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4 mai 2025
TSHISEKEDI BOUDE PARIS, MACRON DEFEND SA POSITION SUR LA CRISE CONGOLAISE
Diplomatie sous tension au 19e sommet de la francophonie Que de revers pour Emmanuel Macron qui semble faire désormais de la politique extérieure de la France son cheval de bataille.
Bigué BOB (Evoyée SPÉCIALE À PARIS) |
Publication 08/10/2024
Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a délibérément choisi de ne pas participer à des événements clés du 19e Sommet de la Francophonie, déçu par le manque de soutien explicite d'Emmanuel Macron à son pays en proie aux conflits armés.
Que de revers pour Emmanuel Macron qui semble faire désormais de la politique extérieure de la France son cheval de bataille. Après l’annulation à la dernière minute de la venue à Paris du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, c’est à son homologue de la République démocratique du Congo de “délaisser” Macron. Pourtant, sa venue était perçue comme une belle victoire de l’influence française.
En conflit avec le Rwanda, la République démocratique du Congo traverse des moments difficiles. Beaucoup pensaient que Tshisekedi ne serait pas à Paris, vu les relations entre le patron de l’Élysée et Paul Kagamé. La poignée de main entre la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Rwandaise Louise Mushikiwabo, dissipait les derniers doutes sur le malaise entre le Rwanda et la RD Congo.
Mais tout ceci n’était qu’un voilage. Félix Tshisekedi n’a pas pris part, samedi, au déjeuner auquel la secrétaire générale de l’OIF a invité les chefs d’État et membres de gouvernement ayant pris part au 19e Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Paris les 4 et 5 octobre. Pis, il a boudé la réunion des chefs d’État et de gouvernement et y a été représenté par la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Bestine Kazadi.
D’ailleurs, après cette dernière, face à la presse, le président français Emmanuel Macron, interpellé sur le départ de Felix Tshisekedi, a précisé “qu’il n’y ait pas malentendu. Hier, je l'ai dit moi-même, je n'ai été que parcellaire dans les citations. Il y a beaucoup de crises, de tensions, de guerres que je n'ai pas citées”.
En effet, le président de la RDC n’a pas été content du discours prononcé à la cérémonie inaugurale du Sommet de la Francophonie à VillersCotterêts. Il a estimé que M. Macron n’a pas été assez ferme et explicite dans son soutien à son pays. À cette cérémonie également, Paul Kagame était au premier rang et très près de Macron, alors que Tshisekedi était au troisième rang. Mais, a tenu à souligner Macron, “nous encourageons très clairement la RDC et le Rwanda à parvenir à un accord, dans le cadre de la médiation angolaise, et l'OIF doit jouer un rôle en soutien des efforts régionaux à ce titre et je l'ai dit successivement au président Tshisekedi et au président Kagame. Pour ce qui est de la France, nous avons toujours été clairs et je l'ai redit à l'un et à l'autre, nous appelons au retrait du M23 et des troupes rwandaises. Nous appelons aussi à procéder au démantèlement des FDLR et de tous les groupes armés en RDC, et à l'arrêt des discours de haine”.
Dans les résolutions des chefs d’État et de gouvernement de l’espace francophone à la suite de leur conférence, figure une condamnation “ferme des violations du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République démocratique du Congo, les violences commises à l’endroit des populations civiles, des institutions nationales, de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation RDC (Monusco), de la Mission de la Communauté de développement d’Afrique australe en RDC (SAMIRDC) par les groupes armés, bafouant tous les efforts de paix entrepris dans la sous-région”. Les invités de Macron se disent “extrêmement préoccupés par la dégradation continue de la situation humanitaire et sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo”.
Par conséquent, ils condamnent “tous les massacres des populations et les bombardements des camps de déplacés commis sur le territoire de la RDC, amplifiant les déplacements massifs des populations comptées en millions”
Dans la même veine, ils appellent “toutes les parties prenantes à respecter le droit international humanitaire”. Ces autorités de l’espace francophone ont aussi condamné “tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes, notamment tout appui militaire extérieur, toute intervention militaire étrangère non autorisée”.
Dans ce cadre, ils ont demandé “le retrait immédiat des forces militaires non autorisées par le gouvernement de la RDC sur son territoire, non validé par le Rwanda” et encourageant “les efforts engagés en faveur d’une paix durable dans la sousrégion à travers les négociations conduites dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi, médiation choisie par l’Union africaine”
La France et ses invités disent tenir “au respect de la souveraineté de l’intégrité territoriale et de l’intangibilité des frontières de la République démocratique du Congo” et exprime leur “solidarité au peuple congolais durement éprouvé et (condamnent) le recours systématique par des réseaux criminels et des groupes armés au viol, comme arme de guerre, dont les femmes et les enfants sont les premières victimes, le recrutement et l’emploi d’enfants-soldats, la destruction des aires protégées dans le bassin du Congo, patrimoine mondial de l’Unesco, ainsi que l’exploitation et l’exportation illégales des ressources naturelles vers les pays voisins et autres destinations ; réserve du Rwanda
LE DUEL AURA FINALEMENT LIEU
Après le combat par procuration à la présidentielle de 2024, Macky Sall et Ousmane Sonko pourraient enfin en découdre, sans intermédiaire. Un combat qui s’annonce rude et sans merci
Le duel tant attendu aura finalement lieu. Cette fois, il n’y aura pas de combat par procuration. Les deux chefs de file les plus en vue de l’arène politique sénégalaise vont en découdre dans un combat qui s’annonce des plus épiques, après avoir été tous les deux disqualifiés pour l’élection présidentielle
Investi tête de liste de la coalition Takku Wallu Senegal pour les élections législatives du 17 novembre 2024, Macky Sall a posé un acte fort le samedi 5 octobre, en démissionnant du poste que lui avait confié le président français Emmanuel Macron. “Comme vous le savez, les circonstances de la vie politique sénégalaise m’ont amené à être investi pour les élections législatives. Dans ces conditions, et pour éviter tout risque d'incompatibilité et de conflit d'intérêts, je voudrais porter à votre aimable attention que j'ai décidé de me mettre en retrait par rapport à mes activités d'Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, à compter du 9 octobre, après le sommet de Hambourg sur la durabilité pour lequel j'avais déjà pris des engagements”, écrit l’ancien président sénégalais dans une lettre adressée au président de la République française Emmanuel Macron.
Ainsi, Macky Sall choisit de jeter l’éponge, après un bref passage à la tête du 4P. Une décision qui prend effet à partir du mercredi 9 octobre, à la suite du sommet de Hambourg.
La question qui se pose est désormais de savoir s’il va revenir au Sénégal pour battre campagne ou bien faire comme Abdoulaye Wade, qui avait dirigé une liste en 2022 sans jamais battre campagne.
En tout cas, il est fortement attendu à Paris par les militants et sympathisants de la coalition Takku Wallu Sénégal, composée essentiellement de son parti l’Alliance pour la République, du Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade, mais aussi du Rewmi d’Idrissa Seck.
Alors qu’il y a quelques jours, la coordination de l’APR en France annonçait la programmation d’une rencontre le 10 octobre, nous avons appris que ladite rencontre a finalement été reportée pour une date à déterminer. “C’est avec regret que je vous informe que la rencontre initialement prévue le jeudi 10 avec le président Macky Sall est reportée à une date ultérieure”, a indiqué dans une déclaration le coordinateur Amadou Talla Daff.
Mais malgré cette annulation, il nous revient que l’ancien président va recevoir, la semaine prochaine, dès qu’il se déchargera effectivement de son manteau d’envoyé spécial, des responsables de la coalition Takku Wallu Senegal.
Cette tournure était peu probable, au lendemain de l’élection présidentielle de mars 2024, organisée à l’époque dans un contexte où il semblait bien s’entendre avec les dirigeants de Pastef, en l’occurrence Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. C’était bien avant l’escalade déclenchée depuis des mois par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui ne rate presque jamais une occasion pour s’en prendre vigoureusement au prédécesseur de Diomaye à la présidence de la République.
La dernière en date, c’est lors de la conférence de presse tenue le 26 septembre, à l’occasion de laquelle, dans une allusion à peine voilée, il menaçait : “On ne peut pas demander au peuple sénégalais de faire des sacrifices sans exiger que les responsables de ce carnage viennent se justifier.” Parmi les responsables qu’il a luimême désignés, il y a Moustapha Ba, Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, mais aussi l’ancien président Macky Sall.
Ousmane Sonko venait ainsi de suivre un discours véhiculé pendant longtemps par des militants et sympathisants de son parti, qui n’ont eu de cesse de réclamer la tête de l’ancien chef de l’État.
Si la volonté était de faire peur et de dissuader Sall de tout engagement politique, on a l’impression que c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit. Ce dernier a non seulement accepté d’être tête de liste d’une grande coalition, mais aussi s’est désengagé de son poste à la tête du Pacte de Paris qui l’astreignait forcément à un certain nombre de réserves. Désormais, rien ne semble lier Sall qui va sans doute essayer de se défendre des nombreuses accusations qui pèsent sur sa personne. Ce n’est ni l’âge ni des charges au plan international.
Ainsi, Macky Sall devient le deuxième président sénégalais à revenir dans la politique après avoir perdu le pouvoir. À la suite des socialistes Senghor et Diouf qui avaient définitivement tourné la page après la transmission du pouvoir, les libéraux Wade et Sall ont pris des chemins diamétralement opposés. En ce qui le concerne, Abdoulaye Wade était revenu dans le jeu dans un contexte marqué par la traque de ses proches, en particulier de son fils Karim Wade. En 2012, il est tête de liste, mais sans battre campagne. En 2017, Wade revient dans la mare politique pour sauver ce qui restait encore du Parti démocratique sénégalais. En 2022, il est encore tête de liste, mais sans battre campagne.
Mais avec Wade, l’ambition n’a jamais été la reconquête du pouvoir. La Constitution ne lui en donnait même pas la possibilité.
Quant à Macky Sall, juridiquement, rien ne s’oppose à sa candidature à la prochaine Présidentielle, s’il en a la volonté. À moins de subir des condamnations futures qui le privent de ses droits.
Pour le moment, la grande question, c’est de savoir si l’ancien président va rentrer au Sénégal pour battre campagne ou pas ? De plus en plus l’hypothèse devient très plausible aux yeux de nombreux observateurs. On peut en tout cas valablement se demander si Macky Sall a renoncé au juteux poste qui lui a été confié pour rester confiné au Maroc ? Tout semble en tout cas montrer le contraire
Dans tous les cas, cet engagement va faire beaucoup de bien à l’APR. Le principal perdant risque d’être Amadou Ba qui, en l’absence de Sall, avait réussi à capter beaucoup de grands responsables de l’ancien parti présidentiel.
Il convient, par ailleurs, de souligner que cette posture de Macky Sall est bien différente de celle de son allié Karim Wade qui n’a jamais osé revenir au Sénégal depuis sa sortie de prison en 2016. Ce dernier avait, en effet, préféré sa retraite dorée à Doha, au Qatar, plutôt que d’encourir de nouvelles tracasseries judiciaires
TASSES D’AMOUR ET AROMES D’OUVERTURE LE LONG DE LA ROUTE DE LA SOIE
Autour du thé, on construit une histoire d’amour. A travers cette dernière, on construit le discours d’une humanité qui est rencontres. Amour, rencontres, humanité, le «Black Tea» de Abderrahmane Sissako se boit en pensant «aux douces perspectives»…
Autour du thé, on construit une histoire d’amour. A travers cette dernière, on construit le discours d’une humanité qui est rencontres. Amour, rencontres, humanité, le «Black Tea» de Abderrahmane Sissako se boit en pensant «aux douces perspectives»…
Pathé éteint ses lumières et l’un de ses énormes écrans, diffuse. «Le film que vous allez voir est né sous une bonne étoile.» Signé Arte. Succès garanti ? L’avenir répondra à cette question. Pour aujourd’- hui, 5 octobre 2024, suivons… Premières images, un mariage. Pas d’étoiles dans les yeux de ceux supposés s’unir. Blanche, la robe de mariée. Sombre, l’humeur de la future mariée. «Je ne veux pas vivre mon futur dans le mensonge et dans l’amertume.» Toussaint et Aya ne sont pas Romeo et Juliette. «Je dis non» : Aya s’en alla. La dame en blanc dévale des ruelles. Une musique l’accompagne. Yeux et langues déballent sur elle. Nul n’entend ce qui se dit la concernant. Les équipes de Abderrahmane Sissako ont masqué les commérages par de la musique. Pour marquer la transition. Libérée, Aya. Paroles de la musique de libération : «It’s a new life for me. And I’m feeling good.» Le bonheur à une autre langue, jaillit d’un autre continent. La black Aya est projetée en Asie, dans un pays de thé. Et c’est chez Xi Jinping (cette info est peut-être fausse) que Black Tea, le nouveau film de M. Sissako, se joue.
Black Tea est un filmmonde, un film du Monde, un film où des mondes fusionnent pour enfanter d’un univers singulier. On y commerce en arabe, y dialogue en mandarin. En langue du Cap-Vert on y chante et sur de l’Afrobeat on y danse. Un tailleur de Chine (cette info est peut-être fausse) y travaille du wax. Et dans «ce quartier» de cette Asie lointaine, on mange, Chez Ambroise, aloco et athiéké sur une table garnie de jus de bissap. Bissap, feuilles rouges, thé, feuilles vertes. Thé ? «Le thé et l’art du thé» enseigné à Aya par Wang Cai. Un art soucieux du détail où il faut savoir poser, au millimètre près, sa phalange sur une partie précise de la théière. Un art qui exige d’avoir de la maîtrise sur sa respiration. Un art olfactif et du toucher. Un amour du thé... La black et le thé, explications de M. Sissako : «Je voulais d’abord montrer que Aya s’intéresse à l’autre, à la culture de l’autre. Elle veut construire quelque chose.» Elle rêve même d’un espace de thé dans son pays d’origine. «Je voulais montrer qu’elle était capable d’embrasser la culture de l’autre.» Aller vers l’autre, embrasser sa culture, de la bouche de Abderrahmane Sissako, c’est une force et non une faiblesse.
Un amour pudique
Black Tea, c’est l’histoire d’un amour construit autour du thé. Spoiler : vous n’y trouverez de grandes déclarations hollywoodiennes, non plus, de romance extrêmement ritualisée à la française. Pas de publique déclaration. Pas de pompeuse rose. Il y a des feuilles de thé qui drapent un amour, enlevées une à une, à coups d’œillades dans la boutique, de pudiques touchers dans la cave où s’apprend l’art du thé. Ce, avec la complicité d’une quasi constante nuit qui enveloppe cette pudeur dans le secret de son obscurité. On se laisse ainsi tenir la main par Abderrahmane Sissako qui, après une longue phase de nuit, laisse Wang Cai dire que «le thé noir a un goût lumineux», pour faire comprendre à Aya que c’est elle, le plus lumineux des goûts. Décor de déclaration : la verdure d’un champ de thé. Et il y a un papillon comme troisième personnage. Le papillon ne passet-il pas par plusieurs étapes de métamorphoses avant d’être cet être de couleurs et de beauté qu’on connaît. Peut-être là, un symbole de cet amour construit dans la pudeur, avec plusieurs étapes et qui se déclare, enfin, en plein jour. Là, qui veut pourrait entendre que c’est un choix artistique, de construire souterrainement un amour pudique de nuit avant de l’exposer au jour…La cave c’était, dit Abderrahmane Sissako, pour «donner à ces deux personnes une forme d’intimité, pour se connaître, se rapprocher petit à petit et que le toucher arrive parce que ça c’est important. C’est un cinéma qui ne montre pas que les gens s’embrassent et que c’est ça l’amour. Ce n’est pas ça. Il y a le respect de l’autre, il y a une quête de quelque chose avant de se lancer dans une aventure beaucoup plus complexe qui est de se marier».
«La Chine n’a pas voulu de ce film…»
Mais, si Black Tea est à 90% un film nocturne, c’est parce que Abderrahmane et ses équipes ont dû contourner une contrainte. En effet, «la Chine n’a pas voulu de ce film parce qu’elle a estimé sans le dire et le mentionner, que le personnage principal chinois ne représente pas les valeurs chinoises, parce qu’il est avec une Africaine. C’est extrêmement grave, lorsqu’un pays aussi fort va dans ce sens», révèle M. Sissako en conférence de presse. Mais, «on ne peut pas attacher les bras d’un artiste». Solution : «je suis parti à Taïwan, parce que c’est la Chine, c’est la même langue et cetera», même si une différence de dimension est apparue. «Et donc, lorsqu’on fait face à une réalité, c’est ça la force et la magie du cinéma, il faut s’adapter. Pour m’adapter au lieu, à mon repérage, j’ai décidé de faire le film la nuit. C’est ça la raison. Le scénario ne disait pas ça. Le scénario se passait le jour et la nuit m’a permis de créer une intimité, d’être dans l’intime, de ne pas aller dans ce sens-là, où je montrais vraiment le côté presque documentaire avec Guangzhou, une ville d’Africains très chargée».
Li-Ben, génération Bluetooth
La Chine du rejet dans le film, c’est sans doute ce vieux qui compare les noirs de «ce quartier», qu’il veut faire quitter à son petit-fils, à des animaux. Le petit-fils, lui appartient au monde d’aujourd’hui. «Cette route de la soie, pour moi, elle n’a pas de sens si elle ne met pas les gens ensemble», dit Li-Ben au vieux. La phrase est importante aux yeux du réalisateur qui la répète en conférence de presse. Route de la soie dans le film, et dans les questions de la presse à Sissako. «Il ne faut pas que l’Afrique soit un terrain économique pour les autres pour prendre seulement des choses. Nous avons longtemps souffert de ça et nous cherchons à changer ça», challenge-t-il. Avant de faire preuve de cette grande lucidité : «La Chine peut être une chance, elle peut être aussi une malchance. C’est à nous de nous positionner. C’est à nous de transformer cette route de la soie qui est une route économique en une route véritablement de rencontres humaines.» Il doit en être ainsi, «parce que nous avons à donner à l’humanité, nous avons donné, nous donnons à l’humanité». Senghorien, ce Sissako, qui dit que «non seulement nous sommes capables de donner, mais de prendre aussi. Et cette dynamique, cette vision du continent, je pense que c’est très important».
Les idées de Bluetooth, d’une connexion entre ces spécificités qui font un monde seront évoquées par le fils de Wang Cai. Elles traduisent aussi l’idée de Abderrahmane Sissako selon laquelle «l’humanité, de toute façon, n’est que rencontre». Peur, méconnaissance, rejet de l’autre (le réalisateur préfère ne pas parler de racisme) peuvent malheureusement naître de ses rencontres. Et, «l’artiste doit toucher ces sujets-là et les montrer s’il le peut». Boire beaucoup de tasses de Black Tea pourrait aider à cultiver l’idée de Bluetooth de Li-Ben. Boire «aux douces perspectives», comme conseillé par ce personnage français dont on ne connaît l’existence qui via une anecdote contée par l’ex-femme de Wang Cai
Par Abdoul Azize KEBE
LE FRANÇAIS, LANGUE DE L'ISLAM
Ce texte avait été publié à l’occasion de la célébration du 15e sommet de la Francophonie à Dakar, en 2014. Je la partage, 10 ans après, avec une légère modification pour préciser ma pensée
Ce texte avait été publié à l’occasion de la célébration du 15e sommet de la Francophonie à Dakar, en 2014. Je la partage, 10 ans après, avec une légère modification pour préciser ma pensée. Je voudrais saisir le moment de la célébration de la Francophonie pour partager cette réflexion. Je le fais dans le seul but de contribuer à rapprocher les musulmans de mon pays et d’ailleurs, à faire tomber ces cloisons d’un autre âge qui se dressent entre musulmans arabophones et francophones. De ce point de vue, on pourrait se départir de cette pensée réactive qui nous empêche de percevoir toute cette potentialité créative que le français nous offre.
Nous savons tous que la plupart des pays de la Francophonie sont des pays anciennement colonisés. Parmi ceux-ci une bonne partie qui se trouve au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, est majoritairement musulmane. Ce sont des espaces où l’islam, avec sa langue génitale l’arabe, a précédé le français et ses éléments culturels. Dans ces pays, l’établissement du français a été perçu comme une agression contre l’islam et contre la langue arabe. Tant et si bien que le français fût considéré - quelques fois à juste titrecomme une langue anti-islamique. Mais aujourd’hui, estil juste de continuer à le voir de cet œil, à le percevoir comme la langue du diable, de l’antéchrist ? Est-il acceptable de le présenter ainsi pour décréter illicite son enseignement, quitte à frustrer nombre d’enfants des bienfaits de l’école et des savoirs qu’elle offre, comme le stipule Boku Haram ou les organisations qui partagent ses vues ? Pour qui suit le dynamisme qu’apporte le français à la propagation du savoir islamique et à la diffusion de sa culture, il serait plutôt juste de dire que le français est une langue d’islam, dans ses dimensions scientifique, académique, spirituelle, culturelle et historique. Même si certains s’y expriment pour diffuser leur haine ou leur méconnaissance de cette belle religion, d’autres en usent pour la diffuser et mettre à la disposition du monde tout le trésor spirituel et théologique qu’elle a généré.
Le français facteur de diffusion de l’islam
Toute langue dans laquelle s’exprime la religion, pour véhiculer ses enseignements, pour défendre ses idéaux, est une langue de religion, de cette religion. Vu sous cet angle, le français est une langue d’islam. Les musulmans arabophones sont les mieux placés pour accréditer cette hypothèse dans la mesure oú, la plupart d’entre leurs élites estiment qu’est arabe tout celui qui s’exprime dans cette langue, la langue du Dâd. Il y a même des hadiths dont il faut vérifier l’authenticité qui accréditeraient cette assertion. Dans tous les cas, parler une langue c’est bien intégrer, ne serait-ce que par la locution, une communauté.
Pourquoi soutenons-nous que le français est une langue d’islam ?
L’islam est une religion à vocation universelle, fondée par la révélation d’un Livre à partir duquel, des savoirs de toutes sortes ont été élaborés. Or, la vocation de ces savoirs est d’être reçus, appropriés, développés et retransmis par des peuples et des nations autres que le peuple arabe. Dans cette mission, le français a joué un rôle important en véhiculant, par la traduction et l’édition, un riche patrimoine qui serait resté inaccessible pour une bonne partie des musulmans non arabophones.
Quelques exemples illustrent notre propos
Le domaine éditorial représente un riche champ d’expression de l’islam, de diffusion de ses enseignements, de défense de ses idéaux, et même de clarification de controverse et d’idées reçues ou préjugées. Sur ce champ, la contribution de certaines maisons d’édition est à citer. En visitant la collection Sindbad de la maison d’édition Actes Sud, on est admiratif et reconnaissant devant son fondateur Pierre Bernard. Ce dernier a contribué, avec cette collection, à exhumer, en tout cas, à déposer sur la natte de l’universel un nombre considérable de textes relatifs à l’islam, littérature et civilisation confondues, pour montrer que cette religion n’est pas qu’un simple ritualisme sans âme. Elle est surtout une mine de ressources pour l’humanité. La bibliothèque musulmane de cette maison d’édition nous surprend, par la richesse et la diversité des publications parmi lesquelles figurent des classiques du fiqh, comme la Risâla de Shâfi'î, des livres de soufisme et de spiritualité comme les traités spirituels d’alAnçâri, de Kalabâdhî, ou des traités de sciences comme ceux de Râzi.
A côté de cela, les éditions al-Buraq apportent leur pierre à l’édifice par la diffusion des œuvres d’auteurs musulmans contemporains ou classiques. Dans le site de la revue d’études sur l’islam, «Cahiers de l’islam», on lit ceci à propos de cette maison d’édition : «Al Bouraq devient alors une passerelle entre Orient et Occident, une voie vers la connaissance de la civilisation arabe-musulmane.» De cette façon, le français, comme d’autres langues certainement, relie les anneaux du savoir islamique à la chaîne de la connaissance universelle, et transmet le message décrypté aux peuples et nations qui constituent la cible. Il joue son rôle de diffuseur mais aussi de lien entre les peuples disséminés, à travers les espaces géographiques différents, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, sans considération de discrimination d’aucune sorte. Sur un autre plan, mais toujours dans le domaine éditorial, l’apport du français à la diffusion et à la connaissance de l’islam spirituel est très appréciable. Ce faisant, il a dévoilé au monde cette riche spiritualité qui se présente comme voie alternative pour accéder à Dieu par la quête de sens, à travers la philosophie et la mystique, l’amour et la création du beau, l’ouverture à l’autre, la charité et l’hospitalité. Cette contribution inestimable se retrouve dans l’option éditoriale de la maison d’édition Verdier, par le biais de la collection islam spirituel, -رون ىلع رون - fondée par Christian Jambet. En empruntant cette voie, il refuse d’emprisonner l’islam dans les carcans du juridisme ou les chemins aventureux du politique. Ce qui semble être aujourd’hui le seul visage médiatisé avec les jihadistes, les salafistes de Daesh ou de Boku Haram. Dans cette collection, nous pouvons citer l’excellent traité de soufisme d’Isfarâ’inî, Le révélateur des mystères - فشاك رارسألا - . Un beau texte sur l’unicité de Dieu et les subtilités du cœur, dans la perception de réalités autres que physiques, traduit par Hermann Landolt.
Traduction et valorisation de la culture
Ces quelques illustrations auraient suffi pour démontrer que le français n’est pas une langue anti-islamique, comme semblent le croire quelques arabophones radicalisés par des sentiments de marginalisation réelle ou fictive, ou par des islamistes antioccidentaux qui confondent idéologie et religion. C’est, à l’instar de toutes les autres langues, un moyen de connaissance et de reconnaissance, de connexion avec les savoirs et avec les humains, pour transformer positivement les réalités.
Les traductions des deux sources primordiales de l’islam, le Coran et la Sunna authentique du Prophète en attestent. Qui ne connaît pas les traductions exemplaires de Jacques Berque, de Hamidoullah, de Si Hamza Boubakeur ou des Deux Saintes Mosquées ? En plus de cela, qui ne connaît pas les traductions des œuvres magistrales de Ghazali, en soufisme, de penseurs contemporains comme Qaradawî, Mouhamed Ghazali, et d’autres encore ? Avec notre génération, qui n’a pas appris dans l’œuvre, en français, de Garaudy, René Guénon, Dominique Urvoy, Maurice Bucaille ? Qui n’a pas consolidé ses connaissances avec Minhâju-lMuslim de Abu Bakr alJazâ’irî ? Qui ne s’est pas abreuvé dans la fontaine inépuisable de sagesse de l’Imâm ‘Ali (RTA) dans Nahjul-Balâgha ? Ici au Sénégal s’est tenu en 2014, pour la deuxième fois, le sommet de la Francophonie qui honore le catholique Senghor et le musulman Abdou Diouf, sous le magistère de M. Macky Sall, un président de la génération post-indépendance. Il me plaît de rappeler que si le français s’est introduit, avec l’objectif de réduire l’aura des marabouts et de l’islam, il est aujourd’hui le véhicule de leurs enseignements. Les traductions de Jawâhir alMa'ani, de kifâyatu-rRâghibîn et de Ifhâmu-lMunkiri-l-Jânî, par le Professeur Ravane Mbaye, de Masâliku-l-Jinân par Serigne Sam Mbaye, de Minanu-l-Bâqî par Khadim Mbacke, de Kâshifu-l-Albâs par Ousmane Kane, sont là, témoins de nos propos. En plus de cela, toute l’œuvre du professeur Samba Dieng sur El Hadj Oumar, et d’autres encore, sont une illustration que dans les faits, la contribution du français à l’universalisation de l’islam et des pensées issues de son flux, est une réalité. Si les confréries du Sénégal sont si bien connues dans le monde, en particulier dans les régions francophones et occidentales, c’est en partie grâce aux travaux en français, entre autres, dont elles ont été sujets, ici et ailleurs. Alors, peut-on dire que le français est non seulement langue de religion, mais il est langue d’attraction et peut être, d’un point de vue symbolique, langue d’accréditation auprès de l’élite musulmane non arabophone. Il est aussi bien langue d’islam que langue d’islamologie, langue de préservation et de valorisation du patrimoine islamique global et local.
Il est langue d’islamophilie. Rappelons-nous les belles envolées de Lamartine ou de Hugo et même le mea-culpa de Voltaire. Mais sous nos yeux, avec l’élégance qui le caractérise, notre compatriote Souleymane Bachir Diagne n’a-t-il pas contribué, par et avec le français, à apprendre au monde comment philosopher en Islam ? N’a-t-il pas rappelé avec brio que les langues sont des vecteurs d’hospitalité, par la traduction ? J’aime ce concept d’hospitalité car d’emblée, il écarte l’hostilité. Le français, vu sous cet angle est un instrument qui a permis de se faire dialoguer l’âme de l’islam avec les cultures non arabophones.
Ce que nous avons constaté dans le domaine de l’édition pourrait être dit dans celui des sites sur le web, dans l’espace scolaire et universitaire, et dans le secteur des intellectuels francophones musulmans du Sénégal et d’Afrique. Que ce soit le défunt Cerid (Centre de Rechcrche sur Islam et Développement), avec les illustres Dr Ciré Ly, Me Fadilou Diop,
Pr Assane Sylla, Pr Makhtar Diouf, Pr Amadou Samb, l’inénarrable Oustaz Ibrahim Mahmoud Diop, que ce soit l’Ujmma, les jeunes musulmans à Bamako, les étudiants musulmans de l’Ucad, le français a servi pour démontrer que l’islam est une religion de savoirs, d’éthique et de développement, à travers le croisement entre ces deux premiers éléments. Pour conclure, nous pouvons affirmer que le français a cessé d’être la langue antiislamique depuis très longtemps, avec la fin de la colonisation. Aujourd’hui, il est une langue qui permet à des peuples différents de se rencontrer dans le savoir islamique, de s’abreuver de ses sources, de s’enrichir de ses trésors et de ses spiritualités pour se connaître et se respecter. En cela, il est aussi langue d’islam.
par Abdou Fall
APRÈS LE TEMPS DES COLÈRES, LE MOMENT DU SURSAUT CITOYEN POUR UNE GOUVERNANCE DE RUPTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un basculement absolu en faveur d'un camp au détriment des autres blocs serait fatal pour la stabilité du pays. Une initiative du comité national des Assises en direction des blocs politiques en lice serait salutaire pour le Sénégal
La forte colère citoyenne qui s’est exprimée le 24 mars 2024 par un vote massif en faveur du candidat Bassirou Diomaye Faye au premier tour de l'élection présidentielle passée est un indicateur on ne peut plus tangible de l'irrépressible aspiration aux changements qui s'est emparée de notre pays depuis un quart de siècle.
C'est pourquoi il était naturellement attendu de l'actuelle équipe dirigeante que soient dégagées en priorité des perspectives claires de réformes de fond parmi lesquelles les questions institutionnelles devaient occuper une place prépondérante au regard des crises politiques récurrentes que le Sénégal a traversées pendant ces décennies qui marquent notre entrée dans le siècle naissant.
Avec le régime socialiste d’abord en 2000 et les pouvoirs libéraux qui ont suivi en 2012 et 2024, trois alternances politiques ont été opérées à la tête du Sénégal, toutes principalement marquées par une forte aspiration citoyenne à la rupture dans la gouvernance des affaires de la nation.
Tout le monde l'aura remarqué, les sujets majeurs du débat politique national depuis 2000 ont porté pour l'essentiel sur des enjeux de gouvernance.
Chacun des pouvoirs déchus pouvant se prévaloir dans une très large mesure d'un bilan plus que respectable en matière de redressement économique et financier pour les socialistes en 2000, de grandes réalisations dans la construction des bases infrastructurelles du développement économique et social du pays pour les libéraux en 2012 et 2024.
Sous ce rapport, les 12 ans de magistère du président Macky Sall auront été particulièrement féconds dans tous les domaines ;
Et c'est pourtant là que le changement aura été quasiment opéré sur fond d'insurrection électorale.
C'est la raison pour laquelle il était dans l'espoir de tous de voir la nouvelle équipe dirigeante sortie victorieuse de la présidentielle de 2024 se saisir de l'opportunité de la transition vers les législatives pour faire l'état des lieux de la gouvernance politique, démocratique, économique et sociale du Sénégal, négocier avec toutes les forces vives de la nation les termes d'un large consensus sur les réformes majeures à entreprendre au premier desquelles les chantiers institutionnels, et enfin ouvrir au pays la perspective d'une gouvernance rénovée.
Et au-delà du contexte national, le Sénégal aurait fait encore une fois figure de précurseur en offrant une nouvelle perspective à l'Afrique où la crise de l'État post-colonial, notamment dans l'espace francophone, entraine des errements dangereux avec des conséquences désastreuses dans la marche de nos institutions communautaires sous-régionales
A cet égard, les crises lancinantes de régime que traversent les pays dits de l'alliance des États du Sahel (AES) méritent une attention toute particulière de la part des hommes politiques et des intellectuels du continent, en particulier chez nous, objectivement enfermés que nous sommes dans une véritable ceinture de feu.
C'est pourquoi l'occasion aurait été belle aujourd'hui si on allait à nos élections législatives du 17 novembre prochain dans le cadre d'une démocratie apaisée et d’une profonde mise à jour des institutions du pays.
Étant entendu que la seule perspective politique qui vaille est celle d'une société réconciliée avec elle-même et d'une nation rassemblée pour relever le défi de sa sécurité qui, comme aimait à le répéter le Professeur Cheikh Anta Diop, est la condition et le préalable de toute politique réussie de développement.
Nous sommes bien placés pour beaucoup en savoir sur les souffrances indicibles que vivent actuellement les peuples des nations sous l'égide des états dits de l'AES.
C'est la raison pour laquelle il importe peu pour nous d’en savoir outre mesure sur les raisons qui ont pu justifier les logiques ayant en définitive prévalu pour conduire à cet état de tensions entretenues en permanence et qui continue encore de régner dans notre espace public six mois après la présidentielle de mars 2024 et à quelques six semaines des législatives du 17 novembre prochain.
Ce qui est établi et constant, c'est que cette transition aura été une occasion manquée par les nouvelles autorités du pays de jeter les bases d'un authentique renouveau démocratique.
C'est dans cette circonstance exceptionnelle de mutations politiques inachevées que se tiendront les législatives en vue dans les six semaines qui nous séparent de cette échéance capitale.
Je dois dire sans ambages, en ce qui me concerne , que je suis de ceux qui pensent qu'au regard des faits observés sur les six mois de la gouvernance de la nouvelle équipe dirigeante et de la montée en puissance des crises politiques que traversent le monde avec leurs impacts sur nos pays, la simple sagesse devrait commander que tous les hommes et femmes de bonne volonté se mobilisent dans un vaste sursaut citoyen en faveur de politiques de vastes rassemblements pour faire face aux grands défis de notre époque.
Nos responsabilités nous dictent de tout entreprendre pour éviter que ces tensions permanentes dangereusement entretenues se transforment en crises insurmontables pour notre pays.
Et sous ce rapport, la lucidité politique devrait nous commander à tous de travailler à la construction d'un rapport de forces qui rétablisse les équilibres entre les principaux courants politiques qui traversent le pays, afin que selon le bon mot Montesquieu, "par la force des choses, le pouvoir puisse arrêter le pouvoir ".
Un basculement unilatéral et absolu en faveur d'un camp au détriment des autres blocs serait à notre sens fatal pour la stabilité du pays, l'unité et la cohésion de notre nation et la préservation des équilibres entre les courants et forces de diverses natures qui traversent la société Sénégalaise dans son ensemble.
Quatre blocs majeurs se disputent à ce jour les votes des citoyens pour cette échéance capitale du 17 novembre prochain.
L'issue de ce scrutin va déterminer dans une très large mesure la configuration des forces en charge de la gestion de notre statut nouveau de pays pétrolier et gazier dans un environnement de crises politiques et sécuritaires jamais vécues dans notre espace sous-régional.
Un tel contexte doit appeler de notre point de vue la hauteur et la sérénité d'une gouvernance de responsabilité que tout le monde sait incompatible avec une ambiance délétère de crispations, de tensions, de convulsions, de menaces et de controverses permanentes, sans retenue et totalement contreproductives.
C'est donc le moment, de ce point de vue, pour que toutes les communautés représentatives de la nation sénégalaise dans sa diversité et toutes les personnalités de bons conseils de rappeler aux acteurs politiques que notre pays ne saurait être livré à leur merci, quels que soient par ailleurs les mérites et talents des uns et des autres.
Il n'est établi nulle part que pouvoir leur est donné de disposer du droit exclusif de décider du sort de tous selon leurs ambitions de pouvoir au risque d'exposer le pays dans son ensemble à tous les périls possibles et imaginables.
En démocratie, majorité n'est pas unanimité !
Maître Babacar Niang aimait à rappeler : " la démocratie, c'est le gouvernement de la majorité, dans l'intérêt général et dans le strict respect des droits de la minorité ".
On est par conséquent dans le temps du sursaut citoyen, républicain et démocratique pour le retour aux fondamentaux d'une nation riche de sa diversité et forte de son unité, d'un peuple fier, travailleur, libre et confiant en lui-même, d'une société juste et solidaire, enfin d'un régime politique tournant définitivement le dos au pouvoir personnel sans partage et à l'exercice solitaire du pouvoir.
C'est sur la base d'une telle plate-forme qu'un vaste mouvement citoyen, républicain et démocratique doit construire un référentiel à soumettre à la classe politique dans son ensemble.
Il s’agit, à partir de là, de créer un rapport de force politique qui redistribue les rôles dans les différentes institutions du pays afin d'en garantir les équilibres entre les principaux courants qui traversent l'espace politique national.
Le 17 novembre prochain, le salut du Sénégal est dans le triomphe d'un vote de rééquilibrage entre les courants majeurs en lice dans le cadre de ce scrutin exceptionnel.
La configuration du prochain parlement devra rendre incontournable le cadre d'un dialogue qui s'imposera le moment venu à tous afin que soient renégociés les termes d'un pacte politique et social renouvelé autour d'un nouvel ordonnancement institutionnel qui exclut le pouvoir absolu d'un camp sur l'autre tout en garantissant un fonctionnement institutionnel à l'abri des vices des démocraties perverses.
Après la fièvre du 24 mars, le scrutin du 17 novembre devra être celui de la sérénité devant déboucher sur le salut d'un dialogue entre les quatre principaux blocs en lice dans ce moment exceptionnel de la vie politique du Sénégal.
Cette tendance lourde vers les grands blocs politiques, tout en reconnaissant aux autres entités en lice leur droit légitime à porter leur projet et afficher leurs ambitions, est le signe précurseur d'une perspective de recomposition politique de nature à donner lisibilité et cohérence dans l'espace démocratique du Sénégal.
Le bloc Pastef du duo Diomaye/Sonko, celui de Sàmm sunu kaddu avec le trio Khalifa Sall, Barthélémy Diaz, le PUR de Serigne Moustapha Sy et les jeunes leaders dits radicaux, la coalition Jàmm ak Njarin̈ autour d’Amadou Ba avec ses alliés de l'AFP, du PS et des partis de gauche et enfin le regroupement de presque toute la famille libérale wadiste dans Takku wallu Sénégal autour du président Macky Sall et de l'APR avec Karim Wade, Idrissa Seck, Pape Diop, Omar Sarr, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Balde et les autres, il se dessine là quatre courants majeurs à partir desquels il devient possible de construire un dispositif cohérent de régulation du jeu politique.
Il devient difficilement envisageable dans le cadre d'une telle configuration l'émergence d'une force hégémonique capable de dicter à elle seule sa loi dans le cadre d'une représentation nationale ainsi configurée par le vote citoyen.
Ces quatre principales forces dignement représentées dans la future Assemblée, sans l'exclusion des autres listes donneraient la chance exceptionnelle au Sénégal d'une démocratie de compromis qui est dans les circonstances historiques actuelles la seule voie d'une gouvernance apaisée, stable et durable du pays.
Nous nous attacherons naturellement en ce qui nous concerne à porter en toute modestie la voix de ces réformes de fond dans le cadre du programme de législature de la liste Takku Wallu Sénégal placé sous le leadership du président Macky Sall.
C'est par conséquent le moment d 'inviter à un large consensus de tous les acteurs sur les exigences d'une gouvernance rénovée de nos institutions dans le sens de réconcilier gouvernants et gouvernés et dans le cadre d'une vision qui place le citoyen au cœur du projet de construction national .
Il convient de toujours rappeler à cet égard que le développement d'un pays, c’est certes l'affaire de l'État et des dirigeants, mais c'est aussi et surtout l'affaire des peuples et des organisations populaires.
Et ce moment où le monde entier célèbre la disparition de la figure exceptionnelle de Monsieur Amadou Moctar, le Sénégal ne lui rendrait meilleur hommage que de répondre à son appel constant en faveur de la cause qui a incarné le dernier grand combat de sa vie, la rénovation institutionnelle de notre pays.
Une initiative du comité national des Assises soutenue par toutes les forces républicaines et démocratiques du pays en direction des blocs politiques en lice serait salutaire pour le Sénégal si elle débouchait sur un pacte d'engagement de tous pour des réformes institutionnelles actées pour être traduites en lois constitutionnelles au sortir des élections législatives du 17 novembre prochain.
Abdou Fall est ancien ministre, président du Mouvement Alternatives Citoyennes Andu Nawle.
Par Mohamed GUEYE
FINANCES PUBLIQUES, AU-DÀLA DES CHIFFRES
Il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor
En 2012, face à la perspective d’une défaite électorale qui le menaçait, Abdoulaye Wade avait prévenu que s’il perdait le pouvoir, il ne garantissait pas que les salaires puissent être payés dans les deux mois suivants. Et de fait, dès sa prise de fonction, Macky Sall a dû se rendre en France de toute urgence. On a appris, à la suite d’un communiqué, que le Président français Sarkozy a accordé au Sénégal une aide budgétaire de près de 180 millions d’euros pour permettre, entre autres, de payer des salaires.
Autre flash-back. Fin 2023. Quelques mois avant la fin de son second mandat, Macky Sall décide d’augmenter des salaires de l’enseignement public, de l’élémentaire au supérieur. Ce qui représente une grosse enveloppe de plusieurs milliards par année.
En ce moment, si l’on en croit les annonces faites la semaine dernière par le gouvernement, à la tête duquel le Premier ministre, le pays était déjà au bord de la banqueroute. Où Macky Sall et ses ministres trouvaient-ils l’argent pour payer tous les fonctionnaires chaque mois ?
Pire encore, ou mieux, ces faussaires ont trouvé le moyen de laisser plus de 300 milliards de Cfa dans les caisses de l’Etat en partant, comme indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres. Une chose que le régime de BDF n’a pas démentie. Et pour montrer leur force, c’est à partir de leurs données et leur bilan que le régime actuel a pu lever plus de 450 milliards de Cfa d’eurobonds, même si à ce jour, on n’en connaît pas encore l’utilisation, étant donné que l’Assemblée nationale n’a pas eu le temps de voter une Loi de finances rectificative (Lfr) qui devrait intégrer cet argent dans le budget de cette année.
Parlant de budget d’ailleurs, il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor. L’ennui est que, du fait de cette situation, les Sénégalais ne connaissent pas encore les orientations politiques et économiques que le nouveau régime veut imprimer au pays. Jusqu’à présent, on nous parle de souverainisme économique, sans nous en donner le contenu.
L’action la plus tangible est la remise en question des contrats avec les compagnies étrangères évoluant dans le secteur minier. Un ministre a déclaré que cela visait à s’assurer que les intérêts du pays étaient très bien protégés et que le Peuple profitait pleinement de ce qui lui revenait constitutionnellement. Il faut prendre acte de cette volonté, et souhaiter que les actes ne tournent à la Bérézina pour le pays. Cette remise en cause des contrats signés et des engagements de l’Etat pourrait éventuellement rendre plus frileuses les entreprises étrangères qui ont accepté de mettre plusieurs milliards de Cfa dans «l’aventure» pétrolière, les inciter à retenir leurs financements jusqu’à plus amples informations. Souhaitons que leur revue de ces contrats se fasse avec plus de sérieux que ce qu’ils avaient consacré à dénoncer la gestion du pétrole et du gaz sénégalais. Les gens n’ont pas oublié que l’actuel Premier ministre, alors dans l’opposition, avait pondu deux ouvrages pour dénoncer la gabegie et le manque de transparence du pouvoir de Macky Sall dans la gestion du pétrole sénégalais. Dans ses déclarations, il était allé, ainsi qu’un autre politicien, par ailleurs éminent diplômé de l’Ecole des Mines en France, jusqu’à affirmer, avec tout le sérieux de leur rang, que des bateaux étrangers venaient rôder la nuit autour des plateformes pétroliers du Sénégal pour charger du pétrole sénégalais qu’ils allaient vendre en Europe.
Ça, c’était près de 5 ans avant que la compagnie Woodside n’annonce la sortie de son premier baril, faisant ainsi taire les rumeurs mortifères.
Mais il est temps d’aller au-delà des chiffres et des débats de spécialistes des Finances publiques. Aujourd’hui que le Premier ministre et son gouvernement nous annoncent, avant la Cour des comptes, que tous les calculs sur lesquels se basent les chiffres de nos performances économiques sont falsifiés, on est impatients de savoir comment ils vont redresser la barre. Toutefois, on peut estimer, avant la publication annoncée du fameux «Projet» la semaine prochaine, qu’ils ne devraient pas y avoir beaucoup de problèmes s’ils s’en tiennent à leurs déclarations d’avant l’arrivée au pouvoir. N’ont-ils pas basé leur postulat sur une économie d’auto-production ? Le Président Faye avait même déclaré vouloir relancer une industrie de substitution des importations. C’est sans doute pour cela que la dégradation de la notation du Sénégal ne les dérange pas trop. Ils ne doivent pas non plus être particulièrement choqués de voir des filiales étrangères quitter le pays. Le problème est de trouver des champions locaux qui prendraient leur place. Ou même mieux, qui vont investir dans des secteurs encore plus en pointe que ceux qu’occupaient les exploitants étrangers. Une très bonne idée, mais qui ne pourra être jugée que lors de sa mise en œuvre.
Dans ce domaine aussi, l’une des leçons à retenir est qu’un cordonnier ne peut se transformer en maroquinier du jour au lendemain. Un négociant en linge ne peut non plus devenir constructeur automobile en une quinzaine de jours. Si l’on veut promouvoir des entreprises à partir de la coloration politique de leurs dirigeants, on va diriger le pays vers un retentissant échec. Or, le Sénégal n’a pas de temps à perdre à des tâtonnements. La promotion de champions nationaux est quelque chose de très important et ne peut se baser sur les affinités que les dirigeants ont avec certains prétendus «capitaines d’industries». Tout le monde sait qu’au Sénégal, ils ne sont pas vraiment nombreux.
Le gouvernement a eu le temps, depuis sa prise de fonction, de se rendre compte que les déclarations d’avant les élections ne permettent pas de préserver ou de nourrir une popularité politique. La jeunesse sénégalaise notamment, souffre d’un mal-être qui ne se contente plus d’intentions. L’armée de chômeurs qui frappe à ses portes ne va pas regarder encore pendant longtemps des copains se partager le gâteau de l’Etat avec des coquins dont le mérite est d’avoir été parmi les plus bruyants lors de la traversée du désert. Il est passé le temps où l’on pouvait impunément rejeter toutes les fautes sur l’ancienne équipe et penser s’exonérer de toute faute.
Le Premier ministre a pensé qu’il lui suffisait d’affirmer avoir trouvé des données trafiquées pour gagner des mois de patience et d’indulgence pour son équipe. Il oublié uniquement que s’il a été élu, ainsi que son président, c’est pour avoir dit qu’ils avaient un «projet déjà tout ficelé» et qui n’attendait que sa mise en œuvre. Comparaison n’étant pas raison, on pourrait néanmoins rappeler au Président Diomaye Faye que Macky Sall avait dû, quasiment dès son arrivée au pouvoir, patauger dans les eaux à Sicap Foire ou Nord Foire, et dans la Zone de captage, et régler le problème. Il ne s’est pas défaussé en prétendant que ce n’était pas «son hivernage». Et même après, il ne s’est pas plaint que des saboteurs s’en prenaient à des ouvrages d’évacuation, comme à Keur Massar, pour des motifs politiciens.
Il en est de même des denrées de première nécessité, du loyer ou du tarif de l’électricité. Bien loin de vouloir se faire l’avocat de la gouvernance de Macky Sall, on peut affirmer que les premières mesures de sa gouvernance, même empreintes de populisme, ont été très efficaces, et toute la population y a adhéré, à la notable différence de propriétaires d’immeubles, ce qui est tout à fait compréhensible. Actuellement, il suffit de faire un tour sur les marchés du pays pour se demander par quel miracle certains de nos compatriotes parviennent à survivre. De même, avec cette rentrée scolaire qui n’est pas celle de Benno ou de l’Apr, comment les parents de familles nombreuses parviennent à satisfaire les besoins de leurs enfants ?
Avant de chercher à convaincre les Sénégalais qu’ils détiennent avec leur équipe, les clés du développement de ce pays, les dirigeants de ce pays devraient d’abord, et en toute urgence, se pencher sur leurs concitoyens. Les promesses qu’ils se préparent à faire au cours de cette campagne électorale devraient être concrétisées le plus vite possible
L’APPEL DÉNONCE UN ARRÊTÉ INJUSTIFIÉ DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION
Selon l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne ce texte, élaboré sans consultation préalable, outrepasse les prérogatives du ministre en conférant à une commission créée le pouvoir de vie ou de mort sur les entreprises de presse.
L’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) veut l’abrogation du nouvel arrêté du ministre de la Communication portant création de la Commission d’examen et de validation de la déclaration des entreprises de presse du Sénégal. Elle affirme qu’elle l’a beau chercher dans le fil conducteur du Code de la presse, mais il n’y est pas, tout comme il brille par son absence dans tous les textes d’application du Code. «C’est pourquoi, par la magie d’un raccourci rapide, il faut dire que cet arrêté du ministre est une sorte d’Ovni dans l’ordonnancement juridique et institutionnel du secteur des médias», lit-on dans un communiqué.
L’APPEL indique que cet arrêté, élaboré de «manière cavalière», sans consultation ou concertation aucune, s’arroge un droit de vie et de mort sur les entreprises de presse. En effet, dans ses missions énumérées à l’article 2, il dit, entre autres : «examiner les demandes d’enregistrement des entreprises de presse adressées au ministère via la plateforme ci-dessus visée, s’assurer du respect des critères d’éligibilité et des conditions requises, au regard de la législation en vigueur, valider ou rejeter les demandes d’enregistrement…”.
L’APPEL indique que quand le texte imposé par le ministre parle de valider ou de rejeter, il outrepasse ses prérogatives et fait un pied de nez à l’autorité de régulation. Selon l’Association, le texte imposé par le ministre de la Communication souffre d’un manque criant de clarté et de précision. «Pour éviter toute possibilité d’amalgame, il devrait indiquer, préciser la “législation en vigueur”. Quand il parle de valider ou de rejeter, là, il outrepasse ses prérogatives et fait un pied de nez à l’autorité de régulation. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), qui est une Autorité administrative indépendante avec pleins pouvoirs sur l’audiovisuel, est confiné à un statut de figurant dans cette fameuse commission. La présence des ministères de l’Intérieur et de la Justice est encore plus intrigante», poursuit l’APPEL.
Le 16 août dernier, le ministre de la Communication a lancé une plateforme d’enregistrement en ligne des entreprises de presse. Malgré les insuffisances du support, les médias s’y sont enregistrés en masse. L’APPEL explique même pour cette initiative, encore des erreurs flagrantes ont été notées. Lesquelles résident dans les critères énumérés dans l’arrêté de mise en place, et ceux inscrits sur cette plateforme. Depuis lors, selon l’Association, il n’y a eu aucun rapport spécifiant le nombre d’entreprises enregistrées, leur typologie entre autres données d’analyse. Celles qui se sont faites enregistrées n’ont aucune information sur le processus.
En vérité, d’après l’Association, il ne s’est jamais posé un problème d’enregistrement parce que le 15 décembre 2022, une campagne d’enregistrement de 40 jours avait été lancée par le prédécesseur de l’actuel ministre. Elle n’avait suscité aucune tension ni réaction de réprobation de la part des acteurs. D’ailleurs, les chiffres avancés par la tutelle souvent proviennent de ce recensement.
ABDOULAYE DIEYE QUITTE LA COALITION JAM AK NJARIÑ D'AMADOU BA
A travers un communiqué, l’ancien directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne explique que sa décision est motivée par sa loyauté envers Macky Sall.
Ce lundi 7 octobre, la Direction Générale des Elections (DGE) a publié la liste des candidatures pour les élections législatives anticipées.
Pour la liste Jam ak Njariñ de Amadou Ba, les choses se compliquent puisque sa tête de liste pour Thiès a décidé de se retirer de la course.
Le Quotidien indique que l’ancien directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), Abdoulaye Dieye a démissionné.
A travers un communiqué, ce dernier explique que sa décision est motivée par sa loyauté envers Macky Sall.
A l’en croire, «au regard de ma loyauté envers le président Macky Sall, il ne saurait question pour moi, de faire face à une liste qu’il dirige».
«Je démissionne de la liste des investis de la coalition Jam Ak Njariñ en accord avec tous els militants et sympathisants de 2Ap/Siggi Jotna. L’urgence est de se retrouver autour d’une dynamique unitaire pour faire triompher l’intérêt commun au détriment des aspirations personnelles », explique-t-il.
Lançant un appel à tous ses militants et aux concitoyens, Abdoulaye Dieye leur demande de travailler pour la victoire du Sénégal et ne «pas plonger notre chère nation dans une faillite politique, économique et sociale».
SECOUSSE DANS LES PARTIS ET COALITIONS
Des démissions en cascade secouent les rangs de l'APR, du PDS et de Taxawu. De Thiès à Kaolack, en passant par Rufisque et Mbacké, les dirigeants locaux expriment leur mécontentement face aux investitures
La publication des listes a créé une secousse au niveau des formations politiques. La tête de liste de la coalition d’Amadou Ba dans le département de Thiès démissionne. A Kaolack, le PDS est en train de subir une saignée. C’est le cas également à Rufisque où le maire Dr Oumar Cissé a tourné le dos à Taxawu et Angélique Manga fustige sa position (32e) sur les listes de Takku Wallu.
Suite à la publication des listes, le responsable politique Thiessois Abdoulaye Dièye choisi pour diriger la liste départementale de la coalition Jam Ak Njariñ de Amadou Ba a tourné le dos. Le président du mouvement Siggi Jotna a démissionné parce que, dit-il, Amadou Ba n’a pas voulu aller en inter coalition dans le département de Thiès comme convenu.
L’Alliance pour la République (APR) risque de payer un lourd tribut suite à la publication des listes pour les élections législatives du 17 novembre. Après Diouf Sarr, c’est au tour de l’ancien ministre Aminata Angélique Manga de fustiger sa position sur les listes pour les législatives. Investie à la 32e position, elle est montée au créneau pour dénoncer cette forfaiture. D’après le porte-parole de ses militants et sympathisants Mamadou Ba, l’ancienne ministre Aminata Angélique Manga menace même de quitter l’APR dans les jours à venir à cause des investitures qu’elle qualifie de manque de considération dont elle est victime. Il renseigne aussi qu’elle pourrait également suivre son chemin.
Le Parti démocratique Sénégalais (PDS) est en train aussi de subir une saignée dans la zone centre, précisément à Kaolack. En effet, le président de la fédération départementale de Kaolack et non moins président des ferrailleurs exportateurs du Sénégal et président du Grand mouvement pour le développement du Sénégal, vient de tourner le dos au parti libéral. Cette décision qui est tombée à quelques encablures des législatives anticipées 2024 va à coup sûr impacter le PDS. « À partir d’aujourd’hui, j'ai décidé de quitter le PDS en parfaite entente avec la responsable des femmes de la section communale de Kaolack, Mariama Sène, la présidente des femmes de la commune de Ndoffane, Mame Sèye Ndoye, et le responsable des jeunes de la commune de Keur Socé, Serigne Thiam Niass et les 29 secteurs du PDS que j’ai installés dans le département », a-t-il déclaré.
Les raisons de cette décision, poursuit-il après mûre réflexion, sont en phase avec l’opinion de la base et ont surtout été causées par des responsables du parti libéral qui ne ménagent aucun effort pour me pousser à la sortie depuis mon compagnonnage avec le leader de BBY, Amadou Bâ, lors de la présidentielle 2024.
Cette même situation est également constatée chez Khalifa Sall où Dr Oumar Cissé, maire de la ville de Rufisque et ex-députe de la 14e législature, a claqué la porte. « Mes divergences avec les camarades de la direction de Taxawu étaient plus profondes que je ne le pensais. Malgré ma posture de président de la Conférence des leaders, je n'ai pas pu faire adopter cette voie citoyenne à la direction de Taxawu. Face à ce constat, j'avais décidé de ne pas figurer sur les listes pour les législatives. Aujourd'hui à l'évidence, Taxawu a franchi un autre seuil en co-animant une inter-coalition avec l’APR. Il y a encore quelques semaines comme ce fut le cas deux années durant, à l’unisson avec les députés issus de Pastef, nous de Taxawu contrions les parlementaires de BBY dans leurs tentatives de faire adopter les politiques etlois pernicieuses du régime de Macky Sall. Aujourd’hui, il nous est proposé de nous unir avec les ex-députés de l’APR pour contrer les politiques et lois préconisées par les nouvelles autorités issues de Pastef avec lesquelles nous avons cheminées. C’est incohérent, inexplicable et indéfendable. Je ne vois pas la politique comme un simple moyen de garantir des positions de pouvoir en piétinant la morale, la vertu et l’éthique », a-t-il expliqué.
A Mbacké également, en consultant la liste de «Takku Wallu Sénégal» qui regroupe plusieurs partis politiques dont l’Apr, un constat s’impose :tous les grands leaders du parti du président Macky Sall à Touba ont été écartés. En effet, mis à part Serigne Modou Bara Dolly qui dirige la majoritaire départementale, aucun de ses responsables connus n’a été choisi. On ne les voit nulle part, ni sur la départementale, ni sur la nationale.
Abdou Lahad Seck Sadaga, ancien député et 1er leader politique à avoir représenté l’APR dans la cité religieuse, voit à travers cette décision «un message très clair». Pour lui, certains veulent décidément le jeter à l’abattoir. « Je reste attaché au président Macky Sall. Nous ne sommes pas liés par la politique. Par conséquent, je lui renouvelle mes amitiés et compte les protéger. Toutefois, nous avons constaté qu’aucun leader de l’Apr de Touba n’a été investi. Ceux qui ont été mandatés ont choisi et ils se sont choisis et ont choisi leurs amis, préférant nous écarter. Nous avons pris acte de ce choix que nous considérons comme un affront. Ils ont pris leurs responsabilités, nous prendrons les nôtres ».
PAR THIERNO BOCOUM
LE TEMPS DE FREINER LA DÉMAGOGIE ET LE POPULISME
"Quelques petits extraits tirés du livre de Ousmane Sonko « Solution pour un Sénégal nouveau », bréviaire d’un « projet », nous révèlent de sa part une facilité à se dédire et à renvoyer aux calendes grecques les promesses faites aux populations."
Quelques petits extraits tirés du livre de Ousmane Sonko « Solution pour un Sénégal nouveau », bréviaire d’un « projet », nous révèlent de sa part une facilité déconcertante à se dédire et à renvoyer aux calendes grecques les promesses fermes faites aux populations.
«Pour tous les emplois supérieurs soumis au choix du Président, nous mettrons en place le mécanisme de l'appel à candidature permettant une pré-sélection sur dossier par un comité ad hoc spécialisé et sur des critères combinés d'ancienneté, de compétence et de probité. Et c'est seulement les trois meilleurs dossiers issus de ce tri qui seront soumis à l'arbitrage du Président de la République qui, quelle que soit l'option, n'aura pas cette marge de désigner selon son bon vouloir. »
Ousmane Sonko, « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 96
«Il faut consacrer l'incompatibilité de l'exercice des responsabilités techniques de Directeurs, Directeurs généraux et secrétaires généraux de structures publiques et parapubliques avec toute implication dans la vie politique. Cela garantirait la neutralité de la fonction publique et éviterait, comme c'est le cas présentement, l'utilisation des moyens de l'État et des sociétés nationales au service d'un parti politique ou d'une coalition de partis.»
Ousmane Sonko, « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 106
«L’'un des plus gros scandales dans la gouvernance de ce pays est la survivance de« fonds spéciaux » dont l'utilisation est laissée à la discrétion absolue du seul Président de la République. Dix (10) milliards, comment peut-on allouer autant de crédits à une personne, fût-elle la première institution de la République, sans aucun contrôle, ni a posteriori, ni a priori? Ces fonds échappent à tout contrôle de l'Assemblée nationale qui les vote, et des corps de contrôle (IGE, Cour des comptes...).
Ainsi, le Président de la République peut donner 25 millions aux cadres de son parti, 10 millions aux imams de telle localité, 40 millions aux militants de telle ou telle autre zone... Il peut en donner à son épouse pour des activités « caritatives » et qui en dispose à sa guise. On ne verra jamais un Président américain, français, allemand, etc. offrir aux siens aussi allègrement autant d'argent, jamais. Ces fonds ne sont en réalité que des fonds de corruption politique et d'entretien de militants alimentaires. Il faut les supprimer. »
Ousmane Sonko « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 94-95
À l’épreuve du pouvoir, les militants se disputent pour de l’argent et se servent des postes sans aucun appel à candidature. Ils caracolent à la tête des directions et continuent allègrement de faire de la politique. Le 17 novembre prochain, il faudra freiner le mal avant qu’il ne gangrène définitivement notre pays.