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14 juillet 2025
PAR PAPE ALÉ NIANG
QUI A PEUR DE L’ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE ?
"À coup sûr, ce n’est pas la majorité des Sénégalais. Les Sénégalais veulent connaître la vérité sur les crimes de sang commis pendant cette période barbare et inhumaine où l’unique méthode de gouvernance était le règne de la terreur."
Qui a peur de l’abrogation de la loi d’amnistie ? À coup sûr, ce n’est pas la majorité des Sénégalais. Les Sénégalais veulent connaître la vérité sur les crimes de sang commis pendant cette période barbare et inhumaine où l’unique méthode de gouvernance était le règne de la terreur.
La seule manière de rendre justice aux victimes, c’est d’abord de leur permettre de connaître la vérité. Cette loi d’amnistie, votée aux forceps, a été adoptée dans le but de favoriser l’apaisement et la réconciliation nationale. Malheureusement, les plaies sont plus que béantes et refusent de se cicatriser. Les victimes continuent de vivre douloureusement des événements traumatisants.
Que dira-t-on aux enfants de Didier Badji et Fulbert Sambou ? Ces enfants ne méritent-ils pas de connaître la vérité, surtout avec ces accusations loufoques débitées par des écervelés sur leurs pères ?
Cette puante loi d'amnistie avait comme unique objectif d’effacer les traces des graves crimes perpétrés par l’ancien régime. L'impunité offerte par l'amnistie nuit aux droits des victimes qui sont les seules à pouvoir pardonner.
Le Sénégal a connu 82 morts. Comment peut-on parler de réconciliation réelle et durable si on cherche, à travers une loi d’amnistie, à cacher la vérité aux victimes ? L’abrogation de cette loi d’amnistie est essentielle pour permettre la manifestation de la vérité.
LA BAD A APPROUVÉ 132 OPÉRATIONS EN FAVEUR DU SÉNÉGAL POUR PLUS DE 2 470 MILLIARDS DE FCFA
À l’occasion de la célébration des 60 ans de la Banque Africaine de Développement, Abdourahmane Sarr a affirmé qu'en 2024, le portefeuille actif de la Banque comprend 39 opérations pour un engagement total de 1 630 milliards FCFA.
La Banque Africaine de Développement (BAD) a célébré son 60ᵉ anniversaire à Dakar le 29 novembre 2024. Cet événement, marqué par la présence de plusieurs membres du gouvernement sénégalais et de représentants du corps diplomatique, a permis de mettre en lumière la coopération entre l’institution panafricaine et le Sénégal.
Créée en 1964 avec un capital initial de 250 millions de dollars, la BAD affiche aujourd’hui des actifs dépassant les 300 milliards de dollars. Lors de son discours, le ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, a rappelé l’évolution de l’institution, soulignant son rôle dans le financement du développement sur un continent où « presque tout est à bâtir ».
« La BAD a su rester une institution dynamique, parmi les meilleures au monde, tout en s’adaptant aux mutations rapides de l’Afrique », a déclaré le ministre, avant d’ajouter que l’ouverture de son capital à des membres non régionaux fut une décision visionnaire, renforçant sa capacité tout en préservant son caractère africain.
Depuis le début des opérations de la BAD au Sénégal en 1972, cette relation s’est traduite par des réalisations majeures. « La BAD a approuvé un total de 132 opérations en faveur du Sénégal pour un montant cumulé de plus de 2 470 milliards de FCFA », a précisé Abdourahmane Sarr.
« Le premier projet financé par la Banque était une ligne de crédit de 1,5 millions d'unités de compte, soit 1,2 milliards de francs CFA qui a été accordé à l'Union sénégalaise de banques pour le commerce et l'industrie en vue de financement des paires. C'est pour vous dire l'importance qu'on accorde à la banque privée africaine », a pour sa part rappelé Mohamed Chérif, responsable du bureau pays de la BAD au Sénégal.
Le portefeuille actif en 2024 comprend 39 projets représentant un engagement total de 1 630 milliards de FCFA. Ces projets touchent des secteurs variés, notamment les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et les projets sociaux. M. Chérif a illustré ces impacts : « Nos projets ont contribué à la souveraineté alimentaire, au développement des chaînes de valeur, à l’accès universel à l’électricité, ainsi qu’à la valorisation de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. »
Les deux hommes ont souligné les défis persistants sur le continent, tels que la pauvreté et le faible développement humain. Pour y répondre, la BAD a adopté une stratégie décennale ambitieuse (2024-2033), axée sur la construction d’une Afrique prospère, inclusive et résiliente.
« La BAD devra davantage prendre de risques pour mobiliser les capitaux nécessaires au financement de notre développement », a insisté le ministre sénégalais, mettant en exergue l’importance d’impliquer le secteur privé et de renforcer la maîtrise de l’endettement.
Mohamed Chérif a pour sa part rappelé le rôle de la BAD en tant que « banque des solutions », soulignant sa proactivité lors des récentes crises mondiales, du Covid-19 à la crise alimentaire.
Il a enfin réaffirmé la disponibilité permanente de la Banque africaine de développement à œuvrer au renforcement de sa coopération avec le Sénégal.
MAMADOU DIA DÉVOILE ‘’DEMBA’’, UNE RÉFLEXION SUR LE DEUIL ET LA RÉSILIENCE
Le film raconte l’histoire de Demba, un homme en quête de réconciliation avec lui-même et ses proches, confronté à la solitude et au poids du deuil à l’approche de l’anniversaire de la mort de sa femme, Awa.
Le réalisateur sénégalais Mamadou Dia a présenté, vendredi, au cinéma Pathé de Dakar, son nouveau long métrage »Demba », une œuvre qui explore le deuil, la résilience, la santé mentale et les tabous culturels liés à l’expression des émotions, et inspirée de sa propre expérience.
Le film raconte l’histoire de Demba, un homme en quête de réconciliation avec lui-même et ses proches, confronté à la solitude et au poids du deuil à l’approche de l’anniversaire de la mort de sa femme, Awa.
Alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite après trente ans de service dans une mairie de Matam, ville du nord du Sénégal, il tente de renouer avec son fils Bajjo, malgré les tensions qui les éloignent.
»+Demba+ est avant tout un film profondément personnel, qui est né d’une expérience liée au deuil”, a confié le cinéaste, originaire de Matam, qui a perdu sa mère à l’âge de 13 ans.
“J’aurais voulu qu’un adulte vienne simplement me dire que ma mère ne reviendrait pas, avec des mots clairs”, a-t-il expliqué, évoquant un défaut d’explication qui a marqué son enfance.
Des années plus tard, lors d’une thérapie aux États-Unis pendant la pandémie du Covid-19, Mamadou Dia a revisité cette douleur de l’enfance.
Une démarche qui lui a permis de comprendre les différentes phases du deuil, notamment la dépression, une »notion difficile à nommer dans certaines cultures ».
“En langue pulaar, je n’ai pas trouvé l’équivalent du mot dépression. Cela m’a poussé à m’interroger sur la manière dont nous dépassons une douleur que nous ne pouvons pas nommer”, dit-il.
Le deuil comme expérience collective
À travers »Demba », Mamadou Dia ne se limite pas à une exploration individuelle du deuil. Le film montre comment cette expérience affecte toute une communauté.
‘’Chaque personnage du film expérimente la perte de quelque chose’’, explique-t-il, indiquant qu’Aïcha, une ancienne influenceuse, doit faire le deuil de son identité après avoir utilisé une fausse maladie pour attirer l’attention ; Bajjo, quant à lui, est confronté à la fragilité de son père vieillissant, une situation qui renverse les rôles familiaux traditionnels.
“Nous faisons tous des deuils dans nos vies : deuil d’une relation, d’un corps qui change ou d’une ancienne vie”, soutient le réalisateur, insistant sur la portée universelle de son œuvre.
Une autre perspective sur les émotions masculines
Le choix d’un protagoniste masculin était également intentionnel pour Mamadou Dia. “Dans notre société, les hommes n’ont pas vraiment l’espace pour exprimer leurs émotions. La colère est souvent la seule réponse attendue. Avec +Demba+, j’ai voulu montrer un homme confronté à une souffrance silencieuse, loin des explosions émotionnelles classiques”, a-t-il signalé.
Malgré les thèmes lourds abordés dans le film, Mamadou Dia a voulu créer une œuvre visuellement belle.
“Nos mères, avec un simple boubou, dégagent une élégance incroyable. Cette beauté est facile à montrer et contrebalance la gravité des émotions explorées”, selon lui.
Demba n’est pas seulement un film, pense-t-il, mais il est aussi un outil pour ouvrir le dialogue sur des sujets souvent tabous, comme le deuil et la résilience.
“Ce film invite chacun à partager ses expériences et à mieux comprendre celles des autres”, soutient-il.
Diplômé de la prestigieuse Tisch School of the Arts de l’Université de New York, Mamadou Dia s’est fait remarquer avec son premier long métrage, »Baamum Nafi » (Le Père de Nafi), récompensé au Festival de Locarno, en Suisse, et sélectionné pour représenter le Sénégal aux Oscars du cinéma, à New York, en 2021.
Avec »Demba », Mamadou Dia poursuit son exploration des thématiques humaines et sociales, mêlant réalité et fiction pour raconter des histoires universelles ancrées dans la culture sénégalaise.
En plus de la projection-presse, »Demba » sera en première nationale à Matam, samedi, avant sa sortie nationale et internationale le 6 décembre prochain.
Le film est sélectionné en première mondiale pour le prochain festival international du film de Berlin, du 13 au 23 février 2025.
LA GRANDE DÉBÂCLE FRANÇAISE
Chassée du Sahel, l'armée française doit maintenant quitter le Tchad et le Sénégal. Un diplomate africain livre dans Le Monde ce constat sans appel : "c'est une évolution qui a un parfum de rupture. Cela prend l'eau de toute part"
(SenePlus) - Une page majeure de l'histoire militaire française en Afrique est en train de se tourner, selon les informations révélées par Le Monde. Le choc est d'autant plus brutal qu'il intervient sur deux fronts simultanément, avec l'annonce de la rupture de l'accord de défense par le Tchad et la déclaration du Sénégal concernant un possible départ des forces françaises.
Le Tchad, longtemps considéré comme le bastion imprenable de l'influence militaire française en Afrique, vient de porter un coup particulièrement dur à Paris. Le journal Le Monde rapporte que le pays, qui héberge l'une des cinq bases militaires françaises sur le continent, a annoncé le 28 novembre la rupture de l'accord de défense liant les deux nations. Cette décision, qualifiée de "tournant historique" par la diplomatie tchadienne, illustre une volonté claire "d'affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques."
L'aspect particulièrement frappant de cette annonce réside dans son timing et sa mise en œuvre. Comme le souligne Le Monde, le communiqué est tombé alors que "l'avion du ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, venait à peine de décoller du Tchad." Plus troublant encore, les plus hautes instances françaises semblaient totalement prises au dépourvu : ni l'Élysée, ni le ministère des armées, ni le Quai d'Orsay n'avaient été prévenus.
Cette rupture s'inscrit dans un contexte plus large de perte d'influence française dans la région. Le quotidien rappelle que le président Mahamat Idriss Déby, âgé de 40 ans, représentait le "dernier allié de la France au Sahel" depuis l'expulsion des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger par les juntes militaires entre 2020 et 2023. Le journal révèle également que des tensions récentes, notamment l'ouverture d'une enquête par le Parquet national financier concernant des soupçons de biens mal acquis, ont contribué à cette décision, tandis que la Russie se positionne en alternative stratégique.
L'échec d'une stratégie de transformation
Le Monde met en lumière les tentatives avortées de réforme de la présence militaire française en Afrique. Dès son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron avait envisagé de "réduire la voilure et de mettre un terme à l'opération Barkhane", dont les 5 000 soldats étaient de plus en plus perçus comme une force d'occupation. Cependant, sous la pression de son entourage politique et militaire, cette initiative avait été abandonnée.
La tentative de redéfinition annoncée en février 2023 par le président français, visant à transformer les bases militaires en "académies" ou en "bases partenariales", semble avoir échoué. Comme le souligne Jonathan Guiffard, chercheur cité par le quotidien du soir : "La France, en réalité, est restée au milieu du guet par rapport à sa posture d'avant. Le problème, c'est qu'elle ne sait pas encore où elle va."
Le journal détaille les implications concrètes de ce désengagement. Les bases françaises en Afrique, qui réunissaient encore environ 1 700 militaires en 2023 (dont 350 à Libreville et à Dakar), font l'objet de projets de réduction drastique. Un scénario envisageait de limiter cette présence à une centaine de soldats par base, à l'exception du Tchad qui devait maintenir trois cents militaires - un plan désormais caduc.
Selon une source officielle ivoirienne citée par Le Monde, l'avenir semble inexorable : "Il est évident que, d'ici dix ou quinze ans, il n'y aura plus un seul soldat français en Afrique." Cette prévision s'appuie sur deux facteurs principaux : les contraintes budgétaires françaises et l'opposition croissante de la jeunesse africaine à cette présence militaire.
Les tentatives de renouveau
Le quotidien révèle également les efforts français pour maintenir une influence différente, notamment à travers le développement du "soft power" et de la "lutte informationnelle". Des initiatives comme la création d'une école spécialisée dans le cyber en Côte d'Ivoire ou l'encouragement des industriels de l'armement à réinvestir en Afrique témoignent de ces tentatives d'adaptation, mais semblent insuffisantes face aux changements géopolitiques en cours.
Cette série d'événements marque indubitablement la fin d'une époque dans les relations franco-africaines. Comme le résume un diplomate africain cité par Le Monde, "c'est une évolution qui a un parfum de rupture. Cela prend l'eau de toute part." Cette analyse semble confirmer non seulement l'échec de la stratégie de transformation française, mais aussi l'inexorable déclin d'un modèle de relations militaires hérité de la période post-coloniale.
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LES MISES EN GARDE D'AISSATA TALL SALL
L'ex-garde des Sceaux évoque l'impossibilité d'abroger rétroactivement une loi d'amnistie dont ont bénéficié plusieurs personnalités, dont le président et son Premier ministre. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", estime-t-elle
Dans une intervention sur la situation politique nationale, l'ancienne ministre de la Justice et actuelle députée de l'opposition Takku Wallu, Aissata Tall Sall, a livré une analyse des questions juridiques et constitutionnelles qui agitent le pays.
L'ancienne garde des Sceaux s'est particulièrement attardée sur l'article 86.6 de la Constitution sénégalaise, l'équivalent du 49.3 français. Elle a souligné que malgré l'existence de cet article permettant l'adoption de lois sans débat, son utilisation n'était pas justifiée pour le vote de la loi de finances 2025, rappelant que l'Assemblée dispose déjà d'une majorité suffisante.
Sur la question de la Haute Cour de Justice, sujet de vives tensions, Aissata Tall Sall a tenu à remettre les pendules à l'heure : "La Haute Cour de Justice existe depuis que le Sénégal est Sénégal. C'est cette même cour qui avait jugé le président Mamadou Dia en 1963", a-t-elle rappelé. Elle a insisté sur le caractère judiciaire de cette institution, présidée par le premier président de la Cour suprême et non destinée à des règlements de comptes politiques.
La députée a également abordé la question épineuse de l'abrogation de la loi d'amnistie, mettant en garde contre les obstacles juridiques majeurs. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", a-t-elle averti, évoquant les principes fondamentaux de non-rétroactivité des lois et d'intangibilité des droits acquis. Elle a notamment rappelé que l'actuel président de la République et son Premier ministre avaient eux-mêmes bénéficié de cette loi.
L'ancienne ministre a vivement apprécié l'utilisation de l'argument de la "majorité écrasante" par le pouvoir en place, estimant que celle-ci devrait plutôt se concentrer sur les véritables préoccupations des Sénégalais plutôt que sur des manœuvres politiques.
LE MINISTERE DE L’EDUCATION ET LE COJOJ UNISSENT LEURS FORCES
Le ministère de l’Éducation nationale et le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) ont signé une convention de partenariat en préparation des JOJ Dakar 2026, le premier événement olympique de cette ampleur sur le continent africain
Le ministère de l’Éducation nationale et le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) ont signé une convention de partenariat en préparation des JOJ Dakar 2026, le premier événement olympique de cette ampleur sur le continent africain. La cérémonie s’est déroulée hier, vendredi 29 novembre 2024, a Eden Rock, en présence de Mamadou Diagna Ndiaye et Moustapha Mamba Guirassy.
«L'Accord que nous paraphons, bien plus qu'un acte de la pure formalité, porte le sceau d'un partenariat stratégique inspiré du Contrat d'Hôte nous liant au Comité International Olympique, et qui met la Jeunesse au cœur du processus de préparation et d'organisation de ce premier événement olympique en terre africaine », a d’emblée rappelé Mamadou Diagna Ndiaye.
Selon le président du Comité d’organisation des JOJ, « il s'inscrit en effet, dans la suite de celui conclu en 2020 entre le Ministère de l'Education nationale et le Mouvement olympique et sportif, représenté par le CNOSS, et qui a servi de base jusqu'ici à la mise en œuvre d'importantes activités de sport au sein de l'espace scolaire ».
Toutefois, précise-t-il, «notre partenariat d'aujourd'hui va plus loin. D'abord, il matérialise une des décisions du Premier Ministre Ousmane Sonko prises à l'issue du Conseil Interministériel sur la préparation des JOJ Dakar 2026 tenu le 15 octobre 2026, qui a fortement instruit les parties prenantes pour une large implication de la communauté scolaire dans la préparation et l'organisation des jeux. Ensuite, il repose ainsi sur des valeurs partagées, des ambitions convergentes et une forte volonté d'unir nos forces pour assurer une implication adéquate de la jeunesse sénégalaise, à travers l'Ecole, dans la préparation et la livraison des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 »
Et d’ajouter : « il n'y a pas plus approprié que le cadre de l'école pour garantir l'implication du plus grand nombre de notre jeunesse dans l'organisation des JOJ 2026 et leur laisser un souvenir qui restera à jamais imprimer dans leur conscience. C'est pour cela que le COJOJ a choisi de vous avoir comme partenaire de choix dans le déroulement de trois dimensions majeures de la préparation des Jeux, à savoir : La mise en œuvre du Brevet Olympique, Civique et Sportif, une initiative innovante dont la finalité est d'imprimer partout dans le pays, à travers tous les 11 000 établissements scolaires, l'idéal olympique et les valeurs du civisme et de l'olympisme ».
Selon Diagna Ndiaye, « la tournée de la flamme olympique qui sera relayée dans toutes les académies de notre pays et permettre aux élèves, aux enseignants mais aussi aux parents de communier avec ce symbole fort des jeux. Le concours de création de la mascotte des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, qui sera lancé officiellement dans les prochaines semaines, et qui sera un moment important d'implication de l'Ecole et de recours à l'imagination de nos jeunes talents pour faire naître un symbole qui marquera l'histoire de jeux et de notre continent ». « Notre nation sera le miroir de la diversité et de la richesse culturelle de tout le continent africain. A travers ces Jeux, notre nation sera le miroir de la diversité et de la richesse culturelle de tout le continent africain. Pour incarner cet esprit unique, nous avons le devoir de mettre notre jeunesse au premier plan et lui laisser une place de choix », a conclu le patron de l’olympisme sénégalais.
Moustapha Guirassy : « Notre pays doit relever un double défi »
Selon le ministre de l’Education nationale : « Notre pays doit, dès lors, relever le double défi d'une organisation réussie et irréprochable et d'une participation positive par l'atteinte de performances sportives de haut niveau. Cette ambition nécessite sans nul doute, de la part de chaque citoyen sénégalais et de nos partenaires stratégiques, un engagement sans faille ».
Par ailleurs, rappelle Moustapha Guirassy, « lors du conseil des ministres du 05 juin 2024, le Président de la République avait demandé au Gouvernement de prendre les mesures visant à renforcer la pratique du sport dans toutes les écoles et universités du Sénégal et à relancer les compétitions sportives scolaires et universitaires sur l'ensemble du territoire national ».
En application de cette directive, la Fédération sénégalaise du Sport scolaire, créée par décret n° 2021-1594 du 02 décembre 2021, a été installée, le 21 juin 2024 par Madame le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en présence des Ministres de la Formation professionnelle et de l'Education nationale. Cette fédération a pu organiser, du 1er au 05 août 2024 à Thies, le Festival national du Sport scolaire qui a réuni 2356 élèves et encadreurs autour de six (06) disciplines sportives et d'activités citoyennes, une première depuis vingt ans d'absence. « Cela démontre encore une fois, la place importante réservée au sport dans l'agenda 2050, par les plus hautes autorités de notre pays. Il s'y ajoute les quarante mesures prises par Monsieur le Premier Ministre, Ousmane Sonko, lors du conseil interministériel du 15 octobre 2024, sur la préparation des Jeux olympiques de la Jeunesse », souligne-t-il. « L'éducation à la citoyenneté et au patriotisme qui est une de nos priorités, peut être facilement mise en œuvre à travers la pratique sportive, car le sport scolaire vise à développer les capacités des apprenants et à parfaire leurs compétences sportives selon les dimensions suivantes: la socialisation par l'appropriation et le respect des règles ; la formation des attitudes ; la construction du comportement ; l'inculcation des valeurs de paix, de civisme et de citoyenneté ; l'inclusion et le développement équitable ». Ceci est parfaitement en phase avec la nouvelle vision de mon département qui consiste à « faire évoluer notre système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente pour enfin former à l'horizon 2035, un citoyen bien adossé à son socle endogène de valeurs africaines et spirituelles tout en étant préparé aux défis du développement durable, des sciences et technologies, du numérique et de l'intelligence artificielle".
MULTIPLE PHOTOS
TROUBLES DE MÉMOIRE(S)
Entre politique mémorielle officielle et appropriations populaires, la question reste ouverte : comment le passé colonial façonne-t-il les imaginaires contemporains ?
Au Sénégal, la répression sanglante des tirailleurs sénégalais cantonnés dans le camp de Thiaroye le 1er décembre 1944 est un événement marquant dans l’histoire collective. Elle est une expression vive des violences coloniales qui soutiennent le système colonial. Ce qui devait être un retour au pays natal après des années de guerre et de captivité en Europe tourne à la tragédie. Ce drame, où des dizaines de tirailleurs sénégalais furent massacrés après avoir réclamé leurs droits, s’inscrit dans un contexte politique complexe, marqué par la Seconde Guerre mondiale, la montée des revendications anticoloniales et les incertitudes et ambiguïtés du pouvoir colonial. La violence extrême dont est empreinte la répression de Thiaroye signe tout à la fois, une prise de conscience politique et sociale des vétérans de la guerre, qui mettent en œuvre les leçons tirées de la guerre, l’appropriation des valeurs associées à la liberté, à l’égalité et la volonté de secouer le joug de la domination coloniale.
Aujourd’hui, Thiaroye 44 est à la fois une tâche dans la mémoire coloniale française et une interrogation sur les mémoires, africaine et nationale. Entre politique mémorielle officielle et appropriations populaires, la question reste ouverte : comment le passé colonial façonne-t-il les imaginaires contemporains ?
L'analyse de la mémoire de Thiaroye révèle qu'elle s'est construite au fil des décennies à travers de multiples prismes : historiographique, culturel, juridique, commémoratif et ethnographique. Chacun de ces filtres a contribué à forger un canon mémoriel qui reflète non seulement les aspirations collectives mais aussi les tensions inhérentes à toute entreprise de remémoration. Ces couches successives donnent à cette mémoire une profondeur qui dépasse les simples faits historiques, la transformant en un objet de réflexion sur la transmission, les héritages, les identités et les contours et la communauté.
Tirailleurs sénégalais ! Dans un article intitulé « Origines et historique sommaire des unités de Tirailleurs sénégalais et soudanais », le Général de Boiboissel écrit : « Il n’est pas possible et il ne serait pas équitable d’écrire une histoire même abrégée de l’Afrique occidentale française, sans faire leur place, une place digne de leurs mérites et des services qu’ils ont rendu à la France, aux Tirailleurs et Spahis sénégalais. Ils portent comme un fanion depuis Faidherbe qui les créa, ce titre désormais anachronique, mais chargé de passé et de gloire. Certes, il ne s’adapte plus à la réalité géographique et ethnique. Mais qu’importe une exégèse grammaticale. Une modification d’état-civil n’enterre pas une histoire ».
Plongés dès août 1914 dans les combats les plus meurtriers de la Première Guerre Mondiale, (l’idée de leur utilisation s’est posée en France dès 1908) les Tirailleurs sénégalais ont été des acteurs majeurs de la défense française. Arrachés à leurs terres africaines, souvent sans préparation adéquate, ces soldats ont payé un lourd tribut aux conflits mondiaux. Le ballet poème « Aube Africaine » est une chronique musicale, chantée et dansée d’un tirailleur, de son recrutement aux effets néfastes sur le village, à la violence incroyable des exercices de l’entrainement militaire, terrible dans le bataillon, son départ pour le front européen, son emprisonnement dans les geôles en Allemagne et en France occupée, sa libération, son rapatriement et sa mort sous les balles françaises, à Thiaroye. Un ballet-poème, adapté et mis en scène, par Mamadou Traore dit Seyba, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. En écho, le poème de Léopold Sédar Senghor, « Tyaroye », est une litanie pour dénoncer la France qui « n’est plus la France » et annoncer le retour de l’Afrique éternelle. Une tragédie qui annonce une ère nouvelle. Une prise de conscience qui réinvente une Afrique qui sort de la guerre, en quête d’émancipation. Considérés à tort comme très résistants physiquement, leur utilisation est une erreur dramatique, aggravée par un encadrement souvent défaillant. Si des ajustements surviennent, comme l'amélioration de leur formation ou l'ajout d'infrastructures adaptées, ils restent cantonnés à des rôles de « chair à canon ». A la fin de la guerre ils sont embrigadés dans des « équipes militaires de travail» chargées de travaux publics (routes, ponts...) À leur retour, beaucoup présentent des stigmates de cette guerre : estropiés, brisés psychologiquement, ou emportés par des maladies contractées sur le front.
L'image des tirailleurs sénégalais est façonnée par une propagande ambiguë. Tantôt glorifiés comme des guerriers féroces, tantôt caricaturés sous des traits infantiles, ils sont soumis à un racisme ordinaire qui a perduré bien après l'armistice. Ces stéréotypes, véhiculés par les médias et des campagnes publicitaires, illustrent la perception paternaliste et condescendante de l'époque (Y a bon banania !)
Leur sort ne s'améliore guère pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, victimes d'une idéologie raciste exacerbée, des tirailleurs prisonniers sont exécutés sommairement par les troupes nazies. Leur rôle, au service de la France, dans les guerres coloniales ultérieures reste déterminant. Certains deviendront par la suite des dirigeants de territoires africains devenus indépendants. Le 1er décembre 1944, au petit matin, des tirailleurs rassemblés dans le camp par leurs supérieurs expriment leurs doléances. Enrôlés pour défendre la France, ils espéraient un traitement digne à leur libération en France et au retour, en Afrique. Après des années de captivité en Allemagne et en France occupée, beaucoup reviennent brisés, mais leur loyauté envers la France reste intacte. Ils revendiquent et réclament leur traitement et un respect équivalents à ceux accordés aux soldats français.
En effet, une réglementation précise avait été mise en place, pour encadrer le paiement des soldes des ex-prisonniers de guerre, mais son application soulève des questions cruciales sur la justice et la transparence. La circulaire n°2080 du ministère de la Guerre, datée du 21 octobre 1944, stipulait que ces soldats devaient percevoir l'intégralité de leur solde de captivité avant de quitter la métropole. Un quart de cette somme devait leur être versé en métropole, tandis que les trois quarts restants étaient dus à leur arrivée. Cette directive, confirmée par une note du ministère des Colonies du 25 octobre 1944, garantissait également aux soldats, un certificat attestant des montants encore à percevoir. Cependant, à Dakar, lors du rapatriement, la réalité fut tout autre : les trois quarts restants de leur solde ne leur ont pas été versés. Cette situation a engendré un sentiment d'injustice parmi les 500 tirailleurs destinés à rejoindre Bamako. Refusant de quitter la caserne de Thiaroye, ils réclamaient leur dû conformément aux termes établis. Ils sont soutenus par leurs camarades. Les tirailleurs avaient compris, que revenus dans leurs équipes, ils seraient éparpillés en petits groupes, puis seraient des victimes des commandants de cercle, les rois de la brousse.
L'intransigeance des autorités civiles et militaires, pourtant informées de leurs obligations, a exacerbé les tensions. Leurs revendications légitimes étaient qualifiées de mutinerie dans une circulaire. Une approche perçue comme une tentative de réprimer et d'effacer les protestations des soldats, cache probablement un éventuel détournement de fonds. Officiellement, les rapatriés étaient censés avoir perçu l'intégralité de leur rente avant leur départ de métropole, mais les faits sur le terrain racontent une toute autre histoire. Les revendications se heurtent au mur de l’administration politique et militaire françaises. La hiérarchie militaire répond par la force. Des mitrailleuses sont déployées, et les tirs éclatent. En quelques minutes, des dizaines de tirailleurs sont tués. Les estimations varient, mais le bilan officiel, qui avance 35 tués, 24 blessés, 34 traduits en justice, souvent contesté, reste inférieur à la réalité. Armelle Mabon, Enseignante-chercheure et Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Bretagne-Sud, preuves à l’appui a contesté le bilan officiel établi par la France et a par ailleurs, au cours d’un colloque organisé à Dakar les 18 et 19 décembre 2018 identifié pour la première fois, les fosses communes ayant servi de tombeaux dans lesquels les tirailleurs ont été enterrés à la va vite. Son dernier ouvrage « Le Massacre de Thiaroye 1er décembre 1944, histoire d'un mensonge d'État » vient de paraître. Les promesses françaises de reconnaissance et d'intégration n'ont jamais été pleinement réalisées. Si certains anciens combattants ont accédé aux postes de pouvoir dans les colonies, beaucoup ont été relégués à l'oubli. L'injustice perdure, comme en témoigne le cas d'Abdoulaye Ndiaye, dernier tirailleur des Dardanelles, mort en 1998 à la veille de recevoir la Légion d'honneur.
Un contexte explosif
Le contexte politique à Dakar en 1944 est celui d'une Afrique occidentale française (AOF) en transition. Après la chute du régime de Vichy, les espoirs de démocratisation suscités par la France libre sont rapidement contredits par le maintien d'une administration coloniale conservatrice. La répression à Thiaroye reflète ces tensions : d'un côté, une autorité coloniale jalouse de son pouvoir, de l'autre, des soldats noirs qui, forts de leur expérience en Europe, réclament des droits longtemps bafoués. Au-delà des questions de solde, les revendications des tirailleurs témoignent d'un changement profond. Ayant côtoyé leurs camarades français sur le champ de bataille, ces hommes exigent une égalité de traitement et la reconnaissance de leur rôle dans la défense de la France. Leur retour en Afrique, marqué par des humiliations et des injustices, attise un sentiment de révolte que les autorités métropolitaines sont incapables de comprendre ou d'accepter.
Un tournant politique
La répression de Thiaroye ne se limite pas au massacre. Moins de quatre mois plus tard, en mars 1945, un procès expéditif est organisé pour juger les survivants. Trente-quatre tirailleurs sont condamnés pour rébellion et refus d'obéissance. Les autorités coloniales justifient ces condamnations en les associant à une soi-disant influence de la propagande allemande. Ce procès, marqué par des irrégularités flagrantes et une absence totale de confrontation des preuves, sert avant tout à protéger l'institution militaire et à légitimer l'usage de la force. En 1945, les premières élections législatives d’après-guerre permettent à Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor de siéger à l'Assemblée constituante française. À Paris, ces députés font de Thiaroye un symbole de l'injustice coloniale.
Pour Lamine Guèye, député du Sénégal et avocat des tirailleurs au procès de mars 1945, ce massacre incarne l'échec de la France à tenir ses promesses. « Tuer des hommes pour une question de soldes est abominable », déclare-t-il en 1946 devant l'Assemblée constituante française, dénonçant ce qu'il qualifie de « crime de droit commun ». Puis, il interpelle directement le gouvernement : « Comment voulez-vous que les représentants de ces régions n'éprouvent pas un sentiment de dégoût et d'écœurement ? »
Quant à Senghor, jusque-là inconnu sur la scène politique sénégalaise, il commence à structurer une critique intellectuelle et politique de l'ordre colonial. Pour lui, Thiaroye illustre non seulement l'échec du modèle colonial, mais aussi la nécessité de redéfinir les relations entre l'Afrique et la métropole. Dans la colonie du Sénégal, la répression militaire est suivie d'une surveillance accumulée des tirailleurs et des élites politiques. Les correspondances sont interceptées, les rassemblements surveillés, et toute tentative de commémoration du massacre est réprimée. En France, des mouvements de gauche et des syndicats s'emparent de l'affaire, demandant la formation d'une commission d'enquête. Le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, s'inscrit également dans une série de violences coloniales qui accélèrent la montée en puissance des dirigeants politiques africains. Cette tragédie renforce l'idée que l'autonomie, voire l'indépendance, est le seul chemin viable pour les colonies. Elle dévoile les tensions latentes dans l'empire colonial français. Elle soulève des questions sur la viabilité d’un empire qui repose sur la répression et l’exploitation. Pour les autorités, il s'agit de contenir une contagion politique : empêcher que l'exemple de Thiaroye n'encourage d'autres mouvements de révolte. Pour les Africains, le massacre devient une balise dans la lutte pour leurs droits. Les élites politiques, à l'instar de Guèye et Senghor, utilisent cette tragédie pour démontrer que les réformes coloniales sont insuffisantes. En Afrique, il nourrit une prise de conscience collective parmi les élites et les populations. La décolonisation, encore impensable pour certains en 1944, devient alors une certitude.
Éclat médiatique
Dans l'immédiat après-guerre, la mémoire du massacre de Thiaroye est fragmentée et contrôlée par les autorités coloniales. Les archives militaires et administratives cherchent à minimiser l'événement, décrivant des tirailleurs comme influencés. Au Sénégal, cette mémoire prend d'abord une forme discrète. Quelques archives racontent qu’à l’époque les habitants de Thiaroye-sur-Mer, traumatisés, chuchotent sur les événements. Cette transmission orale, nourrie par la peur et le respect pour les morts, constitue le premier socle d'une mémoire collective vivante, qui se transmet.
A quelques exceptions près, ce n'est que bien après les indépendances africaines des années 1960, que Thiaroye commence à trouver une place dans les récits historiques et/ou les œuvres culturelles. L'événement devient un sujet central dans la littérature et le cinéma, où il est réinterprété pour dénoncer les abus du colonialisme et célébrer la résistance.
Lors de sa première célébration en août 2004, « La Journée de commémoration des tirailleurs sénégalais » a connu un éclat médiatique. Une profusion d’articles amorce un virage dans les représentations de ces derniers. Le Populaire titrait : « Enfin l’hommage aux Tirailleurs ». Dans le corps de l’article, l’auteur écrit : « Étonnant ! Les révélations des historiens et anciens combattants sur les affres de la Deuxième Guerre mondiale ont de quoi nous glacer le sang dans les veines […]. Mais où ont-ils pu tirer l’énergie nécessaire pour faire face aux soldats allemands qui, loin s’en faut, n’étaient pas des enfants de chœur ? », le Journal met à sa Une : « Les vétérans tirent sur la France » et Wal Fadjri avance sur 4 colonnes : « Ce que Senghor et Abdou Diouf auraient dû faire. Le président Wade souhaite ainsi réaliser un événement d’envergure ». Un décret est publié qui stipule que l’après-midi de cette Journée est déclarée « chômée et payée ». Avec l’instauration de la Journée du Tirailleur, un autre décret est promulgué, articulé en deux articles. Le premier déclare que « le cimetière de Thiaroye où sont enterrés les Tirailleurs sénégalais morts au cours de la répression coloniale du 1er décembre 1944, est déclaré Cimetière national », tandis que le 2ème stipule : « le 23 août suivant son élection, le président de la République rend les honneurs aux victimes. Le 23 aout de chaque année, le Premier ministre y dépose une gerbe de fleurs (décret no 2004-1220). Mais à ce jour, l’emplacement des dépouilles reste inconnu : charnier à l’intérieur ou tombes dans le cimetière militaire ?
Sous la présidence d'Abdoulaye Wade, cette mémoire a pris une place centrale dans le paysage national. Discours, cérémonies, monuments, spectacles et mêmes initiatives législatives ont été déployées avec un volontarisme marqué. Cette mobilisation mémorielle visait non seulement à rendre justice aux victimes de Thiaroye, mais aussi à inscrire leur histoire dans une continuité plus large. Pour Wade, ces actions constituaient un moyen de fédérer et de forger une identité commune autour d'un passé partagé. L'exaltation de la mémoire des tirailleurs s'inscrivait dans une stratégie plus étendue : celle d'une monumentalisation du passé. Projets architecturaux ambitieux, reconstitution historique et rénovation de symboles comme la statue Demba et Dupont, illustraient cette volonté. Pourtant, ces initiatives, souvent présentées pour leur caractère spectaculaire, n'ont pas toutes abouti, révélant les limites d'une politique culturelle parfois perçue comme opportuniste.
Le relatif désintéret sous Macky Sall
En octobre 2012, le président François Hollande en visite à Dakar, marque une étape dans la reconnaissance des épisodes sombres de l'histoire coloniale française. En évoquant le massacre de Thiaroye comme une « répression sanglante », il rompt avec la présentation dominante de cet événement qui jusqu'alors, était décrit comme une mutinerie ou une rébellion armée menée par d'anciens prisonniers de guerre, justifiant une réponse armée.
Sous la présidence de Macky Sall, les commémorations initiées par Wade ont été progressivement reléguées au second plan. Ce repli pourrait s'expliquer par la difficulté d'assumer pleinement un héritage mémoriel aussi dense et consensuel, malgré l'unanimité qu'avaient tirée ces initiatives. Ce changement soulève des interrogations sur la manière dont le pouvoir politique d’alors envisageait la transmission de l'histoire et sa place dans l'élaboration de la mémoire collective.
Cette politique de mémoire s'inscrit également dans un contexte mondialisé où les récits historiques sont souvent marqués par la concurrence. Cependant, l'approche sénégalaise a cherché à dépasser les conflits d'interprétation pour offrir une vision plus unifiée et pédagogique de l'histoire des tirailleurs. Elle interroge les représentations dominantes et les différentes lectures de l'événement, tout en posant la question de l'éthique face à ce passé complexe.
Déséquilibre mémoriel
La littérature, le cinéma et la musique permettent au massacre de Thiaroye de rester vivant dans les imaginaires, mais les tensions subsistent. Si en Afrique, Thiaroye est un cri de résistance, en France, il reste un épisode largement méconnu, éclipsé par d'autres récits de guerre. Cependant, le massacre de Thiaroye est progressivement intégré dans le débat sur la mémoire coloniale. Les associations, les universitaires et les artistes redécouvrent cet épisode pour en faire un levier de réconciliation et d'introspection. Les commémorations, bien qu'encore rares, se multiplient, témoignant de la persistance de cette blessure dans l’imaginaire. Ce déséquilibre mémoriel reflète les défis d'un dialogue postcolonial encore inabouti.
L'événement de Thiaroye n'est pas seulement un souvenir du passé, mais un moteur pour les réflexions et luttes contemporaines. Depuis les années 1980, des artistes sénégalais ont intégré cette mémoire dans leurs créations. La musique, en particulier, devient un lieu de résistance et de revendication, transformant la douleur historique en une voix collective. Dès 1984, des figures comme Ousmane Diallo (Ouza) ont abordé ce thème, donnant une dimension populaire et émotive à la révolte des tirailleurs et Didier Awadi, intègre des références à Thiaroye dans ses compositions, mêlant histoire et engagement.
L'un des artistes les plus influents de cette vague est Baaba Maal, qui, avec sa chanson « Thiaroye » en 2000, incarne un hommage à ces anciens combattants. Sa chanson, poignante, interroge ce massacre, tout en établissant la responsabilité du pouvoir colonial et sénégalais. À travers un appel direct, Baaba Maal a mis en lumière l'injustice subie par les tirailleurs, tout en dévoilant l'impasse politique et mémorielle autour de cet événement.
Marcel Salem, d'origine sénégalaise et sérère, poursuit dans cette même veine en 2003 avec son album « Carroye 44 », où il évoque le massacre en des termes percutants et spirituels. Il présente Thiaroye comme un crime impardonnable, inscrivant la mémoire des tirailleurs dans un cadre religieux et militant, et suggère une douleur partagée par toute une communauté. La répétition du terme « grands-parents » dans ses paroles, souligne le lien entre générations et la continuité du combat contre l'injustice. Disiz la Peste, de son vrai nom Serigne Mbaye Guèye, rappeur franco-sénégalais, apporte une autre dimension au récit de Thiaroye dans une de ses productions. Il fait le lien entre la guerre mondiale et la révolte des tirailleurs, tout en soulignant la violence de la répression française. À travers sa chanson, il dénonce l'impasse politique de l'époque et l'inhumanité du traitement réservé aux combattants africains, tout en établissant un parallèle entre l'histoire coloniale.
Le phénomène ne s'arrête pas à la musique. Dans la sphère politique, des mouvements comme « Y en a marre » au Sénégal, et le « Balai citoyen » au Burkina Faso, se sont emparés de cette mémoire, pour mobiliser les jeunes contre les injustices sociales et politiques. Ces mouvements utilisent l'héritage des tirailleurs comme une référence à l'honneur et à la lutte pour la reconnaissance.
Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow, mettent à l’affiche « Camp de Thiaroye » (primé à la Mostra de Venise et au Fespaco), à travers des personnages symboliquement nommés Niger, Gabon ou Sahara, évoquant les différents territoires où les tirailleurs furent recrutés. Le casting est composé d'acteurs issus de toute l'Afrique francophone, incarnant l'héritage de cette mémoire collective. Parmi eux, le Burkinabé Gustave Sorgho, dont le père a lui-même été tirailleur et impliqué dans les événements tragiques de Thiaroye, bien qu'absent lors du drame, étant en permission. Les Sénégalais Ibrahima Sané, dans le rôle du sergent Diatta, et Ismaël Lô, qui assure un rôle mineur tout en composant la bande originale, ajoutent une touche locale et authentique. Le casting est enrichi par le Congolais Zao, également musicien, connu pour son célèbre morceau « Ancien Combattant » , véritable hymne des vétérans africains. Cependant, celui qui s'impose véritablement à l'écran est l'Ivoirien Sidiki Bakaba, l'un des rares professionnels du casting à l'époque du tournage. Son interprétation magistrale du personnage de Pays illustre l'âme même de ce film.
La littérature s'empare de l'histoire pour en faire un outil de mémoire collective : un poème, « Tyaroye » (publié dans « Hosties noires » en 1948 mais composé en décembre 1944) de Léopold Sédar Senghor, « Aube de sang » de Cheikh Faty Faye (2005) et « Thiaroye, terre rouge » de Boubacar Boris Diop. Senghor dépeint le massacre comme un « sacrifice » des tirailleurs, marquant leur oubli par la France malgré leur rôle crucial dans sa libération. Faye inscrit Thiaroye dans une réflexion plus large sur les relations entre colonisateurs et colonisés, en la liant au destin du continent africain tandis que Diop adopte une posture militante, dénonçant avec virulence la brutalité coloniale.
Ces œuvres démontrent que l'interprétation des faits historiques est toujours plurielle, oscillant entre dénonciation, commémoration et célébration des héros. Elles participent à une nécessaire réévaluation de l’histoire coloniale, tout en invitant à une réflexion critique, chacune de ces œuvres reflétant à la fois la vision de son auteur et l'époque de sa création.
Histoire, identité et mémoire collective
Malgré des efforts institutionnels, la transmission de Thiaroye 44 reste encore en grande partie, tributaire d'initiatives individuelles et de la société civile.
En 2008, le président Abdoulaye Wade a annoncé l'intégration de l'histoire des tirailleurs dans les programmes scolaires, soulignant la nécessité de combattre l'oubli. Des manuels spécifiques étaient prévus pour les élèves de l'élémentaire, et le massacre de Thiaroye intégré aux leçons du secondaire. Cependant, des enseignants déplorent le manque de ressources locales, qui les obligent à composer eux-mêmes du contenu pédagogique. Des initiatives personnelles, comme celle d'André Sarr à Fimela ou celle de Samba Diop à Thiaroye, ont émergé pour pallier ces lacunes, incluant des visites sur les lieux.
Dans l’enseignement supérieur, des institutions comme la FASTEF (Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation), ou l'université Cheikh Anta Diop (UCAD) jouent un rôle clé dans la préservation et la redéfinition de cette mémoire. Depuis les années 2000, une série de mémoires académiques a exploré les parcours individuels des anciens combattants, élargissant la perspective aux guerres d'Indochine et d'Algérie.
L’enjeu de ces commémorations va au-delà de la simple reconnaissance historique. En réhabilitant les tirailleurs, l'État sénégalais cherche aussi à consolider la cohésion nationale pour revendiquer une souveraineté manifeste. Les récits glorifiant leur courage et leur sacrifice nourrissent un imaginaire collectif exaltant des valeurs telles que l'honneur et la résilience. Ces figures héroïques, convoquées par des responsables politiques, s'adressent à la jeunesse et à l'armée actuelle, en appelant à s'inspirer de leur exemple.
Toutefois, cette mémoire officielle n'échappe pas aux controverses. La présence forte de l'État dans la narration historique pose la question d'un éventuel « roman national » imposé, au détriment d'une réflexion critique et de récits pluriels d’une communauté imaginée. Jusque-là, la marginalisation des historiens universitaires et la simplification du discours autour des tirailleurs témoigne de ce que certains qualifient de « sensationnalisme mémoriel ». L'ambition de réhabiliter ces oubliés de l'histoire s'accompagne ainsi d'une tension entre mémoire et histoire, entre célébration et analyse critique. Depuis quatre-vingt ans maintenant, cet événement reste un nœud pour interroger les relations entre l’histoire, l’identité et la mémoire collective. La mémoire de Thiaroye révèle également les tensions entre l’État, les institutions éducatives et l’armée dans la transmission de l’histoire coloniale. Cette pluralité d’acteurs reflète une élaboration complexe du récit national, où se superposent différentes strates de discours et d’expériences. Au-delà des commémorations officielles, c’est dans les interactions sociales du quotidien, que se joueront les véritables processus de remémoration. Il faudra trouver les moyens pour construire une mémoire collective qui soit à la fois inclusive, critique et porteuse de sens pour les générations futures.
IL S'AGIT D'HISTOIRE PARTAGÉE
Mamadou Diouf expose les enjeux de la célébration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, qui dépasse le cadre strictement mémoriel. L'historien y voit l'occasion d'une réflexion approfondie sur les relations franco-africaines dans la durée
Le 1er décembre 1944, des Tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après leur service, sont tués àThiaroye, par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement deleurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuisdes mois par les autorités politiques et militaires de la France. La commémoration du 80eme anniversaire du «massacre de Thiaroye» a lieu demain, dimanche, sous la présidence du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye et en présence de nombreuses délégations étrangères.
Quel est le symbole de cette cérémonie de commémoration du massacre de Thiaroye, près d’un siècle plus tard ?
Thiaroye est un signe fort envoyé par le nouveau régime sénégalais qui s’écarte de ses prédécesseurs pour souligner son engagement souverainiste et interroger la relation avec la France depuis l’indépendance. La décision de commémorer Thiaroye et à la fois un retour sur une répression sanglante, un massacre colonial dans le contexte de la « Libération » et de la reconstruction d’une France occupée par l’Allemagne et soumise à la collaboration du régime de Vichy, après la débâcle de 1940. Elle restaure, dans la joie, l’allégresse et l’euphorie de la « Libération », l’Ideal français. Les Africains eux, en étaient exclus. Ils étaient sommés de retourner à leur place, y compris par le recours à la force. Thiaroye devient ainsi un lieu de mémoire pour toutes les possessions françaises d’Afrique, pas seulement de la colonie du Sénégal, où avaient été recrutés les tirailleurs. C’est aussi la revendication et la production d’un récit africain hors de l’histoire impériale de ses mensonges et des falsifications pour rétablir les faits. C’est aussi une mémoire et un récit pour l’histoire à venir de la communauté pan africaine, régionale et continentale
En quoi était-ce urgent de mettre en place ce comité que vous dirigez et quelle est sa mission concrète ?
Le travail de mémoire est toujours urgent car il consacre un récit qui construit un imaginaire au service d’une communauté. « Une communauté imaginée » pour reprendre Benedict Anderson (Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, 1983). Dans le contexte de la région du Sahel avec les violences et soubresauts de la présence française, les effets de celle-ci dans plusieurs registres, une autre démarche est initiée par le nouveau régime sénégalais, d’analyser, dans la longue durée les relations franco-africaines et d’initier un travail de re-imagination des relations internationales du Sénégal. Il ne s’agit plus de privilégier l’étranger, non-africain (l’ouverture) mais de « s’arcbouter » sur les voisins (l’enracinement). L’illustration est de recentrer, par un ajout à « Ministère des Affaires Étrangères » pour donner, « Ministère de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères.
En célébrant ainsi le passé, au-delà de la mémoire n’êtes-vous pas en train de surfer sur la résurgence d’un nationalisme en vogue auprès des jeunesses africaines ?
Probablement mais c’est un nationalisme qui redéfinit la nation et la sort du cadre des territoires circonscrits par la partition de l’Afrique à la Conférence de Berlin de 1884-1885. C’est un travail d’imagination d’une communauté hors de l’histoire impériale. Il peut porter une nouvelle carte et des innovations politiques et administratives qui libèrent l’Afrique des entraves et détours de « la structure colonisatrice » et de la « bibliothèque coloniale » (V. Y. Mudimbe, L’invention de l’Afrique. L’Invention de l’Afrique. Gnose, philosophie et ordre de la connaissance. Paris, 2021).
Certains disent que le massacre de Thiaroye est une affaire franco-française, notamment parce que les régiments de l’armée coloniale qui servaient la France et ont été des auteurs d’exactions brutales au Cameroun, en Algérie et à Madagascar ?
Bien sûr que le massacre est exécuté dans un territoire précis, l’empire français, distribué en une métropole et des colonies, des maitres colonisateurs et des subalternes africaines. Un rapport de force et une exploitation économique qui se déclinent dans une structure précise faite de trois éléments : la conquête territoriale, l’incorporation des économies africaines dans l’économie métropolitaine grâce au pacte colonial et enfin, la « réforme de l’esprit du colonisé » (l’aliénation). Enfin, un recours systématique à la violence magistralement analysé par JP. Sartre (Situations V. Colonialisme et néocolonialisme, 1964 et F. Fanon, Peau noir, masque blanc, 1952).
Dans ce contexte précis, on ne peut nullement établir une équivalence entre ceux qui ont le monopole de la violence, de la coercition et de l’exploitation et leurs victimes, même si, parmi les victimes se manifestent la résistance, la collaboration et le déploiement de la violence par procuration.
Très tôt, une africaine de la diaspora, Paulette Nardal dès 1930 exhorte la France de ne pas déployer les tirailleurs sénégalais en Indochine, contre les nationalistes indochinois. Fanon souligne leurs exactions en Algérie et à Madagascar (Peau noir…) et Abdoulaye Ly publie Mercenaires noirs, notes sur une forme de l'exploitation des africains . Paris, 1957). Il me semble que la deuxième partie du titre d’Abdoulaye Ly répond à votre question. Les tirailleurs étaient au service de la France.
Quel sens d’avoir invité le président Macron aux commémorations ? Sommes-nous sortis de l’histoire coloniale à toujours demander la présence de la France ?
Je pense que l’approche adoptée par le gouvernement privilégie l’engagement et la collaboration avec la France sur cette question précise, un massacre qui est une crise qui a secoué l’empire et tâché la réputation d’une France des Droits de l’Homme, de la Philosophie des Lumières, de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, La France idéale et « sans race » chantée par Césaire, Senghor et Fanon, toujours remise à la question, par la France historique de la violence et de l’exploitation coloniale qu’ils dénonçaient en même temps. Le président Macron a été invité parce qu’il s’agit comme le précise la lettre d’invitation du président sénégalais au président Macron, d’une « histoire partagée ». Il s’agit de la traiter ensemble, dans la diversité de nos questionnement, intérêts, méthodologies et bien sûr, présence dans le monde.
À quand des fouilles sur le sol sénégalais pour établir la vérité sur le nombre exact de victimes sans attendre les archives de la France ?
La démarche adoptée pour traiter de cette question est de travailler au rassemblement et à l’exploitation des archives, des études et des témoignages disponibles pour ensuite envisager des sondages et fouilles archéologiques. Il y a des conditions à réunir avant d’élaborer et d’exécuter un programme de fouilles. Les préalables : une cartographie des sites d’exécution et d’enterrement des victimes.
L’AMBASSADEUR DU RWANDA PLAIDE POUR UN TOURISME INTER-AFRICAIN
Karabaranga Jean Pierre, Ambassadeur de la République du Rwanda au Sénégal, appelle à promouvoir le tourisme inter-africain afin de construire l’intégration africaine tant chantée.
Karabaranga Jean Pierre, Ambassadeur de la République du Rwanda au Sénégal, appelle à promouvoir le tourisme inter-africain afin de construire l’intégration africaine tant chantée. Le représentant diplomatique lançait ce plaidoyer hier, vendredi, à l’occasion de la journée du Rwanda, pays invité d’honneur 2024 de la Foire internationale de Dakar (FIDAK)
L a 32e édition de la Foire Internationale du Commerce de Dakar (FIDAK) se déroule du 28 novembre au 15 décembre 2024 au Centre International du Commerce Extérieur du Sénégal (CICES). Sous le thème : « Événements économiques pour promouvoir le tourisme », cette présente édition qui coïncide avec le 50e anniversaire de la FIDAK, place l’activité économique comme facteur de développement du tourisme. En tant que représentant diplomatique d’un des pays invités d’honneur, le Rwanda, Karabaranga Jean Pierre a souligné la nécessité de promouvoir un tourisme inter-africain en vue de construire une intégration africaine qui met du temps à se mettre en œuvre, malgré les nombreux discours.
L’ambassadeur du Rwanda au Sénégal, a déploré du fait que le tourisme inter-africain est presque inexistant dans les pays Africains. Karabaranga Jean Pierre fera constater : « Quand vous regardez le nombre d’Africains qui visitent le Sénégal, comparés aux autres nations de l’Ouest, il n’y a pas photo. Quand on regarde le nombre de touristes africains qui viennent au Rwanda, comparés aux autres, il n’y a pas photo. » D’où l’urgence, selon lui, que les Africains passent à l’action et ne pas restent pas dans les déclarations du panafricanisme et de l’intégration sans se rendre visite. Et dans ce sillage, son excellence Karabaranga s’est réjoui de dire que son pays, le Rwanda, est là, pour montrer aux pays de l’Afrique de l’Ouest les opportunités et les facilités qui sont offertes afin de visiter le Rwanda. Pour ce qui est du choix de son pays en tant qu’invité d’honneur, Karabaranga Jean Pierre indique que la présence du Rwanda à cet évènement « démontre ces liens forts qui unissent le Rwanda et le Sénégal et cela depuis trente ans. Ces relations se sont renforcées et se traduisent par beaucoup d’activités de coopération », a-t-il fait remarquer soulignant à cet effet que « ce qui manquait, c’est seulement le volet commercial. On a voulu travailler ensemble dans le secteur du commerce mais ça prenait un peu de temps et cette fois-ci, on y est. »
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DAK'ART 2024 : DES PHILOSOPHES EN IMMERSION
La biennale peut donner des idées, susciter des vocations pour certains apprenants, en plus de compléter leur formation. C’est fort de cela que le Pr Babacar Mbaye Diop a décidé de faire découvrir la Biennale à ses étudiants en philosophie.
L'ancien directeur du Dak'Art, le Pr Babacar Mbaye Diop, a décidé de faire découvrir la Biennale à ses étudiants en histoire de l'art afin de compléter leur formation reçue en amphi. Une immersion et une exploration forts bien appréciées par ses étudiants dont la majorité n'est qu’à sa toute première expérience de découverte de ce festival. Regardez le reportage.
La Biennale de l’art africain contemporains de Dakar draine tout un tas de visiteurs de différents profils pour diverses raisons : des curieux, des hommes d’affaires, des artistes, des collectionneurs, des apprenants (des élèves ou étudiants). C’est justement dans cette catégorie que nous classons ces étudiants en philosophie accompagnés de leur professeur de philosophie, spécialiste de l’esthétique et de l’histoire de l’art.
Dans la matinée du jeudi 14 novembre, ils sont au nombre de 80 à investir de manière très visible l’ancien palais de justice de Dakar où a lieu l’exposition internationale dans le cadre des IN. Ils ont passé des heures à explorer expo après expo pour se confronter à la réalité de ce dont ils ont dû parler en cours avec leur professeur concernant l’art.
Philosophes en devenir, ces étudiants se sont spécialisés en histoire de l’art. Donc cette exploration de la Biennal ne peut qu’être bénéfique pour eux a plus d’un titre. Nous les avons rencontrés après leur professeur alors qu’ils étaient sur le point d'achever leur exploration.