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18 juillet 2025
LA BANQUE AGRICOLE COUPE LES VIVRES AUX ACTEURS DE LA FILIÈRE ANACARDE
La filière anacarde, principal levier économique de la zone sud, vit des moments troubles. Les acteurs peinent à trouver des financements auprès de leur principale banque partenaire qui invoque des risques liés au Covid-19.
La filière anacarde, principal levier économique de la zone sud, vit des moments troubles. Les acteurs peinent à trouver des financements auprès de leur principale banque partenaire qui invoque des risques liés au Covid-19.
L’argent est le nerf de la campagne de l’anacarde ! Les acteurs de la filière, notamment les collecteurs et autres fournisseurs, en veulent à la Banque Agricole qui tarde à financer leur campagne alors que la saison est ouverte depuis le mois de mars dernier. L’institution financière leur oppose des risques liés au Covid-19. A en croire l’opérateur économique Bakary Mané, il a déposé une demande de financement depuis février sans rien recevoir en retour. «J’avais fait une demande d’expertise foncière que j’ai remis à la banque. J’ai ainsi mis ma maison d’une valeur de 100 millions en hypothèque pour pouvoir bénéficier de ce financement et entamer ma campagne. J’attendais un financement de 60 millions de francs CFA. Et vu qu’il n’y avait aucun souci dans mon dossier, la Banque Agricole avait promis de me financer au mois de mars ; mais elle traîne toujours », confie-t-il. Pourtant, fait-il constater, l’année dernière, cette même banque l’avait financé à hauteur de 30 millions de F CFA qu’il dit avoir remboursé plus les intérêts en moins de trois mois.
Dépité, Bakary Mané, très actif dans la filière depuis 1995, dit avoir des inquiétudes d’autant que sa campagne aurait dû commencer le 15 mars dernier, si la banque avait tenu ses promesses. «Les banques ne nous aident vraiment pas. Quand je déposais ma demande de financement au mois de février, il n’y avait aucun cas de coronavirus au Sénégal. La banque a fait traîner mon dossier pour venir aujourd’hui dire qu’il y a des risques avec le Covid-19. Ce discours ne tient pas la route », se désole-t-il. Avant de confier qu’il a saisi une autre banque, la BNDE qui lui a demandé d’attendre. Monsieur Mané de marteler par ailleurs que les paysans sont aussi inquiets que les collecteurs et autres fournisseurs. «Tout le monde est dans l’expectative. Qui parle de la région sud notamment Ziguinchor sait pertinemment que l’économe repose sur les noix de cajou. Si la campagne ne se passe pas comme il faut, toute l’économie de la région sera plombée. C’est sûr et certain», déclare-t-il. Il conclut pour informer qu’une dizaine de compagnies indiennes sont déjà sur place et n’attendent que le produit tant prisé à Ziguinchor à l’heure actuelle : la noix de cajou.
SIAKA DIALLO : «SI LES GENS N’ACHETENT PAS LE CAJOU EN CASAMANCE; C’EST LA REBELLION QUI VA SE LEVER ENCORE»
Joint au téléphone, le président des opérateurs de la filière anacarde de la région de Ziguinchor, Siaka Diallo, confirme les propos de Bakary Mané. Mieux, il dit avoir discuté, hier, avec le Directeur général de la Banque Agricole qui lui a signifié qu’ils ne veulent toujours pas prendre de risque. «Nous ne pouvons pas faire demande de dépôt depuis trois mois et que la banque nous parle de la situation engendrée par le coronavirus. L’économie ne doit pas s’arrêter », tonne Siaka Diallo.
Courroucé, il affirme qu’en Casamance, si les gens n’achètent pas le cajou, c’est la rébellion qui va se lever encore. Parce que, dit-il, c’est l’un des piliers qui consolide la paix dans la région. «Si les gens n’ont pas de quoi vivre, cela va devenir grave. Ces deux sacs de riz et le bidon d’huile fourni par l’Etat, dans le cadre du Programme d’aide alimentaire du gouvernement, ne peuvent pas maintenir les Casamançais. D’autant que c’est plus de 350 mille familles qui vivent de la filière. La filière anacarde, c’est le poumon de l’économie en Casamance. Ils (Ndlr : La Banque Agricole) ne peuvent pas être là à continuer de tergiverser alors que le temps passe», martèle le président des opérateurs de la filière anacarde de la région de Ziguinchor. Un ultimatum de 48 heures donné à la Banque Agricole pour décaisser les financements Siaka Diallo informe en outre que les acteurs avaient tenu une réunion avec le gouverneur qui leur avait donné le feu vert pour faire la campagne. «L’économie ne doit pas s’arrêter parce qu’il y a le Covid-19. Il faut juste respecter les normes sanitaires», laisse-t-il entendre. Non sans informer que la DER est en train de voir avec la BNDE et le CMS comment trouver des solutions financières. « Mais c’est la Banque Agricole, notre premier partenaire qui constitue le problème. Elle ne veut pas prendre de risque. Pourtant, nous avons donné nos maisons en garantie et fourni des contrats en bonne et due forme prouvant que nous allons écouler le produit. Mais le Directeur général de la Banque vient nous parler de risque.
Dans un tel contexte, ce sont les banques sénégalaises, la banque agricole en première ligne, qui devraient prendre des risques pour maintenir l’économie », déclare-t-il. Il prévient dans la foulée que dans 48 heures, si la Banque Agricole refuse de les financer, ils vont tous retirer leurs comptes. « Nous allons fermer nos comptes. Je suis déçu que la Banque Agricole ait ce comportement avec nous», regrette-t-il.
Pour finir, Siaka Diallo estime qu’au moment où chacun se positionne pour bénéficier des 1 000 milliards dégagés par le chef de l’Etat pour faire face au Covid-19, les acteurs de la filière anacarde, loin de vouloir en profiter, veulent régénérer l’économie. « Nous ne demandons pas à être servis. Nous voulons juste bénéficier du financement de la banque comme cela s’est toujours fait pour investir et retourner l’argent à la banque en plus des intérêts », conclut-il. Joint à maintes reprises au téléphone pour avoir une idée plus claire sur les risques opposés aux opérateurs de la filière anacarde, le Directeur général de la Banque Agricole n’a pas donné suite à nos appels et à notre message.
PAR Romuald Wadagni
POURQUOI L’ALLÈGEMENT DE LA DETTE AFRICAINE N'EST PAS LA SOLUTION
Au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable
Jeune Afrique |
Romuald Wadagni |
Publication 23/04/2020
Contrairement à ceux qui, comme Macky Sall et Emmanuel Macron, prônent l’annulation de la dette des pays africains pour faire face à la pandémie de coronavirus, le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, estime que d’autres approches doivent être privilégiées.
Le COVID19 inflige au monde entier l’une des plus graves crises sanitaire et économique de son histoire. Cette crise vient complexifier les difficultés déjà importantes des pays fragiles et du continent africain en particulier. Elle surgit alors même que les budgets de plusieurs pays subissent déjà de plein fouet les conséquences redoutables du défi sécuritaire et du changement climatique.
Dans ce contexte de baisse importante et brutale des recettes budgétaires, plusieurs dépenses restent néanmoins incompressibles comme celles liées au fonctionnement de nos institutions, à la lutte contre de nombreuses maladies endémiques, à la poursuite d’autres dépenses sociales prioritaires et au respect de nos engagements financiers.
Face à cette crise, je voudrais reconnaître et saluer la forte et rapide mobilisation internationale. Les récentes mesures en faveur des pays pauvres et l’accord du 15 avril 2020 au sein du G20, l’illustrent bien. Toutefois, je constate que les politiques et instruments mis en œuvre pour soutenir les économies des pays développés sont orientés vers la mobilisation et la mise à disposition immédiate de nouveaux financements visant à contenir les impacts économiques de la crise, tandis que les mesures adoptées pour l’Afrique se résument principalement soit à des annulations de dette, soit à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale.
Plusieurs inconvénients
Ces solutions, malgré la marge budgétaire immédiate qu’elles offrent, ne répondent pas aux enjeux cités plus haut et présentent d’importants inconvénients à court et moyen termes. En effet, les dépenses des États sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement.
À ce constat, s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires. L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des États.
Par ailleurs, un allègement de la dette ou un moratoire pour le paiement des échéances ternira davantage l’image des États et compromettra leur accès aux financements futurs. Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché. Un moratoire pourrait même être considéré dans certaines documentations de prêt comme un événement de défaut par les créanciers privés, qu’il soit voulu ou subi et quand bien même il ne concernerait que les créanciers publics bilatéraux.
Au-delà des agences de notation qui pourraient sanctionner le non-respect d’une échéance de prêt, tous les efforts fournis par nos pays pour améliorer le climat des affaires et la perception de risque présentée dans les classifications de l’OCDE notamment et utilisée pour définir le taux d’emprunt de nombreux prêts, ne seront qu’anéantis.
C’est le lieu de rappeler que les annulations de dettes opérées dans la décennie passée à la suite de l’initiative PPTE, n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs tant au niveau des créanciers privés que des prêteurs bilatéraux publics dont certains ne sont d’ailleurs plus jamais revenus financer nos États, si ce n’est par l’octroi de dons.
Or, au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable.
Dans ce cadre, il me plaît d’approfondir les propositions suivantes contenues dans la lettre adressée cette semaine, par le Président Patrice Talon aux dirigeants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale :
1- Aider à la mobilisation urgente de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou moratoires de dette.
Les besoins urgents exprimés par l’Afrique se chiffrent à 100 milliards de dollars (dont 44 milliards pour le service de la dette). Une nouvelle allocation en Droits de tirages spéciaux du FMI tant débattue devrait être envisagée. Elle permettrait d’apporter une réponse rapide et efficace aux besoins des pays les plus vulnérables tout en préservant la soutenabilité de leur dette.
Cette solution n’est pas nouvelle et fut mise en œuvre avec succès lors de la précédente crise financière mondiale de 2008 où 250 milliards de dollars furent débloqués rapidement. Par ailleurs les importantes liquidités mises en œuvre dans plusieurs grands espace économiques ces derniers jours sont édifiantes.
2- Relancer les économies africaines via des financements concessionnels.
Les institutions multilatérales et les banques de développement devraient mettre à profit leur qualité de crédit pour mobiliser individuellement des ressources concessionnelles ou semi- concessionnelles pour le financement des économies africaines, à un moment où leur accès aux financements à taux presque nul est intact, contrairement aux pays africains.
Collectivement, elles pourraient mutualiser leurs qualités de crédit au sein d’un nouveau véhicule ad hoc, dédié à un plan de reconstruction d’une ampleur sans précédent pour nos pays. Le Mécanisme européen de stabilité pourrait constituer une bonne source d’inspiration pour créer un véhicule supranational ayant le statut de créancier privilégié et réunissant les partenaires au développement. Ce mécanisme pourrait proposer plusieurs types de programmes adaptés aux spécificités de chaque pays, allant de la ligne de précaution pour les pays sujets à des risques de refinancement à des lignes de financements de grands programmes d’investissement pour les pays aux fondamentaux macroéconomiques robustes.
Un exemple de programme pourrait consister à concentrer les efforts des partenaires au développement pour un investissement massif destiné à réduire significativement le gap en infrastructures de base. Pour les pays à dette non soutenable, ce véhicule pourrait racheter de la dette à décote et obtenir une réduction de l’endettement à faible coût afin d’éviter une restructuration de dettes futures aux conséquences économiques souvent désastreuses.
Pour finir, les appels à l’allègement de la dette ont un côté « déjà vu » avec des résultats controversés. L’option d’un soutien à l’endettement adéquat et responsable me semble un meilleur choix qu’un appel à l’indulgence. Il est également impératif qu’il serve à répondre à des besoins concrets, avec efficacité et efficience. Ceci appelle à la transparence dans sa gestion.
L’HOPITAL PRINCIPAL DE DAKAR ATTEINT EN PLEIN COEUR !
50 agents de l’hôpital et leur famille mis en quarantaine dans des hôtels, d’autres dans l’angoisse
Un accidenté et deux garçons de salle du service de la chirurgie positifs au covid-19
L’hôpital Principal de Dakar est impacté par le coronavirus avec trois personnes déclarées positives dont deux agents et un accidenté hospitalisé contaminé par un visiteur venu de la localité de Keur Massar. Plus de 50 agents, dont la plupart sont des membres du Syndicat unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas), étaient en contact avec les porteurs dans le bus faisant la navette entre Keur Massar et Jaxaay, entre autres localités de la banlieue. Ils sont aujourd’hui mis en quarantaine dans des hôtels réquisitionnés pour l’occasion. Une situation qui risque de plomber les activités dans certains services de cet hôpital d’instruction militaire. Mballo Dia Thiam plaide pour une consultation du personnel de l’établissement au plus vite afin que la relève d’éventuels autres contaminés puisse être faite.
Dans ce contexte marqué par la propagation du coronavirus au Sénégal, quand un établissement de santé accueille à bras ouverts toutes sortes de visiteurs, il s’expose au danger. De même, quand on vient en ambulatoire dans un établissement de santé public, on expose tout le monde au danger. Notamment le personnel de santé qui est le premier en contact direct avec les patients. Ce qui s’est passé hier à l’hôpital Principal de Dakar dépasse l’entendement avec un « visiteur porteur du virus de covid-19 » qui aurait échappé à la vigilance de la rigueur militaire qui fait le charme de cet établissement de santé. Il serait entré au moment où les visites aux malades seraient interdites. Habitant de Keur Massar, en banlieue dakaroise, il y a contaminé trois individus. C’est donc un cas communautaire qui n’est pas encore identifié et continue de circuler librement avec le virus au niveau de sa localité. Et peut-être même dans tout Dakar ! Ce qui est sûr c’est qu’il a déjà contaminé un accidenté à qui il était venu rendre visite. Cet accidenté hospitalisé a, à son tour, contaminé deux garçons de salle du service de la chirurgie (FUSTEC) qui étaient en contact direct avec lui. Ces trois cas déclarés positifs seraient mis en isolement dans un département dudit hôpital. Les autres agents qui sont des contacts à haut risque ainsi que les membres de leurs familles sont mis en quarantaine dans des hôtels de la place, selon le patron du Sutsas (Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale), Mballo Dia Thiam.
Le SUTSAS/section Principal fortement touché
La plupart des agents momentanément « isolés » sont des membres de ce syndicat. Son secrétaire général informe que les agents contaminés ont eu contact avec une cinquantaine de personnes dans le même bus qui fait toujours la navette entre l’hôpital et la banlieue. Surtout à Keur Massar et à « Jaxaay » dans la zone de Tivaouane Peulh. Selon Mballo Dia Thiam, « la plupart de ces agents victimes du porteur de Keur Massar sont des militants du Sutsas, et ils habitent dans des endroits différents. Chaque agent va être pris en charge dans la structure de sa localité ». M. Thiam regrette le fait que les tests virologiques ne seraient pas encore effectués chez certains agents mis en quarantaine dans des hôtels. A l’en croire, « ceux qui n’ont pas été prélevés sont angoissés. Ceux qui sont dans les hôtels de plaignent de leurs conditions. Ils mangent mal. Pourtant, ils auraient dû mériter un meilleur traitement ». Sur ce, Mballo dit manifester sa compassion à ses militants en quarantaine dont la plupart auraient besoin d’un soutien psychologique.
Une victime rassure, mais s’inquiète aussi pour la relève à Principal
Pourtant une victime que nous avons contactée rassure. Pour cet agent de l’hôpital et membre du Sutsas, « pour le moment, tout va bien. Il n’y a pas à s’inquiéter ». Et d’ajouter que « ce virus passe très vite et inaperçu. Mais personne n’est à l’abri». Mais comme on est en épidémie, dit-il, il faut sensibiliser davantage. Et pour plus de sérénité, il demande à tout un chacun de rester chez lui. « Restez chez vous », a-t-il lancé au bout du fil. En outre, cet « agent contaminé » demande de « régler au plus vite le cas de mes collègues. En leur assurant rapidement un traitement adéquat. Ne serait-ce que pour qu’ils retournent au service et puisent remplacer d’éventuel autres collègues contaminés ».
Des soldats tombés au mauvais moment
C’est aussi l’avis de son patron du Sutsas, Mballo Dia Thiam. Il estime que ces personnes, aussi bien les contaminés que les contacts à haut risque, sont des soldats tombés au mauvais moment. « On doit donc s’occuper d’eux le plus rapidement possible. L’hôpital Principal impacté, ce n’est pas une bonne nouvelle car je rappelle que l’offre en lits est inférieure à la demande. Et si on ajoute à cela cette situation, cela devient inconfortable », indique le syndicaliste.
L’hôpital aphone !
Dans le souci d’informer juste et vrai, « Le Témoin » a essayé de contacter la cellule de communication de l’hôpital, mais s’est heurté à une barrière infranchissable. Le chargé de communication a orienté notre reporter vers le directeur de l’hôpital prétextant que « pour toutes informations concernant l’hôpital », on devrait s’adresser à ce dernier avant de nous filer le numéro de son secrétariat. Il était 19 heures et, naturellement, la secrétaire avait déjà plié bagages. Notre insistance pour avoir directement le directeur est restée vaine. « Madame, vous savez bien que je ne peux pas donner le numéro de mon supérieur. Je suis militaire, vous aussi ! Faites comme vos collègues, peut-être vous allez trouver où le joindre. Même mes enfants, je ne vais pas leur donner le numéro », a esquivé poliment notre interlocuteur avant de se confondre en excuses
Le Général Mame Thierno Dieng confine son hôpital
L’hôpital Principal de Dakar a pris des mesures de riposte contre la contamination du Covid-19. Ce, après la contamination d’un accidenté qui y était interné. Dans une note de service, le médecin général Pr Mame Thierno Dieng a interdit les visites au niveau de l’établissement sanitaire. « Dans le cadre de la riposte contre le Covid19, les visites aux malades hospitalisés dans les services cliniques sont strictement interdites à l’hôpital principal de Dakar. Exceptionnellement, une autorisation signée du chef de service peut être délivrée s’il juge nécessaire la présence d’un accompagnant. Cette note annule et remplace les dispositions contenues dans la note référence, autorisant les majors administratifs à délivrer des laisser-passer. Les chefs de départements et de services et le chef du service intérieur et sécurité sont chargés de l’exécution de la présente note de service », lit-on dans le document signé par le médecin général de brigade Mame Thierno Dieng.
VIDEO
LE PROFESSEUR MOUSSA SEYDI EN PREMIÈRE LIGNE
Chef du service des maladies infectieuses du CHNU de Fann à Dakar et président du Comité scientifique Covid-19 du ministère de la Santé Il nous explique pourquoi il a choisi l'hydroxychloroquine pour traiter ses patients.
Au Sénégal, le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses du CHNU de Fann à Dakar et président du Comité scientifique Covid-19 du ministère de la Santé, est responsable de la prise en charge des malades atteints par le coronavirus. Il nous explique pourquoi il a choisi l'hydroxychloroquine pour traiter ses patients. Il s'exprime aussi sur les polémiques autour de ce médicament et met en garde contre l'automédication.
Dans cette émission, nous nous rendons aussi en Côte d'Ivoire, où une partie de la population s'est ruée sur les feuilles de Neem, supposés remède miracle contre le Covid-19. Des rumeurs affirment à tort qu'elles contiennent de la chloroquine. Une infox qui pourrait bien être toxique pour les malades contaminés par le virus.
Enfin, le couturier et styliste Imane Ayissi nous a préparé en exclusivité un tuto vidéo pour nous aider à fabriquer un masque en tissu.
La fraternelle des retraités du Sénégal
L'APPEL DES RETRAITES DE L’IPRES
Au détour d’une série de conversations avec certains de nos concitoyens retraités, il est apparu chez beaucoup d’entre eux, un sentiment d’exclusion de la chaîne de solidarité à laquelle vous appelez de toutes vos forces
La fraternelle des retraités du Sénégal |
Publication 23/04/2020
Monsieur le Président de la République, Au détour d’une série de conversations avec certains de nos concitoyens retraités, il est apparu chez beaucoup d’entre eux, un sentiment d’exclusion de la chaîne de solidarité à laquelle vous appelez de toutes vos forces, jusqu’au-delà de nos frontières, parce que convaincu que sans elle, la rupture de la chaîne de transmission de la maladie du Covid-19 serait presque impossible.
En effet, en bon chef de « guerre » contre cette terrible maladie, vous avez déclenché une batterie de « missiles » qui s’inscrit en droite ligne dans cette chaîne de solidarité, caractérisée entre autres par le paiement par l’Etat des factures d’électricité et d’eau des ménages abonnés de la ‘’tranche sociale’’, le déblocage d’une enveloppe de 69 milliards pour la dotation en denrées de premières nécessités, destinées aux ménages les plus vulnérables. Monsieur le Président, votre prise en compte des conséquences de l’impact de la crise du covid-19 sur les revenus des ménages n’a d’égal, pour nous, que votre sens de l’empathie que vous nourrissez envers la population sénégalaise depuis votre accession à la magistrature suprême. Cette empathie s’est manifestée dans plusieurs de vos actions : bourses familiales, couverture maladie universelle, baisse de l’impôt sur les salaires, augmentation des pensions de retraite et instauration de la pension minimale.
Monsieur le Président, au nom de la solidarité nationale à laquelle vous appelez de tous vos vœux et qui sous- tend la mise en œuvre de ces mesures sociales, aucun sénégalais ne devrait être exclu parce qu’étant tous impactés, dans leur revenu, par cette crise sanitaire survenue brutalement. Il est vrai, Monsieur le Président, que le vocable « ménage » n’exclut dans l’absolu aucun chef de famille y compris les retraités. Mais est-ce pour autant, que cette appartenance aux ménages, rendrait tous les retraités éligibles au programme social spécial que vous avez élaboré pour matérialiser fortement la chaine de solidarité ?
Nous ne le pensons pas Monsieur le Président de la République au regard des critères d’éligibilité à cette chaîne de solidarité, reposant sur les données issues du Registre national unique (Rnu) avec à son actif 442 mille ménages vulnérables et celles d’une liste de 588 mille ménages considérés démunis. Laquelle liste est confectionnée par les chefs de quartiers et de villages, validée par les Gouverneurs, de concert avec les Préfets et Sous-préfets. Monsieur le Président, tenaillés entre une certaine précarité et les maladies de vieillesse, la plupart de vos retraités se sont recyclés dans d’autres activités pour nourrir leur progéniture qui n’arrive pas à leur assurer la relève, parce que, victime du chômage endémique que connait notre pays.
En d’autres termes, ils constituent à assurer la dépense quotidienne, payer la scolarité de leurs enfants, les factures d’eau et d’électricité, etc. Voilà la réalité, que vivent vos retraités, Monsieur le Président de la République. Monsieur le Président, vos retraités s’ils ne sont pas dans la consultance, retrouvent leurs entreprises d’origine, ravalés au rang d’ouvriers voire même amenés à exécuter des tâches moins valorisantes relativement aux fonctions qu’ils occupaient antérieurement, pendant que d’autres arpentent à longueur de journées les escaliers des amphithéâtres pour partager leurs expériences. Les moins chanceux d’entre eux noient leur angoisse et leur précarité dans les «Grand-Place». Monsieur le Président, la chaîne de solidarité que vous enclenchée a, selon la compréhension que nous en avons, pour vocation de soulager les populations impactées par la crise sanitaire qui sévit dans tout le monde.
De ce point de vue, elle ne saurait se suffire des données contenues dans le Registre national unique (RNU) dont la mise en place était orientée vers la confection d’une base de données des personnes vivant endessous du seuil de pauvreté, pour leur éligibilité aux bourses familiales. Egalement, l’éligibilité à la chaine de solidarité ne devrait non plus se suffire des fichiers SENELEC ET SEN-EAU pour la prise en charge des factures d’électricité et d’eau pour les impactés du coronavirus. Le niveau de consommation d’électricité et d’eau des ménages est proportionnel au nombre de personnes vivant sous le toit familial.
Aussi, se suffire des données fournies par ces deux fichiers et de celles contenues dans le Registre national unique, constitue un biais qui poserait le problème de la fiabilité de la démarche. Pour corroborer ce qui vient d’être avancé relativement à l’électricité et à l’eau, nous en voulons pour exemple cette réalité indéniable qui fait foison dans notre pays : « une personne plus nantie qu’une autre peut se retrouver dans la tranche sociale parce que vivant seule avec sa femme, alors que l’autre moins nantie à la tête d’une famille nombreuse se retrouve largement en dessus de cette fameuse tranche »
Sous ce rapport, les retraités, au-delà des pertes de revenus subies du fait de la crise, sont davantage angoissés par la perspective d’un confinement général qui devrait se traduire par une limitation des sorties et corrélativement une ruée vers le marché pour s’approvisionner.
En conséquence de cela et face au mutisme des administrateurs de l’IPRES suite à leur saisine par voie de presse écrite et audio à travers les ondes de Sud FM, les retraités pensionnaires ladite institution en appellent à votre sens de la justice sociale, pour bénéficier dans ces instants difficiles, d’une subvention ou d’une avance d’un mois de pension à faire valoir sur leurs revenus ultérieurs, de la part de l’institution pour mieux se pourvoir pendant le ramadan et parer à toute éventualité de spéculation et de rupture de stock. Monsieur le Président, nous ne saurions conclure ces lignes sans vous faire part du soutien et des encouragements de vos retraites qui, à l’instar de leurs compatriotes s’inscrivent dans cette dynamique d’»union Sacrée» enclenchée autour de votre personne pour combattre le covid-19.
La fraternelle des retraités du Sénégal
CORONAVIRUS EN AFRIQUE: LA TÉLÉVISION COMME TABLEAU NOIR POUR ÉLÈVES ET ÉTUDIANTS
"Ecole à la maison", "Salle des profs", "L'école à la télé"...De nombreux Etats africains ou des chaînes privées ont lancé des programmes de télé-enseignement pour tenter de compenser la fermeture des établissements scolaires et universitaires
"Ecole à la maison", "Salle des profs", "L'école à la télé"...De nombreux Etats africains ou des chaînes privées ont lancé des programmes de télé-enseignement pour tenter de compenser la fermeture des établissements scolaires et universitaires.Mais ce n'est pas la solution miracle.
"C'est pour éviter que le Covid-19 gagne là où ça fera le plus mal, dans le domaine du savoir.Que les enfants ne désapprennent pas même s'ils restent à la maison", affirme à l'AFP Massamba Guèye, enseignant-chercheur au Sénégal, où la télévision Futurs Médias (TFM, privée), propriété du chanteur Youssou Ndour, dispense trois fois par jour des cours à toutes les classes, y compris l'enseignement professionnel.
"La reprise de l’école (...) n’est plus à l’ordre du jour.Il faut sauver l’école car, probablement, une menace d’année blanche plane", constate l'Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci).
Au Burkina Faso, la télévision privée Burkinainfo diffuse quatre fois par jour des cours destinés aux élèves en classe d’examen (3e et terminale).
"Nous enregistrons les enseignements, que nous diffusons sur la télévision.Essentiellement les matières de base: mathématiques, physique-chimie, philosophie et français", explique le directeur de la chaîne Ismaël Ouédraogo."Les cours sont dispensés par des enseignants expérimentés, qui soutiennent bénévolement l’initiative de la télévision”, soutient-il.
En Côte d'Ivoire, une start-up propose des cours avec des sms.Gratuit au début mais payant ensuite....
Plusieurs instituts et universités africaines privées explorent l’enseignement à distance avec internet.
"Nous avons prévu de finir l’année scolaire fin mai", explique au Burkina le président du conseil d’administration de l’Institut africain de management (IAM), Amed Moussa Diallo, qui a mis en place des cours en ligne.
Toutefois, cette méthode se heurte à plusieurs écueils: la faible couverture dans certaines régions d'Afrique (zones rurales), ou son prix, car dans de nombreux pays la plupart des étudiants n'ont pas les moyens de se connecter longtemps.
"La plupart des étudiants n'ont pas accès à internet d'autant qu'on a demandé à beaucoup d'entre eux de rentrer dans leurs foyers souvent dans des endroits reculés de l'Ouganda", affirme Henry Tumwiine, professeur à l'université Mountain of the Moon University de Fortportal (Ouest de l'Ouganda).
"En Afrique subsaharienne, 89% des apprenants n'ont pas accès aux ordinateurs familiaux et 82% n'ont pas internet", souligne l'Unesco dans un communiqué, dénonçant une "fracture numérique préoccupante dans l'enseignement à distance".
"En outre, alors que les téléphones mobiles peuvent permettre aux apprenants d'accéder à l'information, de se connecter entre eux et avec leurs enseignants, environ 56 millions d'apprenants vivent en des lieux non desservis par les réseaux mobiles, dont près de la moitié en Afrique subsaharienne", ajoute l'Unesco.
"Je n'ai pas de quoi me payer un ordinateur donc je manque les cours en ligne.On va attendre la réouverture de l'université", affirme Alexander Mubiru, 29 ans, étudiant à l'université public de Makerere de Kampala.
La télévision n'est pour autant pas le remède miracle, faute d'interactivité entre professeurs et élèves: pas de question possible, pas d'observation du professeur pour voir si les élèves ont bien compris...
Il aurait fallu coordonner le programme avec des écoles ou des professeurs pouvant intervenir avec les élèves, comme pour les cours par internet, estiment certains parents d'élèves.
- Pas d'électricité ou de télé -
"Avec les cours à la maison, les élèves doivent d’abord s’habituer à s’asseoir et être devant leurs ordinateurs.Ils doivent adopter une discipline", estime Makini Tchameni, directrice de l'African American Academy, spécialisé dans les cours à distance au Burkina.
L'Ageeci s'interroge sur la possibilité de proposer "le quantum horaire (1.300 heures pour l'année)" et s'inquiète aussi pour les élèves "qui ne comprennent pas les cours (...)Pourront-ils maitriser le téléenseignement, surtout pour ceux qui sont dans les bas-quartiers où il n’y a parfois ni électricité, ni télévision, ni radio ou internet?"
"Depuis une semaine, la ville est privée d'électricité.Les élèves passent le temps dans les champs pour gagner de l'argent", témoigne un fonctionnaire de Mozogo, ville enclavée de l'Extrême-Nord du Cameroun.
"Les enfants sont désemparés.Ce n'est pas tout le monde qui a un téléviseur.Nous sommes inquiets parce que nos enfants n'ont pas la même possibilité de suivre les cours à la radio et à la télé", explique Gil Mahama, parent de huit enfants à Mozogo.
Assidu devant la télé dans le salon familial au Burkina, Khalil Nonguierma, élève de terminale, se réjouit de l’initiative qui permet de "garder un contact avec l’école" mais s'inquiète du "manque d’interactivité avec l’enseignant qui se contente de faire un cours magistral ou de traiter des exercices"."Si on comprend, c’est bien mais si on ne comprend pas, on n’arrive plus à suivre".
Par Cheikh NGAIDO BA
L’APPEL DE DAKAR… UNE OFFRE AFRICAINE
Lancé, mercredi 8 avril 2020, par le président Macky Sall, l’Appel de Dakar pour une nouvelle gouvernance mondiale est une offre africaine.
Lancé, mercredi 8 avril 2020, par le président Macky Sall, l’Appel de Dakar pour une nouvelle gouvernance mondiale est une offre africaine. Le prétexte n’est pas des meilleurs mais l’initiation positive nous enseigne qu’une très grande partie du bien peut provenir du mal : c’est tout le sens qu’il faut donner à l’appel de Dakar. « L’Afrique et le monde face au Covid 19 : point de vue d’un Africain » : un magnifique texte du président Macky Sall. « L’Afrique berceau de l’humanité et terre de vieille civilisation n’est pas et ne saurait être ‘’un no man’s land’’. Elle ne saurait non plus s’offrir comme terre de cobayes, également les scénarios catastrophiques qui s’évertuent à dessiner un futur d’apocalypse pour le continent.
Ayant subi, à travers sa longue et riche histoire, des épreuves autrement plus périlleuses, et plus cruelles ce continent est et reste résilient et tien plus que jamais debout » Ces propos d’un chef d’Etat né après les indépendances, ou plus exactement d’un Africain de la jeune génération des présidents de la République, sont d’une lucidité sans faille et prouvent la vision d’un grand dirigeant, comme l’écrivait d’ailleurs le journaliste Alioune Fall.
Dans son texte très réaliste « L’Afrique face au covid 19 : point de vue d’un Africain », le président Macky Sall, dès le début, campe le décor en ces termes : «Avec une population estimée à un milliard trois cent millions d’habitants, l’Afrique est atteinte par le covid 19 au moment où plusieurs de ses pays, malgré les défis du sous-développement, sont sur une trajectoire d’émergence alors que d’autres continuent de faire face à la lutte contre le terrorisme.
Le covid 19 freine ainsi l’élan des uns, aggrave la situation des autres et remet en cause les efforts de tous. De plus, il soumettra à rude épreuve des systèmes nationaux de santé publique déjà vulnérables. De nombreux pays ont adopté des plans de confinement pour éradiquer la propagation du virus à l’échelle nationale. Mais le niveau d’impréparation due à la survenance brutale de la pandémie, à son évolution rapide et à l’ampleur des besoins montre clairement les limites des mesures nationales ».
Dans l’appel historique de Dakar sur la guerre contre le covid 19, et les difficultés inhérentes à l’importation des équipements et des produits médicaux pharmaceutiques nécessaires à lutter dans un contexte de forte demande et de perturbation du trafic aérien, pour gagner le combat en maintenant le niveau des capacités de riposte, le président Macky Sall préconise notamment « de disposer en quantité suffisante d’équipements et de matériels médicaux et de protection : kits de test, masques, équipement de protection individuelle, aménager et équiper des centres d’isolements et de traitement des malades, assurer la détection précoce des cas d’infection liés au covid 19 au niveau des sites de références, assurer l’isolement rapide et la prise en charge des cas suspects et confirmés d’infection pour renforcer les mesures de protection et de contrôle et d’assurer une bonne coordination de toutes les interventions ».
Après quoi, il s’est adressé à l’Afrique en ces termes : « Il faut dire qu’en dépit des efforts jusque-là consentis, les pays africains n’ont pas encore atteint les normes préconisées par l’Organisation mondiale de la santé en infrastructures sanitaires et personnel qualifiés dont la répartition reste encore inégale au détriment des zones rurales. De façon générale, les besoins de l’Afrique dans le secteur de la santé se posent avec acuité. De la formation des ressources humaines en qualité et quantité suffisantes en passant par l’utilisation optimale des technologies de l’information et de la communication (TIC), la télémédecine et la mise en réseaux des expertises nationales au sein et entre les autres pays d’Afrique jusqu’à la création de plateforme régionale pour faciliter le déploiement d’opération d’urgence à l’instar de la plateforme de Dakar qui a servi de base aérienne et logistique lors de la crise d’Ebola qui avait frappé certains pays de la région ouest africaine et l’appui aux initiatives pour la couvertures maladie et/ou sanitaires universelle ».
Selon le chef de l’Etat Macky Sall, trois leçons sont à retenir de la crise. «D’abord l’infiniment petit fait trembler le monde entier, c’est que devant des mesures transfrontalières grands ou petits, riches ou pauvres nous sommes tous vulnérables.
Ensuite, le covid 19 renvoie au monde ses propres contradictions. Nous vivons, en effet, une crise de paradoxes. La terre est assurément ronde, mais quelque close, quelque part ne tourne pas rond. L’homme continue de faire des progrès tous azimuts reculant chaque jour et à tout instant les limites de la science et de la technologie, y compris dans la conquête de l’espace et pendant ce temps sur terre, il manque des masques, des kits de tests, d’équipements de protection individuelle, de lits, de respirateurs ; autant de produits, matériels et équipement indispensables à la prise en charge des malades et à la protection des personnels de santé, les véritables héros engagés au front d’une lutte risquée et potentiellement mortelle contre un ennemi invisible à l’œil nu .Il est donc temps de revenir sur terre »
S’agissant de la troisième leçon, le président de la République estime que la pandémie du covid 19 « confirme les limites objectives de l’Etat-Nation dans la réponse aux menaces transfrontalières ». Il est donc temps de revenir à la sagesse des ainés comme nous y invite notre compatriote Cheikh Hamidou KANE, ce gardien du temple, qui, dans son roman à succès mondial « L’aventure ambigüe » édité et publié en 1961 (l’année de naissance de son excellence le président Macky SALL) énonçait à la page 92 ce message prémonitoire : « Nous n’avons pas eu le même passé, mais nous aurons le même avenir, rigoureusement…
L’heure des destinées singulières est révolue… Nul ne peut vivre de la seule préservation de soi ». La victoire sans avoir raison fort justement décrite dans le chef d’œuvre littéraire ‘’L’Aventure ambigüe’’ est aujourd’hui tout à fait remise en cause et le président Macky Sall le rappelle avec pertinence en soutenant que devant les défis planétaires quels que soient sa puissance et ses moyens, l’Etat-Nation ne peut se suffire à lui-même. « Nous avons tous besoin les uns des autres, surtout quand nos vulnérabilités communes s'ajoutent à nos fragilités individuelles, alors, il est d’apprendre de nos erreurs et de nos limites, de redéfinir l’ordre des priorités, de redonner plein sens à l’économie réelle en investissant plus dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, pour réaliser un développement soucieux du bien-être de l’homme intégral ».
Poursuivant, le chef de l’Etat a estimé qu’« il est temps de travailler ensemble à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales. Ce nouvel ordre mondial, que j’appelle de mes vœux, suppose une confiance mutuelle et une volonté sincère de coopérer autour des questions d’intérêt commun et de valeurs partagées dans le respect de nos différences et de nos diversités. Je postule aussi et surtout pour un nouvel Etat d’esprit qui reconnait que toutes les cultures et toutes les civilisations sont d’égale dignité et qu’il ne saurait y avoir de centre civilisationnel supérieur qui dicterait aux autres la façon d’être et d’agir.
Comme le dit une sagesse africaine, l’arc en ciel doit sa beauté aux tons variés des couleurs ». L’appel Historique de Dakar, du président Macky Sall, à l’ intention des cent quatre-vingt-treize Etats de la planète terre, donne une excellente réponse à la lancinante question de la crise de la pensée universelle, en pensant à la crise par une offre africaine pour une nouvelle gouvernance mondiale plus juste.
Pour sa mise en œuvre, une bonne équipe africaine s’impose avec un ‘’ top management ‘’ de qualité composé de cinq chefs d’Etat de la même génération : UHURU KENYATA du Kenya, FELIX TSHISEKEDI de la République démocratique du Congo, Paul KAGAME du Rwanda, le roi MOHAMMED 6 du Maroc et, last but not least, MACKY SALL du SENEGAL, l’initiateur. Ces chefs d’Etat devraient être les points focaux des cinq régions naturelles de l’UNION AFRICAINE. Nés après les indépendances, ils sont les héritiers des pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine. Cette génération de chefs d’Etat est porteuse de l’offre africaine pour un nouvel ordre mondial.
Cette noble, belle et historique mission, elle doit l’assumer avec des partenaires mondiaux comme le jeune chef d'Etat français EMMANUEL MACRON. Lequel l a tout à fait raison de dire que nous pleurons, toute l’humanité pleure, les morts d’un même virus, tout en préconisant un plan en quatre en axes importants en partenariat avec l’Afrique dont l’annulation pure et simple de la dette publique et l’échelonnement de la dette privé africaines, un point essentiel de l’Appel de Dakar dont la mise en œuvre se fera avec la société civile, mais la vraie dans le sens gramscien du terme car dotée de la sincérité et de la conviction de veille et d’alerte qui aura couté une décennie carcérale dans les geôles mussoliniennes à Antonio GRAMSCI, brillant intellectuel organique italien – de 1917 jusqu'à son assassinat en 1927 en prison. Il est donc heureux que sous le titre « Il est temps d’agir », quatre-vingt-cinq universitaires, intellectuels, hommes de culture d’Afrique et de sa diaspora adressent une lettre aux dirigeants du continent sur les risques qui planent sur l’Afrique relatifs à la propagation du covid 19, sur la gravité de l’heure.
Leur interpellation individuelle et collective est plus que salutaire. Ce faisant, ils sont tous des alliés objectifs du président Macky Sall dans le cadre de l’Appel historique de Dakar pour une offre africaine d’un nouvel ordre mondial fondé sur une gouvernance plus juste. C’est pourquoi, sans aucun risque de me tromper, j’affirme avec force que l’appel Historique de Dakar par une offre africaine pour un nouvel ordre d’une gouvernance mondiale plus juste n’est pas conjoncturel. Il va au-delà de l’après covid -19 qui consacrera inéluctablement des relations internationales autrement structurées. J’en profite pour dire que Boubacar Boris Diop n’a pas raison même si c’est son droit d’être gêné d’entendre la président Macky Sall prendre la grande initiative de l’annulation de la dette publique africaine, ce qui du reste n’est pas nouveau puisqu’il la réclamée a plusieurs reprises.
L’écrivain journaliste a encore tort parce que le président Macky Sall n’est l’obligé de personne surtout que, dans cette initiative historique, c’est bien le président Emmanuel MACRON qui appuie sans réserve une des propositions de l’appel de Dakar en l’occurrence l’annulation de la dette publique africaine. Une proposition soutenue aussi par le Pape François dans son message à l’occasion de la célébration de Pâques.
L’écho est donc plus que favorable même si Boubacar Boris Diop le reconnait quand il déclare dans l’interview publiée dans le « Témoin quotidien » du jeudi 16 et vendredi 17 Avril 2020 ceci : « même si personne ne sait de quoi demain sera fait, le pays tient debout et on le doit en partie au président Macky Sall. Je suis de ceux qui n’avait pas compris son refus de rapatrier les 13 étudiants sénégalais de Wuhan mais les faits lui ont donné raison.’’ C’est pourquoi je dis à Boubacar Boris DIOP qu’aucun doute n’est permis que le président Macky Sall conçoit son action politique en toute souveraineté même s’il est partisan de la concertation pour toujours aboutir à des consensus les plus forts possibles.
De mon point de vue, aucun autre cadre concernant son action n’obéit à aucune dépendance. Cela dit, mon cher Boris, je partage votre opinion selon laquelle « notre réponse à ce qui arrive en ce moment devra être fondamentalement culturelle. Pour le dire en termes plus clairs, au lendemain de la pandémie, la révolution africaine sera culturelle ou ne sera pas ». Justement, l’appel Historique de Dakar du président Macky Sall concernant une offre africaine a aussi un soubassement culturel mais très éloigné de l’idéologie primaire de l’anti-impérialisme de nos vingt ans. Pour tout cela, aucun doute n’est permis sur le quinquennat de la confirmation.
Cheikh NGAIDO BA
APRES LA JUSTICE DES HOMMES, SOULEYMANE TELIKO NOUS RENVOIE A L’ULTIME AUDIENCE !
« Méditations sur l’acte de juger : L’Ultime audience ! » tel est le titre de l’ouvrage du magistrat Souleymane Téliko qui nous fait méditer sur l’ultime audience ou le jugement dernier.
Troquant sa toge, ou sa robe au fourreau d’hermine, contre le turban de chercheur-islamologue, le magistrat Souleymane Téliko a sorti un livre original intitulé : « Méditations sur l’acte de juger : L’Ultime audience ! » Doté d’une expertise en matière des sciences juridiques et islamiques, Docteur Souleymane Téliko nous « renvoie » au Jugement dernier après celui des hommes (Cours et Tribunaux). Dans l’ouvrage traduit en arabe et en anglais, l’auteur dresse les « similitudes » entre les deux « juridictions » tout en estimant que Celle de Dieu est la Meilleure des Juridictions. Donc incomparable ! D’où le titre de son ouvrage : « Méditations sur l’acte de juger : L’Ultime audience ! » Un ouvrage préfacé Mamadou Bamba Ndiaye, ancien ministre des Affaires religieuses. En exclusivité, « Le Témoin » vous ouvre les bonnes feuilles de ce livre à la fois instructif et « effrayant » pour tout croyant…
« Méditations sur l’acte de juger : L’Ultime audience ! » tel est le titre de l’ouvrage du magistrat Souleymane Téliko qui nous fait méditer sur l’ultime audience ou le jugement dernier. Ce, après la justice des hommes. En faisant du Prophète Dâwoud(psl) son vicaire sur terre, Allah, le Tout-puissant lui assigne aussi, la mission redoutable de rendre le jugement entre les hommes. En préfaçant l’ouvrage, l’ancien ministre Bamba Ndiaye rappelle que le sceau des Prophètes Mouhammad (Sws), a personnellement assumé cette fonction au début de l’islam, avant de désigner plus tard, d’illustres compagnons comme Mouâz Ibn Jabal, Ali Ibn AbouTâleb (RTA), comme juges, chacun dans un lieu précis. « Allah lui-même se qualifie dans la sourate At-tîne (95), verset 8, comme étant le « meilleur juge»( Ahkamoul hâkimîne). L’acte de juger est perçu dans l’islam et dans toutes les sociétés humaines évoluées, comme une fonction très délicate, mais, somme toute, indispensable pour maintenir l’équilibre et l’équité dans la société » a expliqué l’ancien des affaires religieuses sous Me Abdoulaye Wade. A propos de l’ouvrage, il dit que le brillant magistrat Souleymane Téliko livre des «Méditations sur l’acte de juger, Ici-bas et dans l’Au-delà» « Si l’on admet qu’il existe des similitudes dans l’acte de juger Ici-bas et dans l’Au-delà, il s’avère évident qu’il est , tout de même, risqué de s’aventurer dans la jungle des comparaisons entre deux actes qui se passent dans deux séquences différentes, avec notamment des acteurs tout à fait différents » a-t-il fait savoir, histoire de faire la part des choses » (…)
Une invite à l’introspection et à la prospective…
(…) «L’Ultime audience : Méditations sur l’acte de juger Ici-bas et dans l’Au-delà» est à la fois une invite à l’introspection et à la prospective. Si l’acte de juger Ici-bas est un regard vers le passé et un clin d’œil au présent, l’acte de juger dans l’Au-delà, constitue pour Souleymane Teliko, un regard vers le futur pour ne pas dire un saut vers l’inconnu. Selon le préfacier Bamba Ndiaye, ces deux regards croisés, donnent lieu à une prise de conscience par le juge qui accepte de remettre en cause des pré-requis, mais qui prétend, en même temps, à une indépendance, sans laquelle, l’acte de juger aura perdu toute son efficacité voire sa légitimité. Dans son introduction, l’auteur « Méditations sur l’acte de juger : L’Ultime audience ! » tient à rappeler que la vocation de tout message est d’être lu et compris. « Il en est ainsi, naturellement, de la Parole révélée de Dieu qui n’est rien d’autre qu’un message que le Seigneur de l’univers adresse à ses créatures. Cet impératif de connaissance a pour corollaire le devoir pour chaque homme de chercher à saisir le sens et la portée du message reçu. L’adoration de Dieu est donc indissociable d’un travail de méditation, entendue ici comme réflexion soutenue et profonde sur un objet précis. Dans le cadre d’un tel exercice, l’approche peut varier en fonction des connaissances et de la sensibilité du chercheur » a fait savoir Souleymane Teliko dans l’ouvrage. « D’abord, l’objet de cet ouvrage n’est pas de comparer la Justice de Dieu à une quelconque autre justice. Ce livre s’inscrit dans une logique non pas de comparaison, mais de méditation. Il s’agit de s’arrêter sur certaines séquences des audiences criminelles dont la description se rapproche de certains aspects du jugement dernier, pour méditer sur le sens et la portée de l’acte de juger. Autrement dit, l’instance criminelle est présentée ici comme un moment de « rappel » ou de méditation. Ensuite, l’objet de la réflexion se limite aux différentes étapes de la procédure criminelle et ne concerne pas les règles de fond. Ces étapes étant à quelques réserves près, communes à tous les systèmes judiciaires, le parallèle que nous faisons vaut pour toute forme de justice humaine, peu importe qu’elle soit d’inspiration religieuse ou laïque. En un mot, l’idée principale de cet ouvrage est de montrer comment une activité aussi manifestement profane que l’acte de juger peut revêtir une charge symbolique et spirituelle selon l’angle sous lequel on la considère » a expliqué l’auteur pour éviter tout malentendu avant de préciser que l’objet de cet ouvrage n’est pas de comparer la Justice de Dieu à une quelconque autre justice (…)
Comparution à l’Ultime audience !
(…) « L’audience de l’Au-delà est celle au cours de laquelle tous, à l’exception de l’Unique, seront de l’autre côté de la barre. Pour éviter tout malentendu, il nous paraît nécessaire d’apporter deux précisions : D’abord, l’objet de cet ouvrage n’est pas de comparer la Justice de Dieu à une quelconque autre justice. Ce livre s’inscrit dans une logique non pas de comparaison, mais de méditation. Il s’agit de s’arrêter sur certaines séquences des audiences criminelles dont la description se rapproche de certains aspects du jugement dernier, pour méditer sur le sens et la portée de l’acte de juger. Autrement dit, l’instance criminelle est présentée ici comme un moment de « rappel » ou de méditation. Ensuite, l’objet de la réflexion se limite aux différentes étapes de la procédure criminelle et ne concerne pas les règles de fond. Ces étapes étant à quelques réserves près, communes à tous les systèmes judiciaires, le parallèle que nous faisons vaut pour toute forme de justice humaine, peu importe qu’elle soit d’inspiration religieuse ou laïque. En un mot, l’idée principale de cet ouvrage est de montrer comment une activité aussi manifestement profane que l’acte de juger peut revêtir une charge symbolique et spirituelle selon l’angle sous lequel on la considère. L’idée d’écrire sur ce thème nous est venue d’un constat fait à travers la relecture des versets relatifs au déroulement du jugement dernier. A l’occasion, nous avons été frappés par les similitudes entre certains aspects du jugement dernier et ce qui se pratique quotidiennement, dans nos juridictions. En effet, l’évocation dans le Coran de la comparution sous escorte devant Allah (…) »
Quand l’ange annonça l’ouverture de l’audience…
(…) « Cher lecteur , l’ange qui va souffler sur la trompette pour annoncer l’Heure fatidique ne te faitil pas penser à l’huissier qui crie pour annoncer l’arrivée des juges ? Le conducteur qui accompagne la personne devant son Seigneur ne renvoie-t-il pas au gendarme qui escorte l’accusé de la prison au tribunal? La présence d’un témoin aux côtés de chaque âme ne te fait-elle pas penser aux témoins que le tribunal met un soin si particulier à faire comparaître ? Le silence de cathédrale imposé aux hommes au jour du jugement dernier n’estil pas l’autre version de la police de l’audience ci-dessus évoquée ? Et l’accompagnateur chargé de déposer le livre des actes ? Arrêtons- nous un instant sur cette dernière formalité. A la différence de notre audience ici-bas, il n’y aura p a s de greffier chargé de lire l’ordonnance de renvoi. En effet, dans l’Audelà, chaque personne sera chargée de lire, personnellement, son livre, comme indiqué dans le Coran : « Lis ton écrit. Aujourd’hui, tu te suffis d’être ton propre comptable». Cher lecteur, as-tu conscience du caractère angoissant de cette ultime épreuve ? Y’a-t-il scène plus humiliante que celle d’un homme lisant devant le monde entier, à « haute et intelligible voix » pour reprendre les termes propres à notre jargon, le livre de ses actes, alors que, peut-être, il aura détourné la fille mineure de son ami, volé l’argent de la mosquée, réclamé à tout va des pots - de -vin , « marabouté » l’enfant prodige de sa coépouse, etc ? Ainsi, en plus d’un châtiment d’une douleur à nulle autre pareille, c’est la honte et l’avilissement qui guettent tout pêcheur non repenti » (…)
Ici-bas, les accusés ont l e droit de mentir…
(…) « En effet, devant le tribunal des hommes, les juges sont en permanence, exposés à des risques de manipulation ou d’erreurs. Ces risques sont dus au fait : les accusés ont le droit de mentir. Les témoins peuvent ne pas dire la vérité malgré le serment qu’on leur fait prêter. Les enquêteurs peuvent se tromper ou être instrumentalisés. Autant dire que quelque vigilant et intègre qu’il soit, le juge n’est jamais à l’abri d’une erreur d’appréciation. Sa décision, contrairement à celle de Dieu, est donc sujette à contestation et à recours. Ainsi, la vérité judiciaire n’est, en définitive, qu’une vérité relative, susceptible d’être remise en cause, soit par la survenance de faits nouveaux, soit par les révélations de l’ultime audience. Cette conscience des limites propres au jugement rendu par des humains, qui a fait dire à Guy Canivet que « nous rendons la justice les mains tremblantes » doit être une raison suffisante pour ne jamais se départir de son humilité » (…) lit-on dans l’ouvrage du magistrat Souleymane Téliko
par Alassane Niang
DAME NDOYE OU LA FIN TRAGIQUE DE CES PÊCHEURS DE GUETH NDAR !
Malgré ces temps durs, Dame Ndoye était victime de son premier amour, la mer - Depuis une semaine, lui et son équipage sont en haute mer avec leur pirogue « Sambarakh », la lune restait leur seul guide
Dame Ndoye aimait sincèrement sa femme, il n’hésitait pas à élever sa femme aux dessus des belles-dames de Ndar en lui offrant de belles parures, des tissus de Bazin riches et des "Waxx" grâce aux revenues qu’il tirait de ces Thiofs, dorades, mérous. Il se souvenait avec nostalgie de son passé glorieux où la pêche était rentable.
Malgré ces temps durs, Dame Ndoye était victime de son premier amour, la mer. Il quittait chez lui, dès l'aube pour rallier les plages de Gueth Ndar. En s’embarquant dans sa pirogue, Dame espérait que la mer, lui offrirait ce qu'elle avait de plus précieuse. Depuis une semaine, lui et son équipage sont en haute mer avec leur pirogue « Sambarakh », la lune restait leur seul guide. Il errait au large de l'océan à la recherche de petites sardinelles, prêtes au "Pépéshou" soupe à la sardinelle, bon plat pour ce pauvre qu’il est devenu. Le bruit des marmites et les chants timides de ces frères lui donnèrent la force en tant que capitaine d’équipage, de continuer. Ndiaga s'occupa de temps en temps à les égayer par ces talents de comédien.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, l’espoir de nouvelle prise se dissipait. Ces sardines, ces Yaaboys et ces foutus Pans Pans de bateaux chinois, russes et européens ne laissaient rien passer avec leurs filets voraces. Les filets mono-filaments interdits depuis 1998 qu’ils utilisaient, les permettaient de ramasser quelques miettes laissées par ces monstres, un petit crime contre les petites espèces, un petit crime dont ils ne sont pas les coupables, c'est leur gagne-pain. Après avoir tourné en rond sans pouvoir prendre dans leurs filets aucun poisson. Le peu de sardinelles qu’ils avaient comme réserve, les maintenait en vie sans pour autant satisfaire leur faim.
Dame ne voulut pas faire demi-tour à cause de sa femme qui était à son 8ème mois de grossesse. Il ne voulait pas retourner sur terre avec les mains vides alors qu’il devait prendre en charge les médicaments, l'accouchement, le baptême et sa vieille mère malade. L’équipage qui commençait à se décourager, décida après une longue discussion, de virer au Nord vers les eaux mauritaniennes. Des eaux très poissonneuses qu’ils avaient déjà visitées, il réussissait tout le temps de semer les gardes mauritaniennes. Ils décidèrent avant de partir, de retourner à Saint-Louis pour s’enquérir de la situation, et leurs frères de Guett Ndar les rassurèrent du temps merveilleux qu'il faisait.
Ils repartirent malgré ce brouillard qui les envahissait de frayeur, arrivés dans les eaux mauritaniennes, ils commencèrent à pécher. La gaieté se voyait dans leurs visages à la vue de ces espadons, ces capitaines graisseuses et dodues qui sautillaient. Cette joie fut de courte durée, interrompue par une brève détonation. Ndiaga, qui s'activait à tirer les filets, tomba le premier comme un statut sur les eaux, son sang colorait une mer brumeuse. Les autres n’eurent pas le temps de se ressaisir que des rafales pleuvaient, une partie de l’équipage tomba sur la pirogue et les autres dans les eaux. C’étaient les gardes côtes mauritaniennes qui les avaient repérées, ils s’étaient trouvés dans les eaux interdites de pêche. Dame touché par les balles, faisait partie de ceux étaient tombés dans les eaux. La balle avait touché son cou précisément une de ces veines jugulaires, l’hémorragie commençait à le rendre inconscient alors qu’il se noyait.
Pendant ces 2 minutes qui lui restaient à vivre, ces pensées s’emmêlaient rapidement, cet enfant qui naîtra sans lui, à la souffrance de sa chère mère qui agonisera certainement du vide qu’il allait laisser, à son épouse qui ne s'en remettra peut-être pas. Il regretta de ne pas pouvoir se reposer à la cimetière paisible de Thiaka près des rivages, il aurait aimé y être enterré comme tout bon Lébou, mais n’a-t-il pas là une mort digne, comme l’aurait aimé un vrai Lébou, dans les bras de son premier amour, la mer ?
À ces pensées, il enleva sa main sur son cou, se laissa aller, flottant dans les eaux, les yeux au ciel. Il voyait ces aigrettes gazelles, ces albatros et ces pétrels qui volaient aux dessus de lui. Ces oiseaux le hurlèrent, le chahutèrent et ils l’accusèrent avec véhémence d’avoir volé leurs petits desserts de sardinelles en guise d’excuse, il leur invita à se servir de son corps inerte.
par Serigne Filor
UNE DISTRIBUTION DE DENRÉES ALIMENTAIRES QUI FAIT PEUR AUX HÈRES
Si à la seule annonce d’une distribution de denrées alimentaires, tout le monde a peur qu’elle soit entachée d’un manque de transparence, nous devons avoir honte de notre société aujourd’hui caractérisée par des malversations ici et là
Suite à l’enregistrement au Sénégal de cas positifs de Covid-19, le président de la République a lancé un appel à la solidarité nationale et internationale dans le cadre de la riposte contre cette pandémie. Dans cette dynamique, un fonds de 1000 milliards de francs CFA dénommé « Force Covid-19 » a été mis en place par Son excellence M. Macky Sall devant accompagner le programme de résilience économique et sociale. L’aspect social de ce programme est véhiculé par la dotation de 69 milliards de francs (50 milliards au début) pour l’achat de vivres au bénéfice d’un million de ménages éligibles (une éligibilité démontrée par, je pense, l’extrême pauvreté) et « 15,5 milliards de francs pour le paiement des factures d’électricité des ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre, soit 972522 ménages ». Ce que nous pouvons dire, en liminaire, c’est que cela est en parfaite corrélation avec l’empathie que le président de la République semble manifester, lors de son discours à la nation, quand il disait en ces mots : « Je pense aux millions de pères, de mères et soutiens de famille menacés de précarité ».
La distribution des vivres est déléguée à M. Mansour Faye, ministre du développement communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale, responsable de programme (par ailleurs maire de Saint-Louis). Il en est carrément légitime de par son rôle au sein du gouvernement. Je rappelle d’ailleurs que lorsqu’il s’agit du Sénégal, une évaluation de l’équité sociale ou territoriale donne naissance à un foisonnement de faillibilités illustré par la seule centralisation des politiques de développement mis en place par l’Etat. Il semblerait donc qu’il ait failli à une partie de son rôle. Mais que dirons-nous de plus, en tant que démunis, hères menant nos activités de débrouillards le jour pour nous garantir d’une subsistance quotidienne, légitimement bénéficiaires de soutiens venant de l’Etat en ce temps de crise sanitaire mondiale où le confinement est sollicitée, si le ministre en charge de cette opération de distribution d’aide alimentaire, est lui-même, avec Demba Diop Sy, Directeur Général d’Urbaine d’Entreprise (UDE) et titulaire d’une partie du marché relatif à l’acheminement de ces denrées alimentaires, sujet d’une dénonciation pour conflits d’intérêts et délits de favoritisme auprès de l’office nationale de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) déposée ce 17 avril 2020 et dont Guy Marius Sagna du Front pour une révolution anti-impérialiste (FRAPP) est le mandataire ? Nos dires ne seront que l’expression d’une peur de ne pas bénéficier de ce soutien.
Le total des dons du Fonds, nous renseigne l’Agence de presse sénégalaise (APS), suite à l’information donnée par la direction générale du trésor et de la comptabilité publique, a été arrêté au montant de vingt-neuf milliards six cent vingt-sept millions cent mille cent quatre francs (29.627.100.104 FCFA). Les donateurs sont les institutions, les entreprises, les organisations et les particuliers. Le chef de l’Etat lui-même a contribué à hauteur de 50 millions de francs CFA. Des téléthons ont également été organisés pour alimenter ce fonds. C’est assez réjouissant de voir des citoyens fournir des efforts pas anodins pour adoucir, voire freiner l’impact de cette pandémie dans notre pays et également de remarquer que la quasi-totalité des membres de l’opposition ont oublié, pour l’instant, certaines considérations inutiles pour la lutte contre ce fléau. Mais aussi, c’est assez écœurant de constater que, d’un autre côté, se trouvent des gens qui abattent leur rationalité pour avoir la plus grande part de la distribution de ces provisions, eux avec leur famille, leurs amis,…, des gens habiles à faire des manigances dont les conséquences heurtent la sensibilité des plus démunis. L’assistance accordée à ceux-ci est, à certains égards, assimilée à une certaine « promotion » de la pauvreté, celle-ci largement conçue comme un état statique de ceux qui en souffrent d’autant plus que pour les assister on a besoin de montrer leur visage à la télé, sur internet ou de les faire entendre à la radio. Tout ceci est une conséquence d’un coupable exotisme, de l’adoption d’un certain nombre de valeurs qui ne sont pas vraiment les nôtres. Où est passé le « soutoureu » ? Il est écrasé dans cette nouvelle société sénégalaise qui voit l’apogée d’un mondialisme avec son occidentalisation sans précédent. Quelle vilénie ! Quel gâchis !
La vérité, c’est que dans ce pays les richards ont appris à s’enrichir injustement de la pauvreté des uns et des autres, à se réjouir de leur souffrance. Ceci n’est guère l’aspect inhumain du capitalisme (ne le justifiez donc pas avec cela) si bien que la plupart d’entre eux sont des politiciens qui fondent une richesse dans un détournement de deniers publics. A la télé, nous les voyons tous suer, dans un moment de fraîcheur, lorsqu’ils expliquent la manière dont les vivres vont être répartis pour qu’ils arrivent jusqu’aux ayant-droits. Ce qui augmente la peur des hères dont les espoirs de ne pas sombrer dans le vide sont nourris par le seul fait d’être bénéficiaires de ces aides alimentaires. Si à la seule annonce d’une distribution de denrées alimentaires, tout le monde a peur qu’elle soit entachée d’un manque de transparence, nous devons avoir honte de notre société aujourd’hui dépaysé par des malversations ici et là, par des pratiques malsaines qui connaissent une inédite recrudescence. Et cela, je le dis, n’est qu’aggravé par la faillite de l’Etat dans l’achèvement de sa responsabilisation vis-à-vis du peuple. Déjà l’autre jour on nous montrait au journal télévisé des personnes qui exprimaient leur déception car elles avaient reçu la fausse alerte d’une distribution de dons alimentaires dans une place publique, l’un deux disait : « Aujourd’hui, si j’avais cent francs, je l’aurais dépensé à l’achat de 250 grammes de riz au lieu d’en procurer un masque ». Cela assez suffisant pour motiver nos gouvernants à manifester une plus grande sensibilité par rapport aux inquiétudes du peuple, ne serait-ce que pendant ce temps de crise.
Rassurer le peuple en cas de fléau de ce genre, cela fait partie du rôle de l’Etat. Cette assistance, il doit la délivrer avec de soutiens considérables et sans faille, tout en veillant à ce que ceux-ci arrivent jusqu’aux personnes légitimes, suivant les manières les plus équitables. Changer par ci, par-là, celui qui doit s’occuper du Fonds « Force-Covid-19 » serait peut-être un signe d’une volonté de transparence dans la répartition de ce fonds. Cependant, cela est aussi le résultat qui montre que ce n’est pas uniquement la faiblesse économique qui étrangle notre pays, il y a aussi le manque d’intégrité, la conduite en dehors des normes de conduite humaine, le manque d’humanité.
La distribution des dons fait peur aux hères, car dans cette époque, notre pays a connu l’émergence d’une nouvelle élite qui centre la majeure partie de ses activités sur la pratique accrue d’une injustice débordée. C’est une « lâcheté sociale » qui, si elle continue, est le fiable présage que notre pays ne sera jamais compté parmi ceux qui ont connu des apogées bruyantes. C’est un problème qu’il faut résoudre pendant et après cette pandémie. Ce faisant, nous vivrons peut-être en paix, sans voir de nombreuses personnes aux moyens très limités tendre la main pour demander de l’aide.
Par ailleurs, cette crise a aussi apporté un message aux dirigeants : il faut promouvoir les valeurs citoyennes et morales à travers leurs politiques de développement. La seule responsabilité citoyenne suffirait à limiter les dégâts qu’a causés ce virus. Il faut donc dès à présent, que l’Etat, à travers sa « voix rauque et incrédule », prône pour une promotion des valeurs citoyennes, morales, traditionnelles, religieuses,… Car, moi j’y crois, on ne peut pas connaître le meilleur en les bafouant.