l’espace qu’ils habitent et des traces indélébiles dans leur imaginaire. Elle doit envelopper l’assujetti et le maintenir dans un état plus ou moins permanent de transe, d’intoxication et de convulsion – incapable de réfléchir pour soi, en toute clarté.
C’est seulement ainsi qu’elle peut l’amener à penser, à agir et à se conduire comme s’il était irrévocablement pris dans les rets d’un insondable sortilège. La sujétion doit également être inscrite dans la routine de la vie de tous les jours et dans les structures de l’inconscient. Le potentat doit habiter le sujet de manière telle que ce dernier ne puisse désormais exercer sa faculté de voir, d’entendre, de sentir, de toucher, de bouger, de parler, de se déplacer, d’imaginer, voire ne puisse plus travailler et rêver qu’en référence au signifiant-maître qui, désormais, le surplombe et l’oblige à bégayer et à tituber.
Le potentat colonial ne dérogea guère à cette règle. À toutes les étapes de sa vie de tous les jours, le colonisé fut astreint à une série de rituels de la soumission les uns toujours plus prosaïques que les autres. Il pouvait, par exemple, lui être demandé de tressaillir, de crier et de trembler, de se prosterner en frémissant dans la poussière, d’aller de lieu en lieu, chantant, dansant et vivant sa domination comme une providentielle nécessité. La conscience négative (cette conscience de n’être rien sans son maître, de tout devoir à son maître pris, à l’occasion, pour un parent) cette conscience devait pouvoir gouverner tous les moments de sa vie et vider celle-ci de toute manifestation de la libre volonté.
L’on comprend que dans ce contexte, les statues et monuments coloniaux n’étaient pas d’abord des artefacts esthétiques destinés à l’embellissement des villes ou du cadre de vie en général. Il s’agissait, de bout en bout, de manifestations de l’arbitraire absolu. Puissances de travestissement, ils étaient l’extension sculpturale d’une forme de terreur raciale. En même temps, ils étaient l’expression spectaculaire du pouvoir de destruction et d’escamotage qui, du début jusqu’à la fin, anima le projet colonial.
Mais surtout il n’y a pas de domination sans une manière de culte des esprits dans ce cas l’esprit-chien, l’esprit-porc, l’esprit-canaille si caractéristique de tout impérialisme, hier comme aujourd’hui. À son tour, le culte des esprits nécessite, de bout en bout, une manière d’évocation des morts une nécromancie et une géomancie. De ce point de vue, les statues et monuments coloniaux appartiennent bel et bien à ce double univers de la nécromancie et de la géomancie. Ils constituent, à proprement parler, des emphases caricaturales de cet esprit-chien, de cet esprit-porc, de cet esprit-canaille qui anima le racisme colonial et le pouvoir du même nom comme, du reste, tout ce qui vient après : la postcolonie. Ils constituent l’ombre ou le graphe qui découpe son profil dans un espace (l’espace africain) que l’on ne se priva jamais de violer et de mépriser.
Car, à voir ces visages de » la mort sans résurrection « , il est facile de comprendre ce que fut le pouvoir colonial – un pouvoir typiquement funéraire tant il avait tendance à réifier la mort des Africains et à dénier à leur vie toute espèce de valeur. La plupart de ces statues représentent en effet d’anciens morts des guerres de conquête, d’occupation et de » pacification » des morts funestes, élevés par de vaines croyances païennes au rang de divinités tutélaires. La présence de ces morts funestes dans notre espace public a pour but de faire en sorte que le principe du meurtre et de cruauté qu’ils ont personnifié continue de hanter notre mémoire, de saturer notre imaginaire et nos espaces de vie, provoquant ainsi en nous une étrange éclipse de la conscience et nous empêchant, ipso facto, de penser en toute clarté.
Le rôle des statues et monuments coloniaux est donc de faire resurgir sur la scène du présent des morts qui, de leur vivant, ont tourmenté, souvent par le glaive, l’existence des Africains. Ces statues fonctionnent à la manière de rites d’évocation de défunts aux yeux desquels notre humanité compta pour rien – raison pour laquelle ils n’avaient aucun scrupule à verser, pour un rien, notre sang, comme du reste on le voit aujourd’hui encore, de la Palestine à l’Iraq en passant par la Tchétchénie et d’autres culs-de-sac de notre planète.
C’est la raison pour laquelle il y a quelque chose de profondément offensant à voir ces masques d’un potentat racial (le potentat colonial) trôner au centre de nos villes africaines, parfois même sur la Place de l’Indépendance, si longtemps après notre prétendue émancipation, alors même que du fait de notre complicité, les vaincus de notre propre histoire n’ont bénéficié d’aucune sépulture digne de ce nom, encore moins d’un ensevelissement à hauteur de notre prétention à être-homme.
À cause de ces masques de terreur maquillés en visages humains, nous continuons donc de vivre, ici même, chez nous, à l’ombre du racisme colonial dont on sait que l’idée première faisait de nos pays des contrées peuplées par une » sous-humanité « . Ces statues célèbrent, chaque matin de notre vie, le fait que dans la logique coloniale, faire la guerre aux » races inférieures » était nécessaire à l’avancée de la » civilisation « . Qu’autant de ces monuments soient consacrés à la gloire des soldats et des militaires indique à quel niveau de profondeur gît désormais, dans notre inconscient collectif, l’accoutumance au massacre. Tout y est donc, dans ces monuments de notre défaite : la célébration d’un nationalisme étranger guerrier et conquérant ; celle des valeurs conservatrices héritées des contre-Lumières et qui trouvent un terrain d’expérimentation privilégié dans les colonies ; celle des idéologies inégalitaires nées avec le darwinisme social ; celle de la mort réifiée qui accompagna l’ensemble ; et, aujourd’hui, l’abjection qui, partout nous poursuit, sans repos ni pitié, à l’étranger comme ici même, chez nous.
La réalité est que rien n’a été simple ni univoque dans l’attitude des nationalismes africains postcoloniaux à l’égard des reliques du colonialisme. Trois types de réponses ont vu le jour. Et d’abord, dans la foulée des conflits liés à la décolonisation ou encore à la faveur des bouleversements politiques dont ils ont fait l’expérience dans les années soixante-dix et quatre-vingt notamment, un certain nombre de pays ont cherché à se libérer des symboles de la domination européenne et à imaginer d’autres modes d’organisation de leur espace public. Pour bien marquer leur nouveau statut au sein de l’humanité, ils ont commencé par l’abandon des noms mêmes qui leur furent affublés au moment de la conquête et de l’occupation.
L’affaire du "nom propre "
L’idée était qu’en commençant par le nom, ils redevenaient non seulement propriétaires d’eux-mêmes, mais aussi propriétaires d’un monde dont ils avaient été expropriés. Au passage, ils renouaient les lignes de continuité avec une histoire longue que la parenthèse coloniale avait interrompue. En octroyant à l’ancienne entité coloniale de la Gold Coast le nouveau prénom de Ghana (ancien empire ouest-africain) ou encore en passant de la Rhodésie au Zimbabwe, voire de la Haute Volta au Burkina Faso, le nationalisme africain cherche, avant tout, à reconquérir des droits sur soi-même et sur le monde et, au passage, à précipiter l’avènement du "dieu" caché en nous.
Mais l’on sait également que ce souci du "nom propre" n’est pas allé sans ambiguïté. Pour des raisons plus ou moins apparentes, le Dahomey (nom d’un ancien royaume esclavagiste de la côte ouest-africaine), par exemple, est devenu le Bénin. D’autres pays ont cherché à redessiner leurs paysages urbains en rebaptisant certaines de leurs villes. Salisbury est devenu Harare au Zimbabwe. Maputo s’est substitué à Lourenço Marques au Mozambique. Léopoldville est devenu Kinshasa. De Fort Lamy, l’on est passé à Ndjamena, tandis que Fort Fourreau est devenu Kousseri, et ainsi de suite.
De manière générale cependant, l’on a conservé les grands repères architecturaux de la période coloniale. Ainsi, l’on peut se promener aujourd’hui sur l’avenue Lumumba à Maputo tout en admirant, dans le même geste, les bâtiments en bordure de l’avenue et qui constituent la parfaite expression de l’Art Déco transplanté dans leur colonie par le Portugal. La cathédrale catholique est, quant à elle, l’indice même d’une acculturation religieuse qui n’a guère empêché l’émergence d’un syncrétisme culturel des plus marqués. Ainsi, à Maputo par exemple, Karl Marx, Mao Tse Tung, Lénine cohabitent avec Nyerere, Nkrumah, et d’autres prophètes de la libération noire. Si la révocation des signes coloniaux a bel et bien eu lieu, celle-ci a donc toujours été sélective.
Mais c’est dans l’ex-Congo Belge que l’enchâssement des formes coloniales et nationalistes a atteint le plus haut degré d’ambiguïté. Ici, le » nativisme » s’est substitué à la logique raciste tout en récupérant, au passage, les idiomes principaux du discours colonial et en les ordonnant à la même économie symbolique : celle de l’adoration mortifère du potentat mais cette fois, du potentat postcolonial. D’abord, sous prétexte d’authenticité, le pays a été affublé d’un nouveau nom, le Zaïre. Paradoxalement, les origines de ce nom sont à chercher, non dans quelque tradition ancestrale, mais de la présence portugaise dans la région.
Ensuite, pour pénétrer l’univers onirique de ses sujets afin de mieux les tourmenter, le potentat postcolonial a décidé qu’il devait, tout comme le Bula Matari (l’État colonial) qui l’avait précédé, être pétri et sculpté. Le culte laïc voué à l’autocrate n’a pas seulement pris la forme d’énormes statues, puissances grotesques dans un métal de cruauté. Il s’est aussi traduit par la mise en place de toute une économie émotionnelle, mélange de séduction et de terreur, modulant à volonté le viril et l’amorphe, le vrai et le faux, utilisant l’il et l’oreille à la manière d’orifices dont la fonction est d’ouvrir, de manière viscérale, le corps tout entier au discours d’un » pouvoir africain » lui aussi habité, comme le pouvoir colonial, par l’esprit-chien, l’esprit-porc et l’esprit-canaille.
Une autre configuration, mélange de créativité et d’inertie, est l’Afrique du Sud, pays sans doute le plus urbanisé du continent, et où a sévi, jusque très récemment, le dernier racisme d’État au monde, après la Seconde Guerre mondiale. Depuis la fin de la suprématie blanche en 1994, les noms officiels des rivières, des montagnes, des vallées, des bourgades et des grandes métropoles ont peu changé. Il en est de même des places publiques, des boulevards et des avenues. Aujourd’hui encore, l’on peut rejoindre son lieu de travail en remontant l’avenue Verwoerd (l’architecte de l’apartheid) pour rejoindre son bureau, aller dîner dans un restaurant situé le long du boulevard John Vorster, rouler le long de l’avenue Louis Botha, se rendre à la messe dans une église située à l’angle de deux rues portant, chacune, le nom de quelque lugubre personnage des années de fer du régime raciste. Montés sur de grands chevaux, l’armée sinistre et rougeoyante des Kruger, Cecil Rhodes, Lord Kitchener, Malan et autres dispose toujours de statues sur les grandes places des grandes villes. Des universités, voire de petites bourgades portent leurs noms. Sur l’une des collines de Pretoria, capitale du pays, trône toujours le Vortrekker Monument, sorte de cénotaphe aussi baroque que grandiose érigé à la gloire du tribalisme Boer et célébrant le mariage de la Bible et du racisme.
De fait, il n’y a pas un seul petit aventurier blanc, creuseur d’or ou de diamants, pirate, tortionnaire, chasseur, ex-préposé à l’administration bantoue, ex-régisseur de prison, qui ne dispose d’une ruelle en son nom dans l’une ou l’autre des nombreuses bourgades du pays. Tous ces esprits vraiment infâmes et fangeux, habitués de leur vivant à toujours pencher vers ce qui est bas et abject (le racisme), aujourd’hui traînent dans tout le pays et jonchent sa surface, tel des âmes errantes et des ombres décevantes que l’histoire a pourtant rejeté. Ils ont tous laissé des traces ici, tantôt sur les corps des Africains qu’ils ont visités de brûlures et de flagellations (un oeil arraché par-ci, une jambe cassée par-là, au gré des mutilations, des répressions, des incarcérations, des tortures et des massacres), tantôt dans la mémoire des veuves et des orphelins qui ont survécu à tant de violence et de brutalité.
La toponymie est telle qu’à se fier aux noms des villes et de nombreuses bourgades, l’on se croirait non en terre africaine, mais dans quelque contrée obscure de la Hollande, de l’Angleterre, du Pays de galles, de l’Écosse, de l’Irlande ou de l’Allemagne. Une partie des motifs architecturaux post-apartheid prolonge cette logique du dépaysement, comme l’indique bien la course à des modèles pseudo-toscans. Pis, de nombreux autres noms constituent, littéralement, autant d’insultes contre les habitants originaires du pays (Boesman-ceci, Hottentot-cela, et plus loin, Kaffir-et-consorts). La longue humiliation des Noirs et leur invisibilité sont encore écrites en lettres d’or sur toute la surface du territoire, voire dans certains musées.
Paradoxalement, le maintien de ces vieux repères coloniaux ne signifie pas absence de transformation du paysage symbolique sud-africain. En fait, ce maintien est allé de pair avec l’une des expériences contemporaines les plus frappantes de travail sur la mémoire et la réconciliation. De tous les pays africains, l’Afrique du Sud est en effet celui où la réflexion la plus systématique sur les rapports entre mémoire et oubli ; vérité, réconciliation avec le passé et réparation a été la plus poussée. L’idée, ici, est non pas de détruire nécessairement les monuments dont la fonction, autrefois, était de diminuer l’humanité des autres, mais d’assumer le passé comme une base pour créer un futur nouveau et différent.
Ceci suppose que les bourreaux qui, dans le passé, furent aveugles à la terrible souffrance qu’ils infligèrent à leurs victimes s’engagent aujourd’hui à dire la vérité au sujet de ce qui s’est passé – et donc à renoncer explicitement à la dissimulation, au refoulement ou au déni en contrepartie du pardon. D’autre part, ceci suppose de la part des » victimes » l’acceptation du fait que la réaffirmation de la puissance de la vie dans la culture et dans la pratique des institutions et du pouvoir est la meilleure manière de célébrer la victoire sur un passé d’injustice et de cruauté.
Tel est, au demeurant, le sens des processus de mémorialisation en cours. Ceux-ci se traduisent par l’ensevelissement approprié des ossements de ceux qui ont péri en luttant ; l’érection de stèles funéraires sur les lieux mêmes où ils sont tombés ; la consécration de rituels religieux trado-chrétiens destinés à » guérir » les survivants de la colère et du désir de vengeance ; la création de très nombreux musées (le Musée de l’Apartheid, le Hector Peterson Museum) et de parcs destinés à célébrer une commune humanité (Freedom Park) ; la floraison des arts (musique, fiction, biographies, poésie) ; la promotion de nouvelles formes architecturales (Constitution Hill) et, surtout, les efforts de traduction de l’une des constitutions les plus libérales au monde en acte de vie, dans le quotidien.
L’on aurait pu ajouter, aux figures qui précèdent, celle du Cameroun. Pris dans une commotion orgiaque depuis plus d’un quart de siècle, ce pays représente, pour sa part, l’anti-modèle de la relation d’une communauté avec ses trépassés et notamment ceux dont la mort est la conséquence directe des actes par lesquels ils s’efforçaient de changer l’histoire. Tel est, par exemple, le cas de Ruben Um Nyobè, Félix Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kingue, Osende Afana et plusieurs autres. C’est que, ici, la conscience du temps est le dernier souci de l’État, voire de la société elle-même. Pressés par les impératifs de survie et minés par la corruption et la vénalité, beaucoup, ici, ne voient pas que cette conscience du temps et de l’histoire constitue une caractéristique fondamentale de notre être-humain. Ils ne voient pas qu’un pays qui » s’en fout » de ses morts ne peut pas nourrir une politique de la vie. Il ne peut promouvoir qu’une vie mutilée une vie en sursis.
Penser et lutter
La mémoire de la colonisation n’a pas toujours été une mémoire heureuse. Mais, contrairement à une tradition très ancrée dans la conscience africaine de la victimisation, de l’uvre coloniale il n’y eut pas que destruction. La colonisation elle-même fut loin d’être une machine infernale. De toute évidence, elle fut partout travaillée par des lignes de fuite. Le régime colonial consacra la plupart de ses énergies tantôt à vouloir contrôler ces fuites, tantôt à les utiliser comme une dimension constitutive, voire décisive, de son autorégulation. On ne comprend rien à la manière dont le système colonial fut mis en place, comment il se désarticula, comment il fut partiellement détruit ou se métamorphosa en autre chose si l’on ne saisit point ces fuites comme la forme même que prit le conflit. C’est ce que comprirent, à leur époque, ceux que le potentat postcolonial a relégués au statut de » rebelles « , » morts en surplus de l’histoire » (Um Nyobè, Lumumba et bien d’autres) et privés, à ce titre, de sépulture digne de ce nom.
La question, aujourd’hui, est de savoir préciser les lieux depuis lesquels il est encore possible de penser et de lutter. Comme on le voit en Afrique du Sud, ceci commence par une méditation sur la manière de transformer en présence intérieure l’absence physique de ceux qui ont été perdus, rendus à la poussière par le soleil du langage. Il nous faut donc méditer sur cette absence et donner, ce faisant, toute sa force au thème du sépulcre, c’est-à-dire du supplément de vie nécessaire au relèvement des morts, au sein d’une culture neuve qui ne doit plus jamais oublier les vaincus.
À cause de notre situation actuelle, une très grande partie de cette lutte porte, de nécessité, sur la critique de l’ordre général des significations dominantes dans nos sociétés. Car, face au désoeuvrement, il est facile de disqualifier ceux qui s’acharnent à penser de manière critique les conditions de réalisation de l’existence africaine, sous le prétexte qu’il faut en priorité nourrir les affamés et soigner les malades. L’accouchement d’une nouvelle conscience dépendra en effet de notre capacité à produire chaque fois de nouvelles significations. Il faut donc reprendre, comme tâche centrale d’une pensée toujours ouverte sur l’avenir, la question des valeurs non mesurables, de la valeur absolue celle qui ne peut jamais être réduite à l’équivalent général qu’est l’argent ou la force pure.
Car ce que, paradoxalement, nous enseignent la colonisation et ses reliques, c’est que l’humanité de l’homme n’est pas donnée. Elle se crée. Et il ne faut rien céder sur la dénonciation de la domination et de l’injustice, surtout lorsque celle-ci est désormais perpétrée par soi-même à l’ère du fratricide, c’est-à-dire cette époque où le potentat postcolonial n’a rien à proposer d’autre que l’évidence nue d’une existence dénudée. L’enjeu symbolique et politique de la présence des statues et monuments coloniaux sur les places publiques africaines ne peut donc être sous-estimé.
Que faire, finalement ? Je propose que dans chaque pays africain, l’on procède immédiatement à une collecte aussi minutieuse que possible des statues et monuments coloniaux. Qu’on les rassemble tous dans un parc unique, qui servira en même temps de musée pour les générations à venir. Ce parc-musée panafricain servira de sépulture symbolique au colonialisme sur ce continent. Une fois cet ensevelissement effectué, qu’il ne nous soit plus jamais permis d’utiliser la colonisation comme prétexte de nos malheurs dans le présent. Dans la foulée, que l’on se promette de ne plus jamais ériger de statues à qui que ce soit. Et qu’au contraire, fleurissent partout bibliothèques, théâtres, ateliers culturels tout ce qui nourrira, dès à présent, la créativité culturelle de demain.
LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS VEUT INCITER LES MAIRES À DONNER AUX RUES DES NOMS DE SOLDATS AFRICAINS
Un livret rassemblant les parcours de cent combattants de la seconde guerre mondiale issus des colonies doit être remis mercredi à un groupe de parlementaires
Le Monde Afrique |
Pierre Lepidi |
Publication 30/06/2020
« La France a une part d’Afrique en elle. Notre gratitude doit être impérissable. Je lance un appel aux maires de France pour qu’ils fassent vivre par le nom de nos rues et de nos places la mémoire des combattants africains », avait annoncé Emmanuel Macron, le 15 août 2019 à Saint-Raphaël (Var), lors des commémorations du 75e anniversaire du débarquement de Provence.
Trois jours après le second tour des élections municipales, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées, doit remettre à un groupe de parlementaires, mercredi 1er juillet, un livret intitulé Aux combattants d’Afrique, la patrie reconnaissante. Cet ouvrage de 210 pages publié par le ministère des armées, que Le Monde Afrique s’est procuré, a pour but d’inciter les maires à rebaptiser des rues, des places ou des jardins publics du nom de combattants africains morts pour la France au cours de la seconde guerre mondiale.
« En mélangeant leur sang à notre terre, ils ont payé un lourd tribut au combat contre le nazisme », écrit dans la préface Mme Darrieussecq, qui remettra elle-même l’ouvrage, lors d’une cérémonie prévue à midi à l’hôtel de Brienne, aux députés de la commission défense nationale et aux sénateurs du groupe d’études anciens combattants : « Morts pour la France, morts pour notre idéal, ces combattants méritent la reconnaissance pleine et entière de la Nation. »
Publié dans le cadre d’une convention avec l’Association des maires de France, le livret rappelle que, dès août 1940, l’Afrique a envoyé des premiers contingents de soldats à la France libre du Général de Gaulle. En Afrique subsaharienne, plus de 70 000 hommes se sont engagés. Près de 400 000 autres venaient d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Qu’ils soient tirailleurs, goumiers, zouaves ou spahis, les Africains ont représenté plus de 80 % des effectifs qui ont débarqué en Europe. « Et pourtant, qui d’entre nous se souvient aujourd’hui de leurs noms, de leurs visages ? », s’interrogeait Emmanuel Macron à Saint-Raphaël.
Un destin souvent tragique
Les parcours militaires de 100 combattants africains morts pour la France sont retracés dans le livret. Ils ont été rédigés conjointement par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) et le Service historique de la défense (SHD). Julien Fargettas, historien et auteur de plusieurs ouvrages sur les tirailleurs, a également contribué à la rédaction de ces fiches biographiques qui permettent de montrer que derrière chaque nom, il y a un homme avec une histoire et un destin souvent tragique.