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22 juillet 2025
MANSOUR FAYE DÉTERMINÉ À RÉUSSIR L’OPÉRATION ’’VILLE PROPRE’’
Le maire de la ville de Saint-Louis, Mansour Faye, a exprimé la détermination de la commune à rendre la ville propre, conformément à l’opération ‘’Sénégal propre’’
Saint-Louis, 24 aout (APS) - Le maire de la ville de Saint-Louis, Mansour Faye, a exprimé la détermination de la commune à rendre la ville propre, conformément à l’opération ‘’Sénégal propre’’ lancée par le président Macky Sall, malgré ‘’les quelques résistances notées dans la gestion des ordures ménagères depuis la collecte jusqu’au déchargement au centre d’enfouissement’’.
‘’Malgré tout, la commune reste plus que déterminée à faire face et vaincre les résistances et en appelle aux populations pour une appropriation de ces initiatives ville propre, afin que la ville tricentenaire soit parmi les villes les plus propres du Sénégal’’, a-t-il insisté.
Le maire de la ville s’exprimait lors du lancement de l’opération ‘’Clean Day’’ au niveau de la Langue de Barbarie. Selon le maire, la ville fait face à ‘’un défaut en termes de disponibilité de logistiques lourdes’’ mais, précise-t-il, ‘’les ressources humaines sont là et, par rapport au moyens financiers, la commune fait de son mieux’’.
Il a aussi insisté sur la conscientisation des populations, parce que, selon lui, ‘’c’est seul avec l’implication des populations, à travers les conseils de quartier, les associations communautaires de base, les jeunes et les femmes que la commune peut réussir cet objectif de rendre la ville propre, pour un ‘’cadre de vie sain et adéquat’’.
L’édile de la ville a relevé que ‘’sans l’implication des populations, tout effort sera vain car, c’est avec leur engagement et leur détermination, que l’on peut atteindre l’opération ‘’Clean Day’’ et rendre la ville propre’’.
‘’L’occupation anarchique est érigée sur la berge de Goxu Mbathie et Guet Ndar et (…) il faut nécessairement mettre fin à cela, car des arrêtés seront pris et des mesures de sanctions suivront par rapport aux récidivistes, à la suite de vastes campagnes de sensibilisation’’, avertit le maire.
76 MORTS ET 840 BLESSÉS SUR LE TRONÇON NDIOSMONE-OUYAL SANDÉ EN 19 MOIS
Le bilan des accidents de la circulation sur un des axes routiers les plus meurtriers de la région, en l’occurrence le tronçon routier national
Fatick, 24 août (APS) - Au total 76 morts et 840 blessés ont été enregistrés sur le tronçon routier Ndiosmone-Ouyal Sandé (Centre-Ouest) dans la période de janvier 2018 à juillet 2019, soit sur une durée de 19 mois, a appris l’APS, samedi.
‘’En effet le bilan des accidents de la circulation sur un des axes routiers les plus meurtriers de la région, en l’occurrence le tronçon routier national Ndiosmone-Ouyal Sandé, s’est alourdit en début 2019 comparé à toute l’année 2018’’, selon, un rapport sur les accidents de la circulation dénombrés sur ce tronçon routier de janvier 2018 à juillet 2019.
Les indicateurs du nombre de victimes d’accidents corporels, matériels, de blessures ou encore de morts sont nettement en hausse sur la période de janvier à juillet 2019 par rapport à toute la période de l’année 2018, sur ce tronçon routier.
‘’Sur les cas de victimes décédées, 46 usagers de la route sont décédés entre janvier et Juillet 2019 contre 33 décès pour toute l’année sur ce tronçon’’, indique le rapport, mentionnant qu’‘’au niveau des victimes blessées, il y a 443 blessés enregistrés de janvier à juillet 2019 contre 397 blessés dénombrés durant toute l’année 2018, sur cet axe de la route nationale numéro I’’.
Concernant les accidentés corporels, a encore signalé le document, 165 victimes sont dénombrées de janvier à juillet 2019 contre 126 sur toute l’année 2018 tandis que pour les accidentés matériels, 21 victimes sont enregistrées en début 2019 contre 21 en 2018.
"EN AFRIQUE, LA PLUPART DES DIRIGEANTS CONSIDÈRENT QUE LA PAUVRETÉ N'EST PAS LEUR PROBLÈME"
L’ancien économiste en chef de la Banque mondiale, François Bourguignon, regrette que la question démographique ait été « mise sous le tapis » par les gouvernements et les bailleurs de fonds
Le Monde Afrique |
Laurence Caramel |
Publication 24/08/2019
François Bourguignon continue d’arpenter l’Afrique. Au printemps, l’ancien économiste en chef de la Banque mondiale (2003-2007) était en Côte d’Ivoire, où le président Alassane Ouattara a tenu à prendre l’avis d’éminents experts sur le « nouveau miracle ivoirien » qu’il voit se dessiner dans des niveaux de croissance comparables à ceux des années 1960-1970. Aujourd’hui professeur à l’Ecole d’économie de Paris, le septuagénaire n’a pas fini de questionner ces politiques de développement qui promettent depuis des décennies d’éradiquer la pauvreté extrême du continent.
Statisticien de formation, il a pris ses distances avec une approche purement macroéconomique, pour mettre en avant le rôle de la gouvernance dans la trajectoire des pays. Alors que la réduction des inégalités est l’un des grands thèmes du G7 organisé par la France à Biarritz, du samedi 24 au lundi 26 août, il se montre sceptique. Si l’Afrique demeure le continent de la pauvreté, « en réalité, très peu a été fait pour améliorer les conditions de vie des plus démunis », tient-il à rappeler.
Quel bilan faites-vous de la lutte contre la pauvreté, devenue, à partir de l’adoption des Objectifs du millénaire, au tournant des années 2000, la priorité des politiques de coopération pour le développement ?
Parler de la pauvreté est une chose. Adopter des politiques qui permettent de la faire reculer en est une autre. Et je ne suis pas sûr d’avoir vu beaucoup de pays prendre ce chemin en Afrique. A l’inverse de l’Amérique latine et de l’Asie, il n’y a pas eu de grandes politiques de redistribution permettant de mieux répartir la richesse ou, à tout le moins, de garantir un soutien aux plus démunis à travers des programmes de transfert d’argent, sous condition ou non. C’est pourtant ce qui a permis à des pays comme le Brésil ou l’Equateur de réduire massivement leur niveau de pauvreté. Les rares efforts allant dans ce sens, comme en Ethiopie, sont entièrement financés par des bailleurs de fonds étrangers.
Pourquoi cela ne s’est-il pas produit ?
La plupart des dirigeants considèrent que la pauvreté n’est pas leur problème et que la croissance y pourvoira. D’une certaine façon, la décennie de forte croissance enregistrée dans les années 2000, grâce au niveau élevé des cours des matières premières, a entretenu cette croyance en accréditant l’idée d’un nouveau départ pour le continent. Il y a bien eu une diminution de la pauvreté, mais, nous le voyons aujourd’hui, cette amélioration est toute relative. Peu d’emplois permettant d’améliorer les conditions sociales ont été créés. Le nombre de personnes pauvres en Afrique continue d’augmenter et, en 2030, c’est-à-dire à l’horizon fixé pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) qui ont succédé aux Objectifs du millénaire, l’extrême pauvreté sera un problème avant tout africain.
Les bailleurs de fonds internationaux disent pourtant veiller à ce que l’argent accordé dans le cadre des programmes profite en priorité aux plus démunis…
Il existe trois façons de s’attaquer à la pauvreté. D’abord, engager des politiques de croissance inclusive. Cela peut se traduire par des politiques industrielles intensives en main-d’œuvre. C’est la voie sur laquelle semble s’engager l’Ethiopie avec son industrie du cuir. Deuxièmement, redistribuer. Pour cela, il faut des bases fiscales larges et assez stables, ce dont ne disposent pas les pays dont les économies reposent sur les matières premières. Enfin, investir dans le capital humain des personnes les plus pauvres en leur donnant accès à de meilleurs systèmes de santé ou à l’école.
Les bailleurs de fonds, pour différentes raisons et notamment celle de devoir composer avec un haut niveau de corruption, ont choisi de se concentrer sur cette troisième option. Par exemple, des efforts considérables ont été consacrés à l’éducation. L’école est devenue gratuite dans la plupart des pays. Pourtant, nous savons aussi que derrière les chiffres de scolarisation élevés, la qualité de l’enseignement n’a pas suivi et qu’il convient en conséquence de relativiser aussi ce succès. D’autant que la croissance démographique continue d’envoyer sur le banc des écoles des cohortes d’élèves toujours aussi nombreux.
Les politiques d’aide ont laissé de côté la question démographique. Est-ce une grave erreur ?
C’est un sujet clé qui a été mis sous le tapis. Voire, à une certaine époque, qui a fait l’objet d’une véritable censure. Il était impossible de parler de planning familial. La réticence de certains bailleurs de fonds s’est conjuguée à l’opposition de gouvernements pour lesquels la taille de la population reste un élément de puissance. Le résultat est l’arrivée de générations pléthoriques impossibles à absorber par le marché du travail.
Réduire les inégalités est aujourd’hui présenté comme un objectif indispensable de la lutte contre la pauvreté. Cela n’a pas toujours été le cas. Qu’en pensez-vous ?
Les économistes ont été contraints d’admettre que la croissance seule ne suffisait pas à réduire la pauvreté. Voilà ce que traduit cette prise en compte de la question des inégalités. Un pays peut enregistrer une forte croissance et celle-ci ne profiter qu’à une minorité déjà nantie. Et cela vaut dans les pays les plus pauvres comme dans les pays industrialisés.
Pour autant, le mot d’ordre des politiques de développement doit-il être de réduire ces inégalités ? S’il s’agit d’agir sur la distribution des revenus dans un pays, je ne le pense pas. Nous ne disposons pas des statistiques qui permettent d’appréhender correctement la réalité et, en conséquence, de poser un diagnostic solide sur ces inégalités. Nous ignorons, dans la plupart des pays, ce qui est réellement capté par les élites économiques et politiques.
En Egypte par exemple, le coefficient de Gini, qui mesure le niveau d’inégalités, est identique à celui de la France. Imagine-t-on vraiment que ce chiffre reflète la situation ? Si cet appel à la réduction des inégalités, repris par l’objectif numéro 10 des ODD, est une belle déclaration d’intention, elle m’apparaît très difficile à mettre en œuvre. Sans compter les questions de souveraineté que soulève le fait de vouloir intervenir sur la répartition des richesses dans un pays.
Que faudrait-il faire ?
Mon expérience me conduit à penser qu’il faut tenter davantage de renforcer la gouvernance. La fragilité des institutions est un obstacle au développement. Les politiques publiques, financées ou non par l’aide extérieure, doivent être évaluées de manière indépendante. Regardez la situation de l’éducation. La grande majorité des enfants africains ont accès à l’école, mais nous faisons le constat catastrophique qu’ils n’y apprennent pas grand-chose et que l’absentéisme est dans de nombreux pays considérable. Lutter contre la mauvaise gouvernance serait une façon plus pragmatique de lutter contre les inégalités, car au bout du compte, ce sont toujours les plus pauvres qui paient le prix des dysfonctionnements des Etats.
"LE JOUR OÙ J'EN AURAI LE DÉSIR, JE GRACIERAI KHALIFA"
Le chef de l'État, Macky Sall, participant au sommet du G7, s'est épanché sur l'évasion fiscale, les inégalités Nord-Sud, de même que sur la situation sociopolitique nationale, dans une interview à RFI
Cinq pays africains dont le Sénégal participent au sommet du G7 à Biarritz. Pour le président Macky Sall, invité en tant que président du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), c'est l’occasion de souligner les inégalités Nord-Sud, et de rappeler que face à l’évasion fiscale, les pays africains ont plus en commun avec les grandes démocraties libérales qu’il n’y paraît.
Pour le sommet du G7 ici à Biarritz, quelles sont vos attentes en tant que président du Sénégal, et aussi président du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Que voudriez-vous entendre ? Et que voudriez-vous dire ?
Macky Sall : D’abord le G7. Il faut rappeler que c’est un cadre de concertation pour les pays pour les plus industrialisés, disons les sept pays les plus industrialisés. C’est donc une plateforme pour nous Africains de devoir poser les préoccupations africaines de façon à ce que nos partenaires puissent parler avec les Africains, et parler pour l’Afrique, au lieu de parler des Africains et de l’Afrique de façon générale. Donc cette approche, qui est une approche partenariale, est à saluer. Et de ce point de vue, Emmanuel Macron n’a pas été le premier à inviter des pays africains, mais la manière dont il a conduit cette invitation, c’est que nous avons été associés par nos sherpas déjà depuis plusieurs mois, sur les négociations, sur les aspects. Et nos préoccupations, je pense, seront prises en compte, notamment sur des thématiques comme la lutte contre l’évasion fiscale et la fraude fiscale qui ruinent nos pays. Et si nous voulons justement une société plus équitable, il faut absolument que les richesses paient des taxes là où elles sont produites. Or nous savons que c’est un combat de longue haleine de l’Afrique pour amener à changer la donne sur notamment aujourd’hui les facilités fiscales qui sont le fait des grandes multinationales.
À qui pensez-vous exactement ou à quelle entreprise pensez-vous exactement ?
Non. Ce sont toutes les multinationales. Car selon les domaines, ça peut être celles du pétrole, celles du gaz, des entreprises minières, mais également des télécoms. Donc, ce sont toutes les multinationales qui ont des stratégies en fait de congé fiscal et qui bénéficient très souvent de législations anciennes. Il faut amener les partenaires si vraiment les gens veulent lutter contre les inégalités à faire en sorte que les règles changent.
Vous avez parlé d’inégalité. C’est un des thèmes de ce sommet, particulièrement les inégalités Nord-Sud. À votre avis, quelle est la principale cause de ces inégalités à ce stade-ci ?
Ces inégalités ont une histoire très lointaine parce que l’Afrique a d’abord vécu des traumatismes : l’esclavage, la colonisation. Cette colonisation, même si elle a été arrêtée vers les années 1960, même 1970 pour certains pays, il a subsisté un système pour lequel les Africains sont toujours partis donc handicapés. D’abord, la détérioration des termes de l’échange, c’est-à-dire que les productions sont des productions brutes, sont des matières premières, qui sont mal cotées. Et la transformation se fait ailleurs, dans des pays développés. Ce qui fait qu’on exporte les emplois en réalité, et nous, nous achetons les produits manufacturés au prix fort. Donc il ne faut pas s’étonner que l’Afrique envoie des émigrés. Encore que le problème de la migration doit être analysé de façon objective. La plus grande migration se passe entre pays africains.
Est-ce que c’est pour échapper à ces inégalités qu’autant d’Africains risquent leur vie pour aller en Europe et même jusqu’aux États-Unis ?
Oui, on peut le dire parce qu’il y a des inégalités au sein des pays. Dans nos pays, il y a aussi des inégalités entre riches et pauvres, entre citadins et ruraux. Donc il appartient d’une part aux États africains de prendre en charge ces équilibres et de lutter contre les inégalités qui sont grandes parfois entre les campagnes et les villes.
Vous avez parlé de migration. Est-ce que sous-traiter le contrôle des frontières occidentales à certains pays africains, je pense à ce qu’a fait l’Europe avec le Soudan dans le cadre du processus de Khartoum, est-ce que pour vous, c’est une bonne idée ?
Le Sénégal n’est pas membre du processus de Khartoum. Et je me garde toujours de faire des jugements de valeur sur d’autres pays. Mais je considère que le vrai problème n’est pas là. Le vrai problème, ce n’est pas de sous-traiter aux Africains la gestion en Afrique des flux migratoires. Le problème, c’est ensemble d’avoir une vision commune que ces phénomènes migratoires ont une cause. L’une des causes, c’est l’insécurité. Il est clair qu’aujourd’hui dans le Sahel, là où les gens ne sont pas en sécurité, où ils risquent de perdre leur vie, les gens font la migration parce qu’ils veulent sauver leur vie, sauver leur famille. Il y a également la pauvreté. Cette pauvreté, comme je l’ai dit, nous devons être les premiers acteurs de lutte contre cette pauvreté, et même aller au-delà de cette lutte, mais créer de la richesse et essayer de la répartir le plus équitablement possible.
En ce qui concerne la corruption au Sénégal, quelles sont les leçons à tirer du PétroGaz Gate, le reportage qui a mis en cause votre frère ?
Alors ce que vous avez appelé le PétroGaz Gate, je ne le dirais pas ainsi. Mais cet article en tout cas, ce reportage de la BBC, a créé de l’émoi. Et sur cette base, j’ai moi-même saisi la justice pour qu’elle fasse les investigations, que ceux qui ont des évidences de corruption puissent le montrer. Donc la justice va certainement finaliser ce dossier. Mais une chose est claire, c’est que parler de 10 milliards, un scandale de 10 milliards, déjà c’est une aberration. Je dirais que c’est à la justice, à la justice seule d’enquêter s’il y a eu tentative de corruption ou pas.
En ce qui concerne la décrispation politique au Sénégal, la presse rapporte que vous avez envisagé de gracier Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, à l’occasion de la Tabaski. Qu’en est-il exactement ?
D’abord, la décrispation ne saurait être réduite à une dimension de grâce. La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire. Annuellement, plus de cent personnes, voire un millier de personnes par an en moyenne bénéficient de la grâce. Justement, nous voulons revoir notre système pénal pour réduire le nombre de personnes en prison dans ce cadre-là.
L’ancien président Yahya Jammeh, votre voisin en Gambie, jouit d’une immunité en Guinée équatoriale où il vit en exil depuis sa fuite de Malabo. Est-ce qu’il faut s’y résigner ?
Je suis un voisin de la Gambie qui est un État indépendant et souverain. Je me garderai de faire des appréciations sur un ancien président de la Gambie qui est en exil. Il appartient aux Gambiens d’apprécier ce qu’il convient de faire.
Il appartient aux Gambiens de le juger et non pas à un tribunal africain ou un tribunal international ?
Les tribunaux internationaux ne peuvent agir que si les juridictions nationales ne sont pas en mesure de le faire. C’est par substitution. Mais a priori, on ne peut pas comme ça décider parce que ce sont des pays africains ou de petits pays qu’il faut saisir des juridictions internationales.
DAOUDA GUEYE CONTRE LE CHARBON À BARGNY
Depuis dix ans, la population se mobilise sans relâche contre la centrale à charbon installée sur son territoire. Issu d’une famille de pêcheurs, Daouda Gueye est l’un de ces résistants, engagé depuis la première heure
La Croix Afrique |
Clémence Cluzel |
Publication 24/08/2019
Depuis dix ans, la population de Bargny, à 35 km de Dakar, se mobilise sans relâche contre la centrale à charbon installée sur son territoire. Issu d’une famille de pêcheurs, Daouda Gueye est l’un de ces résistants, engagé depuis la première heure. Dernier volet de notre série sur les résistants de la planète.
Ce mardi de début juillet, les femmes de Khelcom, un collectif de plus de 1 000 transformatrices de poisson, se sont réunies sur leur lieu de travail, à moins de 500 mètres de la structure de ferraille et d’acier contre laquelle elles sont en guerre depuis des années. Ce « monstre », comme les habitants l’ont surnommé, c’est la centrale à charbon de Bargny, une ville située à une trentaine de kilomètres de Dakar, au Sénégal.
L’atmosphère est saturée par les émanations des feux utilisés pour fumer le poisson mais aussi, plus grave encore, par les nuages gris, gorgés de particules dangereuses à haute dose, rejetés par « le monstre ». Une bombe sanitaire à retardement. L’air est difficilement respirable et pourtant ces femmes viennent chaque jour y travailler… Malgré les quintes de toux et les yeux qui piquent, l’auditoire ne perd pas de vue l’objectif de la réunion : l’avenir de Khelcom et les actions à mener contre cette silhouette menaçante se dressant à l’arrière-plan. Parmi toutes ces mères de famille, Daouda Gueye détonne. Volonté de fer, il est l’un des premiers opposants au projet de la centrale et entend faire fermer celle-ci coûte que coûte.
Sur le trajet le menant au centre de la ville, ce Sénégalais de 65 ans se remémore la naissance de son engagement. Plongeant dans ses souvenirs, Daouda revient sur la première fois où il a entendu parler de l’affaire. C’était en 2007. Le militant associatif siégeait alors au conseil municipal. Il s’est retrouvé avec un dossier de 400 pages dans les mains. Il y était question d’un projet de centrale à charbon localisé à Bargny, qui devait produire 15 % de l’électricité du pays pour mettre fin aux fréquents délestages.
La naissance d’une révolte
Le président sénégalais de l’époque, Abdoulaye Wade, soutenait ce projet en personne. Le gouvernement sénégalais, la Senelec (Société nationale d’électricité du Sénégal) et la société suédoise Nykomb Synergetics, qui gère la centrale à travers la Compagnie d’électricité du Sénégal (CES), ont ainsi signé une convention d’achat d’énergie de vingt-cinq ans. « C’était un pavé trop complexe pour être compris par les gens », pense Daouda. Il se met à l’éplucher en détail, animé par un besoin d’agir qui le pousse depuis sa jeunesse à s’impliquer dans diverses associations. « On dit de moi que je suis une ONG ambulante », s’amuse-t-il.
Il se souvient avoir été outré par sa découverte : les populations n’ont pas été consultées ou mal informées, le projet leur a été imposé. Après avoir milité contre la Sococim, plus grande cimenterie d’Afrique de l’Ouest qui déverse chaque jour son lot de poussière dans la ville, la centrale à charbon de Bargny sera son nouveau cheval de bataille. « On a présenté ce projet comme facteur de développement mais cela s’est surtout fait à l’encontre des populations » assène-t-il.
Son premier fait d’armes ? Pendant un an, avec d’autres militants de la première heure, l’ingénieur en génie des procédés sillonnera les quartiers de Bargny pour sensibiliser la population aux dangers et enjeux du projet. Dès lors, ce père de cinq enfants, éternellement coiffé d’une casquette « à l’américaine », deviendra l’une des figures de l’opposition. « Je suis fiché maintenant ! » plaisante cet homme jovial.
Les pêcheurs léboue se lèvent contre la centrale
Rapidement, il observe la contestation contre la première centrale à charbon d’Afrique de l’Ouest qui émerge parmi la population majoritairement « léboue », une ethnie dont les membres sont traditionnellement pêcheurs. Lui-même, issu d’une famille de pêcheurs, connaît bien leurs difficultés. Avec le déversement des eaux usées et chaudes de la centrale dans la mer – précisément là où la Banque mondiale avait financé il y a quelques années, à hauteur de 200 millions de francs CFA (304 896 €), une nurserie pour faire revivre l’écosystème marin –, c’est leur métier qui est menacé. Et donc, toute l’économie de cette ville de 70 000 habitants.
L’enfant de Bargny, très enraciné, sera particulièrement blessé par la promesse non tenue de l’État d’octroyer des parcelles pour reloger les 1 400 familles de pêcheurs victimes de l’érosion côtière (Bargny est l’une des quatre régions du Sénégal les plus touchées par la montée des eaux). Pire, il expropriera même ces populations démunies et sans moyen de défense. « L’État a fait fi des titres fonciers émis pour donner les 120 ha à la Senelec », raconte-t-il, toujours révolté.
« Les centrales tuent à petit feu les populations »
Une trahison pour cet homme très droit. Bientôt suivi d’une seconde. Le gouvernement se portera en effet deux fois garant afin de permettre les décaissements de l’une des quatre banques partenaires, réticente à financer le projet à la suite du non-respect constaté des normes environnementales. « Une aberration totale »pour ce résistant infatigable qui avoue se coucher tard, absorbé par ses recherches Internet sur le sujet. Ancien chef d’entreprise, il est depuis quelques années consultant. Un choix fait afin de dégager plus de temps pour son combat.
Le scientifique rejette l’option du charbon. « Les centrales à charbon tuent à petit feu les populations et polluent l’environnement » insiste-t-il. Le pays ne possédant pas de mines, il importe ce combustible d’Afrique du Sud. Depuis toujours, lui préconise le solaire, source d’énergie renouvelable, sans risque pour l’homme et la nature. En 2012, date initialement prévue pour la mise en service de la centrale, Daouda et ses amis militants sont persuadés que le projet va être abandonné : l’arrêt des travaux pendant plusieurs années leur donne bon espoir.
Sentiment d’injustice
Mais avec l’élection du président Macky Sall, le processus est relancé. Malgré tous leurs arguments – site en plein cœur de la ville et situé sur un lieu de culte, à proximité d’une école, d’habitations et d’un lieu de travail, destruction de l’écosystème et pollution de l’air –, la Direction de l’environnement et des établissements classés (Deec) délivrera l’autorisation de construire et d’exploiter à la CES.
Daouda se rappelle le sentiment terrible d’injustice qu’il a ressenti. Après ce coup dur, l’opposition se regroupera en 2014 au sein du collectif des populations affectées de Bargny, afin de « légitimer le combat et faire entendre nos voix ». Il en est l’administrateur. « À partir de là, nous avons pu compter sur le soutien d’ONG et associations internationales. » Elles les épaulent, les forment et les soutiennent financièrement. Daouda évoque la grande manifestation organisée le 13 mai 2016 : plus de 5 000 personnes s’étaient mobilisées, « habillées en rouge, couleur de la colère ». Un succès qui leur permettra de faire connaître leur combat. Mais cela ne stoppera rien. La centrale est mise en marche en 2018.
À mesure que son implication s’accentue, les pressions augmentent. Il se souvient de ce contrôle du fisc lui réclamant sous sept jours la somme de 70 millions de francs CFA (106 713 €) pour des impôts non réglés, « une affaire montée de toutes pièces », dit-il. Ou encore des chefs religieux venus parler à ses parents, espérant ainsi le décourager, les rumeurs de corruption ou bien encore les demandes de visa déboutées. Comme ses amis militants, Daouda est persuadé que son téléphone est sur écoute.
« Prudent comme la marche du serpent »
Menaces, intimidations et coups bas, tous les moyens sont bons. Et cela encore plus depuis leur première victoire : les militants ont obtenu la transformation de la centrale en centrale à gaz en 2021. Daouda reste cependant méfiant quant à la date réelle d’application de la mesure, échaudé par les promesses jamais tenues. « Ceux contre qui nous nous battons (la mairie, la centrale et l’État) utilisent tous les canaux qui sont à leur disposition pour nous faire taire », rapporte-t-il.
S’il n’a pas peur – « depuis le temps, je suis habitué ! » rigole-t-il –, il se demande néanmoins jusqu’où ils iront. « Ils utilisent des moyens de plus en plus violents pour nous museler à tout prix », se désespère-t-il. Plusieurs des membres du collectif ont ainsi déjà été convoqués par la police, sans suite. Dans cette ambiance générale de suspicion, difficile d’accorder sa confiance. Trompé à plusieurs reprises, le Sénégalais n’accorde plus aucun crédit ni aux études menées ni aux paroles des politiciens. « Nos contacts avec la mairie sont rompus, et quant à l’État, il n’y a pas d’échange », résume-t-il.
S’il n’aime pas ce monde peu reluisant qu’il a découvert, toutes ces tentatives de déstabilisation l’ont en revanche convaincu de la justesse de son action. « Quand le combat est noble, on est toujours contrecarré », relativise celui qui peut compter sur le soutien de sa famille. Toujours positif, il confesse cependant que cette situation l’épuise et le stresse. « Il faut être prudent comme la marche du serpent », lance-t-il, mystérieux. Malgré tout, impossible pour lui d’arrêter tant que la centrale ne respectera pas les normes environnementales. Le collectif demande sa fermeture pure et simple ou sa délocalisation. Après avoir porté plainte sans succès contre les banques partenaires du projet, le mouvement veut désormais s’attaquer à l’État sénégalais. Après dix ans de lutte, Daouda reste confiant.
"AMATH ÉTAIT LA PERSONNE À LAQUELLE J'ÉTAIS LE PLUS ATTACHÉ AU SÉNÉGAL"
Le président guinéen Alpha Condé, dit sa peine après le décès de l'ancien aptron du PIT
Leur relation est un secret de polichinelle. Le président de la République de la Guinée et le défunt Amath Dansokho étaient très liés. Alpha Condé a dit sa peine, juste après le décès de son ami.
«Je suis profondément attristé par la nouvelle. Amath était un ami fidèle et sincère. Il était un homme exceptionnel. C’est un ami, un camarade que j’ai connu lorsqu’il était le représentant du Parti africain de l’indépendance (Pai). Les gens pensaient à l’époque que Amath était mon frère lorsqu’ils nous voyaient ensemble. C’était la personne à laquelle j’étais le plus attaché au Sénégal. Même quand je devais faire une heure au Sénégal, il fallait que je passe le voir. J’admire son engagement, son désintéressement et sa familiarité», témoigne le président Guinéen.
Thierno Abdoul Aziz Inhumé hier
Le frère du Khalife de Madina Gounass, Thierno Abdoul Aziz Ba, décédé à la Mecque, a été inhumé hier peu après la prière du vendredi dans l’enceinte de la grande mosquée de Gounass. Une foule montre l’a accompagné à sa dernière demeure. On a noté la présence de Thierno Madani Tall, de Aliou Sall, du Directeur de cabinet de Aly Ngouille Ndiaye, des gouverneurs de Tambacounda et de Kolda etc.
Me Youm à Sinthiou Garba ce week-end
Les vidéos sur l’affaissement du pont de Sinthiou Garba qui circulent font mouche. Le ministre des Infrastructures, des Transports et du Désenclavement, Oumar Youm, qui est en tournée à Tambacounda et Bakel, va faire un crochet à Sinthiou Garba. En direction de Ourossogui, il se rendra à Sinthiou Garba où le pont s’est affaissé. Me Youm a visité hier les travaux d’entretien des tronçons Dialocoto-Mako et Mako-Kédougou dans la région de Kédougou ainsi que les travaux de construction de la route Kédougou-Salemata.
Le nouvel ambassadeur de Paris est à Dakar
«L’As» appris de ses radars ultrasensibles que le nouvel ambassadeur de la France au Sénégal, Philippe Lalliot, est dans nos murs depuis quelques jours. Toutefois, le remplaçant de Christophe Bigot devra attendre le retour du chef de l’Etat pour déposer ses lettres de créances et prendre fonction officiellement.
Il propose 500 000 Fcfa aux gendarmes contre sa liberté
Arrêté en possession de 14 cornets de chanvre indien par un détachement du dispositif antiagression de l’Escadron de surveillance et d’intervention de Dakar (Esid) en patrouille sur la Corniche Ouest, un individu n’a rien trouvé de mieux à faire que de proposer 500.000 Fcfa aux gendarmes en échange de sa liberté. Détenant une quantité importante de vrac, le suspect a été arrêté le 22 août 2019 et conduit à la brigade de Gendarmerie de Ouakam pour trafic de chanvre indien et tentative de corruption à un agent de la force publique. L’enquête se poursuit pour éventuellement mettre la main sur d’autres membres du réseau.
Deux noyades à Saly
Durant les vacances, la canicule pousse les jeunes à fréquenter régulièrement les plages. Mais parfois, c’est à leurs risques et périls puisque certains y perdent la vie. C’est ce qui est arrivé, jeudi dernier vers 19 heures, à Diarra Mar à Obama plage dans la commune de Saly. En effet, les sapeurs pompiers de la caserne de la localité ont été informés de deux cas de noyade. Arrivés sur les lieux, les soldats du feu ont repêché le corps sans vie de l’une d’elles, âgée de 16 ans. La dépouille de Diarra Mar a été acheminée à la morgue de l’hôpital de Mbour. Puis le lendemain, vendredi matin, le deuxième corps, celui de Awa Ndiouck a été retrouvé par les sapeurs pompiers avant qu’il ne soit déposé à la morgue de l’hôpital. En compagnie de leurs camarades, ces deux élèves avaient quitté la ville de Nguékhokh pour se baigner à la plage de Saly. Après l’autopsie, les corps sans vie des deux jeunes filles ont été remis à leurs parents.
Une fillette de 4 ans tuée par un camion à Tivaouane
Un drame est survenu hier à Tivaouane, sur la route nationale, après le passage à niveau, non loin du siège de la Banque Islamique. Un camion a tué une fillette de 4 ans. Selon nos sources, la victime était à bord d’une moto jakarta avec sa mère, pour rallier la gare routière à partir d’où elles devaient aller à Dakar. Ainsi, ils étaient trois à bord de la moto. Au lieu indiqué, un véhicule «7 Places» a heurté la moto et un camion qui roulait dans le sens inverse est venu écraser la tête de la fillette qui était tombée après le premier choc. Des sources racontent que le chauffeur du véhicule «7 Places» a pris la fuite alors que celui du camion et le conducteur de la moto sont aux arrêts.
Témoignage de Idrissa Seck
Les témoignages pleuvent depuis l’annonce du rappel à Dieu du leader charismatique du Parti de l’indépendance et du travail (PIT). Le président de Rewmi Idrissa Seck indique que c’est avec chagrin et tristesse qu’il a appris le décès de Amath Dansokho, un modèle de vie patriotique, un homme qui s’est toujours engagé dans les sentiers du développement du Sénégal. Pour Idrissa Seck, c‘est un moment fort douloureux pour toute la nation et une grosse perte pour l’Afrique. Rewmi et son Président Idrissa Seck présentent leurs condoléances les plus attristées à la famille éplorée et au peuple sénégalais. Ils prient «que le bon Dieu lui ouvre les portes du paradis éternel et qu’il repose en paix».
Témoignage de Me Madické Niang
A l’instar des autres leaders politiques, Me Madické Niang trouve en Ahmet Dansokho un homme politique d’une grande dimension. Il rend un hommage au patriote que le défunt a été et à l’homme de principe qu’il fut. Selon Me Madické Niang, Dansokho a donné toute sa vie au Sénégal. Lorsqu’il fut son avocat en 1988, se rappelle-t-il, Dansokho, alors emprisonné, refusa toute compromission au prix de sa liberté avec le gouvernement du Président Abdou Diouf.
Témoignage de Abdoul Mbaye
Ne quittons pas la classe politique qui multiplie les témoignages à la suite de la disparition de Amath Dansokho. Le président de l’Act, Abdoul Mbaye qui ne connaît pas bien Dansokho, indique qu’il se souviendra longtemps de son voisin à la table du Conseil des ministres. Selon Abdoul Mbaye, les prises de parole de Dansokho étaient celles d’un sage qui, manifestement, aimait son pays et recherchait le meilleur pour ses compatriotes.
Témoignage du président Macky Sall
A Biarritz où il séjourne depuis quelques, le Président Macky Sall estime que le Sénégal est plongé dans l’émoi et la tristesse à la suite du décès de Amath Dansokho, ministre d’Etat, ancien député, ancien maire de Kédougou et ancien secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT). Il s’incline devant la mémoire de l’illustre disparu qu’il considère comme un grand combattant de la liberté, de la démocratie et du progrès des peuples, mais aussi un serviteur de la République et de la nation. Pour le président de la République, Dansokho était un allié hors pair, un responsable engagé et militant dévoué. A l’en croire, Amath Dansokho aura été de tous les combats, en se donnant toujours corps et âme, pour la paix et la démocratie. Il retient de Dansokho l’image d’un rassembleur infatigable et d’un médiateur politique et social d’une qualité humaine remarquable.
Témoignage de Mamadou Diop Decroix
Le leader d’Aj/Pads, Mamadou Diop Decroix affirme qu’il avait une affection pour Amath Dansokho. A l’en croire, Dansokho vivait pour servir les autres. Bien qu’il ne soit pas un militant du PIT, Decroix entretenait quand même de bonnes relations le défunt qui, selon lui, avait beaucoup de contacts. «Donc s’il était animé par la volonté de s’enrichir, il allait construire plusieurs villas», indique Decroix qui invite les jeunes à s’inspirer des grands hommes de ce pays qui partent un à un. Pour Decroix, c’est une erreur de dire que tous les politiciens sont pareils et que la politique est sale.
Témoignage du Président Alpha Condé
Amath Dansokho est une icône mondiale. Le Président de la Guinée, Alpha Condé, a réagi sur les ondes de «Iradio» suite à son rappel à Dieu hier. Le président de la République de Guinée qui a témoigné de son amitié indéfectible avec le défunt se dit profondément attristé par la nouvelle. Il affirme avoir perdu un ami fidèle, sincère et exceptionnel dont il admire l’engagement, le désintéressement et la familiarité. C’est à l’époque où Dansokho représentait le Parti Africain de l’Indépendance (Pai) qu’il l’a connu. Selon Alpha Condé, les gens pensaient à l’époque que Dansokho était son frère lorsqu’ils étaient ensemble, du fait de son attachement au Sénégal. Même s’il devait passer une heure au Sénégal, le Président Condé se débrouillait toujours pour aller voir Dansokho.
Jacques Diouf inhumé au cimetière Thiacka Ndiaye
Les Saint-Louisiens se sont mobilisés en masse hier pour accompagner l’ancien Directeur Général de la Fao, Jacques Diouf, à sa dernière demeure. Jacques Diouf a été inhumé, dans sa ville natale, dans l’après-midi, au cimetière Thiaka Ndiaye de GuetNdar, à côté de ses parents. C’était en présence du maire de Saint-Louis, Mansour Faye, des autorités administratives, municipales, coutumières et religieuses.
Les jeunes libéraux accusent Oumar Sarr et Cie
Les jeunes du Parti démocratique sénégalais(Pds) (Ujtl et Meel) ont fait face à la presse hier pour décocher des flèches en direction des frondeurs du Pds. Ils ont demandé à la direction du Pds de constater la démission de Oumar Sarr et Cie.
Accident de Badiouré
Cinq jours après l’accident de Badiouré, certains blessés attendent encore une intervention chirurgicale. Pour cause, selon un des parents des blessés, Tamsir Diédhiou, on lui réclame 300 mille francs pour l’intervention de sa fille qui a une double fracture à la jambe. A l’en croire, il était hier à l’hôpital régional de Ziguinchor et il constate la jambe de sa fille continue d’enfler. C’est le cas aussi de Bakary Coly dont le fils unique est dans la même situation. On lui réclame 366 mille francs pour l’intervention chirurgicale. Ils demandent de l’aide aux autorités et aux bonnes volonté. Il faut signaler qu’une autre victime évacuée à Dakar a succombé hier à ses blessures. Ce qui porte le bilan à 6 morts.
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DEAL ET COMBINES AU PDS
Oumar Sarr et ses camarades "frondeurs" de l'alliance Suqali Soppi, dévoilent les dessous de la libération de Karim Wade, accusé d'avoir fait pression sur son père dans le cadre de la participation du parti au dialogue national de 2016
Les dessous de la libération de Karim Wade suivi de son exil à Doha étaient restés un mystère jusqu'à ce vendredi. Face à la presse lors de la déclaration de l'Alliance Suqali Soppi, Oumar Sarr a fait des révélations sur le deal entre lui, Karim et Macky ayant conduit le Parti démocratique sénégalais à la table du premier dialogue national tenu le 28 mai 2016.
SIBYLLE DE LA TONTINE NUMERISEE
Partir de rien et réussir ! Fatou Kiné Diop a expérimenté ce dicton avec la fondation de la tontine en ligne e-tontine.
Selon elle, en entrepreneuriat, il faut faire preuve de courage et aimer ce qu'on fait. Elle est la première femme créatrice et active invitée de la nouvelle rubrique Créa’Tives.
Son nom inonde la toile depuis 2015. Elle y incarne la... femme leader ou encore la femme battante. Les sites d'informations générales et économiques se passent son histoire, mais surtout l'innovation de taille qu'elle a mise sur pied en matière de tontine en Afrique. Pourtant, rien dans sa façon d'être ne le laisse penser. Taquine, souriante, relâchée dans son style vestimentaire, la jeune dame est de ceux qui pensent que le bonheur, c'est d'être entouré par ceux qui nous sont chers. Enfant de la banlieue dakaroise, précisément de Guédiawaye, Fatou Kiné Diop, la trentaine révolue, est partie d'un diagnostic populaire : Vu leurs maigres revenus, nombreux sont ces Sénégalais qui n'arrivent pas à équiper convenablement leur maison.
Par manque de moyens, les gens achètent du matériel d’occasion ou en mauvais état provenant d'Europe. Ils n'osent pas acheter de la qualité, parce que cela coûte cher. Raison pour laquelle j'ai créé la e-tontine qui leur permet de payer à leur rythme le matériel qu'ils achètent, explique-telle. Cet aspect de son initiative porte le nom d’e-logistique. Le concept est l'essence même de la tontine, créée par le banquier italien Lorenzo Tontine, qui a pris une tournure financière en Afrique. A cet effet, sur Internet, des réfrigérateurs, des climatiseurs, du matériel de bureautique, du matériel informatique et autres outils d'intérieur sont mis en vente, grâce à des partenaires sénégalais, sur les différentes plateformes de l'application. L'internaute intéressé passe sa commande, s'engage à verser en plusieurs tranches via un mobile money le prix d'achat. Le matériel lui est livré par la suite. Originaire de Louga et membre d'une fratrie de six enfants, Fatou Kiné affiche un optimisme qui surprend plus d'un. Ne t'es-tu jamais fait arnaquer ? Cette question revient tout le temps (rires).
Pourtant non, en presque 4 ans, je n'ai jamais eu de problèmes de paiement. Je pense que c'est une question de confiance mutuelle. Autant, toutes ces personnes s'engagent, me remettent leur argent, me font confiance sans me connaitre, sans m'avoir jamais vu, autant, moi aussi, je leur fait confiance quant au paiement intégral de leurs achats, lance-t-elle avec assurance. Cette réalité constituait, selon elle, la plus grande difficulté, car le fait de ne pas voir, ni connaitre son interlocuteur accentue le scepticisme, voire le manque de confiance.
Toutefois, Fatou Kiné Diop est convaincue que l'entrepreneuriat ne peut se faire sans une prise de risques. L’e-tontine, c'est aussi la collecte d'argent, comme le font bon nombre de ménagères sénégalaises. Sauf qu'ici, l'outil principal est l’Internet. Les participants organisés en groupes de six ou plus cotisent entre 3 000 et 35 000 F Cfa. Ainsi, chaque dix jours ou chaque mois, un tirage au sort est organisé pour connaitre les nouveaux bénéficiaires de l'argent collecté ou du matériel en vente. Et c'est à ce même rythme que se font les paiements.
Un parcours parsemé d’embûches
Si, aujourd'hui, une panoplie d'organes de presse nationaux et internationaux loue sa vision et son esprit d'entrepreneuriat, beaucoup ignorent cependant la face cachée de l'iceberg. La jeune dame a essuyé autant de déceptions que d'activités commerciales qu'elle a eu à entreprendre. Des échecs qui n'ont rien enlevé à sa détermination.
En effet, entre 2007 et 2010, la fondatrice d’e-tontine s'est lancée dans l'élevage. Son premier essai a été un poulailler qui lui a valu un endettement. A l'époque, la livraison de tout son stock de poulets est tombée à l’eau. L'acheteur, bloqué par une inondation, n'a pu se rendre à Dakar. De son côté, la conservation se présentait comme un casse-tête, en raison des coupures intempestives d'électricité. J'ai dû offrir tous les poulets aux membres du quartier. J'ai perdu de l'argent, car l'intéressé ne pouvait plus me payer, puisqu'il n'y avait plus de marchandise. Mais je crois en Dieu et je me suis dit que cela devait arriver, relate-t-elle. Cet épisode ne l'a pas empêchée de reprendre l'activité, en se heurtant, cette fois, à la roublardise de plusieurs clients. Viennent ensuite la couture et la vente de friperie. Toutes ces activités ont demandé un investissement allant de 500 000 à 1 500 000 F Cfa. Mais ses efforts n’ont pas toujours donné satisfaction, jusqu'au jour où Kiné dut garder de l'argent pour un ami. Il m'a remis 20 000 F, une somme qu'il ne voulait pas dépenser. J'ai alors utilisé cet argent pour acheter des tissus que j'ai revendus. Souvent, je postais même sur Internet des produits que je n'avais pas, rien que pour susciter des commandes. Cela a marché et c'est de là que tout est parti.
A l'en croire, pour réussir dans l'entrepreneuriat, il faut commencer avec les moyens du bord et aimer ce qu'on fait. L'humilité et la générosité en bandoulière, Fatou Kiné regrette ces moments où elle s’est abstenue de profiter de sa famille. J'ai l'impression que ma vie ne m'appartient plus. Je suis tout le temps absente. Je rends grâce à Dieu d'avoir un mari compréhensif qui me soutient beaucoup, financièrement, depuis le début de cette aventure, et moralement, révèle-t-elle. Suite à ses multiples échecs, sa famille lui a tourné le dos, prétextant que rien ne lui réussit. Et face à cette situation, elle a pu compter sur son époux (mariée depuis 2014) en ayant comme modèle sa mère, une battante qui a tout donné pour subvenir aux besoins de ses enfants, après la mort de son mari, en 1995. Grâce à lui, elle a pu comprendre l'importance de la bancarisation et la traçabilité de toutes ses différentes transactions. Pour preuve, son équipe s'attèle, en ce moment, à faire l'inventaire de toutes ses activités de e-tontine depuis 2015.
Une entreprise qui grandi
Aujourd'hui, cette adepte des réseaux sociaux (Snapchat, Facebook, Instagram...) est à la tête d’un business dont le chiffre d'affaires est estimé à 50 millions de francs Cfa, en 2018. Selon elle, la curiosité intellectuelle est une force pour un entrepreneur. Il doit maitriser ces outils numériques pour pouvoir percer. Dans son réseau, les tontines de 100 000 F Cfa par dix jours sont passées à 3 millions. Si hier, elle se chargeait elle-même de la livraison de ses commandes jusqu'à des heures indues, désormais, elle compte sur une équipe de travail. En outre, Fatou Kiné a remporté plusieurs prix qui ont boosté sa notoriété et son réseau (estimé à plus de 15 000 personnes). Il s’agit du prix de Linguère digitale organisé par la Sonatel, le prix de la femme citoyenne, celui de l'ambassade de France et enfin le prix de l’entrepreneuriat numérique. Par ailleurs, en tant que membre de l'association Guédiawaye hip-hop, l'entrepreneure souhaite y investir, en vue de participer à la réinsertion de jeunes ex-prisonniers. C’est avec cette dernière qu’elle a appris le graphisme, après avoir abandonné ses études en classe de 1re.
À l'avenir, la tontine devrait proposer des prestations de services ainsi que la vente de terrains. On y travaille et notre objectif est de conquérir l'Afrique et les autres continents, ambitionne-t-elle. Kiné est aujourd'hui fière d'avoir un local et de pouvoir embaucher d'autres jeunes. Aux jeunes Sénégalais, elle conseille l'abnégation et le courage. Il n'y a plus de métiers pour homme ou pour la femme. Il faut plutôt se donner les moyens de réussir. Cependant, Fatou Kiné se désole du fait que le système, dans son fonctionnement, oublie ceux-là qui n'ont pas fait d'études ou en ont fait moins. Toutes ces personnes qui ne comprennent pas vraiment la langue de Molière. C'est notre langue nationale. Pourquoi en avoir honte. Moi, je comprends très bien le français, mais je m'exprime en wolof partout où je vais. À ceux qui m'écoutent de chercher à traduire mes propos. Quand les Occidentaux viennent chez nous, ils parlent leurs langues, faut pas l'oublier.
Par Mankeur NDIAYE
AMATH, L’INTELLIGENCE POLITIQUE FAITE HOMME
Amath est un homme exceptionnel, un génie politique, une intelligence politique rare, faite de culture politique marxiste et universelle, de sens quasi inné du compromis, de capacités d’analyse politique et d’anticipation stratégique sur les événements
J’ ai connu Thierno Amath Dansokho, il y a 40 ans, quelques semaines après mon adhésion au PAI clandestin, recruté par le révolutionnaire professionnel Abass Kane, la même année de la première parution du journal idéologique du Parti, Gëstu, Recherches marxistes, dont il était directeur de publication et Semou Pathé Guèye, rédacteur en chef.
A dire vrai, Amath, comme nous aimions l’appeler affectueusement, est un homme exceptionnel, un génie politique, une intelligence politique rare, faite de culture politique marxiste et universelle, de sens quasi inné du compromis, de capacités d’analyse politique et d’anticipation stratégique sur les événements. Ce sont ces valeurs et ces qualités qu’il a inculquées aux jeunes militants élèves que nous étions et il était notre référentiel politique et notre idole, comme aime en avoir un adolescent de 18 ans. Amath, c’est l’expression achevée du courage, de l’engagement et de la détermination politiques. Amath, c’est l’anti dogmatisme en politique. Homme de gauche parfait, Amath a toujours prôné le réalisme politique; ce qui a permis de développer des alliances fortes avec le libéral Abdoulaye Wade et son Parti et d’entrer en coalition avec le Président Mamadou Dia, en lançant le journal And Sopi.
Amath est un homme généreux Quand j’ai réussi au concours d’entrée à l’ENAM en 1988, Amath m’a convoqué au siège du Parti à Khar Yalla pour me dire ceci : “Mankeur, félicitations. Mais à partir d’aujourd’hui, je ne veux plus te voir au siège. Mets-toi dans la clandestinité totale, car l’ENAM, c’est l’Ecole de l’Etat, une école très sensible. Va étudier, car on a besoin de cadres de haut niveau, demain, si nous accédons au pouvoir. Et mets-toi à l’anglais, tu en auras besoin”.
Voilà l’homme Amath, le théoricien de la “politique du large rassemblement”. J’ai eu la chance de lui parler, il y a quelques semaines et je sentais déjà le poids de la maladie, mais aussi, cette capacité de résilience rare qui fait qu’il n’a jamais cessé de lutter pour survivre. Amath, tu auras vécu pleinement ta vie au service des gens et de ton pays. Je sais : tu n’as jamais voulu être ministre, car, nous disais-tu : “Je ne veux pas exercer le pouvoir sur les gens”.
Amath, je te redis grand merci pour tout, pour la formation que tu m’as donnée, le soutien que tu m’as toujours apporté et pour l’affection dont tu m’as toujours entouré.
Mes condoléances émues à Babette, ta respectable épouse qui est restée à tes côtés durant tous ces moments difficiles, à ton fils Alcali et à tes filles Elsa et Yacine. Amath, repose en paix. Tu auras incontestablement marqué la vie politique sénégalaise durant les 50 dernières années. Le Pays te sera toujours reconnaissant.