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19 juillet 2025
PAPE DIOUF A ÉTÉ COURTISÉ POUR LE POSTE DE MINISTRE DES SPORTS
L’ancien président de l’OM, décédé mardi à Dakar, a été approché sous la présidence Wade (2000-2012) pour le poste de ministre des Sports, a révélé, Mamadou Koumé, un de ses amis les plus proches
L’ancien président de l’OM, Pape Diouf décédé mardi à Dakar, a été approché sous la présidence Abdoulaye Wade (2000-2012) pour le poste de ministre des Sports, a révélé, Mamadou Koumé, ancien directeur général de l’Agence de presse sénégalaise (APS), un des amis les plus proches.
’’Je peux vous le dire, Pape (Diouf) avait été consulté pour devenir ministre des Sports mais il a décliné en prétextant qu’il y avait des Sénégalais mieux outillés et plus qualifiés pour faire ce travail’’, a témoigné Koumé qui l’a connu en 1987.
Pape Diouf aurait été ministre des Sports s’il avait accepté l’offre, a ajouté l’ancien reporter sportif du quotidien gouvernemental, Le Soleil qui avait lancé avec Diouf l’hebdomadaire, Le Sportif en septembre 1991.
Ce journal était pour lui ’’un cadre d’expression pour les sportifs sénégalais et aussi une perche pour ses nombreux amis de la presse sportive nationale’’, a rappelé M. Koumé.
’’Il avait beaucoup d’amis dans la corporation, il pensait que le temps était propice pour lancer ce journal à la veille de la CAN 1992 au Sénégal’’, a-t-il dit indiquant qu’une bonne performance de l’équipe nationale aurait permis de solidifier la publication sportive.
’’Malheureusement, ça n’a pas été le cas avec cette élimination prématurée des Lions en quart de finale’’, a rappelé Koumé qui a su toujours garder les mêmes relations avec Pape Diouf emporté mardi par le coronavirus devenant ainsi la première victime sénégalaise de cette pandémie.
Et en dépit des nombreuses fonctions qu’il a eues à occuper, Pape Diouf est resté foncièrement journaliste jusqu’à la fin de sa vie.
"LA MAIN DE L'ÉTRANGER", BOUC ÉMISSAIRE DEAL DE LA CRISE DU CORONAVIRUS ?
L’apparition brutale du Covid-19 a favorisé une levée de boucliers violente contre les étrangers dans certains pays africains, dont le Sénégal. Mais pour les experts interrogés par Sputnik, elle ne fait que réveiller des angoisses en somnolence
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 01/04/2020
«Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, est appelé à lutter contre un ennemi invisible qui, de la même manière qu’il traverse allègrement les frontières, ne fait aucune distinction de race, de religion, de statut social ou de genre. Dès lors, aucune forme de stigmatisation ne doit être entretenue ni envers nos compatriotes vivant à l’étranger, encore moins envers les autres étrangers vivant parmi nous.»
En effet, le 2 mars dernier, l’annonce du premier cas de coronavirus –un ressortissant français vivant à Dakar de retour de vacances en région Auvergne-Rhône Alpes– a été le point de départ d’un torrent d’accusations contre les «étrangers» porteurs de «malheurs». Et les trois cas déclarés par la suite, des patients européens, sont venus «corroborer» cette thèse. Un quotidien sénégalais a cru alors résumer la situation avec un titre évocateur: «Un hôte étranger parmi nous».
Le même phénomène de stigmatisation s’est produit en Éthiopie, où le premier ministre Abiy Ahmed a dû appeler ses compatriotes à la tolérance en réaction à des attaques contre des étrangers. «Il est important de noter que le virus n’est lié ni à un pays ni à une nationalité. (…) Tout le monde est égal devant le risque… Ne laissons donc pas la peur nous voler notre humanité.»
Au Sénégal, et même si elle peut revêtir une signification au regard du stade de transmission de l’épidémie, «cette dichotomie entre "nous" et "eux" a été d’abord entretenue par la communication gouvernementale sur le premier cas», souligne pour Sputnik le Dr. El Hadji Malick Sy Camara, enseignant-chercheur de sociologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
«Le ministre de la Santé [Abdoulaye Sarr] avait au départ parlé de "cas importé". À ce qualificatif s’est ajoutée une autre précision sur sa nationalité. Cela a sans nul doute forgé les premières représentations sur les potentiels vecteurs de la maladie, c’est-à-dire ceux qui ne seraient pas de peau noire. Sur le plan socio-anthropologique, les populations trouvent toujours de bonnes raisons pour étiqueter les allochtones qui, aux yeux des autochtones, ont bouleversé leur quiétude», analyse le socio-anthropologue sénégalais.
Depuis ces premières escarmouches verbales, le Sénégal s’est retrouvé, au 31 mars, avec 175 cas de coronavirus: une nette majorité de nationaux contaminés et des «cas importés». Et les statistiques quotidiennes vont dans le sens d’une aggravation de la situation sanitaire. Les chiffres de la pandémie tendent, ainsi, vers un schéma de transmission communautaire de plus en plus net, minimisant de fait la «responsabilité» des étrangers pour révéler des contaminations de Sénégalais «bon teint».
Est-ce la raison pour laquelle «depuis quelques jours, cette mention n’est plus intégrée dans l’information fournie sur le Covid-19 par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale?», relève Mamadou Diouma Diallo, enseignant-chercheur à l’Université de Saint-Louis sollicité par Sputnik. Des médias sénégalais, n’ont pas manqué, en tout cas, d’établir un lien avec la récente déclaration du chef de la diplomatie sénégalaise criant halte à la stigmatisation des étrangers… et des Sénégalais de l’extérieur.
«Plus problématique est la communication sur les cas importés impliquant ceux que l’on appelle communément les "modou-modou" (immigrés sénégalais, ndlr). En effet, au-delà de la stigmatisation dont ils sont l’objet, cela peut fragiliser le socle du vivre-ensemble et nos sociabilités dans la mesure où toute personne de cette communauté est perçue comme potentiellement porteuse du virus et donc dangereuse pour nous autres», alerte Diouma Diallo.
«Cette peur de l'étranger dans une situation de crise n'est pas nouvelle», rappelle El Hadji Malick Sy Camara. Marième Ciss, spécialiste en sociologie de la santé, le rejoint dans ce constat. Entre des autochtones désireux de revenir en catimini au pays natal en fuyant leurs eldorados infectés par le coronavirus, et des étrangers subitement indésirables dans leur pays d’accueil, ce sont autant de phénomènes qui ont prévalu dans une histoire récente et dont les séquelles ne sont pas toutes effacées.
«Le contact avec l’autre est souvent problématique et source de suspicion et de méfiance. Le mal est rarement diagnostiqué chez le "même" mais souvent chez "l’autre". C’est ainsi que l’anthropologie classique a permis une justification "scientifique" à la "nécessité" de la colonisation. L’autre, était de ce fait, "le primitif", "le sauvage", le "non-civilisé" qu’il fallait sortir de l’ignorance pour le faire bénéficier de la civilisation. Ces justifications ont longtemps prévalu pour légitimer la colonisation», explique Marième Ciss.
En tirant sur la corde raide de «l’étranger», les autorités sénégalaises ne voulaient certainement pas susciter de la haine entre des populations vivant jusque-là sur le même territoire sur la base des principes de la «Teranga» (l’hospitalité, ndlr) sénégalaise. Mais en période de crise, les mots et les virgules prennent des sens particuliers.
«C'est presque devenu la règle générale mondiale, comme en attestent les cas de xénophobie en Afrique du Sud, l'émigration choisie de Sarkozy... Les travaux de Paul Farmer, anthropologue américain, sur "Le Sida en Haïti. La victime accusée" avaient montré que les Haïtiens étaient considérés comme les importateurs de la maladie aux États-Unis, alors que les Haïtiens parlaient de complot (théorie du complot) des Américains qui auraient envoyé cette maladie en Haïti. Par ailleurs, l'alerte de voix autorisées (gouverneurs, médecins-chefs et populations locales) sur l'arrivée de certains émigrés qui auraient échappé à la vigilance des forces de sécurité et de défense entretient la stigmatisation», analyse El Hadji Malick Sy Camara.
«L'enfer, c'est les autres», conclut le socio-anthropologue sénégalais.
LES SPÉCIALISTES S’ACCORDENT PAS À PROPOS DU CONFINEMENT
Les voix ne semblent pas s’accorder pour un confinement total de la population avec l’évolution des cas confirmés de coronavirus au Sénégal.
Les voix ne semblent pas s’accorder pour un confinement total de la population avec l’évolution des cas confirmés de coronavirus au Sénégal. Toutefois, les acteurs de la santé interpellés par Sud quotidien estiment que le confinement est imminent face à la situation. Si le professeur Moussa Seydi, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann est pour ce confinement total, le pharmacien Abdourahmane Sow ainsi que la généraliste docteur Khady Cissé trouvent qu’avec la situation de précarité que vit la majorité de la population, arriver à ce stade risque d’engendrer des catastrophes.
«Rester chez vous». Ce slogan est brandi par les acteurs de la riposte du coronavirus au Sénégal. Depuis quelques temps avec la hausse des cas confirmés de coronavirus enregistrés dans le pays à la date d’hier avec 175 cas confirmés dont 40 guéris et 135 sous traitement depuis la déclaration de la maladie au Sénégal, le 02 mars dernier, l’Etat d’urgence ne semble plus faire l’affaire. Certains acteurs de la santé, à l’image du chef du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, le professeur Moussa Seydi, ont estimé: «la meilleure manière de stopper la chaine de transmission de la maladie est le confinement total et avec l’évolution des cas, il faut s’y attendre». Pour le médecin, le Sénégal a déjà dépassé la barre des 100 cas, ce qui doit amener tout un chacun à avoir peur et à rester chez lui. « Jusqu’à présent, la maladie est gérable, mais on peut être appelé à des situations de débordement avec l’enregistrement à grande échelle de cas confirmés de coronavirus. Se lever et avoir plus de 100 cas en une journée n’est pas une situation extraordinaire. Et dans n’importe quel pays du monde, avoir autant de machines pour prendre en charge tous ces malades devient impossible et c’est la porte ouverte aux décès».
Et de poursuivre : « même si notre objectif est de sortir de cette épidémie avec zéro décès, la population doit pouvoir jouer sa partition en rester chez elle ou ne sortir qu’en cas de besoin extrême». Même si l’avis du professeur semble être la solution idéale pour avoir donné des résultats en Chine, point de départ de la maladie, et en Europe qui a commencé l’adoption du confinement total, la situation de précarité que vit la population Sénégalaise ne semble pas pour certains médecins, être en accord avec ce mode de vie. Pour le pharmacien Abdourahmane Sow de l’ordre des pharmaciens du Sénégal, il faut y aller progressivement. «Beaucoup de ménages vivent au jour le jour.
Les chefs de familles sont obligés de sortir pour aller chercher la dépense quotidienne. Si le Sénégal opte pour le confinement total, c’est plusieurs milliers de personnes qui risquent de mourir de faim», a-t-il souligné. Et de poursuivre : « ce qui est valable en Chine ne l’est pas au Sénégal. Nos autorités doivent travailler sur des solutions viables. Le respect du couvre-feu en est une, maintenant même si on doit aller vers le confinement partiel ou général, les couches vulnérables doivent pouvoir bénéficier de toute l’attention du gouvernement pour éviter une autre catastrophe».
D’autres médecins semblent aussi opter pour le confinement partiel. Selon ces derniers, beaucoup de maladies chroniques sont dues à la sédentarité et le confinement total ne fait qu’augmenter le taux de risque d’attraper certaines maladies comme le diabète, l’hypertension, les maladies cardio-vasculaires entre autres. Cet avis est partagé par la généraliste, docteur Khady Cissé.
Selon elle, « Le confinement a une certaine répercussion négative sur la santé des populations. Si on passe au confinement total, c’est sûr qu’après le passage du coronavirus, la prévalence de beaucoup de maladies va flamber. Il s’y ajoute que le stress de la dépense quotidienne qui habite plusieurs chefs de famille risque de leur être fatal». Aujourd’hui, docteur Sow comme docteur Cissé pensent que le Sénégal n’est pas encore au stade du confinement total et que les mesures prises par le Chef de l’Etat et le ministère de la Santé et de l’action sociale peuvent aider à vaincre la pandémie. Toutefois, ces derniers préconisent le renforcement de la santé surtout au niveau communautaire.
«NE LAISSONS PAS LE CORONAVIRUS ACCOUCHER D’UNE DICTATURE»
Moustapha Diakhaté déchire le projet de loi d’habilitation de Macky
Après le passage en Commission hier, mardi 31 mars 2020, le projet de loi habilitant le président de la République à prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie de Covid-19 va être examiné et adopté par 33 députés sur 165 que compte l’Assemblée national, ce mercredi 1er avril. Ce texte qui va aussi proroger l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 20h à 6h du matin, en vigueur actuellement au Sénégal, ne rencontre pas l’assentiment de Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar.
Dans une tribune intitulée «Ne laissons pas le Coronavirus accoucher d’une dictature», il appelle les députés à voter «non aux abus de la loi d’habilitation !» Pour l’ancien patron du groupe parlementaire de la majorité, face aux urgences de la lutte contre le Covid-19 et vu le temps que pourrait mettre L’Assemblée nationale pour légiférer, le Président de la République est certes bien fondé à solliciter la représentation nationale d’une habilitation à prendre des ordonnances ne devant porter que sur la gestion budgétaire pour l’année 2020.
Seulemnt, dira-t-il, le « Projet de Loi d’habilitation pose problème lorsqu’il étend son application à «la sécurité, à la continuité et au fonctionnement optimal de l’Etat», domaines qui relèvent de la Constitution ou qui sont déjà pris en charge par le législateur dans d’autres lois existantes.
Et de stipuler : « Adopter tel qu’il est présenté le Projet de Loi d’habilitation en y maintenant la sécurité, la continuité et le fonctionnement optimal de l’Etat serait une grave menace sur la Démocratie et l’Etat de droit. Pis, il s’agirait d’une véritable régression démocratique, un véritable coup d’Etat juridique que d’autoriser le chef de l’Etat, au prétexte qu’il y a urgence du Covid-19, à contourner la Constitution, les Lois et l’assemblée nationale, pour agir sur Tout par ordonnance ».
Pour autant, Moustapha Diakhaté relévera que « Le Sénégal dispose d’un large éventail de dispositif législatif et règlementaire pour permettre au Président de la République de bien gérer «la sécurité, la continuité et le fonctionnement optimal de l’Etat».
Dans la foulée, il a observé que le Président Macky Sall n’a pas besoin de prendre des ordonnances sur «la sécurité, la continuité et le fonctionnement optimal de l’Etat» à moins qu’il ne veuille, par ce projet de Loi d’habilitation, légaliser la dictature du régime politique sénégalais.
DÉMENTI À PROPOS DU PROLONGEMENT DES VACANCES SCOLAIRES
Mamadou Talla précise que ses décisions sont strictement arrimées aux instructions du Chef de l’État émises dans le cadre du plan national de lutte contre la pandémie du COVID-19
La fermeture de l’ensemble des établissements scolaires et universitaires pour trois semaines, à partir de lundi 16 mars 2020, va-t-elle être prolongée ? Le ministère de l’Education ne saurait répondre par l’affirmative. Du moins, pour le moment, même si le ministre de l’Éducation nationale travaille sur toutes les hypothèses.
Mamadou Talla précise que ses décisions sont strictement arrimées aux instructions du Chef de l’État émises dans le cadre du plan national de lutte contre la pandémie du COVID-19. Dans ce contexte mondial marqué par la pandémie du Coronavirus, le ministre invite tous les acteurs et partenaires à la vigilance, non sans rappeler, qu’en cas de besoin, il informera, comme par le passé, de la conduite à tenir.
Le ministère de l’Education nationale consacre ses efforts sur la plateforme « Apprendre à la maison », pour une continuité pédagogique à distance, à l’aune d’un quantum horaire grugé par les syndicats d’enseignants en mouvements depuis le début de l’année.
Selon le décret 2019- 1363 relatif aux trimestres et à la durée des congés et vacances dans les établissements scolaires, les écoles et universités et autres instituts de formation devraient reprendre les cours le lundi prochain, le 06 avril.
En plus de la grève des enseignants, le démarrage tardif des cours un mois après l’ouverture officielle des classes, l’affectation tardive des enseignants, les écoles inondées, la problématique des abris provisoires, le retard dans la mise à disposition des budgets et du matériel aux écoles et établissements, la situation actuelle de pandémie avait commencé à gruger les 1296 heures pour cette année contre 1331 heures de l’année académique 2018/2019.
Par Mamadou KOUME
ADIEU PAPE
Le moment est difficile pour moi comme pour tous ceux qui ont connu, aimé et fréquenté Pape Diouf. Mais il me faut témoigner et prier pour lui. Pape était un homme d’une grande chaleur, d’une grande disponibilité et d’une grande générosité.
Le moment est difficile pour moi comme pour tous ceux qui ont connu, aimé et fréquenté Pape Diouf. Mais il me faut témoigner et prier pour lui. Pape était un homme d’une grande chaleur, d’une grande disponibilité et d’une grande générosité.
Pape aidait et soulageait dans la plus grande discrétion. Il était un assistant social au vrai sens du mot. Je l’ai rencontré pour la première fois en 1987 en France, ensuite nous avons été la même année, invités au Cameroun par l’ancien footballeur feu Eugène N’Jo Léa. Ce voyage a été la rencontre fondatrice de nos relations qui n’ont connu aucune ombre. Car Pape était entier, fidèle, strict sur la morale et l’éthique. Des qualités qui faisaient qu’on pouvait aisément cheminer avec lui. Nous avons ainsi noué des rapports fraternels, lui mon aîné de dix mois.
Cette relation de confiance s’est manifestée en 1991 lorsque nous avons lancé le journal le Sportif avec ses fonds. Il entendait ainsi encourager la presse locale et offrir un cadre d’expression aux sportifs sénégalais. A l’époque, il était devenu agent de joueurs mais restait journaliste dans l’âme. Il a signé les articles les plus intéressants de cet hebdomadaire.
Né au Tchad, ayant passé l’essentiel de sa vie en France, Pape était profondément nationaliste. Tout ce qui concernait le Sénégal le touchait. Ses séjours au pays étaient une occasion de se mettre à niveau et de mieux cerner les réalités de notre pays à travers nos échanges. Les services rendus au football sénégalais sont également une preuve de son attachement à son pays.
Il a facilité la venue de Claude Le Roy, de Bruno Metsu ou de Guy Stéphan comme entraîneurs de l’équipe nationale de manière désintéressée. Il disparaît trente deux ans (avril 1988) presque jour pour jour lorsque notre ami Cheikh Tidiane Fall avait fait un papier pour un poisson d’avril dans le quotidien le Soleil où il annonçant le recrutement de Le Roy comme entraîneur des lions. Lorsque les autorités du pays décidèrent de transformer cette farce en réalité, c’est à l’agent Pape qu’elles avaient fait appel et il avait réussi à convaincre le Français sans présenter de facture.
Grand frère, mentor, ami et agent de nombreux footballeurs africains, Pape était une fierté pour eux, le protecteur, celui qui les défendait partout. Les Basile Boli, George Weah, Marcel Desailly, Didier Drogba, El Hadj Diouf, Khalilou Fadiga et Cie doivent être dévastés en apprenant son décès. Je pense aux Marseillais et aux supporters de l’OM, j’ai été le témoin en quelques occasions où j’ai été invité par Pape des rapports qu’il avait avec eux.
Son charisme les impressionnait et il avait réussi le tour de les fédérer autour de la cause du club. Diriger ce club si populaire symbolisait la réussite de cet homme arrivé en France pour effectuer le service mais qui, à force de persévérance et de saine ambition, franchira les barrières pour être quelqu’un qui compte. Pape s’en est allé sur la pointe des pieds, sa disparition est déjà un vide abyssal pour moi.
A chaque fois qu’il venait à Dakar, il se faisait un devoir de m’informer de sa présence. Il y a quelques semaines, je lui avais informé du décès d’une personne que nous avions connu ensemble. Si attentif, il m’avait envoyé de Marseille, le message suivant sur mon téléphone : « Une bien triste nouvelle.
Que là-bas soit meilleur pour lui que dans ce monde compliqué. »
Que l’au-delà soit meilleur pour Pape que sa vie d’ici-bas.
Mes condoléances vont à son épouse Oumy, à la cadette Maguette, à notre soeur Maguette dont j’imagine l’immense peine, à notre frère El Hadj, à Yamar, le frère qui a essayé de combler le vide que son regretté ami Samba Diarra avait laissé auprès de Pape.
Dors en paix Pape
Par CALAME
INCONDUITES
Si notre système n’évolue pas, voire régresse, il reste donc à espérer que de ce confinement qui risque d’arriver, naissent quelques génies.
Le lundi 2 mars 2020, la semaine «coronarienne» commence au Sénégal par l’identification d’un citoyen français qui était allé passer ses vacances au ski. Quelques jours auparavant, la décision présidentielle du non rapatriement de onze étudiants sénégalais vivant à Wuhan d’où l’épidémie est partie, avait suscité points d’interrogation et grande polémique. Voulions-nous croire que la Grande Muraille de Chine serait d’une telle étanchéité qu’elle nous épargnerait de Covid 19, devenu depuis, notre affaire, notre virus.
Il est donc là pour tout le monde. Poing dans la figure des Sénégalais, qui avant « la mondialisation» de l’épidémie, s’égosillaient dans un coin du ring: détention arbitraire et exigence de la libération immédiate de Guy Marius Sagna, les cleaning days politisés, les divergences notées dans le Dialogue national, la hausse du prix des denrées de première nécessité, les débats sur le troisième mandat. Il est bien loin le temps de «l’insouciance».
D’abord méfiants et/ou indifférents des alertes et des discours officiels, venus de Chine, des médias ou de nos dirigeants, l’indiscipline, l’inconscience et l’ignorance partagées par l’immense majorité des Sénégalais ne se sont pas atténuées à mesure que l’épidémie tisse sa toile, que les foyers d’infection se multiplient, que s’installe l’idée que le coronavirus est un fléau, qu’il peut nous frapper, nous et nos proches, indifférents à son ampleur. Des voix se sont même élevées pour dénoncer «la ségrégation géographique» que subit une ville religieuse. On n'est plus dans la raison, mais dans la passion innervant, qui peut être la trame d'une tragédie unique.
Le défenseur le plus en vue de cette théorie, convoqué par la Section de Recherches, à la sortie de ces locaux, nous est apparu comme un homme dans ses limites tragiques, qui avait décidé de monter la garde tel un opaque abat-jour dans les noirs couloirs de l’obscurantisme.
Avocat de sa propre défense il a nous montré comment un homme a souvent les idées de son tempérament – certains disent que les idées d’un homme s’accordent souvent à son physique, à moins qu’ils ne finissent par avoir le physique de leurs idées. Et puisque l’actualité est décidément prodigue, elle nous a encore une fois fait constater que les élites politicoadministratives sénégalaises restent et demeurent fortement attachées à ce qui pourrait être qualifié de « logique de l’immédiat », butant par conséquent contre des mauvaises habitudes qui se sont fossilisées et devenues réalités sociales. Suite à une décision du ministère du Commerce interdisant la vente de pain dans les boutiques, Madame Aminata Assome Diatta, ministre du Commerce indique: «nos services seront particulièrement vigilants et veilleront rigoureusement, à ce que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur contre tout contrevenant. Ces temps de crise ne doivent pas nous faire oublier nos exigences en matière de qualité des produits».
Or, l’interdiction de la vente de pain dans les boutiques tenues par les Maures à l’époque, date de 1974, suite à un arrêté ministériel signé par M. Babacar Bâ, alors ministre des Finances et des Affaires économiques. Les journaux de l’époque donnaient les raisons de cette décision : «en vue de la résorption du chômage, on fait ainsi appel aux patrons boulangers à apporter leur concours dans l’exécution de la politique de l’emploi et l’arrêté du ministre rend obligatoire la vente de pain dans les kiosques [dans la région] du Cap-Vert. De précaution hygiénique, on en a cure. Et c'est tout au plus si le détaillant ne prend pas le couteau de la même main qui avait servi à se moucher.
L'esprit des citadins si habitués à ces pratiques ne saisit pas l'importance de la mutation qui va s'opérer grâce à cet arrêté ministériel. Embellir Dakar de ces kiosques peints en or, c'est peut être agréable, pour les touristes, mais pour ceux qui n'ont de souci que de payer leur bonne miche ... ». Depuis cette date, aucun régime, qu’il fût UPS, puis PS, de majorité présidentielle élargie, de première ou de deuxième alternance, ne s’est plus préoccupé des conditions peu hygiéniques de la vente du pain. Chaque fois qu’il s’est agi de pain, c’est parce que les boulangers, se disant pris à la gorge par le prix des intrants, menacent d’aller soit en grève, -s’ils n’y vont pas franco- soit diminuer le poids de la baguette, devenue aussi légère qu’une feuille morte.
Le 23 mars, le ministre des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement, tout d’un coup sorti de son sarcophage, lors d’un point de presse tenu avec son homologue de l’Intérieur, dévoile les mesures de régulation du secteur qui est le sien, articulées notamment autour de la fermeture des gares routières interurbaines, des activités commerciales qui y sont menées, de la limitation du nombre de passagers, la limitation du nombre de places, le port obligatoire de masque et de gants…. Et pourtant !
Depuis fort longtemps, (le naufrage du Joola n’ayant pas servi de leçon), en laissant s’instaurer le dépassement de capacité dans les transports routiers, le non-respect de la réglementation (lui-même M. Youm ayant déclaré que 46% du parc roulant échappent à la visite technique), ainsi que l’irresponsabilité de transporteurs qui tous ne remplissent pas les conditions d’agrément, d’assurance, et de permis de conduire (pour leurs chauffeurs), l’État a fermé les yeux au prix de dérives irréversibles. Avec des véhicules hors d’âge et hors d’usage, les usagers des transports publics et en commun ne se sont jamais vus offrir un service de qualité. Que peuvent attendre ces derniers de chauffeurs de cars qui les font descendre au beau milieu du trajet initialement défini, prétextant que le bout de la ligne a changé?
Quel service proposent ils aux clients qui ne connaissent pas toujours le montant total qu’ils vont payer, les prix variant selon la destination, la distance, le nombre de changements de véhicules et l’itinéraire? Avec les mesures anti-corona virus, la rationalité et la «légitimité», la majorité les comprend non comme de nouvelles actions et pratiques salvatrices, mais comme un nouveau cadre de contraintes juridiques, administratives, réglementaires, politiques, avec lequel il faudrait composer d'une manière ou d'une autre, tout en s'appuyant sur les failles de la nouvelle réglementation et occuper les espaces laissés vacants par une mauvaise communication publique. Il faut porter des gants ? Mais lesquels ? Chirurgicaux ou de manutentionnaires, vrais nids à microbes et à bactéries. Il faut porter un masque ? L’occasion nous a été donnée d’en voir, portés toute une journée, alors qu’il faut le changer toutes les trois heures.
Dans les transports en commun, les places assises ont été renforcées par des chaises en plastique… A ce jour, les transports en commun, les gares routières, les marchés, métaphores de nos vies, ont du mal à s’arrêter sur la bande d’urgence de Covid 19. Et certains jours sont pires que d’autres. Avec l’entrée en vigueur du couvre-feu, de 20 heures à 6 heures, alors que la nuit a jeté son encre, des violences policières se sont exercées sur des citoyens, qui soit n’avaient pas trouvé de moyen de transport, soit en ignoraient le sens, soit n’y croyaient pas. Dans tous les cas, cet état de fait reflète les inflexions, les couacs caractéristiques de mesures prises dans la précipitation et à l’instant, déniant du coup, le réel. Le diagnostic de nos inconduites à nous tous, ajouté au degré des contradictions de ceux qui nous gouvernent paraît complexe pour être très vite réglé. Covid 19, aura-t-il le poing ferme ?
Lui qui déjà nous menace de confinement total ? Il y a cependant un espoir dans cet avertissement. Il parait que c’est durant la Grande Peste londonienne de 1665 que Sir Isaac Newton, confiné dans la demeure familiale, a découvert la loi de l’attraction universelle. Si notre système n’évolue pas, voire régresse, il reste donc à espérer que de ce confinement qui risque d’arriver, naissent quelques génies.
Dakar, 1er avr (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’APS saluent la mémoire de l’ancien président de l’Olympique de Marseille (élite française), le Franco-Sénégalais Pape Diouf, décédé mardi à Dakar des suites du Covid.
Sous assistance respiratoire depuis samedi à Dakar, à l’hôpital Fann, il devait être transféré, dans la soirée, à Nice, dans le sud de la France. Pape Mababa Diouf, 68 ans, ancien journaliste, a marqué l’OM de son empreinte. L’ancien journaliste et agent de joueurs était encore très populaire auprès des supporters du club phocéen. Pape Diouf était consultant ces dernières années à la chaîne cryptée française Canal+.
"Pape Diouf perd son dernier match", affiche à sa Une le quotidien L’As, notant que le Sénégal enregistre son premier cas de décès lié au Covid-19.
Sur le plan épidémiologique, le Sénégal a enregistré, mardi, au total 175 cas de positifs au covid-19 depuis l’apparition de la maladie dans le pays. Au total, 40 malades ont été déclarés guéris et 135 sont toujours en observation dans des structures sanitaires du pays.
"Ce maudit virus nous l’a pris (...)", dit Libération, relevant également que le Sénégal a enregistré son premier cas de décès lié au coronavirus après la disparition de l’ancien président de l’OM, Pape Diouf placé sous assistance respiratoire depuis samedi.
"Le virus nous prend Mababa", affiche à sa Une Le Soleil. "Pape perd son dernier match", selon Le Quotidien. "Le sommeil du numéro 1", titre L’Observateur.
Pape Diouf est le "premier cas de décès" au Sénégal lié au coronavirus, souligne La Tribune.
Selon Le Témoin, "Pape Diouf, un Marseillais tombe à Dakar". Le journal souligne que le monde sport a rendu un vibrant hommage à "une icône du football mondial".
Le Covid-19 "emporte notre Pape", affiche à sa Une Sud quotidien. Dans ce journal, son ami, le journaliste Mamadou Koumé témoigne : " (…) Pape était un homme d’une grande chaleur, d’une grande disponibilité et d’une grande générosité".
"Pape aidait et soulageait, dans la grande discrétion. Il était un assistant social au vrai sens du mot (…)", ajoute Koumé qui a lancé avec Diouf, en 1991 le journal Le Sportif.
Le quotidien Kritik souligne que d’Abéché (Tchad) où il est né, à Marseille en passant par Dakar, "le phénomène Pape Diouf a fait vibrer le monde du football".
LES DERNIÈRES CONFIDENCES DE PAPE DIOUF
Bacary Cissé, journaliste au quotidien sportif Record, raconte les dernières confidences de Pape Diouf décédé hier à l'hôpital Fann du Coronavirus.
Bacary Cissé, journaliste au quotidien sportif Record, raconte les dernières confidences de Pape Diouf décédé hier à l'hôpital Fann du Coronavirus.
"Quand il (Pape Diouf) a appris que j'étais malade du Covid-19, il m'a envoyé un message, jeudi dernier, pour me dire "tiens bon" avant de m'informer aussi de sa maladie : depuis quelques jours, une angine me complique la vie. Ce matin un peu plus que d'habitude, mais j'ai quand même la force de penser à toi, en espérant que les choses aillent bien", raconte Bacary Cissé qui craque et fond en larmes.
Il ajoute dans des propos repris par Record : "Le lendemain, il me rappelle pour me dire qu'il est admis à Fann et qu'on lui avait fait le prélèvement et que, s'il est positif, il sera transféré à Diamniadio. Il dit alors à la dame qui le suivait : "Ah si je suis transféré à Diamniadio, je vais y retrouver mon fils qui y est hospitalisé. On pourra parler de football"".
UN INFIRMIER DE L’HÔPITAL LE DANTEC TOMBE
Amadou Samba fait sa première victime dans le corps médical sénégalais. Un infirmier, en service à Le Dantec, a été placé en garde-à-vue par la Sûreté urbaine (SU) de Dakar.
Amadou Samba fait sa première victime dans le corps médical sénégalais. Un infirmier, en service à Le Dantec, a été placé en garde-à-vue par la Sûreté urbaine (SU) de Dakar. Ce, après plusieurs auditions et confrontations, selon les informations exclusives de Libération online. La source révèle que c’est ce dernier qui a effectué, après demande de Samba, les prélèvements sanguins sur l’employé de la Caisse des dépôts et de consignations (CDC).
Le complice présumé du faux docteur s’est rendu au domicile du « patient » pour faire le prélèvement avant de retrouver Samba dans un...marché pour lui remettre la poche de sang.
L’infirmier assure avoir été trompé par Amadou Samba mais les enquêteurs croient dur comme fer qu’il a agi en parfaite connaissance de cause. Peu avant lui, deux gérants d’un cybercafé, qui auraient aidé Samba à fabriquer sa fausse carte de médecin, ont été alpagués. Les enquêteurs sont aux trousses d’un autre infirmier.
Plusieurs spécialistes et propriétaires de cliniques dont Amadou Samba avait usurpé les cachets ont été interrogés, à titre de témoins, hier. Le faux docteur et ses complices présumés seront mis à la disposition du Procureur ce mercredi, 1er avril.