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18 juillet 2025
« DES EFFORTS SONT À FAIRE SUR LE DÉPLACEMENT DES PERSONNES »
Dr Abdoulaye Bousso, Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), se prononce sur la flambée du nombre de contaminations au coronavirus, alors que 11 zones sont désormais touchées
Après Kaolack hier, Sédhiou est tombée. Il s’agit de la 11e zone touchée par le coronavirus au Sénégal. « Ce qui pose la problématique de la circulation des personnes », alerte Dr Abdoulaye Bousso, le Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), qui a pris le relais du Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, la Directrice générale de la Santé publique, après le bilan du jour.
Il insiste, soulignant que malgré l’interdiction du transport interurbain, ce patient enregistré à Sédhiou et issu de la transmission communautaire, le éniène, est parvenu à passer entre les mailles du filet.
« C’est une question fondamentale si on veut arriver à préserver certaines régions, et arriver aussi à limiter les cas communautaires », martèle-t-il. D’où, « des efforts à faire à ce niveau sur le déplacement des personnes d’une région à l’autre. »
Au Sénégal, signale Dr Bousso, l’âge moyen des malades tourne autour de 34 ans avec une majorité de patients jeunes. « Ce qui explique la majorité de cas simples », détaille l’expert.
30 DES 79 DISTRICTS DU PAYS TOUCHÉS
Pour les cas graves, quatorze sont signalés depuis le 2 mars dernier. Parmi lesquels neuf décès enregistrés avec une moyenne d’âge de 69 ans, notamment chez la tranche d’âge à risque. Autrement dit les personnes de 60 ans présentant une comorbidité.
Par ailleurs, parmi les neuf patients passés à la réanimation de Fann, quatre sont décédés, et trois sont sortis guéris. Actuellement, un patient y est sous traitement.
Les cinq autres décès sont enregistrés à Ziguinchor, Louga, Touba, et Thiès.
« Le cas de Thiès est assez particulier. Parce que c’est, un décès communautaire (car enregistré) en dehors des structures sanitaires », indique-t-il.
30 districts sur 79 sont touchés actuellement, au Sénégal.
Pour les dépistages, à ce jour, 11 mille 032 tests de laboratoire ont été faits au Sénégal dont 10 mille 353 tests par l’Institut Pasteur et 678 par l’IRESSEF.
Dr Bousso souligne, en outre, que des tests à diagnostic rapide sont en cours d’analyse. Et s’ils sont validés, ils pourront servir pour une stratégie avancée autour des cas contacts et des zones touchées.
« Aujourd’hui, la stratégie reste le dépistage des personnes positives et des contacts autour de cette personne. Si après, on arrive à avoir des tests de diagnostic rapide, et que l’OMS valide ces tests, ces tests pourraient être utilisés et nous permettraient d’avoir un diagnostic très rapide. Parce que, vous ne pouvez pas regrouper des patients en tout cas des personnes supposées être malades, les tester dans un même endroit, et les laisser partir chez eux, et les reprendre après. Vous êtes obligés d’avoir des tests rapides, qui vous permettent d’avoir le diagnostic très rapidement. Et si un malade est positif de pouvoir le prendre en charge très rapidement », motive-t-il.
«CEUX QUI DISENT QUE LE PAIEMENT DE LA DETTE EST UNE AFFAIRE DE DIGNITÉ POUR L’AFRIQUE ONT TORT»
Ndongo Samba Sylla, économiste-chercheur à la Fondation Rosa Luxemburg, appelle à œuvrer à l’annulation de la dette publique extérieure en totalité de l’Afrique, sans s’arrêter à cette mesure
Ndongo Samba Sylla, économiste-chercheur à la Fondation Rosa Luxemburg, appelle à «œuvrer à l’annulation de la dette publique extérieure en totalité de l’Afrique, sans s’arrêter à cette mesure». Pour lui, «ceux qui disent que le paiement de la dette publique extérieure est une affaire de «dignité» ou de «crédibilité» pour l’Afrique ont tort». Mieux, prévient-il, si jamais cela ne se faisait pas, «… le FMI risque d’imposer au sortir de la pandémie de douloureux plans d’ajustement structurel comme dans les années 1980 et 1990». Entretien !
Alors que l’Afrique, à travers les présidents Macky Sall et Paul Kagame, réclame l’annulation de sa dette, le FMI et la Banque Mondiale ont répondu par la suspension de leur paiement, son annulation pour certains pays et des aides pour d’autres. N’est-ce pas là une volonté de saper les aspirations du continent de parler d’une seule et unique voix ?
L’annulation totale de la dette publique extérieure - multilatérale, bilatérale et privée - s’impose non parce que des leaders africains le demandent mais parce qu’il est injuste d’infliger des souffrances supplémentaires aux populations africaines. Celles-ci n’ont pas été interrogées lorsque leurs gouvernements ont contracté des dettes en monnaie étrangère. Sans mentionner que la dette extérieure leur a rarement bénéficié sur le plan matériel. La dette extérieure de l’Afrique, vue selon la perspective des peuples, est dans la plupart des cas une dette illégitime.
Je pense que ceux qui disent que le paiement de la dette publique extérieure est une affaire de «dignité» ou de «crédibilité» pour l’Afrique ont tort. Ceux qui tiennent ce discours moralisant sur la dette ne sont pas ceux qui vont la payer. Leur moralité est suspecte et le sort de leurs concitoyens est le cadet de leur souci. Pour m’inspirer du philosophe argentin Enrique Dussel, je dirais que ce type de position viole la maxime première de toute «éthique critique» : nous devons critiquer tout système éthique qui implique la production de victimes.
En quoi faisant ?
Pour surmonter les nombreux défis de l’heure (la pandémie, les changements climatiques, la nécessité de créer chaque année 20 millions d’emplois décents, etc.) une annulation de la dette publique extérieure est nécessaire sachant que la pandémie risque de laisser un impact économique durable. L’avertissement en 1987 de Thomas Sankara est toujours de rigueur : si nous payons la dette, nous mourrons. Si nous ne la payons pas, nos créanciers ne vont pas en mourir. En outre, il ne coûterait rien aux pays occidentaux et à la Chine d’effacer la dette du continent. Cela d’autant plus que ces pays sont les principaux bénéficiaires des flux financiers illicites qui chaque année saignent l’Afrique.
La dette extérieure de l’Afrique, il faut le rappeler, est le produit d’un système économique mondial profondément injuste qui maintient le continent dans une situation de dépendance, et dont les effets sont amplifiés ici ou là par les comportements irresponsables de dirigeants peu patriotes. Tant que ce système est en place, il ne faudra pas être surpris de voir la question de l’annulation de la dette de l’Afrique resurgir tous les 15-20 ans.
Comme par le passé, l’annulation de la dette de l’Afrique ne profitera-t-elle pas qu’à ses dirigeants ?
Posons-nous la question : la mauvaise gestion de certains dirigeants africains est-elle un argument pour condamner la majorité de leurs populations à une vie encore plus misérable ? Je pense que non. Il faudrait œuvrer à l’annulation de la dette publique extérieure en totalité sans s’arrêter à cette mesure.
Il est urgent de mettre en place dans chaque pays un observatoire citoyen de la dette publique. Cet observatoire aurait un pouvoir de contrôle a priori – il devrait disposer d’un droit de veto sur tout projet d’endettement de l’Etat en monnaie étrangère, c’est-à-dire sur le budget soumis par le gouvernement et validé par le parlement. Il devrait juger de son caractère prioritaire (le projet peut-il être financé en totalité ou en partie en monnaie locale ?), de son opportunité (le projet devant être financé est-il prioritaire ?) et de sa soutenabilité financière (le projet permet-il de générer les ressources qui permettront le remboursement de la dette contractée ? Sinon, comment sera-t-elle remboursée ?). Cet observatoire devrait aussi pouvoir contrôler dans le détail l’utilisation de l’argent de la dette.
N’est-ce pas le rôle du parlement ?
Les gens diront que ceci est le rôle du parlement. C’est vrai. Mais nous savons à quel point les parlements africains sont dysfonctionnels et soumis à la toute-puissance des sphères exécutives. Dire que ceci risque d’affaiblir les parlements, qui demeurent des fictions juridiques bien souvent, passe à côté de la question. C’est ne pas réaliser que la gestion de la dette (et des questions économiques et monétaires) nécessite d’aller au-delà des limites de la démocratie dite représentative qui partout est entrée dans une période de dégénérescence. Il devient impératif de mettre en place des initiatives tendant à augmenter les pouvoirs de législation et de contrôle des citoyens ordinaires. S’il est une leçon à retenir de la pandémie c’est que la survie des collectivités humaines est trop importante pour être laissée à la discrétion d’une minorité de «spécialistes de la politique».
Au-delà de l’observatoire, il est nécessaire également à l’échelle globale de mettre en place un cadre de gestion de l’insolvabilité souveraine (situation des gouvernements qui ne peuvent plus payer leur dette extérieure) alternatif à l’approche du FMI. Celle-ci consiste pour l’essentiel à imposer des pertes de production et d’emplois aux pays débiteurs afin de satisfaire les intérêts des créanciers. Une alternative prometteuse existe. Elle a été proposée par un collègue du nom de Peter Doyle, un économiste américain et ancien cadre du FMI. Baptisée «Régime préemptif de l’insolvabilité souveraine, PSIR en anglais), elle consiste à anticiper les situations d’insolvabilité souveraine et à privilégier la croissance de la production et de l’emploi par rapport au paiement de la dette.
Les chefs d’Etat africains doivent défendre le PSIR car, si jamais les créanciers refusent d’annuler la dette du continent, le FMI risque d’imposer au sortir de la pandémie de douloureux plans d’ajustement structurel comme dans les années 1980 et 1990. Ils peuvent conjurer ce scénario en exigeant une réforme radicale de la gestion de l’insolvabilité souveraine par le FMI.
Comment arriver à redorer l’économie dans le continent où les énormes richesses et ressources minières et minéralières, ligneuses et fauniques etc., ne servent qu’à une poignée de dirigeants et aux occidentaux ?
Le défi est de ramener l’«économie» à la place qu’elle aurait toujours dû occuper : une sphère parmi d’autres de la vie sociale. La logique du profit pour le profit, c’est à dire une accumulation de monnaie qui n’a d’autre finalité qu’elle-même, est une quête absurde. Il faut placer l’humain et les besoins humains devant les exigences de la logique capitaliste. Ceci requiert que les gens ordinaires partout, au Nord comme au Sud, luttent pour récupérer sur des bases démocratiques le pouvoir politique, économique, monétaire, médiatique, etc. afin de sceller la liquidation du système capitaliste au profit d’une civilisation nouvelle faite d’égalité et d’abondance et où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous.
L’unité notée dans la gestion de la pandémie du Covid-19, à l’échelle du continent et au niveau interne des Etats, ne doit-elle pas servir de base pour un sursaut de l’Afrique qui, à ce jour, malgré les pronostics critiques, compte le moins de cas positifs et de décès comparé aux grandes puissances jusque-là enviées qui ont fini de montrer leur vulnérabilité ?
A mon avis, mais je peux me tromper, c’est plutôt l’absence d’unité et de coordination à l’échelle continue qui a prévalu dans la gestion de cette pandémie. Par exemple, sur la question de l’annulation de la dette, le ministre béninois des Finances s’est désolidarisé de la position du président sénégalais Macky Sall alors que les deux pays sont membres de la même zone monétaire. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons fonder l’unité africaine sur le constat que les puissances d’antan sont devenues plus fragiles. Nous devons la fonder sur les bases qui ont été posées par Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop et d’autres. Ne l’oublions-pas, le panafricanisme est un projet de libération de l’Afrique et du genre humain. Nous avons besoin de l’unité africaine pour mettre fin au néocolonialisme et aux différentes facettes de l’impérialisme, pour libérer le potentiel de l’homme africain et de la femme africaine, mais aussi pour travailler à l’avènement d’un monde de solidarité et d’égalité entre tous les peuples. C’est le sens de notre déclaration : profiter de cette crise comme une opportunité pour remettre le panafricanisme sur de bons rails.
Au Sénégal, la Primature étant dissoute, l’ARMP vient d’être rattachée à la Présidence de la République. N’est-ce pas là un coup dur à la transparence et un mauvais message aux partenaires à qui les autorités demandent l’annulation de la dette ?
Cet exemple fâcheux est une raison de plus pour limiter les pouvoirs de la fonction présidentielle et pour mettre en place des structures de contre-pouvoirs (anti-pouvoirs serait plus juste) fortes contrôlées par les citoyens.
«QUAND ON PREND LA CHOSE AU SERIEUX, S’IMPOSENT LA METHODE ET L’ORGANISATION»
Dr Alioune Sarr, se prononce sur la thérapie par la chloroquine et sur «covid-organics»
Suite à la mise en cause de la proposition de thérapie par la chloroquine du Pr Didier Raoult contre le coronavirus par certains chercheurs, c’est au tour de l’Afrique de subir toutes sortes de reproches, notamment avec le président Malgache, Andry Rajoelina, qui a informé être en possession d’un remède anti-Covid 19. Selon le docteur Alioune Sarr, directeur de la clinique Pasteur, par ailleurs président du CNG de lutte, qui était l’invité du Grand jury de la RFM hier, dimanche 26 avril 2020, il faut tout prendre au sérieux dans la vie, en alliant la méthode et l’organisation.
«Dans la vie, il faut tout prendre au sérieux. Quand on prend la chose au sérieux, s’imposent la méthode et l’organisation. Pensez-vous que les premiers chirurgiens sont partis sur une base scientifique, pensez-vous que les premières portions, les premiers comprimés sont partis sur une base scientifique ? Est-ce quelqu’un ose répondre oui ? Il faut oser, qui ne risque rien n’a rien ».
Selon Dr Alioune Sarr qui était l’invité de l’émission Grand Jury hier, dimanche 26 avril, et qui commentait l’actualité des remèdes contre Covid-19, « Il ne faut pas sous-estimer, il ne faut pas infantiliser certaines choses. Je pense que nous sommes face à un ennemi qu’on ne maitrise point, donc toute voie qui s’élèvera pour sa destruction doit être écoutée avec beaucoup d’attention ».
Et de relever : «Vous savez, j’ai parlé de l’être humain, de sa complicité, de sa complexité, de ses intérêts personnels, qui font qu’il oublie même que la société existe, souvent pour des intérêts bassement matériels».
A en croire le directeur de la clinique Pasteur, « il faut tout prendre au sérieux. En tout cas, moi, je félicite le professeur sénégalais, les équipes sénégalaises qui disent que nous n’appartenons à aucune école, mais nous écoutons tout le monde, nous avons nos réalités, notre terrain, notre vécu, la pratique de ces produits et nous savons à qui les donner et à qui ne pas les donner ».
Dans la foulée, le Dr Alioune Sarr a alerté les Sénégalais sur les dangers de l’automédication. Quid de l’expérimentation du remède malgache « Covid-Organics » au Sénégal ? Le Dr Sall dira : « nous devons être attentifs à ce qui se fait pour sortir, pour exclure, pour anéantir ce virus du monde et le plus rapidement possible ». Pour lui, « Il ne faut pas dire qu’ils ne savent rien. Non, Dieu seul sait et il faut éviter de penser que celui qui est au sommet sait…Un de mes maîtres disait que plus on monte dans sa hiérarchie, plus on est ignorant et c’est vrai ».
Et d’ajouter dans la foulée : « Sinon, ces sommités médicales qui ont fait face à Ebola, la rougeole, la lèpre, la méningite, la rubéole etc. sont aujourd’hui là avec beaucoup plus de connaissances et de moyens et ils sont impuissants devant ce virus. Donc, prenons tout au sérieux, analysons tout, la lumière souvent jaillit de là où on la pense pas ».
«IL EST IMPORTANT DE FAIRE UNE RECHERCHE ACTIVE DES CAS»
Dr Lucile Imboua Niava, représentante de l’Oms au Sénégal se prononce sur la stratégie pour endiguer la propagation du coronavirus
Le Sénégal, à l’image des autres pays d’Afrique, connaitrait une progression très rapide de la pandémie du Covid-19. C’est l’avis du Docteur Lucile Imboua Niava, Représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) au Sénégal qui préconise la recherche active, pour endiguer la propagation du Coronavirus. L’invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm, du dimanche 26 avril, n’a pas manqué de faire noter les limites du dépistage massif, tout comme celles du confinement à l’occidental.
Si certains observateurs disent avoir noté une progression lente de la pandémie du Coronavirus dans les pays africains, contrairement à ce qui se voit en Occident et aux Etats unis avec le nombre de décès, la Représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) au Sénégal semble croire le contraire. Invitée à l’émission Objection de la radio privée Sud Fm d’hier, dimanche 26 avril, Docteur Lucile Imboua Niava a laissé entendre «qu’à l’image des autres pays de l’Afrique, on note au Sénégal une progression très rapide de l’épidémie». Elle explique, en fait qu’en l’espace de moins de deux mois, notamment du 2 mars au 26 avril, le Sénégal a enregistré pas moins de 600 cas confirmés.
Pour venir à bout de la progression rapide de la pandémie dans le pays, Lucile Imboua Niava préconise «la recherche active». Comme méthodologie, elle fait noter qu’il y a des cas qui auraient pu échapper à la vigilance des agents de santé, car certains se présentent au niveau des structures avec des signes qui ressemblent beaucoup à la grippe ou au paludisme.
Pour ces cas, elle pense qu’il faut consulter les registres des structures de santé pour faire le «tracking» et voir s’il n’y a pas des cas échappés. Mieux, elle préconise dorénavant de penser au Covid-19 même si la personne ne présente pas l’ensemble des symptômes, mais au moins sent une fatigue intense.
Toujours dans la stratégie de la recherche active, elle suggère une très bonne sensibilisation au niveau communautaire. Cela, à son avis, «parce qu’on peut avoir des gens qui ont un début de signes, mais qui ont peur et restent à la maison». Donc, la recherche active permettrait, selon elle, de détecter ces derniers et de procéder aux tests. Elle informe ainsi que l’Oms a conseillé le Sénégal pour cette stratégie qui est à ses débuts. Convaincue de l’efficacité de ladite conduite, elle dira que «lorsqu’on cherche, on trouve».
Répondant, par ailleurs, à certains qui sont favorables au dépistage massif, la Représentante de l’Oms au Sénégal renseigne que la documentation reçue de ses collègues montre un certain nombre de limites de cette méthode. Parce que, à son avis, «lorsqu’on fait un dépistage massif, jusqu’à présent, ce qui m’a été donné de voir, il y a une quantité importante de tests qui étaient utilisés mais très peu de cas confirmés. Je me dis, dans un contexte de ressources limitées, est-ce que nous devons gaspiller des tests ?».
Pour ce qui est du confinement, tel que réclamé par certains, Docteur Lucile Imboua Niava pense qu’il ne faut pas copier les méthodes des pays développés, mais plutôt faire recours à nos socio-anthropologues pour procéder à des adaptations à nos modes de vie.
LE CLUB DES INVESTISSEURS SENEGALAIS INVITE L’ETAT A UNE REFLEXION PROFONDE
Le décalage entre l’économique et politique entrave lourdement le développement de notre économie. D’où l’appel «à une réflexion sérieuse entre acteurs» lancée par Mamour Fall, membre du Cis et coordonnateur du comité d’urgence du Covid-19.
Le décalage entre l’économique et politique entrave lourdement le développement de notre économie. D’où l’appel «à une réflexion sérieuse entre acteurs» lancée par Mamour Fall, expert-comptable membre du Club des investisseurs Sénégalais et coordonnateur du comité d’urgence du Covid-19. Il se prononçait hier, à l’émission du Jury du dimanche.
Un pays résilient aux crises cycliques de l’économie se mesure à la puissance de son secteur privé, à devoir répondre de manière présente lorsque des saisons difficiles, comme celle de la pandémie du Covid-19 arrivent.
Et cela appelle une prise de conscience de l’Etat, du rôle et de la place de son secteur privé en le rendant dynamique, fort et conquérant de façon à en faire la locomotive de la croissance. Ce sont là en substance l’économie des propos de l’expert-comptable du Club des investisseurs Sénégalais (Cis) Mamour Fall, invité du Jury du dimanche 26 avril.
Le non moins coordonnateur du comité d’urgence du Covid-19 dira: « Le Cis demande une réflexion profonde pour organiser la résilience économique de notre pays. Et celle-ci passera nécessairement par entrevoir comment l’Etat du Sénégal perçoit ces acteurs économiques, comment il les positionne comme étant des champions. C’est-à-dire des colonels, des généraux, des officiers…qui demain seront à même de porter la guerre économique», a-t-il lancé aux décideurs politiques.
Pour s’en convaincre, il a fait remarquer que «Le secteur privé, ce sont des acteurs économiques qui sont dans un écosystème plus global de fonctionnement d’une économie dans une nation. Par conséquent, à eux seuls, ils ne peuvent pas aller en avant, plus loin sans avoir une concertation nationale, totalement organisée». Etayant ses propos, il cite en exemple le cas du Maroc: «Au Maroc, lorsqu’un ministre prend un avion pour voyager, il est accompagné de chefs d’entreprises pour aller à la conquête de marchés supplémentaires. Et au Sénégal, cette activité-là, nous ne l’avions pas. Parce que simplement, il y a un décalage entre l’économique et le politique».
Le secteur privé Sénégalais, très faible
Considérant que le Sénégal a fort à faire pour développer son secteur privé, l’expert-comptable admet pour s’en désoler: «L’Etat a conscience de la capacité de son secteur privé qui est très faible, comparativement à d’autres pays de la sous-région». Pour preuve, dira-t-il: «Les entreprises marocaines ont exactement les mêmes âges avec les entreprises Sénégalaises. Mais, elles ont multiplié leur taille 20 fois par rapport aux entreprises Sénégalaises qui sont en train même d’avoir du mal à trouver du travail dans leur propre pays, leur propre économie. Ça ne sera jamais le cas au Maroc». Et de poursuivre: «La même entreprise a fini d’épurer l’intégralité de ses capacités de production au Maroc. Ce qui veut dire que ce qui lui reste de ses capacités doit être vendu à l’exportation. Les Marocains ont réussi à bâtir un tissu d’entreprises tel qu’aujourd’hui, ils sont en mesure de répondre totalement à la demande locale. Mieux, ils sont en situation de conquête en Afrique subsaharienne». Conséquence, s’en félicite-t-il: «Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, les entreprises marocaines ont contribué à près de 2200 milliards, soit deux fois plus que notre force Covid-19».
Notre pays ne peut pas continuellement être un souk
Sur la problématique de notre agriculture qui ne nourrit pas encore les populations, l’expert-comptable s’en désole: «Quand on imagine les superficies de terres irriguées au nord du Sénégal où on peut faire toute sorte d’agriculture, et que cette zone soit traversée tous les jours par des camions venant du Maroc qui nous alimentent en fruit, c’est une anomalie, ce n’est pas normal!», s’insurge-t-il. Face à ce sommeil inouï, il invite les acteurs à mesurer l’immensité de la responsabilité à devoir nourrir sa population sans avoir recours à d’autres pays. Et sur ce, il dira: «Je pense qu’à un moment donné, tous les acteurs du pays doivent s’asseoir autour d’une table pour dire ce que nous voulons réellement faire de notre Sénégal. Est-ce que nous voulons rester un souk, juste un marché où les autres viennent déverser leurs camions et puis continuer à nous nourrir? Ou alors, nous allons penser que dans notre pays, nous pouvons prendre en charge la production et la création de la richesse et de valeur».
Par CALAME
ARTEMISIA « MALGACHE », PRENONS-EN DE LA GRAINE
La réaction de nombre d’Africains à l’annonce par le président malgache, de la «découverte » d’un remède au coronavirus, grâce à une plante dénommée «artemisia», est source de réconfort.
Il était une fois, un patient couché sur le billard dans une salle d’opération, en attente d’une incision qui devait le débarrasser d’un furoncle. L’anesthésiste, comme de bien s’entend, lui explique qu’il va lui faire une anesthésie locale. Et le patient de protester avec énergie : «Ah non docteur, une anesthésie oui, mais pas locale, mais comme en France !». Local, dans la compréhension de notre malade, équivalant à dépréciation, voire de mauvais aloi. N’est valable que ce qui vient de l’extérieur. Penser globalement et agir localement ? Au-dessus de nos têtes et de nos capacités confinées.
La réaction de nombre d’Africains à l’annonce par le président malgache, de la «découverte » d’un remède au coronavirus, grâce à une plante dénommée «artemisia», est source de réconfort. Habituellement cette plante, réputée efficace est utilisée principalement dans le traitement du paludisme et dans certains cas de typhoïde, depuis des siècles en Chine (encore elle!) et en Afrique.
La fierté légitime que peut éprouver l’Africain à qui on dénie tout, jusqu’à son identité d’humain et qui, matraqué par un destin auquel il a fini par se soumettre, est compréhensible. Il n’en demeure pas moins que l’ignorance de ses propres capacités et des extraordinaires ressources déployées par cet autre Africain, debout et conquérant semblent être la marque de fabrique de nos élites et de nos dirigeants.
Au Sénégal où l’artemisia est cultivée depuis plus d’une vingtaine d’années, des structures de santé le prescrivent aux populations pour prévenir et soigner le paludisme. Notre pays fait partie de 23 pays du continent qui ont été ciblés pour le lancement d’un essai clinique sur l’efficacité de l’artemisia contre le Covid 19. La presse internationale et locale -y compris des sites d’information- bien de chez nous, en ont parlé à foison.
Qu’est qui explique alors cet engouement soudain pour, que le Président du Sénégal tienne tant à «féliciter Madagascar et son Président », «André » comme il l’appelle familièrement, «pour cette bonne nouvelle qui nous vient de la grande Ile pour cette thérapie qui pourrait venir d’une de vos plantes (sic) d’après ce que j’ai appris. Ce serait un grand honneur pour toute l’Afrique de savoir qu’un de nos pays parmi les terroirs les plus beaux, les plus magnifiques, qu’une solution mondiale pourrait venir de l’Afrique».
Doctement, «André» s’est appliqué à expliquer à notre Président admiratif et approbateur, les prouesses de la recherche médicale malgache. «Nous avons à Madagascar, une plante (...) plus de mille tonnes d’artemisia et en fait la meilleure qualité au monde» a-t-il décliné avant de vanter le «produit bien étudié et bien élaboré» et l’excellence de l’Institut malagasy de recherche appliquée, crée depuis 1957 ».
« André » a donné de la voix. Indiqué une voie ?
C’est un Président sénégalais subjugué qui a sauté sur l’offre marketing du chef de l’Etat malgache, pour réclamer des échantillons «pour les mettre au niveau du service des maladies infectieuses où il font le traitement déjà», tout en s’empressant d’assurer son interlocuteur de sa volonté de passer commande : «nous serons disposés à acquérir, selon les modalités mises en œuvre par Madagascar». «Courage et force à nous M. le Président», a conclu sentencieusement « André, là où son prospect (son futur client) lui donne du «je salue tout le peuple de Madagascar et bravo pour ce que tu fais aussi ».
Cette démarche qui consiste à vouloir acheter ce qu’on a déjà chez soi, produit par les paysans sénégalais encadrés par les bénévoles de la Fondation «la maison de l’artemisia», les mêmes qui ont appuyé et accompagné les chercheurs congolais, (les plus en pointe sur la question) et malgaches, présents dans la moitié des pays africains, est pour le moins surréaliste.
Le président malgache se targue d’avoir la meilleure plante, certes. Les spécialistes disent qu’il y a deux espèces de plantes de cette famille. L’artemisia annua connue en Chine et ailleurs depuis des millénaires et l’africaine (ils ne disent pas malgache !), l’artemisia afra. La première doit être acclimatée pour pousser en Afrique avec des semis annuels, tandis que la seconde, la nôtre, la bonne vieille africaine, considérée comme une plante miracle, se présente sous forme de buisson, est facile à entretenir et peut avoir une durée de vie d’une cinquantaine d’années, explique-t-on. On attend de voir les particularités de la « malgache » tant vantée par notre îlien
A Sébikotane, Diass et surtout Tivaouane, où officie sous la guidance d’un ingénieur agronome belge, installé dans la Ville sainte, M. Pierre Van Damme, une équipe de 17 personnes, les actions de vulgarisation de masse de l’artemisia, considérée comme une véritable plante contre le paludisme, sans effets secondaires, sont déployées face à une opposition farouche, déterminée des lobbies de l’industrie pharmaceutiques, des laboratoires, de certains médecins prescripteurs liés à ceux-ci, activement soutenus par l’organisation mondiale de la santé (OMS).Cette dernière, faut-il le rappeler, tire l’essentiel de ses ressources de Fondations et d’Etats ayant pour souci, de préserver les intérêts des firmes hégémoniques dans cette véritable guerre du médicament.
Les propriétés prêtées et/ou reconnues à cette plante présentent autant de bienfaits pour nos populations que de risques de «bliztkrieg» pour les sangsues de la finance internationale. Jugez-en: d’après ses promoteurs, la plante soignerait, outre le paludisme, la fièvre, les maux de tête, la constipation, les règles douloureuses, l’acidité de l’estomac, la bilharziose, l’ulcère, le diabète de type 2, etc. Excusez du peu !
Nos chercheurs, à l’instar du Professeur Diallo de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, certains des membres du personnel soignant dans les zones péri-urbaines et rurales, nos paysans et des partenaires africains et étrangers ont fait de l’expérimentation, des protocoles de validation et de la vulgarisation de l’artemisia, à des fins de prévention et curatives leur principale préoccupation. Ce que l’on n’arrive pas à réaliser, c’est comment l’Etat du Sénégal a pu (ou feint) ignorer tous ces efforts endogènes au point d’exposer de cette manière le Président de la République à un tel étalage de méconnaissance de ce qui se passe dans le beau et magnifique pays «qu’il dirige? » Est-il dans son pouvoir de prendre des échantillons et de les transmettre directement aux services des maladies infectieuses, et si avis favorable de ceux-ci, éventuellement passer commande à Madagascar d’un produit disponible à domicile ?
Sans tenir compte du parcours scientifique que tout médicament doit emprunter avant validation, sur la foi des déclarations du Président malgache et des résultats de son institut de recherches appliquées, alors que nos scientifiques observent strictement le protocole de recherche et d’essai clinique sur cette même plante?
S’il est vrai qu’en dehors de son effet non encore prouvé sur le coronavirus, ce que l’on sait déjà de l’artemisia plaide largement et à suffisance, pour sa valorisation et sa popularisation, une fois la validation scientifique éprouvée et reconnue.
Madagascar montre la voie de ce qu’un travail sur soi, par soi et pour soi peut produire de bienfaits, charriant au passage une fierté légitime et une émulation. L’homologue familier « André » a su créer l’événement pour faire la réclame pour son pays et ses produits, en affectant de donner l’exemple en tenant la dragée haute à l’Occident. Tout l’inverse d’une posture de communication mettant en avant un leadership claironné, avec pour gage la stabilisation du système international qui enserrera davantage nos pays, à la faveur des ravages du Covid19. Leçon d’histoire: si on veut être écouté, il faut être à l’écoute des moindres pulsations de son peuple!
Quitte à s’obliger, à descendre « au ras des pâquerettes » et s’inquiéter du détail qui tue, ne serait-ce que pour nettoyer les écuries d’Augias !
PAR MADIAMBAL DIAGNE
LE DROIT DE TÂTONNER COMME TOUT LE MONDE
La décoction du Covid-Organics, préparée avec des tisanes, est censée prévenir et guérir le Covid-19. Serait-il interdit de lui accorder un quelconque crédit quand on juge les statistiques de Madagascar face à la maladie ?
Tous les laboratoires et centres de recherches du monde sont à la recherche d’un traitement efficace pour contenir la pandémie du Covid-19. Un médicament n’est pas encore disponible et chaque médecin, pour rester en adéquation avec son serment d’Hippocrate, ne saurait baisser les bras et refuser de soigner des malades, faute d’un remède déjà homologué par les autorités sanitaires. Ainsi, chacun s’y essaie pour chercher à soulager ses patients, à l’aune de sa propre initiative, son flair, son jugement, son intuition, son analyse de la maladie et de ses expériences personnelles ou des idées ou tuyaux partagés çà et là.
Aucun traitement n’est donc garanti, mais à force de combinaisons de divers médicaments, déjà connus et utilisés pour traiter d’autres pathologies, des milliers de patients arrivent à être tirés d’affaire. Il n’est pas question de faire n’importe quoi, les spécialistes engagent leur crédibilité, leur réputation scientifique et leur responsabilité personnelle.
Les autorités sanitaires des différents pays s’évertuent de leur côté à encadrer les méthodes et modes de traitement. Il reste qu’en l’espèce, les protocoles traditionnels pour l’acceptation d’un traitement ne sauraient être de rigueur, car la maladie n’attend pas, elle continue de causer des centaines de milliers de morts et frapper plusieurs millions de personnes à travers le monde.
C’est une urgence sanitaire à laquelle le monde doit faire face. La mise au point définitive d’un vaccin est annoncée pour quelques mois encore. Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin contre le Covid-19, mais plusieurs entreprises travaillent à la conception d’un vaccin contre ce nouveau coronavirus. Ces équipes de chercheurs travaillent pour le compte de laboratoires français, britanniques, japonais, allemands, chinois et autres.
En l’absence d’un traitement efficace, le vaccin est l’unique solution pour un retour à la «normalité», selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). On retiendra donc, qu’en attendant le vaccin, les remèdes préconisés sont divers et variés et aucun n’emporte l’adhésion totale et entière de la communauté scientifique et des médecins. Pour chaque traitement préconisé, des voix et non des moindres se lèvent pour exprimer des réserves.
Quelles pistes de médicament contre le coronavirus ?
La littérature médicale de ces derniers jours présente un panorama des traitements disponibles et utilisés. Dans la recherche d’un traitement contre le Covid-19, la chloroquine fait office de favorite. Le Pr Didier Raoult, conforté par des succès médicaux à Marseille, a tenu, contre vents et marées, à défendre son traitement à base d’hydroxy-chloroquine, couplée à l’antibiotique azithromycine, contre le Covid-19. La molécule est sujette à débat, mais le taux de guérison dans les services du Pr Raoult, et surtout le très faible taux de létalité constaté chez ses patients ont fini par faire accepter ce traitement utilisé contre le paludisme, avec certaines réserves et précautions formulées, notamment par l’Agence européenne des médicaments, du fait de possibles effets secondaires.
Ces médicaments sont susceptibles, entre autres, de causer des problèmes de foie et de reins et d’endommager des cellules nerveuses. La Federal drugs administration (Fda) des Etats-Unis a mis en garde contre d’éventuelles complications d’ordre cardiologique. Il reste que ce traitement a permis indubitablement de sauver des vies. L’utilisation de ce traitement au Sénégal et dans de nombreux autres pays africains a donné des résultats qui ont conforté le Pr Raoult, qu’il n’y a pas encore contre le Covid-19 un traitement plus probant que celui qu’il a mis au point.
D’autres patients ont été traités, certes avec succès, à l’aide de produits anti-inflammatoires et/ou des antiviraux utilisés dans le traitement du Sras, du Vih/Sida ou de Ebola. Un autre traitement, très rapidement abandonné, a été conçu sur la base de sang de ver marin. Des essais cliniques consistant en la transfusion de plasma de patients guéris du Covid-19, contenant des anticorps dirigés contre le virus et qui pourrait transférer cette immunité à un patient souffrant du Covid-19, ont été testés avec un succès très relatif.
Des médecins japonais et australiens ont testé des anti-parasitaires pour traiter des patients atteints du Covid-19. Des neuro-biologistes ont préconisé de faire usage de la nicotine dans les traitements. Aussi, le Bcg, un vaccin antituberculeux, est une piste potentielle dans la lutte contre le Covid-19. En effet, des «études épidémiologiques ont montré de façon intéressante une corrélation entre taux de vaccination au Bcg et taux de morbidité et de mortalité face au Covid-19».
Tout en restant prudent, l’institut Inserm en France a évoqué que le sérum «pourrait permettre de diminuer l’importance de l’infection au virus SarsCoV-2 en stimulant la mémoire de l’immunité innée». Tous ces traitements pour venir à bout du virus sont accompagnés de soins palliatifs.
Un nouvel espoir pointe de Madagascar
C’est dans un tel contexte que des scientifiques malgaches ont proposé un traitement du Covid-19, à base d’une plante médicinale, l’Artémisia, sous forme d’infusion. L’annonce publique a été faite le 20 avril 2020. On ne peut pas ne pas relever le mépris affiché d’emblée par les milieux scientifiques, à l’annonce de ce traitement préconisé par l’Institut Malagasy de recherches appliquées. Les contempteurs n’ont même pas cherché à le tester.
Le jour même de l’annonce de ce traitement, l’Académie de médecine de Madagascar a rejeté en bloc le remède proposé. La démarche est apparue assez curieuse, pour des scientifiques qui se sont ainsi permis de contester les résultats des travaux de chercheurs sans avoir pris le temps ou la précaution élémentaire de les étudier. Les membres de l’Académie de médecine de Madagascar vont finir par relativiser leur jugement après une rencontre, le 24 avril 2020, avec le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina.
Cette rapide volte-face indique bien que les motivations du rejet du traitement, à l’aide de breuvages à base d’Artémisia, n’étaient pas fondées sur des bases scientifiques absolues. Le propos n’est pas ici de chercher à défendre le traitement malgache, mais il semble présenter un certain espoir. En effet, la décoction du Covid-Organics, préparée avec des tisanes, est censée prévenir et guérir le Covid-19. Serait-il interdit de lui accorder un quelconque crédit quand on juge les statistiques de Madagascar face à la maladie ?
Ce pays a enregistré son premier cas le 20 mars 2020 et on n’y dénombre, à la date d’hier, que 123 cas confirmés de Covid-19, avec 62 malades guéris. On notera qu’aucun décès n’est déploré sur la Grande Ile pour cause de la pandémie.
Cela a poussé un citoyen malgache, sans doute révolté par les quolibets des médias occidentaux contre le Covid-Organics, de leur balancer avec dépit : «Comptez vos malades et vos morts, nous comptons les nôtres à Madagascar !» Il est difficile de ne pas se révolter contre cette forme de condescendance qui voudrait que d’autres chercheurs du monde peuvent essayer des traitements, dont le succès n’est pas garanti, mais que la même chose n’est point acceptable pour des Africains, encore moins des chercheurs malgaches.
Pour lutter contre le Covid-19, tous les médecins et chercheurs du monde tâtonnent encore, pourquoi alors ne reconnaîtrait-on pas aux Africains le droit de tâtonner eux aussi ? Des laboratoires et centres de recherches, de partout à travers le monde, ont utilisé des raccourcis, des remèdes sans protocole dûment validé pour traiter des malades du Covid-19. Il avait fallu des polémiques autour du traitement proposé par le Pr Didier Raoult avant que les autorités sanitaires françaises ne finissent pas l’accepter avec les mêmes réserves que s’agissant des autres thérapies utilisées en Europe, en Amérique, en Asie ou en Australie.
Pourtant, le Covid-Organics n’est pas un breuvage sorti d’on ne sait où. L’Artémisia est une plante déjà bien connue et dont les propriétés pour guérir le paludisme sont scientifiquement reconnues. Cette plante qui serait venue de Chine est développée à Madagascar depuis plusieurs décennies. Des chercheurs l’ont préconisée efficacement contre le paludisme. Cette plante s’est développée en Afrique où de vastes plants d’Artémisia sont cultivés, au Sénégal et dans de nombreux autres pays.
D’ailleurs, le médecin-chercheur congolais, le Dr Jérôme Munyangi, s’est illustré avec ses recherches sur cette plante. Seulement, de tels résultats ne sont toujours pas encore acceptés par les autorités médicales du monde, sans qu’une objection à caractère strictement scientifique ne soit formulée contre ce traitement antipaludéen. Divers reportages ont pu être réalisés par des médias pour s’étonner que ce mode de traitement antipaludéen continue toujours d’être snobé, en dépit des preuves tangibles de son efficacité. Cet état de fait est-il lié aux énormes enjeux commerciaux qui entourent l’industrie pharmaceutique ?
En attendant, on ne voit pas pour quelle raison l’Artémisia ne devrait pas être utilisée pour participer à soigner les patients atteints du Covid-19, d’autant que nul ne peut indiquer une toxicité du produit. Si on accepte la chloroquine, on devrait véritablement accepter l’Artémisia jusqu’à meilleure découverte médicale. Dans l’absolu, aucun remède pour guérir des pathologies n’est définitif, car il est courant de voir de grands laboratoires ou des autorités sanitaires décider de retirer tel ou tel produit médicamenteux pour cause de méfaits découverts auprès de patients traités.
Malgré tout, il restera toujours des farfelus pour inventer des remèdes
La psychose que continue de susciter le Covid-19 a poussé de nombreux farfelus à préconiser des remèdes les plus surréalistes. Cela constitue un véritable danger. Devant l’impuissance à juguler la propagation de la pandémie et les ravages qu’elle provoque, des chefs d’Etat se sont permis des libertés condamnables. Ainsi a-t-on vu le Président guinéen, Alpha Condé, préconiser son remède de «mentholatum», avec de la boisson chaude, ou le Président Ougandais Yoweri Museveni s’adonner à des exercices de pompes pour venir à bout de la maladie.
De telles frasques auraient pu simplement faire rire si la pandémie du Covid-19 ne constituait pas le plus grave péril sanitaire que l’humanité a connu ces derniers siècles. Ces sorties ubuesques ont pu porter tort au Covid-Organics du fait que la promotion de ce remède a été assurée par le chef de l’Etat malgache lui-même. Un autre chef d’Etat africain qui joue au sorcier, aurait-on pu se dire ?
On se rappelle encore combien était remplie la cour d’un certain Yahya Jammeh qui, du temps où il dirigeait la Gambie, jouait au guérisseur du Sida, entre autres pathologies. Mais le Président américain Donald Trump fera oublier la désinvolture coupable de Boris Johnson (Grande Bretagne) ou de Jair Bolsonaro (Brésil) face au Covid-19.
Le Président Trump préconise d’inoculer des produits antiseptiques aux malades et de les exposer à de puissants rayons Uv. Quand tout le monde lui tombe dessus, le Président Trump revient pour dire que son propos procédait d’une blague. Une bien mauvaise blague sur le sort de milliers de morts !
CE SERAIT BIEN QU'IL Y AIT PLUS D'ÉCOLES DE FORMATION EN ACTORAT
Directrice de casting sur plusieurs productions, Iman Djionne a fini de convaincre sur son talent. Dans cet entretien, elle explique comment elle travaille et donne les contours de ce métier indispensable au 7e art.
Teint clair, magnifique sourire, Iman Djionne aurait pu être la vedette de n’importe quelle série. Mais son amour du cinéma, elle le vit plutôt derrière les caméras et même bien avant que les caméras n’entrent en scène. Son dernier projet de film, «Coura + Oulèye», lui vaut cette année une sélection à la prestigieuse Fabrique des cinémas du monde au Festival de Cannes, après un passage au Festival de Marrakech. Iman Djionne est une talentueuse cinéaste sénégalaise dont le nom rime aujourd’hui avec casting. Directrice de casting sur plusieurs productions, la jeune Sénégalaise a fini de convaincre sur son talent. Dans cet entretien, elle explique comment elle travaille et donne les contours de ce métier indispensable au 7e art.
Qu’est-ce qu’une directrice de casting ?
La directrice de casting s’occupe de trouver les acteurs pour jouer les rôles dans un film. Elle doit faire tout un processus de sélection pour trouver les meilleurs profils pour jouer ces rôles. Donc, il faut qu’elle comprenne bien le scénario et la vision du réalisateur pour trouver les meilleurs profils.
Comment ça se passe ? On vous envoie le scénario et vous l’étudiez ?
On m’envoie le scénario, je l’étudie pour bien comprendre le profil des personnages. Ensuite, on lance une annonce de casting, mais j’ai aussi une base de données puisque je connais déjà un certain nombre d’acteurs. On fait venir les acteurs et on leur fait passer des essais que je montre ensuite au réalisateur. Et c’est à lui de faire son choix. Une première sélection en tout cas, en général, parce qu’ensuite on revoit encore ces acteurs-là pour creuser un peu plus. En fait, mon métier c’est vraiment de déceler le potentiel chez les gens, qu’ils soient professionnels ou non.
Et comment y arrivez-vous ?
Je ne sais pas comment l’expliquer parce que … Le casting n’a pas de formation en fait. Ce n’est pas un métier comme les autres où il y a des formations. Casting, ce n’est pas vraiment des informations, c’est de la sensibilité on va dire. C’est assez difficile à dire, mais c’est un feeling. Il faut faire confiance à son instinct. C’est un peu psychologique aussi.
Quand vous devez faire un casting, vous cherchez aussi dans la rue, autour de vous ?
Cela dépend du projet en fait. Il y a certains projets où on va faire du «sauvage». On va aller dans la rue, dans des endroits où on pense que le profil se trouve. Dans d’autres castings, ça va être plus traditionnel. On va convoquer des comédiens, faire passer des annonces et tous les gens qui répondent sont invités. Cela dé pend des projets en fait et chaque projet à des besoins spécifiques.
Avez-vous déjà eu des problèmes à trouver un personnage ?
Des fois ça arrive d’avoir du mal à trouver certains rôles. C’est pour ça que le casting, il n’y a même pas de durée. Je peux faire deux, trois mois de casting.
Un exemple concret ?
On a fait une série américaine qui sort bientôt sur Canal. Et les profils devaient parler anglais. C’est vrai que ça réduit beaucoup le nombre d’acteurs possibles pour ces rôles. Donc effectivement, ça a pris du temps pour trouver les acteurs qui étaient à l’aise en anglais et qui étaient bons au jeu.
Qu’est-ce qui est plus compliqué dans ce métier ?
Le plus compliqué, c’est la patience. Il faut vraiment avoir la patience. On voit beaucoup de monde, il y a des journées voire des semaines où on ne voit pas ce qu’il nous faut. Et ça peut être fatiguant, décourageant. Ce métier-là, c’est vraiment chercher une aiguille dans une botte de foin. Il y a des jours où c’est vraiment très difficile et d’autres où tu as plusieurs acteurs d’affilée qui sont là et qui sont géniaux. Du coup, c’est la sélection qui devient difficile parce qu’il faut choisir quel acteur est bon pour certains rôles.
Donc on discute avec le réalisateur, on essaie de voir qu’est-ce qui se rapproche plus de la vision qu’il a dans sa tête de ce rôle-là. La recherche est difficile parce que ça peut prendre beaucoup de temps et il faut être patient. Ensuite, la sélection aussi parce ça veut dire qu’il faut refuser beaucoup de monde et annoncer des mauvaises nouvelles.
C’est quoi votre plus beau souvenir de casting ?
Ce n’est pas le plus beau parce que chaque casting est diffèrent, mais je m’enrichis de chaque casting. Moi-même, j’apprends à chaque fois et je rencontre de nouvelles têtes, de nouveaux visages et c’est ce que j’aime. Il y a tellement de talents ici et à chaque projet, je découvre de nouveaux talents. Et même s’ils ne sont pas pris dans le film, il y a certains que je garde bien en tête parce qu’ils ont ce potentiel.
Ça vous fait vivre ?
Oui. Je suis réalisatrice à la base, donc c’est mon job «xar maat» (extra). Quand il y a des projets bien sûr. C’est comme tous les techniciens de cinéma. Quand on est dans un projet, on bosse. Et là, en ce moment, il n’y a pas de casting. Donc, je suis sur mes projets
Pour votre court métrage La boxeuse, comment s’est passé le casting ?
J’ai fait d’abord des castings pour moi-même. Et c’est après que j’ai commencé à faire des castings pour les autres. C’est un exercice très intéressant. Je cherchais une jeune fille. Pas forcément une actrice. Elle devait avoir 17 ans et être un peu athlétique parce que je la fais courir pas mal dans le film. Donc j’ai cherché, sauvage, un peu partout à Dakar. Des danseurs, des athlètes, jusqu’à la trouver, elle, Aminata Sarr qui est danseuse dans le ballet national à Blaise Senghor. Et elle était juste… Ça été une superbe trouvaille.
Comment savez-vous que c’est la bonne ?
Ça se sent. Quand tu… Tu le sens quand c’est la bonne. Cela ne s’explique pas, mais on le sent. Elle comprenait tout, c’était la première fois qu’elle faisait un casting, un tournage, mais elle était super intelligente. Elle comprenait tout, elle proposait des choses. Quand c’est comme ça, c’est merveilleux.
Sur quels films avez-vous travaillé ?
J’ai travaillé sur Atlantique de Mati Diop. Je n’étais pas directrice de casting, mais j’étais dans l’équipe depuis le début. Ensuite, j’ai fait pas mal de productions françaises qui venaient tourner ici, Amin de Philippe Faucon, ou la série américaine Zéro, zéro, zéro. Et je viens de finir le film de Robert Guediguian qui est un réalisateur français et Moussa Sène Absa aussi.
C’est important que les acteurs soient formés ?
Non. Ce n’est pas important parce que j’ai vu de très bons acteurs qui n’ont jamais fait ça. Pour moi, ce n’est pas important. Il y a certains acteurs d’ailleurs qui sont formés, mais qui ne sont pas justes. Ce n’est pas un facteur, mais après, je pense que ce serait bien qu’il y ait plus d’écoles de formation en actorat. Il y a bien sûr les Arcots où on va souvent faire des castings pour trouver des acteurs parce qu’ils les forment aussi.
LES ''JAKARTAMEN'', DES TRANSPORTEURS A CONFINER
Aujourd’hui, ces motos continuent de transporter des passagers, malgré l’interdiction qui frappe l’activité
A cause des «Jakartamen», le Sénégal risque de connaître une résurgence des cas importés. Vélingara en a connu un hier et qui est entré au Sénégal via ce mode de transport, moyennant 6 000 F Cfa. Juste ça !
Le département de Vélingara a enregistré hier un cas importé positif au coronavirus. C’est le 8ème après les 7 jeunes Sénégalais arrêtés à la frontière avec la Guinée Conakry et qui ont, par la suite, été testés positifs. Tous les 8 cas recensés dans ce département de la région de Kolda ont emprunté le même itinéraire : République de Guinée Dialadiang au Sénégal, puis l’intérieur du département de Vélingara. Le cas positif d’hier est une femme de nationalité guinéenne, âgée d’environ 25 ans.
Une commerçante qui dit fréquenter le marché de Diaobé. A certaines personnes, elle dit être native de Kolda et a même changé de prénom dans la ville de Kounkané où elle a été mise aux arrêts. Les gendarmes de la sous-brigade de Diaobé et l’autorité administrative sont aidés en cela par des jeunes du village de Saré Woudou. Elle s’est introduite au Sénégal par des pistes sinueuses, contournant les principales voies d’accès.
C’était mercredi passé. Elle a fait plusieurs petits arrêts avant d’être embraquée par une moto Jakarta à partir de Bonconto jusqu’à Saré Woudou. Le motocycliste en question et 2 familles de Kounkané où a séjourné la dame sont confinés dans un centre touristique de la place. Et dire que ledit motocycliste est un menuisier métallique à qui on a juste payé 6 000 F pour faire ce job qui lui prive ainsi de la liberté de mouvement et de travail pendant une quinzaine de jours.
Aujourd’hui, ces motos continuent de transporter des passagers, malgré l’interdiction qui frappe l’activité. On rappelle que les 7 premiers cas positifs sont également entrés au Sénégal en louant les services des motocyclistes. Le président du Comité de vigilance de Dialadiang, village frontalier avec la Guinée Conakry, Coly Baldé, nous informait que les Guinéens continuent d’entrer au Sénégal. Et que les activités de surveillance des mouvements transfrontaliers par son comité sont en passe de connaître un relâchement par manque de carburant et de masques.
Il dit : «Nous faisons la patrouille en collaboration avec les Forces de l’ordre par nos propres moyens. Nous le faisons sans masque. Nous commençons à nous essouffler. Le carburant manque parfois.» Et puis : «Les membres les plus actifs du Comité de surveillance de la frontière ne sont ni détenteurs de bourse de sécurité familiale et ne figurent pas sur le Registre national unique (Rnu), donc nous n’allons pas bénéficier de l’aide alimentaire de l’Etat.»
Pour toutes ces raisons, Coly et son équipe n’ont plus le cœur à l’ouvrage. Il faut savoir que c’est ce comité qui a permis d’arrêter, puis de confiner les 7 premiers Sénégalais testés positifs à Vélingara ainsi que leurs convoyeurs. Les Forces de sécurité ne pouvant pas à elles seules surveiller toute la frontière, il faut trouver le moyen de garer les motos.
Boubacar Baldé, ressortissant du village de Paroumba, fait la proposition : «Je crois qu’il faut confiner les motos dans une maison. Les cadenasser jusqu’à nouvel ordre. Sinon le trafic va continuer parce que l’enjeu c’est l’argent. Les jeunes vont mettre tout le Sénégal en danger tant qu’ils ont la possibilité de croire qu’ils peuvent clandestinement transporter des Guinéens.»
64 NOUVELLES CONTAMINATIONS AU COVID-19 SIGNALÉES CE LUNDI
Le ministère de la Santé a annoncé, lundi, 64 nouvelles contaminations au Covid-19, ce qui porte à 736 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Dakar, 27 avr (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé, lundi, 64 nouvelles contaminations au Covid-19, ce qui porte à 736 le nombre de patients recensés dans le pays depuis le 2 mars.
Il s’agit de 50 cas contacts - cas dont les sujets étaient placés en observation dans les services sanitaires -, de 14 cas communautaires, a précisé la directrice de la Santé.
S’exprimant lors d’un point de presse, Marie Khémés Ngom Ndiaye a souligné que les 64 cas nouveaux cas de Covid-19 provenaient de 677 tests.
Les cas de transmission communautaire, ceux dont la source de la contamination n’est pas identifiée, ont été recensés à 14 cas.
Ces cas ont été identifiés à Sangalkam (2), à Rufisque (2), à Grand-Médine (1), à Touba (6), Thiès (1), à Sédhiou (1) et à Mbacké (1). Ce dernier patient est décédé, dimanche soir.
Un cas grave est admis en réanimation, selon la directrice de la Santé, relevant que l’état de santé des autres patients hospitalisés est stable.
Un patient a été déclaré guéri, ce qui porte à 284 le nombre de personnes qui ont vaincu la maladie depuis le début de la pandémie au Sénégal.
A ce jour, 736 cas ont été déclarés positifs, dont 284 guéris, 09 décès, 01 évacué et 442 patients sont sous traitement.