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26 septembre 2025
ANDRÉ BLAISE ESSAMA, LE CAMEROUNAIS QUI DÉ CAPITE LES STAUTES COLONIALES
Il a la réputation d'être un destructeur de statues dans la ville de Douala, sa cible principale étant le Général Philippe Leclerc, héros français de la Seconde Guerre mondiale
L'activiste camerounais André Blaise Essama s'est donné pour mission, depuis plusieurs décennies, de purger son pays de ses symboles de l'ère coloniale.
Il a la réputation d'être un destructeur de statues dans la ville de Douala, sa cible principale étant le Général Philippe Leclerc, héros français de la Seconde Guerre mondiale.
"J'ai décapité la tête de Leclerc sept fois et renversé la statue au moins 20 fois", a déclaré M. Essama à la BBC.
"J'utilise mes mains nues... mais je fais d'abord une incantation aux ancêtres", a-t-il dit.
Son but est de les remplacer par des héros camerounais et d'autres héros africains, mais il fera une exception pour ceux qui ont fait campagne pour "le bien de l'humanité".
Il tient particulièrement à ériger une statue de Diana, la défunte princesse de Galles.
"Diana était contre le racisme et elle défendait l'humanité. Nous l'avons aimée ici au Cameroun", a déclaré M. Essama.
André Blaise Essama a également pris pour cible une statue de Gustav Nachtigal, qui est arrivé au Cameroun en 1884 pour établir un empire allemand.
Pendant la première guerre mondiale, les troupes britanniques et françaises ont forcé les Allemands à partir, puis se sont divisé le territoire occupé par les Allemands.
Sept têtes restaurées
Les autorités considèrent ses activités comme du vandalisme, arguant du fait que les héros africains peuvent être célébrés sans pour autant supprimer les symboles coloniaux.
M. Essama a été emprisonné à plusieurs reprises pour avoir décapité la tête du général Leclerc - parfois pour une durée allant jusqu'à six mois.
Il a parfois évité une peine de prison en payant des amendes, l'argent étant principalement collecté par ses partisans au Cameroun et dans la diaspora.
Chaque fois qu'il a endommagé la statue du général Leclerc sur la place principale de Douala, les autorités l'ont restaurée.
Une main sur la hanche, l'autre tenant une canne, le héros français se tient sur un socle devant un relief de pierre incurvé représentant l'arsenal militaire français de la Seconde Guerre mondiale, y compris les chars et les avions.
Il a été érigé par les colonisateurs français en 1948, bien avant que le Cameroun ne devienne indépendant en 1960.
Vu comme un dieu en France
Le Général Leclerc est célébré pour son rôle dans le ralliement des troupes dans les années 1940 dans les colonies françaises de l'époque pour combattre l'occupation allemande de la France.
"Leclerc est le grand héros qui a aidé à libérer la France... c'est pourquoi les Français le considèrent comme un dieu", a déclaré à la BBC Robert Gildea, professeur d'histoire à l'université d'Oxford au Royaume-Uni.
Mais il était impopulaire au Cameroun, a déclaré le professeur Valère Epee, un universitaire camerounais à la retraite.
Boppu Thior, située non loin de Saint-Louis, souffre d’un manque criant du liquide précieux. Une situation consécutive à l’absence de volonté notoire des pouvoirs publics, à laquelle s’ajoutent d’autres facteurs d’ordre environnemental et humain
Nichée à 2 km de la ville de Saint-Louis, au fond du petit bras du fleuve Sénégal, l’île de Boppu Thior attire par sa beauté. Une vue panoramique, à la descente de pirogue, sur sa rive, permet d’apercevoir de belles mangroves, d’imposants palmiers et des cocotiers. Une dizaine de minutes de pirogue permet de la rallier à partir de Saint-Louis. Le charme et la beauté de cette bande de terre aux géants cocotiers attirent les visiteurs.
En cette matinée de février 2020, le climat est assez doux et clément. L’atmosphère agréable. Il est midi passé. Les premières pirogues, ramenant les ménagères parties dès l’aube à Saint-Louis pour s’approvisionner en denrées pour les repas de la journée, commencent à accoster sur la rive. L’ambiance est assez calme. L’air paradisiaque, l’île est pleine de paradoxes. Sa beauté et son doux climat contrastent avec les souffrances de sa population qui manque de tout.
Perdue au fond du fleuve, Boppu Thior est difficile d’accès. La pirogue est le seul moyen de transport pour s’y rendre. Cependant, il n’existe pas de pirogue ou de chaloupe dédiées exclusivement au transport pour rallier l’île ou le continent. Les insulaires, tous des pêcheurs, utilisent leur outil de travail (les pirogues) pour leurs déplacements. Et quand un étranger veut s’y rendre, il lui faut avoir une connaissance dans l’île pour son transport.
Ainsi, en cette matinée, pour rejoindre Boppu Thior, l’on a eu un vrai coup de chance de rencontrer des insulaires venues s’approvisionner en denrées au marché à légumes de Saint-Louis, sur la rive du fleuve, non loin du fameux pont Faidherbe, prêtes à embarquer pour rentrer.
L’air méfiant, les ménagères nous demandent de contacter d’abord par téléphone le chef du village de l’île, Cheikh Tidiane Ndiaye, pour l’informer de l’objet de la visite. Son accord nous permet d’embarquer. Ce manque de moyen de transport dédié a complètement isolé l’îlot.
En effet, à Saint-Louis, beaucoup ne connaissent Boppu Thior que de nom. Peu savent où se trouvent exactement l’île, bien qu’elle soit un peu visible à partir du pont Faidherbe. Ses géants cocotiers et denses mangroves cachent ses imposantes bâtisses modernes.
Située au fond du fleuve Sénégal, l’île manque paradoxalement d’eau douce. Boppu Thior est d’ailleurs devenu tristement célèbre à cause de la soif de sa population. Ici, l’eau potable est un luxe inaccessible. La localité ne dispose pas d’un seul forage, malgré les appels au secours incessants des populations. Pour s’abreuver de cette source de vie, elles s’alimentent à Goxu Mbacc, en transportant des bidons à bord des pirogues. L’eau du fleuve, jadis douce, est devenue trop salée et impropre à la consommation, depuis l’installation du barrage de Diama. ‘’Notre paradoxe est qu’on vit dans une île, mais on a soif. On est entouré d’eau qu’on ne peut pas utiliser. On s’alimente à partir de Saint-Louis. Que ce soit pour le ménage, l’alimentation ou l’élevage, l’eau utilisée vient de la terre ferme, au quartier de Goxu Mbacc. Le bidon de 20 l d’eau nous revient à 250 F. Certaines familles dépensent plus de 200 bidons par mois. Rien que pour l’eau, ces familles déboursent plus de 12 000 F par mois’’, regrette Ibrahima Diop, étudiant en Master 2 en sociologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) habitant de Boppu Thior.
Pour ravitailler l’île en eau potable, la mairie de Gandon dont elle fait partie administrativement a installé un robinet pour les insulaires au quartier de Goxu Mbacc, en face, sur l’autre rive de Ndar Toute. Toutefois, le transport de l’eau aussi pose d’énormes problèmes d’insécurité. ‘’Pour transporter les bidons d’eau vers l’île, il faut tenir compte des conditions météorologiques. Les embarcations avec des bidons d’eau ne peuvent se faire qu’au moment des marées hautes. En marée basse, certains endroits du fleuve sont creux et avec les charges lourdes des pirogues, on peut heurter le sable et cela peut renverser la pirogue. C’est pourquoi il faut beaucoup d’expérience et de prudence pour faire le trajet avec des pirogues chargées de bidons d’eau’’, renseigne ce pêcheur qui fait le trajet quotidiennement pour ravitailler sa famille en eau potable.
Aux yeux des populations, tout ceci s’explique par le manque de volonté des autorités pour désenclaver l’ile de Boppu Thior. Située à un jet de pierre du quartier de Goxu Mbacc, le raccordement à l’eau potable ne devrait pas, estiment-elles, poser de problème. ‘’Nous sommes à moins de 2 km de Saint-Louis. Donc, raccorder l’île en eau potable ne devrait pas être difficile. Certains quartiers de l’ile de Saint-Louis, à savoir Guet-Ndar, Santhiaba ou Goxu Mbacc sont alimentés à partir de Sor. Or, la distance entre le marché de Ndar Toute et Boppu Thior est plus proche que celle entre Sor et ces quartiers. A défaut de nous brancher à partir de Saint-Louis, on peut aussi envisager des techniques de dessalement de l’eau, parce qu’on est entouré d’eau, mais on ne peut pas l’utiliser à cause du sel’’, réclame l’étudiant.
Le barrage de Diama et la brèche accentuent le problème
Autrefois ilot de bonheur et de beauté, Boppu Thior souffre amèrement, du fait de son délaissement et de l’oubli des autorités. Pire, l’île est devenue le réceptacle des impacts néfastes de certaines infrastructures érigées pour la revalorisation des activités de pêche et d’agriculture au bord de la vallée du fleuve. Erigé pour freiner la remontée des eaux salées et permettre l’irrigation des champs de la vallée, le barrage de Diama a accentué la remontée de l’eau salée à Boppu Thior. L’infrastructure a, collatéralement, tué toute la vitalité de l’île. Avant la construction du barrage, dit-on, l’eau était douce à Boppu Thior. Mieux, les populations arrivaient à faire de l’agriculture et de l’élevage dans les terres fertiles de l’île. Mais depuis la mise en marche de l’ouvrage, les eaux sont devenues de plus en plus salées, surtout en saison sèche. La fermeture du barrage pour freiner la remontée de l’eau de mer salée vers la vallée en est la principale cause. Ce qui fait que 9 sur les 12 mois de l’année, les insulaires étaient obligés de se ravitailler en eau à Saint-Louis pour tous leurs besoins, y compris pour l’élevage. Quant aux constructions de maisons sur l’ile, elles se faisaient pendant l’hivernage, au moment où l’eau du fleuve est douce sur les rives de Boppu Thior.
La construction de la brèche de la Langue de Barbarie à empirer le problème. Depuis son érection, l’eau du fleuve est salée toute l’année sur les rives de Boppu Thior. Construite pour freiner les accidents de pirogues qui heurtaient la bande de sable mobile de l’embouchure de la Langue de Barbarie, la brèche à renforcer la salinité de l’eau au niveau de l’île. Les quelques mois de l’année où l’eau du fleuve était douce, grâce à l’ouverture du barrage en période d’hivernage et qui constituait une période de soulagement pour les insulaires, sont devenus un calvaire, à cause de la brèche devenue un problème.
Peuplée majoritairement de pêcheurs, l’île avait accueilli avec enthousiasme la construction de la brèche, présentée alors comme unique solution pour mettre fin aux chavirements de pirogues sur l’embouchure de la Langue de Barbarie. Malheureusement, l’ouvrage n’a non seulement pas réduit les accidents de marins, pire, elle a rendu la vie plus dure à Boppu Thior. ‘’Le malheur est qu’il n’y a aucun espoir. Pour l’instant, il n’y a aucun projet pour trouver une solution face au problème que rencontrent les habitants de Boppu Thior. Il n’y a que des promesses non tenues, pour ne pas dire des paroles en l’air. Et pourtant, toutes les personnalités politiques de la région sont au courant de la situation, que ce soit au niveau régional ou communal, du pouvoir comme de l’opposition. Chaque année, à chaque élection, ce sont les mêmes doléances, les mêmes promesses. Mais jamais de solution’’, regrette M. Diop.
Tout est souffrance à Boppu Thior
Outre le problème d’accès à l’eau potable, l’ile de Boppu Thior manque d’infrastructures. Complément coupée du monde, cette île, belle, mais triste et déprimée, vit sans électricité, ni infrastructures sanitaires, malgré sa proximité avec la ville de Saint-Louis. L’unique structure sanitaire qu’elle compte, à savoir la case de santé offerte en 2003 par l’ONG Plan International, a fini par fermer ses portes, à cause du manque d’eau et d’électricité. Pour mettre au monde, les femmes de l’île vont à l’hôpital de Saint-Louis ou au poste de santé de Goxu Mbacc.
Assise dans son salon en train de tricoter un drap, Mme Boulou Fall maitrise comme le bout de ses doigts les maux dont souffre sa localité. A ses yeux, tout est urgence à Boppu Thior. Née et grandie à Boppu Thior, la cinquantaine révolue, elle reste pessimisme quant à l’évolution de la situation de l’ile. Boulou Fall ne veut pas se faire d’illusions. Pour elle, la fin du calvaire n’est pas pour demain. Actrice de développement et très engagée dans le village, l’insulaire a été maintes fois déçue par des promesses d’autorités jamais tenues. Elle garde beaucoup d’anecdotes des difficultés, surtout liées au problème d’accès à l’eau qu’elle a vécues dans l’ile. Madame Fall se souvient : ‘’Une de mes filles a accouché ici au milieu de mon salon, en pleine nuit. Je n’avais pas d’eau pour la nettoyer. Ce sont les voisins qui m’ont donné un bidon pour faire le nécessaire. Pire, après l’accouchement, elle a eu des complications avec le bébé et on était obligé de l’évacuer au dispensaire de Goccu Mbac en pleine nuit. Ce jour-là, le climat était défavorable. On a ainsi bravé le vent et la fraicheur du fleuve qui sévissaient pour sauver ma fille et son enfant.’’
En tant qu’actrice de développement et femme engagée, elle indique avoir crié partout au secours pour trouver solution. Mais en vain. ‘’On a tout fait. On a parlé aux médias. Ndar Info a fait des reportages ; Bessel Basse est aussi venue ici pour son émission ‘Horaire Bi’, mais jusqu’à présent, rien. Toutes les autorités sont au courant. Mais il n’y a toujours pas de solution. On se remet maintenant à Dieu avec des prières pour s’en sortir. Tous les jeunes ont migré pour aller à Nouadhibou ou dans les autres quais de pêche. Il ne reste ici que les vieux’’, regrette-t-elle.
La seule infrastructure fonctionnelle à Boppu Thior est l’école. Et elle est faite de deux salles de classe qui menacent de céder. Le reste est fait d’abris provisoires. Pas de mur de clôture, encore moins de toilettes. ‘’Les parents d’élèves vivent dans une angoisse infernale. L’école est dans un état de délabrement avancé. A tout moment, les salles de classe peuvent s’écrouler sur les élèves. En plus, il n’y a ni eau ni électricité. Il n’y a pas aussi de toilettes. Pour faire leurs besoins, les enfants sont obligés de revenir au village’’, renseigne Mme Fall, la présidente de l’association des parents d’élèves de l’ile.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 1 JUILLET
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 1er juillet 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, en visioconférence, le mercredi 1er juillet 2020, à 10 heures.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Gorgui CISS, Professeur titulaire des Universités, est nommé Président du Conseil d'administration de la Société d'Aménagement foncier et de Rénovation urbaine (SAFRU) SA.
Monsieur Maissa Mahécor DIOUF, titulaire d'un Master en gestion de la mobilité des transports et de la logistique, est nommé Directeur général de la Société d'Aménagement foncier et de Rénovation urbaine (SAFRU) SA."
LE MARCHÉ DE GUEULE TAPÉE DÉMOLI
Le marché historique doit faire place à un centre commercial de dernière génération
Le marché historique de Gueule-Tapée a été complètement démoli mardi, en vue de sa modernisation par la construction d’un centre commercial de dernière génération, a constaté l’APS.
Les opérations de démolition se sont déroulées en présence d’une équipe municipale de la commune de Fass-Gueule Tapée-Colobane, sous la supervision du préfet de Dakar et d’une centaine d’éléments de la police nationale.
Construit sur une superficie de 5000 m2, ce marché était en état de ruine avancée. L’équipe municipale de la commune de Fass-Gueule Tapée-Colobane avait entamé les travaux de démolition depuis neuf mois.
Cette lenteur s’explique par le refus des occupants du bloc C de libérer les lieux malgré les sommations des autorités locales et étatiques. Ces commerçants qui réclamaient une indemnisation, ont été finalement déguerpis de force.
"Sur près de mille commerçants, ils n’étaient que trente à vouloir être indemnisés, alors qu’ils ont été par faveur, exonérés pendant un an, de taxes, d’impôts et de location", a fait savoir le premier adjoint au maire de la commune de Fass-Gueule Tapéee- Colobane, Babacar Diop.
Selon lui, si cette opération de démolition a pris autant de temps, c’est parce qu’il s’agit du premier marché en activité à être complétement détruit.
Tous les anciens occupants du marché, y compris les tabliers, ont été relogés dans des cantines en tôle, selon Babacar Diop, assurant que ces derniers seraient prioritaires, une fois les travaux du centre commercial achevé.
"Concrètement, tous les commerçants qui étaient sortis, au nombre de 980, ont été relogés (...). Et sur le futur centre commercial, nous avons prévu de redonner à chaque commerçant qui justifie de son titre de propriété, un emplacement’’, a pour sa part soutenu la directrice commerciale de la société en charge des constructions, Salimata Dieng Ba.
Les commerçants devront juste se présenter afin qu’ils soient identifiés sur les listes dressées par la ville de Dakar et par la mairie de Fass-Gueule Tapée-Colobane pour que le contrat leur garantissant d’être relogés sur le futur site, soit dressé, sans aucune contrepartie financière, a-t-elle dit.
Mme Ba a par ailleurs assuré que les travaux de ce centre commercial de quatre à cinq étages vont durer au maximum douze mois. Il va abriter, en plus des cantines, une piscine municipale, un terrain de football moderne, des restaurants et des aires de jeux, entre autres, selon elle.
L'ÉTAT ANNONCE UN RECRUTEMENT MASSIF DU PERSONNEL SANTÉ
500 médecins et 1000 agents professionnels de la santé (infirmiers, infirmières, sages-femmes, personnels de soutien) doivent être recrutés pour la période 2020-2021 au titre afin de renforcer la lutte anti COVID-19 - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 1er huillet 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, en visioconférence, le mercredi 1er juillet 2020, à 10 heures.
Le Chef de l'État a, à l'entame de sa communication, présenté les condoléances les plus attristées de la Nation à la Oumma Islamique, suite au rappel à Dieu de Serigne Pape Malick SY, Porte-Parole du Khalife général des Tidianes, de Cheikh Ahmed Tidiane SECK, Khalife général de Thiénaba, et de la fille aînée de El Hadj Ibrahima Niasse, Sokhna Fatouma Zahra Niasse.
Le Président de la République a ensuite évoqué sa décision de lever, le 30 juin 2020 à 23 heures, l'état d'urgence et le couvre-feu y afférent.
Le Chef de l'État a, dès lors, demandé aux membres du Gouvernement de se mettre à la disposition de l'Assemblée nationale afin de donner toutes les informations relatives, notamment, à la mise en œuvre du Programme de Résilience économique et sociale, à travers l'exécution du Fonds "FORCE COVID-19" doté de 1.000 milliards FCFA.
Le Président de la République, au titre du renforcement de la vigilance dans la lutte anti COVID-19, a invité le Gouvernement à consolider, dans la solidarité, les capacités de riposte et de résilience du système public de santé. Il a, à cet effet, demandé aux ministres en charge de la Fonction publique, de la Santé et du Budget de mettre en œuvre, sans délai, sa décision de faire recruter, par l'État, sur la période 2020-2021, cinq cent (500) médecins et mille (1000) agents professionnels de la santé (infirmiers et infirmières, sages-femmes et personnels de soutien). Ces recrutements exceptionnels, seront renforcés, à très court terme, par l'exécution du Plan quinquennal (2020-2024) d'investissement et de modernisation du secteur de la santé et de l'action sociale.
Le Chef de l'État, abordant le contexte global de sortie de l'état d'urgence, a informé les ministres qu'il n'y aura pas de vacances gouvernementales en 2020. Il a demandé aux ministres de prendre toutes les dispositions idoines pour le fonctionnement adéquat des services de l'État et un retour rapide à la vie économique et sociale normale, dans la sécurité sanitaire.
Le Président de la République a, à ce sujet, insisté sur l'impératif de veiller au port systématique et correct du masque, ainsi qu'au respect strict des gestes barrières, des consignes de distanciation physique et de la fermeture de certains lieux recevant du public, notamment les lieux de loisirs à huis clos. Il a, en outre, indiqué l'importance d'une bonne préparation de la réouverture des frontières aériennes à partir du 15 juillet 2020.
Le Président de la République a, par ailleurs, rappelé l'impératif pour la Nation, d'engager, à partir de ce jour, 1er juillet 2020, "Un Semestre intense de Travail" pour stabiliser et relancer l'activité économique, la croissance et l'emploi dans le contexte du post COVID-19.
Le Chef de l'État a, dans ce sens, exhorté le Gouvernement à asseoir, avec le soutien de toutes les forces vives de la Nation, le renforcement de nos capacités productives ainsi que la consolidation du caractère endogène, inclusif et équitable de la croissance économique grâce à une valorisation plus soutenue du contenu local et l'ancrage durable d'une "culture du produire et consommer sénégalais".
Le Président de la République a, au titre de l'accès universel à l'électricité, requis la mise en œuvre diligente du programme des 50.000 lampadaires solaires en cours d'installation dans toutes les communes du Sénégal, en veillant à l'équipement prioritaire des structures et espaces publics.
Le Chef de l'État, revenant sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, a demandé au Ministre des Infrastructures de faire prendre toutes les dispositions en vue de finaliser, dans les délais, les grands travaux d'infrastructures en cours de réalisation. Il a, de surcroît, insisté sur la priorité absolue qu'il accorde aux conditions de travail et à la protection sociale des acteurs des transports routiers.
Le Chef de l'État a clos sa communication en rappelant au Gouvernement, l'urgence d'intensifier les mises en place des crédits de campagne et d'équipement à allouer aux producteurs agricoles, de même que la nécessité de veiller à l'entrée en vigueur effective, dans toutes les localités du pays, des mesures présidentielles visant la facilitation de l'approvisionnement optimal du Sénégal en moutons, en perspective de la célébration prochaine de la Tabaski.
Au titre des Communications,
Le Ministre d'État, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le suivi des directives présidentielles, notamment sur la prévention des inondations ;
Le Ministre des Finances et du Budget a fait a fait le point sur l'état d'exécution budgétaire ;
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a fait une communication sur la situation internationale et l'assistance aux compatriotes dans le cadre de la pandémie de la COVID-19 ;
Le Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le financement durable du Système statistique national ;
Le Ministre de la Santé et de l'Action sociale a fait le point sur la pandémie de la COVID-19 ;
Le Ministre de l'Agriculture et de l'Equipement rural a fait le point sur la pluviométrie, la mise en place des intrants agricoles et la réception des tracteurs du PACERSEN ;
Le Ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l'Aménagement des Territoires a fait une communication sur la relance des Centres d'appui au Développement local (CADL) ;
Le Ministre, en charge du suivi du Plan Sénégal émergent a fait une communication sur la mise en œuvre des projets et réformes du PSE.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
Le Projet de décret portant création du Comité national du CODEX ALIMENTARIUS et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement.é
DAKAR MEURT DE SOIF
Plusieurs quartiers de la capitale font face à des pénuries d’eau courante. Une situation qui hérisse les habitants en ces temps de coronavirus et de fortes chaleurs
Des pompes à eau traditionnelles sont installées au pied des immeubles par les propriétaires du quartier populaire Yeumbeul, dans la lointaine banlieue de Dakar. Une dizaine de fois par jour, Mimouna Fall vient y remplir ses bassines et bidons pour pouvoir faire le ménage, laver le linge ou cuisiner. « Mais je ne peux pas boire cette eau qui n’est pas potable. J’attends la nuit pour espérer avoir de l’eau qui coule du robinet », explique la mère de famille avant de repartir, sa bassine sur la tête, à travers les rues ensablées.
Dans ce quartier, l’eau n’a jamais coulé à flot. Mais, depuis quelques semaines, la situation a empiré. « Avant, on avait de l’eau à partir de 20 heures. Maintenant, on doit attendre 1 ou 2 heures du matin. Regardez mes cernes, je mets un réveil en pleine nuit pour remplir quatre bidons de 10 litres. Cela me prend deux heures tellement la pression est basse », explique Papa Mbodj, un habitant du même quartier.
Il montre d’un geste dépité les récipients recyclés entassés sous son lavabo, qui lui servent pour sa toilette matinale avant de partir au travail. L’agacement se joint à la lassitude chez ce jeune père d’un enfant de 9 mois. « Comment faire en pleine crise de coronavirus pour se laver les mains, alors que les chaleurs arrivent ?, s’interroge-t-il. L’eau est une source vitale, c’est un besoin primaire auquel nous avons droit. »
A Dakar, les pénuries d’eau sont fréquentes depuis plusieurs années, touchant des milliers de ménages. Ces derniers temps, des photos de femmes avec des récipients de toutes tailles à bout de bras et barrant les artères de la capitale en guise de protestation, dans les quartiers dakarois de Rufisque, Parcelles assainies ou Ouakam, ont fait le tour des réseaux sociaux.
« Faire face au manque de pression »
La situation a aussi un impact économique pour Aly Kan, agent immobilier à Comico Yeumbel. « Je dois investir moi-même 500 000 francs CFA [quelque 760 euros] dans des surpresseurs d’eau pour faire face au manque de pression. Une somme énorme alors que le manque d’eau fait baisser les prix de la location », explique le jeune homme. Ce dernier espère toujours un « miracle » : voir un jour l’eau couler au premier étage de ses immeubles.
Le musicien, militant écologiste et ancien député, décédé mercredi à l’âge de 77 ans, faisait partie des monstres sacrés des arts sénégalais, surtout dans les années 80 et 90. Son expertise lui a valu aussi une renommée internationale
La simple évocation du nom d’Ousmane Sow Huchard fait souvent penser à l’écologie. Le musicien, militant écologiste et ancien député, décédé mercredi à l’âge de 77 ans, faisait partie des monstres sacrés des arts sénégalais, surtout dans les années 80 et 90. Son expertise lui a valu aussi une renommée internationale.
Il portait la casquette d’un homme politique en s’affichant comme l’un des porte-étendards des questions écologiques, dans les milieux politiques sénégalais. Candidat du Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES-Les Verts), aux élections législatives du 3 juin 2007, il avait été élu député de Ziguinchor (sud), sa ville natale.
Surnommé Soleya Mama (Le soleil de sa mère), il s’est battu pour faire de l’environnement une question centrale dans le débat politique. Même s’il n’est pas une formation pionnière dans ce domaine, le RES-Les Verts, qu’il a longtemps dirigé, a résolument mené la lutte contre la dégradation de la biodiversité.
Né le 5 décembre 1942, Ousmane Sow Huchard, anthropologue, muséologue, musicologue, critique d’art, conservateur de musée et consultant international, a d’abord reçu une formation technique en électricité avant d’entamer des études universitaires sur l’anthropologie, la musique et la muséologie, au Canada. Il était titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’archéologie classique de l’Université Laval, en 1978, et d’un master en anthropologie (option muséologie) de l’Université de Montréal, en 1980. Il sera titulaire, cinq ans plus tard, d’un doctorat d’anthropologie sociale et culturelle de l’Université de Laval, où il enseigne la muséologie à partir de 1981.
A son retour au Sénégal, il est nommé successivement conservateur en chef du Musée dynamique (1983-1988), conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture (1986-1988), commissaire aux expositions d’art à l’étranger du Sénégal (1989-1990), président du conseil scientifique de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art), pendant six ans (1993-1999).
Auteur-compositeur, père de huit enfants, Ousmane Sow Huchard a été administrateur général adjoint de la Fondation Youssou-N’Dour. Sur le plan musical, il s’est illustré comme membre fondateur, en 1964, du Dakar Université Sextet, l’orchestre universitaire de Dakar. Il rejoint ensuite le Merry Makers, un groupe musical spécialisé dans l’interprétation des variétés africaines, françaises, et du rhythm and blues ou R&B.
A la suite de la scission de ce groupe, il crée le Waato Sita (il est temps, en mandingue), avec des collaborateurs, en 1970. C’est un groupe de recherches musicales implanté au centre culturel Blaise- Senghor, à Dakar. La spécificité du Waato Sita était d’allier des instruments occidentaux à des instruments africains, dont la kora mandingue, le tam-tam wolof, le ‘’bugeer’’ diola, le balafon balante et le ‘’bassé bolong’’ peul.
Ousmane Sow Huchard a été directeur du cabinet d’ingénierie culturelle ‘’Arts, actions’’, spécialisé dans le conseil, la réalisation et la production, dans les domaines de la muséologie générale, de la décoration artistique, du management d’artistes et d’artisans, etc. Quatre ‘’solidarités fondamentales’’
Pétri d’idées écologistes, il est entré en politique en 1999, en créant avec d’autres militants le Rassemblement des écologistes du Sénégal-Les Verts, dont il devient le porte-parole. Un parti politique qu’il conduit aux élections législatives de 2001, sans obtenir de siège à l’Assemblée nationale.
Le parti écologiste fonde son idéologie sur quatre ‘’solidarités fondamentales’’ : la solidarité avec les animaux, la nature et le système écologique, la solidarité avec les générations futures, la solidarité avec tous les peuples du monde, et solidarité avec tous les Sénégalais. Ces derniers vivent sous la menace de la précarité, de la pauvreté et de l’exclusion, disait Ousmane Sow Huchard à l’APS en 2007.
Cinq ans auparavant, sous sa direction, les écologistes remportent une cinquantaine de sièges aux élections locales (les conseils ruraux et régionaux, aujourd’hui dissous, et les mairies), dans plusieurs collectivités, notamment dans les îles de Gorée et de Ngor, situées près de Dakar.
En 2004, le RES-Les Verts est secoué par une crise. Ousmane Sow Huchard, accusé d’usurpation de fonctions par certains responsables, est suspendu, puis exclu des instances du parti. Ne l’entendant pas de cette oreille, il prend à son tour des sanctions contre neuf membres qu’il considère comme des dissidents, dont Haïdar El Ali, écologiste de renom, nommé ministre de l’Environnement huit ans plus tard. Ils sont exclus pour absentéisme chronique aux réunions, laxisme et refus de versement des cotisations mensuelles.
Le différend est porté devant le tribunal Hors Classe de Dakar, où Ousmane Sow Huchard est traduit par une citation directe pour usurpation de fonctions et d’autres accusations. Mais la requête des plaignants est jugée irrecevable.
Très impliqué dans le mouvement associatif, il est membre de plusieurs associations professionnelles nationales et internationales : l’Association des chercheurs sénégalais, le Conseil international des musées de l’Unesco, l’Association internationale des critiques d’art, l’Association des métiers de la musique du Sénégal. Il a dirigé l’Association pour la promotion de la musique africaine traditionnelle.
Ousmane Sow Huchard a obtenu plusieurs distinctions : Chevalier de l’Ordre national du lion (Sénégal) et Chevalier de l’ordre des arts et lettres (France et Sénégal).
Il est également auteur de nombreux essais, dont ‘’La Kora : objet témoin de la civilisation mandingue’’ (Presses universitaires de Dakar). L’auteur-compositeur sénégalais revendiquait la composition de l’hymne de l’ex-Organisation de l’unité africaine. Un hymne utilisé pendant dix ans par le Conseil supérieur du sport africain. Les hymnes ‘’Jeunesse sans frontières’’ et de la Semaine nationale de la jeunesse étaient de lui, a-t-il dit à l’APS.
A l’Assemblée nationale, où il a siégé durant la législature 2007-2012, Ousmane Sow Huchard disait vouloir prêter ‘’une oreille plus attentive [aux] compatriotes paysans, ouvriers, créateurs, artistes, artisans, inventeurs, chercheurs et femmes au foyer’’.
par Scandre Hachem
À PROPOS DE LA CAMPAGNE ANTI-LIBANAIS EN COURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces voix, ces plumes qui prétendent défendre l'intérêt national sénégalais s'expriment en réalité dans une même logique que les suprématistes blancs aux États-Unis et autres mouvements identitaires européens
Depuis des décennies, la communauté d'origine libanaise au Sénégal est l'objet de campagnes de rejets et/ou de séductions discrètes, à l'occasion de faits particuliers mis en exergue selon les besoins, avouables ou non.
Cette pratique existe depuis la période coloniale, initiée par le colon lui-même pourtant "importateur" des libanais (pas toujours consentants, faut-il le préciser) pour servir de tampon entre le colonisateur (bien à l'abri dans ses bureaux ou ses casernes) et la population autochtone. On retrouve ainsi les libanais dans les villages, les bourgades et les petites villes, pratiquant le commerce dans sa plus simple expression jusqu'aux transactions qui deviendront progressivement plus élaborées avec le temps, jouant le rôle d'acheteurs directs de la production arachidière ou de la gomme arabique et de vendeurs de tissus et autres objets de consommation courants et agréables au palais pour citer ces exemples saillants.
Le libanais, au cœur de la circulation monétaire, finit par être représenté comme nécessairement riche, objet potentiel de sentiments contradictoires et bouc émissaire lors de situations de crise ou pour autre raison totalement étrangère à quelque difficulté économique que ce soit. Il est à noter que c'est la fonction des minorités dans toutes les sociétés, et on en voit les flambées régulièrement dans le monde, à des degrés plus ou moins feutrés jusqu'aux plus dramatiques.
Au Sénégal, les premières campagnes anti libanaises ont été initiées lorsque le Liban a demandé son indépendance. Par peur de la contagion avec les prémisses d'un mouvement potentiellement similaire au Sénégal, et pour prévenir toute propagation de principes d'indépendance parmi la population autochtone de la part de membres de la communauté libanaise qu'elle côtoie au quotidien, une campagne insidieuse dans un but de méfiance et d'intimidation fût pratiquée à son égard par le colon lui-même.
Ce genre de campagnes n'a cessé d'être rythmé assez régulièrement, même si la reconnaissance de la communauté libanaise en tant que partie intégrante de la communauté nationale fait son petit bonhomme de chemin.
La nouvelle campagne en cours
Depuis quelques années cependant, sous la férule de l'État d'Israël, aujourd'hui épaulé par l'impérialisme américain, cohortes évangéliques sionistes comprises d'une part et catholiques traditionalistes issues de la vieille France d'autre part, la communauté libanaise est l'objet d'un travail de sape et d'attaques en sourdine visant à la déstabiliser pour, à travers ce mécanisme, mener la guerre contre le Hezbollah, objet de toutes les obsessions israélo-américaines.
Et pour cause. Le Liban, tout petit pays, est le seul à avoir bouté de son territoire la soldatesque israélienne après dix-huit ans de résistance acharnée organisée dans le Hezbollah. Pire, il a réussi, avec ce même mouvement de résistance, à faire face et à résister à un déluge de feu par air, mer et invasion terrestre de l'État d'Israël puissamment soutenu par les États-Unis en 2006, enrayant toute nouvelle velléité d'occuper de nouveau le Liban, voire de l'intimider tout simplement.
Ne pouvant réduire le Hezbollah ni soumettre le Liban de façon frontale, il reste à l'État d'Israël, et à sa botte les États-Unis, d'utiliser leur toute puissance dans les services financiers, les systèmes numériques de surveillance et de sécurité, les contraintes économiques, politiques et militaires pour isoler le Hezbollah, pour organiser le sabotage de l'économie libanaise d'une part, réduire ses sources de soutien à l'extérieur du Liban, quelles qu'en soient leurs formes, en l'accusant d'être une organisation terroriste, lui attribuer ce statut et œuvrer à y entraîner d'autres nations, organismes et individus bien ciblés d'autre part. Différents moyens sont élaborés et mis en place progressivement, avec la complicité active de pays arabes du Golfe : lobbying intensif, chantages et pressions de différentes natures, achats de conscience et corruptions à différents niveaux...
Cette toile d'araignée autour du Hezbollah ne cesse de s'élargir et se diversifier.
Ainsi, le moyen en vogue depuis quelques années est inspiré de la torture qui est exercée sur des proches lorsque celle-ci s'est avérée inefficace sur la personne directement visée.
Car l'État d'Israël dispose d'un champ d'expérimentation unique au monde aujourd'hui, bien plus performant que celui utilisé par les nazis contre les juifs. Jouissant en effet de l'aval et la protection de la première puissance mondiale et des puissances occidentales, il peut ainsi expérimenter ses armes et ses systèmes de sécurité sur tout un peuple cobaye, en faire la démonstration grandeur nature aux acheteurs intéressés. Grâce à quoi, il peut tisser sa toile dans tous les pays qu'il vise, y compris en Afrique, y compris dans les pays où existe une communauté libanaise, notamment chiite, ce qui est le cas en particulier en Afrique occidentale, y compris au Sénégal où sa toile d'araignée est devenue bien consistante pour, régulièrement, mener des campagnes de déstabilisation et de rejet de la communauté libanaise. Car voici l'ennemi. N'ayant pu soumettre l'entité visée, à savoir le Hezbollah directement, c'est par ce proche, qu'on va l'isoler, l'affaiblir pour, enfin, le soumettre, voire le réduire. Notons en passant que la communauté chiite n'est pas la seule visée mais le Liban lui-même. De plus, partout dans le monde, tout sympathisant du Hezbollah l'est et est traqué dès qu'il atteint un certain niveau d'importance. Et comme chiites, sunnites et chrétiens libanais sont imbriqués les uns les autres dans la diaspora, et que les campagnes de rejets pour être efficaces ne doivent pas faire dans le détail, c'est toute la communauté libanaise qui en subit les foudres d'autant plus que les porteurs de ces campagnes en profitent pour régler leurs propres comptes avec celle-ci.
Bien sûr, l'attaque ne se donne jamais pour ce qu'elle est. Il est nécessaire de l'habiller, la rendre présentable, la légitimer. C'est le rôle de la fabrique du consentement selon la formule du linguiste américain Noam Chomsky.
On parlera ici de fraude fiscale, là de blanchiment d'argent, ailleurs de voile islamique ou encore de refus d'intégration .... et j'en passe. C'est en veux-tu, en voilà, décliné à toutes les sauces ! Et il n'en manque pas des candidats pour participer à cette orgie, tant le gain en cours de chemin et au bout de l'opération, agit comme un appât succulent et donne l'occasion de déverser le sentiment de rejet et de haine du libanais en tant qu'humain et citoyen porté par certaines plumes ou voix qui déroulent ces campagnes. Et de se sentir important à véhiculer ces discours, qui plus. Et ce sont des galons, des premières places, savamment orchestrés, à faire miroiter, à occuper et à gravir.
Que n'a-t-on cure alors des conséquences !
Les États-Unis ont une expérience en la matière, et c'est peu dire. Ils utilisent leurs lois, imposent leur extra-territorialité pour démanteler des pays mais aussi les fleurons économiques de leurs propres alliés, dans le seul but d'éliminer un concurrent et de s'approprier une technologie ou un espace, quelle que soit sa nature, mais qu'ils estiment stratégique. Pour citer un pays que nous connaissons relativement bien pour être en lien historique séculaire avec lui, la France, les États-Unis y ont démantelé, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, pas moins que la Compagnie Générale d'électricité (CGE), Alstom et récemment Renault Nissan pour ne citer que les plus connus et médiatisés.
À ces niveaux, tout dirigeant a ses zones d'ombre, ses failles, ses faiblesses. Et quand elles n'y sont pas, ces puissances ont tous les moyens de les fabriquer, les rendre crédibles pour jeter l'opprobre et briser les organismes ou entreprises visées ou convoitées. Mentez, mentez, il en restera quelque chose. Et quand bien même la montagne accoucherait d'une souris, si elle accouche, le but serait atteint.
Le Sénégal ne peut affronter les États-Unis. Il ne peut que se soumettre ou composer dans le meilleur des cas avec leur dictat. Des pays aussi puissants, et alliés de surcroît, que la France, l'Allemagne, le Japon se sont soumis. Et je n'évoquerai même pas l'Union Européenne, par esprit de charité, tant elle se liquéfie littéralement.
Et que dire alors de notre pays qui, par sa faiblesse objective, ne peut qu'obtempérer ainsi qu'il le fait depuis de nombreuses années déjà. Le FBI a pignon sur rue au Sénégal, il en contrôle les principaux accès (pas sous la forme d'un prétendu courage de son agent, tiré d'un polar de série B, qui affronterait le Covid-19 par esprit d'on ne sait quel sacrifice !).
L'État d'Israël dispose lui aussi dans notre pays, grâce à sa présence marquée dans la surveillance numérique et à son maillage humain par nationaux interposés, d'un parfait contrôle de nos données dans toutes les sphères économiques, administratives, politiques et sécuritaires essentielles pour en user selon ses propres besoins.
Ces deux alliés y ont la possibilité d'y agir comme bon leur semble, et ils ne s'en privent pas.
Si notre pays, par realpolitik, est obligé de se soumettre à leur dictat ou, à tout le moins, composer, cela n'est pas le cas des individus. C'est volontairement qu'ils s'en font le chantre ou prêtent leur plume ou leur voix, qu'ils adhérent à ce genre d'opération, par conviction ou gains attendus. À moins qu'ils ne soient soumis à chantage ou quelque pression bien choisie.
On a le droit d'adhérer à la volonté de l'État d'Israël de détruire le Hezbollah et d'occuper puis annexer une partie du Liban. On a le droit d'approuver l'expropriation des palestiniens de leur terre, de les disperser à travers le monde et de soumettre les récalcitrants à un régime de brimades, de privations, de répressions, d'humiliations et de terreur quotidiennement jusqu'à suffocation. On a le droit d'adhérer au discours des puissances dominantes de considérer tel mouvement de résistance de terroriste.
L'Allemagne nazie traitait les résistants des pays qu'elle occupait de terroristes. La France a fait de même avec les indépendantistes algériens, l'Afrique du Sud face à l'ANC et Nelson Mandela.
Les États-Unis quant à eux sont parmi les premières nations à avoir commis les premiers génocides réussis de l'histoire. Ils se sont construits sur l'esclavage des noirs, leurs systèmes de police se sont construits sur la traque des Noirs en révolte pour briser leurs chaînes. Israël s'est construit et continue de se nourrir des mêmes mécanismes sur le dos des Palestiniens. À des niveaux bien moindres d'autres États, et non des moindres, ont fondé et maintiennent leur puissance en s'imposant à d'autres nations. Pourquoi pas un journaliste, un homme d'affaires, un employé quelconque ou un simple quidam ? Mais alors, il faudrait l'assumer, bomber le torse, se draper de l'habit justicier et de tout ce que l'on veut de plus honorable, mais dire le fond de sa pensée, dire pour qui on roule. Car, comme le dit si bien un célèbre psychanalyste, lorsque quelqu'un s'exprime, se demander toujours d'où "ça" parle ? Car c'est bien le "ça" qu'il importe de déceler et de mettre à jour et au clair.
La communauté libanaise, une force pour le Sénégal, une force pour l'Afrique subsaharienne
Les libanais sont présents au Sénégal depuis près d'un siècle et demi, et peut-être même plus, tant ils ont vécu jusque dans les coins les plus reculés et isolés du territoire.
Où qu'ils aient pu être, en Afrique ou ailleurs, ils n'ont jamais disposé de l'appui de leur pays d'origine ni d'aucun autre pays. Ils ne peuvent compter que sur leur ingéniosité, leur volonté, leurs solidarités familiales et villageoises, et les réseaux sociaux qu'ils réussiront à construire. Face aux difficultés et inimitiés, ce sont leurs seules planches de salut.
Il en a été ainsi durant la période ayant précédé l'indépendance comme rappelé ci-dessus. Il en a été ainsi dès le début des années soixante-dix quand des cantines ont été érigées sur les trottoirs de l'actuelle avenue Émile Badiane, noyant totalement leurs commerces, ouvrant une ère qui verra progressivement le petit commerce libanais péricliter dans une crise endémique, élargissant de façon significative, en quelques décennies, leurs zones de pauvreté internes et donnant le signal à des stratifications sociales marquées au sein même de cette communauté où les enfants des familles les plus aisées cultivent progressivement l'entre soi du fait même de leurs lieux de loisirs et de vie devenus inaccessibles à leurs camarades de familles défavorisées qui ne survivent plus que grâce à des associations et initiatives individuelles caritatives structurées autour du religieux. Mais donnant naissance aussi, et à l'inverse, au sursaut d'une partie de ses membres qui s'est lancée dans la petite entreprise de transformation aboutissant aujourd'hui parmi les plus beaux fleurons de l'économie nationale. Nationale, parfaitement, leurs fondateurs fussent-ils non noirs, fussent-ils libanais ou d'origine libanaise.
Ces fleurons ne sont pas le produit de cadres sortis dont on ne sait quelle université ou grande école, dont on ne sait quelle maîtrise des mécanismes d'exploitation et de manipulation financière. Ils sont tout simplement le fruit du bon sens paysan qui est la nature profonde du libanais d'Afrique, ce paysan qu'il était au Liban et qu'il n'a jamais cessé d'être où qu'il soit en Afrique. La quasi-totalité des fondateurs de ces grands groupes n'ont pas fréquenté l'école, sinon dans le meilleur des cas le niveau primaire, ou alors surtout d'avoir eu la chance d'avoir été instruits par leurs pères grâce à l'enseignement religieux qu'ils leur ont prodigué avant de quitter le Liban.
Leurs enfants, éduqués aujourd'hui dans les universités, ne font que marcher dans leur sillage, hériter et/ou faire fructifier l'héritage, mais toujours sous la houlette du bon sens paysan du patriarche qui, tant qu'il est vivant, veille encore sur l'entreprise familiale.
Parallèlement à ce sillon, les premiers étudiants libanais s'étaient orientés dans leur quasi-totalité dans les études médicales, réalisant le rêve de leurs parents d'avoir un enfant "docteur", summum de la réussite sociale. Car médecin qui se dit "Hakim" en arabe, outre la vie qu'il a la possibilité de sauver avec l'instruction reçue (lorsque tu sauves la vie d'un homme, c'est comme si tu sauvais la vie de tous les hommes, dit le Coran), exprime aussi la sagesse. Pour couper court à toute illusion et laisser penser qu'ils se seraient laissés enfermer dans une pratique essentiellement philanthropique, ils n'en ont point oublié les retombées financières. Très vite là aussi, et dans la même décennie qui a vu naître la floraison des cantines, des contraintes fortes leur furent imposées pour l'ouverture d'un cabinet médical. Qu'à cela ne tienne, ils se sont lancés dans la construction de cliniques, donnant un souffle nouveau à l'éclosion d'un réseau sanitaire de qualité largement partagé aujourd'hui par une grande partie du corps médical.
Là ne s'arrêtent pas les obstacles qu'ils voient se dresser sur leur chemin. En effet, ils ont su faire face aux multiples contraintes et difficultés à obtenir la nationalité sénégalaise, difficultés érigées par l'ordre colonial lui-même et accentuées dans les années soixante-dix et quatre-vingts, malgré leur naissance au pays, la présence de leurs parents depuis des décennies et de leur communauté depuis un siècle.
Rien n'y fit, aucune barrière, aucune contrainte. Ceux qui jetèrent l'éponge momentanément iront dans des pays africains, tant ils ont l'Afrique dans leur être. Comme tout émigré, d'où qu'il vienne, ceux-là seront parmi les plus résilients et les plus talentueux. Ils construiront en Côte-d'Ivoire, au Cameroun, au Nigeria de puissants groupes industriels, avec toujours un pied au Sénégal, leur second pays d'origine et le premier pour nombre d'entre eux aujourd'hui.
Oui, ce sont là assurément des concurrents redoutables face à ceux qui, forts du soutien de leur pays, viennent y implanter leur puissance. Oui, ce sont des concurrents tenaces dans les secteurs où ils sont investis et, enfin et non le moindre, des soutiens potentiels à la résistance contre la mainmise sur le Liban, obsession maladive de l'État d'Israël.
Oui, de redoutables concurrents et tout ce que l'on voudra, mais certainement pas des ennemis du Sénégal, ni de l'Afrique subsaharienne. Bien au contraire, ils ont été et ils sont encore parmi le premier sillon pour participer au développement et à la construction de leur pays d'accueil, le Sénégal comme de l'Afrique subsaharienne, ouvrir la voie à de nouveaux secteurs que d'autres nationaux viendront investir et enrichir. Que ce soit l'agriculture irriguée dès les années cinquante, l'import-export ou l'industrie de transformation pour ne citer que ces exemples. Ils disposent d'une force d'entraînement particulièrement marquée et sont un lieu de symbiose tant leur vie privée et professionnelle est imbriquée au quotidien avec les populations autochtones. Une simple promenade attentive dans les quartiers où ils habitent et commercent suffit pour voir combien ils vivent imbriqués et en promiscuité avec leurs compatriotes de souche. Point n'est besoin de sortir de Polytechnique ou d'une quelconque école pour le voir et le comprendre. Jusque dans le Covid-19 que les uns et les autres se partagent largement et dit leur imbrication mutuelle.
Comme tous les immigrés, et le Sénégal en a l'expérience au quotidien maintenant, nombre d'entre eux envoient de l'argent à des membres de la famille restée au pays, y réalisent des dépenses de prestige, mais il est déjà très loin le fantasme d'un hypothétique "retour au pays". C'est au Sénégal, c'est en Côte-d'Ivoire, au Burkina, au Nigeria, en Guinée ou au Togo et ailleurs, dans leur pays d'adoption, qu'ils investissent la fortune qu'ils ont réussi à construire, pierre après pierre, économisant sous après sous. C'est en Afrique qu'ils créent leurs premières multinationales, c'est dans leur pays d'adoption que ces fleurons ont leur siège. C'est ici qu'ils naissent, qu'ils vivent, qu'ils meurent, qu'ils sont enterrés, et quand bien même ils venaient à mourir à l'étranger pour un nombre de plus en plus significatif d'entre eux.
Alors on pourra faire toutes les campagnes racistes qu'on voudra contre eux, voire perpétrer des pogroms, ici ils sont, ici ils resteront.
Et on pourra dire que certains disposent de centaines de millions, voire quelques milliards de liquide avec eux. Cela en ferait-il des fraudeurs ?
Ces sommes, pour mirobolantes qu'elles puissent apparaître pour un profane, sont un ba ba à certains niveaux d'activités. Quant à leur forme et leur circulation liquides, elle est l'expression même de l'économie au Sénégal comme dans tous les pays du Sud, tant celle-ci y est informelle. Bien sûr que les États-Unis et les puissances occidentales dominantes veulent imposer leur traçabilité et donc leur circulation dans les circuits financiers internationaux pour mieux contrôler et soumettre les pays à leurs intérêts propres. Mais ce n'est pas le cas dans les économies essentiellement informelles, et ce n'est dû à aucune entreprise ni aucun Etat en particulier, en Afrique comme ailleurs dans les pays du Sud.
Refuser de se soumettre à ces circuits financiers relève du simple bon sens paysan encore une fois.
La confrérie mouride, sortie de ses villages et de ses champs, s'est organisée en dahiras pour affronter les "étrangetés" et autres difficultés de la ville, se regrouper en réseaux de solidarité et d'entre-aide. Ce système a été reproduit dans leur processus d'émigration vers d'autres pays. C'est une règle de survie propre à tous les immigrés. Mais plus fortement encore que les autres immigrés en général, ils ont su connecter leurs réseaux à tous les niveaux de coopération et de solidarité.
Qui oserait prétendre que Touba est infesté de fraudeurs parce que l'argent liquide s'y trouve par dizaines et centaines de milliards ? Touba est la seule véritable banque d'investissement du Sénégal. C'est grâce à Touba et à son système de circulation de l'argent que de très nombreux investisseurs ont émergé et émergent toujours plus du cœur du Sénégal. L'argent rentre par centaines de millions de tous les pays du monde, drainés par la diaspora sénégalaise, il ressort par centaines de millions sous forme d'investissements. Et heureusement pour le Sénégal ! Car c'est aussi grâce à Touba que le Sénégal construit un maillage économique indépendant de la mainmise des puissances dominantes, maillage qui peut devenir, demain, le socle d'une indépendance économique véritable.
Les banques classiques n'ont jamais permis le développement d'un pays africain ni d'aucun pays colonial. Ces banques sont des prédatrices de l'économie. Elles servent surtout à aspirer l'argent pour le drainer vers les pays dominants et à leur seul profit. Pire, toute circulation monétaire à travers les institutions financières est contrôlée et bridée. Des justifications à n'en plus finir sont exigées, des taux d'intérêt prohibitifs appliqués. Et j'en passe.
Grâce à Touba, un sénégalais au fin fond d'un quelconque pays de n'importe quel continent peut recevoir dans la journée, l'argent dont il a besoin, sans le paiement d'un quelconque intérêt, alors qu'avec Western Union ou autres organismes, il vous faut débourser jusqu'à 9% d'intérêts et de coûts de conversion en fonction du montant de votre transfert. Refuser de passer par ce racket n'est pas frauder le fisc, c'est refuser d'engraisser les institutions financières internationales.
Lorsqu'un immigré sénégalais de Guinée, du Mali, de France, de Chine ou des États-Unis envoie de l'argent au pays pour soutenir sa famille, construire une maison ou investir dans un projet, qui oserait dire qu'il fraude le fisc de son pays d'accueil, qu'il s'agit d'un délinquant ou l'affubler de je sais quel sobriquet ?
Avoir de l'argent immédiatement disponible est une nécessité économique pour l'investissement ou la résorption d'une perte, c'est sauver des emplois ou en créer d'autres, c'est créer et réaliser des projets. L'argent versé dans un pays vient du pays même où il est versé, l'argent payé en contrepartie de ce versement ne quitte pas le pays d'où le paiement a été demandé. C'est une opération neutre pour chacun des pays concernés, mais ce sont des emplois sauvés ou créés, des dettes honorées et des projets réalisés. Et tant pis pour les banques qui ne se sont pas goinfrées au passage.
Quant à la corruption, elle existe. Et elle est partagée autant par des libanais, des wolofs que des sérères ou des pulaars. Mais on ne dit pas qu'un wolof, un sarakolé ou un ndiago a corrompu un fonctionnaire, l'écrire et le répéter à force d'encre et d'antenne, et laisser penser que les wolofs, les sarakolés, ou les ndiagos sont des corrupteurs. On dira par contre un libanais a corrompu un fonctionnaire, on le répétera en long, en large et en travers, à toutes les sauces et sur tous les tons, pour laisser entendre ou dire expressément que donc les libanais sont des corrupteurs. Et pourtant, le phénomène de la corruption, même s'il est étalé en long et en large par des esprits en mal de sensations, est tout à fait subsidiaire. La réalité est autrement plus pernicieuse. En effet, ce qui est très largement courant, c'est qu'il faut remplir toutes les obligations légales pour obtenir son dû, mais une fois ces conditions remplies, il faut quand passer à la caisse pour le percevoir, sinon votre dossier reste toujours tout en bas de la pile ou au fond du tiroir. C'est cela que certains esprits présentent comme de la corruption. Cela n'a rien à voir avec la corruption. Et il est inutile de nommer une telle pratique, on comprendra aisément de quoi il s'agit. En tout état de cause, cela constitue un handicap très lourd pour l'économie nationale comme pour la bonne marche de l'administration.
Peaux-noires, masques-blancs
Cette nouvelle campagne anti libanais à laquelle on assiste a pris naissance avec la question de l'interdiction du voile à l'école Jeanne d'Arc quelques mois avant la fin de l'année scolaire 2018/2019. Elle se prolonge et rebondit sous divers prétextes pour s'auto-nourrir et s'élargir à différents sujets.
Ces voix qui portent aujourd'hui les discours de haine et de rejet des libanais, ces plumes qui prétendent défendre l'intérêt national sénégalais s'expriment en réalité d'une même logique, d'un même déroulement de pensée que les suprématistes blancs aux États-Unis, les national-chauvins et autres mouvements identitaires européens. Les noirs et les arabes ? Des voleurs, des délinquants ! La preuve ? Ici, c'est ma voisine qui a une amie qui a été agressée ; la justice est laxiste à leur égard, à peine arrêtés, ils sont relâchés ! Là, c'est ils ne veulent pas s'intégrer, ils vivent entre eux dans leurs quartiers ! Ailleurs, ils fraudent la sécurité sociale, les allocations familiales ! Un peu plus loin, c'est notre emploi qu'ils volent ! Quand ce n'est pas une forme l'antisémitisme qui est reprise, ils sont tous riches... Suivez mon regard !
Les arguments ne volent pas haut. Ils sont les mêmes à Dakar, à Paris, à Bucarest, Washington ou Pretoria. Ils peuvent être bien habillés, dits avec répartis ou avec verve et étalés en sophismes, adaptés aux situations des pays et des circonstances, c'est systématiquement le même fond : la fraude, le refus de l'intégration, le vol de la richesse nationale.
Ils sont donc à bonne école et ils sont la voix de leurs maîtres. Ils s'allieront avec entrain avec les identitaires européens, les suprématistes blancs américains comme les faucheurs israéliens du peuple palestinien. Prétendre lutter pour la justice et l'indépendance du Sénégal pour en réalité être le cheval de Troie, les masques-blancs des nouvelles formes de domination et d'asservissement, et continuer de perpétuer en eux la sempiternelle relation d'esclave à maître tissée depuis des siècles. C'est méprisable dans notre monde contemporain, et cela serait risible n'eussent été les dangers et les destructions que leurs discours et leurs plumes portent en eux, visibles chaque jour à travers le monde. Cela se passe aujourd'hui ailleurs, certes, mais ailleurs n'est jamais loin.
L'Afrique mérite mieux que cela, et autre que cela.
REGARDS CROISES DE TIEMOKO MEYLIET KONE ET PATRICK LEGLAND
Dans un entretien croisé dans le site Financial Afrik, le gouverneur de la BCEAO Tiémoko Meyliet et l’économiste Patrick Leglang, enseignant à HEC analysent l’impact de la covid-19 sur les banques africaines.
Dans un entretien croisé dans le site Financial Afrik, le gouverneur de la BCEAO Tiémoko Meyliet et l’économiste Patrick Leglang, enseignant à HEC analysent l’impact de la covid-19 sur les banques africaines.
Le gouverneur de la BCEAO est revenu sur l’impact du coronavirus et les mesures prises. «Dès le début de la pandémie, nous avons mis en place un dispositif de suivi et d’évaluation de son impact sur le système bancaire, sur le financement des activités économiques, sur l’inflation et sur la croissance macroéconomique. Cela a permis à la Banque Centrale de cerner très tôt les difficultés rencontrées par les différents acteurs et, donc, de prendre des mesures ciblées, en ligne avec les instruments dont elle dispose», explique le gouverneur de la BCEAO.
Selon Tiémoko Meyliet Koné, la crise s’est traduite très tôt par une aggravation des besoins de liquidité. «Afin de réduire ces tensions et permettre aux banques de jouer pleinement leur rôle d’intermédiation financière, essentiel dans cette période de crise, la BCEAO a entrepris d’apporter les liquidités nécessaires au secteur bancaire.
Ainsi, depuis fin mars 2020, la Banque Centrale conduit les adjudications de liquidité sur ses guichets de refinancement à taux fixe. Dans cette configuration, toutes les demandes présentées à ses guichets sont généralement satisfaites. Cette mesure a permis de réduire considérablement les risques de pénurie de liquidité sur le marché monétaire, mais aussi d’aller vers une contraction sévère de la distribution du crédit bancaire», indique M.Koné.
De plus, les taux d’intérêt sur le marché monétaire se sont nettement détendus. La Banque a également pris certaines mesures en faveur des entreprises . «Notre objectif est surtout de contribuer à préserver l’outil de production et de permettre aux entreprises touchées par la pandémie de rester viables et de maintenir les emplois et les revenus», poursuit Tiémoko Meyliet Koné. Il ajoute: « Dans ce cadre, nous avons demandé aux banques et aux institutions de microfinance d’accorder des reports d’échéance de crédits à leur clientèle, entreprises comme particuliers, qui rencontreraient des difficultés pour honorer le paiement de leurs échéances. Je dois préciser que ces reports d’échéances, négociés pour une période de 3 mois renouvelable, se font sans charge d’intérêt, ni frais, ni pénalités de retard».
En contrepartie, la Banque Centrale a posé des actes d’incitation en direction des banques et institutions de microfinance, sous la forme d’un assouplissement dans l’application du dispositif prudentiel et du cadre comptable en vigueur. Vers la fin mai 2020, près de 800 entreprises et 3.500 particuliers ont été concernés par ces reports d’échéances. Le gouverneur de la BCEAO a tenu à rappeler que la banque a institué un système de cotation des entreprises non financières. Les créances bancaires portées sur celles qui ont une bonne signature sont refinançables par la Banque Centrale. Ce dispositif a permis d’identifier plus de 900 entreprises dans l’UMOA, qui ont ainsi bénéficié d’un accès plus facile aux crédits bancaires.
Concernant les États membres, la BCEAO a pris des dispositions pour les appuyer dans la mobilisation de ressources financières à faible coût, pour résoudre les difficultés de trésorerie liées à la crise sanitaire. Pour faire simple, il s’agissait de rendre des ressources disponibles immédiatement pour faire face aux dépenses urgentes, sachant l’attente souvent longue, face aux délais habituels de réception des concours attendus des partenaires extérieurs.
En collaboration avec l’Agence UMOA-Titres, la BCEAO a accompagné les États dans l’émission de bons du Trésor, dénommés “Bons Covid-19”. Et pour inciter les banques à souscrire à ces titres à des conditions vraiment favorables, la Banque Centrale a créé un guichet spécial de refinancement. Ce nouveau guichet a permis aux banques de refinancer les bons Covid-19 achetés sur le marché régional de la dette, à un taux fixe de 2,50%.
La liquidité ainsi obtenue par les banques devrait leur permettre de poursuivre leur activité de crédit et de faire profiter aux autres secteurs de l’économie les ressources tirées de l’émission de ces bons Covid-19. Au terme de l’opération, les États ont pu ainsi mobiliser 1.172,6 milliards de F.CFA au taux moyen de 3,12%, largement inférieur au niveau du taux de sortie des émissions de bons sur cette maturité. «Parmi les autres décisions prises par la BCEAO, nous avons, en concertation avec la communauté bancaire et les établissements de monnaie électronique, impulsé une série d’actions pour réduire les coûts d’utilisation des moyens de paiement digitaux.
L’objectif visé est d’encourager les usagers à les utiliser davantage durant cette période, qui impose aux populations de limiter les déplacements et les contacts physiques» , a fait savoir le gouverneur. Ces aménagements se sont traduits par une utilisation accrue des moyens de paiement digitaux dans l’UEMOA et ont eu un effet très positif sur l’inclusion financière des populations, notamment en termes d’accès aux services financiers numériques.
Enfin, le 22 juin 2020, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO a décidé de baisser les taux directeurs de la Banque Centrale de 50 points de base, afin de soutenir les plans de relance économique mis en place dans tous les pays de l’Union pour lutter contre les effets de la crise sanitaire. Désormais, les banques pourront disposer de ressources financières auprès de la Banque Centrale au taux d’intérêt de 2,00%, l’un des plus faibles en Afrique. Et les banques sont, bien évidemment, invitées à répercuter cette baisse du coût de leurs ressources sur les taux d’intérêt des crédits accordés à la clientèle, en particulier les PME/PMI très affectées par la crise sanitaire.
Pour sa part, selon le Professeur affilié à HEC Paris, les plans de relance initiés par les Banques Centrales ont été tout à fait exceptionnels par leur montant, ampleur et réactivité. A ce titre, Patrick Legland affirme que la BCEAO a fait un travail tout à fait remarquable pour alimenter en liquidité le système bancaire de la zone UEMOA et indirectement les entreprises. Initiés par la BCEAO et l’agence UMOA titres, des Bons Assimilables Trésor (BAT) à trois mois dénommés «Bons Covid» ont été émis pour un montant de FCFA 1 172 Mrds, suivant les principes reconnus de l’International Market Association(ICMA). D’après ses explications, tous les pays ont bénéficié de ces liquidités et notamment la Côte d’Ivoire avec FCFA 535 Mrds dans le cadre de trois émissions non-syndiquées. Il a salué le fait que la BCEAO ait abaissé dès le 27 mars dernier son taux d’intérêt d’adjudication sur appel d’offres au niveau le plus bas jamais atteint par ce taux, à 2,5%.
Pour le professeur afflié à HEC, il est probable que la crise économique mondiale liée au Covid 19, sera profonde, longue, et vraisemblablement suivie d’une reprise lente. Les prochains risques à venir pourraient être la solvabilité de certains secteurs économiques. La BCEAO est parfaitement consciente de ces risques. Selon lui de nouvelles mesures interviendront, en totale cohérence avec ce qui a été mis en place pour renforcer la solidité du secteur bancaire et la réglementation de Bale 3.
DÉCÈS D'OUSMANE SOW HUCHARD
L’écologiste sénégalais est mort dans la nuit de mardi à mercredi, à Dakar, des suites d’une longue maladie
L’écologiste sénégalais Ousmane Sow Huchard est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, à Dakar, des suites d’une longue maladie, a appris l’APS de sa famille.
Le défunt, qui fut élu député en 2007, était depuis mars 2009 conseiller municipal de Ziguinchor, la ville où il naquit le 5 décembre 1942.
Ousmane Sow Huchard, anthropologue, muséologue, musicologue, critique d’art, conservateur de musée, consultant international, a d’abord reçu une formation technique en pratique d’électricité avant d’entamer des études universitaires sur l’anthropologie, la musique et la muséologie au Canada.
Titulaire d’un B.A en histoire de l’art et archéologie classique à l’Université Laval en 1978 et d’un Master of Science en anthropologie, option muséologie de l’Université de Montréal en 1980, Ousmane Sow Huchard est également Ph.D. en anthropologie sociale et culturelle de l’Université à Laval, en 1985. Il était auteur-compositeur-interprète.
Il a été également chargé de cours de muséologie du Département d’anthropologie de l’Université de Laval, en 1981.
A son retour au Sénégal, il est successivement conservateur en chef du Musée dynamique, de 1983 à 1988, conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture entre 1986 et 1988, commissaire aux expositions d’art à l’étranger du Sénégal de 1989 à 1990, président du Conseil scientifique de DAK’ART (Biennale de l’art africain contemporain), de 1993 à 1999.
Il a été aussi Administrateur général adjoint de la Fondation Youssou Ndour.
Sur le plan musical, il s’est illustré comme membre fondateur, en 1964, de l’orchestre universitaire de Dakar, Dakar Université Sextet.
Il évolue ensuite au sein du Merry Makers, groupe musical qui interprétait des variétés africaines, françaises et le Rythm And Blues. A cause d’une rupture intervenue au sein de groupe, il crée avec d’autres, en 1970, le Waato Sita (il est temps, en mandingue).
Il s’agit d’un groupe de recherches musicales implanté au Centre culturel Blaise Senghor de Dakar.
La spécificité du Waato Sita était de marier des instruments occidentaux avec des instruments africains tels que la kora (manding), le tam-tam (wolof), le bugeer (joola), le balafon (balante) et le basse bolong (hal pulaar).
Pétri d’idées écologistes, Ousmane Sow Huchard signe, en 1999, son engagement en politique avec d’autres Sénégalais en mettant sur pied le Rassemblement des écologistes du Sénégal, les Verts, dont il devient le porte-parole.
Très impliqué dans le mouvement associatif, M. Huchard était membre de plusieurs associations professionnelles nationales et internationales.
Ousmane Sow Huchard a obtenu plusieurs distinctions dont celle de Chevalier de l’Ordre national du Lion et Chevalier de l’Ordre des arts et lettres de France et du Sénégal.
Il est également auteur de nombreux essais, notamment "La Kora : objet témoin de la civilisation mandingue", édité par les Presses universitaires de Dakar.
Il est aussi l’auteur-compositeur de l’hymne de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), qui fut utilisé pendant dix ans par le Conseil supérieur du sport africain pour les équipes sportives africaines, et de l’hymne Jeunesse sans frontières de la Semaine nationale de la jeunesse.