SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 juillet 2025
LE DERNIER DES MOHICANS TOMBE
La classe politique sénégalaise a perdu l’un de ses Mohicans, avec le rappel à Dieu du ministre d’Etat Amath Dansokho, décédé hier, à Dakar, à l’âge de 82 ans.
Au moment où le Sénégal commémorait, hier, le 40e jour du rappel à Dieu d’Ousmane Tanor Dieng, il perdait une autre figure emblématique de la classe politique. Il s’agit du ministre d’Etat Amath Dansokho, un des Mohicans de la politique sénégalaise.
Le président d’honneur du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) est décédé ce vendredi à Dakar, à l’âge de 82 ans. Il s’est éteint chez lui, à son domicile sis sur la Route de l’aéroport, devant son épouse et quelques membres de sa famille. La figure emblématique de la gauche sénégalaise a été terrassée par la maladie, après plusieurs années de lutte. Il était hospitalisé à l’hôpital Pitié-Salpêtrière et a préféré rentrer au Sénégal pour y pousser son dernier souffle. Une source proche de la famille soutient “qu’Amath Dansokho est partie dignement, car il savait qu’il était à l’article de la mort, depuis quelques mois, mais n’a voulu laisser rien transparaître, affichant toujours une mine joviale’’.
Quid de la date de l’enterrement ? Selon des informations, la famille n’a encore rien prévu, compte tenu de certains paramètres, puisqu’une partie de celle-ci est à l’étranger. Notamment sa fille Yacine qui se trouve à Paris et qui est en route vers Dakar. Il s’y ajoute que, vu la dimension de l’homme, de hautes personnalités étrangères, dont Alpha Condé, envisagent de faire le déplacement à Dakar pour accompagner dans sa dernière demeure l’infatigable combattant pour la démocratie sénégalaise. Selon nos interlocuteurs, ils viendront des quatre coins du globe, pratiquement toute l’Internationale communiste sera présente.
Outre le président guinéen, d’autres chefs de gouvernement sont attendus. En tout état de cause, il devrait être inhumé à Saint-Louis, puisque, selon nos sources, il en avait exprimé le vœu. Une ville à laquelle il était attaché. Ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), remplacé par Magatte Thiam le 23 mai 2010, Amath Dansokho a été, sa vie durant, à la pointe de la lutte pour la démocratie et la justice sociale. Celui qui fut le précurseur de la première alternance politique survenue en 2000, pour avoir ramené Me Wade de France, en 1999, a été plusieurs fois ministre.
Amath Dansokho a également joué un rôle très actif dans l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême, en 2012. Puisque le salon de son appartement à Mermoz avait fini d’être le siège de l’opposition réunie, d’abord sous le label de G10, puis de Benno Siggil Senegaal. M. Dansokho a été ministre sous Diouf et sous Wade. Seulement, celui qui fut député-maire de Kédougou, guidé par son franc-parler, n’hésitait pas à critiquer la gestion de ceux qui le nommaient à la tête de départements.
Le défunt ministre d’Etat sous le régime de Macky Sall a milité au Parti africain de l’indépendance (Pai). Il a fini par créer la première formation communiste des colonies françaises d’Afrique noire, avec le Pit. Cette audace, il l’a payée, en ayant été contraint à l’exil sous le régime du président Senghor. La prison, Amath Dansokho l’a aussi connue, à maintes reprises.
A l’annonce du décès, ses amis, ses proches et de nombreuses personnalités se sont rendues à la maison mortuaire. Parmi ceux-ci, celui qui est considéré comme son véritable ami, le journaliste Babacar Touré, qui est resté jusque tard auprès du frère du défunt, Alsseyni, sa femme Babette, son fils ainé Alcaly et sa fille cadette Elsa. L’autre ami, le journaliste Mamoudou Wane, est aussi resté auprès de la famille éplorée. Seydou Sy Sall, Pape Mbaye, son secrétaire particulier,le commissaire Tall, ElHadj Kassé et d’autres ont aussi fait le déplacement. Les réactions de la classe politique ont été nombreuses dans les médias et les réseaux sociaux. Parmi lesquelles celles du premier des Sénégalais
RÉACTIONS...
MACKY SALL : « Le Sénégal vient de perdre un patriote »
«J’ai appris avec émotion la disparition de M. Amath Dansokho. Le Sénégal vient de perdre un patriote, un combattant de la liberté et du progrès, un homme d’une qualité humaine remarquable, que j’admirais énormément. Mes condoléances émues et celles de la Nation à sa famille’’, a écrit le président Sall dans un tweet.
PRÉSIDENT ALPHA CONDÉ : « Les gens pensaient qu’Amath était mon frère »
Son homologue guinéen, Alpha Condé, a réagi suite à cette disparition, pour témoigner de son amitié indéfectible avec le défunt. “Je suis profondément attristé par la nouvelle. Amath était un ami fidèle et sincère. Il était un homme exceptionnel. C’est un ami, un camarade que j’ai connu lorsqu’il était le représentant du Parti africain de l’indépendance (Pai). Les gens pensaient à l’époque qu’Amath était mon frère, lorsqu’ils nous voyaient ensemble’’, se souvient le président de la République de Guinée sur iRadio. Alpha Condé d’ajouter : “C’était la personne à laquelle j’étais le plus attaché au Sénégal. Même quand je devais faire une heure au Sénégal, il fallait que je passe le voir. J’admire son engagement, son désintéressement et sa familiarité.’’
MIMITOURÉ : «Un grand combattant de la démocratie... »
La présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a aussi rendu hommage au disparu. “Je suis très attristée d'apprendre le rappel à Dieu du ministre d’Etat Amath Dansokho. Un grand combattant de la démocratie et de la justice sociale s’est reposé’’, écrit Aminata Touré dans un communiqué. Et de poursuivre : “Il aura marqué son temps, son engagement patriotique de tout instant. Le président Macky Sall perd aussi un compagnon fidèle et loyal qui l’a accompagné depuis 2012. Je présente mes condoléances sincères à sa famille et à toute la coalition Benno Bokk Yaakaar dont il était une des illustres figures. Je prie qu'Allah le Tout-Puissant l’accueille dans son paradis.’
IDRISSA SECK : « Une grosse perte pour l'Afrique »
Idrissa Seck n’est pas en reste. Dans un communiqué, il a rendu hommage à Dansokho. “C'est avec chagrin et beaucoup de tristesse que nous apprenons le décès de Monsieur Amath Dansokho, un modèle de vie patriotique, un homme qui s'est toujours engagé dans les sentiers du développement de notre cher pays, le Sénégal. C'est un moment fort douloureux pour toute la nation et une grosse perte pour l'Afrique. Le parti Rewmi et le président Idrissa Seck présentent leurs condoléances les plus attristées à la famille éplorée et au peuple sénégalais. Que le bon Dieu lui ouvre les portes du paradis éternel et qu'il repose en paix.’’
“Mon camarade et ami Amath Dansokho vient de s'éteindre. C'est une immense perte pour le Sénégal et l'Afrique. Combattant inflexible de la lutte des peuples pour la démocratie, le progrès et la justice sociale, Amath aura marqué en particulier d'une empreinte indélébile le parcours politique de notre pays le Sénégal. Resté fidèle jusqu'au bout aux principes et valeurs du militant, sa figure restera à jamais un symbole de fidélité à l'engagement pour les causes justes, la défense des opprimés, la libération nationale et sociale. Je présente mes condoléances à sa famille, ses camarades et ses amis”
OUMAR SARR, LA RACINE DU MAL AU PDS
Plus rien ne va, entre l’ancien secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais et la majorité de ses membres
Plus rien ne va, entre l’ancien secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais Oumar Sarr et la majorité de ses membres. En conférence de presse hier, la section jeune du parti (Mouvement des élèves et étudiants libéraux et Union des jeunes travailleurs libéraux - Meel/Ujtl)a dénoncé une politique de déstabilisation de ce dernier, guidée par des intérêts personnels.
Depuis le remaniement opéré par Me Abdoulaye Wade, voire la nomination de Wade-fils au poste de secrétaire général adjoint chargé de l’orientation, de la modernisation et de l’élaboration des stratégies politiques du Pds, le torchon brûle entre les membres de la formation libérale. Les jeunes du parti placent au banc des accusés Oumar Sarr, ex-Secrétaire général adjoint, et ses acolytes dont Amadou Sall. Ces dernières semaines, certains responsables, sous la conduite d’Oumar Sarr, s’inscrivent dans une logique de sabotage. Ils s’attaquent au Secrétariat national et au frère Karim Wade déporté par Macky Sall, qui est aujourd’hui leur principal complice, décrit le porte-parole du Meel/Ujtl Franck Daddy Diatta. Selon le mouvement, le binôme n’a fait qu’abuser de la confiance de Me Abdoulaye Wade.
En effet, ce dernier leur avait donné plein pouvoir de décision. Une prérogative qui accouche aujourd’hui d’une rébellion. Ils mettent en avant leurs propres personnes, au détriment des intérêts du parti. Depuis deux ans, la vente des cartes de membre ainsi que le renouvellement à la tête des différentes structures se heurtent à leur refus, affirme-t-il. Et pour justifier cette opposition aux volontés du fondateur du parti, Oumar Sarr et Cie sortent la carte de l’âge avancé de ce dernier qui, physiquement et mentalement, ne serait plus capable de prendre de bonnes décisions. L’ancien numéro 2 du Pds est accusé de vouloir être devant et gérer seul les moyens mis à la disposition par Me Wade, sans rendre compte, de favoriser des hommes de main et combattre tous ceux qui refusent de courber l’échine devant lui. A en croire l’Ujtl, son comportement est similaire à celui des précédents frondeurs Aïda Mbodj, Aliou Sow, Farba Senghor, Babacar Guèye, Madické Niang…
La goutte de trop…
Il semble que le dissident aurait, depuis belle lurette, enclenché une politique de réorientation et de restructuration du parti à l’encontre des responsables et du secrétaire général national. Dans cette affaire, la goutte qui a fait déborder le vase est qu’Oumar Sarr se soit engagé, seul, contre l’avis de Me Wade, à participer au dialogue national. Pour quelle raison Oumar Sarr se bat contre tous pour participer au dialogue national de Macky Sall ? Qu’est-ce qu’il y gagne ? Pourquoi court-il après une amnistie de Karim Wade par Macky Sall, alors que l’intéressé n’en veut pas ? Pourquoi Oumar Sarr et ses complices ne veulent pas partager leurs responsabilités au sein du Pds et refusent toute promotion d’autres militants tout aussi méritants qu’eux ? Pourquoi bloquent-ils, depuis plusieurs mois, toute communication du parti sur les scandales financiers du régime en place ? Pourquoi Oumar Sarr a-t-il promis au candidat de l’Apr à la mairie de Dagana qu’il ne se présentera pas, lors des prochaines élections locales et qu’il s’assurera que le Pds n’ait pas de candidat ? Peut-il affirmer, devant les Sénégalais, qu’Amadou Sall et lui n’ont pas rencontré Macky Sall ? Peut-il affirmer solennellement qu’en 2018, pendant la collecte des parrainages, il n’a pas déposé une demande de récépissé au ministère de l’Intérieur pour la création d’un parti politique et qu’à cet effet, il a été auditionné à la préfecture, il y a trois semaines, puis à la gouvernance, dans le cadre d’enquêtes liées à la délivrance d’un récépissé ?. Autant d’interrogations adressées à qui de droit qui dénotent de l’amertume d’une jeunesse libérale qui a soif d’un renouvellement dans la gestion du parti. Elle invite, par ailleurs, le Secrétariat national à procéder à un audit de la gestion d’Oumar Sarr, en plus de constater sa démission.
Concernant cet aspect, même si l’intéressé n’a point évoqué de démission, le Meel/Ujtl Pds estime que toute personne œuvrant à l’encontre de l’orientation du parti est considérée comme démissionnaire. Surtout qu’il a mis sur pied un comité d’initiative pour la refondation, qui rappelle tous les ex-membres du Pds dont ceux-là qui, aujourd’hui, ont rejoint la formation politique du régime en place.
Karim Wade, le nœud de la discorde
Ainsi, ce nouveau souffle tant souhaité a été acté par Me Wade, par la nomination de Karim Wade. Ce dernier constitue, sans aucun doute, le point de discorde entre Me Wade et les frondeurs. Ils se seraient lancés dans une aventure de décrédibilisation de Wade-fils. Karim ne peut pas diriger le parti. Karim n’est pas venu à la Présidentielle, alors qu’il avait décidé de rentrer. Karim ne nous appelle plus, ce qui signifie qu’il a un autre agenda. Karim matin, Karim midi, Karim soir, dénonce le porte-parole du jour. En outre, cette guéguerre serait aussi due au fait que Karim Wade ait refusé leur proposition d’entrer dans un gouvernement d’union nationale du président Macky Sall. Pour preuve, Oumar Sarr, Amadou Sall et Babacar Guèye ont toujours été les seuls à faire la navette entre Dakar et Doha, au frais du parti, sans que personne ne le leur demande. Ils ont ensuite cherché désespérément à faire partir le président Wade avant l’heure. Lui, sans un seul mot, poursuit ses activités politiques, déclare-t-il. Et aujourd’hui, cette section jeune du Pds, naguère reléguée au second plan, monte au créneau pour dénoncer une conduite guidée par des intérêts pécuniaires et matériels de l’ancien secrétaire général adjoint du Pds. Quand ils disent que le parti est géré à partir de Doha, nous leur rappelons qu’ils ont fait les listes des dernières législatives chez Amadou Sall, à l’insu de tous les grands responsables du parti. C’est vraiment injuste et égoïste de leur part. Oumar Sarr doit avoir un minimum de considération pour les militants et sympathisants du Pds. Qu’il ait au moins du respect pour nous qui avons volontairement assumé nos positions, ajoute-t-il. A ce jour, Oumar Sarr a justement fait les frais de sa défiance par la perte d’un poste stratégique au sein du parti. Un fait qui vient mettre fin à la gestion d’un petit groupe qui avait fini d’installer une désorganisation caractérisée au sein de la formation politique.
De plus, l’Ujtl est convaincue que ce remaniement va faciliter l’accessibilité du parti, son ouverture et l’élargissement des structures entrainant ainsi l’entrée massive des jeunes et des femmes. En somme, la jeunesse libérale pense que tout est mis en place pour rapprocher le parti des populations, en vue d’une reconquête démocratique du pouvoir. De son point de vue, l’heure est à la massification et au resserrement des rangs. Félicitations à tous ceux qui participé à la transformation du Pds pour en faire un parti moderne, dynamique et ouvert. Nous invitons Me Wade à poursuivre la réforme du Pds. Nous félicitons le frère Karim, seul capable de redresser la situation catastrophique dans laquelle le Sénégal a été plongé, lance-t-elle. Non sans rappeler à Oumar Sarr que toutes ses tentatives pour la rallier à sa cause sont vaines, tel un combat désespéré et perdu d’avance.
LA SECONDE OFFENSIVE D’OUSMANE SONKO
Comme annoncé le 2 août 2019, les avocats d’Ousmane Sonko ont déposé, hier, deux plaintes pour faire la lumière dans l’affaire des 94 milliards. L’information a été livrée par ses avocats Mes Khouraychi Ba et Abdoulaye Tall.
Les plaintes avec constitution de partie civile ont été déposées devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance hors classe de Dakar. “Pour une précision historique, la première plainte a été portée par les conseils que le président Sonko a personnellement constitués et qui lui apporte leur expertise en la matière.
La première affaire concerne les sieurs Mamadou Mamour Diallo, qui était le directeur des Domaines, Meissa Ndiaye, qui était le chef du bureau des Domaines Ngor-Almadies, Seydou Sarr, représentant deux sociétés et une autre personne non identifiée dont l’enquête se chargera de révéler. Ces faits se sont passés le 22 août’’, note Khouraychi Ba. Qui développe : “MM. Diallo et Meissa Ndiaye ont signé avec M. Sarr deux actes d’acquiescement par rapport à des indemnisations de 44 milliards et de 49 milliards qui ont été versées, ce jour, par l’Etat du Sénégal à M. Ndiaye. On sait déjà que ce dernier a décliné une fausse qualité d’exproprié et le génie juridique a consisté à inventer une indemnisation dans le cadre virtuel totalement faux. Ceci a permis à messieurs Diallo et Ndiaye de faire décaisser la somme de 94 milliards, prélevée sur le denier public.’’
Le conseil ajoute : “A ce titre, le premier délit que nous avons poursuivi est le délit de faux, puisqu’ils se sont fabriqués la qualité d’exproprié. Donc, il y a un délit de faux imputé à M. Sarr et l’usage de faux aux sieurs Diallo, Ndiaye et l’inconnu jusqu’à ce jour. Il y a également le délit d’escroquerie portant sur le denier public reproché à M. Sarr et M. X. Sans oublier le délit de complicité d’escroquerie à l’encontre des sieurs Diallo, Ndiaye et X. Et, au final, le délit de concussion contre MM. Diallo, Ndiaye et X.
Sur la base de ces délits, compte tenu des articles 2 et 77 du Code de procédures pénales qui dispose que lorsqu’une personne se sent lésée par une infraction, elle a le plein droit de porter plainte et de se constituer partie civile devant le juge d’instruction.’’ La deuxième plainte, portée par les mêmes avocats, déposée dans le même cabinet, s’adresse aux membres de l’Assemblée nationale qui figuraient dans la commission d’enquête parlementaire qui a blanchi l’ancien Dg des Domaines. Elle s’adresse à MM. Aymerou Gningue, Cheikh Seck et Mme Ndiémé Ndiaye Ba. “Nous avons le plus grand respect pour eux, mais nous estimons que leur comportement grave et leur action illégale nécessitent une réponse juridique.
En effet, ils avaient tenu une conférence de presse où ils avaient révélé tous les secrets de l’enquête, en communiquant en public cette affaire, alors qu’ils étaient astreints au secret professionnel’’, explique Me Ba. Dans cette affaire, le leader de Pastef revient à la charge et a décidé de s’entourer d’un solide pool d’avocats chargés de faire jaillir la vérité au grand jour. Il s’agit de Mes Amadou Sow, Abdoulaye Tall, Ibrahima Diawara, Alioune Cissé, Ousseynou Fall, Djiby Diagne, Mouhamadou Bamba Cissé et Cheikh Khouraychi Ba.
SENIOR POLITIQUE !
Malgré le poids de l’âge et son état de santé, Amath Dansokho, journaliste de formation, qui a marqué son territoire dans le vaste terrain politique, a défié le temps par son engagement sans répit.
Il est de cette race d’hommes dont l’action reste indéfiniment inscrite dans les annales de l’histoire de leur Peuple, de ces hommes valeureux qui meurent debout. Amath Dansokho, le Communiste, l’héritier sénégalais de Lénine, Che Guevara, Mao, Majmouth Diop… Durant ses 82 ans, il a jalousement conservé et avec beaucoup de précaution ce legs de ses pairs qu’est l’engagement pour le triomphe des causes populaires dont le principal soubassement est l’émergence d’une société juste. Malgré le poids de l’âge et son état de santé, ce journaliste de formation, qui a marqué son territoire dans le vaste terrain politique, a défié le temps par son engagement sans répit. Lumière sur les péripéties de la vie d’un révolutionnaire jusqu’au dernier souffle.
Amath Dansokho ? 13 lettres qui pèsent lourd dans la vie politique. Il a traversé les époques, conduit les luttes politiques, fait face aux risques. Il n’a jamais abdiqué jusqu’à hier. Il a perdu son combat contre la maladie à l’âge de 82 ans. Depuis quelques années, il s’était retiré de la vie publique, mais son ombre tutélaire était toujours pesante. Comme toujours. 21 janvier 2012. Amath Dansokho était là comme un patriarche qui veille sur son héritage.
Dakar brûle en cette période de pré-campagne électorale. Des affrontements violents entre manifestants déterminés à rallier la Place de l’Indépendance et des policiers mettent la ville à feu et à sang. Prostrés devant la mythique Place «Protêt», les militants de l’opposition et certains de leurs leaders tentent de forcer le barrage policier pour parader devant le palais de la République, afin de s’insurger contre la troisième candidature de Abdoulaye Wade. En pleine procession dans les parages de la place «interdite», un manifestant pas comme les autres se pointe, débarquant d’un taxi.
S’appuyant fébrilement sur sa canne pour sortir du véhicule, le vieil homme peine à tenir sur ses jambes frêles. C’est un vieux révolutionnaire aux allures de Che Guevara le béret en moins, qui vient braver la fumée âcre des lacrymogènes pour défendre son Peuple.
D’une démarche de caméléon, il rallie la foule surexcitée de le compter parmi les dépositaires de sa cause. «Dansokho ! Dansokho !», acclament les manifestants. L’image est saisissante à l’instar des péripéties du glorieux combat marxisteléniniste qu’a mené l’homme toute sa vie durant. Sa force et sa fougue fléchissent sous l’effet du temps, mais son courage, sa conviction, son abnégation… n’ont point pâli. Mieux, ils restent vigoureusement indissociables de l’homme.
A 76 ans, le vieux briscard, révolutionnaire jusqu’à la moelle des os, est toujours d’attaque. Prêt à porter haut le flambeau des causes sociales. Peu importe le prix à payer. Cet engagement infaillible est devenu un trait de caractère d’un homme marqué par les péripéties de son militantisme politique par effraction. Né le 13 janvier 1937 dans le Sénégal oriental de l’époque (Kédougou) dont il a été le député-maire sous le régime de Wade, Amath Dansokho a fait ses premiers pas en politique au Parti africain pour l’indépendance (Pai). Journaliste de formation, il représente son parti à la revue internationale communiste dans les années 1960. Une expérience qui a forgé son caractère révolutionnaire.
En effet, durant son séjour à Prague, ce professionnel que rien ne prédestinait à la politique baigna dans le magma doctrinal et idéologique du communisme international. Mais sans complexe, il parvint à marquer de son empreinte le cercle dirigeant de l’Union soviétique en imposant sa perception du communisme en pleine guerre froide contre le camp opposé : le capitalisme incarné par les Etats-Unis.
Après ce long exode où il fit la connaissance d’une des figures du communisme, Ernesto Che Guevara, dont il ne partageait pas toutes les idées, Dansokho retourne au bercail en 1979. Il parvint à s’imposer dans le groupe dirigeant du Pai, à l’époque de la semiclandestinité. Couvé par son prédécesseur Majmouth Diop, il rejoint Seydou Cissokho au Parti de l’indépendance et du travail (Pit), suite à l’émiettement du bloc de gauche en 1981.
Ce dernier fit de lui son adjoint, avant qu’il ne lui succède à sa disparition. A la tête du Pit, Dansokho œuvre résolument pour que son parti se fasse une place au banquet des deux blocs : celui du régime incarné par le tout-puissant Parti socialiste (Ps) et celui de l’opposition dirigé par Abdoulaye Wade (Pds).
Ce qui lui a valu d’être promu ministre de l’Urbanisme et de l’habitat en 1993. Mais le Communiste, réfractaire à la soumission, rompt en 1998 la collaboration avec le régime socialiste de Diouf qu’il accuse de «mal gouvernance». «Il est convaincu que l’Etat, c’est le Peuple. Il vit, agit et parle en révolutionnaire. Il n’accepte aucune compromission d’un Etat qui se détourne des aspirations du Peuple», souffle un de ses compagnons. «Dansk», le ministre rebelle Un tempérament d’insoumis qui finira par déteindre sur ses relations avec le candidat qu’il a soutenu en 2000, Abdoulaye Wade.
En effet, huit mois après l’alternance, son franc-parler et ses principes inaliénables de défenseur du Peuple dérangent le pape du Sopi qui finira par se séparer de lui. Son retour dans l’opposition est le point de départ du combat livré contre le «sphinx» libéral qui finira par capituler le 25 mars 2012. En effet, tout est parti de la création du Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc) (2001) dont il a été membre-fondateur et coordonnateur, et qui donnera naissance au Front siggil senegaal, qui deviendra Benno siggil senegaal en 2009, puis aujourd’hui Benno bokk yaakaar. Son salon servait de Qg où toutes les stratégies de l’opposition étaient concoctées lors des fameux huis clos du mercredi.
«Si vous voulez m’empêcher de vivre, empêchez-moi de militer» Président d’honneur du Pit à l’issue du congrès de 2010 qui a consacré son remplacement par Maguette Thiam, Dansokho est un monument devant lequel s’agenouille tout militant. D’aucuns lui collent d’ailleurs le sobriquet «Mandela du Sénégal» pour sa «sagesse et en mémoire à son engagement». Dans les rangs de son parti, il est perçu comme «l’éclaireur de la troupe à qui on doit toute gloire».
«Malgré l’âge, les difficultés de santé, Dansokho croit toujours aux valeurs sociales de gauche. Nous souhaitons que la jeunesse sénégalaise prenne cet exemple comme valeur. C’est quelqu’un qui respecte notre démocratie. Ce que j’admire le plus, c’est sa générosité et son engagement. Il est toujours prêt à aller au front pour défendre les intérêts des populations», témoigne son successeur à la tête du Pit, Maguette Thiam.
Et le secrétaire chargé de la communication du parti, Samba Sy, actuel patron des Cocos, renchérit en se focalisant sur la nature méconnue du personnage : «Au-delà de son engagement sans mesure, ce qui m’a le plus marqué chez lui, c’est son cœur et sa sensibilité à fleur de peau. En réalité, malgré son abnégation, Amath Dansokho est très sentimental et cela lui a des fois porté préjudice. Certains ont appuyé sur ce levier pour l’atteindre. Il est très disponible. Il aime même ses adversaires.»
Il ajoute : «J’ai été sensible à cette image que je garde de lui, descendant d’un taxi pour aller manifester contre la candidature de Wade en 2012 à la Place de l’Indépen dance, noire de policiers armés jusqu’aux dents.» Cette image est certes touchante, mais ne «surprend» pas outre mesure ses camarades de parti qui ont eu à le pratiquer. «Cela ne m’a pas surpris de lui», confie M. Sy qui se rappelle une affirmation de son président d’honneur. Il nous disait, confie Samba Sy, «si vous voulez m’empêcher de vivre, empêchez-moi de militer».
S’il est encensé par ses camarades de parti, Amath Dansokho a été cependant critiqué par des détracteurs, qui avaient voulu le voir «prendre de la hauteur et se départir de toute fonction administrative», après qu’il a été nommé ministre d’Etat par Macky Sall en 2012. Son recyclage au Cabinet du président de la République avait fait couler de l’encre et de la salive qui ont tari au bout de quelques semaines.
La réponse de Samba Sy à l’époque résumait la vie militante de cet homme : «Amath Dansokho est un monument au Sénégal. Ce jour où il descendait du taxi pour manifester auprès du Peuple malgré son état de santé, pourquoi personne n’a pensé à lui dire d’aller se reposer ?»
Et le décret divin est tombé hier. Amath Dansokho est mort à l’âge de 82 ans. C’est la fin d’une époque.
IL ÉTAIT UN MODEL DE VIE PATRIOTIQUE
Le témoignge d'Idrissa Seck, leader de Rewmi à l'endroit d'Amath Dansokho
«Un modèle de vie patriotique, un homme qui s’est toujours engagé dans les sentiers du développement de notre cher pays, le Sénégal. C’est un moment fort douloureux pour toute la Nation et une grosse perte pour l’Afrique». a déclaré Idrissa Seck.
AMATH ÉTAIT UN GRAND COMBATTANT DE LA DÉMOCRATIE
La présidente du conseil économique, social et environnemental, Aminata Touré, a réagit suite au décès d'Amath Dansokho.
La présidente du conseil économique, social et envoronnemental Aminata Touréa a réagi suite au décès d'Amath Dansokho |
AMATH ÉTAIT UN GRAND COMBATTANT DE LA DÉMOCRATIE |
Publication 24/08/2019
La présidente du conseil économique, social et environnemental Aminata Touré a réagit suite au décès d'Amath Dansokho. ''Un grand combattant de la démocratie et de la justice sociale s’est reposé. Il aura marqué son temps par son engagement patriotique de tout instant. Le président Macky Sall perd aussi un compagnon fidèle et loyal qui l’a accompagné depuis 2012''.
DANSOKHO, UN ACTEUR DE LA GAUCHE
Pour Nicolas Ndiaye, ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), cet éminent camarade fût une grande figure des luttes pour le progrès, la justice sociale et la démocratie au Sénégal, en Afrique et dans le monde
En dehors du Chef de l’Etat en voyage hors du pays, mais dont les services ont envoyé un communiqué en son nom, plusieurs acteurs de la classe politique ont tenu à réagir par divers moyens
Pour Nicolas Ndiaye, ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), cet éminent camarade fût une grande figure des luttes pour le progrès, la justice sociale et la démocratie au Sénégal, en Afrique et dans le monde. En effet, Amath Dansokho, toute sa vie durant, a toujours fait preuve d’une détermination inébranlable et d’un engagement révolutionnaire pour l’avènement d’un pluralisme politique et syndical à une époque où l’arbitraire et la répression étaient érigés en règle par le pouvoir politique d’alors. Avec la disparition du camarade Amath Dansokho, le Sénégal vient de perdre un acteur majeur de la gauche et des luttes pour la démocratie et la réduction des inégalités sociales..
VIDEO
LES COULISSES DE LA PHOTO MONTRANT BORIS JOHNSON, PIED SUR LA TABLE À L'ÉLYSÉE
Une photo montrant le Premier ministre du Royaume-Uni, les pieds sur une table de l’Elysée lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron a provoqué quelques réactions outrées jeudi
Une photo montrant Boris Johnson, le Premier ministre du Royaume-Uni, les pieds sur une table de l’Elysée lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron a provoqué quelques réactions outrées ce jeudi. Mais la vidéo de cette séquence prouve que ce n'est en fait qu'une blague entre les deux hommes.
Le Premier ministre britannique qui prend ses aises à l'Elysée alors que des discussions amères sur le Brexit l'attendent. C'est ce qu'ont cru comprendre certains internautes en voyant le cliché de Boris Johnson et Emmanuel Macron ce jeudi 22 août. Capturé notamment par un journaliste de l'AFP, on y voit l'ancien maire de Londres poser sa chaussure sur une table basse du palais présidentiel. Mais l'envers du décor montre qu'il ne s'agit en réalité que d'une plaisanterie.
Un geste qui a duré une fraction de seconde
Les deux hommes se sont rencontrés à Paris avec l'espoir qu'un accord puisse être trouvé pour éviter un Brexit sans accord. Alors, lorsque le chef du parti conservateur britannique a fait ce geste de désinvolture, il a vivement fait réagir. Car ce n'est pas la première fois que celui qu'on surnomme "Bo-Jo" perd son tact : en juin dernier il comparait le comportement des Français vis-à-vis du Brexit à celui de "cons" ou "fumiers" en fonction de la traduction ("turds" pour les anglophones).
Sans surprise, certains ont donc vu derrière ce comportement "à la cool" vu un signe de "manque de respect", voir d’humiliation. "Les pieds sur la table , en visite officielle ... Mais où avez-vous été élevé ?" tweete ainsi une francophone. Outre-Manche, on décrit le cliché comme étant "embarrassant", ou on s'excuse d'un premier ministre qui fait "honte aux pays". Et d'autres analysent ce geste comme un signe de "pouvoir du Royaume-Uni sur la France".
Mais la réalité est toute autre. L'entrevue filmée en montre en effet les coulisses. On y entend l'échange entre le locataire de l'Elysée et son hôte, lors duquel les deux hommes papotent devant les caméras. Emmanuel Macron plaisante alors au sujet des qualités de la table basse, expliquant qu’elle pouvait servir de repose pied. Ce à quoi Boris Jonhson répond en mimant le geste, une fraction de seconde, avant de faire un geste vers les photographes, comme pour s'excuser de ce geste qui pourrait être mal interprété. Trop tard, un objectif avait déjà immortalisé le moment.
Quoi qu'il en soit, si certains on vu la preuve de mauvaises relations, la discussion qui a suivi semble finalement avoir été fructueuse. Les deux hommes d'Etat ont affiché un ton plus conciliant sur le sujet du Brexit, affirmant leur volonté de trouver un accord pour une sortie du Royaume-Uni de l'UE.
L'ULTIME COMBAT D'UN COCO
Amath Dansokho a toujours été un combattant qui avait en bandoulière sa foi en la démocratie, en la paix et en la liberté ; d’où son engagement à se mettre du côté des opprimés, des assoiffés de liberté d’expression et d’opinion
Absent pendant longtemps de la scène publique le ministre d’Etat et ancien leader du Pit, Amath Dansokho, est décédé hier à Dakar des suites d’une longue maladie. Il a été l’un des hommes politiques qui ont marqué l’histoire politique du Sénégal.
On savait l’ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) malade depuis longtemps. Il avait, en effet, cessé d’apparaître sur la scène publique. Mais hélas, hier la faucheuse est venue frapper à la porte du regretté Amath Dansokho, attristant toute une Nation qui voit partir progressivement certains de ses grands hommes. Le 2ème illustre allié de Macky qui disparaît A l’âge de 82 ans, l’ancien leader du Pit, Amath Dansokho, est le deuxième célèbre allié du Président Macky Sall à quitter ce bas monde. Le jour de l’enterrement de l’ancien Dg de la Fao, Jacques Diouf, à Saint-Louis du Sénégal, plus d’un mois après l’autre grand soutien du chef de la majorité présidentielle, Ousmane Tanor Dieng. A quelques jours d’ailleurs du 40ème jour du rappel à Dieu de cet illustre fils de la République.
Amath Dansokho a toujours été un combattant qui avait en bandoulière sa foi en la démocratie, en la paix et en la liberté ; d’où son engagement à se mettre du côté des opprimés, des assoiffés de liberté d’expression et d’opinion. Le monde du travail, avec le décès de Dansokho, pleure aujourd’hui un allié infatigable. Il aura dénoncé la «mal gouvernance» de Diouf en 1993. Ce qui lui coûtera d’être défénestré du gouvernement de majorité présidentielle élargie, dirigé par le Premier ministre Habib Thiam. «Après quarante ans de règne socialiste, il y avait urgence à tourner le dos au clientélisme», rappelle Wikipedia.
Qui poursuit qu’il a toujours souhaité l’instauration d’un régime parlementaire. Une vie de combats Du Parti africain de l’indépendance (Pai) de Majmouth Diop au Pit dont il a été un des membres fondateurs, Danso kho a marqué l’histoire politique du Sénégal. D’obédience communiste, il a été un des animateurs principaux des nombreuses coalitions de l’opposition qui ont voulu remporter des élections au Sénégal (de la Présidentielle aux Locales). Le Président Abdou laye Wade dont il a grandement contribué à l’élection au soir du 19 mars 2000 - date de la première alternance politique au Sénégal - ne dira pas le contraire.
La Coalition alternance 2000 (1er tour de la Présidentielle 2000), puis le Front pour l’alternance (Fal, 2000) dont Me Abdoulaye Wade fut le candidat victorieux, le Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc, sous le règne de Wade), la Coalition pour l’alternative 2007 (Ca 2007) et Benno siggil senegaal (Bss, 2012) dont Niasse était le candidat tout comme Benno bokk yaakaar (Bby, 2012) demeurent, entre autres, les coalitions marquantes dont l’ancien patron du Pit fut membre.
De sa carrière politico-administrative, l’opinion retiendra que Amath Dansokho a dirigé pendant plus de deux décennies le Pit, avant de passer le témoin à Maguette Thiam le 23 mai 2010. Dansokho a aussi occupé les fonctions de ministre de l’Urbanisme et de l’habitat dans le gouvernement de majorité présidentielle élargie sous Abdou Diouf en 1991 et 1993 et sous le règne du Président Abdoulaye Wade, puis de ministre d’Etat à la présidence de la République, d’avril 2012 à sa mort hier à Dakar.
Tout comme il occupa les fonctions de député-maire de sa ville natale, Kédougou, en 2002. Mais aussi de parlementaire à plusieurs reprises.
DANSOKHO, UNE FIGURE QUI A INSPIRÉ LE MEILLEUR DE LA POLITIQUE
L'ancien leader du PIT a vécu une vie pleine d’engagement, au cours de laquelle il n’a jamais transigé sur ses convictions et ne s’est jamais départi de sa liberté de ton et de parole - Toutes choses qui l’ont sans doute protégé des compromissions
Le leader historique du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), Amath Dansokho, décédé vendredi à Dakar des suites d’une longue maladie, à l’âge de 82 ans, est une figure légendaire de la gauche sénégalaise dont la carrière politique a été nourrie aux mamelles du patriotisme et du panafricanisme tout à la fois, l’un et l’autre s’intégrant en s’approfondissant à la mesure de ses fortes convictions.
Il est décrit comme l’un des hommes politiques, sinon l’homme politique sénégalais le plus franc et le plus direct du Sénégal.
Le défunt leader historique du PIT fut un "responsable engagé" et un "militant dévoué", a souligné Macky Sall, cité dans un communiqué du service chargé de la communication de la présidence sénégalaise.
Selon le chef de l’Etat, Amath Dansokho "aura été de tous les combats, en se donnant toujours corps et âme, pour la paix et la démocratie".
"Homme de conviction d’une générosité débordante, Monsieur Amath Dansokho aura marqué notre histoire politique et sociale contemporaine pour son rôle éminent et historique de lien entre plusieurs générations d’acteurs politiques, de grand rassembleur infatigable et médiateur politique et social d’une qualité humaine remarquable", souligne le président de la République.
Le défunt leader du PIT, né à Kédougou (sud-est) en 1937, fut "un homme de conviction et un homme de foi", qui vivait au-dessus des contingences quotidiennes, a souligné le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, sur la Radio Futurs Médias (RFM, privée). Il dit avoir perdu "un grand-frère".
Amath Dansoko a vécu une vie pleine d’engagement, au cours de laquelle il n’a jamais transigé sur ses convictions et ne s’est jamais départi de sa liberté de ton et de parole, toutes choses qui l’ont sans doute protégé des compromissions politiques.
Amath Dansokho n’a jamais cessé d’être un militant dans le sens politique le plus noble, abhorrait la langue de bois, se faisait le défenseur de la transparence et de la démocratie, vivait quasiment comme un ascète qui faisait peu de cas des contingences terrestres et se détournait autant des préoccupations matérielles.
Il a été emmené au communisme par la lecture à l’âge de 14 ans du livre de Maurice Thorez, "Le Fils du peuple", un ouvrage qui a contribué à forger son engagement dès le lycée.
En 1957 déjà, il dirigea une grève au lycée Faidherbe de Saint-Louis (nord), avant d’adhérer au Parti africain de l’indépendance (PAI) de Mahjmout Diop, la même année.
Amath Dansokho interrompit ses études d’économie à l’Université de Dakar en 1960 pour échapper à la répression après la dissolution du PAI. Il entama une vie d’exil entre Bamako, Alger, Cuba et Prague.
Il fait des études de journalisme en Tchécoslovaquie avant de revenir au Sénégal en 1977 à la faveur de l’amnistie générale décrétée par Léopold Sédar Senghor, pour fonder en 1981 le PIT, un petit parti animé surtout par des intellectuels de gauche.
Amath Dansokho est "une mémoire du combat politique" en Afrique et au Sénégal, a retenu l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, décrivant le défunt leader du PIT comme "un très grand patriote qui s’est mis toute sa vie au service du Sénégal et de l’Afrique".
Sa mort devrait inciter à prendre en compte, dans la conduite des affaires publiques, la volonté du défunt d’apporter "du sens et de l’intelligence" aux pratiques des hommes politiques, a souligné le député Moustapha Guirassy, qui lui a succédé à la mairie de Kédougou.
Moustapha Guirassy a témoigné de la proximité de son père Mamba Guirassy, ancien président du Conseil économique et social, avec le défunt dont le père Bakary Dansokho a éduqué le sien.
Mamba Guirassy et Amath Dansokho étaient de camps politiques opposés, mais ils ont gardé les mêmes relations de fraternité, ce qui reste à l’honneur du leader du PIT et de son ouverture d’esprit, selon l’actuel maire de Kédougou.
"Le Sénégal a perdu un grand combattant, un valeureux combattant (…) qui avait de fortes convictions" et représentait "un repère et une référence", a-t-il ajouté.
Selon Moustapha Guirassy, les hommes politiques doivent s’interroger sur leurs pratiques à la lumière des qualités de démocrate et de rassembleur du défunt.
Il avait été détenu avec Abdoulaye Wade, Abdoulaye Bathily et d’autres leaders politiques, lors des troubles politiques de 1988 au Sénégal, nés de la contestation des résultats de l’élection présidentielle de cette année-là.
Cette figure qui restera insoumise pour toujours a été l’architecte de toutes les luttes politiques ayant conduit à l’alternance politique en 2000, d’où sa relation affectueuse avec celui qui a été porté à la tête du Sénégal à cette date, même dans le tumulte politique qui pouvait caractériser leurs relations qui n’étaient pas sans divergences.
Sous le règne de ce dernier, il a continué à assumer un rôle de vigie politique qui l’a de plus en plus éloigné de M. Wade sur le plan politique, sans jamais mettre fin à la profonde affection avec l’ancien président.
Il semblait pouvoir parfois réconcilier par sa posture morale et politique, grande adversité et profonde affection, deux termes définitivement irréconciliables chez les hommes politiques ordinaires.
Le même engagement politique l’a conduit à apporter son soutien à l’actuelle président Macky Sall dont il fut un des conseillers et dont il était resté proche ces dernières années sur le plan politique, en dépit de sa santé fragile.