Alors que les Sénégalais s’interrogeaient sur le mutisme des tenants d’un pouvoir accablé par l’affaire du (vrai/faux) décret 2020-964 portant indemnité et avantages du Président honoraire du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le voilà qui fait irruption avec fracas. C’est Yakham Codou Ndendé Mbaye, le Directeur général du Soleil, qui ne manque jamais de monter au créneau lorsque ça chauffe dans le camp du pouvoir. Une fois n’est pas coutume, avec de solides arguments documentés, il défend rageusement son mentor : le Président Macky Sall. Non sans accabler l’un des pires détracteurs de ce dernier, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. Enfin, toujours documents à l’appui, il attribue la paternité de cette affaire au Président Wade avant de menacer les faussaires de représailles imminentes. Révélations…
Monsieur le Directeur général, votre camp, le pouvoir, est manifestement dans une très mauvaise posture avec cette affaire qui fait le buzz : le (vrai/faux) décret portant indemnité et avantages du Président honoraire du Conseil économique, social et environnemental.
Tout d’abord, avant de répondre à votre première question, je tiens à préciser à l’endroit de ceux qui prendront la peine de lire mes propos qu’ils ne participent nullement et sciemment à attenter à ce climat de pardon mutuel que consacre la célébration de la Korité. Ceux qui s’en sont pris à la gouvernance du Président Macky Sall, de manière infamante, au moyen de faux, ne se sont pas souciés que nous étions en plein mois de Ramadan. Il convient de leur porter la réplique, ici et maintenant, durant cet entretien, en nous adossant à l’éthique de la vérité.
Maintenant, en ce qui concerne le jugement que vous avez émis, je dirais d’abord qu’il vous engage. Ensuite, je vais m’autoriser une question : qu’est-ce qui justifie ce que vous dites ? Croyez-vous que lorsque les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, s’enflamment, le pouvoir est immédiatement ébranlé ?
Internet et les réseaux sociaux sont une masse critique d’opinions dont le Président de la République tient compte, car il ne sous-estime aucune expression émanant principalement des Sénégalais et, en second lieu, des étrangers attentifs à sa gouvernance. Cependant, le Président Macky Sall ne gouverne pas les yeux rivés sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. La gestion de l’État, c’est beaucoup plus sérieux que cela !
Après la gaffe de la Cellule de Communication de la Présidence de la République et les nouvelles preuves accablantes relatives à cette affaire, vous n’allez pas continuer à soutenir que le décret 2020-964 est un faux ?
Quelles preuves accablantes ? Je le dis avec force : ce que vous appelez le décret 2020-964 qui circule sur Internet et les réseaux sociaux, et très largement relayé par les médias, est l’œuvre d’un ou de faussaires.
À l’heure où je vous parle, le Président Macky Sall n’a pris aucun décret portant indemnité et avantages d’un Président honoraire du Cese. Et je défie quiconque de prouver le contraire. Ce sont des mensonges !
Alors, comment se fait-il que le dernier Journal Officiel de la République du Sénégal fasse état du décret 2020-976 portant nomination de Aminata Tall comme Présidente honoraire du Cese, lequel décret vise le fameux 2020-964 ?
Entre «c’est faux» et «cela n’existe pas», il y a les océans Atlantique et Pacifique. Le contenu du décret 2020-964 qui est partagé en ce moment sur les réseaux sociaux est un faux. La Cellule de Communication de la Présidence de la République l’a dit d'ailleurs clairement. Mais, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un décret 2020-964 authentique.
Pour vous donner la preuve matérielle qu’il y a un décret 2020-964 authentique, en voici une copie (Ndlr : il nous présente le document). Lisez-le et dites-moi qu’est-ce que ce décret a en commun avec le vulgaire document qui circule sur les réseaux sociaux et Internet. Vous voyez qu’il ne liste aucunement une indemnité ou des avantages octroyés à un Président honoraire du Cese.
Il n’y a que deux nouveautés par rapport à ce qui se faisait. D’une part, la délivrance d’une carte aux couleurs nationales mentionnant le titre et, d’autre part, le décret établit en son article 2, alinéa 2, une nouvelle possibilité d’accès à l'honorariat. En dehors de la possibilité offerte par le Règlement intérieur du Cese, l’honorariat peut désormais être conféré aux anciens Présidents de cette institution sur leur demande adressée directement au Président de la République. Cet article 2 indique : « L’honorariat peut être conféré par décret, sur proposition du Bureau du Conseil économique, social et environnemental entérinée par l’Assemblée plénière dudit Conseil. Il peut être aussi être conféré par décret, sur leur demande, aux anciens Présidents ».
Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir publié le décret authentique au Journal Officiel comme l’exige la loi ?
Il faut relativiser. Tous les décrets signés par le Président de la République sont publiés au Journal Officiel. Seulement, la loi ne fixe pas de délai de publication.
Pourquoi ceux qui sont en droit d’éclairer la lanterne des Sénégalais, comme vous tentez de le faire, se sont emmurés dans un silence assourdissant qui amplifie la suspicion ?
Qu’est-ce que cela veut dire «ceux qui sont en droit» ? La défense des politiques, du bilan et de la personne du Président Macky Sall incombe à tous ceux qui sont avec lui. Surtout, si on se réfère à l’éthique, ceux qui ont bénéficié ou continuent de bénéficier de son pouvoir de nomination.
Et dès lors que je suis dans la deuxième catégorie, je figure parmi « ceux qui sont en droit », pour ne pas dire dans l’obligation de défendre, par tous les moyens nécessaires et légaux, le Président Macky Sall. C’est ce que commande la loyauté.
Ceci dit, il est faux de soutenir que nous nous sommes emmurés dans un silence assourdissant : la Présidence de la République a communiqué sur le sujet. Maintenant, est-il indiqué que la première institution du pays se remette à communiquer sur cette affaire parce que simplement la clameur populaire, instiguée par des faussaires et des bavards, a investi les réseaux sociaux pour soutenir qu’elle n’a pas dit la vérité ? Pierre Corneille nous enseigne que « le pire des États, c’est l’État populaire ».
Pour finir sur ce sujet, permettez que je dénonce avec la dernière énergie les attaques injustes et injustifiées que subissent trois proches collaborateurs dévoués et loyaux au Président de la République : le ministre d’État Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne, le ministre Secrétaire général du Gouvernement, Maxime Jean Simon Ndiaye, et le ministre chargé de la Cellule de Communication de la Présidence de la République, Seydou Guèye, présentement endeuillé par la perte de son frère de même père et même mère.
Honnêtement, sans langue de bois, croyez-vous indiqué et opportun de nommer un Président honoraire pour une institution déjà décriée, parce que budgétivore, au moment où les Sénégalais sont confrontés à l’une des plus graves crises sanitaires de l’histoire du pays et qui enfonce des milliers de famille dans la précarité ?
L’autre contre-vérité dans cette histoire revient à vouloir coller au Président de la République la paternité de l’honorariat. C’est totalement faux !
Donc, Macky Sall n’a pas créé l’honorariat au sein du Cese ?
Mais non ! Revisitons un peu l’Histoire pour nous en convaincre. En 2000, une fois élu, le Président Abdoulaye Wade a supprimé le Conseil économique et social alors présidé par Famara Ibrahima Sagna. Quatre années après, l’institution est exhumée sous le nom de Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales communément appelée Craes. Elle est installée le 20 août 2004 et présidée par feu Mbaye Jacques Diop.
C’est l’année suivante, à la demande de Me Wade, que le Bureau, la Conférence des Présidents et l’Assemblée plénière du Craes ont modifié le Règlement intérieur de l’institution, aux fins d’y insérer la possibilité de proposer au Président de la République de nommer comme Président honoraire un ancien Président de l’institution. L’honorariat était né.
Deux années plus tard, en 2007, le Président Abdoulaye Wade supprime le Craes qui redevient le Conseil économique et social à la tête duquel il place feu Ousmane Masseck Ndiaye. Et c’est ce moment qu’il a choisi pour nommer par décret Famara Ibrahima Sagna comme Président honoraire de l’institution.
Trois années plus tard, en mars 2010, il en fera de même avec feu Me Mbaye Jacques Diop, fait lui aussi Président honoraire.
Voilà le vécu de l’honorariat qui est antérieur à l’accession à la magistrature suprême du Président Macky Sall.
Donc, cette affaire date de l’ancien régime ?
Je ne crois pas qu’il sied de parler d’ancien ou de nouveau régime. Le Sénégal est une République dotée d’un État solidement ancré. Cette République et cet État s’inscrivent dans une continuité. Le Sénégal d’aujourd’hui du Président Macky Sall est aussi celui des Présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Ces figures emblématiques ont contribué, et de manière déterminante, à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Ce legs qui n’est pas peu reluisant, Macky Sall œuvre à le parfaire. Et seules les personnes de mauvaise foi soutiennent qu’il s’y prend mal.
Et après le Président Wade, quel sort a été réservé à cet honorariat ?
Aucune institution de la République du Sénégal n’a connu autant de mue que l’actuel Conseil économique, social et environnemental.
Le Président Abdoulaye Wade l’a supprimée à son arrivée au pouvoir, ensuite il l’a exhumée en 2004 en l’appelant Craes. Ce dernier, à son tour, va être supprimé pour redevenir Ces. Et ce n’est pas fini !
À la survenue de la deuxième alternance, le Cese se substitue au Ces. Il est créé par la loi 2012-16 du 28 septembre 2012 portant révision de la Constitution, et la loi organique 2012-28 du 28 décembre 2012 fixe son organisation et son fonctionnement.
Dans cette optique, le 23 mai 2013, le Cese adopte son Règlement intérieur. Cela fait sept ans, jour pour jour, à la date d’hier. Après son adoption, le Règlement intérieur est soumis au Président de la République pour approbation. Ce que Macky Sall a fait le 28 mai 2013 avec le décret 2013-732.
Deux choses peuvent retenir l’attention en lisant ce Règlement intérieur annexé au décret précité. D’une part, son préambule indique que « les présentes dispositions, délibérées et arrêtées conformément aux dispositions de la Loi organique 2012-28 du 28 décembre 2012 portant organisation et fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental, et approuvées par décret, ont force obligatoire au titre du Règlement intérieur du Conseil économique, social et environnemental ». D’autre part, en son avant-dernier article, le 51, il est énoncé ce qui suit : « Sur proposition du Bureau, entérinée par l’Assemblée plénière, l’honorariat peut être accordé, par décret, à un(e) ancien(e) Président(e) de Conseil ».
Au regard de tout ce qui précède, vous conviendrez avec moi que c’est une infamie de soutenir que Macky Sall serait un Président peu soucieux du sort de ses compatriotes pour se permettre, en ces moments singuliers de crise économique et sociale, de créer l’honorariat au Cese afin de caser un membre de sa pseudo clientèle politique ! Et il y a plus grave au registre de toutes ses contre-vérités.
Quoi exactement ?
Sans doute, vous avez pris connaissance des propos insultants tenus, vendredi dernier, sur sa page Facebook, par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye à l’endroit du Président Macky Sall. Il a pointé « le mensonge de la Présidence de la République au sujet du décret 2020-964 » avant de s’exclamer : « Mais, qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Qu’a-t-on fait pour mériter de tels dirigeants ? »
Eh bien, à mon tour, je suis fondé de me poser la question suivante : qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter ce Pinocchio ?
Éclairez notre lanterne. Qu’est-ce que Abdoul Mbaye a dit qui soit assimilable à des contre-vérités ?
Qui était Premier ministre du Sénégal le 28 mai 2013 ? Qui a contresigné le décret 2013-732 le 28 mai 2013 ? Abdoul Mbaye pardi ! Je vous soumets la copie dudit décret (Ndlr : le document transmis à dakaractu conforte ses dires). C’était 96 jours avant qu’il ne soit éjecté de la Primature. Depuis, il a été victime d’un traumatisme incurable qui fait qu’il est pris d’un réflexe maladif de baver son venin sur le Président de la République. Mais, c’est peine perdue, car Macky Sall sera toujours hors de portée du débris politique qu’est Abdoul Mbaye.
Et comme il ne respecte pas l’intelligence des Sénégalais, ne soyez pas surpris qu’il vienne, dans les prochaines heures, nous dire : « Je n’ai pas souvenance avoir contresigné ce décret ».
Vous n’avez certainement pas oublié que le 19 juin 2012, il avait contresigné le décret octroyant à la société Petrotim des permis de recherche pétroliers sur les blocs de Cayar et Saint-Louis offshore. Une fois démis de ses fonctions, il avait soutenu ne l’avoir jamais fait. Accablé par les preuves matérielles, il se souvint subitement avoir su qu’il y avait anguille sous roche, car en 2015, deux ans après son départ de la Primature, un journaliste avait attiré son attention sur le fait. Franchement, de qui se moque Abdoul Mbaye ? Voilà les genres de personnages qui s’opposent au Président Macky Sall. Leur Adn est faite de mauvaise foi.
Pour finir, revenons à vos accusations qui ciblent un ou des faussaires auteurs du faut décret 2020-964…
(Il nous coupe). Qu’ils soient de l’intérieur de notre camp, parce que obnubilés par des positionnements jusqu’à s’adonner à la félonie sur la base de faux, ou de cette opposition prête à tous les forfaits pour discréditer le Président Macky Sall, ils seront démasqués par l’enquête qui est en cours sur cette œuvre de faussaire.
Le Président Macky Sall est clément et magnanime, mais il ne tolère pas ce genre d’atteinte à l’autorité de l’État qui le révulse. Et cette fois-ci, à mon avis, on a atteint le summum. Nombre de Sénégalais ont entendu Bassirou Diomaye, porte-parole du parti de Ousmane Sonko, se prévaloir de sa posture de cadre de la Direction générale des Impôts et des Domaines pour soutenir que le faux décret 2020-964 est authentique. Qu’il leur a été communiqué et qu’ils l’ont partagé en interne via Outlook et Intranet. Où sommes-nous ?
Qu’est-ce qui peut justifier que des fonctionnaires usent et abusent de leur position pour diffuser, au moyen du mensonge, de fausses nouvelles parce que simplement, sous l’emprise de l’insolence, l’injure à la bouche, aveuglés par leurs ambitions juvéniles, ils refusent de se plier à la volonté de la majorité des Sénégalais qui ont choisi, par le suffrage universel, le Chef de leur État ?
Me Wade est entré dans le gouvernement de Abdou Diouf, en est sorti et n’a jamais usé de sa connaissance des affaires de l’Etat pour combattre son adversaire. Feu Djibo Kâ, ensuite Moustapha Niasse ont eu cette posture républicaine lorsqu’ils ont rompu avec le même Abdou Diouf. Feu Ousmane Tanor Dieng en a fait de même face à Me Wade, douze ans durant. De 2008 à 2012, a-t-on entendu Macky Sall se prévaloir de ses positions antérieures auprès de Me Wade et exhiber des secrets d’Etat pour combattre ce dernier ?
Je pense que pour l’intérêt général, il est temps que ce nouveau type d’opposant qui joue avec l’Etat soit mis hors d’état de nuire.
Vous risquez de vous attirer les foudres de Pastef avec ces propos qui ressemblent à des menaces.
C’est le cadet de mes soucis. Je ne suis pas l’État, encore moins son Chef. Je ne revendique que le grade de simple défenseur d’un leader auquel je crois. J’aurais été à la place de Macky Sall, je mettrais tout en œuvre pour mettre hors d’état de nuire tous ces faussaires et saboteurs. L’enjeu n’est pas politique ou politicien. Il ne s’agit pas de la pérennité du pouvoir de la majorité présidentielle. Il est question de faire barrage à des gens qui sont prêts à tout pour accéder au pouvoir, et ce, jusqu’à mettre l’État en péril.
par Bassirou Diomaye Faye
YAKHAM MBAYE, LES VAINS ABOIEMENTS D'UN CHIHUAHUA
Un décret n’a donc pas vocation à être gardé secret sauf dans un Etat en péril. De même un président de la République qui n'assume plus les décrets qu'il signe est disqualifié pour diriger
Dans une interview parue dans le site Dakaractu.com sous le titre Révélations documentées ! : Yakham Mbaye exhibe l’authentique décret 2020-964, accable Abdoul Mbaye et menace Bassirou Diomaye Faye de Pastef., le ci-devant nommé, par ailleurs Directeur général du Soleil y est allé de son arrogance habituelle.
Mais, si comme l’a titré le site en question, Yakham entend menacer Bassirou Diomaye Faye, qu’il soit rassuré que ses menaces me laissent de marbre. J’en sirote mon jus ! Qu’il soit rassuré qu’à force de gueuler, en « simple défenseur d’un leader auquel il croit ». il n’aura réussi qu’à dégueuler, dans son impertinence, l’unique vérité que je partage avec lui : l’Etat est en péril et la République a foutu le camp depuis l’avènement du Président Macky Sall.
C’est d’ailleurs rassurant d’entendre qu’une « enquête est (enfin !) en cours sur cette œuvre de faussaire », si tant est qu’on puisse accorder une once de crédit à un homme comme lui, plus préoccupé à témoigner de sa fidélité canine pour préserver ses strapontins qu’à convaincre par une cohérence argumentative minimale dans le cas d’espèce.
Ceux qui m’ont suivi, lors de ma sortie dans l’émission Lii diffusée sur la 2STV, le dimanche 17 mai 2020, auront noté mon incompréhension sur l’absence d’une enquête quand la signature du Président de la République est aussi « parfaitement imitée ». Je ne retire mot, ni virgule de tout ce que j’ai dit durant cette émission. L’inconséquence et les jacqueries de Yakham n’y feront rien. Absolument rien !
Le sort d’un acte administratif, c’est d’être exécutoire, dans les conditions définies par les dispositions de la Loi n 70-14 du 06 février 1970 fixant les règles d’applicabilité des lois, des actes administratifs à caractère individuel. Pour les lois et les actes administratifs réglementaires, cela prend la forme d’une insertion au journal officiel tel que prévu par l’article 2 de ladite loi et rappelé par la mention sacramentale : « le présent décret sera publié au journal officiel ».
Alors au lieu de jacasser dans la presse, Yakham n'a qu'à réclamer la publication du décret au journal officiel. Un décret n’a donc pas vocation à être gardé secret sauf dans un Etat en péril. De même un président de la République qui n'assume plus les décrets qu'il signe est disqualifié pour diriger.
Quand l'administration diffuse un texte réglementaire à ses agents pour information et application, un simple communiqué pour en démentir l’existence, fût-il de la présidence de la République, ne saurait suffire pour considérer que la vigilance de cette administration a été trompée sur toute la ligne.
C’est là d’ailleurs cela qui aurait dû consterner Yakham Mbaye, qui veut s’ériger en défenseur de l’autorité de l’Etat. En effet, si, comme il veut le faire croire, le décret remis aux agents de l’administration est un faux, cela voudrait dire que l’autorité de l’Etat et par ricochet celle du président de la République s’est tellement affaissée que des individus s’autorisent allègrement sous son régime à mettre à la disposition des agents de l’Etat une fausse base de travail (décrets et probablement lois).
Hormis tout ça, pour qui se prend Yakham Mbaye pour penser avoir le droit de disposer d'un décret » (que je crois bidon jusqu’à preuve du contraire) de le remettre à un site internet (dakaractu.com) accessible d'un simple clic, qui l’a diffusé pour illustrer sa propre interview et en même temps me dénier le droit de dire que j’ai reçu le décret qui par carence ou cachoterie n’a pas été publié au journal officiel comme cela se devait ?
Lequel, du faux dont il est le seul détenteur ou de celui qui a été reçu par des centaines d'agents de l'administration par voie officielle, mérite crédit?
Ce n'est assurément que dans un État en péril que de telles interrogations surgissent et qu'un tel débat oppose pouvoir et opposition devant des citoyens médusés. Une traduction concrète de l'échec patent de l'homme auquel Yakham Mbaye dit croire.
Yakham, l’inconséquence d’un fédayin
Sur mes fonctions au sein de Pastef_Les Patriotes, Yakham Mbaye a menti. Je n’en suis pas le porte-parole. Je suis président du Mouvement national des Cadres Patriotes (MONCAP). Mais, le mensonge suprême c’est quand il invoque une diffusion de fausses nouvelles que j’aurais tiré de mes fonctions. C’est tout simplement ridicule.
A travers son argumentaire, d’une vacuité hors normes, on voit le mercenaire qui peine à dire clairement ce qu’il reproche à Bassirou Diomaye Faye. Yakham semble avoir le quelque chose entre deux chaises.
Se perdant tantôt dans l’accusation de la diffusion de fausses nouvelles qui supposerait que le décret n’existât guère et qu’il ne fût jamais partagé aux agents de l’administration et la violation d’un vrai secret d’Etat qui sous-entendrait que le décret existe bel et bien, qu’il a été effectivement mis à la disposition de l'administration mais qu’il aurait dû être gardé dans la confidentialité car le signataire ne l’assumait plus.
L’un dans l’autre, aucune gymnastique intellectuelle, ne saurait exonérer de responsabilité ceux qui ont la charge de publier les décrets qu’ils signent. Ceux qui, par voie de communiqué, et parce que poursuivis par la clameur publique dénonçant le vampirisme malvenu en cette période de COVID-19, se défaussent sur le faux pour refuser d’assumer d’avoir décrété l’ignominie.
Les enfantillages auquel s’adonne Yakham Mbaye quand il déclare que nous refusons de nous plier à la volonté de la majorité des Sénégalais qui ont choisi, par le suffrage universel, le chef de leur État ne les sauveront pas. Dans mon passage à l’émission Autour du micro diffusé sur le site dakarmatin.com, le 14 mai 2020, je rappelais, à juste titre, que Macky Sall, malgré un processus électoral chaotique, est le président légal de tous les Sénégalais.
En conséquence, il gouverne et nous nous opposons radicalement. Voilà le tableau. Dans cette posture, nous ne sommes ni distraits par les menaces ridicules, d'où qu'elles viennent d'ailleurs, ni aveuglés par des ambitions juvéniles.
Nous avons plus que l'âge de l'homme auquel Yakham prétend croire lorsque ce dernier exerçait des responsabilités ministérielles dans le gouvernement de Wade, et sommes bien plus âgés que le mentor de son maître : Macron, à mon âge était déjà président de la République en France. A mon âge, le Prophète de l’islam, Mohamed (Psl) était déjà porteur de la mission prophétique et Jésus Christ prêchait l’Evangile à un âge beaucoup plus jeune. Aucune mission sur terre ne sera plus jamais, pour les deux dernières, aussi exaltante et plus lourde pour un simple mortel.
Si à notre âge Yakham se croyait si puéril et immature pour porter une ambition noble qui concentre les aspirations légitimes du peuple Sénégalais, son attitude de chien de balcon ne doit guère surprendre aujourd'hui.
Dewenaty
Dieu bénisse notre chère patrie
Bassirou Diomaye Faye est président du MONCAP _ Pastef - Les Patriotes
LE COVID-19 ET LA POLÉMIQUE SUR L’HONORARIAT DES ANCIENS PRÉSIDENTS DU CESE EN EXERGUE
Dakar, 26 mai (APS) – Les quotidiens reçus mardi à l’APS mettent en exergue la situation de la pandémie de Covid-19 au Sénégal, la célébration de la fête de Korité et la polémique sur l’honorariat des présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Source A souligne que ‘’le coronavirus poursuit sa progression, au Sénégal, avec 83 nouvelles contaminations confirmées, hier, par le directeur de Cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale’’.
’’Ce qui porte le nombre total de patients sous traitement à 1579. Aussi, le nombre des cas graves a connu une hausse. Au nombre de 12 ce dimanche, il a grimpé, hier, à 15. A ce jour, le Sénégal a dépassé la barre des 3000 cas enregistrés, depuis le début de la pandémie’’, écrit la publication. Un 36e cas de décès a été rapporté, lundi soir.
S’intéressant à la ‘’stratégie de riposte contre le covid-19’’, Sud quotidien titre : ‘’Entre incongruités et incohérences’’.
’’+Apprendre à vivre avec le coronavirus+. C’est ce que le président de la République, Macky Sall, avait demandé aux Sénégalais, le 12 mai dernier, en assouplissant les mesures qu’il avait prises le 23 mars 2020. Pendant ce temps, il maintient inutilement le couvre-feu et l’état d’urgence qui plombent la relance de l’économie sénégalaise. Surtout, son secteur dit informel’’, relève le journal.
Le Témoin note que la covid-19 était ‘’au cœur des sermons’’ de la fête de Korité célébrée ce week-end. ‘’Touba, Yoff, Léona Niassène mais aussi le président Macky Sall axent leurs interventions sur la pandémie’’, selon le journal, non sans relever que ‘’Tivaouane, la Grande Mosquée de Dakar et les autres grands foyers religieux ont gardé portes closes…’’.
Selon Le Soleil, ’’Macky Sall appelle à la vigilance et à la persévérance’’.
Enquête s’intéresse à l’affaire des décrets instituant un honorariat pour les anciens présidents du CESE et affiche à la Une ‘’Mensonges et dissimulation’’.
‘’Le document est devenu viral, dans la soirée du 14 mai 2020. Il s’agit du décret n°2020-964 en date du 17 avril 2020, portant la signature - vraie ou fausse - du président de la République. Il traite de l’institution d’un “honorariat’’ pour les anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE) du Sénégal’’, explique le journal.
‘’Dans l’article 3 dudit décret, il est fait mention de ces avantages : +Une indemnité de représentation de 4 500 000 F CFA/mois, un véhicule de fonction avec macaron, un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres et un agent de sécurité rapprochée+’’, ajoute Enquête, soulignant que ‘’L’affaire va prendre une tournure judiciaire’’.
‘’Honorariat pour les anciens présidents du CESE, un décret polémique’’, selon L’As qui écrit : ‘’après une vive polémique sur le décret +2020-964+ instituant un honorariat pour les anciens présidents du CESE, le gouvernement a finalement rendu public le document. Suffisant pour que enfler la polémique entre le régime et une certaine opposition’’.
Selon le journal, le Congrès de la renaissance démocratique (opposition) a introduit un recours en annulation devant la Cour suprême.
’’Le décret sort de la clandestinité’’, selon WalfQuotidien qui écrit : ‘’L’affaire du décret portant honorariat des anciens présidents du CESE quitte le terrain politique pour celui judiciaire’’.
’’La justice, selon le patron du quotidien national Le Soleil, et membre de l’Alliance pour la République (APR), s’est saisie de l’affaire et les coupables du +faux+ décret pourraient être +sévèrement+ sanctionnés’’, ajoute la publication.
UNE FEMME DE 58 ANS EST DÉCÉDÉE DU COVID-19 CE LUNDI
Une femme âgée de 58 ans est décédée du Covid-19 ce lundi à l’hôpital Principal de Dakar, portant ainsi à 36 le nombre de décès liés au nouveau coronavirus
Dakar, 25 mai (APS) – Une femme âgée de 58 ans est décédée du Covid-19 ce lundi à l’hôpital Principal de Dakar, portant ainsi à 36 le nombre de décès liés au nouveau coronavirus, a appris l’APS.
’’Le Sénégal vient d’enregistrer son 36e décès lié au Covid-19. Il s’agit d’une femme âgée de 58 ans. Elle est décédée ce lundi à l’hôpital Principal de Dakar’’, a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué.
Depuis le 2 mars, le Sénégal a dénombré 3130 cas de Covid-19 dont 1515 guéris, 36 décès et 1578 patients sous traitement.
PAR EL HADJI MASSIGA SENE
DOYEN MAMADOU OUMAR NDIAYE, JE M'INCLINE DEVANT VOTRE ÂGE
De votre bureau avec le confort qu’il faut, vous déposez toute sorte d’insanités sur l’enseignant en service à des centaines de kilomètres de chez lui dans des conditions cauchemardesques
Doyen Mamadou Oumar, je m’incline devant votre âge.
Doyen, que votre Témoin me témoigne!
J’ai lu avec fierté votre « papier » que vous avez férocement adressé aux enseignants.
Je m’en suis délecté tout le long de ma lecture. J’aime lire ce type de texte... clair, concis, simple et précis. A travers votre verbiage, je vous félicite monsieur , vous avez un bon verbe. Que les enseignants en soient remerciés!
Mais Mamadou, vous avez l’air d’un homme intelligent et courtois mais votre sortie a déterré votre nanisme intellectuel.
De votre bureau avec le confort qu’il faut, vous déposez toute sorte d’insanités sur l’enseignant en service à des centaines de kilomètres de chez lui dans des conditions cauchemardesques. Son bureau en paille soutenu par des tubes de fortune à la portée des scorpions et autres serpents ne gêne en rien le journaliste que vous êtes?
Le manque d’outils de travail qu’il subit chaque jour et l’insécurité a laquelle il est exposé ne gênent en rien le journaliste que vous êtes ?
Les agressions physiques qu’il subit ne gêne en rien le journaliste que vous êtes ?
Mamadou, est-il arrivé à un membre de votre famille d’être dans une profession pendant plus de dix ans d’exercice sans aucune forme d’avancement ?
Vous est-il arrivé une seule fois de faire plus de trente kilomètres de route, chargé dans un camion comme une marchandise avant de trouver une banque pour percevoir votre salaire? Eh bien vous ne risquez pas d’y croire mais jetez un coup d’œil à Kedougou et environs. Vous comprendrez mieux.
Mamadou Oumar, El Hadji Ndior est mon ami. Il est en service dans un village non loin de la Gambie. Il achète stylos, cahiers et chaussures à ses élèves. Vous savez pourquoi ? Parce que quand il leur demande d’ en acheter, les parents menacent de les retirer de l’école. C’est bizarre, mais ces parents pensent que les enseignants sont payés selon le nombre d’élèves par classe.
Pendant les travaux champêtres, certains parents viennent très souvent à l’école demander à leurs enfants de les accompagner au champs en attendant que leurs jeunes frères les remplacent dans la classe. Pour eux, c’est une question de remplissage de classe. Pourtant El Hadji ne se fatigue pas. Il continue à aider et à sensibiliser.
Mouhamed Diop a dénoncé le père de l’un de ses meilleurs élèves à la gendarmerie du Cap Skiring car ce dernier voulait forcément l’envoyer à la pêche artisanale pour un enfant mineur. Aujourd’hui, ce gosse fait d’excellents résultats. Moi-même oisif errant que je suis, j’ai essayé tant bien que mal de gérer des situations plus ou moins similaires.
Et ces exemples, il y’en a à n’en plus finir.
Bref, cher Mamadou Oumar, la langue que vous avez utilisée pour nous charger d’insanités devrait être votre conseillère. Je parie que c’est un enseignant, que dis-je, un gréviste déserteur qui vous l’a soigneusement apprise. Ces gens-là, vous leur devez du RESPECT. Cher doyen, les enseignants ne refusent pas de retourner dans les salles. Ils demandent juste les moyens de protection qu’il faut. Et rassurez-vous, ils n’en demanderont plus quand ce sera la fin des conseil des ministres par visioconférence.
Vous savez mon cher, c’est logique, légitime et légal de demander des moyens d’accompagnement en cette période ou le doute plane partout non seulement pour le droit de se protéger mais pour le devoir de protéger les autres. Ce bataillon de la peur, comme vous nous appelez ira au front comme il a toujours été le cas.
S’il y’a aujourd’hui une désacralisation du statut d’enseignant, c’est des hommes comme vous doyen, qui en sont les instigateurs. Sans rien comprendre du combat de ces hommes et femmes de valeurs, cette corporation qui vous a fait et qui a fait votre progéniture, vous vous permettez de les traiter de déserteurs... de soldat de la peur.
Doyen, mon éducation ne me permet pas de vous dire ce que je pense de votre papier mais je me limiterai juste à dire ceci.: « Quand dans un pays, ceux qui sont chargés de faire passer les messages versent dans l’irrespect et la démagogie soit pour faire plaisir ou pour se faire une santé professionnelle, que ce peuple comprenne qu’il est en droite ligne vers l’abîme ».
Mamadou Oumar Ndiaye, bonsoir !
DU TATONNEMENT AU PILOTAGE À VUE
Après deux mois de gestion, la stratégie de lutte contre la pandémie de la Covid-19 initiée par le gouvernement peine encore à convaincre. Les mesures prises ces derniers jours semblent avoir fragilisé la riposte
Après deux mois de gestion, la stratégie de lutte contre la pandémie de la Covid19 initiée par le gouvernement sénégalais peine encore à convaincre. Et pour cause, l’absence d’une vision claire sur les objectifs attendus dans la politique de gestion de cette pandémie du fait des multiples variations des mesures prises ces derniers jours ont fini par fragiliser la riposte.
Le Sénégal est encore loin de remporter sa bataille contre la Covid-19. D’un cas testé positif au nouveau coronavirus, le 2 mars dernier, le pays est passé aujourd’hui à 3130 cas du nouveau coronavirus à la date d’hier, lundi, dont 1515 guéris, 35 décédés et 1579 sous traitement dans les différents centres de prise en charge.
Avec ces statistiques, le Sénégal est désormais dans le peloton de tête de la liste des pays ouest- africains les plus touchés par Covid-19 derrière le Nigéria et autre Ghana avec plus de 6 000 cas de Covid19, selon les statistiques de l’Oms. Toutefois, il faut souligner que cette situation alarmante du fait de la propagation rapide de la maladie présente dans 11 régions sur les 14 et 33 districts sur les 79 que compte notre pays ne semble pas effaroucher.
En atteste la décision prises par le chef de l’Etat d’assouplir les restrictions qu’il avait prises au début de cette pandémie alors que le pays comptait officiellement 36 cas positifs dont 02 guérisons, des cas circonscrits alors dans 4 arrondissements de Dakar ainsi qu’à Mbao, Yeumbeul, Guédiawaye, Rufisque, Touba, Mbour, Thiès, Popenguine, Saint-Louis et Ziguinchor. Annoncée, lors de son discours du 11 mai dernier, cette décision du chef de l’Etat semble refroidir l’élan de la lutte noté depuis le début de cette pandémie.
Dans les transports publics et marchés, la variation des positions du chef de l’Etat et de ses ministres, notamment celui en charge de l’Intérieur et son collègue des Transports, concernant les mesures barrières a fini par freiner l’ardeur de certains agents des forces de défense et de sécurité, chargés de veiller au respect des prescriptions. Aujourd’hui, que ce soit dans les marchés, boulangeries, les transports et autres, le relâchement dans l’observation des mesures barrières comme le port obligatoire du masque ou encore le respect de la distance physique d’au moins un mètre semble gagner de plus en plus du terrain. Sous la dictée d’une riposte cohérente contre Covid-19 !
ENTRE INCONGRUITÉS ET INCOHÉRENCES
Le président estime qu'il faudra "apprendre à vivre avec le coronavirus", mais il maintient inutilement le couvre-feu et l’état d’urgence qui plombent la relance de l’économie
«Apprendre à vivre avec le coronavirus». C’est ce que le Président de la République, Macky Sall, avait demandé aux Sénégalais, le 12 mai dernier, en assouplissant les mesures qu’il avait prises le 23 mars 2020. Pendant ce temps, il maintient inutilement le couvre-feu et l’état d’urgence qui plombent la relance de l’économie sénégalaise. Surtout, son secteur dit informel.
«Le confinement et les mesures de restrictions ne servent à rien, car la transmission n’a pas été rompue au bout de deux mois. Le virus continue toujours à circuler». Cette déclaration de l’expert en santé publique, Dr Moussa Thior, ancien coordonnateur du programme de lutte contre le paludisme (Pnlp), est plus qu’éloquente. Surtout, depuis le 12 mai dernier, quand le président de la République a demandé à ses compatriotes «d’apprendre désormais à vivre avec la Covid-19». Par la même occasion, il adoucissait le couvre-feu qui passait de 21 heures à 5 heures du matin, ouvrait les lieux de culte et les marchés, autorisait les marchés hebdomadaires (loumas).
De nouvelles mesures qui s’apparentent bien à un «permis» de ramener le virus chez soi ; de le transmettre à son entourage sans le vouloir et/ou le savoir. Surtout avec l’autorisation des déplacements interurbains, qui participe grandement à la propagation de Covid-19 dans la région de Dakar et ses 13 communes que sont Rufisque, Dakar, Pikine, Bargny, Guédiawaye, Sébikotane, Diamniadio, Jaxaay Parcelles - Niakoul Rab, Sendou, Sangalkam, Yenne, Bambylor, Tivaoune Peul-Niaga. C’est dire simplement que le maintien de l’état d’urgence ne se justifie plus ; à moins que la volonté des autorités ne soit de maintenir un régime d’exception qui permet de légiférer par ordonnance et de prolonger les marchés de gré à gré.
LE CALVAIREDES PETITS METIERS
Face aux incohérences de la riposte auxquelles seules les autorités centrales semblent s’accommoder, les populations continuent de boire le calice jusqu’à la lie. La ruralisation de la capitale sénégalaise témoigne si besoin en était de la crise qui sévit dans le pays. Des charrettes, piétons et autres véhicules se disputent la chaussée et les grandes avenues. Des trottoirs «privatisés» à cause de l’acte III de la décentralisation qui confine davantage les communes d’arrondissement. Lesquelles, elles aussi, cherchent la queue du diable pour la tirer afin de ne pas mourir de leur belle mort, à cause de l’absence des recettes nécessaires pour leur fonctionnement. Pendant ce temps, les petits métiers entretenus par les maçons, tailleurs et autres coiffeurs, cherchent le bout du tunnel. Quid des jeunes cultivateurs qui se voient refuser le retour à la terre natale à la veille de l’hivernage? Ce climat installe progressivement une tension de plus en plus manifeste dans le pays.
A l’image des jeunes Jakartamen (conducteurs de moto-Jakarta) qui récemment, ont sonné l’alerte en mettant sens dessus dessous la ville de Tambacounda, parce que, disent-ils, «on n’en peut plus de voir notre activité confinée par un arrêté du gouverneur». Ils ont investi les rues de la ville et brûlé des pneus sur la route nationale pour réclamer la reprise des transports. A Dakar, ce sont les transporteurs qui sont sortis du bois pour protester contre le maintien de l’interdiction de la circulation interurbaine. D’ailleurs, le secrétaire général du Syndicat des transporteurs routiers du Sénégal, Alassane Ndoye, avait menacé de donner l’ordre de rouvrir les gares routières si les autorités ne réagissaient pas.
Quant à Gora Khouma, autre responsable syndical, il a demandé à l’Etat d’aller jusqu’au bout de sa logique. Autrement dit, d’ouvrir les gares routières comme il l’a fait avec les établissements scolaires, les lieux de culte etc. A ces récriminations, il faut ajouter l’accentuation de la paupérisation de nos villes et de nos villages. Tout un cocktail explosif qui risque de déboucher sur des émeutes de la faim.
DROLE DE FAÇON DE RELANCER L’ECONOMIE NATIONALE
L’autre incohérence voire incongruité de la riposte de l’Etat face à Covid-19, c’est l’octroi d’un pont aux travailleurs au moment où le monde entier est préoccupé par la relance des économies. La France envisagerait même de réduire les jours fériés dits chômés et payés qui sont au nombre de 11 dans l’année contre… 15 au Sénégal. Le ministre du Travail, du dialogue social et des organisations professionnelles a rappelé la loi 74- 52 du 4 novembre 1974 modifiée par la loi n°83-54 du 18 février 1983 et la loi n°89-41 du 26 décembre 1989 qui indique que «lorsque une fête religieuse tombe un dimanche, le lundi est déclaré chômé et payé». Ce qui est le cas cette année avec la Korité célébrée avant-hier, par une bonne partie des musulmans du Sénégal. Les bailleurs et autres partenaires publics au développement devraient rire sous cape. Offrir un pont aux Sénégalais dont les heures de travail sont drastiquement réduites et demander en même temps une annulation de la dette de l’Afrique, il y a quand même une grosse incohérence dans la démarche. Surtout pour un pays qui se veut émergent.
«LE MIEUX POUR LE SÉNÉGAL, C’EST DE METTRE FIN À CE COUVRE-FEU»
Le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, estime que l’Etat doit arrêter le couvre-feu instauré dans le cadre de la lutte contre le Covid-19
Le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, estime que l’Etat doit arrêter le couvre-feu instauré dans le cadre de la lutte contre le Covid 19. Il soutient par ailleurs que les moyens doivent être concentrés sur l’achat de masques aux populations des zones rurales et la sensibilisation. Toujours selon Seydi Gassama, l’interdiction de la circulation interurbaine doit être revue et centrée sur les lieux les plus touchés par la pandémie.
Vous avez fait un post en soutenant que le couvre-feu doit être levé. Pourquoi une telle déclaration ?
Si on fait l’analyse de la situation actuelle de l’épidémie au Sénégal, toutes les mesures qui ont été prises par l’Etat récemment, notamment la réouverture prochaine des classes, la levée de l’interdiction d’ouverture des marchés, les lieux de culte et les allègements apportés dans la circulation des transports publics dans la région de Dakar, nous estimons que le couvre-feu, doit être levé.
Les principaux mouvements de population se font pendant le jour. C’est pendant le jour que les marchés sont ouverts. C’est pendant le jour que les populations se déplacent, c’est pendant le jour que les mosquées et les écoles vont être ouvertes. Il y’a très peu de mouvements de population pendant la nuit. Donc, maintenir ce couvre-feu, qui est coûteux du point de vue de sa mise en œuvre, est inopportun.
En plus, depuis sa proclamation, nous avons connu de graves violations aux droits humains. Des policiers et des gendarmes se sont mis en civil, sont allés dans des quartiers pour chasser des gens jusque dans les chambres à coucher. Des vieillards de 70, 80 ans, des femmes enceintes ont été violentés. Si on prend le contre coût du couvre-feu et sa mise en œuvre et toutes les violations des droits humains, je crois que le mieux pour le Sénégal, c’est de mettre fin à ce couvre-feu.
Des pays de la sous-région n’ont pas décrété le couvre-feu. C’est le cas de la Gambie, du Bénin et bien d’autres. Certains qui l’avaient décrété tels que le Mali et la Côte d’Ivoire, l’ont levé. Et le Sénégal ne fait pas mieux que la côte d’Ivoire en termes de lutte contre la pandémie. Nous pensons qu’il faut le lever et que les ressources qui sont consacrées à la prise en charge sur le terrain des forces de défense et de sécurité, soient utilisées dans la sensibilisation communautaire pour aussi, donner aux populations des masques. Malheureusement, quand on sort de Dakar pour aller en milieu rural, malgré le choix des hommes politiques qui distribuent des masques, ces gens n’en n’ont pas encore suffisamment.
Les ressources doivent être orientées vers la production de masques, la sensibilisation en faveur des gestes barrières. Ce sont ces gestes qui vont empêcher la pandémie de se répandre et non pas des mesures qui restreignent les mouvements de populations surtout la nuit où ils sont pratiquement nuls. Si on prend le cas des secteurs qui sont frappés par ce couvre-feu la, comme la restauration, beaucoup de restaurants sont fermés. Ils n’ont pas l’appui de l’Etat.
L’Etat ne parle que des hôtels. Mais, toutes les mamans qui ont des gargotes dans les quartiers, qui font manger des gens qui ont de petites bourses, sont toutes au chômage. Donc, il faut permettre à ces gens qui travaillaient de retrouver leur gagne-pain tout en respectant les mesures barrières. L’autre chose complétement absurde que je voudrai relever, c’est la question des motos Jakarta. On permet aux bus et aux taxis de circuler et on dit aux jeunes qui vivent de cette conduite de motos Jakarta, «vous ne travaillez pas» alors qu’ils n’embarquent qu’une seule personne. On doit leur exiger de porter un masque et que la personne transportée en fasse autant. On ne doit pas les empêcher de travailler et les ignorer en ce qui concerne le soutien apporté aux personnes impactées par cette pandémie. Nous ne disons pas qu’il faut lever le couvre-feu et ne pas permettre au sabar, aux soirées dansantes, les soirées religieuses et concerts nocturnes d’avoir lieu. Il faut lever le couvre-feu en mettant l’interdiction de tous ces évènements qui rassemble beaucoup de monde.
Pourquoi dites-vous que le couvre-feu est coûteux ?
Absolument, ça l’est ! Parce qu’il faut déployer tous ces centaines voire des milliers d’éléments sur le terrain, les faire travailler la nuit. Parfois, il y’a des heures supplémentaires à payer. Ça coute de l’argent de mettre autant d’hommes sur le terrain dans les villes et villages du pays pour assurer un couvre-feu. Ils travaillent la nuit, au-delà des heures réglementaires, même s’ils sont des militaires, ils ont droit au repos. Il faut mettre de l’essence dans les véhicules. Je ne sais pas combien ça coûte, mais la mise en œuvre du couvre-feu est coûteux.
Il y’a aussi l’interdiction de la circulation interurbaine qui est toujours en vigueur qu’est-ce-que vous en pensez ?
Il faut être vraiment être intelligent pour aborder cette question de façon très objective et d’éviter que les mesures qu’on est en train de poser, produisent l’effet inverse. Si on fait une interdiction générale de circuler entre les départements, évidemment, on arrive à une situation où les gens font du trafic. Les gens vont utiliser toute sorte de moyens pour pouvoir bouger. Ils vont parfois corrompre des membres des forces de sécurité pour bouger. Vu que 80% des cas sont entre Dakar, Thiès et Mbour, il faut interdire justement aux personnes de sortir de ces trois départements et dans le reste du pays, permettre aux gens d’aller et de revenir et de vaquer à leurs occupations. Mais, empêcher comme ça, aux gens de bouger dans tout le pays, je pense que c’est intenable.
Par Hermann Boko
MAMADOU NDIAYE, LE SÉNÉGALAIS QUI GUÉRISSAIT ROUBAIX ET AU-DELÀ
L’histoire romanesque de ce chiropracteur à succès durant trois décennies a ressurgi avec la découverte d’un vitrail à son effigie dans un dépôt-vente.
L’histoire romanesque de ce chiropracteur à succès durant trois décennies a ressurgi avec la découverte d’un vitrail à son effigie dans un dépôt-vente.
C’est une pièce hautement symbolique pour les habitants de Roubaix, dans le nord de la France, qu’a acquis, pour 150 euros, le musée local La Piscine, début octobre. Un vitrail de 60 cm de haut sur 45 cm de large à l’effigie de Mamadou Ndiaye, un guérisseur sénégalais disparu en 1985 et dont la renommée s’était étendue jusqu’en Belgique entre les années 1960 et 1980. « Plus que la valeur de l’œuvre, c’est l’histoire de ce personnage romanesque qui nous a intéressés », confie Bruno Gaudichon, le conservateur du musée.
L’œuvre, en parfait état, figure, outre Mamadou Ndiaye en costume cravate, un drapeau du Sénégal et un baobab en arrière-plan. Elle a été trouvée fortuitement dans un dépôt-vente par Germain Hirselj, 34 ans, régisseur de musée et administrateur de la Société des amis de La Piscine. Au bas du vitrail conçu tel un ex-voto, on lit la dédicace suivante, signée la «Marquise» : « Au cher Monsieur Mamadou qui m’a sauvé la vie. » Un vrai hommage à ce chiropracteur non diplômé qui avait l’art de guérir miraculeusement les douleurs des vertèbres. « Je connais vaguement l’histoire de Mamadou. Mais mon père l’a connu et a même eu affaire à lui pour de grosses douleurs dans le dos. Mamadou a été un quelqu’un de très populaire ici », explique Germain Hirselj. C’est Agnès Sinko, une habitante de la commune voisine de Wattrelos, qui a possédé l’œuvre pendant trente-deux ans, avant de l’abandonner à un brocanteur. Elle l’avait achetée, ainsi que trois autres portraits, lors de la vente aux enchères des affaires de Mamadou Ndiaye à la mort de celui-ci. « Il avait soulagé mon mari après un tour de reins. Puis, quelques années plus tard, il a eu une entorse. Les médecins lui ont dit qu’il ne pourrait plus marcher normalement… Et là encore, Mamadou l’a soulagé », a-t-elle confié au quotidien local La Voix du Nord.
L’UN DES TOUT PREMIERS AFRICAINS DELA VILLE
Né en 1909 à Diourbel, au Sénégal, Mamadou Ndiaye s’installe à Roubaix en décembre 1931, au quartier du Pile, après avoir travaillé pendant neuf ans comme moussaillon à bord de navires de la marine marchande. A cette époque, le Sénégal est encore une colonie française et l’immigration est surtout polonaise. « Au moment où Mamadou Ndiaye s’installe à Roubaix, il n’y avait pas encore beaucoup de Noirs. On peut dire qu’il fait partie des premiers Africains de la ville », explique Bruno Gaudichon. Alors âgé de 22 ans, Mamadou Ndiaye apprend très rapidement le français auprès d’un missionnaire à Tourcoing, avant de se convertir à la boxe en suivant des cours au centre régional d’éducation physique à Roubaix. Il fonde dans les années 1950 le Boxing Club colonial de Roubaix.
Dans le même temps, il se découvre un talent de guérisseur et exerce la chiropractie, une pratique manuelle non conventionnelle qui traite les douleurs vertébrales. « D’un geste de la main, Mamadou vous remettait les vertèbres en place », raconte Germain Hirslej. Le bouche-à-oreille faisant son effet, il sera très vite repéré par un grand nombre de patients insatisfaits des soins prescrits par les praticiens reconnus. « Il avait une très bonne connaissance de l’anatomie, sûrement parce qu’il pratiquait la boxe. Et ce qui était surprenant, même les médecins orientaient vers Mamadou Ndiaye quand ils étaient dépassés par les problèmes d’un patient », ajoute Bruno Gaudichon. Mamadou Ndiaye s’installe 22, place Carnot, où il ouvre un cabinet de guérisseur, sans autorisation. Sa réputation grandit. Des patients belges viennent se faire soigner chez lui. « Ma grand-mère, qui habite depuis très longtemps le quartier du Pile, se souvient des nombreux véhicules belges qui se garaient sur la place », confie Germain Hirslej.
EN PLEIN PROCÈS, ILSOIGNELA GREFFIÈRE
Mais son succès suscite l’ire de l’ordre des médecins, qui porte plainte pour exercice illégal de la profession. Mamadou Ndiaye est cité vingt-deux fois en justice. Son dernier procès, en 1967, devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Lille, sera retentissant. Comme le note un article du quotidien local Nord Eclair du 19 avril 1967, près de 300 clients de Mamadou Ndiaye venus « de la Sarthe, de Paris et surtout de Belgique viennent l’encourager ». A la date du procès, le guérisseur a déjà délivré près de 23 000 attestations médicales. Pendant l’audience, les témoignages en sa faveur s’enchaînent. Un médecin affirme avoir conseillé à des patients d’aller chercher l’apaisement chez Mamadou Ndiaye. Un prêtre s’est fait soigner chez lui par quatre fois en quinze ans.
L’accusé lui-même finit de convaincre les juges en guérissant sur place la greffière qui éprouve de terribles douleurs au dos. L’avocat qui assure sa défense, le sénateur André Diligent (qui deviendra en 1983 maire de Roubaix), peut être satisfait : le tribunal le condamne à une peine symbolique de 2 000 francs avec sursis et lui rend son matériel, contrairement aux sanctions prévues par la loi. «C’est assez paradoxal. On lui interdit d’exercer la profession maison lui rend son matériel. C’était une manière implicite de dire : tu peux continuer, mais soit plus discret », pense Bruno Gaudichon. Le guérisseur continuera d’exercer jusqu’à sa disparition, en 1985, à 75 ans. Il aurait délivré en tout 54 000 attestations médicales.
UNE TOMBE ENTRETENUE PAR DES BELGES
Depuis la découverte du vitrail et son annonce dans la presse locale, les souvenirs enfouis ont refait surface. La page Facebook du musée est remplie de témoignages : « Mamadou a guéri mon beau-père vers 1967 à Roubaix. On en parle encore dans la famille », révèle Brigitte ; « Je me souviens qu’il a redressé le pied d’une petite fille en la mettant sur ses épaules », raconte Frania. Au cimetière de la ville, une famille belge a repris la concession funéraire pour entretenir sa tombe, laissée à l’abandon, Mamadou Ndiaye n’ayant pas laissé de descendance malgré son mariage en 1951 avec Alice Viane, une employée de banque qui avait juré de l’épouser s’il parvenait à soulager ses douleurs.
Pour La Piscine – qui, hasard de l’histoire, porte aussi le nom de Musée d’art et d’industrie André-Diligent –, la découverte de cette œuvre ne pouvait pas mieux tomber. Le musée est en pleine extension pour mieux exposer l’histoire contemporaine de Roubaix, jadis fleuron de l’industrie textile. « Nous n’avons pas d’œuvres liées à l’histoire de l’immigration, surtout africaine. Du coup, ce vitrail va à la fois représenter Mamadou Ndiaye et ce principe même de l’immigration à Roubaix », affirme le conservateur. Mais il faudra attendre octobre 2018, date de la fin des travaux du musée, pour que le public ait accès à ce portrait qui recèle encore son lot de mystères : on ne sait toujours pas qui est cette « Marquise » qui l’a offert à Mamadou Ndiaye.
Lu pour vous Hermann Boko (contributeur lemonde afrique)