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23 septembre 2025
"IL FAUT QUE LES CHOSES CHANGENT"
L'incident de la mort de George Floyd remet au goût du jour la question des violences policières vis-à-vis des noirs américains. La VOA s’est entretenue avec l’analyste politique René Lake sur le sujet
Quatre officiers de la ville de Minneapolis dans l’Etat du Minnesota impliqués dans l'arrestation d'un homme noir décédé en garde à vue ont été licenciés mardi, quelques heures après qu'une vidéo d'un passant a été postée sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, on entend l'homme en question répéter plusieurs fois : « I can’t breathe » « je n’arrive pas à respirer », pendant qu'un officier blanc continuait de lui enfoncer le genou dans le cou. Cet incident vient remettre à jour la question des violences policières vis-à-vis des noirs américains.
Arzouma Kompaoré s’est entretenue avec l’analyste politique René Lake basé à Washington pour en savoir davantage.
L’ÉQUATION DE LA REPRISE DES COURS
L’urgence de l’heure pour sauver notre système éducatif n’est pas de reprendre les cours avant septembre 2020 - DÉCLARATION DE LA PLATEFORME INTÉGRÉE DES ENSEIGNANTS DEBOUT
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de la Plateforme Intégrée des Enseignants Debout (PIED), datée du 29 mai 2020, à propos de la réouverture annoncée de classes ce 2 juin.
« Faut-il le rappeler, le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élevé l’épidémie relative au Coronavirus au rang de pandémie suite à son évolution inquiétante à travers le monde. Préoccupée par « les niveaux alarmants de propagation et de gravité » de la maladie, l’OMS a appelé les gouvernements à prendre des mesures urgentes et agressives pour stopper la propagation du virus.
La convention internationale des droits humains garantit à chacun le droit au meilleur état de santé possible et oblige les gouvernements à prendre des mesures pour se prémunir contre les menaces à la santé publique et fournir des soins médicaux à ceux qui en ont besoin. La convention relative aux droits humains reconnaît également que dans le cadre de graves menaces pour la santé publique et en cas d’urgences publiques menaçant la vie de la nation, les restrictions de certains droits peuvent être justifiées si elles ont une base légale et sont strictement nécessaires, si elles s’appuient sur des preuves scientifiques qui ne sont ni arbitraires, ni discriminatoires dans leur application, et si elles sont limitées dans la durée, respectueuses de la dignité humaine, sujettes à examen et proportionnées en vue d’atteindre l’objectif fixé.
L’ampleur et la gravité de la pandémie de Covid-19 atteignent clairement dans notre pays le niveau d’une menace à la santé publique qui pourrait justifier des restrictions à certains droits, comme celles qui résultent de la fermeture des écoles, de la mise en quarantaine ou de mesures d’isolement qui limitent le droit de circuler librement.
Au regard de ces fondamentaux inhérents à une gestion efficiente de la pandémie, la Plateforme Intégrée des Enseignants Debout s’interroge sur l’opportunité de la réouverture précoce des écoles notamment les classes d’examens et rappelle que toute solution à cette lancinante question de la reprise des cours passe par la mise en place d’un cadre de partage et de réflexion avec les acteurs de l’école et les professionnels de santé afin de garantir les droits humains notamment celui de la santé en priorité.
La lutte contre la propagation du Covid-19 nécessite que les établissements scolaires disposent d’approvisionnement en eau, d’assainissement, d’hygiène, d’une gestion des déchets notamment les masques et de nettoyage adapté. Ces mesures sont indispensables pour minimiser le risque de la propagation de la maladie. A cet effet, le ministère de l’Education, en relation avec celui de la Santé, devrait en amont s’assurer que le personnel enseignant dispose de compétences sanitaires relatives à ces mesures et que les établissements scolaires disposent aussi d’équipements de protection adaptés. Tel n’est pas le cas à ce jour (Le regroupement de 15.000 enseignants à Liberté 5 et l’approvisionnement faible en matériels de protection de plusieurs établissements scolaires est l’illustration parfaite que le protocole sanitaire est loin d’être respecté).
En plus de ces impairs, il s’y ajoute un dispositif pédagogique incohérent, inefficace et inéquitable en contradiction avec le PAQUET et l’ODD4 (assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie). En mettant le focus essentiellement pour les apprenants des classes d’examens et ne proposant aucune alternative pour les autres niveaux d’enseignements, l’Etat du Sénégal par ce dispositif pédagogique renforce les inégalités et met en péril les efforts consentis en matière d’accès et de qualité.
Ainsi, consciente du danger réel qui menace notre système éducatif relativement au pilotage à vue des autorités de tutelle, la Plateforme Intégrée des Enseignants Debout rappelle au gouvernement que dans ce contexte où les soldats de la guerre contre la Covid-19 sont atteints par l’ennemi, notamment les agents de santé et des éléments de l’armée, l’urgence de l’heure pour sauver notre système éducatif n’est pas de reprendre les cours avant septembre 2020. C’est pourquoi les acteurs éducatifs que nous sommes, appelons les citoyens et les citoyennes à se mobiliser contre cette aventure et exiger du gouvernement une étude sérieuse avec une approche holistique afin de trouver des solutions alternatives pour la continuité pédagogique au profit de ces millions d’enfants et de jeunes qui sont en rupture scolaire.
Des enseignants debout pour un système éducatif performant ! »
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, EMMANUEL DESFOURNEAUX
LE FAUX DAUPHINAT
EXCLUSIF SENEPLUS - Du frère au beau-père en passant par le beau-frère, il y a une « surpopulation » politico-familiale au sein du régime de Macky Sall. Cependant, le Sénégal est-il le Togo ou le Gabon ?
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 01/06/2020
En ces heures où le Covid-19 frappe durement le Sénégal, la citation de Charles Péguy raisonne en termes de responsabilité politique : « Les peuples vont là où les pouvoirs les conduisent ». L’opposition est dans son droit de critiquer lorsque, selon elle, la direction empruntée par le gouvernement n’est pas la meilleure. A contrario, une certaine opposition ne conduit-elle pas parfois vers de fausses pistes et polémiques comme le dauphinat au risque de ne pas se concentrer sur l’essentiel ?
C’est au détour d’une interview de Mamadou Lamine Diallo, fort captivante au demeurant sur la dépendance du riz, que le mot dauphin a été prononcé à l’endroit de Mansour Faye.
En effet, en pleine crise sanitaire, le président du Mouvement TEKKI cible nommément le beau-frère du président comme successeur de Macky Sall. Mamadou Lamine Diallo persiste et signe ; déjà en 2019, tandis qu’Aliou Sall était éclaboussé par l’affaire Petrotim, l’opposant soutenait que Mansour Faye était le « dauphin caché de la famille Faye Sall (sic) ». Bref la solution de rechange pour envisager l’avenir de façon radieuse !
Cela devient un rituel chez les opposants « patriotes ». Lors de sa dernière sortie médiatique, Ousmane Sonko, président du Pastef, comparait Mansour Faye à Karim Wade. Sur le sujet du dauphinat, aux yeux des Sonkoistes, ils sont sur un même pied d’égalité bien que, aujourd’hui, l’un est opposant et l’autre est ministre. Peu importe si au passage les stratégies politiques d’alliance de fait entre les opposants sont mises à mal avec ce genre de comparaison peu flatteuse et peu diplomatique !
Pour des raisons différentes, Babacar Gaye et Mamadou Goumbala ont aussi établi une comparaison entre Mansour Faye et Karim Wade.
S’il est légitime de s’interroger sur l’implication de la famille des présidents sénégalais dans les affaires publiques à l’image de Mansour Faye et sa gestion de l’aide d’urgence, est-il fondé d’utiliser le mot dauphin à l’égard de ces personnalités politiques d’un genre particulier ? Et en conséquence de leur réserver un traitement politique à part ?
D’emblée, il convient de remarquer que le dauphinat est employé par des commentateurs politiques pour décrire un processus de désignation du successeur par le président sortant. Et ce en dehors de toutes considérations familiales ! Sans doute l’hyper présidentialisation de certains régimes africains s’apparente-t-elle aux monarchies au vu de leur automatisation « successorale » : le roi est mort, vive le roi ! L’élection du candidat soutenu par la majorité présidentielle ne serait dans ce schéma qu’une formalité : 100 % de chance de gagner.
En réalité, je m’attache au mot dauphin tel qu’il est exploité par les opposants « patriotes ». Et donc au regard du sens historique qu’ils leur accordent, à savoir un titre d’héritage « biologique ou familial » tiré de leur lien de parenté avec le président-roi. C’est bien ce sens-là qui est visé par Mamadou Lamine Diallo et Ousmane Sonko dans leurs dernières interventions.
Il faut dire que les exemples en Afrique ne manquent pas où le fils du président a succédé grâce à l’aide de son père, à l’exemple du Togo et du Gabon. C’est donc un argument qui fait mouche. L’opinion publique sénégalaise y est sensible ; elle tient à son patrimoine démocratique. A telle enseigne que la supposée succession de Me Abdoulaye Wade par son fils Karim est considérée comme la principale cause de la chute du pape du Sopi.
En l’espèce pas de preuve tangible de succession contrairement aux monarchies où les titres de dauphin sont strictement réglementés (fils ainé ou fils cadet en cas de décès du premier), juste une rumeur au départ suivie d’une insistante clameur publique au Sénégal ! Cela suffit aux opposants pour en faire leurs choux gras. Ils se focalisent sur les grands ministères attribués aux « dauphins » pour convaincre de la préparation d’un coup d’état, d’un passage en force d’une république à une monarchie. C’est dans ce contexte qu’Ousmane Sonko a fait sa comparaison entre Karim Wade et Mansour Faye.
Les opposants d’hier (c’est le serpent qui se mord la queue !) et d’aujourd’hui, ont en commun la mauvaise foi politique. Jamais ils ne se sont demandé s’il y avait une optimisation des ministères en question (regroupement cohérent de différents ministères sous l’autorité d’un même ministre) ; jamais pour le cas de Me Abdoualye Wade il a été abordé l’essoufflement naturel d’un régime après 12 ans d’exercice de pouvoir, et surtout le goût prononcé des sénégalais dorénavant pour l’alternance démocratique vu le précédent de 2000.
Ces personnalités politiques issues de la famille des présidents, deviennent des boucs émissaires et des proies faciles pour les opposants. Il faut dire que le régime de Macky Sall a élargi la sphère de la famille au pouvoir comme jamais vu auparavant : du frère au beau-père, en passant par le beau-frère, il y a une « surpopulation » politico-familiale ! Et pour ne rien arranger, le président attribua l’aide d’urgence, au coeur du dispositif de la lutte contre la Covid-19, à Mansour Faye !
Cependant, le Sénégal est-il le Togo ou le Gabon ? Admettons que Mansour Faye soit le candidat officiel de Macky Sall en 2024. Ne pensez-vous pas que le sénégalais serait assez mature politiquement parlant pour faire la part des choses et voter en son âme et conscience ? Car l’essentiel dans ces fausses histoires de dauphinat, c’est que le peuple sénégalais ait souverainement le dernier mot. Il y a eu dans l’histoire du Sénégal une seule dévolution monarchique : ce fût le cas lorsque le président Abdou Diouf hérita du pouvoir des mains de Léopold Sédar Senghor, sans vote !
Un bémol à la souveraineté du peuple. Celle-ci ne peut être que pleine et entière sous réserve de la transparence de la future élection présidentielle de 2024. C’est sur ce point-là que l’opposition devra concentrer ses efforts et moins sur la question du dauphinat relevant davantage du populisme. Sous Macky Sall, toutes les élections, la législative de 2017, le référendum de 2018 et la présidentielle de 2019, ont fait l’objet de contestations et de controverses autour des électeurs en doublon, de la non-distribution des cartes à certains électeurs, du changement des règles comme le parrainage, de l’éviction illégale des deux plus sérieux challengers…A l’époque de Wade, le PDS avait perdu les élections intermédiaires car le jeu démocratique existait.
C’est ainsi que le soi-disant héritier de Me Abdoulaye Wade avait perdu la mairie de Dakar !
Pour ma part, il y a un abus de langage de la part des opposants « patriotes ». Ils en sont conscients, cela est fait de façon délibérée. Ce qui a marché en 2012 peut se répéter en 2024, cette fois-ci à leur profit politique ! Mansour Faye est décrédibilisé pour sa gestion de distribution des kits alimentaires d’urgence. Il suffit d’enfoncer le clou par l’affaire du dauphinat. De manière plus générale, l’opposition « patriote » fait constater l’absence de rupture depuis l’accession de Macky Sall. Et le tour est joué : eux seuls incarnent la nouvelle alternance dans l’opposition ! La manoeuvre politicienne est devant nos yeux : concentrer des tirs nourris vers Macky Sall et égratigner au passage certains opposants emblématiques.
Vraiment, y aurait-il une différence si Macky Sall choisissait Mimi Touré en lieu et place de Mansour Faye ? Peut-être et sûrement sur le plan éthique, mais d’un point de vue politique, non ! Je réitère ma démonstration : le dernier mot appartient au peuple sous réserve d’une élection transparente. Les vraies questions pour en finir avec ce sempiternel faux débat de dauphin au Sénégal, seraient de s’interroger si c’est au président sortant de désigner son successeur et si in fine le vote des sénégalais sera respecté ou confisqué. De surcroît, pour évacuer toute crispation sur le dauphinat, il y a une jurisprudence politique claire, voire même un plafond de verre : les fils ou les membres de la famille d’un président sortant ne peuvent lui succéder immédiatement. A moins d’être possiblement sanctionnés par le peuple.
C’est vrai que c’est le véritable talon d’Achille des régimes qui font participer leurs familles proches, aux affaires d’Etat. Ils se prennent les pieds dans le tapis. Ils tendent le bâton à l’opposition pour se faire battre. Il est acquis aujourd’hui (et surtout depuis 2012) et a fortiori avec la crise de la Covid-19 que cette gouvernance « familiale » ne sied plus au nouveau style des démocraties africaines. Il faudrait y réfléchir lors du prochain remaniement.
« JE TRAVAILLE DEUX FOIS PAR SEMAINE À L’USINE DE POISSONS »
Ndende Adama Gueye rêvait de quitter le Sénégal pour faire carrière en Europe. Et le voilà qui se gèle les miches sur les Îles Féroé depuis douze ans. Entretien avec un Féringien d’adoption
So Foot |
Florian Lefèvre |
Publication 01/06/2020
En février 2008, quand il décolle de son Sénégal natal, Ndende Adama Gueye rêve de faire carrière en Europe. Mais il ne se doute pas qu’on l’attend dans un archipel perdu entre l’Islande et l’Écosse : les îles Féroé. Le choc thermique est ardu. Le Sénégalais veut repartir aussitôt. Pourtant, douze ans plus tard, à 37 ans, il est encore bercé par le vent de l’Atlantique nord. Entretien avec un Féringien d’adoption.
Tu peux nous retracer le début de ton parcours ?
Je suis né en 1983, à Thiès, une grande ville du Sénégal, à 45 minutes en voiture de Dakar. J’ai joué dans toutes les catégories à l’AS Thiès, puis je suis allé au Diaraf de Dakar. En 2002, je suis parti pour un test au Steaua Bucarest par le biais d’un agent qui m’avait repéré. J’y suis resté deux semaines, ça s’est très bien passé, ils voulaient me faire signer un contrat. Mais mon club au Sénégal ne m’a pas laissé partir. Ils ne se sont pas mis d’accord pour des questions d’argent. Alors, je suis rentré. J’étais déçu. J’avais 21 ans. À l’époque, on jouait la Ligue des champions africaine. J’avais « les clés de l’équipe » . J’ai gagné le championnat, j’ai joué la finale de la Coupe du Sénégal. J’ai aussi été sélectionné en équipe nationale U21. En 2005-2006, je suis parti faire un essai au Górnik Zabrze (l’un des deux clubs les plus titrés de Pologne, N.D.L.R.). Et là, même chose, on ne m’a pas laissé partir parce que mon club demandait trop d’argent. J’ai attendu la fin de mon contrat au Diaraf de Dakar pour aller tenter ma chance en Europe.
Est-ce que tu avais entendu parler des îles Féroé avant d'y venir pour la première fois en février 2008 ?
(Rires.) Non, jamais ! Quand mon agent m’a proposé de venir faire un essai, j’ai demandé où c’était. On m’a dit : « C'est à côté du Danemark. » Puis, quand j’ai atterri au Danemark, on m’a dit de prendre un autre vol...
Qu’est-ce que tu as vu ce jour-là en débarquant aux Féroé ?
Je ne voyais rien des paysages, il faisait nuit. Il était environ 21h. C’était l’hiver. Il faisait froid ! Peut-être moins cinq degrés... Les dirigeants du club (le B68 Toftir, où il va jouer pendant cinq saisons, N.D.L.R.) m’ont accueilli. Ils m’ont donné un gilet, parce que je portais un T-shirt. Avec la chaleur qu’il y avait au Sénégal, j’étais parti comme ça... Le surlendemain, en rentrant de l’entraînement, j’ai appelé mon agent. Je lui ai dit : « Je ne reste pas ici ! » Au bout d’une semaine, les dirigeants voulaient me faire signer un contrat de deux ans. J’ai refusé parce qu’il faisait trop froid. Je ne supportais pas le climat.
Pourtant, douze ans plus tard, tu es encore aux Féroé. Pourquoi ?
Parce que les gens m’aiment, ici.
Mais au début, qu’est-ce qui t’a retenu aux Féroé ?
L’agent m’a convaincu d’accepter le contrat. J’ai dit OK. Il me disait qu’il fallait que je reste une saison, et puis qu’il allait me trouver un autre essai, dans un autre pays. Dans mon esprit, je n’allais pas rester plus d’une saison. Mais, finalement, je me suis senti à l’aise avec les locaux, que ce soit les dirigeants ou les gens que je croisais en allant faire mes courses.
Pourquoi ?
Ici, il y a vraiment un esprit familial. Ce sont des petits villages. Tout le monde se connaît. Quand tu débarques, les gens te considèrent tout de suite comme l’un des leurs. Je me suis senti chez moi. C’est pour ça que j’ai joué pendant quatre ans au B68 Toftir. Après, j’ai signé dans d’autres clubs. Aujourd’hui, je suis au Tvøroyrar Bóltfelag.
Le président américain s’est lancé en politique en jouant de la corde anti-Noirs. Il l’a poursuivie en surfant sur des thèmes anti-immigrés. Il n’a jamais abandonné cette vieille tactique, jouant souvent sur les mots
Le précédent président républicain George W.Bush avait de nombreux défauts, mais à la différence d’autres (comme Nixon, Reagan ou même son propre père), il s’est gardé de jouer sur la corde du racisme. Trump a renoué avec la tradition, multipliant les messages à peine cryptés vers ses électeurs blancs racistes.
Les affrontements de Charlottesville
Dans la crise qui a suivi la mort de George Floyd, il ne s’en est pas privé. Ainsi, quand il a tweeté « when the looting starts, the shooting starts » (« quand les pillages commencent, les tirs commencent ») il s’agissait d’une référence directe aux années 60 (et plus précisément à la déclaration martiale du du chef de la police de Miami, en 1967).
Donald Trump n’en est pas à ses premiers dérapages racistes. On se souvient de ses sorties, quand il était encore candidat, contre les immigrants mexicains (« Ce sont des violeurs »). Devenu président, ce n’est pas un hasard s’il a concentré ses coups contre les quatre élues de la chambre des représentant que sont Alexandria Ocasio-Cortez, Rashida Tlaib, Ayanna Pressley, et Ilhan Omar : « Pourquoi ne retournent-elles pas d’où elles viennent, pour aider à réparer ces lieux totalement dévastés et infestés par le crime ? » avait-il ainsi déclaré.
A propos des affrontements qui ont opposé les suprémacistes blancs à des militants antiracistes à Charlottesville (Virginie), en 2017, contre les suprémacistes blancs, il avait refusé de trancher sur les torts des uns et des autres : « Vous avez des gens très bien des deux côtés. »La liste des anecdotes sinistres de ce genre est très longue, comme on peut en juger en lisant la notice wikipédia qui leur est consacrée.
L’affaire des « Cinq de Central Park »
Qu’il soit lui-même le mari d’une Slovène, le fils d’une Ecossaise, le petit-fils d’Allemands ne le freine pas. Car sa carrière politique doit tout au racisme. Il l’a bâtie ainsi, par pur calcul, et il est fidèle à ce fil directeur.
COVID-19, L'OPPORTUNITÉ D'UNE POLITIQUE ALIMENTAIRE INCLUSIVE ET DURABLE
Pour l’éradication de la faim, le Sénégal fait des contreperformances sur l’anémie et le retard de croissance des enfants. La réduction de moitié de la pauvreté ne semble pas à portée de main
Pour faire face à la Covid-19, le Sénégal, à l’instar des autres pays d’Afrique de l’Ouest, a pris des mesures draconiennes de limitation de la mobilité afin de circonscrire la propagation du virus et rompre ses canaux de transmission. Le gouvernement a en même temps mis en place des mesures économiques et sociales pour atténuer les effets de la pandémie sur les secteurs les plus exposés et les couches de la population les plus vulnérables. En attendant de réaliser une étude exhaustive des impacts de ces mesures, des leçons préliminaires peuvent être tirées de notre récent vécu. La pandémie est une crise multiforme, en même temps qu’elle pourrait constituer une fenêtre d’opportunité, un véritable point d’inflexion, si des actions idoines sont engagées dès maintenant. Aujourd’hui, la question alimentaire interpelle l’État, les organisations professionnelles agricoles, le secteur privé et les citoyens et sa résolution requiert un repositionnement de notre agriculture, en mettant la priorité sur le marché intérieur. Comment la politique agricole du Sénégal a-t-elle jusque-là répondu à la demande alimentaire en constante évolution ? Quels changements insuffler pour répondre aux défis actuels et futurs ?
Le réveil de 2008 et les quelques acquis engrangés
En 2008, la hausse des prix des principaux produits alimentaires notamment le riz avait déclenché des émeutes dans toute la région ouest-africaine. Face à la menace, les gouvernements ont d’abord pris des mesures fiscales et douanières pour atténuer la hausse des prix. En plus de la suspension de la TVA et des droits de douanes, un contrôle des prix a été institué avec une fixation des marges commerciales à tous les échelons de la chaine de distribution. Ces mesures se sont révélées coûteuses, peu efficaces et surtout pas viables. En même temps, les Etats ont lancé des politiques de soutien à l’offre en investissant massivement dans l’agriculture. Au Sénégal, ce fut la grande offensive agricole pour la nourriture et l’alimentation (GOANA) et une de ses composantes le Plan national d’autosuffisance en riz (PNAR).
Grâce à ces initiatives, des progrès notables furent enregistrés, notamment la hausse des superficies emblavées et des niveaux de production. Le riz est un exemple emblématique. Avec l’avènement de la seconde alternance politique au Sénégal, en 2012, les nouvelles autorités ont renouvelé leur engagement pour une autosuffisance en riz en 2017. Même si les statistiques officielles publiées sont souvent controversées, il est indéniable que des progrès substantiels ont été réalisés. Il existe des modèles de bonnes pratiques qui ont fait leur preuve. C’est le cas par exemple de réseaux de producteurs qui sont capables, en plus de la vulgarisation d’itinéraires techniques pour une productivité durable, de fournir des services à leurs membres grâce à une bonne maitrise de l’information économique à travers des bases de données sur les performances de leurs membres. Ces réseaux ont également établi des liens solides avec les banques qui leur octroient des crédits de campagne sous forme groupée et le développement de capacités de consolidation de la production pour une commercialisation groupée au profit des membres. Toutes les principales filières vivrières (mil, maïs, riz) disposent de ces types de réseaux, engagés dans différents modèles de contractualisation avec l’aval notamment les transformateurs et les commerçants.
Au nord du Sénégal, la banque agricole a initié un système de financement intégré entre producteurs de riz paddy, transformateurs et acheteurs du riz blanc, sur la base des remboursements en nature par les producteurs et du nantissement des stocks. En peu de temps, le niveau des crédits octroyés a triplé passant de 3,5 milliards en 2011 à 10 milliards FCFA en 2018 avec des taux de remboursement dépassant 95%. Les innovations majeures notées ces dernières années en termes de bonnes pratiques agricoles, de gestion de la qualité, de gestion de l’information, de contractualisation et de financement innovants, constituent des bases d’un développement à long terme de nos principales chaines de valeurs agroalimentaires si des politiques cohérentes soutiennent ces initiatives. Sans surprise, les options stratégiques actuelles ne génèrent pas des résultats flatteurs.
Limites des options passées, résultats mitigés des politiques agricoles en cours
L’absence d’articulation, voire l’incohérence des politiques agricoles et commerciales et la faiblesse de la politique agro-industrielle, sont des caractéristiques marquantes de ces deux dernières décennies. Au moment où le Sénégal affichait un engagement résolu à gagner la bataille de l’autosuffisance en riz, par l’aménagement de surfaces additionnelles destinées à la culture irriguée et l’octroi de subventions aux intrants et aux équipements, le ministre du commerce allait en Inde pour négocier l’importation de riz à bas prix pour satisfaire les consommateurs urbains. Cette incohérence transparait aussi dans la position du Sénégal lors des négociations sur le tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO appliqué au riz. A la demande de certaines parties prenantes, telles que les organisations de producteurs, de protéger le riz local par un tarif à 35%, est opposé le maintien, par un groupe de pays dont le Sénégal, du TEC UEMOA de 10%.
Par ailleurs, la politique industrielle n’a pas encore pris la mesure des énormes potentiels d’un développement de la transformation locale des produits primaires des chaines de valeurs agricoles. Les céréales, les fruits et les légumes sont souvent passés à la trappe/ou négligés du fait de l’absence d’une stratégie claire de transformation adossée à des investissements structurants dans la logistique. Les initiatives récentes de mise en place des agropoles, appuyées par l’ONUDI, seraient un pas à encourager.
Le deuxième rapport d’examen biennal de la Commission de l’Union africaine sur la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo publié en Février 2020 constitue un avertissement à prendre très au sérieux. En effet, en 2014, les chefs d’Etats africains avaient pris sept (7) engagements visant, entre autres, à renforcer le financement des investissements dans l’agriculture, l’éradication de la faim en Afrique d’ici 2025, la réduction de moitié de la pauvreté d’ici 2025 grâce à la croissance et à la transformation agricoles inclusives, la stimulation du commerce intra-africain des produits de base agricoles, le renforcement de la résilience des moyens de subsistance et des systèmes de production au changement climatique et aux autres risques connexes. Selon le rapport d’examen, le Sénégal, bien qu’ayant fait des progrès, n’est pas sur la bonne voie pour atteindre en 2025 les engagements de Malabo. Seuls le Rwanda, le Maroc, le Mali et le Ghana affichent des résultats satisfaisants à mi-parcours.
De façon spécifique, le Sénégal ne remplit pas les conditions requises par les indicateurs sur les investissements agricoles. Pour les intrants, en particulier l’utilisation d’engrais, le pays est loin des 50 kg/ha de nutriments exigés. Les niveaux de financement, pour la recherche et pour le conseil agricole, sont également insatisfaisants. Pour l’éradication de la faim, le Sénégal fait des contreperformances sur l’anémie et le retard de croissance des enfants. La réduction de moitié de la pauvreté ne semble pas à portée de main tandis que les efforts d’investissement dans la résilience face au changement climatique sont encore timides. La stimulation du commerce intra-africain des produits de base agricoles est l’une des rares satisfactions.
Pour une politique alimentaire inclusive et durable
La pandémie a mis en exergue la vulnérabilité du pays, en particulier sa dépendance alimentaire. Certes les efforts pour une autosuffisance en riz sont louables compte tenu des caractéristiques résiduelles du marché mondial du riz (7% de la production mondiale) et de l’expérience des restrictions sur les exportations de riz imposées par les pays asiatiques durant la période 2008. Mais cette stratégie comporte de nombreuses limites dont la principale est l’imposition d’une spécialisation alors que la diversification comporte plus de vertus aussi bien pour les producteurs que la nation entière. Se fixer des objectifs d’autosuffisance alimentaire en valorisant toutes nos opportunités et nos forces présente plus de garantie d’équilibre, d’efficacité, d’efficience et de durabilité. La réussite d’une telle entreprise nécessite une vision claire sous-tendue par une politique alimentaire consensuelle, inclusive et durable. Quelles devraient être les principales caractéristiques de cette politique alimentaire ?
Une priorisation des chaines de valeurs alimentaires. Sur la base d’une analyse rigoureuse, l’Etat devrait choisir des chaines de valeurs alimentaires et y investir massivement. Le mil est un exemple de produit mobilisant des superficies importantes et une population large avec un potentiel énorme de marché urbain et rural si des investissements adéquats sont réalisés. En agissant sur la productivité et en développant les maillons transformation et distribution, le mil constituerait un formidable apport de diversification des aliments consommés par les populations urbaines. Une articulation avec l’industrie laitière telle que pratiquée par certains agro-industriels constitue une autre source d’inspiration. Les mêmes recommandations peuvent être faites sur les fruits et légumes qui sont peu transformés et dont une partie pourrit avant consommation. Un des critères de choix de ces chaines alimentaires doit être leur intégration des petits producteurs et des petites et moyennes entreprises de valorisation post production (conservation, conditionnement, transformation, services…).
Le financement de la recherche en appui au développement de ces chaines de valeurs. Pour assurer la rentabilité des chaines de valeurs, il est indispensable d’accompagner le processus par une recherche répondant à la demande. Cela suppose un financement adéquat de la recherche, de préférence sur la base de ressources endogènes. Qui finance commande ! Si l’Etat veut mettre la recherche au service de ses priorités, il doit renforcer directement le financement de certaines recherches stratégiques afin qu’elles fournissent des technologies appropriées aux différents maillons des chaines de valeurs (production, transformation, logistiques…). L’ISRA et l’ITA ont déjà le cadre adéquat et l’expérience requise pour conduire de telles ruptures, pourvu qu’un cahier de charges rigoureux leur soit imputé avec des moyens appropriés.
Un appui conséquent au conseil agricole et rural pour l’accompagnement des producteurs. L’appropriation des innovations par les producteurs suppose un bon accompagnement par des conseillers agricoles au fait des réalités et dotés de moyens pour assumer leurs responsabilités. Ces conseillers doivent aussi bénéficier d’un lifting leur permettant d’aller au-delà des apports techniques, en mettant en exergue leur rôle de facilitation, d’appui à la résolution des problèmes et de mise en relation.
L’appui à la formation des exploitants familiaux, des entrepreneurs agricoles, des techniciens, et des ingénieurs. La formation devrait être au cœur de la stratégie de développement des chaines de valeurs alimentaires. Elle devrait néanmoins avoir une forme pyramidale avec une formation de masse destinée aux exploitants familiaux et aux entrepreneurs agricoles. Les champs écoles et autres formes de dissémination du savoir ont besoin d’une forte présence de techniciens agricoles bien formés et soutenus par des ingénieurs.
L’affirmation de certaines options agroécologiques. Le développement durable des chaines de valeurs alimentaires suppose une bonne intégration de l’agroécologie. Celle-ci pourrait ainsi permettre une régénération des terres et favoriser la biodiversité. Elle requiert une politique de gestion des ressources en eau adaptée.
La gouvernance multi-sectorielle. Une véritable politique alimentaire ne peut être l’apanage du seul ministère en charge de l’agriculture. Elle intègre fortement les secteurs de l’élevage et de la pêche. Elle ne peut réussir sans que le ministère en charge de l’industrie et celui du commerce ne soient au cœur des activités. Elle commande la participation du ministère en charge de l’hydraulique et celui des infrastructures. Elle nécessite l’intervention du ministère des finances. La santé et la nutrition doivent être au centre de ses finalités. Dès lors, la politique alimentaire devrait être pilotée sous une gouvernance multisectorielle avec une autorité en charge de fédérer toutes ces entités précitées. Le succès et la durabilité de la politique en dépendent fortement.
Les effets et impacts attendus de la politique alimentaire
La mise en œuvre d’une politique alimentaire vigoureuse centrée sur nos potentialités agroécologiques, socioéconomiques et culturelles devrait générer des résultats tangibles dans plusieurs domaines.
Un développement industriel adossé sur le volet transformation des chaines de valeur agroalimentaires. En améliorant la transformation locale, les microentreprises ainsi que les petites et moyennes entreprises pourraient développer des produits semi-finis qui serviraient de matières premières à l’industrie.
Le développement des terroirs. En mettant l’accent sur les produits locaux et en renforçant les systèmes alimentaires locaux, la politique alimentaire contribue à une bonne structuration des terroirs en facilitant l’emboitement entre villages, petites bourgades et villes secondaires, fixant ainsi les populations dans leurs terroirs.
L’amélioration de la santé et de la nutrition. L’augmentation des productions de légumes, de fruits et de céréales et le développement de filières courtes vont favoriser une alimentation plus saine des populations. Cette option pourrait réduire la prévalence des maladies non transmissibles dont la prolifération résulte en partie des habitudes de consommations alimentaires. Ainsi, en termes de prévention, une valorisation de notre patrimoine culturel dans le domaine culinaire serait salutaire.
La création d’emplois décents et en quantité pour les jeunes et les femmes. La transformation des chaines agroalimentaires peut être source de création de nombreux emplois pour les jeunes et les femmes qui constituent la majorité de la population en milieu rural. Le positionnement des femmes dans le maillon de la transformation est largement documenté. Il s’agit de le renforcer tout en leur permettant d’augmenter leurs marges. Les innovations technologiques offrent aux jeunes, notamment ceux instruits, de proposer des services à haute valeur ajoutée et qui renforcent la rentabilité de l’ensemble de la chaine de valeur.
On le voit, autant la politique alimentaire exige une gouvernance multisectorielle, autant elle interpelle le monde de la recherche. L’intervention des économistes, des socio-anthropologues, des historiens, des nutritionnistes, … est indispensable si nous voulons réussir la rupture indispensable dans nos façons de faire et semer les graines d’une souveraineté alimentaire que les organisations paysannes appellent de leurs vœux depuis plusieurs décennies.
Dr. Ibrahima Hathie est Directeur de recherche, IPAR (ihathie@ipar.sn)
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LAURENT GBAGBO AUTORISÉ A QUITTER BRUXELLES SOUS CONDITIONS
Les soutiens de l’ancien président Laurent Gbagbo espèrent son retour en Côte d'Ivoire. À cinq mois de la présidentielle, pas sûr que les autorités entendent cette requête.
Les soutiens de l’ancien président Laurent Gbagbo espèrent son retour en Côte d'Ivoire. À cinq mois de la présidentielle, pas sûr que les autorités entendent cette requête.
DIOUF SARR DONNE DES NOUVELLES D'ALIOU SALL
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale donne les nouvelles du maire de la ville de Guédiawaye qui a chopé le Coronavirus. Et, elles sont rassurantes. Selon Abdoulaye Diouf
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale donne les nouvelles du maire de la ville de Guédiawaye qui a chopé le Coronavirus. Et, elles sont rassurantes. Selon Abdoulaye Diouf, le maire de la ville de Guédiawaye se porte très bien. Pour le ministre, nous sommes dans une situation où tout le monde peut choper le virus. « C’est une maladie très démocratique », dit-il.
Profitant de son passage devant le Jury du dimanche sur Iradio (90.3), le ministre de la Santé a dénoncé les faits qui se sont déroulés à Malika relatifs au refus d’inhumation d’une personne morte de la Covid-19. Il dit être très surpris de voir de telles scènes d’autant que cela ne ressemble pas à la culture sénégalaise. Mais, estime-t-il, si certains agissent de la sorte c’est parce qu’ils ignorent que la Covid-19 n’est pas honteuse.
Par ailleurs, Abdoulaye Diouf Sarr s’est prononcé sur le cas des personnes âgées qui sont les plus fragiles. A son avis, il faut travailler à les isoler dans les familles. Certes, reconnait-il, cela ne sera pas facile pour certaines familles, mais pense le ministre, tout est question d’organisation.
94 NOUVEAUX CAS DE CONTAMINATION AU COVID-19
Sur 1820 tests réalisés, 94 sont revenus positifs. Il s’agit de 84 cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé, 10 cas issus de la transmission communautaire.
Le ministère de la Santé et de l’action sociale a informé ce lundi 1 juin que le Sénégal a enregistré 94 nouveaux cas de contamination au Covid-19. Dix (10) d’entre eux sont issus de la transmission communautaire. Le ministère a également précisé que 57 patients sont déclarés guéris.
«Sur 1820 tests réalisés, 94 sont revenus positifs. Il s’agit de 84 cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé, 10 cas issus de la transmission communautaire. Par ailleurs, 57 patients sont testés négatifs et donc déclarés guéris. Quatorze (14) cas graves sont également pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital Fann et de l’hôpital principal de Dakar.
L’Etat de santé des patients hospitalisés dans les hôpitaux évolue positivement. A ce jour, le Sénégal a enregistré 3739 cas positifs au Covid-19 dont 1858 guéris, 42 morts, 1 évacué et 1838 personnes sont encore sous traitement», a déclaré le directeur de cabinet du ministre de la santé et de l’action sociale, Dr Aloïs Waly Diouf.
par Dialo Diop
ÉBOLA, LES ENSEIGNEMENTS POUR L’AFRIQUE
Seule une refondation unitaire de nos Etats serait susceptible de créer les conditions requises, permettant aux peuples du continent d’affronter efficacement les dangers de toutes sortes qui hypothèquent leur avenir (français & anglais)
Je dédie cet article à la mémoire de ma sœur et camarade Aminata Diaw Cissé, philosophe de formation, esprit libre et bel esprit s’il en fut, combattante émérite sur tous les fronts de la cause africaine, qui n’est autre que celle de toute l’humanité.
L’histoire naturelle de la maladie à virus Ebola s’est révélée riche d’enseignements au double plan biomédical et socio-culturel, jetant une lumière singulière sur l’état réel de l’Afrique et du monde contemporain.
Il s’agit du principal représentant d’une nouvelle famille taxonomique de virus à ARN, les Filoviridae, dont le prototype est apparu dès 1967 à Marburg (Allemagne) et Belgrade (Yougoslavie), dans un laboratoire de fabrication de vaccins contre la poliomyélite. Ce virus dit de Marburg a provoqué la toute première épidémie humaine de fièvre hémorragique mortelle liée à un filovirus. Isolé à partir d’une colonie de singes verts importés d’Ouganda, (qui finira intégralement euthanasiée), il demeure l’unique espèce identifiée de son genre et sera responsable par la suite de près d’une dizaine d’autres épidémies sporadiques, en Afrique orientale et centrale essentiellement.
Le virus du genre Ebola, quant à lui, ne sera découvert que près d’une décennie plus tard, en 1976, à l’occasion d’une sévère épidémie ayant éclaté quasi simultanément à Yambuku , au Congo (RDC) et à Nzara (Sud –Soudan), avec des centaines de cas, dont plusieurs dizaines de morts. Depuis lors, entre le dernier quart du 20ème siècle et la fin de la première décennie du 21ème, plus d’une vingtaine de poussées épidémiques de fièvres hémorragiques dues au virus Ebola ont été enregistrées en Afrique dite subsaharienne ; au-delà des deux Congo et du Soudan, en Ouganda, au Kenya et au Gabon principalement, mais non exclusivement. Il faut en effet signaler l’apparition d’un cas humain unique et non mortel en Côte d’Ivoire, dans le parc national de la Forêt Tai (1994), ainsi que la survenue d’une épidémie animale à Reston en Virginie (USA), au sein d’une population de singes macaques importés des Philippines (1990). Si cette souche de laboratoire dite Reston est réputée non pathogène chez les humains, la virulence des sous-types dits Zaïre et Soudan pourrait varier de 40 à 90% de taux de mortalité, tandis que la pathogénicité de la souche appelée Forêt Tai reste indéterminée. Enfin, au courant des années 2000, un dernier sous-type nommé Bundibugyo a été isolé et identifié lors d’épidémies humaines en Ouganda et au Congo. Soit, pour l’instant, cinq sous-types distincts reconnus dans le genre Ebolavirus.
Ainsi, entre 1976 et 2012, l’apparition, au cœur du continent africain, d’infections à virus Ebola évoluant sur le mode d’épidémies récidivantes, aura provoqué près de 2000 cas, dont plus de 1100 décès, si l’on ne prend en compte que les flambées ayant entraîné au moins cent cas dûment diagnostiqués. Réputée jusqu’alors être confinée aux seules régions forestières de l’Afrique équatoriale, cette fièvre hémorragique virale de type nouveau, malgré son évidente gravité et sa forte contagiosité interhumaine, ne va susciter d’intérêt, au-delà bien entendu des populations et autorités sanitaires des pays concernés, que parmi les experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et autres organismes de recherche spécialisés, tels que le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta (USA), l’Institut Pasteur de Paris (France), le Medical Research Council (MRC) de Cambridge (GB) ou le National Institute for Communicable Diseases (NICD) de Johannesburg (Afrique du Sud), notamment.
Ce relatif manque d’intérêt des responsables de la santé publique et des multinationales de l’industrie pharmaceutique, venant s’ajouter à la nouveauté de cette famille de virus épidémique dépourvue d’insecte vecteur, et donc différente des arboviroses mieux connues, locorégionales (fièvre jaune, Chikungunya, Vallée du Rift) ou mondiales (dengue), explique au moins en partie les difficultés constatées dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique de cette maladie infectieuse émergente. Citons à titre d’exemple, les errements observés dans la détermination du réservoir de virus animal, (d’autant plus importante du point de vue épidémiologique qu’il s’agit d’un agent pathogène à transmission non vectorielle), que l’on a imputé tout d’abord aux petits ou aux grands singes, puis aux rongeurs, avant de l’attribuer finalement aux chauves-souris frugivores, identifiés comme les seuls porteurs asymptomatiques du virus Ebola. En outre, du fait de son extrême dangerosité, la culture de ce type de virus, pourtant indispensable à son étude approfondie, nécessite un laboratoire de biosécurité maximale (niveau 4), dont il n’existe que trois ou quatre unités civiles officiellement répertoriées dans toute l’Afrique. D’où les retards accumulés autant dans la recherche de médicaments et/ou de vaccins que dans la mise au point de tests sérologiques relativement simples et le recours obligatoire aux techniques diagnostiques moléculaires, réservées à quelques rares laboratoires spécialisés dits de référence, situés dans les villes et donc fort éloignés des zones rurales où sévissent habituellement ces épidémies. Un statu quo pluri décennal dont tout le monde semblait plus ou moins s’accommoder…
Jusqu’à la survenue, totalement inattendue, d’une épidémie sans précédent en Afrique de l’Ouest, qui va marquer un tournant majeur dans l’histoire naturelle de la maladie à virus Ebola. A partir d’un cas index apparu en décembre 2013 dans un village de la zone forestière de Guékédou, s’étendant aux districts de Macenta et de Nzérékoré (République de Guinée), va éclater une épidémie de grande ampleur, d’abord rurale puis urbaine, qui va progressivement se répandre par contiguïté aux pays voisins, dans les districts de Kenema et Kailahun (Sierra Léone) et le district de Lofa (Libéria).
Ainsi, au cours de l’année 2014, sur un total de 67 districts dans ces trois pays, 43 seront atteints par l’extension de l’épidémie, avec plus de 90% des cas confirmés, probables ou suspects recensés dans 14 districts seulement. Pire, dès le mois de juillet, la poussée va gagner d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, avec des cas importés entraînant des cas secondaires mortels, au Nigéria d’abord et au Mali ensuite, tandis qu’un unique cas d’importation non mortel atteindra le Sénégal… Pourtant, il faudra attendre le 25 mars 2014, soit près de quatre mois, pour que l’OMS déclare officiellement l’existence d’une « épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola en Afrique de l’Ouest ». Et ensuite, quatre mois supplémentaires, le 8 août 2014, avant que ses dirigeants ne proclament « la maladie à virus Ebola, une urgence de santé publique de portée internationale» ! Il est vrai qu’entretemps, le 2 août précisément, l’apparition de quelques cas isolés, mais exportés hors d’Afrique car frappant le personnel expatrié d’assistance médicale et paramédicale (deux aux USA et un en Espagne), avait suffi à provoquer une peur panique dans l’opinion occidentale…et une réaction instantanée de ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale ».
Toujours est-il qu’au 22 septembre 2014, le bilan cumulatif de l’épidémie ouest-africaine établi par l’OMS avançait 5843 cas et 2803 décès, le personnel soignant étant sévèrement touché avec 337 cas dont 181 mortels. Ces chiffres vraisemblablement sous-estimés, de l’aveu même des experts africains et étrangers, témoignent néanmoins d’une progression fulgurante par rapport au précédent bilan d’étape qui, le 16 août, faisait état de 2240 cas confirmés, probables ou suspectés, dont 1229 décès.
Preuve ne saurait être plus flagrante de la règle, non écrite mais invariable, du « deux poids, deux mesures », qui prévaut en matière de droit à la santé comme pour tout autre droit fondamental de la personne humaine, en Afrique comme dans le reste du monde. En atteste éloquemment le cas emblématique de notre dévouée consœur sierra-léonaise, Dr Olivet Buck, contaminée par ses patients et décédée à la suite du refus de son évacuation sanitaire vers l’Allemagne, au mépris de la requête pressante du président de la République de son pays.[1]
De nombreuses manifestations de l’inégalité et de l’iniquité dans l’accès aux soins, la mobilisation et la gestion des ressources appropriées, ou les niveaux d’information, etc. vont apparaître, tant dans l’alerte que dans les modalités de la riposte à cette menace à potentiel désormais pandémique. Nous n’en relèverons ici que certains aspects des plus significatifs.
En effet, à la suite de cette annonce spectaculaire, l’OMS va enclencher une série de réunions d’experts internationaux à Genève, entre août et septembre 2014, en pleine période d’expansion de l’épidémie. Il était jusqu’alors communément admis que l’on ne disposait d’aucun traitement, ni curatif ni préventif, contre la maladie à virus Ebola ; les seules interventions possibles étant palliatives, à visée purement symptomatique. L’issue de chaque cas dépendait donc fondamentalement, comme pour toute infection virale, du degré de compétence du système immunitaire du sujet face à la densité et la virulence de l’inoculum contaminant et, accessoirement, de la précocité et de la qualité du traitement d’appoint.
C’est dire quel fut l’étonnement, sinon l’écœurement, des spécialistes africains en apprenant, à l’issue de la première grande rencontre d’experts au siège de l’OMS, qu’il existait non seulement près d’une demi-douzaine de drogues actives contre la virus Ebola et, dira-t-on, au stade encore expérimental, (certaines ayant atteint ou dépassé les phases d’essais cliniques) mais que l’on disposait de surcroît d’au moins deux candidats vaccins en cours d’évaluation ! Ainsi donc, une gamme thérapeutique quasi-complète, préventive et curative, produite par les secteurs public ou privé de la recherche pharmacologique des pays du Nord (USA, Japon et Canada, entre autres), était bel et bien disponible, (quoiqu’en quantités parfois limitées et depuis une période indéterminée), mais surtout à l’insu des premiers concernés, à savoir les populations et les autorités responsables de la santé publique dans les pays africains atteints…
Mieux, l’on ne tardera pas à annoncer, courant 2015, la mise au point de tests de dépistage rapide de l’infection humaine à virus Ebola, rendant possible sur place un diagnostic sérologique aisé quasiment instantané, supprimant ainsi les contraintes de conservation et les délais de transport des prélèvements qu’imposait auparavant le recours aux techniques diagnostiques moléculaires. Reste, bien sûr, à en déterminer le coût réel et le prix affiché par les fournisseurs.
Un dernier résultat de cette cascade tardive de réunions internationales de l’OMS consacrée au virus Ebola aura été l’œuvre d’« experts en bioéthique », qui vont autoriser le recours immédiat à des « traitements expérimentaux », y compris des vaccins recombinants, sans respect des rigoureuses procédures d’homologation habituelles, et ceci au nom de l’« urgence sanitaire mondiale » ! Un autre phénomène mis en évidence par cette explosion épidémique du virus Ebola aura été le peu de fiabilité et même l’invalidité des prédictions sur l’évolution probable de l’épidémie, proposées par les experts occidentaux, euraméricains en particulier. (cf. New England Journal of Medicine du 25 septembre 2014). Autant de projections catastrophistes fondées sur des modélisations mathématiques à prétention scientifique, qui se sont avérées fausses, car simplement infirmées par la réalité des faits. Des chiffres qui vont pourtant donner lieu à diverses projections hasardeuses et autres extrapolations fantaisistes, ayant pour effet d’entretenir la peur, de semer la confusion et d’aggraver l’isolement des pays victimes. Ce qui, soit dit en passant, n’aura guère surpris les observateurs attentifs ayant suivi antérieurement les prévisions apocalyptiques de « dépeuplement de l’Afrique », complaisamment colportées par la presse spécialisée et les mass media, au plus fort de la pandémie du VIH-SIDA, à la fin du 20ème siècle…
Nous voici donc en présence d’un virus très fragile dans le milieu extérieur, mais d’une extrême contagiosité interhumaine directe, par le biais des liquides corporels (sang, selles urine, salive, sperme, larmes, etc.) et surtout doté d’un fort potentiel épidémique lié au fait qu’un unique cas non détecté ou un seul contact non identifié peut suffire à initier une nouvelle chaîne de transmission, d’évolution imprévisible. Par la suite, les études ont montré que l’isolat viral responsable de cette épidémie ouest-africaine d’une ampleur inégalée était identique, à quelques variations près, à la souche mère initiale (Zaïre). Même si sa virulence semble moindre en termes de taux de mortalité, il est permis de s’interroger sur la période et les itinéraires de sa migration hors d’Afrique centrale et de sa pénétration en Afrique occidentale ; une question à laquelle l’épidémiologie moléculaire n’a pas encore clairement répondu. D’autant qu’il est à présent établi que le virus peut persister dans le sperme et les sécrétions génitales des sujets infectés plusieurs mois après leur guérison clinique apparente ! Par ailleurs, plusieurs faits passés sous silence laissent perplexe : l’on sait par exemple que la toute première épidémie humaine à virus Ebola s’est déclarée à Yambuku (RDC) après l’ouverture et la mise en exploitation d’une nouvelle mine d’or dans cette zone de forêt équatoriale. De même, la région transfrontalière du Mont Nimba que partagent les trois Etats membres de l’Union du Fleuve Mano principalement atteints, est réputée pour ses énormes richesses minières, non seulement diamantifères et aurifères, mais aussi en métaux ferreux et non ferreux, en voie de « mise en valeur ». Quand on apprend, de surcroît, l’existence secrète dans ces mêmes pays de plusieurs laboratoires de recherche engagés dans le « programme de défense biologique » du gouvernement US, basé à Fort Detrick (Md), initié par le Pentagone avant même la fin de la Guerre froide dans le cadre de la Loi anti-terroriste contre les armes biologiques (1989), financé par l’USAID sous le couvert du CDC ou du National Institutes of Health (NIH) de Bethesda (USA), le doute fait place à la perplexité. Même si certaines de ces unités de guerre microbiologique bénéficient d’une coopération civile officielle avec l’Université Columbia à New York, l’Université du Wisconsin-Madison, ou encore l’Université de Winnipeg au Canada. Et ceci, en totale violation de la Convention internationale sur les armes biologiques de 1988. De plus, après l’éclatement de l’épidémie en Sierra Léone, la décision de fermer (définitivement ?) le laboratoire de Kenema (biosécurité de niveau 4, lié à l’Université Tulane de New Orleans, en Louisiane) est annoncée par le ministère de la Santé, tandis que, peu après, le président Obama en personne va déclarer publiquement : « notre politique officielle est d’arrêter désormais ce type de recherche » ! Signalons au passage que le Centre International de Recherche Médicale de Franceville (CIRMF) au Gabon dispose également d’un laboratoire de biosécurité de niveau 4, où des spécialistes français poursuivent depuis des années des travaux sur les chauves-souris réservoirs du virus Ebola[2].
Le trouble devient franche inquiétude lorsque c’est dans les colonnes du Washington Post qu’un professeur de microbiologie évoque tranquillement l’hypothèse d’une mutation spontanée du virus Ebola susceptible de le rendre transmissible par voie aérienne, amplifiant ainsi son pouvoir de contamination sur le modèle de la souche Reston de l’Institut de Recherche Médicale de l’Armée US pour les Maladies Infectieuses(USAMRIID)…S’agit-il de pure spéculation théorique ou plutôt d’un conditionnement psychologique de l’opinion en vue du résultat attendu d’un programme de manipulation génétique virale en cours ? Les faits ne devraient pas tarder à élucider cette funeste énigme. Quoi qu’il en soit, ce n’est que le 29 décembre 2015 que l’OMS, considérant que dorénavant la maladie à virus Ebola ne représentait plus une « urgence de santé publique de portée internationale », va lever ses recommandations temporaires pour l’épidémie d’Ebola, fondées sur les « Règlements Sanitaires Internationaux » (2005), mais au terme d’une hécatombe ouest-africaine qui aura duré plus de deux ans et provoqué au moins 11300 décès pour environ 28000 cas.
En tout état de cause, interrogée sur les raisons de l’exceptionnelle gravité de l’épidémie ouest-africaine de ce virus précédemment contenu par des mesures classiques de quarantaine et les règles d’hygiène universelle, malgré l’absence de médicament et de vaccin, la Directrice générale de l’OMS, Mme Margaret Chan, a invoqué une cause majeure, « la pauvreté » ! Un doux euphémisme pour désigner la misère qui sévit dans cette région carrefour du Golfe de Guinée. A la faiblesse voire l’absence totale de structures sanitaires dans ces zones reculées, viennent s’ajouter non seulement les séquelles de deux terribles guerres civiles (Libéria et Sierra Léone) et d’une non moins terrible dictature militaire (Guinée), avec la corruption structurelle qu’elles entretiennent, mais aussi la perte d’une fraction significative des personnels de santé, eux-mêmes victimes au premier chef de l’épidémie. Et c’est sur ce terrain meurtri que vont venir se greffer les « interventions militaro-humanitaires » des ex-puissances coloniales, chacune dans son ancienne possession, selon des voies et moyens qui vont entraîner leur rejet violent par les populations censées être les bénéficiaires de telles opérations. De fait, les méthodes policières de recherche des sujets-contact et les procédures quasi-carcérales de mise en quarantaine dans les « centres de traitement Ebola », surajoutées aux interférences autoritaires dans les traditions culturelles et cultuelles locales (interdiction des aliments à base de gibier -stigmatisés comme « viande de brousse » - ou des rites funéraires avec contact du corps du défunt, etc.) ont pu parfois provoquer des destructions de structures sanitaires, allant jusqu’à des agressions mortelles contre des agents de la santé ou de la presse, dans les trois pays visés. D’ailleurs, dans son enquête de terrain, le socio-anthropologue Cheih I Niang n’a pas manqué de souligner à quel point ces actes de défiance psychologique et de résistance culturelle ont favorisé l’extension de l’épidémie et retardé le contrôle et l’élimination de la maladie. A la misère et à l’inefficacité du système de santé publique, il faut associer un troisième facteur explicatif de l’ampleur de la dernière épidémie : il s’agit de la peur entretenue et aggravée par l’ignorance. En effet, seule la panique permet de comprendre certaines propositions insensées formulées au plus fort de la crise sanitaire, telles que la mise en quarantaine de quartiers, et même de villes entières…
Il en va de même des mesures de fermeture intempestive des voies de communication physique, brutalement imposées par des pays du Nord, et surtout par certains Etats africains, tel le Maroc ! A ce propos, il faut saluer la conduite à la fois fraternelle et responsable de deux pays voisins, secondairement touchés par l’épidémie. A l’inverse des pays situés à l’épicentre du fléau où la faillite des systèmes de santé a favorisé l’expansion de l’épidémie, les résultats spectaculaires de contrôle et d’éradication de la maladie au Nigéria et au Mali, méritent d’être soulignés. Autant pour la rapidité et l’efficacité de la prise en charge de l’épidémie dès la détection des premiers cas importés, que pour la rigueur, la vigueur et la justesse des mesures prises pour contenir, puis éteindre la menace, sans enfreindre les valeurs traditionnelles de solidarité, ni contrevenir aux recommandations pertinentes de la Commission de l’Union Africaine (UA), demandant à tous les Etats membres de s’abstenir de fermer leurs frontières avec les pays frères atteints et insistant sur la nécessité de lutter tous ensemble contre l’extension de l’épidémie virale. Un conseil pourtant allègrement ignoré tant par la Côte d’Ivoire que par le Sénégal, qui vont successivement fermer leurs frontières terrestres, aériennes et maritimes avec la Guinée, malgré l’inexistence du moindre cas confirmé d’Ebola endogène dans leurs pays respectifs. Ces deux contre-exemples attestent de l’influence nocive et déstabilisatrice de facteurs d’ordre politico-économique et diplomatique, qui ont pour conséquence d’accroître l’isolement, l’anxiété et la détresse de populations déjà accablées.
Un ultime rappel pour illustrer l’étroite imbrication des données biomédicales, des facteurs politico-économiques et des aspects socio-culturels : en pleine poussée de l’épidémie ouest-africaine, à l’occasion d’un débat radiophonique sur la Deutsch Welle (La Voix de l’Allemagne), au cours de l’émission « L’arbre à palabre », le Dr Félix Kabange Numbi, ministre de la santé de la RDC, alors en partance pour la province de l’Equateur, où la septième flambée du virus Ebola venait d’être déclarée en fin août 2014, nous a révélé que lors des toutes premières épidémies de la fin des années 1970, le Pr Jean Jacques Muyembe, le médecin-virologiste congolais, aujourd’hui Directeur de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) de Kinshasha, avait suggéré à ses collègues nord-américains du CDC de recourir au sérum des rares convalescents ayant survécu à l’infection pour tenter une sérothérapie de sauvetage sur les malades menacés de mort. Sa proposition s’était alors heurtée à un veto catégorique et indigné des experts étrangers venus d’Atlanta. Cependant, quelques décennies plus tard, le confrère américain contaminé au Libéria et rapatrié aux USA n’a eu la vie sauve que grâce au Z Mapp fourni par le CDC et qui n’est rien d’autre qu’une préparation d’anticorps monoclonaux anti-Ebolavirus, fabriquée à partir du sérum polyclonal de patients guéris de l’infection ; ce produit dérivé recombinant étant bien évidemment enregistré à l’Office US des Brevets ! Cette anecdote d’apparence banale, est cependant riche d’enseignements quand on sait que le même Pr Muyembe, par ailleurs découvreur du virus Ebola (même s’il lui a fallu se rendre à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers pour pouvoir isoler et identifier ce nouvel agent pathogène) a souligné, au cours d’une visite en 2015 dans les pays frères ouest-africains frappés par le fléau, que l’objectif principal de toute campagne contre Ebola devrait être d’empêcher que l’infection devienne endémique dans notre sous-région. Et joignant l’acte à la parole, la RDC a mis près de deux cents techniciens médicaux et paramédicaux spécialisés dans la lutte anti-Ebola à la disposition des Etats ouest-africains concernés. Avec plus d’un an et demi de recul et surtout la survenue de nouveaux cas confirmés dès le lendemain de la proclamation officielle de la « fin de l’épidémie » par l’OMS, tant en Guinée qu’au Libéria et en Sierra Léone, l’on mesure mieux l’importance et la valeur des recommandations tirées de l’expérience vécue par l’expertise africaine. A fortiori si l’on tient compte du nouveau fait clinique mis au jour par l’épidémie ouest-africaine, selon lequel les formes hémorragiques typiques de la maladie se font de plus en plus rares…
Comme toute crise majeure, l’épidémie à virus Ebola aura servi de révélateur, grossissant mais non déformant, qui a permis de mettre à nu les multiples contradictions caractérisant les sociétés et Etats du monde contemporain : domination et dépendance politiques, insécurité générale, physique et économique, inégalités sociales criantes, ignorance massive et mépris culturel sinon ethno-racial, spoliation du droit de propriété intellectuelle, fracture entre gouvernants et gouvernés, rupture entre pays légal et pays réel ou encore entre minorité lettrée et majorité analphabète, opposition ville-campagne, etc.
En Afrique, de l’interaction de ces divers facteurs résultent la faiblesse structurelle des Etats et l’extrême vulnérabilité des populations devant toute menace, quelles qu’en soient la nature et l’origine. Pour s’en tenir au seul secteur de la santé publique, domaine capital s’il en est, il n’y a donc pas lieu de s’étonner de l’ancienneté, de l’ampleur et de la sévérité de la maladie à virus Ebola sur notre continent. L’ensemble des faits recensés ci-dessus démontre à suffisance que l’émergence d’un tel virus tueur dans un contexte d’extrême pauvreté, doublée d’une faillite provoquée des systèmes de santé publique, ne pouvait qu’engendrer des conséquences catastrophiques pour les populations touchées. Les taux élevés de morbidité et de mortalité rapportés à de banales maladies infectieuses, curables et/ou évitables (gastro-entérites et broncho-pneumopathies, méningites, paludisme ou tuberculose, par exemple) se passent de commentaires. Des indicateurs médico-sanitaires certes accablants, mais au demeurant partagés avec les diasporas africaines des Amériques et de la Caraïbe ! Comment s’étonner, dès lors, des ravages provoqués, ici comme là-bas, par des virus émergents ou réémergents, de traitement bien plus délicat et coûteux, tels que le VIH naguère, Ebola aujourd’hui et, qui sait, le Zika ou les prions demain ou après-demain ?
Toutefois, l’expérience accumulée par nos compatriotes d’Afrique centrale et orientale, confortée par les exemples positifs et probants du Nigéria et du Mali, pourtant confrontés à des guerres civile et étrangère, d’une part, et surtout la tardiveté et la timidité de la « communauté internationale » tant qu’elle ne s’est pas sentie directement menacée par l’épidémie, d’autre part, devraient constituer une source abondante de réflexion et d’enseignements pour le présent et l’avenir des peuples africains du continent comme de la diaspora.
Cependant, d’ores et déjà, une leçon majeure saute aux yeux : le droit à la santé étant synonyme de droit à la vie, en tant que tel il est à la fois le préalable et la condition sine qua non de l’exercice effectif de tout autre droit humain ; aussi, la garantie de ce bien public commun relève-t-il de la responsabilité principale sinon exclusive de l’Etat souverain, qui ne saurait ni la récuser, ni l’esquiver ni la déléguer à une quelconque autre autorité publique ou privée, nationale ou étrangère. Comment, en effet, nier l’évidence que la clef du succès futur dans la lutte contre l’épidémie à virus Ebola au même titre que toute autre menace sanitaire, alimentaire, sécuritaire monétaire ou environnementale, réside d’abord dans la volonté politique ferme et résolue de faire face au péril soi-même et en comptant d’abord sur ses propres forces ; et ensuite, dans l’efficacité organisationnelle des décisions et mesures pratiques prises ? Et accessoirement seulement, sur l’aide et le soutien extérieurs, c’est-à-dire extra-africains. Autrement dit, la détermination des décideurs prime sur les choix techniques des experts, l’appui étranger ne venant qu’en appoint.
Il convient, pour finir, de citer l’article premier du Serment des Chasseurs (1212) qui n’en compte que sept et deviendra la Charte du Manden en 1222 : «Toute vie (humaine) est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie. Mais une vie n’est pas plus « ancienne», plus respectable qu’une autre vie. De même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie ». Une banalité de base africaine aussi ancienne que futuriste, qu’il s’agit de réactualiser en principe sociétal fondateur pour toute l’humanité !
C’est dire que seule une refondation unitaire et souveraine de nos Etats, s’accompagnant d’une restructuration égalitaire et solidaire des sociétés africaines, serait susceptible de créer les conditions requises, matérielles et culturelles, permettant aux peuples du continent d’affronter efficacement et victorieusement les dangers de toutes sortes qui hypothèquent présentement leur avenir tant collectif qu’individuel, en ce début de troisième millénaire menaçant et inquiétant.
[1] « Ebola epidemic exposes the pathology of the global economic and political system » PHM Position Paper (2015)
[2] Ref: “Biowarfare and Terrorism” par Francis Boyle (2006)
THE EBOLA VIRUS EPIDEMIC- WHAT ARE THE LESSONS AFRICA CAN LEARN ?
This article is dedicated to our late sister and comrade Aminata DiawCissé, a philosopher by training, and botha free mind and beautiful spirit of the highest order,an esteemed fighter on all fronts of the Africancause, which is none other than the cause of humankind.
The natural history of Ebola virus disease (EVD) has proved to be enlightening in both biomedical and socio-cultural terms, providing new insight into the present state of Africa and of the contemporary world.
Ebola is the main representative of a new RNA taxonomic family, the Filoviridae, whose prototype appeared in 1967 at Marburg (Germany) and Belgrade (Yugoslavia), in a laboratory that produced polio vaccines. The Marburg virus as it was referred to caused the very first human epidemic of deadly haemorrhagic fever associated with a filovirus. It was isolated in a colony of green monkeys imported from Uganda (all of which ended up being euthanized) and remains today the only identified species in its genus. It was subsequently responsible for some ten additional sporadic outbreaks, mainly in eastern and central Africa.
The Ebolavirus genus was not discovered until nearly a decade later, in 1976, when severe outbreaks occurred almost simultaneously at Yambuku, in the Congo (DRC) and Nzara (South Sudan), with hundreds of cases and several dozen deaths. Since then, from the last quarter of the 20th century to the first decade of the 21st century, more than twenty outbreaks of haemorrhagic fevers caused by the Ebola virus were reported in what is known as Sub-Saharan Africa affecting, in addition to the two Congos and Sudan, mainly Uganda, Kenya and Gabon, but not only. A single, non-lethal human case in Cote d’Ivoire, in the Tai Forest national park (1994) and an animal epidemic in Reston, Virginia (USA), affecting a population of macaque monkeys imported from the Philippines (1990) should be noted. This laboratory strain referred to as Reston is thought to be non-pathogenic for humans, while the virulence of the subtypes known as Zaire and Sudan is thought to vary with a case fatality rate of between 40 and 90%. The pathogenicity or otherwise of the Tai Forest strain has yet to be determined. Finally, during the years 2000, another subtype named Bundibugyo was isolated and identified during the human epidemics in Uganda and the Congo. There are therefore five distinct recognized subtypes in the Ebolavirus genus.
Hence, between 1976 and 2012, the emergence in the heart of the African continent of Ebola virus infections in the form of recurrent epidemics gave rise to nearly 2000 cases, including 1100 deaths, considering only the outbreaks that led to at least 100 cases of properly diagnosed cases. This viral haemorrhagic fever of a new type, which had so far been considered to be confined to the forest areas of equatorial Africa, aroused little interest apart from among the populations and health authorities of the countries concerned, and among World Health Organisation (WHO) experts and other specialised research bodies such as the Centres for Disease Control and Prevention (CDC) of Atlanta (USA), the Institut Pasteur in Paris (France), the Medical Research Council (MRC) in Cambridge (GB) and the National Institute for Communicable Diseases (NICD) of Johannesburg (South Africa), in particular.
This relative lack of interest on the part of public health officials and the multinational pharmaceutical corporations combined with the novelty of this family of epidemic viruses that are not insect-borne, and therefore different from the better known arboviruses —both regional (yellow fever, Chikungunya, Rift Valley) and global (Dengue) —explains at least in part the difficulties observed in the diagnosis and treatment of this emerging infectious disease. One example are the meanderings seen in determining the animal reservoir for the virus (particularly important from an epidemiological standpoint since the transmission of the pathogen is non-vector-borne) initially ascribed to small and large apes, then to rodents, before finally being attributed to fruit bats, identified as the sole, asymptomatic carriers of the Ebola virus. Furthermore, because it is an extremely dangerous virus, its culture, which is essential for in-depth investigation, requires the highest bio security level (level 4, of which there are only three or four civilian laboratories officially recorded for the whole of Africa). As a result, there have been cumulative delays both in research on drugs and/or vaccines and the development of relatively simple serological tests which has meant that molecular diagnostic techniques had to be used that only a very few specialised reference laboratories can perform. These laboratories are generally located in cities far from the rural areas where these epidemics tend to occur. For several decades such was the status quo to which nobody seemed to take exception…
Or not until the wholly unexpected and unprecedented occurrence of the epidemic in West Africa, marking a major turning point in the natural history of EVD. From the index case that appeared in a village in the Guekedou forest area in December 2013, spreading to the districts of Macenta and Nzérékoré (Republic of Guinea), a huge epidemic erupted, beginning in rural areas but then moving to cities and gradually onwards by contiguity to neighbouring countries in the districts of Kenema and Kailahun (Sierra Leone) and Lofa district (Liberia).
Hence, during the year 2014, out of a total of 67 districts in these three countries, 43 were affected by the extension of the epidemic, with more than 90% of the confirmed, probable and suspected cases recorded in just 14 districts. Worse still, as early as July, the outbreak spread to other Western African countries, with imported cases leading to fatal secondary cases, first in Nigeria and then in Mali, while a single, non-fatal imported case reached Senegal. It was not until March 25, 2014, i.e. nearly four months later, that the WHO officially announced “the existence of an epidemic of Ebola haemorrhagic fever in West Africa.” Another four months went by before WHO officials announced, on August 8, 2014, that EVD is a “Public Health Emergency of International Concern”! It is true that in the interim, on August 2 to be precise, when a few isolated cases exported outside of Africa involving expatriate medical and paramedical staff (two in the USA and one in Spain) were discovered, a wave of panic gripped Western public opinion… producing an instantaneous reaction on the part of what is customarily referred to as “the international community”.
In any case, on September 22, 2014, the WHO’s count for the West African epidemic stood at 5843 cases and 2803 fatalities; health care staff were severely affected, with 337 cases including 181 fatalities. Although, as stated by African and foreign experts themselves, these figures were in all likelihood underestimated, they show the disease to be spreading at lightning speed when compared to the previous situation report which, on August 16, reported 2240 confirmed, probable or suspected cases, including 1229 fatalities.
This is a patent instance of the application of the invariable unwritten “double standards” rule, which prevails in the area of the right to health as it does to any other fundamental right of human beings, in Africa and in the rest of the world. An eloquent illustration of this is provided by the emblematic case of our devoted Sierra Leone colleague, Dr Olivet Buck, who was contaminated by her patients and died after being denied evacuation to Germany on medical grounds in spite of the pressing request made by her country’s President.[1]
Numerous manifestations of inequality and iniquity in access to care, in the raising and managing of appropriate resources and in levels of information, inter alia, became apparent both in respect of the alert and the response to this threat, now seen to have the potential to become a pandemic. Only some of the more salient aspects are detailed here.
Indeed, following this spectacular announcement, the WHO triggered a series of international meetings of experts in Geneva, between August and September 2014 at a time when the epidemic was expanding fast. Until then it was commonly accepted that there was no treatment, whether preventive or curative, for EVD; the only possible interventions were palliative, aimed at relieving symptoms. The outcome for every case was therefore fundamentally dependent, as for any viral infection, on the patient’s immune competence in the face of the density and virulence of the contaminant inoculums, and to a lesser extent, on the expeditiousness and quality of supportive treatment.
It therefore came as a great surprise to African specialists, not to say a source of outrage, at the end of the first major meeting of experts at WHO headquarters, to be told that not only were there already nearly half a dozen active drugs against the Ebola virus, but also, albeit at the experimental stage (some having already reached or gone beyond the clinical trials stage), at least two candidate vaccines that were undergoing evaluation! In other words, a nearly complete range of preventive and curative therapies produced by the public or private pharmacological research sectors of Northern countries (US, Japan and Canada, amongst others) was already available and had been for some time although sometimes in limited quantities behind the backs of those primarily concerned, i.e. the populations and authorities in charge of public health in the affected African countries…
Better still, there was soon an announcement in 2015, that rapid diagnostic tests for Ebola virus human infection had been developed, making it possible to perform a quick and easy test producing an almost instantaneous diagnosis on the spot with the effect of doing away with the time constraints and preservation requirements for sending samples associated with molecular diagnostic techniques. It remained to be seen, of course, what the actual cost was and the price the suppliers would announce.
Another outcome of this belated cascade of international WHO meetings dealing with the Ebola virus was produced by the “bioethics experts” who immediately authorised the use of “experimental therapies”, including recombinant vaccines, thereby circumventing the usual stringent certification procedures, in the name of the “global medical emergency”! Another phenomenon that came to light through this epidemic explosion of the Ebola virus is the unreliability and indeed the unsoundness of forecasts on the probable progression of the epidemic offered by Western experts, in particular the Euro-American experts (see New England Journal of Medicine September 25, 2014). They produced a plethora of bleak projections based on mathematical models claiming to be scientific that turned out wrong, simply because they were contradicted by actual facts. Nonetheless these figures gave rise to various hazardous projections and fanciful extrapolations, the effect of which was to stoke up fear, cause confusion and increase the isolation of the stricken countries. This did not, by the way, come as a surprise to attentive observers who had previously followed the apocalyptic predictions of the “depopulation of Africa” obsequiously peddled by the specialised press and the mass media, at the height of the HIV-AIDS pandemic at the end of the 20th century.
Here we are dealing with a virus that is very fragile in the outdoor environment but extremely contagious by human to human contact through body fluids (blood, faeces, urine, saliva, semen, tears, etc.) and moreover one that has major epidemic potential deriving from the fact that a single non-detected case or a single unidentified contact can be enough to trigger a new transmission chain whose progression is unpredictable. Studies subsequently showed that the viral isolate responsible for this West African epidemic of unprecedented magnitude was identical, but for a very few variations, to the initial parent strain (Zaïre). While its virulence appears to be lesser in terms of case fatality rate, there are questions about when the virus migrated outside of Central Africa and entered West Africa and the routes it followed; so far molecular epidemiology has not clearly answered these questions. Particularly since now it is established that the virus can persist in the semen and genital secretions of the infected individuals for several months after they appear to have clinically recovered!
Furthermore, a number of facts that are never mentioned provide food for thought: for instance, it known that the very first Ebola virus human epidemic started at Yambuku (DRC) when a new gold mine was first opened and began operations in this area of the equatorial forest. Similarly, the cross-border Mount Nimba area shared by the three member states of the Mano River Union that were most affected is famous for its huge mineral wealth, not only diamonds and gold but also ferrous and non-ferrous metals that are being “developed”. When, additionally, one discovers that in those countries there are several research laboratories secretly engaged in the US government’s “Biological Defence Program” based at Fort Detrick (Md) initiated by the Pentagon even before the end of the Cold War in connection with the Biological Weapons Anti-terrorism Act (1989), and funded by USAID behind the façade of the CDC or the National Institute of Health (NIH) at Bethesda (USA), doubts turn into perplexity. Even though some of these microbiological war units are engaged in official civilian cooperation with Columbia University, New York, the University of Wisconsin-Madison, or the University of Winnipeg, Canada in complete violation of the 1988 International Convention on Biological Weapons. Furthermore, after the Sierra Leone epidemic broke out, the Ministry of Health announced the decision to (permanently?) close down the Kenema laboratory (level 4 bio security) linked to Tulane University, New Orleans, in Louisiana). Soon afterwards, President Obama in person publicly declared: “our official policy is now to stop this type of research”! It should be noted in passing that the Centre International de Recherche Médicale de Franceville (CIRMF-International Medical Research Centre of Franceville) in Gabon also has a level 4 bio security laboratory where French specialists have for years investigated the bats that act as Ebola virus reservoirs.[2]
This bewilderment turns into outright distress when a microbiology professor, writing for the Washington Post, calmly contemplates the hypothesis of a spontaneous mutation of the Ebola virus that could make airborne transmission possible, therefore enhancing its capability to contaminate consistent with the Reston strain model of the U.S. Army Medical Research Institute of Infectious Diseases (USAMRIID).
Is this pure theoretical speculation or else is the aim to condition public opinion psychologically and pave the way for the anticipated result of an ongoing genetic manipulation of the virus? This deadly enigma should soon be elucidated by facts. In any case, it was not until December 29, 2015 that the WHO, which now no longer considered EVD to be an “international public health emergency” lifted its temporary recommendations for the Ebola epidemic, based on the “International Health Regulations” (2005), after the disease had raged through West Africa over a period of more than two years causing at least 11300 deaths out of approximately 28,000 cases.
Ms Margaret Chan, the Director-General of the WHO, answered a question about the reasons for the unusual severity of the West African epidemic of this virus that had hitherto been contained by conventional measures such as quarantine and universal rules of hygiene, in spite of no drugs or vaccines being available, saying that one major cause was “poverty”! A cute euphemism to describe the misery rampant at this meeting point in the Gulf of Guinea. The weakness and sometimes complete lack of health facilities in these remote areas, is compounded by the after-effects of two terrible civil wars (Liberia and Sierra Leone) and by an equally fearful military dictatorship (Guinea) engendering structural corruption. Matters are made worse by the loss of a significant fraction of health workers who are the primary victims of the epidemic. This is the devastated setting where the “military-humanitarian” interventions of former colonial powers come to put down roots, each in its own past possessions, in ways and using means that lead to their being violently rejected by the populations that were supposed to benefit from those operations. Indeed, the police methods for tracing contacts, the prison-like procedures for enforcing quarantine in the “Ebola treatment centres”, combined with authoritarian interference in local cultural and religious traditions (ban on food made from game – stigmatised as “bush meat”- or burial rites where there is contact with the deceased’s body, etc.) have in some cases triggered destructions of health facilities, and even deadly assaults on health care workers or the press in the three countries concerned. Indeed, in his investigations in the field, the socio-anthropologist Cheikh I. Niang underscores how these acts triggered by distrust and cultural resistance facilitated the extension of the epidemic and caused delay in controlling and eliminating the disease. In addition to extreme poverty and the inefficiency of the public health system, a third factor explains the magnitude of the latest epidemic: fear that is fostered and aggravated by ignorance. Only panic can explain some of the senseless proposals made at the height of this health crisis, such a putting whole neighbourhoods, even whole cities in quarantine…
The same applies to the brutal closing of physical communication routes suddenly required by countries of the North, and by some African countries such as Morocco! On this topic, the brotherly and responsible behaviour of two neighbouring countries secondarily affected by the epidemic deserves a tribute. In contrast with the countries situated at the epicentre of the scourge where the failure of health systems fostered the expansion of the epidemic, the spectacular results in controlling and eradicating the disease in Nigeria and Mali deserve recognition. Both for the speed and efficiency of the management of the epidemic as soon as the first imported cases were detected and for the rigorousness, vigour and pertinence of the measures taken to contain and then extinguish the threat, without infringing the traditional values of solidarity or breaching the relevant recommendations of the African Union (AU) Commission requesting all member states to abstain from closing their borders with their affected sister countries and emphasizing the need to fight the extension of this viral epidemic together. This advice was merrily ignored by Côte d’Ivoire and Senegal; they closed their land, air and sea borders with Guinea one after the other in spite of the fact that not a single endogenous case of Ebola was confirmed in their own countries. These two counterexamples are indicative of the harmful and destabilising influence of politico-economic and diplomatic factors that increase isolation, anxiety and distress among populations that are already overwhelmed.
One last illustration of the tightly knit relationship between biomedical data, politico-economic factors and socio-cultural aspects: at the height of the West African epidemic, a debate was broadcast on German radio Deutsch Welle (the voice of Germany), during the “The Palaver Tree” programme. During the discussion, Dr Félix Kabange Numbi, Minister of Health for the DRC who was about to leave for the Equateur province, where the 7th outbreak of Ebola disease had just been declared at the end of August 2014, revealed that during the very first epidemics in the late 1970s, the Congolese physician and virologist Prof. Jean- Jacques Muyembe, who is now the Director of the National Institute for Biomedical Research (INRB) in Kinshasha, had suggested to the CDC and to his North American colleagues that they might use the serum of the few convalescing patients that had survived the infection and attempt serotherapy to save patients at risk of dying. At the time, this suggestion met with a categorical and indignant no from the foreign experts who had come from Atlanta. Nonetheless, a few decades later, the American physician contaminated in Liberia and repatriated to the USA owes his survival to the ZMapp supplied by the CDC. ZMapp is none other than a preparation of anti-Ebolavirus monoclonal antibodies, made from polyclonal serums taken from patients who had recovered from the infection. This recombinant derived product has naturally been registered at the US Patent Office! What might appear to be a trivial detail in fact turns out very informative when one considers that the same Prof. Muyembe—who furthermore discovered the Ebola virus (even if he had to go to the Institute of Tropical Medicine in Antwerp to isolate and identify this new pathogen)— on a visit in 2015 to the sister countries in West Africa that were stricken by this scourge, underscored that the main objective of any campaign against Ebola should be to prevent the infection from becoming endemic in our sub-region. Matching actions with words, the DRC made nearly two hundred medical and paramedical technicians specialised in combating Ebola available to the West African states concerned. With the hindsight of over a year and a half and moreover the occurrence of additional confirmed cases in Guinea, Liberia and Sierra Leone the very next day after the WHO officially announced the “end of the epidemic”, the importance and value of the recommendations based on the experience gained by African experts are made all the more apparent. And even more so if one considers a new clinical fact that has arisen in the West African epidemic, i.e. that the typical haemorrhagic forms of the disease are becoming less and less common…
Conclusion
Like any major crisis, the Ebola virus disease has brought out into full view the multiple contradictions that characterise the societies and States of our contemporary world, magnifying but not distorting them: political domination and dependence, general physical and economic insecurity, glaring social inequalities, mass ignorance and cultural – if not ethno-racial - contempt, dispossession of the right to intellectual property, the rift between governing and the governed, the mismatch between what law sets out a country to be and the actual country, a country by law and the real country, or between literate minority and illiterate majority, urban vs. rural conflict, etc.
In Africa, the interaction between these various factors gives rise to structural weakness of the State and extreme vulnerability of the populations to any threat regardless of its nature or origin. If one considers the public health sector alone, whose role is crucial, it comes as no surprise that the Ebola virus disease has existed for a long time, is widespread and particularly severe on our continent. The facts reported above amply demonstrate that the emergence of such a deadly virus in a context of extreme poverty compounded by the induced collapse of public health systems was inevitably going to have catastrophic consequences on the populations affected. The high rates of morbidity and mortality for ordinary infectious diseases that are curable and/or evitable (gastroenteritis and broncho-pulmonary diseases, meningitis, malaria or tuberculosis, for instance) speak for themselves. These are undoubtedly damning health care indicators shared by the African diasporas in the Americas and the Caribbean! There is hardly reason to be surprised by devastation caused, both there and in Africa by emerging or re-emerging viruses, that are far more difficult and costly to treat, such as HIV in the past, Ebola today and, who knows, perhaps Zika or the prions tomorrow or the day after ?
Notwithstanding, the experience accumulated by our compatriots in central and western Africa, supported by the positive and conclusive examples of Nigeria and Mali in spite of being confronted with civil strife and a foreign war on the one hand, and the sluggishness and timidity of the “international community’s” response up until it felt directly threatened by the epidemic on the other, should provide abundant food for thought and materials from which to draw conclusions about the present and future of African peoples both on the continent and in the diaspora.
One major lesson is immediately obvious: the right to health is synonymous with the right to life and as such it is at the same time a pre-requisite and the sine qua non condition for effectively exercising all other human rights. As such, responsibility for guaranteeing this common public good lies prevalently, if not exclusively, with the sovereign State. The latter cannot decline, or evade or delegate that responsibility to another public or private authority, be it national or foreign.
Clearly, the key to the future success of the fight against the Ebola virus epidemic, similarly to any other threat in the areas of health, food, security, currency or environment lies primarily in the existence of a firm, resolute political will seeking to confront the danger from within relying on its own forces; and secondly on the organisational efficiency of the decisions and practical measures taken; and also, but in a subsidiary way, on aid and support from outside of Africa. In other words, the determination of the decision makers prevails over the technical choices of experts, with foreign support acting in a supplemental capacity.
To end, here is a quotation of Article 1 of the seven articles of The Hunters’ Sermon (1212) that became the Manden Charter in 1222:
“The hunters declare:
Every human life is a life.
It is true that a life comes into existence before another life
But no life is more ‘ancient’, more respectable than any other
In the same way no one life is superior to any other”
A basic African commonplace as ancient as it is futurist that must be reinstated to serve as a fundamental societal principle for whole of humanity!
This means that only radical reform that achieves the unity and sovereignty of our States, together with the restructuring of African societies on a foundation of equality and solidarity, could produce the material and cultural conditions required to enable the peoples of the continent to effectively and successfully confront the dangers of all sorts that weigh on our collective and individual futures now, at the beginning of this menacing and disquieting third millennium.
[1] “Ebola epidemic exposes the pathology of the global economic and political system” PHM Position Paper (2015)
[2] Ref: “Biowarfare and Terrorism” par Francis Boyle (2006)