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23 septembre 2025
Par Abdarahmane Wone
COVID-19 ET LE CONFINEMENT DES POPULATIONS EN AFRIQUE, ET SI ON CHANGEAIT DE SLOGAN
Que faudrait-il dire et comment le dire ? Sachant qu'entre deux mots il faut un troisième, il serait bien de bouleverser le schéma classique de la communication qui veut qu’il y’ait un émetteur et un récepteur.
"Restez chez vous !". Traduit dans différentes langues et déclinaisons, le slogan arboré partout depuis les premières semaines de manifestation du coronavirus, aurait permis de freiner la propagation de la Covid-19. Mais pas que. Il a suscité de nouveaux réflexes et en plusieurs endroits, créé des tensions familiales dans ses pays de naissance et de rigoureuse application. La monnaie de la pièce. Il n’est pas fait état dans nos micros Etats par exemple, de cas de crises dans les ménages, découlant du confinement.
Maintenir la ¨distanciation sociale¨ est encore plus à problème, transférée sous les tropiques. Par distanciation sociale, on nous inviterait à nous éloigner les uns des autres. D’abord dans sa formulation et ensuite son contenu, ce slogan jumeau de l’autre pose question. Comment donc demander à des populations qui abhorrent l’individu pour valoriser la communauté, de subitement ériger des barrières entre les personnes ? Voudrait-on parler d’espace que c’est déjà difficile pour des populations qui partagent tout, se serrent partout, se serrent la main même sans se connaître.
On peut admettre que l’urgence commandait de ne pas perdre plus de temps, alors que le virus faisait déjà des milliers de victimes dans des pays aux moyens plus conséquents pour faire face. En temps de guerre, l'action est souvent privilégiée sur la réflexion. La lutte contre la pandémie CORONAVIRUS n'a pas fait exception. Pressées par la conscience de la dangerosité et des menaces de la Covid-19, nos autorités ont sauté sur des concepts et slogans conçus ailleurs. Chez les premiers impactés et conséquemment les premiers sur le champ de bataille, cela va de soi. Mais avons-nous vraiment réfléchi à leur adaptabilité sous les tropiques, dans nos contrées ? Nous avons eu pourtant, l’occasion de voir venir depuis les premières vagues de morts en Europe, plus proche de nous.
Concepts inadaptés
Si le « Rester chez soi » a eu l’effet attendu en Occident, en invitant les populations à se confiner, il n'est pas dit qu’il a prospéré en Afrique, où pourtant le virus tarde à s’imposer. Mais ceci ne suffit pas à expliquer cela. Nous sommes simplement dans des réalités et contextes sociaux différents. Transmis tel quel, le slogan pourrait être perçu comme discourtois et même asocial, dans une certaine mesure.
La formule « Restez chez vous » met en relief deux entités communicationnelles distinctes : l’émetteur et le récepteur.
En l’espèce, la première entité assène à la deuxième, l'obligation pour elle de ne pas sortir. Dans le contexte africain, demander à son frère, sa sœur, son cousin, sa tante ou ses voisins de s’abstenir de nous fréquenter pourrait être mal pris ou en tout cas mal compris. Car dans notre imaginaire et dans certains milieux encore, dans l’Afrique des profondeurs, nous ne faisons pas de différence entre chez soi et la maison d'un des nôtres. Basées sur des valeurs de cordialité, de solidarité et d’hospitalité, les relations au sein des communautés ne prévoyaient jusque-là pas, que l’on puisse demander à un proche de rester chez lui, donc de ne pas nous déranger. Ce concept devient plus aberrant s'il est prononcé dans nos villages et campagnes où le sens de la communauté reste encore très fort.
Comment le faire ?
Que faudrait-il dire et comment le dire ? Sachant qu'entre deux mots il faut un troisième, il serait bien de bouleverser le schéma classique de la communication qui veut qu’il y’ait un émetteur et un récepteur. Fusionnons-les en nous adressant à nous-même, en étant à la fois les auteurs et destinataires du même message.
Utilisons le « Nous » collectif qui a l’avantage d’être inclusif au lieu du « Vous » exclusif et qui serait ressenti comme un ordre que l’on assène aux autres de ne pas nous fréquenter. Pourquoi dès lors ne pas choisir d’impliquer le donneur d’ordre par une formule plus inclusive : « Restons à la maison » ou une formule similaire.
Tout en continuant de réfléchir ensemble aux meilleurs moyens de communiquer pour barrer la route à la pandémie en ayant à l’esprit l’importance d’humaniser les liens sociaux, disons à toutes et à tous « Restons à la maison » pour nous protéger de la COVID 19 et de son corolaire de malheur.
Abdarahmane Wone
Spécialiste en Communication
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L'ITALIE VEUT RÉGULARISER LA MAIN D’ŒUVRE AGRICOLE AFRICAINE
Le gouvernement va distribuer des permis temporaires de six mois aux migrants qui travaillent dans les champs du sud du pays. Exploités par la mafia, ces migrants, pour la plupart Africains, vivent dans des conditions déplorables
L'Italie veut régulariser des sans-papiers pour tenter de sauver son secteur agricole. Le gouvernement va distribuer des permis temporaires de six mois aux migrants qui travaillent dans les champs du sud du pays. Exploités par la mafia, ces migrants, pour la plupart Africains, vivent dans des conditions déplorables.
C'est un reportage, dans les Pouilles, de notre envoyée spéciale, Valérie Dupont.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE CORTÈGE DE LA RÉSILIENCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si nos partenaires nous ont sommés de ne consacrer que la portion congrue à ce qui garantit la vie tout court, changeons de partenaires. La santé ne doit pas être gérée dans l'improvisation
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 25/05/2020
« Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ». (Michel-Ange)
Insensiblement, l’humanité sort progressivement de l’œil du cyclone créé par la maladie à coronavirus. Les premiers pays touchés brisent le cercle du confinement avec la timidité des pas d’un enfant qui apprend à marcher. Petit à petit, avec la discrétion qui sied à la psychose ambiante, l’on sort de l’ombre. Non pas par esprit de défiance mais, parce qu’au fil du temps et de l’expérience, la pandémie provoque moins d’inconnues dans l’esprit scientifique et moins de frayeur dans l’opinion populaire.
A force de nous fréquenter, nous infligeant les pertes humaines et les ravages multiformes que l’on sait, le Covid-19, même s’il conserve encore ses secrets, s’est fait davantage connaître. L’inventivité de nos scientifiques et autres créateurs va avoir raison de la peur. Des médicaments commencent à être proposés et des annonces de vaccin sont de plus en plus à l’ordre du jour. Qui plus est, les technologies sont mises à contribution pour appuyer le travail des chercheurs et des médecins. Toutes choses qui nous éloignent de la panique du début.
Ce qu’il est encore difficile de nommer décrue, sans être taxé d’optimiste excessif, reste pourtant source d’espoir et l’on voit en pointillé le début de la fin. Sans tapage inutile, la science cerne les contours du mal avec l’apparition de certains remèdes à valider et à diffuser à l’échelle planétaire à la dimension de la pandémie. Des annonces de vaccins sont faites à un rythme régulier estompant la terreur au sein de populations armées des mesures barrières et du masque pour tenir à distance le Covid-19 et même vivre avec lui.
Dans le mental des malades, des guéris et des épargnés, être testé positif n’est plus synonyme de pestiféré. Le dire n’entraine aucune stigmatisation ni culpabilité. Il ne s’agit donc pas, dans l’acception populaire, d’une maladie honteuse, comme le furent d’autres en d’autres temps pas si lointains. Nous sommes donc témoins d’un progrès au niveau de l’approche psychologique du coronavirus.
Peu d’époques, avant la nôtre, auront accueilli tant de douleurs et de malheurs en un laps de temps aussi court, à une échelle aussi large que la planète terre. La grande peste du 14è siècle et la grippe espagnole d’il y a cent deux ans ont eu avec elles la durée et ont frappé une période qui n’avait pas autant d’atouts techniques ni de telles connaissances scientifiques. Cette hécatombe ignorant la région, la religion, le sexe, la richesse, l’extraction sociale ou le pouvoir sonne le glas des égoïsmes nationaux. Elle met en relief, par le tragique et l’épreuve, la nécessaire solidarité que l’on considérait, jusqu’à récemment, comme un concept manipulé par des pauvres tendant une sébile où l’on déversait aides, subventions compassion ainsi que mépris et condescendance.
Tout voir et faire autrement
En raison de cette décrue, légère il est vrai mais encourageante, il faut se préparer à rejoindre le cortège de la résilience en voie de constitution pour vivre l’après-pandémie et affronter le temps d’après. Pour dure qu’elle soit, la crise actuelle ne saurait nous faire oublier que l’avenir s’écrit aujourd’hui dans cette douleur sans nom qui s’est imposée à nous au cours des six derniers mois.
Le temps d’après, c’est celui où la résilience se substitue à la résignation. C’est le résultat de notre manière de supporter les contraintes d’hier en nous préparant à les dominer pour mieux les adapter à la vie de demain. Nous devons nous armer du passé pour affronter l’avenir. Il s’impose à nous de tout voir et de tout faire autrement, comme nous l’avons prouvé dans l’épreuve. Il y aura désormais, dans notre façon d’être et de nous conduire, un avant et un après Covid-19.
L’avantage d’une crise est d’offrir la possibilité de réorienter ses conceptions et ses acceptions de la vie après le choc. La vie sociale, politique, culturelle et économique doit être abordée différemment aussi bien au niveau individuel qu’au plan collectif. Cela dit, il faudra une période de transition vers une nouvelle façon de vivre. Il s’agit du moment de la rupture psychologique et sanitaire avec le virus que nous soupçonnons encore d’être niché derrière le mal de tête le plus anodin ou la plus petite quinte de toux.
Le bouleversement des habitudes a développé des réflexes de résilience et nous a prémunis de l’effondrement humain tant redouté. Cette flexibilité nous a aidés à vivre avec le virus tout en essayant d’en percer les mystères et les faiblesses. Il faut se persuader que le passage au temps d’après obéit à des étapes plus longues et même plus contraignantes que l’adoption des mesures barrières et l’instauration des restrictions administratives. C’est un combat au long cours. Il faut s’y résoudre.
La fin d’une sédentarisation longue et forcée approche, même si c’est à pas feutrés. Elle annonce aussi le début des comptes du confinement et plus généralement de la pandémie. Le premier solde positif est la préservation des vies humaines. Notre savoir a plié mais n’a pas rompu. On mesure à cette prouesse l’hommage dû à ceux que le Covid-19 a emportés comme agneaux sacrificiels pour que l’espèce humaine ne sombrât pas entièrement et pût demeurer éternelle. En plus de l’énorme coût humain, il y aura aussi les frais économiques, financiers, sociaux, culturels, cultuels, psychologiques et autres entrainés par la maladie. Les principales activités de production qui huilent notre quotidien, nos pratiques plusieurs fois centenaires ainsi que les structures génératrices de revenus ont été mises à l’arrêt.
Nous, citoyens modernes du 21è siècle, avions tendance à prendre les fusées et les satellites comme des instruments domestiques. Au même titre, la santé, les congés payés, la liberté d’aller et de venir, les voitures, les trains et les avions étaient considérés comme des acquis indéboulonnables de notre vie au jour le jour. Le Covid-19 nous a administré la preuve du contraire.
Face à la nouvelle réalité, il faut de nouveaux comportements avec l’adaptation de nos réactions et des mesures futures à la familiarisation que nous avons de la pandémie. C’est sur cette base que la résilience sera collée au réel au lieu de ne représenter qu’un catalogue de vœux pieux et de résolutions utopiques. Il ne faut pas se faire d’illusion, monter dans le cortège de la résilience n’est pas renouer immédiatement avec la vie d’avant. Faut-il d’ailleurs renouer avec la vie d’avant ? Nous avons découvert, à défaut de les avoir inventées, de nouvelles façons de vivre et de faire qu’il faut considérer avec intérêt pour vivre autrement et surtout mieux.
Urgences sanitaires et préoccupations économiques
Dans le temps d’après, il nous faudra aussi apprendre un nouvel environnement professionnel, un nouvel espace de loisirs, donc une nouvelle manière de nous regrouper et d’être ensemble et surtout de ne pas être ensemble avec le masque qui fera encore longtemps partie des éléments de notre uniforme ou devenir un supplément vestimentaire comme le manteau en hiver ou l’imperméable pour protéger de la pluie.
La résilience est l’ambition de faire coïncider les nobles urgences sanitaires avec les légitimes préoccupations économiques. Elles sont intimement liées et ne doivent pas nous imposer le dilemme cornélien consistant à devoir choisir entre l’être et l’avoir. La santé sans soutien financier est précarité. La richesse sans santé est stérilité. C’est cette conviction qui guide les défenseurs du déconfinement actuellement en cours avec le tact et la prudence qu’impose un monde en devenir.
La résilience suppose le renversement de la place secondaire accordée à la santé qui, pourtant, passe avant la vie économique, la vie sociale et même la vie politique comme on l’a vu dans certaines grandes démocraties qui ont bousculé leur calendrier républicain et même accepté des compromis idéologiques pour s’ajuster à la crise.
Longtemps négligé, le secteur sanitaire nous rattrape en imposant son importance. Il nous contraint à distraire tous les fonds qui lui avaient été refusés dans les arbitrages budgétaires au profit de l’acquisition de masques et de respirateurs ainsi que de matériels destinés à stopper la propagation de la pandémie. Une vision politique lucide eût évité ce qui ressemble fort à un colmatage de brèches trahissant une improvisation et un sauve-qui peut dans la gouvernance.
Si nos partenaires nous ont sommés de ne consacrer que la portion congrue à ce qui garantit la vie tout court, changeons de partenaires. Leurs fourches caudines sont à rebours de notre besoin de survie et de vie. La course contre la montre engagée au niveau mondial pour l’obtention de masques et l’achat de respirateurs a situé le niveau d’indigence d’un secteur aussi vital que tout nous impose de réhabiliter. Quelle ironie que de voir l’importance unique de la vie au moment d’être au bord de la mort !
Priorité à la vie tout court
La grande leçon face au Covid-19, c’est l’instinct grégaire qui a donné la priorité à la vie tout court. Elle s’est imposée et a, en même temps, mis à nu notre insouciance d’hier dans la protection de cette même vie. Des centres de santé à l’abandon, des hôpitaux-mouroirs mal pourvus en ressources techniques, humaines et financières. Des structures insalubres d’où les patients venus espérer la guérison ressortent avec de nouvelles maladies.
Répétons-le. Le Covid-19 ne nous aura pas entièrement vaincus si, à l’heure d’embarquer dans le cortège de la résilience, il permet de revoir à leur juste valeur les budgets squelettiques de santé que nous tentons de renflouer par des appels pathétiques aux contributions volontaires et à l’aide internationale. Cet élan désespéré montre que nous avions oublié d’assurer notre bien-être physique, moral et mental. La santé ne doit pas être vue comme une urgence permanente ni comme un secteur à gérer dans l’improvisation et la précipitation, comme l’a fait notre monde. Même avec le prétexte fallacieux de l’irruption de l’imprévu que des dirigeants visionnaires auraient dû prévoir.
Ne nous trompons pas de bataille. Les rituels de la vie quotidienne ne vont pas revenir immédiatement et il faut se garder de considérer le temps d’après juste comme la fin d’une douloureuse parenthèse favorisant le retour au laxisme à cause duquel notre vigilance a été prise en défaut avec l’explosion mondiale de la pandémie.
Au-delà de la victoire contre une pandémie, le combat contre le Covid doit aller plus loin et avoir comme finalité de nous aider à inventer une autre manière de voir notre monde et notre mode de fonctionnement. Ce n’est pas de l’angélisme.
La remise en cause qu’a subie notre planète autorise l’amorce d’un nouveau départ. L’humilité retrouvée peut devenir salutaire si elle nous ouvre les yeux sur la hiérarchie à établir entre nos priorités. La crise actuelle ne doit pas obstruer les chemins de l’avenir. Hier doit donner naissance à des lendemains meilleurs. Comme l’a dit le génie florentin Michel-Ange : « Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ».
LA RÉÉLECTION ATTENDUE DU PRÉSIDENT DE LA BAD FRAGILISÉE PAR WASHINGTON
"si les Etats-Unis désavouent Adesina, la crédibilité et la réputation de la BAD auprès des investisseurs internationaux sont remises en cause. On ne peut pas gagner un bras de fer contre les Etats-Unis", estime un économiste ivoirien
Coup de tonnerre dans "l'affaire Adesina": les Etats-Unis ont demandé une enquête indépendante au sujet d'accusations de prévarication contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), une initiative qui remet en cause sa réélection en août pour un nouveau mandat.
Dans une lettre cinglante à l'institution panafricaine de développement, obtenue par l'AFP lundi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin fait part de ses "sérieuses réserves" au sujet de la décision de la BAD de blanchir son président nigérian, Akinwumi Adesina, des graves accusations portées contre lui par des "lanceurs d'alerte" : "comportement contraire à l'éthique, enrichissement personnel et favoritisme", entre autres.
Alors que le comité d'éthique de la BAD avait très rapidement disculpé M. Adesina - en fonction depuis 2015 -, Steven Mnuchin demande "une enquête approfondie sur ces allégations par un enquêteur extérieur indépendant", dans son courrier daté du 22 mai, adressé à la présidente du bureau du conseil des gouverneurs de la BAD, la ministre ivoirienne du Plan et du développement Kaba Nialé.
"Considérant l'étendue, la gravité et la précision des allégations contre le seul candidat au leadership de la Banque pour les cinq prochaines années, nous pensons qu'une enquête plus approfondie est nécessaire pour que le président de la BAD bénéficie du soutien et de la confiance complets des actionnaires", insiste le secrétaire américain au Trésor.
La BAD n'a pas réagi dans l'immédiat.
"Avec cette lettre, les Etats-Unis actent leur volonté de faire partir Adesina", seul candidat pour un nouveau mandat de cinq ans, analyse un économiste ivoirien.
Ancien ministre de l'Agriculture du Nigeria, Adesina, spécialiste du développement, avait pourtant reçu le soutien de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour sa réélection à la tête de la BAD, une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde.
La BAD compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d'Europe, d'Amérique et d'Asie), le premier étant le Nigeria. Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière.
Mais "si les Etats-Unis désavouent Adesina, la crédibilité et la réputation de la BAD auprès des investisseurs internationaux sont remises en cause. On ne peut pas gagner un bras de fer contre les Etats-Unis", estime cet économiste.
- "trop de pouvoir" -
L'affaire aux allures de feuilleton a commencé en janvier, mais n'a été dévoilée publiquement qu'en avril.
Un groupe de "lanceurs d'alerte" anonymes se présentant comme des "employés préoccupés de la BAD" dressent alors un véritable réquisitoire contre leur président dans un document d'une quinzaine de pages détaillant de multiples accusations contre M. Adesina, premier Nigérian à diriger l'institution.
Ils lui reprochent son favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d'avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraudes ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
M. Adesina réfute en bloc ces accusations. Un mois plus tard, la BAD lui donne raison. Affirmant "avoir procédé à un examen point par point de toutes les allégations contenues dans la plainte" des lanceurs d'alerte, le Comité d'éthique de la Banque conclut qu'elle "ne reposent sur aucun fait objectif et solide".
Les lanceurs d'alerte réclament alors une enquête indépendante. Jusqu'à ce que Washington leur emboîte le pas.
Personnage charismatique, doué d'un excellent sens de la communication, Akinwumi Adesina, 60 ans, a fait connaître la BAD sur les marchés internationaux, permettant d'attirer des capitaux pour le développement de l'Afrique.
La BAD a ainsi réalisé en octobre 2019 une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars, considérée comme un succès personnel pour son président.
En avril, réagissant promptement à l'épidémie de coronavirus, la BAD a annoncé la création d'un fonds de 10 milliards de dollars pour aider les pays africains.
"Mais dans sa façon de gérer la Banque, Adesina s'est fait aussi beaucoup d'ennemis", relève l'économiste ivoirien.
"Le président a trop de pouvoir. Il nomme qui il veut. Trop de cadres sont partis depuis cinq ans", confie un cadre de la BAD sous couvert d'anonymat, en ajoutant: "Il faut une réforme profonde pour diminuer son pouvoir".
"PERSONNE NE VIENDRA CHANGER CE CONTINENT À NOTRE PLACE"
L'artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly évoque sa vision de l'Afrique post-crise Covid-19
Le Point Afrique |
Malick Diawara et Viviane Forson |
Publication 25/05/2020
#JeSuisWAN. Figure artistique majeure africaine, Tiken Jah Fakoly n'a pas hésité un seul moment à être partie prenante du projet WAN (Worldwide Afro Network).
Journée mondiale de l'Afrique, le 25 mai a été choisi pour commémorer la fondation de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) en 1963 devenue en 2002 à Syrte, en Libye, l'Union africaine. À cette occasion, les artistes et la société civile du continent africain et de sa diaspora se sont mobilisés autour du projet WAN (Worldwide Afro Network)* avec comme objectif de sensibiliser les populations aux risques d'infection, d'engager une réflexion collective sur l'Afrique et de donner une visibilité aux acteurs de la construction post-crise Covid-19 du continent. À cette occasion, plusieurs artistes africains de renom ont accepté, sous l'impulsion de l'animateur, journaliste et producteur camerounais Amobé Mévégué bien connu des auditeurs de Radio France Internationale (Plein Sud) et des téléspectateurs de Canal France Internationale (Africa Musica), de MCM Africa, de TV5 Monde (Acoustic, Africanités), de France 24 (Journal de la culture musique) et de la chaîne panafricaine Ubiznews, une centaine d'artistes africains et le parrainage de Youssou Ndour, de participer à ce show panafricain. Ils ont pour nom Angélique Kidjo, Fally Ipupa et bien d'autres auxquels s'est jointe la chanteuse du groupe Kassav Jocelyne Béroard. Tête d'affiche de cette grande scène virtuelle, Tiken Jah Fakoly a accepté de répondre au Point Afrique à propos de cette manifestation et de sa vision de l'Afrique post-crise Covid-19.
Le Point Afrique : quelles réflexions vous suggère la survenue de cette pandémie du Covid-19 ?
Tiken Jah Fakoly : Tout le monde pensait que cette maladie allait ravager l'Afrique. Bien sûr, tous les Africains n'ont pas pris conscience du danger de la maladie, mais on a vu que les gouvernements ont commencé à s'organiser très tôt et que les gens ont suivi le mouvement pour faire passer les messages. Ces dispositions ont été respectées en partie. Je dis en partie parce qu'il faut savoir que beaucoup d'Africains ne croient pas en l'existence de cette maladie, encore aujourd'hui. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on a tous observé la réactivité des dirigeants dès les premiers cas. Ils ont pris des dispositions au niveau de la prévention.
Maintenant la grande question, c'est de savoir pourquoi cette maladie ne s'est pas propagée en Afrique comme ailleurs ? Tout le monde cherche la réponse à cette énigme. Pour ma part, je dirai qu'il y a peut-être une résistance des Africains du fait de médicaments pris contre le paludisme ou bien d'autres maladies. Par ailleurs, on ne peut pas dire que c'est parce que nous sommes des Noirs. Nos frères africains-américains paient le prix fort aux États-Unis et même en Amérique latine. Il y a peut-être aussi la grande chaleur qui a empêché le virus de se propager. Il ne faut pas aussi oublier que nous avons une population qui est très très jeune. Dans les mois à venir, les scientifiques auront certainement des réponses à nous apporter.
Qu'est-ce qui vous a motivé à participer à cet événement autour du #IamWAN ?
J'ai accepté de participer à cette initiative parce qu'il s'agit d'un projet fait par des Africains pour les Africains. Vous savez à chaque fois que l'Afrique a un problème, ce sont les autres qui viennent proposer des solutions. Cette fois, c'est différent. J'ai adhéré tout de suite à ce projet parce que, dans les coulisses, Amobé Mévégué et Mory Touré, ainsi que leurs équipes, font un travail très encourageant. Je me suis engagé pour en faire ma partie. J'ai préparé un morceau en acoustique. C'est aux Africains de sensibiliser les Africains. En tant que panafricaniste, j'en suis convaincu. Je ne pouvais pas manquer ce rendez-vous-là.
Sinon, il y a aussi que nous les artistes avons la chance que nos voix soient écoutées, parfois bien plus que celles des politiques. Modestement, je pense être l'une des voix les plus écoutées sur le continent. C'était donc super important que je me mette au service de cette cause parce que sensibiliser les autres, c'était et c'est toujours me protéger moi-même. Parce que si les autres sont contaminés, je risque de me contaminer. En plus des gestes barrières, il me fallait mettre ma voix au service de cette cause. Dès l'annonce des premiers cas sur le continent africain, j'ai commencé à penser à faire une chanson. Le refrain est venu, puis les couplets aussi. Alors, je suis allé en studio pour enregistrer.
L'organisation mondiale a-t-elle étudié ce remède avant de le critiquer ? Michel Yao, responsable des opérations d'urgence pour le bureau Afrique de l'OMS, donne des éléments de réponse
Le président malgache a présenté le Covid-Organics pour traiter les personnes touchées par la Covid-19. Ce remède est à base d'artémisia. L’OMS a mis en doute son efficacité. Que reproche l’OMS à ce remède ? L’OMS a-t-elle étudié ce remède avant de le critiquer ?
Michel Yao, responsable des opérations d'urgence pour le bureau Afrique de l'OMS, répondait aux questions des auditeurs de l’émission « Appels sur l’actualité » présentée par Juan Gomez.
APRES LE DÉNI DU RAPPORT DE L’IGE, MAINTENANT LES DÉCRETS CLANDESTINS
Le CRD saisit la justice pour faire annuler le Décret N°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du CESE - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD), daté du 25 mai 2020, revenant sur la polémique liée au décret qui accorde un statut de Président honoraire à un ancien patron du CESE.
« Recours en annulation pure et simple du Décret N°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE).
Le numéro spécial 7307 du Journal Officiel, en date du mercredi 29 avril 2020, publie, aux pages 899 et 900, le Décret n°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE).
En dépit des arguties du soldat en service commandé dans un journal en ligne, en date du 24 mai 2020, le Décret n°2020-976 contrevient, sur plusieurs points, à la législation sénégalaise. C’est la raison pour laquelle, le Congrès de la Renaissance Démocratique a décidé de saisir la Justice pour le faire annuler. Dans ce sens, un pôle d’avocats est déjà constitué et il va saisir la Justice dans les tous prochains jours.
Le CRD trouve scandaleux, dans le contexte de lutte contre la Covid-19 marqué par des pertes d’emplois et, subséquemment, de revenus pour des milliers de sénégalais, que le président de la République, non content d’avoir abandonné le peuple face au virus, puisse consacrer son temps avec une légèreté et une insouciance déconcertantes à jouer au ludo et à organiser la bamboula pour ses partisans, allant jusqu’à « honorer » des politiciens déjà bénéficiaires d’innombrables avantages de la part de l’Etat.
Cette autre forfaiture confirme que ce président est très loin des préoccupations des braves sénégalaises et sénégalais qui éprouvent, particulièrement de nombreuses difficultés, aujourd’hui aggravées, pour accéder aux services essentiels (structures de santé insuffisantes et pas suffisamment équipées, plus de 6 500 abris provisoires tenant lieux de classes et plus d’un million d’enfants hors du système scolaire, pénuries récurrentes d’eau dans plusieurs quartiers de la capitale, etc.).
Le CRD condamne, jusqu’à la dernière énergie, les propos infâmants et diffamatoires tenus par le fou du Roi à l’endroit du Premier ministre Abdoul Mbaye. Cet énergumène peut beau travestir la vérité, il ne peut effacer les motivations profondes à la base de ce décret que leurs auteurs ont cherché à cacher, dont la publication immédiate a été réclamée en même temps que le communiqué mensonger de la Présidence pour gêner la rédaction d’une autre rédaction « corrigée », et qui n’est toujours pas publié.
Sa version «corrigée» diffusée ce jour de Korité prouve, si besoin en était, la marque de fabrique des dirigeants actuels complètement déconnectés des réalités du pays : la manipulation permanente. Il est grave et préoccupant qu’un Décret soit pris pour accommoder des personnes en leur évitant de passer par une recommandation des instances du CESE pour obtenir le statut de Président d’honneur de l’institution qui déjà ne servait à rien tout. La rémunération de l’honorariat au CESE va également profiter, fort opportunément à M. Famara Ibrahima Sagna, un autre Président honoraire du CES auquel le « Dialogue national » est confié. Aminata Tall et Famara Ibrahima Sagna donc, les deux pour si généreuse et gracieuse sinécure à vie, pour quelle raison et pour quelle légitimité ?
Faut-il rappeler au président de la République que l’honorariat est une reconnaissance professionnelle par les pairs, mieux placés pour apprécier les qualités et l’apport d’un ancien collègue (ou d’un ex-dirigeant) qui vient de quitter une structure ou une profession.
En s’arrogeant le droit d’en distribuer comme il veut et à qui il veut, cela signifie simplement qu’il ne comprend aucunement les bases d’un management public sain, vertueux et efficace. En agissant ainsi, il ne fait que consolider la République des passe-droits qu’il a déjà consacrée. Ce qui est une honte pour le Sénégal qui ne mérite pas tous ces manquements, devenus quotidiens, aux lois, à l’éthique et à la morale. »
MOUSSA FAKI MAHAMAT MILITE POUR UNE ’’VÉRITABLE RENAISSANCE AFRICAINE’’
Le président de la Commission de l’Union africaine estime qu‘’une entreprise intellectuelle, morale et politique’’ est indispensable pour ’’une véritable renaissance’’ du continent 57 ans après la création de l’OUA devenue Union africaine en 2002.
Dakar, 25 mai (APS) – Le président de la Commission de l’Union africaine estime qu‘’une entreprise intellectuelle, morale et politique’’ est indispensable pour ’’une véritable renaissance’’ du continent 57 ans après la création de l’OUA devenue Union africaine en 2002.
Le 25 mai est consacrée Journée internationale de l’Afrique, pour commémorer le congrès fondateur de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA).
Le congrès au cours duquel a été fondée l’OUA a eu lieu en 1963 à Addis-Abeba, en Ethiopie, sous le parrainage de Haïlé Sélassié, alors empereur de ce pays. L’OUA regroupait à l’époque 32 Etats africains indépendants.
‘’Il n’y a pas plus honorable célébration de la journée de l’Afrique que d’engager cette entreprise intellectuelle, morale et politique, indispensable pour une véritable renaissance de notre cher Continent’’, a dit le président de la Commission de l’Union africaine.
Pour Moussa Faki Mahamat, ‘’cette date, considérée comme la journée mondiale de l’Afrique, est, comme toutes les fêtes d’envergure, un moment de joie, de fierté mais aussi de recueillement et de méditation’’.
57 ans après l’acte fondateur, l’Afrique s’est affranchie de la présence coloniale et de l’apartheid, amorçant son unité politique et de grands progrès économiques, sociaux et culturels. ’’De tels progrès ne sauraient occulter les insuffisances et les retards parfois patents’’, note le Tchadien dans sa déclaration.
’’De nombreuses questions nous assaillent toujours, non sans angoisse. L’Afrique est-elle devenue ce continent de liberté, de paix, de prospérité et de réussite dont les pères fondateurs avaient rêvé ? Les Africains sont-ils plus unis, plus solidaires et plus épanouis ? L’Afrique a-t-elle conquis la place à la mesure de son immense potentiel et de ses ambitions légitimes, sur la scène internationale ?’’, s’interroge t-il.
Selon lui, ‘’le bilan d’un demi-siècle d’indépendance et de liberté du Continent laisse dubitatif’’.
Il relève qu’en dépit d’un potentiel économique considérable, d’un capital humain riche, jeune et dynamique, ‘’la majorité des Etats africains peinent à assurer le bien-être de leurs populations’’.
‘’Des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé et la sécurité dépendent en grande partie de l’aide extérieure’’, note t-il, ajoutant que ‘’le communautarisme et le tribalisme se sont davantage cristallisés à la faveur d’un multipartisme et des principes démocratiques parfois dévoyés’’.
Le président de la Commission peint un tableau marqué par ‘’des crises ouvertes, générées par le terrorisme et des conflits interethniques ou interconfessionnels aux crises post- électorales, l’Afrique offre toujours, ici ou là, des scènes de violences, de fragilités et d’incertitudes du lendemain’’.
Il s’est dit ‘’profondément meurtri par le spectacle qu’offre en ce moment l’un des membres fondateurs de l’OUA et principal initiateur et artisan de l’Union africaine, la Libye’’.
En dépit de ‘’ce décor mitigé’’, des lueurs d’espoir transparaissent tout de mêmes, selon Moussa Faki Mahamat, estimant que ‘’la volonté de vaincre la fatalité est grande et les moyens de briser le cercle de la dépendance et de la pauvreté sont significatifs’’.
Selon lui, ‘’des évolutions positives, des dynamiques nouvelles, des volontés farouches, des réussites spectaculaires ne cessent de s’affirmer et de baliser les chemins du futur’’. Il a notamment salué la construction des organisations régionales se construisent, l’avènement de la Zone de libre-échange continentale(ZLECA).
Parlant de la pandémie du Coronavirus, le président de la Commission note que l’Afrique, ‘’à la grande surprise de ceux qui l’on toujours peu considérée, s’est mobilisée aux premières heures du déclenchement de la pandémie’’.
Il invite cependant à ‘’redoubler d’efforts, de détermination et de persévérance dans l’application stricte des piliers de cette stratégie’’. Il estime qu’il ‘’nous faut aller au-delà de la conjoncture, en nous préparant aux conditions du monde post pandémie’’.
Moussa Faki Mahamat souligne que ‘’dans un monde où le multilatéralisme est soumis à rude épreuve, l’Afrique doit cesser d’attendre son salut des autres’’.
’’L’Afrique ne peut plus se complaire dans ce rôle d’éternel réservoir pour les uns, de dépotoir pour les autres’’, dit-il.
L’Afrique ‘’est instamment interpelée pour tracer sa propre voie’’, selon le président de la Commission, ajoutant que ‘’sa dépendance et son insécurité alimentaires sont inadmissibles et intolérables ; de même qu’il en est de l’état de ses infrastructures routières, portuaires, sanitaires et éducatives’’.
Il a souligné l’importance de décider en toute lucidité et courageusement, d’une approche innovante, plus introvertie qu’extravertie. ’’Vivons de ce que nous avons, par ce que nous avons ; vivons aux dimensions de ce que nous avons !’’, a-t-il indiqué.
Le diplomate tchadien estime qu’en s’engageant dans cette voie, les dirigeants du continent ‘’seront plus proches’’ de leurs citoyens, les Etats nationaux ‘’plus forts’’.
‘’Ce mouvement d’introversion et d’appui sur nos propres forces, je le vois comme un catalyseur d’une nouvelle renaissance de nos Etats nationaux. C’est dans l’épreuve que les Nations et les Etats se construisent vraiment’’, soutient le Tchadien.
Selon lui, ‘’la grande question que nous rappelle cette pandémie de Covid 19, avec une voix assommante, est cette impérieuse nécessité de rompre cette dépendance de l’extérieur par le double impératif de vivre de nos propres ressources et de nous orienter hardiment vers la voix de notre propre industrialisation’’.
Il rappelle que ‘’des ensembles moins nantis’’ que l’Afrique ‘’l’ont réussi dans des temps record’’.
Dans sa déclaration, le président de la Commission ‘’invite avec empressement les femmes, la jeunesse, les intellectuels, les académiciens, les universitaires les hommes politiques, les hommes d’affaires et les vaillants militants de la société civile à engager une réflexion féconde et active sur cette question centrale pour notre survie matérielle, notre indépendance, notre liberté et notre dignité’’.
‘’La seule façon de contenir Covid 19 et ses conséquences désastreuses, d’assurer notre suffisance alimentaire, de créer des millions d’emplois, de sauver les centaines de millions de nos citoyens aujourd’hui gravement exposés aux pandémies et aux aléas de toutes sortes, est celle d’un vrai sursaut solidaire pour une réelle résilience africaine forte et durable’’, écrit-il.
83 NOUVELLES CONTAMINATIONS RAPPORTÉES CE LUNDI
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce lundi, 83 nouvelles contaminations au Covid-19 et 59 guérisons.
Dakar, 25 mai (APS) – Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce lundi, 83 nouvelles contaminations au Covid-19 et 59 guérisons.
Sur 1091 test effectués, 83 sont revenus positifs au Covid-10, soit un taux de positivité de 7,6%, a indiqué le porte-parole du ministère.
Lors du point de presse quotidien sur la situation de la pandémie, Docteur Aloyse Waly Diouf a précisé que 79 des nouvelles contaminations étaient issues des cas contacts suivis tandis que 4 provenaient de la transmission communautaire.
59 patients ont été déclarés guéris, selon le porte-parole du ministère, ajoutant que l’état de santé des autres patients est stable.
Quinze cas graves sont en observation dans les services de réanimation, a indiqué Docteur Aloyse Waly Diouf.
A ce jour, le Sénégal a dénombré 3130 cas de Covid-19 dont 1515 guéris, 35 décès et 1579 patients sous traitement.
PAR Bakary Sambe
MACKY SALL VEUT S'ÉVITER UNE ISLAMISATION DES CONTESTATIONS À VENIR
Au Sénégal, la gestion du religieux est faite de fuites en avant en différant les questions « sensibles ». Le manque de courage politique et des calculs électoralistes sont à l’œuvre, alors qu’il s’agit d’un enjeu vital pour le pays
Le Monde Afrique |
Bakary Sambe |
Publication 25/05/2020
Faut-il y voir une simple contradiction ou l’illustration d’une tendance de fond ? Alors que l’Etat sénégalais, sous pression, a « autorisé » la réouverture des mosquées au public en pleine pandémie de coronavirus, pour l’Aïd el-Fitr, le président Macky Sall est resté prier dans sa résidence de Mermoz, en contradiction avec la « tradition républicaine ».
En réalité, le Sénégal vit pleinement le paradoxe des Etats laïcs devant gouverner le religieux sans autorité de régulation du culte acceptée de toutes les communautés. Le schéma d’une « exception sénégalaise » dans ce domaine a bien changé. L’analyse des discours depuis plus d’une décennie montre qu’il faudra désormais déplacer le curseur de l’islam politique au Sénégal.
Le salafisme wahhabite n’a pas le monopole de l’extrémisme et se montre, même parfois, plus empreint de « modernité » et d’ouverture sur beaucoup de questions comme l’illustre leur position plus conciliante sur la fermeture des mosquées, admise en tant que mesure d’hygiène. Même les autorités s’inscrivent dans la logique de collaboration avec ces mouvances « réformistes » pour leur contrôle ou comme contrepoids aux forces confrériques.
« Consensus mous »
L’autre particularité du Sénégal est que la gestion du religieux est faite de fuites en avant en différant les questions « sensibles ». Chaque régime laisse au suivant la patate chaude religieuse : délimitation du statut et des prérogatives des religieux, réforme de l’enseignement. Le manque de courage politique et des calculs électoralistes sont à l’œuvre, alors qu’il s’agit d’un enjeu vital pour l’avenir du Sénégal.
Ainsi, les mêmes problèmes structurels – liés au statut des écoles coraniques et à la mendicité des enfants ou au conflit entre parents d’élèves musulmans et écoles catholiques sur le port du voile – vont ressurgir à tout moment après des solutions conjoncturelles et politiciennes.
Dès le début de la pandémie, le politique a esquivé le débat en l’abandonnant à des théologiens peu au fait de l’évolution du débat global sur le religieux. Dans ses discours successifs, Macky Sall a joué sur les nuances d’une langue, le français, que la majorité de la population ne comprend pas, à la recherche de « consensus mous ». Une manière d’éviter une prise de position exposant l’autorité centrale.
Pour fermer les mosquées, le président de la République s’est réfugié derrière des décisions administratives. Pour les rouvrir, il s’est mis au-devant de la scène, engrangeant le bénéfice politique. Pour comprendre les dessous d’une telle politique il faut s’arrêter sur trois faits intéressants à analyser.
Cacophonie autour des mosquées
Primo : avec l’assouplissement des mesures préventives, Macky Sall veut s’éviter une islamisation des inévitables contestations à venir, surtout sur le plan socio-économique et politique. Il a dû sentir monter une tension dans laquelle il y avait une convergence de vue de divers acteurs et organisations de la société civile, activistes religieux et porteurs de revendications corporatistes.
Connu pour ne jamais faire face à deux fronts en même temps, Macky Sall, l’ingénieur, disséqua les problèmes : calmer, d’abord, le front religieux dénonçant la fermeture des mosquées et assouplir, ensuite, le couvre-feu pour soulager le monde économique.
Deusio : par un dialogue aux apparences inclusives, Macky Sall a réussi à scinder le champ islamique en se servant de sa multiplicité et de ses divisions. Il s’est occupé des khalifes des confréries, tandis que son ministre de l’intérieur a pris langue avec les autres acteurs, représentants des confréries, réformistes et mouvances salafistes. La cacophonie autour de la réouverture des mosquées a fait le reste du travail politique, offrant en spectacle une scène islamique sénégalaise jamais autant divisée.
En même temps, l’Etat implique des acteurs islamiques devenus collaborateurs agréés pour la sensibilisation sur les mesures hygiéniques. Un acteur très averti des dynamiques politico-religieuses confie : « Quand les forces religieuses sont divisées, c’est en général, la République qui gagne. »
Un éventuel « front islamique »
En plus de désamorcer un éventuel « front islamique » ou pouvant islamiser les contestations, cela a permis de le réduire à plusieurs groupuscules devenus rivaux. Les surenchères interconfrériques montent sur l’ouverture ou non des mosquées ou la tenue des prières dans une atmosphère inespérée de discorde politiquement « utile ». Dans son management des forces religieuses, l’Etat s’est toujours servi des acteurs islamiques « à la carte ».
Tertio : l’Etat a réussi à garder intacts les rapports traditionnels avec les confréries et leur leadership en vue de leur intercession future en cas de tensions, de troubles ou de conflits sociaux. Et nous revoilà en plein cœur de ce « contrat social sénégalais » qui a jusqu’ici fonctionné à merveille. Sauf qu’il faudra être prudent sur l’avenir. Les accointances répétitives avec le pouvoir politique ont dû peser sur la crédibilité du discours confrérique auprès de différentes franges de la population.
L’expérience des quinze dernières années a montré le caractère non déterminant du soutien politique des confréries lors des différentes échéances électorales. Abdoulaye Wade fut élu en 2000, alors qu’Abdou Diouf bénéficiait du soutien de la majorité des marabouts. Macky Sall est arrivé au pouvoir dans un contexte où Abdoulaye Wade a été soutenu comme jamais un homme politique par les confréries.
Le président Sall, en 2019, a été fortement réélu en perdant dans des villes symboliques sur le plan confrérique et religieux. De plus, il y a une diversification poussée de l’offre sur le marché religieux sénégalais où l’islam local est rudement mis à l’épreuve par la mondialisation du croire et une démocratisation émancipatrice de l’accès au savoir religieux. Les disciples citoyens ont, depuis, intégré, une « nouvelle conscience » confrérique, dissociant l’allégeance spirituelle de l’engagement politique.
Au-delà de la gestion conjoncturelle des crises, il va falloir, un jour, affronter la gouvernance du religieux au Sénégal comme ailleurs dans la région. D’importantes questions restent entières. Pour l’heure, l’approche et la vision utilitariste similaires à celles du Bureau des affaires musulmanes au temps de la colonisation dominent la pratique des régimes successifs. Différer éternellement les problèmes ne les résout pas et les fait encore moins disparaître.
Gouverner, en dehors de prévoir, c’est aussi prendre des risques politiques et assumer des responsabilités. Les « consensus mous » ne sont jamais durables, rien que par l’évolution des acteurs et de leurs intérêts. Ceux « supérieurs » doivent guider la conduite des affaires d’un pays, au-delà des logiques de conservation ou de consolidation du pouvoir. Le vrai réalisme est celui qui fait prendre conscience qu’acheter la paix mène souvent à la guerre.
Bakary Sambe est directeur du Timbuktu Institute et enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal.