SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 juillet 2025
LE SÉNÉGAL PRUDENT AU SUJET DU COVID-ORGANICS
Le président malgache dans un tweet avait annoncé ce vendredi une « commande » du remède par le Sénégal après un entretien avec son homologue Macky Sall. Or d’après une source proche du dossier à Dakar, aucune commande n’a encore été passée
Pas de test au Sénégal du remède malgache « Covid-Organics » pour le moment. Cette décoction composée de plantes est revendiquée par le président Andry Rajoelina comme une solution contre le coronavirus. Le président malgache dans un tweet avait annoncé ce vendredi une « commande » du remède par le Sénégal après un entretien avec son homologue Macky Sall. Or d’après une source proche du dossier à Dakar, aucune commande n’a encore été passée.
« Nous suivons les recherches à Madagascar avec intérêt ». Ce sont désormais les mots des conseillers du président Macky Sall ce samedi 25 avril. Il n’est pas question de la commande évoquée par Andry Rajoelina, que la présidence ne confirme pas.
Macky Sall dans la visioconférence avec son homologue disait être ouvert à la réception d’échantillons. Mais aucune livraison du « remède » malgache n’est à l’ordre du jour souligne une source proche du dossier, pour qui il n’est pas envisagé de tester la décoction sur des patients atteints par le coronavirus au Sénégal. Dans le corps médical, on attend d’en savoir plus au sujet de la composition de ce « remède » à base d’une plante, l’artémisia.
Le docteur Abdoulaye Bousso coordonne la réponse sénégalaise contre le Covid-19 et dirige le Centre des opérations des urgences sanitaires
« Je n'ai pas d'informations sur des commandes de ce produit passées par l'Etat. Je pense que l'on va attendre de voir ce que c'est. Dans tous les cas, si nous disposions d'échantillons, nous avons les structures capables de les analyser et de voir en quoi cette solution peut aider à la prise en charge (des malades) du Covid-19 », nous explique t-il.
Pour l’instant aucune preuve scientifique tangible de l’efficacité de ce « remède » n’a pu être apportée.
UN SYNDICAT DE L’AÉRONAUTIQUE TROUVE INÉGALE LA RÉPARTITION DES FONDS
‘’Les premiers pas dans la mise en œuvre de ce plan, dans notre secteur d’activité, posent problème, parce que le partage est terriblement déséquilibré et risque de laisser en rade plusieurs sociétés de la plateforme aéroportuaire’’,soutient le Synpaas
Thiès, 26 avr (APS) - Le Syndicat des personnels des activités aéronautiques du Sénégal (Synpaas) déplore dans un communiqué la répartition ‘’terriblement déséquilibrée’’ des 77 milliards de francs CFA alloués au tourisme et aux transports aériens dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale.
‘’Les premiers pas dans la mise en œuvre de ce plan, dans notre secteur d’activité, posent problème (...) parce que le partage est terriblement déséquilibré et risque de laisser en rade plusieurs sociétés de la plateforme aéroportuaire’’, soutient le Synpaas.
Le syndicat salue toutefois les mesures prises par le chef de l’Etat, dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale, pour atténuer l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie sénégalaise, y compris les secteurs du tourisme et des transports aériens.
Quarante-cinq milliards de francs CFA seront affectés au hub d’Air Sénégal en vue de l’‘’opérationnalisation’’ de son plan de développement, selon la clé de répartition des 77 milliards de francs CFA dont le Synpaas dit avoir pris connaissance.
‘’Une enveloppe de 15 milliards de francs CFA sera allouée au crédit hôtelier et touristique, tandis que 12 milliards seront affectés au paiement des hôtels réquisitionnés pour le confinement des cas contacts du Covid-19’’, indique le communiqué.
Cinq milliards de francs CFA sont destinés aux entreprises et agences du portefeuille de l’Etat, selon le texte.
Le Synpaas trouve inéquitable cette répartition des fonds et estime qu’elle va ‘’inéluctablement sonner la mort de plusieurs entreprises du secteur [du tourisme et des transports aériens], et créer les conditions de pertes d’emplois pour des centaines de travailleurs’’.
‘’Au même titre que les hôteliers et la compagnie nationale (Air Sénégal), le gestionnaire et tous les prestataires de l’aéroport vont être impactés avec l’arrêt du trafic’’, avertit le syndicat, soulignant que ‘’l’absence de trafic signifie l’absence de revenus’’.
Il y aura ‘’2,6 millions de passagers de moins au Sénégal en 2020’’, affirme le Synpaas sur la base d’estimations faites par l’Association du transport aérien international, selon lesquelles la reprise du trafic devrait avoir lieu en juillet.
‘’D’ici là, ajoute-t-il, une entreprise comme LAS (Limak-Aibd-Summa), gestionnaire de l’aéroport [Blaise-Diagne], et les autres sociétés ont besoin d’appui et de garantie pour pouvoir assurer les salaires de leurs agents avant un début de rentrée de fonds vers août et septembre’’, affirme le syndicat.
Il laisse entendre, sur la base de ces prévisions, que le montant alloué par l’Etat aux entreprises du tourisme et des transports aériens est insuffisant.
57 NOUVEAUX CAS, UN HUITIÈME DÉCÈS
Le ministère de la Santé a annoncé dimanche un huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal et 57 nouvelles contaminations portant à 671 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Dakar, 26 avr (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé dimanche un huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal et 57 nouvelles contaminations portant à 671 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Il s’agit de 47 cas contacts dont les sujets étaient placés en observation dans les services sanitaires, de neuf cas communautaires et d’un cas importé, a précisé Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la Santé, lors d’un point de presse.
Les cas communautaires – ce sont les cas de coronavirus dont les services sanitaires ignorent la cause de la contamination – ont été recensés à Sangalkam, Mbao, Mbour (ouest), Tambacounda (est) et Touba (centre).
Le patient objet du cas importé se trouve à Vélingara (sud). Le huitième décès causé par le Covid-19 au Sénégal, annoncé par M. Diouf, a eu lieu à Thiès (ouest).
Un examen effectué sur la personne décédée a montré qu’elle avait le Covid-19. Il s’agit d’un homme âgé de 88 ans.
Sept patients ont été déclarés guéris, ce qui porte à 283 le nombre de patients qui ont vaincu la maladie.
A ce jour, 380 patients sont sous traitement dans les centres de traitement du Covid-19, selon Aloyse Waly Diouf.
Il a réitéré la recommandation faite aux populations par le ministère de la Santé de respecter les mesures de protection individuelle et collective contre le COvid-19.
GUY MARIUS SAGNA, LE DON QUICHOTTE DU SÉNÉGAL QUI CROISE LE FER AVEC L’IMPÉRIALISME
C’est en ferraillant contre les déclinaisons de «l’impérialisme» que ce natif de Casamance s’était forgé, ces dernières années, une réputation de militant aguerri, d’insurgé à tout-va, prêt à en découdre pour défendre ses idées
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 25/04/2020
Au Sénégal, les entreprises françaises reviennent au cœur de l’économie après avoir pâti, sous Abdoulaye Wade, prédécesseur de l’actuel Président, d’une politique de diversification des partenaires. De quoi alimenter le ressentiment des uns et des autres, et notamment de Guy Marius Sagna, héraut de la «lutte contre le néocolonialisme».
Au pays de la Teranga (hospitalité, en wolof), l’avènement du coronavirus ne semble guère avoir arrangé les choses au regard d’un certain ras-le-bol anti-français. Après l’assimilation du virus à un «hôte étranger», en réaction à la provenance française du premier cas importé, le grief a muté vers le néocolonialisme et ne cesse de se propager dans certains milieux politiques et militants, coutumiers des procès intentés à l’ancienne métropole.
Entre-temps, et devant les conséquences de la pandémie sur le tissu économique sénégalais, le gouvernement a décidé de débloquer une aide de près d’un milliard d’euros en faveur des entreprises concernées. Depuis, c’est la queue au portillon des ministères pour être éligible à l’aide gouvernementale.
Bien que dérisoire, l’éligibilité à cette aide devrait se faire en fonction de certains autres critères, plaide le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP/ France Dégage). Un véritable tri, selon Guy Marius Sagna, son emblématique leader, qui s’est confié à Sputnik, devrait alors se faire, pour privilégier le capital national. Le tout sans compter le fait que les entreprises bénéficiaires de l’aide doivent opérer aussi bien dans le secteur formel qu’informel, «avec un respect total de la réglementation et des droits des travailleurs. Pour nous, ces éléments sont importants», proclame-t-il.
Un militant aguerri
Les entreprises étrangères qui exercent des activités au Sénégal sont nombreuses. Elles sont marocaines, turques, chinoises, indiennes. Mais les plus puissantes d’entre elles sont d’origine française et fonctionnent le plus souvent comme des entités de droit sénégalais. Une posture qui les place au même niveau que les entreprises locales.
Sur le principe, rien n’empêche que ces différentes sociétés puissent être concernées par l’aide que l’État du Sénégal entend apporter aux entités économiques impactées par la crise sanitaire du Covid-19, selon le Programme de résilience économique et sociale (PRES) décidé par le Président de la République Macky Sall. D’un autre côté, rien n’est dit que les puissantes (et donc les plus résistantes) d’entre elles réclament effectivement leur part d’une aide réservée aux plus affectées. Celle-ci pourrait, d’ailleurs, s’avérer bien dérisoire vu le grand nombre d’entreprises éligibles. Qu’importe, puisque l’attribution de ce soutien gouvernemental ne semble être, pour Guy Marius Sagna, qu’un énième casus belli pour enfourcher son vieux cheval de bataille.
C’est en ferraillant contre les déclinaisons de «l’impérialisme» que ce natif de Casamance s’était forgé, ces dernières années, une réputation de militant aguerri, d’insurgé à tout-va, prêt à en découdre pour défendre ses idées.
Opposant le plus assidu des prisons sénégalaises, il quittait, le 4 mars dernier, le Camp pénal de Liberté VI à Dakar, après trois mois de détention provisoire. Il a été écroué, le 29 novembre 2019, après avoir pris part à une manifestation interdite contre la hausse du prix de l’électricité… et s’être agrippé aux grilles du Palais présidentiel. Une allégorie, sans doute, de la lutte, bec et ongles, qu’il mène sur tous les champs de batailles ?
Mais la défense de la souveraineté économique de son pays contre de présumées «ingérences» et autres manifestations de «néocolonialisme économique» demeure son combat de prédilection, et le bâton de pèlerin qu’il a repris sitôt libéré de prison.
Pour autant, il ne fait pas de la France son Delenda Carthago, nonobstant le nom donné au collectif créé en 2017 et dont il est l’un des leaders les plus médiatiques. Son objectif est simplement de défendre les intérêts fondamentaux de son pays et de l’Afrique.
«En réalité, nous luttons contre le néocolonialisme, l’impérialisme. Tous les impérialismes. Parmi ces impérialismes, il y a des magasins de grande distribution, il y a un opérateur qui contrôle la téléphonie sénégalaise, un autre l’eau sénégalaise. Dans une telle situation, l’aide de l’État du Sénégal doit aller aux entreprises sénégalaises. Il n’est même pas possible d’en faire bénéficier des entreprises africaines en l’absence d’un gouvernement fédéral africain», rétorque Guy Marius Sagna.
Pour une «taxe Covid» sur les multinationales
Il s’oppose à la socialisation des aides car, dit-il, «nous allons assister à une privatisation des bénéfices qui vont aller aux bourgeois capitalistes des pays de la Triade. C’est pourquoi, qu’elles soient françaises, états-uniennes, allemandes… elles doivent être écartées, toutes. Mieux, le FRAPP propose une taxe Covid-19 appliquée aux entreprises impérialistes qui ont bénéficié de contrats importants».
Réfutant toute fixation aveugle sur les entreprises hexagonales, le leader de «Frapp/France Dégage» précise : «Le FRAPP n’a aucun problème avec les entreprises françaises en particulier. Il a un problème avec les multinationales qui sont des instruments du capitalisme et donc de l’impérialisme qui est le cancer qui ronge l’Afrique. Nous ne cherchons pas à quitter un impérialisme pour rejoindre un autre impérialisme.»
«Nous ne cherchons pas à faire dégager l’armée française de l’Afrique pour accepter la présence d’Africom, compare-t-il. Ainsi en est-il également sur le plan économique. Il est plus que temps que nos dirigeants identifient les entreprises appartenant à des Sénégalais et créées avec des capitaux sénégalais.»
La bonne représentation des entreprises françaises au Sénégal est une constante dans l’économie locale. La politique de diversification des partenariats menée par l’ancien Président Abdoulaye Wade a consolidé la présence chinoise et facilité l’émergence d’autres alliés, asiatiques en particulier. Selon Christophe Bigot, ancien ambassadeur de France à Dakar, cette diversification a eu pour effet de faire baisser la part de marché des entreprises françaises au Sénégal de 25% à 15% entre 2006 et 2016 (de 24,3% à 15,9%, selon le site Africa Check se basant sur les données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Depuis, les grands projets d’infrastructure lancés par le Président Macky Sall ont remis la France au centre des enjeux économiques et financiers sénégalais.
Un officiel sénégalais, qui a requis l’anonymat, considère qu’il y a clairement un basculement du régime sénégalais vers la France.
«Bolloré, qui a connu des déboires avec Abdoulaye Wade, règne désormais en maître au port de Dakar après avoir racheté en partie son concurrent… français Necotrans. Suez vient juste de prendre la place de la Sénégalaise des eaux (SDE) pour la distribution de l’eau. Total a eu certes tardivement sa part du gâteau des découvertes pétrogazières mais elle l’a eue quand même, provoquant au passage la démission du ministre des Énergies.»
Il poursuit, citant encore le méga-contrat du Train express régional (TER) remporté par le trio Alstom-Thales-Engie prévu pour relier Dakar à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), le projet d’Omnibus entre la capitale et la banlieue confié au duo SNCF-RATP pour démontrer que «la France est bel bien au cœur de notre économie».
Le basculement de Macky Sall
Avec une main-d’œuvre locale bien présente dans ces divers chantiers, les entreprises françaises peuvent se prévaloir d’une certaine participation au bien-être des Sénégalais. En effet, «les filiales de sociétés françaises et entités de droit sénégalais détenues par des ressortissants français représentent plus du quart du PIB et des recettes fiscales au Sénégal. Selon les dernières estimations, il existerait plus de 250 entreprises françaises présentes dans le pays, qui emploieraient plus de 30.000 personnes. La présence française concerne tous les secteurs d’activité», peut-on lire sur le site de l’ambassade de France au Sénégal.
Mais il en faut plus pour en convaincre Guy Marius Sagna et son constat est amer : «Le plus important n’est pas que ces entreprises emploient ou pas un personnel sénégalais ou africain. Dans leur propre pays, sur leur propre continent, les sociétés africaines sont concurrencées, elles sont perdantes. À l’extérieur, elles sont inexistantes.» La faute exclusivement à «l’impérialisme» ?
AUDIO
LES BOUTS DE BOIS DE DIEU, D'OUSMANE SEMBENE
D’inspiration marxiste, le récit met en scène la lutte des classes à l’œuvre dans l’Afrique coloniale à travers l’évocation de la grève des cheminots du Dakar-Niger de 1948. D’une écriture sans manichéisme aucun, le roman n’a pas pris une seule ride
Classique de la littérature africaine de langue française, régulièrement réédité en format de poche, Les bouts de bois de Dieu est un roman militant sous la plume du Sénégalais Ousmane Sembène. D’inspiration marxiste, le récit met en scène la lutte des classes à l’œuvre dans l’Afrique coloniale à travers l’évocation romancée de la grève des cheminots du Dakar-Niger de 1948. D’une écriture serrée et sans manichéisme aucun, le roman n’a pas pris une seule ride.
Le classique des classiques
Les Bouts de bois de Dieu est le classique des classiques africains, enseigné aujourd’hui dans toutes les bonnes écoles à travers le monde francophone. Les Américains parlent d'« African canon » pour désigner les œuvres essentielles du continent, dont ce livre fait indubitablement partie. Paru en 1960, il est l’œuvre du Sénégalais Ousmane Sembène. Ce dernier est mieux connu comme cinéaste, mais c’est sans doute parce qu’on oublie que le « père du cinéma africain » avait commencé sa carrière en tant que romancier. En réalité, Sembène a eu plusieurs carrières : il fut pêcheur, tirailleur pendant la Seconde Guerre mondiale, cheminot, ouvrier à la chaîne aux usines Renault à Paris, docker et syndicaliste à Marseille, avant de se lancer dans une carrière de romancier, puis de cinéaste.
Selon ses biographes, Sembène avait précocement arrêté ses études à l’âge de 13 ans. Il s’y était remis pendant les longues années qu’il a passées à Marseille après la guerre. Il suivait des cours dans les écoles du Parti communiste et surtout lisait énormément, empruntant des livres à la bibliothèque du port, tenue par la CGT. C’est ainsi qu’il avait découvert Germinal d’Emile Zola qui lui a servi pour Les Bouts de bois de Dieu, le roman le plus abouti de Sembène. La maîtrise de la narration, l’économie des moyens, l’efficacité du récit qui caractérisent ce roman sont d’autant plus étonnant que l’homme était un autodidacte complet en littérature, qui n’était passé par aucune école de « creative writing ».
Que raconte le roman ?
Les Bouts de bois de Dieu est le récit romancé d’un événement historique, la grande grève des cheminots sur la ligne Dakar-Niger, qui eut lieu en 1947-1948. Les romans de Sembène partent toujours d’une indignation sociale. C’était le cas déjà pour son premier roman Le docker noir (1956) dont le point de départ étaient les grèves des dockers marseillais pendant la période des guerres coloniales françaises. Ces grévistes tentaient d’empêcher le chargement d’armes pour l’Indochine. Les Bouts de bois de Dieu est dédié aux grévistes qui luttèrent pendant presque six mois pour arracher à leurs employeurs des salaires décents, une retraite et des allocations familiales, des droits réservés jusque-là aux employés français.
L’auteur, qui avait travaillé comme cheminot à l’époque, avait suivi de près l’action des grévistes, et fut personnellement témoin des sacrifices et du courage des acteurs. C’est tout cela que son livre met en scène à travers une narration partagée entre les trois grandes villes, à savoir Dakar, Thiès et Bamako, desservies par la ligne ferroviaire. Progressivement, la tension monte et on voit les grévistes et la police coloniale s’affronter de manière de plus en plus violente.
La guerre que les deux camps se livrent et que le roman raconte avec un sens consommé du dramatique et du tragique, a une dimension épique car ses enjeux semblent dépasser les revendications du moment et engager l’avenir. Ces enjeux sont portés par des hommes exceptionnels, mais aussi par des femmes déterminées et courageuses. Le rôle éminent que jouent les femmes dans ce roman est réellement révolutionnaire, ce qui a valu à Ousmane Sembène d’être qualifié à l’époque de la parution du roman de « premier romancier africain féministe ».
Des femmes puissantes
L’œuvre littéraire comme cinématographique d’Ousmane Sembène se distingue par sa dénonciation des souffrances morales et matérielles dont les femmes sont victimes dans la société africaine. Mais le romancier refuse de représenter la femme seulement comme victimes. Dans Les Bouts de bois de Dieu, il les a placées en première ligne pour mieux refléter leur importance dans l’évolution de la vie sociale et politique en Afrique. Epouses, mères ou sœurs des grévistes, on les voit solidaires de la révolte de leurs hommes. Elles sont l’âme et l’arme de la contestation des grévistes.
C’est par ailleurs la grande marche entreprise par les femmes entre Thiès et Dakar et son accomplissement malgré de moult obstacles, qui seront déterminants dans l’issue victorieuse de la grève des cheminots. Il n’est sans doute pas accidentel que cette aventure héroïque soit mise en musique et dirigée par Penda, une ancienne prostituée. En tombant sous les balles des tirailleurs, celle-ci s’impose comme martyre de la cause et à ce titre peut-être le véritable protagoniste du récit, et d’une certaine façon plus important que ses héros masculins.
Trois raisons pour lire ou relire ce roman
Il faut absolument lire ce roman pour savourer le talent de conteur du romancier qui mêle habilement la narration, la description et les portraits, sans dédaigner l’humour et le goût du détail piquant. Le résultat est captivant.
Les lecteurs apprécieront aussi la puissance de la fable derrière l’œuvre militante. Dans son analyse des Bouts de bois de Dieu, Wole Soyinka a évoqué sa dimension épique comme l’intérêt majeur de ce roman. « Et comme cela se passe dans toutes les épopées, l’humanité est renouvelée », écrit le dramaturge et romancier nigérian. Pour Soyinka, la révolte qui est au cœur de l’intrigue de ce roman, est un appel aux Africains pour transformer leur société en prenant en main leur propre destin.
Enfin, on ne soulignera jamais assez la force et la grandeur de l’univers sans manichéisme qui se déploie dans ces pages. Ici, pétris de respect malgré les antagonismes qui les opposent, les êtres vivent et meurent pour leurs idées et aspirent à un monde où l’on « combat sans haine », comme le rappelle la complainte par laquelle se clôt le récit. C’est sans doute cet humanisme sous-jacent à la vision engagée d'Ousmane Sembène qui rend la lecture de son oeuvre si fascinante.
Les Bouts de bois de Dieu, par Ousmane Sembène. Disponible en collection de poche, Presses Pocket, 379 pages (Première publication en 1960).
par Ibrahima Silla
LE NOUVEL ORDRE ÉTATIQUE
Les contradictions, paradoxes et incohérences entre ce que nous sommes, ce que préconisent nos constitutions héritées du colonisateur, importées et greffées à nos réalités socio-culturelles, sont énormes et problématiques
Au lendemain de la guerre froide (1945-1991), le défunt président américain Georges Bush, fort et fier du triomphe du capitalisme libéral sur le système communiste qui s’était effondré en URSS et la chute du mur de Berlin, annonçait l’avènement d’un NOM (nouvel ordre mondial) dont les États-Unis, hyperpuissance hégémonique incarnerait le leadership mondial pour façonner le monde à sa guise selon ses préceptes moraux, présentés comme le référentiel axiologique de base.
Le monde sortait ainsi d’une guerre idéologique de cinq décennies pour essayer de rentrer dans une nouvelle idéologie de la paix, de la sécurité et de l’ordre avec la promotion de nouveaux concepts tels que le devoir ou droit d’ingérence humanitaire, la responsabilité de protéger, la primauté de la souveraineté des droits de l’homme sur la sécurité collective entre autres.
L’expression nouvel ordre mondial est aujourd’hui réemployée pour appeler à la constitution d’une nouvelle gouvernance mondiale à bâtir sur de nouveaux principes, passant d’abord par une redistribution des cartes qui verrait l’Afrique occuper et jouer un rôle moins marginal dans les relations internationales contemporaines. Le coronavirus serait l’élément déclencheur de ce nouvel ordre mondial. Et si le nouvel ordre étatique était un préalable avant l’éventualité d’un nouvel ordre mondial qui ne veut pas dire grand-chose pour l’instant ? Et si l’on commençait par construire les possibilités du nouvel ordre étatique ici et maintenant, avant d’envisager les éventualités de la déconstruction de l’ordre mondial dans lequel nous vivons et reste marqué par le risque permanent de conflits, de pandémie et toutes sortes de misères politiques et sociales.
Il ne faudrait pourtant pas que nos États se trompent d’ordre et de priorité, d’époque et d’enjeu. Car, après l’état d’urgence, d’exception et de nécessité au niveau national, il ne faudrait pas sauter l’étape de l’urgence de l’État (et non de l’international), à rebâtir sur de nouvelles bases avant d’entreprendre la refondation du système international. L’urgence est dans l’ici et non dans l’ailleurs et le lointain. La pandémie nous montre l’attitude de fermeture des États-nations qui se referment sur eux-mêmes, au moment où l’on commençait à vouloir célébrer le village planétaire mondial. S’ils veulent tirer leur épingle du jeu, nos États en Afrique devraient d’abord et avant tout commencer par revoir les fondamentaux qui permettent de construire un gouvernement véritablement représentatif et performatif. Cette crise sanitaire réussira-t-elle là où les Assises nationales et la CNRI n’ont pas réussi en dépit de leurs volontés de rebâtir l’État à partir des finalités vertueuses et pratiques du politique : nuire au mal et servir le bien ? Cette crise réussira-t-elle là où les institutions internationales ont failli ? Cette crise réussira-t-elle là où les citoyens ont échoué scrutins après scrutins, alternances après alternances, illusions après désillusions ?
Choisir d’être un État, et non une monarchie, une cité, un royaume ou un empire requiert une conformité au mode d’organisation et de fonctionnement attendu d’un tel type de régime politique. Le monde a connu entre 1945 et aujourd’hui une floraison d’États. De 51 États, le monde est passé à 193 États. Les années 1960 vont projeter juridiquement nombre d’anciennes colonies à la souveraineté nationale et internationale les créditant d’un droit absolu d’auto-détermination synonyme de non-ingérence dans les affaires intérieures et de détention de l’autorité politique exclusive. Cette souveraineté, synonyme de plénitude de puissance et d’autonomie s’est révélé à l’épreuve des relations internationales de domination comme une illusion. L’on découvre ainsi que nos sociétés se parent officiellement de tous les artifices et décors pour ressembler à des États, sans forcément mériter un tel statut au regard des caractéristiques fondamentales repérables dans un état digne de ce nom.
Ce qui n’empêche pas l’ONU de les compter parmi les États-membres. Leur ticket d’entrée en poche, ils oublient souvent de se conformer à l’idéaltype de l’État. L’insatisfaction des critères et caractéristiques qui permettent d’identifier un État digne de ce nom a conduit nos sociétés à être rangées par les scientifiques du politique et du droit dans la catégorie des pseudos États, États fragiles, États défaillants qui n’auraient d’État que le nom, en raison notamment de ses transfigurations les plus déroutantes.
Le qualificatif « État » est d’ailleurs beaucoup moins grave qu’il n’y paraît, car l’enjeu c’est moins ce qui nous qualifie (comme État) que ce que nous faisons (comme organisation politique). Ce qui importe au fond c’est moins le type de régime revendiqué, aussi séduisant soit-il, que le mode de fonctionnement politique et démocratique réel adopté pour atteindre les finalités pratiques du politique. Le bien n’est pas une affaire de textes, d’institutions et de droits, mais des pratiques en conformité avec les idéaux démocratiques et valeurs humaines. Il ne suffit pas de se proclamer État de droit ». Encore faut-il arriver à se hisser au statut d’État de droit démocratique ». Car tous les États de droit ne sont pas forcément des États de droits démocratiques, privilégiant les intérêts supérieurs de la nation et donc des citoyens qui ont donné aux chefs de ces États-là, par l’expression souveraine de leur volonté, la légitimité de conduire leurs destinées pour le bien de tous sans discrimination clanique, ethnique, partisane ou autre.
Les contradictions, paradoxes et incohérences entre ce que nous sommes, ce que préconisent nos constitutions héritées du colonisateur, importées et greffées à nos réalités socio-culturelles, nos modes de fonctionnement politiques, sont énormes et problématiques. Le futur chantier commence par ce fondamental que constitue le nouvel ordre étatique.
Cette vulnérabilité sanitaire, à laquelle nous faisons face, cachait depuis longtemps une vulnérabilité étatique qui est aujourd’hui mise à nu. L’on découvre à quel point notre vulnérabilité est grande. L’ampleur des difficultés relatives aux réponses sanitaires, alimentaires et sécuritaires à apporter à la crise informe sur l’énormité des chantiers à entreprendre, notamment celui relatif à l’État comme type d’organisation politique.
Il faudra profiter de cette situation pour refonder l’État afin que les caractéristiques qui le fondent soient pleinement et utilement remplies. Cette crise majeure devrait être vécue comme un choc sociétal qui ouvrira à nos sociétés un véritable mode de fonctionnement étatique digne de ce nom. La gestion de l’État devra être envisagé autrement ; de même que le rapport au politique. Car, l’enjeu n’est pas seulement d’éradiquer la pandémie, mais elle consiste également à endiguer toutes ces pratiques politiques et gouvernementalités qui se sont révélées improductives parce que davantage génératrices de désordre que d’ordre.
De tels constats sur les déboires politiques de nos États avaient déjà été faits bien avant cette crise sanitaire. Aujourd’hui, ils s’imposent comme une évidence. Cette situation révèle la faiblesse des institutions, la défection des dispositifs de protection individuelle et collective, la crise de la citoyenneté, etc. Ce qui nous ramène à dire que l’État ne se décrète pas. L’État se construit contre le désordre. Le besoin d’ordre et de sécurité est au fondement de l’État qui peut malheureusement se retrouver entre les mains d’une classe, d’une oligarchie ou d’un seul homme détenant des pouvoirs exorbitants au-delà du raisonnable et du souhaitable.
Le nouvel ordre étatique devra s’occuper de ces chantiers en ruines qui n’ont cessé d’affecter le bon fonctionnement de l’État :
- Un nouvel ordre contractuel à organiser autour du respect de la condition humaine des individus pour leur garantir les droits et libertés fondamentales inscrites dans la constitution qui se présente comme la loi fondamentale qui scelle un véritable compromis entre les différents groupes sociaux. Garantir aux citoyens, qui ne sont pas des sujets, leurs droits fondamentaux (la défense de la propriété, de ses richesses, de son intégrité physique, de sa dignité, la consécration de la citoyenneté. Un nouvel ordre constitutionnel à travers l’élaboration d’une nouvelle constitution qui sera moins en contradiction avec nos réalités socioculturelles. Une constitution qui ne rendra pas service à un homme mais qui rendre justice et service à toute une collectivité. Une version prête à l’emploi existe déjà dans les tiroirs des Assises Nationales et de la CNRI.
- La réalisation du projet d’un nouvel ordre social passe par le projet d’une organisation politique incluant nécessairement l’institutionnalisation et la structuration de la société autour d’un chef fonctionnaire au service du peuple, qui n’abuse pas de ses fonctions, qui ne profite pas de cette hiérarchie organique pour régler des comptes à travers des procès politiques ;
- Un nouvel ordre institutionnel. L’institutionnalisation du pouvoir doit être incarné par un homme équidistant des partis et vertueux, privilégiant l’intérêt général et non l’intérêt partisan ; une séparation optimale des pouvoirs, véritables contrepouvoirs contre les risques d’autoritarisme. Donc un nouvel ordre de l’autorité (et non de l’autoritarisme) respectueuse de l’idéal républicain et de la vertu démocratique qui interdit l’exercice du pouvoir à titre de prérogative personnelle ; contre l’arbitraire qui conduit à la politisation de la justice ; par la nette distinction entre le patrimoine du chef et celui de l’État ; L’institutionnalisation a pour objet de définir les prérogatives et obligations de tous ceux qui exercent du pouvoir au nom de l’État ; un pouvoir institutionnalisé pour parer au désordre et instaurer un ordre plus humain, plus rationnel, plus juste.
- Un nouvel ordre moral couronné par la souveraineté du Bien qui ne doit pas être uniquement un idéalisme naïf dénué de toute substance, mais une réalité incarnée par l’État providence et un leadership vertueux, respectueux des valeurs qui fondent la République ; Un homme qui pourra se dire à la fin de son mandat : j’ai rendu mon pays et mes concitoyens meilleurs.
- Un nouvel ordre de la souveraineté qui ne doit plus être un mot vain dénué de tout fondement réel, mais la pleine jouissance pour l’État de son autorité exclusive tant sur le plan interne qu’externe. Une souveraineté qui lui permet de choisir librement l’ordre nécessaire conforme à ses intérêts qui n’est toutefois pas en contradiction avec le droit international. La souveraineté absolue (et non négative) qui permet à l’État d’avoir une emprise sur son économie et ses ressources ; ses volontés et ses décisions ; de jouir pleinement de sa souveraineté qui n’est pas qu’une affaire de délimitation de frontières, d’hymne national ou de couleurs de drapeau ;
- Un nouvel ordre de la citoyenneté qui ne doit pas seulement être appréhendé en termes de droits et de devoirs, mais à travers une solidarité effective d’existence. Une citoyenneté qui ne confinera pas les populations en âge de voter à un service citoyen minimum ou à une dépolitisation civique comme ce fut le cas avec la mention « n’est pas électeur » inscrite sur la carte nationale d’identité qu’il faut interpréter comme un dessaisissement citoyen par rapport à la res publica. Délivrer les citoyens de l’ignorance par la connaissance et pour l’éveil. Leur apprendre à être citoyen et non monnaie d’échange électorale ;
Un nouvel ordre séculier ou sécularisation revisitée de l’État. Repenser les rapports entre l’ordre religieux et l’ordre politique. Sur quelles bases organiser la société en tenant compte des pouvoirs autres que politiques qui jouent un rôle central et incontournable dans les rapports sociaux ? Voir suivant et selon quelles modalités les associer à la réflexion et à la prise de décision ;
Un nouvel ordre administratif. Redéfinir de manière plus efficace la centralisation de l’État à repenser avec les enjeux de la décentralisation, de l’autonomie, des attributions et donc de la réorganisation administrative des collectivités locales, pour plus d’efficience et d’efficacité du pouvoir de décision autonome. Laisser administrer de près après avoir pendant longtemps et inefficacement voulu gouverner de loin sur tout ; Désencombrer les niveaux supérieurs de l’administration ; Rapprocher l’administration et les administrés ; Associer donc décentralisation et déconcentration pour plus de cohérence et d’efficacité administrative ;
Un nouvel ordre dans la spécialisation des rôles sociaux et des tâches de gouvernement pour éviter l’implantation d’une oligarchie constituée majoritairement de partisans et courtisans, de politiciens de métier sans la compétence requise en la matière mais malgré tout aux commandes dans des postes névralgiques nécessitant pourtant une expertise avérée. L’État choisit ses agents par les concours et le mérite et non pas la capacité de l’individu à distraire ou mobiliser les foules électorales. L’État n’est pas une affaire de politiciens se partageant des postes. La politique (au sens noble du terme) non plus. La crise sanitaire du coronavirus a propulsé devant la scène médiatique des profils jusque-là déconsidérés, parce que sans intérêt politicien. Le nouvel ordre étatique passe aussi par la revalorisation des métiers apolitiques et des compétences dans tous les domaines (sanitaires, économiques, politiques, culturelles, etc.) ; Par la différenciation des compétences administratives et politiciennes ; La dépolitisation de la bureaucratie partisane contaminée par des logiques partisanes et clientélistes. Les représentants de l’État exercent une fonction qui doit leur permettre de survivre aux pouvoirs en place. Cette dissociation entre le parti et l’État permet de concevoir la continuité de l’État, qui ne saurait dès lors être affectée par la succession des personnes physiques susceptibles de l’incarner momentanément. Dans ses écrits sur le Monde des hommes. L’art de vivre parmi ses semblables, Liu An, l’un des penseurs traditionnels de la sagesse chinoise disait cette vérité qui mérite d’être méditée : « Il existe trois sortes de dangers dans le monde des humains : le premier, être peu vertueux mais recevoir beaucoup de faveurs ; le deuxième, être peu compétent mais occuper un poste très élevé ; le troisième, n’avoir rien accompli d’extraordinaire mais se voir accorder d’abondants émoluments ». C’est ce que nous pouvons exactement observer et déplorer au Sénégal.
Plus les sociétés se développent plus l’État devrait se développer, et non l’inverse du fait notamment du nombre de plus en plus croissant et complexe des problèmes à gérer. Le coronavirus n’a fait que révéler l’immensité du chantier étatique à réaliser. Le nouvel ordre étatique devra permettre au pouvoir étatique d’apparaître dès lors comme un « organe » de la société qui contribue à l’établissement et au maintien de relations de solidarité entre ses membres et exerce des fonctions d’ordre général : l’éducation, la mise en place de services communs, l’organisation d’activités correspondant à des besoins fondamentaux (santé, sécurité, propriété). Pour cela, il faut que les gouvernants se rendent enfin compte qu’il y a des sciences dans l’État, parce qu’il y a une science de l’État.
Le nouvel ordre étatique commence par un nouvel esprit politique partant d’une prise de conscience de la considération à accorder au savoir utile et solide et pas seulement au pouvoir fragile et éphémère qu’ont certains de faire foule et de grossir les scores électoraux. La légitimité ne s’épuise pas dans l’arithmétique électorale. La légitimité est aussi une affaire d’efficacité et de crédibilité, sans laquelle les discours politiques les plus volontaristes en apparence, appelant à renouveler l’ordre international, ne contribue qu’à renouveler le désordre dans nos priorités d’abord et avant tout nationales.
VIDEO
LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME MENACÉE PAR LA PANDÉMIE DE COVID-19
Cette maladie "potentiellement mortelle" et dont "on peut potentiellement guérir, selon l'OMS, a touché 228 millions de personnes dans le monde et en a tué 405 000 dans le monde en 2018
Alors qu'a lieu, samedi, la Journée internationale de lutte contre le paludisme, le combat contre cette maladie, qui a tué 405 000 personnes en 2018, pourrait être entravé cette année par la pandémie de Covid-19.
Cette maladie "potentiellement mortelle" et dont "on peut potentiellement guérir, selon l'OMS, a touché 228 millions de personnes dans le monde et en a tué 405 000 dans le monde en 2018. La majorité des cas de contamination (93 %) et des décès (94 %) imputables au paludisme se sont, par ailleurs, produits sur le continent africain.
Et pour l'année 2020, les prévisions de l'organisation sanitaire semblent encore plus inquiétantes à cause de la pandémie de Covid-19, qui met à l'épreuve les systèmes de santé de plusieurs États africains.
L'OMS s'attend à ce que 700 000 personnes meurent du paludisme cette année, selon RFI. "Bien que le Covid-19 représente une menace majeure pour la santé, il est essentiel de maintenir les programmes de prévention et de traitement du paludisme", explique à nos confrères le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale pour l’OMS pour l’Afrique. "Nous ne devons pas revenir en arrière."
"Compte tenu du lourd fardeau, que le paludisme fait peser sur les populations vulnérables d’Afrique subsaharienne et de la fragilité des infrastructures sanitaires de la région, l’OMS souligne qu’il est capital de continuer à prévenir, à détecter et à traiter le paludisme.", prévenait déjà le 25 mars dernier l'Organisation mondiale de la santé.
Le manque de financement dans la lutte contre cette maladie est la principale cause de subsistance du paludisme. "La plupart des financements viennent de pays étrangers. Les pays locaux financent peu la lutte contre le paludisme", explique le Dr Spès Ntabangana à RFI. "Il y a encore beaucoup d’efforts à faire de ce côté."
Un groupe de scientifiques a d'ailleurs mis en avant une possible éradication du paludisme d'ici 2050. Mais pour ce faire ils préconisent une augmentation des investissements dans la recherche et la prévention.
En attendant, ce sont les enfants qui paient le plus lourd tribut de la maladie : en 2018, ils ont représenté 67 % de l’ensemble des décès par paludisme (272 000).
UN COMMERÇANT TOMBE ET MEURT AU MARCHÉ
Dans un contexte de psychose où le moindre fait troublant est lié au coronavirus, la scène macabre qui s’est déroulée au marché central de Tambacounda ne fera pas baisser la tension de la psychose.
Dans un contexte de psychose où le moindre fait troublant est lié au coronavirus, la scène macabre qui s’est déroulée au marché central de Tambacounda ne fera pas baisser la tension de la psychose. C’est un commerçant qui est tombé et dont la mort a été constatée sur le coup.
Selon le correspondant de Radio Sénégal, la victime serait revenue de Touba il y a trois jours. Ainsi, des prélèvements ont été effectués sur son corps et envoyés à Kolda pour des tests de Covid-19.
Une affaire à suivre.
L’UNIVERSITÉ DE THIÈS MET AU POINT UN APPAREIL DE LAVAGE POUR ÉRADIQUER LE CORONAVIRUS
L’appareil, qui la taille d’un lavabo de cuisine, sert à laver les mains, le matériel médical ou les masques lavables. Il est équipé de deux bacs et d’une boîte de séchage.
Thiès, 25 avr (APS) - L’Institut universitaire de technologie (IUT) de l’Université de Thiès (ouest) a mis au point une machine à laver en guise de contribution à la lutte contre la pandémie de Covid-19, a constaté l’APS.
L’appareil, qui la taille d’un lavabo de cuisine, sert à laver les mains, le matériel médical ou les masques lavables. Il est équipé de deux bacs et d’une boîte de séchage.
Son concepteur, Ousmane Sow, chef du département génie électrique de l’IUT, a recouru à l’intelligence artificielle pour doter la machine d’un microprocesseur assurant son automatisation et d’une assistance vocale, pour guider l’usager tout au long de la durée du lavage.
Dès qu’une main s’approche des détecteurs à distance, la machine donne la conduite à tenir. Elle libère ensuite un jet d’eau savonneux, une eau claire ou du gel hydroalcoolique.
Après chaque étape, l’assistance vocale annonce la suivante en seereer, pular, wolof ou français.
L’usager n’a pas besoin de toucher à l’appareil, car un algorithme permet de gérer tout le système de la machine, selon M. Sy.
Grâce à une application informatique, l’usager choisit un parmi les quatre modes d’utilisation de l’appareil et une de ses quatre langues.
L’appareil mobile, monté sur des roulettes, est modulable, peut fonctionner à l’énergie solaire ou électrique, selon le concepteur.
Doté d’un système de back-up, la machine peut stocker de l’énergie pour son autonomie. Il est équipe d’un réservoir de 50 litres. Un orifice de remplissage assure la consommation d’eau, et un autre recueille les eaux usées, qui peuvent être évacuées via un robinet.
Cette invention est le fruit de la collaboration d’Ousmane Sow avec ses étudiants et l’unité de formation et de recherche dédié à la santé à l’Université de Thiès, qui fabrique le gel hydroalcoolique utilisé par la machine.
L’équipe de l’IUT a aussi travaillé avec des menuisiers, un peintre et un plombier. La collaboration de professionnels de la santé de Petit Thially, un quartier de la ville de Thiès, a permis d’intégrer le lavage médical dans les aptitudes de la machine.
L’IUT a aussi associé à cette invention des membres de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais pour établir un lien ‘’entre la science et la culture’’, selon M. Sow.
Les comédiens thiessois Ndiambé Sène, Thierno Bocar Kane et Waly Sène ont prêté leur voix la mise au point des outils linguistiques de l’appareil, respectivement pour le seereer, le pular et le wolof.
Comédiens et chercheurs de l’UIT ont collaboré sous le signe de la collaboration entre ‘’science et culture, face au coronavirus’’, selon Ousmane Sow.
‘’Depuis le début de cette pandémie, [notre université] n’a cessé de déployer de faire usage de son ingéniosité pour éradiquer le coronavirus’’, a dit le professeur Ibrahima Bâ, professeur de lettres modernes et de techniques de communication à l’Université de Thiès.
Des étudiants du département santé ont produit du gel hydroalcoolique, a rappelé M. Bâ, qui a collaboré à la mise au point de la machine à laver.
SOIXANTE-NEUF NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Le ministère de la Santé a annoncé samedi 69 nouvelles infections au coronavirus portant à 614 le nombre de cas recensés au Sénégal depuis le 2 mars.
Dakar, 25 avr (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé samedi 69 nouvelles infections au coronavirus portant à 614 le nombre de cas recensés au Sénégal depuis le 2 mars.
Soixante-six cas contacts ont été dénombrés, les six autres étant causés par la transmission communautaire, a précisé le docteur Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la Santé.
Les 69 nouveaux cas de Covid-19 proviennent de 703 tests, a-t-il dit en publiant le dernier bilan quotidien de la pandémie de Covid-19 au Sénégal.
Les cas causés par la transmission communautaire ont été recensés aux Parcelles Assainies, à Mbao, à Colobane, à Niayes-Thioker, des quartiers et communes situés dans la région de Dakar, à Mbacké et Nioro du Riop, deux départements situés respectivement dans les régions de Diourbel et Kaolack (centre).
Quatorze patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, a annoncé Aloyse Waly Diouf, assurant qu’‘’aucun cas grave n’a été signalé’’ parmi les patients sous traitement.
Leur état de santé est ‘’stable’’, selon le directeur de cabinet du ministre de la Santé.
En tout, depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, le 2 mars, 276 patients ont recouvré la santé, a-t-il précisé, ajoutant que 330 personnes infectées par le Covid-19 sont actuellement sous traitement.
Le nombre de décès causés par la maladie, sept depuis vendredi, n’a pas évolué, selon Aloyse Waly Diouf.
Il rappelle qu’un patient a été évacué en France par ses proches.
M. Diouf a exhorté les populations à veiller au respect strict des mesures de prévention collective et individuelle de la maladie.