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22 juillet 2025
par Mame Birame WATHIE
UN PRÉSIDENT NE DOIT ÊTRE NI BÊTE, NI MÉCHANT
Quand Macky décide de casser la baraque, il n’en reste pas une brindille. Et il ne lui faut pas plus qu’une interview ou un discours improvisé pour qu’il laisse entrevoir tout ce qu’un chef d’Etat ne doit pas incarner
Une actualité en chasse une autre et le plus important des sujets passe inaperçu. Si l’objectif du leader de l’APR était d’étouffer dans l’œuf les graves déclarations d’Oumar SARR sur la combine des Libéraux qui a fait sortir Karim Wade de prison, il a grandement réussi. Sa calamiteuse sortie sur RFI suscite même plus de commentaires que le rappel à Dieu d’Amath DANSOKHO, qui aurait dû le contraindre à mettre un terme à sa vadrouille française. Il est ainsi le président Sall. Quand il décide de casser la baraque, il n’en reste pas une brindille. Et il ne lui faut pas plus qu’une interview ou un discours improvisé pour qu’il laisse entrevoir tout ce qu’un chef d’Etat ne doit pas incarner : carence intellectuelle et méchanceté gratuite.
Quand, prenant la parole au Sommet USA-Afrique, au mois d’aout 2014 aux Etats-Unis, Macky Sall déclarait : « l’Afrique est un continent où la majorité des pays a eu son indépendance ça fait pas encore 20 ans ; à commencer par le plus grand d’entre nous l’Afrique du Sud… Depuis quand l’Afrique a eu sa liberté et son indépendance ? Alors en moins de 20 ans on veut que le continent Africain soit au même rang mondial que les Etats Unis, l’Europe ? Ce n’est pas possible », certains ont trouvé les critiques qui s’en suivirent très exagérées. Quand, peu après, au mois de septembre 2014, parlant du jeune guinéen atteint par Ebola, Macky lançait : «si ce n’était pas son état santé, il doit être poursuivi par les juridictions de notre pays», certains ont trouvé qu’il s’agissait que d’une concordance de temps ratée pas du tout méchant. Quand, au mois de septembre 2018, s’adressant à ses services, Macky leur demandait « de ne plus prêter main forte à qui que ce soit pour venir dépolluer les populations », il a été dit que sa langue a fourché et que cela ne valait pas la peine d’être souligné. Quand il a soutenu, sans hésitation ni scintillement des yeux, que le Grand Magal de Touba commémore le retour en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, certains s’en ont pris à ceux qui jugeaient qu’il a torpillé l’histoire du mouridisme et étalé son ignorance. Quand il a affirmé que « avec la colonisation française, nous avons eu des choses positives, notamment les élections. On a des relations particulières […] et ils ont toujours respecté les Sénégalais parce que le régiment des tirailleurs sénégalais était dans les casernes, ils avaient droit à des desserts pendant que d’autres africains n’en avaient pas », le professeur Ibra Der Thiam s’était dépêché de voler à son secours, le dédouanant totalement.
Mais pour cette dernière sortie sur RFI, comment défendre Macky Sall ? Il n’est plus question de déplorer ses sorties à l’étranger sur des questions nationales. Les journalistes sénégalais se sont déjà fait à l’idée de sa préférence étrangère. Ce qui est nouveau, c’est quand Macky Sall leur dénie le droit de mener des enquêtes. Affirmant avoir, lui-même, « saisi la justice pour qu’elle fasse les investigations», Macky Sall ajoute que « c’est à la justice, à la justice seule d’enquêter s’il y a eu tentative de corruption ou pas ». Sous d’autres cieux, y compris en France où il se trouve, les journalistes ont fait tomber de nombreux politiciens à travers des enquêtes qui ont mis la justice sur leur piste. Mais, cela Macky Sall semble l’ignorer et c’est cette carence qui le conduit à aligner cette suite de mots dont on cherche toujours la signification : « D’abord le G7. Il faut rappeler que c’est un cadre de concertation pour les pays les plus industrialisés, disons les sept pays les plus industrialisés. C’est donc une plateforme pour nous Africains de devoir poser les préoccupations africaines de façon à ce que nos partenaires puissent parler avec les Africains, et parler pour l’Afrique, au lieu de parler des Africains et de l’Afrique de façon générale ».
Mais le plus déplorable dans cette interview du président Sall ce ne sont pas ces errements. C’est quand il est interpellé sur la grâce présidentielle que certains ont voulu accorder à Khalifa Sall sans son consentement. Macky Sall déclare : « La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce ». Oh s’il s’était là ! Il faut vraiment être le président Sall pour ajouter : « Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferais…». Quel sadisme ! La réduction de la conduite de l’Etat à la volonté et au désir de son chef ne peut qu’installer celui-ci dans la division. Et depuis que Macky Sall est à sa tête, la Nation est en lambeaux. «Durant ces six dernières années, le président de la République a prouvé qu’il n’est pas rassembleur, il n’a pas su consolider la Nation. Il est partisan, chef de parti, donc chef de clan. Il n’incarne pas l’unité nationale », analysait le Professeur Amsatou Sow Sidibe. En plus d’être partisan, chef de parti, donc chef de clan, Macky renseigne qu’il agit selon, non pas les intérêts de la Nation, mais son désir personnel. C’est sans doute pourquoi il continue d’admirer les décibels français pendant que les Sénégalais pataugent dans les eaux de pluies.
A propos, qu’est-ce qui a empêché Macky Sall d’assister à la levée du corps d’Amath Dansokho ? Tentant de le dédouaner, comme à l’accoutumée, l’Agence de presse sénégalaise (APS), rendant-compte de la cérémonie funéraire, a expliqué que le « président de la République prend part aux travaux de la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7), à Yokohama, au Japon ». Seulement, l’agence oublie de préciser que ladite conférence, septième du genre, démarre le 28 aout prochain. Macky Sall n’a plus rien à faire en France. Si la désolation des inondations n’est pas assez grave pour le pousser à surseoir à ses vacances, la dimension de l’ancien secrétaire général du PIT ne devrait-elle pas le contraindre à revenir au bercail ? Ou faut-il supplier sa Majesté pour qu’elle désire bien rentrer au pays où, en plus des grosses pertes, la famine pointe ?
CHEZ LES LAYÈNES, ON SE MARIE À 5000 FRANCS
Une des principales confréries islamiques soufies du pays, les Layènes se distinguent de leurs coreligionnaires par certaines pratiques dont les mariages collectifs entre adeptes
Une des principales confréries islamiques soufies du Sénégal, les Layènes se distinguent de leurs coreligionnaires par certaines pratiques dont les mariages collectifs entre adeptes. Célébrées annuellement lors de la ‘’ziarra’’ (renouvellement d’allégeance) au Khalife général (guide de la confrérie), ces unions sont contractées par plus d’une centaine en un après-midi et sur la base d’une dot symbolique de 5000 FCFA.
En ce samedi, jour de la ‘’ziarra’’ à l’actuel Khalife général des Layènes, Abdoulaye Thiaw Laye, l’union de 132 couples est un des temps forts de l’évènement. Les mariages sont prévus comme d’habitude sur la Grand-Place de sable fin de Yoff- Diamalaye, quartier jouxtant la mer et un des fiefs des Layènes.
Peu après 17 heures, le muezzin lance l’appel à la prière et un homme annonce à la foule recueillie que les nouvelles mariées recevront leurs dots, peu après la prière de ‘’takussaan’’. Pourtant, cette année, une petite entorse a été faite à la cérémonie : compte tenu du grand nombre d’unions à célébrer, des mariages ont été scellés un peu plus tôt dans la journée.
Abdoulaye Mbengue qui est venu demander la main d’une fille pour son frère absent, a pu en profiter et il est tout heureux. « Moi aussi, c’est là où j’ai trouvé ma première épouse. Je me prépare pour une deuxième», lance-t-il fièrement avant d’exhiber l’attestation de mariage de son frangin délivrée par l’imam de la grande mosquée de Yoff Layène.
Mamadou Laye Sène, membre du dahira (groupe d’adeptes) layène de Thiaroye-sur-mer, voit, lui, dans cette tradition instaurée par Seydina Limamou Laye, (1843-1909, le fondateur de la confrérie) un moyen de lutter contre la dépravation des mœurs. Pour Sène, il s’agit là également d’une preuve de « sagesse » de la part de son guide qui permet aux jeunes de s’éviter des maladies incurables comme le sida.
Tout en acquiesçant, Abdourahmane Thiaw Laye, secrétaire général des Fédérations des dahiras layènes du Sénégal, rappelle que leur guide n’a fait que revaloriser « une sunna du prophète Muhammad (PSL) ». « Nous la (sunna) revivifions à l’occasion de cette ziarra à travers des séances foraines où l’on marie les célibataires, les divorcés, les veufs et les veuves », ajoute-t-il.
Le responsable précise en outre que les mariages sont contractés selon les quatre conditions fixées par l’islam : le consentement des personnes à marier, l’approbation du tuteur de la femme, la présence de deux témoins et le versement de la dot à la femme.
En plus des 5000 FCFA versés à la mosquée, une somme pareille est prévue pour la dot. Elle est calculée sur la base de la valeur du quart du dinar retenu « entre 4500 et 5000 FCFA ».
Après cette dot symbolique, le nouvel époux peut, s’il le désire et en a les moyens, donner une substantielle enveloppe à son épouse. Certes « la femme mérite même un milliard. Mais il y a un hadith qui dit que le mariage qui reçoit la dot la plus petite a plus de baraka », souligne Abdourahmane Thiaw Laye, rappelant que l’année dernière 132 couples avaient également été unis.
Autre pratique enseignée par « Baye Laye » (surnom de Seydina Limamou Laye) : dès sa naissance, une fille peut être donnée en mariage, suivant les préceptes islamiques. Toutefois à sa majorité, on la consultera pour savoir si elle veut ou non l’époux qu’on lui a choisi. En cas de réponse négative, le mariage est annulé et la dot remboursée à l’époux ou à sa famille.
Dans ces genres de mariage, les parents du marié font tout pour que ça marche en assurant un « suivi » régulier des rapports entre les conjoints. « On essaie de responsabiliser le garçon en lui faisant savoir que celle-ci est son épouse. On lui donne des cadeaux pour qu’il aille les lui remettre », explique sous le couvert de l’anonymat un homme bien au fait des mariages collectifs.
Rappelant que le prophète Mohammad (PSL) avait épousé Aicha lorsqu’elle avait 6 ans, il informe que beaucoup personnes voyant que les Layènes perpétuent cette pratique ont tendance aujourd’hui à marier très tôt leurs enfants ou leurs petits-enfants.
Tout en combattant les dangers du célibat et la pression sociale, ces mariages brisent certains préjugés de la société sénégalaise où les ‘’castés’’ (griots ou autres forgerons) ne peuvent s’unir qu’avec les femmes de leur rang.
Dans l’optique de bannir cela, les Layènes cultivent l’humilité chez leurs adeptes en les obligeant durant les cérémonies religieuses à se vêtir de blanc (percale, en particulier), à se faire appeler du même nom de Laye et à s’accroupir à même le sol.
"NON, L'AFRIQUE N'EST PAS SOUS PERFUSION"
L’économiste sénégalais, Flewine Sarr, rappelle que les capitaux rapatriés par les migrants sont supérieurs à l’aide publique au développement et aux investissements étrangers
Le Monde Afrique |
Laurence Caramel |
Publication 25/08/2019
Felwine Sarr a peu de goût pour les grand-messes du G7, telles que celle organisée par la France à Biarritz, du samedi 24 au lundi 26 août. Ces enceintes, estime-t-il, renvoient trop souvent l’Afrique à ses défaillances en se gardant bien de creuser les causes réelles qui conduisent le continent à occuper inexorablement la queue des classements établis par les institutions internationales. L’économiste sénégalais ne nie pas les difficultés mais s’interroge sur ce discours compassionnel des grandes puissances qui consiste à ne décrire l’Afrique qu’à travers ses manques.
Les flux de capitaux rapatriés par les migrants africains sont supérieurs à l’aide publique au développement et aux investissements étrangers, rappelle-t-il pour corriger l’idée d’une Afrique « sous perfusion ». Ce sont d’abord les Africains qui aident les Africains. L’auteur d’Afrotopia (éd. Philippe Rey, 2016) juge indispensable que les gouvernements africains s’approprient les politiques de réduction de la pauvreté, aujourd’hui formatées par d’autres.
La France a placé la réduction des inégalités parmi les priorités du G7. Est-ce une bonne initiative ?
Il est heureux d’être sorti du mythe d’une croissance économique qui apporterait par elle-même le bien-être au plus grand nombre. Pour autant, aborder la question des inégalités uniquement à l’échelle d’un pays me semble très insuffisant. On ne peut ignorer que la répartition inégale des richesses dans le monde est liée aux règles de l’économie globale et du commerce international.
Comment un pays peut-il assurer à sa population l’accès aux services essentiels lorsqu’il lui est impossible de vendre ses matières premières à un prix juste ou lorsque les firmes multinationales présentes sur son sol ne paient pas leurs impôts ? Ne pas parler de ces sujets lorsqu’on prétend vouloir réduire les inégalités ne peut conduire qu’à des discours incantatoires.
N’est-ce pas décharger un peu rapidement les gouvernements africains de leurs responsabilités ?
Il ne s’agit de nier ni les difficultés du continent, ni les responsabilités des gouvernements. Leur mauvaise gouvernance et la corruption sont souvent mises en avant pour justifier la situation. Personne ne dira qu’il ne faut pas davantage de transparence et de meilleure gestion des ressources.
Mais j’appelle à regarder les choses de manière plus globale. Les G7 comme les G20 entretiennent une politique de la compassion : l’Afrique est le continent qu’il faut aider, la dernière frontière obscure de l’humanité, vers laquelle se penchent tous les bons Samaritains. C’est un rapport irrespectueux et hypocrite, car une part des difficultés du continent vient de la relation asymétrique entretenue par les grandes puissances qui pillent les ressources autant qu’elles peuvent.
Et ce sont d’abord les Africains qui aident les Africains. Les transferts de capitaux des migrants sont supérieurs à l’aide publique au développement et aux investissements étrangers. Pourtant, le discours dominant met en avant une Afrique sous perfusion. Les G7 sont d’abord une occasion pour les pays membres du club de réaffirmer leur puissance et leur vision du monde, en donnant des leçons aux autres. Nous devons apprendre à faire un monde commun dans le respect mutuel.
Vous déplorez le regard stigmatisant porté sur l’Afrique…
Les Occidentaux jugent l’Afrique à travers une projection de leurs valeurs et de leur modèle de développement, comme s’il était le seul. Or il est nécessaire de repenser les cadres à travers lesquels les sociétés sont analysées, tout comme leur marche vers ce qu’on appellerait un progrès économique, social, spirituel…
Le modèle développementaliste occidental montre ses limites, notamment en termes d’empreinte écologique, de mise en danger de la biodiversité et du climat. Il est nécessaire de changer les modes de production et de consommation. Cette question nous engage tous, au Nord comme au Sud. Pourtant, on continue à vendre à l’Afrique un vieux schéma et à compter ses pauvres avec un critère monétaire fixé par des institutions internationales.
La lutte contre la pauvreté n’est-elle pas un combat universel ?
La pauvreté est inacceptable et il faut tout faire pour l’éradiquer. Mais cela énoncé, il est important de sortir des modèles standardisés qui n’appréhendent la pauvreté qu’à travers un seuil unique de quelques dollars par jour. Les enquêtes de terrain ont permis de montrer que des individus sans revenus stables mais disposant d’un capital social et d’une richesse relationnelle parvenaient à répondre à leurs besoins, voire à épargner.
Pourtant, l’Afrique occupe toujours le dernier rang dans les classements internationaux. C’est problématique, car cela renvoie une image de handicap. Je ne sais pas comment la jeunesse africaine va relever ses défis si elle se voit toujours occuper la place déficiente de l’humanité.
Les richesses du continent, plurielles et immenses, ne figurent dans aucun indicateur. Il faut complexifier cette image et ne pas accepter d’être réduits à des critères qui nous rabaissent. Un des défis du continent, c’est la confiance en soi, celle qui permet de dire non lorsque d’autres vous proposent des programmes pour vous sortir de vos difficultés et qu’ils ne sont pas adaptés.
Les politiques de lutte contre la pauvreté financées par l’aide internationale sont inadaptées ?
Je dis que c’est avant tout aux Africains de les définir et de prendre leur destin en main. Ce sont les gouvernements qui sont les plus à même de déterminer, à partir de critères endogènes, ce que sont les seuils de pauvreté ou d’inégalités qu’il est possible de tolérer. Je ne pense pas que les gens du FMI [Fonds monétaire international] ou des agences onusiennes soient davantage préoccupés du bien-être de ces pays que les populations elles-mêmes.
C’est une des conditions pour qu’elles s’approprient ces politiques et ne considèrent plus qu’elles sont parachutées de l’extérieur, enveloppées de sigles, OMD [Objectifs du millénaire], ODD [Objectifs de développement durable],qu’elles ne comprennent pas.
LES LIBÉRAUX DE SAINT-LOUIS EN BOUCLIER AUTOUR DE WADE
Ceux qui, au plan local comme au plan national essaient de saborder le PDS, nous leur ferons face - Notamment Oumar Sarr et Ameth Fall Braya qui ont le même allié : Macky Sall - COMMUNQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la Fédération PDS de Saint-Louis, daté du 25 août 2019, à propos de la situation en cours dans le parti.
« La fédération départementale de Saint-Louis réunie en Assemblée Générale ce dimanche 25 aout 2019 à la permanence du parti située à la Place Sable de Sor, de 18H 30 à 20H 30, renouvelle son engagement et sa fidélité au frère Secrétaire Général National, Me Abdoulaye Wade.
Nous responsables et militants du parti démocratique sénégalais du département de Saint-Louis exprimons nos vives félicitations et nos sincères remerciements au président Abdoulaye Wade pour avoir redonné de l’espoir aux membres du parti.
Avec sa volonté affichée de redynamiser le PDS, de le moderniser et de le rendre plus attrayant, il l’a aussi ouvert aux jeunes, aux femmes, aux militants de base ainsi qu’à ceux basés dans la Diaspora.
C’est pourquoi, nous réaffirmons également notre totale adhésion en ce qui concerne la mise en place d’un nouveau secrétariat National et le remaniement prochain du comité directeur du parti.
Le PDS prend ainsi un nouveau départ et se lança résolument dans sa grande marche vers la reconquête démocratique du pouvoir.
Ceux qui, au plan local comme au plan national essaient de saborder le parti, nous leur ferons face. Notamment Oumar Sarr et Ameth Fall Braya qui ont le même allié, Macky Sall pour qui ils travaillent contre les intérêts du parti depuis plusieurs années maintenant.
Boun Abdoulah Dionne Premier ministre avait déjà annoncé le ralliement de Oumar Sarr aux cotés de Macky Sall alors que Braya lui avait publiquement déclaré son soutien à l’APR et à son patron.
Par conséquent, nous avons tourné la page de ces drôles figures et nous nous engageons à reconstruire notre parti dans le département de Saint-Louis, dans l’unité, la solidarité, la justice et la fraternité.
Nous exprimons également nos félicitations et nos encouragements à l’ensemble des membres du Secrétariat National, particulièrement à celui qui est aujourd’hui le mieux indiqué pour diriger demain le PDS, Karim Wade.
On ne peut dire que Karim Wade est le meilleur candidat pour diriger le Sénégal et en même temps dire qu’il ne peut pas diriger le parti. C’est une grosse aberration.
Au demeurant, nous demandons à toutes les militantes et à tous les militants, de maintenir le cap tracé sans équivoque par le frère Secrétaire Général National, Me Abdoulaye Wade, pour resserrer les rangs au sein de notre grand parti, dernier espoir des Sénégalais pour redresser notre pays, relever les défis et avancer sur le chemin que nous avions déjà ouvert, le chemin de l’honneur, de la satisfaction des besoins de notre population, le chemin qui amènera notre peuple au sein des nations développées, respectables et respectées.
Vive le Sénégal
Vive le PDS
Vive le président Abdoulaye Wade
Vive le frère Karim Wade, notre candidat »
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, ALYMANA BATHILY
SLOW TRACK
EXCLUSIF SENEPLUS - L’appel du président à l’application du « fast track » s’est montré relever plus de la propagande que d’une volonté politique visant à révolutionner le management public - L'HUMEUR DU DOYEN
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 25/08/2019
Tabaski dimanche. Puis Tabaski lundi. Et congé jusqu’au lundi suivant. Pour tout le monde, fonctionnaires, contractuels de l’Etat et travailleurs du secteur informel. Sans l’autorisation préalable de l’Etat et des employeurs.
Ceci quatre mois après que le président de la République ait lancé très officiellement le « Fast Track », c'est-à-dire le relèvement de la cadence dans la production et une plus grande célérité dans la livraison des services par l’administration.
"Dans bien des cas, trop de routine, trop de lenteur, de procédures et de formalités indues continuent d’enterrer l’efficacité du service public et la compétitivité de notre économie. Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’État en mode fast-track", déclarait le président Macky Sall dans le discours prononcé devant le Conseil Constitutionnel lors de son investiture comme président de la République, pour son second mandat, en avril dernier.
Or l’efficacité du service public et la compétitivité de l’économie prennent un sérieux coup avec cette augmentation imprévue de jours fériés. On aurait donc pensé que la gestion publique en mode « fast track » aurait cherché à réduire ou au moins à contenir le nombre de jours fériés.
Le Sénégal a observé 16 jours fériés de commémoration ou de célébration de fêtes civiles et religieuses en 2018. En 2019, on en sera à au moins 20 jours fériés. On n’a donc pas accélérer la cadence, on la ralenti. « Slow track » et non « Fast track ».
L’étude de la DPEE avait procédé à un benchmark de pays « émergents » et candidats à l’émergence et conclu que le Sénégal était pourtant dans la bonne moyenne des pays considérés en terme de nombre de jours fériés puisque le nombre de jours fériés par an était de 14 en Corée du Sud, tout comme en Afrique du Sud, 15 en Tunisie, 16 au Botswana, 15 en Côte d’Ivoire, 11 au Cap Vert et au Rwanda et 12 en Malaisie.
L’étude recommandait alors que l’autorité publique établisse à 13 le nombre de jours fériés par an au Sénégal, seuil au dessus duquel l’efficacité du service public et la compétitivité de l’économie seraient affectées négativement. Au lieu de cela, le pays s’est complètement arrêté pendant toute une semaine après la Tabaski.
Alors que, si les mots ont un sens, il s’agissait plutôt avec la méthode « fast track », « d’accélérer la cadence », comme disait l’autre. D’inciter ainsi à travailler encore plus avec en mire les objectifs d’émergence à l’horizon 2035 du Plan Sénégal Emergence.
Les Sénégalais n’auraient-ils donc pas capté le message de leur président ?
En réalité, l’appel du président à l’application du « fast track » s’est montré relever plus de la propagande à l’intention des crédules, technocrates frustrés d’ici et agents des bailleurs de fonds occidentaux, que d’une volonté politique visant à révolutionner le management public. Sinon, comment se fait il qu’on n’ait pas initié les réformes d’accompagnement indispensables ? Comme de lancer une vigoureuse campagne de communication en direction des diverses populations et communautés du pays !
Comme de sanctionner publiquement les managers de projets et programmes, comme ceux du TER et du PRODAC par exemple, coupables de dépassement de délais de livraison ou de graves fautes de gestion. Comme d’instaurer des procédures de suivi et de contrôle des projets et programmes transparentes, incluant les citoyens et les communautés.
Ce sont là des modalités de gestion que les entreprises et même de simples projets de développement soucieux d’efficacité appliquent. A fortiori un gouvernement d’un pays qui se dit démocratique. Qui en outre prétend à « l’émergence » en 2030 !
Il y a quelques années, le président Abdoulaye Wade lançait : « il faut travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler ». Le mot avait fait mouche. D’aucuns ont cru qu’il annonçait une nouvelle éthique qui allait fonder une nouvelle politique de développement. Il s’est révélé n’être qu’un leurre.
Cette fois-ci apparemment personne ne s’est laissé prendre. D’autant que les images du président de la République en mode farniente avec sa douce moitié dans la très chic station balnéaire de Biarritz en France ont enlevé rétrospectivement toute mauvaise conscience à ceux qui en avaient encore.
« Chacun fait comme il veut dans ce pays. Nous avons pris 5 ou 6 ou 7 jours auprès des nôtres à Njogolor, à Fogolembi ou à Tyabou ? Et le président qui lui va se reposer en France avec sa femme ? », devaient-ils se dire après coup.
C’est vrai que l’incivisme et l’irresponsabilité des Sénégalais sont entretenus par l’image que leurs dirigeants leur renvoient.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
M. LE PRESIDENT, MÉDITEZ CES PROPOS DE CHEIKH AHMADOU BAMBA !
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est temps de mettre fin aux implorations humiliantes pour obtenir la libération de Khalifa - Seuls l’agenda politique et les apparatchiks du PS dictent à Macky, la conduite à tenir
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 25/08/2019
« Tout homme injuste le regrettera un jour et tout tyran assurera sa propre perte» », Cheikh Ahmadou Bamba
Depuis un certain temps, beaucoup de Sénégalais agitaient et continuent d’agiter l’idée d’une grâce que le président Macky Sall devrait accorder à Khalifa Sall à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Kébir ou après. Une pétition a été initiée par de jeunes khalifistes volontaristes pour inciter le président Macky Sall à se plier à la volonté populaire. Alioune Tine a même essayé de titiller la fibre musulmane du paterfamilias Macky Sall pour que l’ex-maire de Dakar puisse passer la fête du mouton en famille. Pierre Goudiaby Atépa s’est adressé, à genoux, les mains jointes, à madame la première Dame, Marème Faye Sall, croyant que cette dernière, talon d’Achille ou plutôt, prunelle des yeux de Sa Majesté, aurait pu avoir un pouvoir d’influence pour faire fléchir son mari chéri, resté sourd, muet, aveugle et inflexible sur le sort de Khalifa Sall. En sus de ces interventions publiques, il y a les intercessions souterraines de marabouts, de politiques et autres dignitaires qui se sont échinés pour décrocher une grâce en faveur de l’ex-maire de Dakar. Mais que nenni ! Le président Macky Sall est resté de marbre et à juste raison comme il l’a été depuis le début de cette affaire à propos de ces suppliques et quémandages incessants.
Il faut noter que l’article 47 de notre Charte fondamentale lui donne ce pouvoir quasi-divin de gracier qui il veut, quand il veut. Par conséquent, il est libre de d’user de cette prérogative constitutionnelle selon son bon vouloir. Pour mettre fin à ce bastringue médiatique qui lui troue les tympans, voilà que sa Majesté profite du sommet du G-7 pour déclarer au micro de sa radio de prédilection, RFI, qu’il ne « gracierait Khalifa Sall que lorsqu’il en aura la volonté ou le désir ». Limpide et suffisant pour que tous les agitateurs et autres illusionnistes qui croient à une grâce onirique de sa Majesté puissent déchanter.
La grâce de Khalifa Sall obéit à un agenda politique. Libérer Khalifa Sall tant qu’un nouveau calendrier pour les locales n’est pas encore fixé constitue un danger pour la majorité. Libérer Khalifa Sall avant que ces locales ne soient organisées constitue un péril électoral pour Macky, le PS et tous les autres partis lilliputiens de Bennoo. Un Khalifa Sall qui sort avant les locales, même interdit juridiquement de toute représentation électorale, peut influer sur les résultats à Dakar. Il appert que politiquement Taxawu Dakar est affaibli du fait de plusieurs trahisons, mais un Khalifa Sall martyr libre peut récolter les dividendes populaires de sa détention arbitraire. Etant donné que le pouvoir actuel est obnubilé par la conquête de la capitale lors des prochaines municipales, il serait donc suicidaire de laisser libre un tel homme politique dont la popularité locale et l’emprise sur la capitale ne souffrent d’aucune contestation. C’est pourquoi, l’agenda politique de Macky Sall commande à ce que l’ex-maire de Dakar continue d’expier sa peine à Rebeuss nonobstant les conjurations itératives et pressantes venant d’horizons divers.
Indépendamment des calculs politiciens du chef de la coalition présidentielle, il y a l’équation de la succession de Tanor au poste de Secrétaire général au sein du Parti socialiste (PS). Libérer Khalifa en ce moment de méli-mélo politique risquerait d’envenimer les remous et la confusion qui règnent au sein du PS. Un Khalifa Sall qui sort en ces moments de repositionnement et d’ambitions avouées, risque de compromettre le plan de tous ces mammouths qui barrissent pour faire main basse, pour des raisons crypto-groupusculaires, sur le patrimoine politique de Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia, Lamine Guèye, Abass Guèye, Ibrahima Seydou Ndaw et autres personnalités politiques du BDS (Bloc démocratique sénégalais) et ensuite du BPS (Bloc populaire sénégalais).
Et en ce moment où des voix socialistes réputées pour leur anti-khalifisme notoire réclament le Secrétariat politique du PS pour reprendre en main le parti senghorien en décrépitude, libérer Khalifa serait synonyme de retraite politique pour certains éléphants qui ont conspiré dans son incarcération. La voix la plus audible est celle d’Abdoulaye Gallo Diao, ancien responsable du MEES (Mouvement des élèves et étudiants socialistes), Coordonnateur du Forum des jeunes socialistes, membre du Bureau politique du PS, Secrétaire National adjoint chargé des TIC et membre de la cellule de communication du PS. Récemment, il avait déclaré dans le site Xalima que « le PS aura son candidat porteur de son projet de société et de son programme politique en 2024 issu de ses rangs et que le meilleur profil se trouve être Khalifa Ababacar Sall ». Et à nouveau, il réprouve, dans le même site, les propos du président Sall à RFI. « Cette sortie maladroite et inopportune du président Macky Sall prouve à suffisance que Khalifa Sall demeure et reste son otage politique. Et si finalement les mêmes causes produisent les mêmes effets, Macky prendra sa place à Reubeuss et Khalifa Sall la place de Macky Sall au Palais ».
Et aujourd’hui, ils sont nombreux au sein du PS qui sonnent la jacquerie contre la nomenklatura socialiste réactionnaire et penchent pour Khalifa, successeur de Tanor au Secrétariat général. Mais les caciques, qui rechignent à voir Khalifa truster le promontoire de l’instance faîtière du Parti de Colobane, joueront à fond leur carte pour prolonger la douleur carcérale de l’ex-maire de Dakar. C’est pourquoi, il est temps que les pétitionnaires volontaristes et autres personnalités politiques, religieuses ou de la société civile mettent fin à leurs implorations humiliantes pour obtenir la libération de Khalifa Sall. Seuls l’agenda politique de Bennoo et les décisions des apparatchiks du PS dictent au président Sall la conduite à tenir sur le cas Khalifa.
Pour finir, je demande au président mouride Macky Sall de bien méditer ces sages propos que le guide et fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, a adressés à Samba Laobé Fall, 33e Damel du Cayor :
« Sache que le pouvoir que tu détiens actuellement en ce monde ne t'est parvenu qu'après avoir été soustrait des mains d'autres rois comme toi qui t'ont précédé. Et qu'un jour viendra où ce même pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d'autres rois qui te succéderont.
Donc, s'il arrive certains jours où la vie te semble favorable et t'assiste contre tes adversaires, sache qu'un jour elle favorisera tes adversaires. Et si quelques fois elle t'a fait rire, quelques fois aussi elle te fera pleurer.
Que donc la joie qu'elle t'inspire ne t'abuse pas car ce monde est par nature trompeur et fourbe. Il arrive souvent qu'il se retourne brutalement contre toi pour te leurrer et te faire tomber dans son piège.
Aussi, je te recommande de toujours persévérer à assister les plus faibles, les pauvres et les nécessiteux, et de ne jamais tomber dans la tyrannie et l'injustice car tout homme injuste le regrettera un jour et tout tyran assurera sa propre perte.
N’oublie jamais que la puissance que tu détiens et toutes les faveurs qui en découlent ne te sont, en vérité, parvenues qu’à travers la mort d’autres personnes qui les détenaient avant toi et du fait que ces mêmes faveurs se sont départies de ces dernières pour de bon. Par conséquent, attends-toi à ce que ces mêmes privilèges te délaissent un jour de la même façon qu’ils te sont parvenus.
Fais donc preuve de persévérance dans les actes qui te seront utiles dans les deux mondes, ici-bas et dans l’au-delà, avant que tu tournes un jour définitivement le dos à ces avantages ou bien que ceux-ci se détournent à jamais de toi.
C’est ici que s’achèvent les recommandations que je te donne ; si jamais tu consens à t’y conformer, ce sera à ton profit, autrement tu en assumeras les conséquences car nous appartenons tous à Dieu et c’est vers lui que nous retournerons. »
"IL Y A CETTE DICHOTOMIE QUI RISQUE DE FAIRE MAL AU PRÉSIDENT"
Abdoulaye Gallo Diao, responsable socialiste, estime que Macky Sall a commis « une erreur monumentale de communication » sur le cas Khalifa Sall, lors de son entretien avec RFI
Le chef de l’Etat est définitivement clair sur le débat concernant la grâce que de nombreux Sénégalais espéraient pour l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Devant nos confrères de Rfi, il affirme que » le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai ».
Ce qui a suscité beaucoup de commentaires du côté des soutiens de Khalifa Sall et même dans son propre camp. C’est le cas d’Abdoulaye Gallo Diao responsable socialiste, membre du Bureau politique du Ps, Secrétaire national adjoint chargé des TIC, un parti allié de la coalition présidentielle. Il estime que le président a commis « une erreur monumentale de communication ». Selon lui, le Président à quelque chose à se reprocher : « en français, l’adage dit que « qui s’explique s’accuse ». Cette sortie maladroite et inopportune du Président prouve à suffisance que Khalifa Sall demeure et reste son otage politique ».
« Et si finalement les mêmes causes produisent les mêmes effets, Macky Sall prendra sa place à Reubeuss et Khalifa Sall la sienne au Palais » ajoute-t-il avant de s’interroger : « comment vouloir réduire la libération d’un prisonnier de droit commun condamné à une peine d’emprisonnement par la justice à la seule signature d’une grâce présidentielle jusqu’à ce que le président Macky Sall se fait le luxe de suspendre la libération de Khalifa Sall à sa seule volonté voire à son bon vouloir ? »
Une question que le juriste Abdoulaye Santos Ndao tente de répondre par des arguments juridiques. Il convoque la constitution : « à la lecture de l’article 47 de la constitution il est le seul détenteur. L’intéressé Khalifa Sall peut introduire un recours en grâce pour en bénéficier c’est ce que l’on appelle grâce individuelle. Ce qui est regrettable c’est du point de vue morale il manifeste ouvertement qu’il a la force de faire ceci et cela. On peut lui reprocher son inélégance communicationnelle ».
Après ces arguments, il est nécessaire de faire une analyse du discours pour mieux comprendre ce « bad buzz ». Pour cela, nous avons demandé au journaliste-analyste Mame Gor Ngom de nous commenter les propos du Président. Sa réponse : « Ce qui est le plus maladroit dans le propos présidentiel, c’est la manière de le dire et le champ lexical choisi. C’est quand il évoque un « désir » et une « volonté » qui devraient guider une éventuelle grâce pour Khalifa Sall. Ce qui est à l’origine des critiques notées ça et là. Sall aurait pu répondre à la question avec beaucoup plus de subtilité. Mais là, il donne l’impression de quelqu’un qui veut montrer une toute-puissance que lui donne sa station qui est une émanation de la volonté populaire. ».
Il va plus loin. Pour lui, « Il donne l’impression de quelqu’un qui est très irrité face un dossier très peu ordinaire. Et cela ne fait que renforcer la popularité de Khalifa Sall qui subit la prison. Cette posture lui donne de plus en plus des habits de martyre d’autant plus que l’ex-maire de Dakar est largement considéré dans l’opinion comme quelqu’un qui broie du noir avec stoïcisme et calme. Il y a cette dichotomie qui risque de faire mal au président, considéré par certains comme le bourreau « pas très à l’aise » et Khalifa Sall comme une « victime à la conscience tranquille ». »
"LA RENGAINE SUR LA COLONISATION ET L'ESCLAVAGE EST DEVENUE UN FONDS DE COMMERCE"
L’écrivaine franco-sénégalaise, Fatou Diome, s’exprime sans filtre sur son enfance, l’immigration, le féminisme, ou la pensée « décoloniale » qui a le don de l’irriter…
Le Monde Afrique |
Coumba Kane |
Publication 25/08/2019
Fatou Diome écrit comme elle parle, avec fougue et sensibilité. Que ce soit dans ses romans ou dans ses prises de paroles publiques, l’auteure franco-sénégalaise use avec habileté de cette langue piquante qui frôle parfois la satire. Dans son premier roman à succès, Le Ventre de l’Atlantique (éd. Anne Carrière, 2003), elle donnait la parole à cette jeunesse sénégalaise piégée dans le désir d’Europe et ses mirages tragiques. Les œuvres de Fatou Diome offrent aussi une voix aux femmes, héroïnes du quotidien quand les maris migrent (Celles qui attendent, éd. Flammarion, 2010) ou disparaissent tragiquement, comme dans son nouveau roman, Les Veilleurs de Sangomar (éd. Albin Michel), en librairie le 22 août.
Installée à Strasbourg depuis vingt-cinq ans, Fatou Diome observe et critique sa société d’origine et son pays d’accueil. En vingt ans de carrière, elle a publié une dizaine de romans, de nouvelles et un essai remarqué en 2017, Marianne porte plainte ! (éd. Flammarion), véritable pamphlet contre les discours identitaires, racistes, sexistes et islamophobes. Dans cet entretien, Fatou Diome s’exprime sans filtre sur son enfance aux marges, l’immigration, le féminisme, ou la pensée « décoloniale » qui a le don de l’irriter…
D’où vient votre nom, Diome ?
Fatou Diome Au Saloum, région située sur la côte sud du Sénégal, les Diome sont des Sérères-Niominkas, des Guelwaar. Il est dit que ce peuple était viscéralement attaché à sa liberté.
Pourtant, écrivez-vous dans Le Ventre de l’Atlantique, votre nom suscitait la gêne à Niodior, votre village natal…
Oui, car je suis née hors mariage d’un amour d’adolescents. A cette époque, j’étais la seule de l’île à porter ce nom car mon père est d’un autre village. Enfant, je ne comprenais pas pourquoi la simple prononciation de mon nom suscitait le mépris. J’ai compris plus tard que ce sentiment de gêne diffuse que je ressentais autour de moi venait du fait que j’étais supposée être « l’enfant du péché ».
Cette ostracisation était d’autant plus injuste que l’idée « d’enfant illégitime » n’existait pas chez les Sérères animistes jusqu’au milieu du XIXe siècle et la domination des religions monothéistes. Jusque-là, au contraire, avoir un enfant des fiancés avant le mariage était le meilleur moyen de s’assurer que le prétendant était fertile. C’était même une tradition dans l’aristocratie sérère notamment, où la lignée était matrilinéaire. « Domou Djitlé », qui signifie « enfant illégitime », est une expression wolof, qui n’existe pas en sérère.
Comment enfant affrontiez-vous cette marginalisation ?
En renonçant à ceux qui me calomniaient. Cette indépendance m’est venue des conseils de mon grand-père maternel, un marin qui, dans l’Atlantique, devait sans cesse trouver des solutions. Je l’accompagnais souvent en mer. Quand le vent soufflait trop fort et que je pleurais, il me lançait : « Tu crois que tes pleurs vont nous ramener plus vite au village ? Allez, rame ! » C’est une leçon que j’ai retenue : les jérémiades ne sauvent de rien.
A quel moment vous êtes-vous réappropriée votre nom ?
A l’école. L’instituteur, qui était lui-même marginalisé car étranger, m’a expliqué le sens du diome : la dignité. C’était énorme ! La « bâtarde du village » était donc la seule à s’appeler dignité ! (Rires)
Et puis un jour, j’ai rencontré mon père. C’était un homme adorable, un sculptural champion de lutte ! Ma mère avait eu de la chance d’aimer cet athlète magnifique ! Porter son nom est une fierté. Je suis le fruit d’un amour absolu, un amour souverain qui n’a demandé nulle permission aux faux dévots.
Etre une enfant illégitime, c’était aussi risquer de ne pas survivre à la naissance…
Oui et je dois la vie sauve à ma grand-mère maternelle, qui m’a accueillie au monde, dans tous les sens du terme. C’est elle qui a fait la sage-femme. Elle aurait pu m’étouffer à la naissance comme le voulait la tradition, mais elle a décidé de me laisser vivre et de m’élever. Elle me disait souvent que je n’étais pas illégitime mais légitimement vivante, comme tout enfant.
Cette jeune grand-mère vous a allaitée. Quelle fut votre relation avec elle ?
Très forte. Elle était et restera ma mamie-maman. Jusqu’à sa mort, je l’appelais Maman. Enfant, je dormais avec elle. Plus tard, j’insistais pour faire la sieste avec elle lors de mes visites. Comme un bébé, je gardais une main sur sa poitrine. Ma grand-mère, j’en suis convaincue, était la meilleure mère possible pour moi. Pardon pour l’autre dame…
Votre mère…
Oui. Avec elle, j’avais étrangement une relation de grande sœur. Et plus tard, je l’ai prise sous mon aile car j’étais plus combative et plus indépendante qu’elle. J’ai choisi ma vie, elle non. Et c’est pour cette raison que j’ai dit dans Le Ventre de l’Atlantique que « j’écris, pour dire et faire tout ce que ma mère n’a pas osé dire et faire ». Elle a par exemple subi la polygamie, une maladie que je n’attraperai jamais.
Qu’aviez-vous à dire quand vous avez commencé à écrire à 13 ans ?
Ecrire était une nécessité. Il me fallait comprendre pourquoi, par exemple, telle tante me câline devant mes grands-parents puis me traite de « bâtarde » en leur absence. L’écriture s’est imposée à l’âge de 13 ans, lorsque j’ai quitté le village pour poursuivre mes études en ville. Pour combler ma solitude, je noircissais des cahiers. Une fois, j’ai même réécrit Une si longue lettre de Mariama Bâ. Dans ma version vitaminée, les femmes n’étaient plus victimes de leur sort, mais bien plus combatives. J’aime celles qui dansent avec leur destin, sans renoncer à lui imposer leur tempo.
Vous épousez ensuite un Alsacien et vous vous installez à Strasbourg. En France, vous découvrez une autre forme de violence, le racisme. Comment y avez-vous survécu ?
En m’appropriant ce que je suis. J’ai appris à aimer ma peau telle qu’elle est : la couleur de l’épiderme n’est ni une tare ni une compétence. Je sais qui je suis. Donc les attaques des idiots racistes ne me blessent plus.
Etre une auteure reconnue, cela protège-t-il du racisme ?
Reconnue ? Non, car la réussite aussi peut déchaîner la haine. On tente parfois de m’humilier. C’est par exemple ce policier des frontières suspicieux qui me fait rater mon vol car il trouve douteux les nombreux tampons sur mon passeport, pourtant parfaitement en règle. Ou ce journaliste parisien qui me demande si j’écris seule mes livres vus leur structure qu’il trouve trop complexe pour une personne qui n’a pas le français comme langue maternelle. Ou encore cette femme qui, dans un hôtel, me demande de lui apporter une plus grande serviette et un Perrier… Le délit de faciès reste la croix des personnes non caucasiennes.
La France que vous découvrez à votre arrivée est alors bien éloignée de celle de vos auteurs préférés, Yourcenar, Montesquieu, Voltaire…
Cette France brillante, je l’ai bien trouvée mais on n’arrête pas de la trahir ! Il faut toujours s’y référer, la rappeler aux mémoires courtes. Cette France, elle est bien là. Seulement, les sectaires font plus de bruit. Il est temps que les beaux esprits reprennent la main !
Qui la trahit, cette France ?
Ceux qui lui font raconter le contraire de ce qu’elle a voulu défendre. Pour bien aimer la France, il faut se rappeler qu’elle a fait l’esclavage et la colonisation, mais qu’elle a aussi été capable de faire la révolution française, de mettre les droits de l’homme à l’honneur et de les disperser à travers le monde. Aimer la France, c’est lui rappeler son idéal humaniste. Quand elle n’agit pas pour les migrants et les exploite éhontément, je le dis. Quand des Africains se dédouanent sur elle et que des dirigeants pillent leur propre peuple, je le dis aussi. Mon cœur restera toujours attaché à la France, et ce même si cela m’est reproché par certains Africains revanchards.
Vous vivez en France depuis 1994. Les statistiques officielles démontrent la persistance de discriminations en matière de logement ou de travail contre notamment des Français d’origine africaine dans les quartiers populaires. Que dites-vous à ces jeunes Noirs ?
Qu’ils prennent leur place ! Vous savez, au Sénégal, un jeune né en province aura moins de chance de réussir que celui issu d’une famille aisée de la capitale. La différence, c’est qu’en France, cette inégalité se trouve aggravée par la couleur. Ici, être noir est une épreuve et cela vous condamne à l’excellence. Alors, courage et persévérance, même en réclamant plus de justice.
Cette course à l’excellence peut être épuisante quand il faut en faire toujours plus…
Si c’est la seule solution pour s’en sortir, il faut le faire. Partout, la dignité a son prix. On se reposera plus tard, des millénaires de sommeil nous attendent.
Vous avez suivi une formation en lettres et philosophie à l’université de Strasbourg avec un intérêt particulier pour le XVIIIe siècle. Que pensez-vous des critiques portées par le courant de pensée « décoloniale » à l’égard de certains philosophes des Lumières ?
Peut-on éradiquer l’apport des philosophes des Lumières dans l’histoire humaine ? Qui veut renoncer aujourd’hui à L’Esprit des lois de Montesquieu ? Personne. Les Lumières ont puisé dans la Renaissance, qui s’est elle-même nourrie des textes d’Averroès, un Arabe, un Africain. C’est donc un faux débat ! Au XVIIIe siècle, la norme était plutôt raciste. Or Kant, Montesquieu ou Voltaire étaient ouverts sur le monde. Ils poussaient déjà l’utopie des droits de l’homme. On me cite souvent Le Nègre du Surinam pour démontrer un supposé racisme de Voltaire. Quel contresens ! Ce texte est une ironie caustique. Voltaire dit à ses concitoyens : « C’est au prix de l’exploitation du nègre que vous mangez du sucre ! »
Par ailleurs, chez tous les grands penseurs, il y a souvent des choses à jeter. Prenez l’exemple de Senghor. Sa plus grande erreur d’emphase et de poésie fut cette phrase : « L’émotion est nègre, la raison hellène. » Cheikh Anta Diop, bien qu’Africain, était un grand scientifique quand Einstein était doté d’une grande sensibilité. Cette citation est donc bête à mourir, mais devons-nous jeter Senghor aux orties ?
On constate tout de même une domination des penseurs occidentaux dans le champ de la philosophie par exemple…
Certaines choses sont universelles. Avec Le Vieil Homme et la mer, Hemingway m’a fait découvrir la condition humaine de mon grand-père pêcheur. Nous Africains, ne perdons pas de temps à définir quel savoir vient de chez nous ou non. Pendant ce temps, les autres n’hésitent pas à prendre chez nous ce qui les intéresse pour le transformer. Regardez les toiles de Picasso, vous y remarquerez l’influence des masques africains…
Vous estimez donc que le mouvement de la décolonisation de la pensée et des savoirs, porté par un certain nombre d’intellectuels africains et de la diaspora, n’est pas une urgence ?
C’est une urgence pour ceux qui ne savent pas encore qu’ils sont libres. Je ne me considère pas colonisée, donc ce baratin ne m’intéresse pas. La rengaine sur la colonisation et l’esclavage est devenue un fonds de commerce. Par ailleurs, la décolonisation de la pensée a déjà été faite par des penseurs tels que Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou encore Frantz Fanon. Avançons, en traitant les urgences problématiques de notre époque.
A l’échelle de la longue histoire entre l’Afrique et l’Occident, ce travail de décolonisation de la pensée, débuté il y a quelques décennies, n’est peut-être pas achevé ?
Je pense, comme Senghor, que nous sommes à l’ère de la troisième voie. Nous, Africains, ne marchons pas seulement vers les Européens ; eux ne marchent pas que vers nous. Nous convergeons vers la même voie, la possible conciliation de nos mondes. La peur de vaciller au contact des autres ne peut vous atteindre quand vous êtes sûr de votre identité. Me concernant, ce troisième millénaire favorise la rencontre. Je sais qui je suis, je ne peux pas me perdre en Europe car, non seulement je récite mon arbre généalogique, mais je séjourne régulièrement dans mon village.
Après tous les efforts de Senghor, Césaire, Fanon, en sommes-nous encore à nous demander comment nous libérer de l’esclavage et de la colonisation ? Pendant ce temps, où nous stagnons, les Européens envoient Philae dans l’espace… L’esclavage et la colonisation sont indéniablement des crimes contre l’humanité. Aujourd’hui, il faut pacifier les mémoires, faire la paix avec nous-mêmes et les autres, en finir avec la littérature de la réactivité comme le dit si bien l’historienne Sophie Bessis.
Cette histoire dramatique, loin d’être un chapitre clos, continue pourtant de marquer le présent des Africains et les relations avec d’anciennes puissances coloniales…
Pour moi, il y a plus urgent. La priorité, c’est l’économie. Faisons en sorte que la libre circulation s’applique dans les deux sens. Aujourd’hui, depuis l’Europe, on peut aller dîner à Dakar, sans visa. Le contraire est impossible ou alors le visa vous coûtera le salaire local d’un ouvrier. Pourquoi attendre une forme de réparation de l’Europe, comme un câlin de sa mère ? Pourquoi se positionner toujours en fonction de l’Occident ? Il nous faut valoriser, consommer et, surtout, transformer nos produits sur place. C’est cela l’anticolonisation qui changera la vie des Africains et non pas la complainte rance autour de propos tenus par un de Gaulle ou un Sarkozy.
On sent que ce mouvement vous irrite…
Je trouve qu’il y a une forme d’arrogance dans cette injonction et cette façon de s’autoproclamer décolonisateur de la pensée des autres. C’est se proclamer gourou du « nègre » qui ne saurait pas où il va. Je choisis mes combats, l’époque de la thématique unique de la négritude est bien révolue.
Votre roman Le Ventre de l’Atlantique (2003) a été l’un des premiers à aborder le thème de la migration vers l’Europe. Que dites-vous à cette jeunesse qui continue de risquer sa vie pour rejoindre d’autres continents ?
Je leur dirai de rester et d’étudier car, en Europe aussi, des jeunes de leur âge vivotent avec des petits boulots. Quand je suis arrivée en France, j’ai fait des ménages pour m’en sortir, après mon divorce. J’ai persévéré malgré les humiliations quotidiennes et les moqueries au pays.
Si je suis écrivain, c’est parce que j’ai usé mes yeux et mes fesses à la bibliothèque. J’ai toujours écrit avec la même rigueur que je nettoyais les vitres. Aux jeunes, je dirai que l’école a changé ma vie, elle m’a rendue libre.
La tentation est grande de partir vu le manque d’infrastructures dans de nombreux pays africains. Comment rester quand le système éducatif est si défaillant ?
La responsabilité revient aux dirigeants. Ils doivent miser sur l’éducation et la formation pour garder les jeunes, leur donner un avenir. Il faudrait que les chefs d’Etat respectent plus leur peuple. Il n’y a qu’à voir le silence de l’Union africaine face au drame des migrants. Quand les dirigeants baissent la tête, le peuple rampe.
Quel regard portez-vous sur le durcissement de la politique migratoire européenne ? Dernier acte en date, le décret antimigrants adopté par l’Italie qui criminalise les sauvetages en mer…
L’Europe renforce sa forteresse. Mais qui ne surveillerait pas sa maison ? Les pays africains doivent sortir de leur inaction. Pourquoi n’y a-t-il pas, par exemple, de ministères de l’immigration dans nos pays ? C’est pourtant un problème majeur qui touche à l’économie, la diplomatie, la santé, la culture. Si l’Afrique ne gère pas la situation, d’autres la géreront contre elle. Elle ne peut plus se contenter de déplorer ce que l’Europe fait à ses enfants migrants.
Vous avez écrit sur la condition féminine, le rapport au corps de la femme au Sénégal et la fétichisation dont vous avez été victime en France en tant que femme noire. Vous sentez-vous concernée par le mouvement #metoo ?
Je comprends ce combat, mais je considère qu’Internet n’est pas un tribunal. Les femmes doivent habiter leur corps et leur vie de manière plus souveraine dans l’espace social et public. Il faut apprendre aux jeunes filles à s’armer psychologiquement face aux violences, par exemple le harcèlement de rue. Il faut cesser de se penser fragiles et porter plainte immédiatement en cas d’agression.
La lutte contre les violences faites aux femmes revient aussi aux hommes…
En apprenant aux femmes à habiter leur corps, à mettre des limites, on leur apprend aussi à éduquer des fils et des hommes au respect. Le féminisme, c’est aussi apprendre aux garçons qu’ils peuvent être fragiles, l’agressivité n’étant pas une preuve de virilité, bien au contraire. Me concernant, malgré la marginalisation à laquelle j’ai été confrontée, je ne me suis jamais vécue comme une femme fragile, ni otage de mon sexe, mes grands-parents m’ayant toujours traitée à égalité avec les garçons.
Vous sentez-vous plus proche du féminisme dit universaliste ou intersectionnel ?
Je me bats pour un humanisme intégral dont fait partie le féminisme. Mon féminisme défend les femmes où qu’elles soient. Ce qui me révolte, c’est le relativisme culturel. Il est dangereux d’accepter l’intolérable quand cela se passe ailleurs. Le cas d’une Japonaise victime de violences conjugales n’est pas différent de celui d’une habitante de Niodior ou des beaux quartiers parisiens brutalisée. Lutter pour les droits humains est plus sensé que d’essayer de trouver la nuance qui dissocie. Mais gare à la tentation d’imposer sa propre vision à toutes les femmes. L’essentiel, c’est de défendre la liberté de chacune.
PAR BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
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ADIEU AMATH!
EXCLUSIF SENEPLUS - Les membres de sa famille, amis, parents proches, compagnons politiques et sympathisants étaient à la morgue de l'hôpital principal pour rendre un dernier hommage à Dansokho
Le président d’honneur du Parti de l’indépendance et du Travail, Amath Dansokho a été inhumé ce dimanche 25 août 2019 au cimetière Thiaka Ndiaye de Saint-Louis. Avant cela, la levée du corps du défunt ministre d’Etat auprès du président Macky Sall a eu lieu à l’hôpital principal de Dakar.
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CONVERSATION AVEC AMATH
EXCLUSIF SENEPLUS - Je me suis permis de changer de genre rédactionnel pour t’inviter à un débat sur la vie, la compassion, la peur de la mort, l’éloge de la vie, ta vie
Tu sais, ce dimanche matin, c’était les derniers adieux avec toi. A la morgue de l’hôpital Principal où, Alcaly, ton fils confia que tu fus hospitalisé pendant trois mois. A cette occasion, il a rendu un hommage poignant « au corps médical, national et étranger, d’éminents médecins, professeurs, infirmier.e.s » qui ont veillé sur toi ; qui ont peut être aussi, allongé ta vie de quelques années.
Tu me connais, comme toi, je peux avoir l’esprit mal tourné, faire des remarques qui cisaillent la vérité : tout compte fait, on n’est pas, obligatoirement, obligé d’aller à l’étranger pour se soigner. Il s’agit simplement d’investir dans nos structures sanitaires, les équiper, mettre à l’aise nos corps médicaux. Je sais bien qu’il y a la coopération médicale, des plateaux médicaux inégaux et différends dans la qualité, des spécialités et spécialistes multiples, mais, de là à faire des hôpitaux de l’occident nos passages obligés aux soins de qualité, c’est qu’il y a quelque chose de pourrie dans notre système sanitaire. Ton fils a montré qu’il fallait faire confiance à notre corps médical ; qu’il était bon, mais démuni. Je suis sûr que tu es d’accord avec cette analyse.
La maladie, les soins, la vie, la mort, c’est notre lot d’humains, notre destin inévitable. Qui m’amène aux levées du corps, à la « levée du corps ». On ne lève pas le corps, on le prépare à sa dernière demeure, on l’enferme dans la caisse en bois (cercueil) qui lui fait office de demeure.
La double porte de la salle (chambre ?) mortuaire s’ouvre sur ...cette caisse en bois enrobée du drapeau national, portée par quatre gaillards militaires ; on le pose sur ces deux tréteaux sur lesquels il est écrit « zone militaire 1 ». Je tourne le regard, je ne veux pas voir ça, je veux observer tous ces visages alentours, graves, sérieux, inquiets, angoissés. Et je me dis : ils regardent qui, ils pensent quoi ? A quoi ? Et là, j’ai une lumière : ce n’est pas de ta mort, de ta disparition dont ils ont pitié, peur ; non, c’est cette place qu’ils occuperont demain, cette cage en bois sur des tréteaux, avec le drapeau national si tu es une autorité, ou une simple toile.
Ces visages graves, ces murmures en aparté, ces éclats de voix forcés, ces sonneries de téléphone qu’on étouffe, c’est eux, c’est nous, demain. Et ça nous fout la pétoche. Il ne faut pas croire au fatalisme rassurant qu’on assène à ces occasions : on y passera tous un jour. Mais on murmure aussitôt « le plus tard possible ». La compassion pour les morts, c’est d’abord la nôtre, l’inéluctabilité de notre finitude. Notre présence à ces cérémonies de « départ sans retour », c’est pour conjurer notre mort, dire à la mort qu’on n’est pas pressé de suivre le parent, l’ami, le camarade qu’elle vient de nous prendre. Ç’aurait pu être un sacré sujet de discussion entre toi et moi...
On découvre toujours de ses hôtes, des secrets sur ceux et celles qui nous quittent. Comme par exemple, cette grosse révélation de ton fils, Alcaly, sur tes qualités culinaires. Et les moqueries espiègles que tu lançais avec finesse, à l’endroit de l’un de tes enfants qui rataient son plat, sa recette. Dis, tu as appris la cuisine où ? À Saint-Louis quand tu étais élève ou lycéen ? Dans le glacis des pays de l’Est ou tu séjournas longtemps ? En tout cas, ton fils se pâme presque sur tes qualités de Maître cuissot.
Et puis, cette anecdote, non, cette information sur ta première rencontre dans les années 80 avec le premier cas de sida, à l’hôpital de Fann (?), que ta moitié, Elisabeth, (Babette pour les intimes) te présenta. Humain, peut être trop humain, tu enlaças le malade comme si c‘était la maladie la plus courante. A l’époque, l’ignorance de cette nouvelle maladie, alimentait les légendes urbaines. On pensait que même serrer la main à ces malades vous ferait attraper leur maladie. Et tu le serras dans tes bras. Trop rationnel, trop confiant à l’humain et à l’Humanité. C’est toi ça.
Voilà, je me suis permis de changer de « genre rédactionnel », comme on dit dans notre jargon professionnel (ignorer le compte rendu traditionnel) pour mixer plusieurs genres et t’inviter à un débat sur la vie, la mort, la compassion, la peur de la mort, l’éloge de la vie, des vies. La tienne.
Certaines bonnes âmes, sans doute de bonne foi, trouveront sans doute ce style, ce genre rédactionnel, cette légèreté en ce moment solennel, d’une abomination sans nom, mais j’assume le choix de mes mots. Avec la prétention de croire que loin de t’offusquer, tu aurais approuvé, ou tout au moins, tu en aurais interrogé la pertinence.
Ah, juste deux dernières confidences : le lendemain de ta disparition, ton ami et faux jumeaux, Alpha Condé m’a dit au téléphone : « c’est grave Demba, en moins d’une semaine je perds deux de mes meilleurs amis, Jacques Diouf et Amath ». Je garde le silence, rien sur la ligne et puis il revient et me dit : « avec Amath, c’est le dernier des mohicans qui s’en va ». Je lui dis en riant : « il reste encore un mohican. C’est toi ». Cette génération de panafricanistes, qui qui voyaient l’Afrique et non les mesquines petites frontières que le colon nous a laissées. Qui pensaient disposer d’une arme fatale pour libérer le continent ; la FEANF, la Fédération des étudions d’Afrique noire en France.
Oui, il en reste peu, très peu de cette race ... d’anciens combattants. Amath vient encore de la dégarnir davantage.
A 14h45, tu ne dois plus être loin de ta ville d’adoption, Saint-Louis. Qui fut aussi celle de mes études secondaires. Au Lycée Charles De Gaulle...
Je te laisse à tes retrouvailles éternelles avec la vieille ville. Tes amours d’enfance, et ton école de vie, de la politique.