Bientôt, une route goudronnée reliera Kédougou à Salémata. La fin prévisionnelle des travaux de ce tronçon long de 76 km est fixée à juin 2020. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, y était vendredi, pour une visite de chantier.
Il y a encore un an, en cette période hivernale où la pluie tombe drue et de manière continue à Kédougou, emprunter le tronçon qui mène à Salémata n’était pas de tout repos. La distance de 76 km qui sépare le chef-lieu de région et le pays des Bassari ressemblait à un chemin de croix. Il fallait compter entre deux et trois heures pour arriver à destination en empruntant une piste tapissée d’une couche de latérite, tantôt plate, tantôt cabossée, serpentant une succession de savanes boisées et de forêts claires où dominent les massifs montagneux Ibel. Mais c’était avant. Les choses ont bien évolué.
Au décor de terre rouge et de végétation luxuriante, est venue se greffer un tapis de bitume en construction. Les premiers kilomètres sont déjà bitumés. Le taux d’exécution est à 30 %. La fin des travaux est prévue à juin 2020. Ce qui mettrait fin à une longue discrimination sociale car l’axe routier Kédougou-Salémata n’a jamais été goudronné au grand dam des populations.
Ce projet de bitumage, y compris la bretelle menant à Ninéfécha, entre dans la phase 1 du Programme prioritaire de désenclavement de l’Etat du Sénégal. Le coût du projet est estimé à plus de 39 milliards de FCfa, financé à 79 % par la Banque ouest africaine de développement (Boad), le reste par l’Etat du Sénégal. Une fois les travaux terminés en juin 2020, cette route devrait non seulement désenclaver la partie orientale du Sénégal, mais aussi supporter une partie du trafic entre la République de Guinée et le Sénégal d’une part, et entre la Guinée et le Mali, via le Sénégal, d’autre part. D’où son caractère intégrateur.
Cette approche intégratrice va plus loin en ce sens que la construction de cette route a permis de réaliser des infrastructures socioéconomiques de base pour les localités traversées. Il s’agit notamment de la construction de plus de 3 km de mur de clôture d’écoles, de l’éclairage public en énergie solaire dans les agglomérations traversées sur une linéaire de 7,5 km, de la construction et l’équipement de cases de santé et de la construction de 60 km de pistes de désenclavement. Sur le plan environnemental et social, le projet a permis de planter des arbres le long de l’axe routier, de reboiser des villages, d’aménager des mares, de mener des séances de sensibilisation sur les Infections sexuellement transmissibles, le Vih, Ebola, etc. et d’employer directement 274 personnes dans les chantiers dont 18 femmes.
Une inclusivité sociale magnifiée par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, qui y était, vendredi, pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux. « Ce sont des projets intégrateurs de cette nature qui prennent en compte les préoccupations environnementales, sociales, économiques, culturelles et touristiques qui sont les vrais projets dont ont besoin les Sénégalais », a-t-il déclaré. Non sans se féliciter de la vision du chef de l’Etat de doter le pays d’infrastructures de qualité répondant aux standards internationaux. « Nous sommes satisfaits du niveau d’exécution de ce tronçon. C’est un axe routier important qui va aider à désenclaver une très grande partie de cette région et à accélérer son développement économique. Ce corridor va permettre, à la fois, de développer le commerce et de faciliter le déplacement des populations », a-t-il ajouté. C’est pourquoi, il a exhorté l’entreprise en charge des travaux, Consortium d’entreprises (Cde) d’accélérer le rythme des travaux.
LA LIBERTE AU PERIL DE LA VIE !
Figure emblématique des luttes révolutionnaires, Amath Dansokho, mort vendredi 23 août à l’âge de 82 ans, a œuvré toute sa vie pour l’avènement d’une société plus égalitaire
Comme un baobab, la chute a été progressive certes, mais fracassante. Le bruit, rapidement, a fait le tour du pays, de l’Afrique et du monde, comme une trainée de poudre. A l’image de la vie tumultueuse de celui que d’aucuns appelaient affectueusement “Big Danskh’’. Un homme dont l’envergure internationale reste sous-évaluée.
En effet, Amath Dansokho a côtoyé presque tous les grands du mouvement révolutionnaire mondial : Che Guevara, Fidel Castro, Nelson Mandela, Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral, Franz Fanon, Joe Slovo (ancien secrétaire général du Parti communiste sud-africain), Sékou Touré, Modibo Keïta, pour ne citer qu’eux. Militant convaincu, l’ancien meneur de grève au lycée Faidherbe de Saint-Louis a su faire face à la toute-puissance de feu Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal. Un véritable Guérillero ! Non de plaisir, mais de devoir, dont l’un de ses plus fidèles compagnons, son secrétaire particulier Pape Mbaye, retrace avec “EnQuête’’ le parcours plus qu’élogieux. La voix étreinte, l’homme qui était sur la route de Saint-Louis, pour les besoins de l’enterrement, ne trouve pas les mots pour rendre compte du degré d’engagement de son ami intime. Mais cette anecdote qu’il rapporte est éloquente à souhait. Un jour, alors qu’ils étaient en voiture tous les deux, Pape écoutait un tube du Bembeya Jazz intitulé “Regard sur le passé’’. Lequel parle de la vie de Samory Touré. Mais pendant que lui admirait la beauté de la musique, se tournant résolument vers son acolyte pour lui annoncer combien il aimait le morceau, il s’est rendu compte que ce dernier était déjà en train de verser des larmes. C’est que derrière les belles paroles, Amath méditait surtout sur le sens même du combat de ce grand résistant africain. “Imaginez Pape, lui ditil, tout ce que cet homme était capable de faire pour la libération de son peuple. Voilà quelqu’un qui était prêt à sacrifier même son propre fils, parce qu’il lui demandait seulement d’abandonner la lutte…’’. De la même manière, Amath Dansokho était prêt à tout pour le salut de son peuple.
A l’époque, l’alternative était simple. C’était soit lutter ou s’aplatir devant le régime autoritaire de Senghor. La démocratie, au Sénégal, n’était même pas à ses balbutiements. S’allier au régime était alors la voie la plus facile, pour les jeunes intellectuels, de s’accomplir. S’opposer, une véritable corvée. Mais comme le montre l’histoire de l’humanité, à chaque fois qu’un peuple est confronté à des difficultés semblables, “il s’est trouvé, parmi ses fils, qui ont décidé de prendre les armes au prix de leur vie pour la libération nationale et sociale’’. Amath Dansokho était de ceux-là qui avaient décidé d’emprunter cette dernière voie, la plus difficile, la plus coriace, parce qu’ayant horreur de l’injustice. C’est ainsi qu’il s’est engagé au Parti africain de l’indépendance (Pai), alors même que le pays était sous domination coloniale. Dans la clandestinité, ils ont œuvré de la manière la plus féroce pour la poursuite de l’idéal libérateur. Ils l’ont fait avec la plume, le verbe, même avec des armes. Une résistance armée dont le but était de “libérer le peuple et lui offrir des perspectives meilleures’’.
La résistance armée
Ainsi, pendant que d’aucuns ne cessent de fuir la mort, Dansokho l’a toujours préparée, parfois même bravée, n’ayant peur de rien. Un de ses amis proches rapporte, à cet effet, qu’Amath a toujours cru qu’il ne vivrait pas plus de 40 ans. Tellement les épreuves, sous ce règne de Senghor, étaient multiples. Mais le président d’honneur du Pit n’abandonnait jamais. Allant partout où besoin est pour renforcer ses aptitudes à la guerre. A Bamako, chez Modibo, il est ainsi formé aux techniques de la guérilla, par le groupe de communistes africains et sénégalais qui avait pu bénéficier d’un voyage à Cuba.
A Alger, il rencontre une des grandes figures du communisme, en l’occurrence Che Guevara, après l’avoir rencontré à la frontière avec la Guinée. A Conakry justement, il s’est rendu pour prendre des armes remises au Pai par Kwame Nkrumah, par l’intermédiaire de Franz Fanon. C’était pour préparer la résistance armée dont l’embryon était fixé dans le Sénégal oriental, précisément dans le Niokolo. “Je dois préciser, souligne Pape Mbaye, que le foyer révolutionnaire ne concernait pas seulement le Sénégal oriental. Un autre devait avoir lieu en Casamance. Dans le Niombato et le Saloum également, il y avait un foyer. La preuve est que, dans toutes ces zones, des camarades ont été arrêtés et jugés. La plupart d’entre eux faisaient d’ailleurs partie du groupe qui a été formé à Cuba’’. En fait, contraint à la clandestinité, les communistes du Pai n’avaient guère d’autre choix. Selon M. Mbaye, ils ne pouvaient que recourir à des formes de lutte qui pouvaient leur permettre de faire triompher la lutte populaire. Et Amath, un des gradés de l’armée de combattants, était toujours audevant de ce front. De Senghor à Macky, en passant par Diouf et Wade, jamais ses positions n’ont fléchi. A la fois Léviathan et Colombe, il incarnait la terreur que tout pouvoir aurait aimé avoir à ses côtés, malgré sa représentativité limitée du point de vue électoral. Cependant, des quatre présidents du Sénégal, seul l’actuel aura réussi à le maintenir comme collaborateur, jusqu’à ce que la mort les sépare. Avec l’autre libéral Abdoulaye Wade, il a fallu juste quelques mois, avant que leur alliance ne vole en éclats. Et que celui qui fut maire de Kédougou ne reprenne ce qu’il sait vraiment faire : la lutte pour la justice.
“L’éternel insoumis’’
En effet, après la conquête du pouvoir, en 2000, l’ancien maire de Kédougou montre son désaccord à celui qui était élu chef de l’Etat, notamment sur l’élaboration de la nouvelle Constitution. “Le problème est que Amath est incontrôlable. C’est un éternel insoumis. On ne le soumet pas, on le convainc. Et Wade ne se complait pas avec ce caractère. La rupture était, dès lors, inévitable’’, argue notre interlocuteur. Avec le socialiste Diouf, malgré de longues et âpres années d’adversité, le compagnonnage avait duré bien plus longtemps. En fait, l’homme de gauche pur et dur, au cours de son évolution politique, vers les années 90, avait fini de comprendre que des pays comme le Sénégal dont il disait : “C’est des nations segmentaires, très gélatinasses. C’est des pays où il fallait dépasser les clivages gauche droite, pouvoir-opposition, pour arriver à bâtir des consensus forts capables de nous faire décoller.’’ Parce que, estimait-il, “notre problème fondamental, c’était de décoller’’. Homme très ouvert, jovial et grand communiquant, le journaliste formé à Prague est décrit par tout le monde comme un grand patriote. A l’image des marxistes, si l’on en croit Abdoulaye Wade. Qui disait, à l’occasion de la disparition de son ami Mbaye Diack : “Les marxistes sont, il est vrai, durs et rigoureux, mais ce sont de vrais patriotes dont on pouvait craindre des manifestations, mais pas des coups d’Etat.’’ C’est en ces termes, disait-il, qu’il avait convaincu Diouf d’admettre leur entrée dans son gouvernement de majorité élargie, dans les années 1990. Dans ce gouvernement socialiste comme en 2000, Big Danskh occupait le poste de ministre en charge de l’Urbanisme. Ce témoignage vaut particulièrement pour le disparu qui aura sacrifié famille, privilèges, honneurs, tout pour la patrie. Au péril de sa vie, le ministre d’Etat de Macky Sall a défendu la liberté, la justice et la démocratie contre les différents pouvoirs qui se sont succédé à la tête du Sénégal. De lui et de Bathily, Wade reconnaissait, toujours dans sa lettre émouvante en la mémoire de Mbaye Diack, qu’ils ont travaillé ensemble du mieux qu’ils pouvaient, pour le Sénégal, “sans surtout chercher à s’enrichir’’
“Il n’a jamais renié la qualité de ses relations avec Wade’’
Les témoignages convergent à ce niveau. Amath Dansokho donnait toujours sans rien attendre en retour. Seul le combat pour la justice pouvait l’éloigner ou le rapprocher des uns et des autres. Jamais, il ne faisait de confusion entre les relations politiques qu’il pouvait avoir avec les gens et les relations personnelles. L’une des illustrations les plus parfaites, soulignent certains de ses proches, ce sont ses rapports avec Abdoulaye Wade. Malgré l’énorme contradiction, il ne manquait jamais de revendiquer leur amitié. “Il n’a jamais renié la qualité de ses relations avec l’ancien président. Cependant, il ne partageait pas ses opinions, ni sa façon de faire. Et à chaque fois, il ne se privait pas de l’exprimer de la manière la plus forte, avec toute la rigueur qu’on lui connait, quand il s’agit d’exprimer le désaccord. Mais, au plus fort de la contradiction, il a toujours tenu à rappeler qu’il était son ami. Et cette amitié, il n’y a jamais renoncé et je pense qu’il en est de même pour Wade’’, précise son secrétaire particulier.
La prouesse de réunir autour d’une table Niasse et Tanor
Dans son combat contre ce dernier, d’ailleurs, il est parvenu à fédérer toutes les forces vives de la nation qu’il réunissait dans sa maison devenue siège de l’opposition d’alors. Il a même réussi ce que beaucoup considéraient comme impossible, c’est-à-dire arriver à faire travailler main dans la main Moustapha Niasse et feu Ousmane Tanor Dieng. En fait, chez le défunt ministre, il existe un principe sacro-saint : quelles que soient les contradictions que vous puissiez avoir, il était capable d’entretenir des relations humaines correctes avec toi. Les contradictions sur le plan politique n’altéraient en rien ses relations avec les gens, témoigne le bras droit. Qui ajoute : “Amath avait une façon particulière de faire de la politique, en ayant toujours un contrôle sur l’adversité. Il ne la cultivait jamais au-delà du raisonnable. Il ne connaissait pas l’animosité. Voilà pourquoi il parvenait à réunir les gens.’’ Cependant, dans son rôle de gardien du temple qu’il a failli mener avec perfection, en 2012, il y a tout de même un bémol qui lui était resté en travers de la gorge. Il s’agit de l’éclatement de Benno Siggil Senegaal (Bss) qui a été favorable à son futur allié Macky Sall.
En effet, nous indique-t-on, de par sa culture et sa posture politique, l’homme de gauche n’a pu concevoir que des gens, pour des problèmes d’ego, n’aient pu arriver à comprendre ce qu’il faut faire pour la nation. “Il avait tout mis en œuvre pour que Bss survive. De guerre lasse, il s’est résigné et a fini par comprendre que les acteurs avec qui il avait affaire n’étaient pas dans la même dynamique’’, rappelle son secrétaire. Revenant sur la création du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) créé des flancs du Pai, en 1981, le confident explique qu’il faudrait remonter à 1976, pour en comprendre l’origine.
A l’époque, Senghor voulait instaurer un multipartisme limité à quatre courants. Il avait alors contacté Majmouth Diop qui était déjà suspendu pour lui proposer de reconnaitre le Pai. “Maj avait accepté sans consulter le parti. Dès la reconnaissance, le Pai authentique a sorti une déclaration pour dénommer le Pai de Maj le Pai/Rbs (Pai/Rénovation béni de Senghor) et a appelé tous les camarades à renforcer la clandestinité’’, rappelle-t-il. La guerre fratricide sera ainsi entretenue jusqu’en 1981, avec l’avènement du multipartisme intégral. Dansokho et Cie étaient contraints à changer de nom pour être reconnus. L’époux de Babette, père d’Alcali, Elsa et Alice, a connu la prison, l’exil pendant plusieurs années, à Bamako, à Alger et dans le lointain Prague, a vécu toutes sortes de brimades, mais en bon combattant, il n’a jamais renoncé. Toute sa vie, il aura lutté pour une société où les inégalités seraient supprimées. Raison pour laquelle il n’a jamais voulu entendre parler du statut de chef de l’opposition. Il disait : “Moi, je ne suis le chef de personne. Personne ne peut être mon chef.’’
RÉACTIONS...
ALKHANY DANSOKHO (FILS DU DÉFUNT) “Pourquoi mon père a été inhumé à Saint-Louis’’
“Certains vont se demander pourquoi mon père a choisi d’être enterré à Saint-Louis. Mais cela ne doit pas être une surprise pour ceux ou celles qui l’ont connu. Ce choix est naturel. Saint-Louis a été le berceau de son engagement politique et le lieu où il a tissé ses meilleures relations amicales. Il a rencontré ses meilleurs amis dans cette ville. Il a toujours eu la nostalgie de cette ville exceptionnelle, quand il a vécu ailleurs. Notre père appartenait à l’ensemble du peuple. Il avait une générosité inégalable et acceptait tout le monde. Je vais vous révéler également qu’il était un excellent cuisinier. Il nous préparait à manger et nous incitait à préparer des plats. Il nous donnait des leçons de vie indispensables. Il nous a toujours poussés à aller vers l’autre. La preuve, quand ma mère lui avait présenté l’un des premiers malades porteur du Vih/sida au Sénégal, mon père n’a pas arrêté de lui serrer la main et de lui faire des accolades. Juste pour vous dire qu’il avait un grand cœur et traitait tout le monde sur le même pied. La vision de celui que nous pleurons est fondée sur le sentiment que notre destin est lié sur celui de tous. C’était un homme juste et bon. Il détestait la haine. Son œuvre doit être poursuivie par les générations futures, pour éviter les soubresauts politiques aux conséquences incalculables.’’
MOUSTAPHA GUIRASSY “C’est Kédougou qui a perdu’’
“C’est un grand homme, avec des valeurs d’une noblesse extraordinaire. Mais je vais insister sur le dernier acte qu’il a posé, c’està-dire le fait de demander d’être enterré à Saint-Louis. C’est la valeur de la fidélité d’Amath Dansokho. C’est sa conscience universelle qui montre qu’il n’était pas dans un communautarisme ou régionalisme, mais qu’il était dans un universalisme. Il savait mettre en avant une amitié, une fraternité. Amath, c’est Kédougou qui perd, c’est le Sénégal qui perd, mais aussi toute l’Afrique.’’
ME EL HADJ DIOUF “Amath disait la vérité partout et devant n’importe quelle autorité’’
“J’ai côtoyé Amath dans le mouvement de la gauche où j’ai fait 20 ans. Je l’ai également côtoyé dans Benno Siggil Senegaal. Il disait à Moustapha Niasse : “Donnez la parole à El Hadj Diouf ; il faut qu’il parle. Il parle fort et clair.” Cela m’a impressionné et il disait également la vérité partout et devant n’importe quelle autorité, y compris le président de la République. Dans ce pays, j’ai compté trois personnes : Sidy Lamine Niasse, Amath Dansokho et El Hadj Diouf qui vous disent la vérité, comme s’ils sont avec vous.’’
MBALLO DIA THIAM “Amath n’a vécu que pour les libertés et droits des travailleurs’’
“C’est un monument de la politique et du syndicalisme qui est parti. C’était un grand combattant des libertés, des droits des travailleurs. Il n’a vécu que pour cela : pour le droit, les libertés et pour le progrès social. Nous avons perdu un grand homme de dimension internationale.’’
TALLA SYLLA “Son courage n’était pas un courage digital’’
“C’est à l’âge de 14 ans que j’ai commencé à militer au Pai où j’y ai trouvé Amath Dansokho. Donc, il m’a éduqué politiquement parlant. J’habitais à la Maison du peuple et lorsqu’il venait rendre visite à Majmouth Diop, il discutait beaucoup avec moi, en me faisant savoir que je lui rappelais sa jeunesse militante. Maintenant, au Sénégal, tout le monde parle de patriotisme, mais eux, leur patriotisme n’était pas numérique. Leur courage n’était pas, non plus, un courage digital. C’était un patriotisme vrai, car ils ont été les premiers à lutter pour l’indépendance du Sénégal, pas seulement pour notre pays, mais pour l’Afrique. De nos jours, beaucoup se disent patriotes, alors qu’ils sont fabriqués par les médias. Ils n’ont été confrontés à aucun risque. Or, eux risquaient leur santé, leur vie et familles, mais ils avaient une conviction qui les empêchait de rester passifs, parce qu’en ce moment-là, ils disaient que, dans l’histoire d’un pays, “il sonne toujours une heure grave et qu’il faut se dresser, dans un même élan irrésistible et enthousiaste, tous les fils d’un peuple, car la terre des aïeux est en danger, parce que la vague de honte qui monte risque d’éclabousser le fond des générations vivantes, mortes à venir”.’’
CHEIKH TIDIANE GADIO ‘Il faudrait appliquer les leçons d’Amath Dansokho’’
“Nous sommes tous habités par une immense tristesse, pour avoir perdu un grand homme, un grand Africain, mais aussi un grand panafricain. Ce qui nous réjouit, le Sénégal est capable de s’unir autour d’une personnalité comme Amath Dansokho. Mais il faut plutôt apprendre des leçons d’Amath, car il a mené des combats politiques farouches. Tout le monde a loué son courage, son engagement. Amath n’a jamais insulté quelqu’un, ni traité un adversaire comme un ennemi. C’est une leçon que nous devons retenir tous, surtout en ces moments de grands défis où l’Afrique est menacée de partout. Nous avons le devoir d’apprendre d’Amath Dansokho et de nous retrouver autour de l’essentiel. Opposition, c’est important, pareil pour le pouvoir, mais le Sénégal est beaucoup plus important que nous tous. Je suis fier de son héritage. N’en parlons pas juste, mais il faudrait peut-être essayer de l’appliquer. Certains l’appelaient le “Mandela du Sénégal”, mais je trouve que c’est restrictif. Mandela est grand, mais Dansokho n’est pas petit. Chacun a brillé en ce qui le concerne, a brillé en Afrique et a montré ce que nous aimons le plus : la fidélité et l’engagement.’’
ALIOUNE TINE “Dansokho était un homme libre’’
“Dansokho a été l’un des hommes les plus libres de la classe politique. C’est pour cela qu’il a travaillé avec Diouf, puis Wade et Macky Sall. Quand vous regardez ses relations avec Diouf, il a été défénestré, parce qu’en réalité, il disait ce qu’il pensait. Il avait cette liberté de penser, de critiquer, de dire ce qu’il pensait. C’est le Pit et Amath Dansokho qui ont donné cette crédibilité à la candidature de Wade, dès 1983. En 88, il était avec Wade et, en 98, il a travaillé pour l’alternance. A un moment donné, il a été arrêté et mis en prison. Sous Wade, il avait cette liberté qui est une denrée extrêmement rare. Dansokho, c’est aussi la générosité, car à Saint-Louis où il va, c’est pour retrouver un ami.
ADAMA GAYE ESPÈRE UNE LIBERTÉ PROVISOIRE
Les avocats du journaliste emprisonné depuis près d’un mois pour offense au chef de l’Etat, vont profiter de leur face-à-face avec le Doyen des juges jeudi, pour introduire une demande de liberté provisoire pour leur client
Les avocats du journaliste, et activiste Adama Gaye emprisonné depuis près d’un mois pour offense au chef de l’Etat, vont profiter de leur face à face avec le Doyen des juges prévu jeudi, pour introduire une demande de liberté provisoire pour leur client . Me Khoureychi Ba et ses collègues sont confiants et espèrent que le juge va accueillir favorablement leur demande.
« La date a été fixée. Le jeudi, il sera entendu sur le fond du dossier. La liberté elle-même est un attribut, c’est un droit. À chaque occasion, nous présentons la demande de liberté et il y a de la chance qu’elle soit accueillie favorablement. Et c’est pourquoi à chaque fois que nous avons un interrogatoire, c’est une occasion d’introduire une demande de mise en liberté particulièrement dans ce genre dossier », a indiqué Me Khoureychi Ba au micro de la RFM.
Dakar, 26 août (APS) - Les quotidiens parvenus lundi à l’APS rendent un dernier hommage au leader historique du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) Amath Dansokho, inhumé dimanche à Saint-Louis conformément à ses dernières volontés.
Amath Dansokho, natif de Kédougou, une commune du sud-est du Sénégal dont il fut le maire, est décédé vendredi soir à Dakar à 82 ans, des suites d’une longue maladie.
A la suite de ses pairs, les journaux saluent la trajectoire de celui qui a été une des figures majeures de la gauche sénégalaise depuis des années. Il a à ce titre participé à tous les combats démocratiques des années 80 à nos jours.
La nation sénégalaise a rendu hommage à "un patriote et visionnaire" (Le Soleil), à l’occasion de la levée du corps à Dakar, cérémonie présidée par le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse. Il a été ainsi élevé au rang de commandeur dans l’Ordre national du Lion à titre posthume.
La dépouille a été ensuite convoyée à Saint-Louis, "lieu d’origine de son militantisme" politique (Le Quotidien), où il a été inhumé à Thiaka Ndiaye, conformément à "sa dernière volonté", relève Le Soleil, lequel quotidien signale que l’édile de la capitale nord du Sénégal a élevé le défunt au rang de citoyen d’honneur.
Le même journal met en exergue le témoignage de son fils Alcaly au sujet des rapports que le défunt entretenait avec ses enfants. Il a évoqué "une face moins connue de son père (...), un homme serviable, un humaniste" décrit comme "très proche de ses enfants".
"Dansokho immortalisé", affiche Sud Quotidien. "Adieu combattant", s’exclame le quotidien, en évoquant la trajectoire de celui "qu’il ne vivrait pas plus de 40 ans", selon le même journal. Il ajoute que le défunt "a œuvré toute sa vie pour l’avènement d’une société plus égalitaire".
D’une certaine manière, sa mort réconcilie la classe politique, souligne Walfquotidien. "Amath Dansokho aimait rassembler les hommes politiques à son domicile. Hier encore", à l’occasion de son inhumation, "l’ancien leader du PIT réussit la prouesse de réunir autour de sa dépouille à l’hôpital Principal tous les acteurs politiques, pouvoir comme opposition", écrit le journal.
"Ils étaient tous là pour dire un dernier adieu à cet infatigable combattant de la démocratie sénégalaise", ajoute Walfquotidien, journal selon lequel Bennoo Bokk Yaakaar (BBY, majorité) par exemple, "+pleure+ un de ses piliers".
Vox Populi revient sur le témoignage du président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse : "Amath n’a jamais trahi un ami, jamais reculé quand le danger était là. Jamais !"
L’Observateur revient pour sa part sur l’histoire des rendez-vous secrets d’Amath Dansokho avec Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, le défunt khalife général des tidjanes, avec lequel il entretenait des relations personnelles, selon le journal, pour dire qu’il avait "de bonnes relations avec les guides religieux du pays".
Outre ce sujet, l’affaire Khalifa Sall s’invite de nouveau au cœur de l’actualité, à la faveur de la dernière sortie du président de la République au sujet de la grâce présidentielle que les partisans de l’ancien maire de Dakar réclament pour leur leader.
"Le président Macky Sall vient de trancher sur la grâce présidentielle qui pourrait être accordée à Khalifa Sall", condamné à 5 ans de prison dans l’affaire dite de la "caisse d’avance" de la mairie de Dakar, affirme L’Observateur.
Il cite pour cela des extraits de l’interview accordée à ce sujet par le président Sall à RFI. "(...) Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire (...)". Des analystes politiques "déterrent les maladresses de la communication du président à l’étranger, qui écornent l’image de la démocratie sénégalaise", lit-on dans les colonnes de ce journal.
Vox Populi prolonge cet argumentaire en citant d’autres propos du chef de l’Etat sénégalais : "La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul".
"L’ancien maire de Dakar devra encore croupir en prison, en attendant que l’envie et le désir de le libérer s’emparent du président de la République comme il le clame. Un fait du prince qui montre que Macky Sall se comporte comme le roi soleil qui rayonne sur son peuple", estime Walfquotidien.
"Macky dégoûte les khalifistes", dont Cheikh Guèye, dont les propos font la Une du journal Le Quotidien : "C’est une déclaration indigne d’un président" de la République.
TREPAS D’UN OPPOSANT ORGANIQUE
Etre un homme de conviction, c’est avoir l’esprit en mouvement, disait un académicien. C’est ce qui a, sans doute, caractérisé le dynamisme et l’authenticité de l’engagement politique d’Amath Dansokho.
Etre un homme de conviction, c’est avoir l’esprit en mouvement, disait un académicien. C’est ce qui a, sans doute, caractérisé le dynamisme et l’authenticité de l’engagement politique d’Amath Dansokho. L’emblématique opposant marxiste, décédé vendredi, a été inhumé hier à Saint-Louis et élevé au rang de Commandeur de l’ordre national du Lion. A titre posthume.
Il a été comme la voix de celui qui crie dans le désert. Pas forcément entendu, pas même sûr d’être écouté, mais cet entêtement sacerdotal à ne jamais renoncer à sa ‘‘prophétie’’, quelles que soient les incompréhensions, les indifférences, les railleries, a été son trait de caractère principal.
Dans l’arène politique actuelle où le clivage des lignes a littéralement effacé toute identité ou appartenance doctrinale, l’engagement communiste authentique d’Amath Dansokho va manquer. ‘‘Mon seul regret est que j’aimerais avoir beaucoup de voix ; et que l’autorité et l’estime dont je bénéficie des couches sociales se traduisent dans l’urne. Peut-être que cela se fera un jour. J’aurais souhaité que notre pays se développe, se modernise le plus rapidement possible’’. Telle fut sa réponse à la question d’une journaliste de “Walf Grand-Place’’ de savoir qu’est-ce qu’il aurait voulu concrétiser en tant que politicien.
Le baobab a tiré sa révérence, vendredi dernier à Dakar, au moment où la viduité de 40 jours d’une autre identité remarquable de la gauche sénégalaise, Ousmane Tanor Dieng, arrivait à terme. Mais le natif de Kédougou était encore plus à gauche du socialisme. Un communiste convaincu qui avait opté pour la forme la plus pure de la doctrine : le marxisme. Un idéal auquel il n’a jamais vraiment renoncé, sur ces six dernières décennies, de casser la domination des minorités économiques et politiques de la nouvelle bourgeoisie d’après indépendance sur les classes populaires sénégalaises.
Son parcours tumultueux d’opposant aux trois premiers présidents du Sénégal démontre, à souhait, que seule la mort pouvait venir à bout de cette forte personnalité. Amath Dansokho a quitté très tôt la maison familiale du Sénégal oriental pour aller faire ses études dans le Nord, à Saint-Louis, sa ville de cœur (où il passa l’examen d’entrée en 6e à l’école Duval) et où il repose, depuis hier dimanche. Après son Baccalauréat, il s’inscrit au Département d’économie de l’université de Dakar, mais embrasse finalement le journalisme, puisque sa réputation de contestataire qui l’avait précédé l’aida à se faire élire directeur de publication du journal ‘‘Dakar Etudiant’’, écourtant ses études, du coup. Les positions anti-françaises du journal obligèrent Senghor à l’interdire de parution et Dansokho ira mensuellement à Conakry pour se faire imprimer, avant de s’exiler plus tard à Prague, en continuant d’embrasser le journalisme, cette passion qu’il a rencontrée en cours de route.
Conviction chevillée au corps
S’il y a une convergence de vues, une quasi-unanimité, c’est que le défunt Amath avait la conviction chevillée au corps. En dépit de l’attachement sincère qu’il vouait à Me Wade (à la famille Wade dans l’ensemble) et leur proximité politique, il n’a pas hésité à critiquer ouvertement les choix du “Pape du Sopi’’, devenu président de la République, en Conseil de ministres. Ce qui lui a valu un passage éphémère au département de l’Urbanisme et de l’Habitat qu’il a quitté en novembre2000, à peine plus d’un semestre après l’alternance. Un poste qu’il avait également occupé dans le gouvernement socialiste d’Habib Thiam, entre 1991 et 1995. Abdoulaye Wade, son professeur de mathématiques économiques en 1962 à l’université de Dakar, et son avocat deux ans plus tard, quand il fut arrêté pour activités clandestines en pleine répression du communisme, tient à revenir sur sa décision. Il aura tout fait pour que le leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) revienne dans le gouvernement, après l’avoir ‘‘congédié’’. Peine perdue. Dansokho lui oppose systématiquement une fin de non-recevoir. ‘‘C’était le 9 novembre 2006, lorsqu’il m’a demandé, pour la neuvième fois, de rentrer dans le gouvernement. Ce que j’ai toujours refusé. Car, comme on ne partage pas les mêmes convictions, je risque de me faire limoger, 24 heures après’’, racontait en riant Amath dans une interview accordée à “Walf Grand-Place’’ en 2010. Ce n’était pas les seules fois qu’il apposait un veto aux desiderata de Wade, puisqu’il aura également décliné la prise en charge médicale proposée parce dernier ; l’assurance de son épouse, travaillant à l’Oms, le couvrant totalement. La tentative de dévolution monarchique du pouvoir le pousse à renouer avec ses vieilles amours de jeunesse : l’engagement au service du peuple.
Dansokho devient l’une des éminences grises de Benno Siggil Senegaal et le Pit, qui a défait le régime socialiste plus d’une décennie plus tôt, joue un rôle moteur dans le triomphe d’une adversité politique qui fait réussir au Sénégal sa 2e alternance. Le marxiste qui a défait le socialisme de Diouf et le libéralisme de Wade ne pouvait naturellement pas s’embarrasser d’une obséquiosité déférente devant la nouvelle tête de file du libéralisme sénégalais, Macky Sall. Sa profonde nature intellectuelle chasse au galop son affiliation de circonstance au président de la République actuel. ‘‘Je ne suis pas dans le gouvernement pour cautionner, pour quelque raison que ce soit, des choses qui sont contre les intérêts des populations. Il faut être clair avec les responsables et que cette situation ne se reproduise plus. Ce qui s’est passé dernièrement n’est pas explicable. C’est inadmissible’’, dira-t-il en 2015 dans une interview avec “L’Observateur’’ quand, dans la continuité des délestages de 2011, le nouveau gouvernement peinait à rétablir adéquatement le courant. Macky Sall ne lui en tient pas rigueur, le compagnonnage continue et Dansokho reste ministre d’Etat auprès du président de la République du Sénégal jusqu’à son décès vendredi 25 août 2019 à l’âge de 82 ans. Contrairement à beaucoup de partis alliés dans la mouvance présidentielle, il a pris la sage décision de léguer les rênes du Pit en 2010 à Magatte Thiam qui a lui-même été remplacé par Samba Sy, lors du 16e Congrès du Pit qui fit de Dansokho son président honoraire. L’opposition n’était ni feinte ni circonstancielle, avec l’ancien maire de Kédougou. Ce ‘‘senghoriste fanatique en classe de Cm2’’, comme il s’est décrit lui-même, s’est d’abord retourné contre le président-poète, à un moment où il ne faisait pas bon d’être communiste, marxiste de surcroit, signataire du manifeste du Pai, et proche de Majmouth Diop, figure de proue du communisme sénégalais. Une option politique et des actions radicales inspirées des révoltes de mai 1968 l’obligent à passer à la case prison puis à l’exil chez les voisins malien et guinéen, avant le grand froid européen de Prague. Un éloignement de sa patrie qui prend fin en 1977 et sera couronné en 1981 par la création du Pit dont il devient le secrétaire général, trois ans plus tard, à la mort de Seydou Cissokho.
Opposant bienveillant
Quoique ses critiques aient été très virulentes à l’égard d’Abdoulaye Wade notamment, elles ne sont que l’expression d’une conviction politique. Le défunt opposant avait pris soin de ne jamais franchir la ligne ténue entre adversité et inimitié. Alors que la Crei s’acharnait de plein fouet sur Karim Wade, Amath Dansokho, qui a refusé de lui rendre visite à la prison de Rebeuss pour ne pas entretenir la confusion, lui apporte tout son soutien. ‘‘Karim sait que j’ai beaucoup d’affection pour lui, Syndiély davantage. Je ne suis pas dans des calculs de méchanceté. Je ne suis pas dans ce que les gens font. Je ne suis pas en quête de pouvoir. Je sais qu’il y a des problèmes et qu’il faut leur apporter des solutions’’, dira-t-il dans le journal “L’Observateur’’.
Son petit-fils Thierry Wone, membre de la bande musicale French Connexion, assure, lors d’une interview, que les enseignements et conseils d’Amath Dansokho transcendaient clivages politiques ou contingences de quelque ordre que ce soit. ‘‘On n’a peut-être pas choisi le même corps de métier, mais ce qui est sûr, c’est que mon grand-père compte beaucoup dans ma vie. Il m’a inculqué la culture du travail, de l’effort et du respect. Quand j’habitais chez lui à Mermoz, il m’a appris, par son mode de vie et ses actions, qu’il ne faut jamais considérer les gens comme des ennemis. Ce n’est pas parce que quelqu'un n’a pas le même point de vue que toi qu’il ne faut pas lui ouvrir la porte. Aujourd’hui encore, sa porte est ouverte à tout le monde. Que tu sois son ami, son adversaire politique, tu es la bienvenue chez lui. Cela m’a beaucoup inspiré’’, a-t-il avancé dans un entretien avec site internet Leral.
D’ailleurs, pour la famille, Dansokho était chiche en information, mais concédera tout de même être élevé dans une famille aisée polygame à Kédougou, mais restera viscéralement monogame, épousant une femme médecin qui fera de lui l’heureux papa d’Alkaly, de Laurence, d’Adèle et d’Elsa. Des allers-retours interminables entre l’Hexagone et le Sénégal rythment sa fin de vie dont un mal bien pernicieux le terrassait par intermittence. Condamné par les avis médicaux ‘‘à mourir sous peu’’, en 2010 déjà, Dansokho déjouera le pronostic fatal encore presque une décennie, pour finalement passer l’arme à gauche ce vendredi. ‘‘Non ! La mort, c’est le cadet de mes soucis. Je sais que ça viendra un jour’’, affirmera-t-il devant la journaliste Ndèye Awa Lo. Stoïque devant le trépas comme il l’a été devant l’adversité politique.
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
NOTRE TRÈS AMATEURE LIGUE DE FOOTBALL
Qui peut croire qu'au pays de Mané, Guèye, Koulibaly, on ne joue plus au football ? De pro, notre championnat n'en a que de nom - À un moment donné, il faut dire stop : administrez notre football ou rendez-nous les clés du jeu !
ll est question aujourd'hui de la très amateure ligue de football professionnel.
Le Sénégal parmi les premières nations de football au niveau continental, mais bon dernier dans l'administration du football local.
L'incompétence caractérisée des dirigeants qui peinent à faire démarrer le championnat n'est même plus à discuter.
Chronique RFM signée Abdoulaye Cissé.
Par Amath DANSOKHO
REGARD D’UN SYMPATHISANT-PARTISAN SUR «NOS 30 GLORIEUSES» À TRAVERS SUD
Dans ce texte d’anthologie, puisé au fond de lui-même, le regretté ex-leader du PIT, par le truchement d’un anniversaire du journal, rend hommage aux pionniers de Sud-Quotidien
Journaliste, Amath Dansokho le fut à Prague en ex Tchécoslovaquie, durant sa période d’exil, coïncidant avec celle de la clandestinité. Journalisme militant certes, donc engagé, mais avec tout ce que cela révèle comme forces et faiblesses. Dans ce texte d’anthologie, puisé au fond de lui-même, Amath Dansokho, par le truchement d’un anniversaire du journal, rend hommage aux pionniers de Sud-Quotidien et avoue ses préjugés d’origine sur les intentions de Babacar Touré, Sidy Gaye, Ndiaga Sylla, Ibrahima Fall, Abdou Latif Coulibaly etc. Nous avons dépoussiéré les archives pour vous proposer ce papier, in extenso, avec tout ce qu’il véhicule comme enjeux politiques et sociaux.
L’irruption de Sud dans le paysage journalistique du Sénégal a été un évènement considérable. Ceci à la lumière de la qualité professionnelle et du mode de traitement novateur des problèmes politiques, sociaux et culturels de ses initiateurs. Franchement, je ne sais pas comment le groupe s'est formé mais ce dont je suis à peu près sûr, c'est que le collectif n'est pas né au hasard.
En effet, ces grands talents possédaient une intelligence très vive des problèmes cruciaux de notre pays et étaient animés d'une très forte passion pour promouvoir une presse indépendante, libérée du journalisme de propagande et de flagornerie du Parti-Etat. Naturellement, leur projet n'a pas été créé à partir du néant, le Sénégal possédant depuis longtemps déjà, une activité de presse abondante marquée par un journalisme de gauche prépondérant pendant la période de répression et au début des années 80. Ceci étant, l'une des facettes de l'impact de Sud, c'est une écriture qui était en phase avec les préoccupations d'un lectorat de nouvelle génération.
Pour ma part, c'est le Rédacteur en Chef de “Daan Dool”, moi-même le Directeur de Publication, qui m'a parlé pour la première fois de ces jeunes journalistes. Il les a rencontrés au Relais, si ma mémoire ne me trahit pas, à l'occasion d'une concertation de tous ceux qui ont une activité journalistique, pour définir une plateforme de lutte pour la liberté de la presse et contre la censure. Il m'a dit que ces jeunes gens étaient extrêmement intelligents. Lui-même a été fasciné par leur culture, leur agilité intellectuelle et leur grande détermination. Mais quelque temps après, des rumeurs circulèrent sur des supposés antécédents maoïstes et trotskystes du groupe.
Naturellement, des crispations, des préjugés et même des automatismes nés des confrontations doctrinaires de l'époque ont suscité, ici et là, à l'égard de ces jeunes journalistes des suspicions. Ces préjugés n'allèrent pas loin. Mon appréciation a rigoureusement été fondée sur l'activité concrète de cet organe dans le champ politique. J'ai remarqué, dans ce cadre, que nos positions allaient dans la même direction : des déconstructions de la chape de plomb du Parti-Etat. C'est ainsi que très vite, j'ai pu établir avec Babacar Touré, pourtant de très loin mon cadet, une proximité confiante et sans calcul. Nous avions en partage une passion irrépressible pour la liberté, pour la justice et la démocratie. Nous sommes, comme disait Georges Gurvitch en “réciprocité de perspective”. Une réciprocité assise sur les nouvelles valeurs nées du séisme de Mai 68, en France et au Sénégal et des percées décisives des pays du Tiers monde. Ces valeurs ont pour nom : anticonformisme, très grande rigueur critique, libération humaine et point de vue très largement convergent sur les problèmes du Tiers-monde, du devenir de l'Afrique et de l'unité du continent.
L'écriture, le langage et les grilles de lecture de ces journalistes brillants répondaient parfaitement aux préoccupations d'un lectorat en expansion de masse, assoiffé d'éclairages sur le mouvement des contradictions du monde. C'est précisément pour cette raison que Sud s'imposa comme un organe phare au Sénégal. Je me demande aujourd'hui si ce n'est pas son succès qui a été pour une large part la raison de la disparition de la presse partisane qui avait fait preuve d'une grande vitalité avant le rétablissement du pluralisme politique intégral. En effet, le collectif rédactionnel de Sud était constitué de professionnels de la presse, ayant bénéficié d'une formation solide au CESTI. En même temps qu'ils surfaient sur les préoccupations de l'élite intellectuelle, leurs articles étaient parfaitement compréhensibles, rendant compte de sujets tels que les luttes dans le monde du travail ou encore l'ajustement structurel.
C'est précisément ce traitement de l'information transversale qui assura à Sud une fonction véritablement structurante, irradiée d'un esprit de “rébellion” qu'aucune pression ou entreprise de récupération n'a pu étouffer. Les positions éditoriales de Babacar Touré, Ndiaga Sylla et Abdou Latif Coulibaly, pour ne citer qu'eux, étaient toujours attendues pendant les tumultes que le Sénégal a connus ces 20 dernières années et ce sont elles qui donnaient, dans une très grande mesure, le tempo dans le champ médiatique. Dans ce contexte, mes échanges avec Babacar étaient d'une grande densité intellectuelle et étaient un plaisir pour l'esprit. Mais ceux-ci se concluaient toujours par la mise au point d'hypothèses de solutions opérationnelles portant sur une identification claire des enjeux du moment actuel, comme disait Régis Debray. Nous avions un accord de fond sur la nécessité de maintenir le Sénégal, quelles que soient les difficultés, sur les rails de la paix civile, de la laïcité et de la démocratie. Babacar Touré m'expliquait qu'il accordait la plus grande attention aux analyses et prises de position du PIT et qu'il recommandait à ses interlocuteurs d'en faire autant. Même si celles-ci pouvaient être déroutantes de prime abord, disait-il, elles étaient le fruit de réflexions approfondies, expurgées de la part d'émotions, de subjectivisme ou d'idéologisme qui altéraient dans la plupart des situations les démarches des politiciens, en particulier celles de la gauche traditionnelle. Les positions qui découlaient de nos analyses, embrassaient le cours des évènements que structurait l'analyse concrète de situation concrète, aimait à me conforter Babacar Touré.
“Mieux vaut tard que jamais. Les leaders de Benno qui ont rattrapé leur retard, ont fait encore aujourd'hui, de ton domicile leur quartier général, et de toi, la conscience du peuple”, me taquine Babacar Touré. À cet égard, les exemples ne manquent pas. Ce fut le cas notamment en 1993, quand Abdoulaye Wade était presque parvenu à un accord avec Abdou Diouf pour que ce dernier le nommât Vice-président irrévocable, ce qui aurait été à tous égards, une violation de la Constitution et surtout une voie royale pour écarter Abdou Diouf en niant de fait, le suffrage des citoyens qui est un fondement de la République !
Dès le lendemain, nous avons sorti l'artillerie lourde pour mettre en pièce ce projet monstrueux : Babacar Touré, dans un éditorial flamboyant, nous, dans une déclaration du secrétariat du PIT. L'opinion s'en est émue et le projet a été enterré. Sur la grave crise casamançaise, nos positions furent quasiment identiques : contre la guerre, pour des solutions politiques. Nous estimions qu'il s'agissait là d'une tragédie nationale. Dès le début des années 1990, le PIT a mis en évidence, le premier, la dimension considérable de la drogue dans le pourrissement de la tension. Madior Fall, quelques années plus tard, dans un grand reportage qu'il serait bon de relire encore aujourd'hui, en donnait une preuve sans équivoque. La dure répression de l'opposition préparée et perpétrée sous la férule du tout puissant ministre d'Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République et mentor reconnu et accepté par Abdou Diouf, n'a pas surpris la vigilante perspicacité de Sud.
En effet, ces jeunes qui bravaient les grenades lacrymogènes et se retrouvaient dans les paniers à salade et derrière les grilles des commissariats de police, aux côtés des leaders et autres militants de l'opposition démocratique, avaient compris même, avant celle-ci, les desseins funestes du régime socialiste bien avant les soubresauts postélectoraux. Il me souvient, que dès la fermeture des bureaux de vote, les Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla et leurs confrères nous ont assiégés, pour recueillir nos réactions, sortie des urnes et le lendemain de la consultation électorale. Evidemment, notre souci premier consistait à faire le décompte des voix et préparer les recours contre la fraude massive et les manipulations du scrutin, par les affidés du Parti socialiste. Non sans agacement, certains d'entre nous, ont accepté de confier leurs premières observations et évaluations critiques à ces jeunes teigneux qui nous ont harcelés sans cesse,” car demain, vous ne serez plus en mesure de nous parler, puisque vous serez tous en prison”, affirmaient ils sans se démonter. Et de nous rappeler, la tenue en novembre ou décembre 1987, d'un séminaire sur l'Etat d'urgence et l'Etat de siège, sous l'égide de la Ripas (Revue des Institutions Publiques et de l'Administration du Sénégal), sous la férule du Professeur de Droit Jacques Marie! Nzouankeu, d'origine camerounaise, chaperonné par Jean Collin. La suite des évènements a donné raison aux jeunes journalistes, car Abdou Diouf, qui nous avait traités de “bandits de grand chemin”, manipulant une “jeunesse malsaine”, s'est empressé de mettre en prison la plupart des leaders de l'opposition et certains de nos militants avec déportation à Kédougou pour Boubacar Sali, considéré comme le “Baye Fall” inconditionnel de Wade.
Les actes posés par Jean Collin n'avaient pourtant pas été appréhendés correctement par les acteurs, mais par les journalistes de Sud qui ne s'y étaient pas trompés. S'en suivront l'état d'urgence et la censure, mais Sud sut tirer son épingle du jeu, en publiant les réactions à chaud des leaders emprisonnés et en couvrant les émeutes le jour et les concerts de casseroles la nuit nouvelle forme de protestation des populations. Sans parler de la couverture des procès quand “les vainqueurs jugeaient les vaincus” (titre de Sud) et la table-ronde avortée. Les évènements sanglants Sénégal- Mauritanie ont permis d'apprécier à leur juste valeur, l'esprit de responsabilité et la lucidité de Sud. Alors que la colère et la vengeance montaient dans les deux camps, Sud Hebdo n'a pas hésité à titrer “la raison du plus fou”, en référence à la fable de Lafontaine, Le loup et l'agneau dont une rime explique que “La raison du plus fort est toujours la meilleure”, appelant ainsi à la raison et à la concorde des communautés et des peuples que tout lie.
Sud reflétait l'opinion majoritairement acquise aux valeurs de liberté et de justice et à la démocratie. L'opinion en, retour, se retrouvait dans la démarche éditoriale de Sud. Cest ainsi que quand des opportunités de solutions de sortie de crise et de préservation de la paix civile s'offraient à la classe politique, la facilitation et !”adhésion des populations étaient acquises notamment, grâce aux exhortations de Serigne Abdou Aziz Sy, de Monseigneur, le Cardinal Hyacinthe Thiandoum et aux éditoriaux et analyses de Sud. Ainsi, des deux épisodes de participation de forces de l'opposition aux gouvernements dits de majorité élargie en 1991 et 1993, Sud et la presse de l'époque ont été aux avantpostes de la campagne nationale et internationale pour libérer les dirigeants emprisonnés, qui a la suite de la mort de six policiers dans l'affaire dite des Moustarchidines, qui, après l'assassinat du Vice-président du Conseil Constitutionnel Me Babacar Sèye, en l'occurence, Me Wade et ses proches collaborateurs.
Les interpellations musclées de dirigeants de l'opposition, comme les prières de “yor yor”, initiées par Wade pour le départ de Diouf et réprimées vigoureusement, ont fait les “Une” de Sud. La première radio privée du pays, viendra en complément du premier quotidien privé briser un autre monopole et ouvrir aux langues et cultures nationales des perspectives d'émancipation et d'affirmation d'une personnalité africaine poreuse au débat citoyen et au multiculturalisme. “Qui a peur du Pape?” Ce titre, qui a barré la Une de Sud Hebdo, a finalement contribué à calmer certains dévots qui menaçaient de s'opposer au besoin, physiquement, à la première visite du Pape Jean Paul I au Sénégal. Dans la nuit du 19 au 20 mars 2000, un échange de coups de fil entre Me Wade et Babacar Touré, ensuite entre le patron de Sud et Abdou Diouf, convainquent le président Diouf d'appeler son adversaire, Abdoulaye Wade, pour le féliciter pour sa victoire ç la suite des résultats diffusés en direct par les radios privées sur la bande Fm (Sud Fm et Wal Fadjri). Ce que fit le président Diouf, tôt le matin du 20 mars 2000, au grand étonnement de Me Wade et de son entourage, convaincus que la victoire allait être confisquée par les irréductibles caciques du pouvoir socialiste. Seule de la presse nationale et internationale, Sud barrait sa Une avec un historique “Wade président”.
Cette démarche de Sud et quelques autres acteurs de l'ombre et la détermination du peuple à défendre “son résultat” marqueront pour la première fois dans l'histoire du Sénégal, “indépendant”, l'avènement d'une alternance politique au sommet de l'Etat. Pour les gens de ma génération, nous avions le sentiment que le travail était terminé, “the job is done”. Cependant, les inquiétudes ne manquaient pas de nous assaillir.
Pour avoir confié à la presse, dont Sud” que Moustapha Niasse serait une garantie auprès de Wade”, le PIT et moi-même devions subir l'ostracisme du président élu qui nous a royalement snobés, lors des consultations en vue de la formation du premier gouvernement dit de “l'Alternance”. Nos alliés en étaient surpris et nous exprimant leur solidarité en privé, mais ne faisaient pas de notre participation, ni un point de principe, ni un point de rupture, en dépit du rôle historique et de l'antériorité de notre combat et de notre soutien à Wade, longtemps incompris, voire combattu par ceux-là mêmes qui, derniers ralliés, se présentaient comme ses alliés les plus surs. Là aussi, c'est la presse libre de ce pays, Sud en tête, qui a fustigé l'incongruité et le manque d'élégance et de reconnaissance de la part de celui qui nous étions allés chercher à Paris, pour l'obliger à être notre candidat de consensus. Notre participation, in extremis et notre sortie, tout aussi brutale et rapide du gouvernement où nous avions laissé nos alliés “désolés”, mais “fidèles aux postes”.
La presse, suite de cet acte prémédité de Wade, de “défenestration”. Le pouvoir solitaire de celui-ci qui s'affublera du titre de “despote éclairé”, s'affirmait déjà sans ambages, cristallisé par une Constitution à la mesure de I'Omni Président que nous avons tôt décelé et dénoncé, sans être compris à l'époque. C'est pourquoi quand au bout d'une période d'état de grâce et même de coopération pour donner toutes ses chances au nouveau régime, Sud sonnait l'alerte à travers un retentissant éditorial : “Alterner l'Alternance”, sous la signature de Babacar Touré, ce fut comme un coup de tonnerre, sous le ciel assombrissant de l'Alternance. C'était bien avant la parution de l'ouvrage de Abdou Latif Coulibaly, “Wade, un opposant au pouvoir l'Alternance piégée”, qui, de manière systématique, renseignait sur le profil de la personnalité manipulatrice et compulsive de l'homme. Un journal, si je me souviens bien, c'était le “cafard libéré” avait surnommé Wade, “le président de la Rue publique”, C'était l'époque des grandes manifestations de masse des policiers radiés, des voitures piégées et des bombes, qui éclataient en divers endroits de la capitale.
Les regards étaient braqués sur l'opposition mais surtout sur les calots bleus de Wade et leurs chefs qui gravitaient autour du Pape du Sopi, autre surnom sorti de l'imagination des journalistes. Wade le prestidigitateur, pouvait être pris dans les pièges et embuscades qu'il affectionnait de tendre au régime de Diouf, souvent en dehors de toute concertation avec ses alliés, qui ne pouvaient le désavouer publiquement. C'est ainsi, qu'après avoir appelé à une grande manifestation populaire nationale, pour le départ d'Abdou Diouf, il se vit contraint d'en annoncer l'annulation, en convoquant la presse nationale et internationale à son domicile du Point E, cerné par des militants surexcités. La raison invoquée par le Maître des lieux, justifiait bien une telle mesure, mais était-elle fondée? A Babacar Touré qui lui avait posé crûment la question, Maitre Wade répondit qu'il venait de recevoir un message de Jean Collin, par l'intermédiaire d'Ahmed Khalifa Niasse.
La teneur était époustouflante :”Jean Collin m'a prévenu qu'Abdou Diouf est prêt à me céder le pouvoir et qu'il fallait, toute affaire cessante, s’atteler à l'organisation de la transmission du pouvoir”. D'où l'annulation de la manifestation qui devenait sans objet. Devant l'assistance abasourdie, Babacar demanda à Me Wade de la mettre en relation téléphonique avec l'émissaire présumé, en l'occurrence Ahmed Khalifa Niasse, qui se trouvait dans sa ferme-village de Niaga. S'ensuivit un jeu de questions-réponses entre Monsieur Khalifa Niasse et Babacar Touré qui répétait à la ronde, à haute et intelligible voix, pour l'assistance qui buvait ses paroles, les propos de l'Ayatollah de Kaolack. Des propos de dénégation : “Non, je n'ai jamais été envoyé par Jean Collin. Je n'ai jamais dit à Me Wade ce que vous affirmez”.
L'assistance se disperse, médusée, laissant derrière, Me Wade, s'épongeant le front fortement plissé, la mine crispée et une moue boudeuse, le visage déconfit, entouré d'un carré de fidèles et d'alliés embarrassés. Les journalistes, en ces temps-là, bien moins qu'aujourd'hui, ne reproduisaient pas tel quel, tout ce qui leur était confié par des sources, fussent-elles réputées des plus fiables. Qu'est-ce qui s'est réellement passé alors? Plus tard, il sera question de créer un sénat présidé par Wade, de Vice Présidence -voire de ticket Diouf-Wade- , de l'affaire des armes libyennes, et de la garde à vue, à la gendarmerie de Hann, d'Ahmed Khalifa Niasse. Ces manœuvres souterraines avortées ont-elles été à l'origine de telles tribulations et de la turbulence ayant débouché sur le meurtre des policiers et l'assassinat de Me Sèye? Avec le recul, ces conjectures ne paraissent pas manquer d'intérêt; L'honnêteté et le sens des responsabilités sont une des marques de fabrique d'un bon journalisme. Sud, nous l'avions déjà dit, a joué un rôle majeur dans le basculement de l'opinion en faveur de Me Wade et de ses co-accusés dans l'affaire Me Sèye.
Par ses révélations et ses contre-enquêtes notamment, Sud a traqué les failles de l'accusation et relayé tous les éléments pouvant contribuer à innocenter les mis en cause. Seulement, quelques années plus tard, bien après l'élargissement de Me Wade et de ses co-accusés, alors qu'ils siégeaient à nouveau dans le gouvernement de majorité élargi, Sud fit encore sensation. En titrant à sa “Une”: “Rebondissement dans l'affaire Me Sèye, la piste du Pds relancée”, le journal faisait état d'éléments nouveaux dont la prise en compte pouvait aboutir à une révision du procès et au retour à la case départ.-”cage départ ?”, pour Me Wade et compagnie- Tôt ce matin-là, Me Wade en émoi, fit irruption avec le numéro de Sud quotidien en main, chez le président Abdou Diouf qui était encore dans ses appartements. Comme ce dernier s'apprêtait à se rendre à son bureau, il demanda à Me Wade de l'y retrouver plus tard. Abdoulaye Wade l'y devança, toujours le journal en main. Après maints conciliabules entre les deux hommes, Diouf décide d'appeler Babacar Touré.
L'histoire s'en arrêta là et on ne sait toujours rien de ces éléments nouveaux que Sud s'était contenté d'annoncer et sur lesquels le journal ne revint jamais après le tête à tête entre le Président Diouf et le patron de Sud. Peut-être un jour, l'Histoire sera connue, malgré la loi Ezzan, et les révélations d'un des acteurs recueillies par Abdou Latif Coulibaly, dont l'ouvrage a été censuré comme bien d'autres avant et après. En bref, je dirai que la créativité et le courage de Sud ont fait de cet organe pionnier de la presse indépendante, un véritable phare dans notre pays. On comprend dès lors, qu'il ait subi l'adversité implacable de celui qui s'est déclar être partisan en Afrique d'un “despotisme éclairé” et du “césarisme démocratique”. C'est par son travail, ses qualités intellectuelles, politiques et personnelles que Babacar Touré est perçu dans notre société comme un grand opérateur politique, un leader de la société civile, au sens gramscien de ce terme. C'est un homme d'influence dont les prises de positions ne laissent personne indifférent.
Des souvenirs plus personnels émaillent cette période. Comme celui de ma première rencontre en tête à tête avec Landing Savané, chez Babacar Touré, qui après nous avoir installés pour un diner improvisé a eu la délicatesse de nous laisser seuls pendant plus de deux heures d'horloge. Il est vrai qu'en dehors des rencontres dans des cadres d'unité d'action, je n'avais pas eu l'occasion de connaître landing, car je quittais Paris quand il arrivait dans la capitale française. Ily a au aussi le baptême du fils d'Idrissa Seck dans les années de braise où nous nous sommes retrouvés Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, Babacar Touré et moi-même. Une photo prise à l'époque et exhibée au cours d'une réunion houleuse autour du Président Wade par Idrissa Seck alors directeur de Cabinet a permis de calmer les esprits et de parvenir à un accord sur un sujet de controverse. Je n'évoquerai pas les séances de yoga chez Babacar avec ma fille Yacine, ni l'amitié avec mon jeune frère Alseyni qui a été médecin accoucheur du dernier fils du patron de Sud.
Sans compter nos randonnées intellectuelles et notre fraternité d'armes et familial avec Albert Bourgi, Alpha Condé, Laurent Gbagbo, Ba Boubacar Moussa et autres, quelques soient les vicissitudes de la vie et la diversité de nos opinions. A l'évidence, l'Histoire de Sud se confond avec l'Histoire du Sénégal de ces trois dernières décennies, celle de nos “Trente Glorieuses” qui verront très prochainement, j'en suis persuadé, le parachèvement de notre système démocratique, laïc et républicain. Joyeux Anniversaire à Sud! Avec toute mon affection, je dis bravo à Babacar Touré, Ndiaga Sylla, Latif Coulibaly, à Ibrahima Bakhoum, à Sidy Gaye, à Madior, à Henriette, à toutes et à tous, chers confrères.
UN ACCIDENT FAIT 6 MORTS À OUSSOUYE
Le véhicule de transport en commun, en provenance de Ziguinchor, a été percuté par un camion qui venait de Ziguinchor - Deux blessés graves ont été enregistrés
Six personnes ont trouvé la mort lundi matin dans un accident ayant impliqué un camion et un véhicule de transport dit "sept places", à hauteur du village de Kaléane, sur la route d’Oussouye, dans la région de Ziguinchor (sud), a appris l’APS de source sécuritaire.
Le véhicule de transport en commun, en provenance de Ziguinchor, a été percuté par un camion qui venait de Ziguinchor, a-t-on précisé de même source.
Deux blessés graves ont été enregistrés. Ils ont été admis aux urgences, confirme le directeur de l’hôpital régional de Ziguinchor.
«ON A FAIT DU SURPLACE »
Le journaliste sportif, Mamadou Koumé, juge insuffisante la réforme dénommée “Lamine Diack’’ sur le football
Le président d’honneur de l’Association nationale de la presse sportive (Anps) pense que ce changement intervenu au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de 1968 n’a pas permis aux clubs sénégalais de rayonner au plan continental.
La réforme Lamine Diack sur le football sénégalais, initiée en 1969, n’a pas produit les résultats escomptés, 50 ans après sa mise en place. C’est ce qu’a révélé Mamadou Koumé, samedi dernier, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de Dial Diop Sporting club de Dakar. L’enseignant en presse écriteau Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) a profité de la journée de réflexion organisée par l’équipe du Dial Diop, pour tirer le bilan de la réforme initiée par l’ancien président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (Iaaf).
Selon le formateur, le Sénégal a fait du surplace, 50 ans après la réforme dénommée “Lamine Diack’’, dont l’objectif était de donner aux clubs un peu plus de consistance, de moyens et de notoriété. Le président d’honneur de l’Association nationale de la presse sportive (Anps) souligne que ce statu quo est senti dans les performances des formations sénégalaises dans les compétitions africaines. “Nos clubs ne représentent pas grand-chose, au plan continental. Cela veut dire qu’ils n’ont pas le niveau africain. Le Sénégal a joué une seule finale de compétitions de clubs sur les 113 organisées par la Confédération africaine de football’’, a t-il indiqué. Mamadou Koumé soutient, par ailleurs, que le retard des clubs de football sénégalais est causé par leur mauvaise conception. “Le club sénégalais, dans sa situation actuelle, ne peut pas fonctionner. Seuls trois équipes ont leurs propres installations. Notre football va continuer à faire du surplace. Les clubs nés après la réforme de Lamine Diack sont toujours en retard. Le Jaraaf fonctionne grâce à un mécène. L’Union sportive de Gorée est toujours en difficulté’’, ajoute-t-il.
Le journaliste sportif propose de larges réflexions pour corriger les imperfections entourant le football local. Et cela passe, d’après lui, par un appui considérable des autorités étatiques pour la mise en place d’un nouveau type de club avec un modèle économique viable. L’ex-directeur général de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) remarque également que la faiblesse du taux de représentativité des joueurs locaux dans l’équipe nationale de football prouve le recul du championnat sénégalais. ’’Il n’y a pas eu de joueur local dans la sélection de la Can-2019. Et sur les 23 sélectionnés, il y a 11 binationaux. Cela veut dire que seuls 12 parmi eux sont formés au Sénégal. Si on continue à ce rythme-là, on ira vers une équipe nationale où la quasi-totalité des joueurs sera issue des pays occidentaux’’, regrette-t-il.
L’intervention de l’ancien président de l’Anps a été précédée parcelle de Me Seydou Diagne, Président de la Commission juridique du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). L’avocat a, dans son discours, souligné l’état d’obsolescence des textes régissant les sports sénégalais. D’après Me Diagne, les règles contenues dans la loi de 1984 relatives au fonctionnement des sports au Sénégal ne sont plus en vigueur dans les pays occidentaux. C’est pourquoi il invite le Cnoss et le ministère des Sports à modifier le texte de 1984 et les autres décrets. Pour lui, ces changements porteront sur le financement du sport et le remplacement des clubs sociétés sportives commerciales en entreprise à vocation sportive.
MBAYE NIANG ENCHAINE, MENDY DÉCISIF
Le Stade Rennais occupe provisoirement la première place du classement de Ligue 1,après sa victoire (2-0) sur Strasbourg, grâce à Mbaye Niang, auteur du 2e but, et Edouard Mendy, qui a arrêté un penalty pour sa première titularisation
Et deux pour Mbaye Niang ! L’attaquant sénégalais a encore fait trembler les filets pour la 2e fois d’affilée en Ligue 1 française. Il a donné les trois points (2-0) au Stade Rennais, en marquant le 2e but (54e) sur une passe du Malien Hamari Traoré, contre Strasbourg. C’est Grenier qui a ouvert le score à la 16e mn de jeu. Mbaye récidive après avoir ouvert son compteur-buts le week-end dernier, lors de la victoire (2-1) des Bretons contre le Paris Saint-Germain. L’international sénégalais démarre bien sa saison, après une campagne ratée à la Coupe d’Afrique des nations Egypte-2019, avec le Sénégal. Cette troisième victoire permet au Stade Rennais d’occuper provisoirement la première place du classement (9 pts, +4), en attendant le match de Lyon qui doit se déplacement, ce mardi, sur le terrain de Montpellier.
Rennes doit aussi son succès à sa nouvelle recrue Edouard Mendy. Le portier des Lions, qui a rejoint le club breton cet été, en provenance de Reims, a joué, hier, son premier match sous le maillot de sa nouvelle écurie. Mendy a été décisif à Strasbourg, ce dimanche, lors de la 3e journée de Ligue 1. L’ancien portier rémois a notamment dévié le penalty de Jonas Martin avant la mi-temps (40e) et terminé la partie par un clean sheet.
Un moment raconté sur Bein Sports par la recrue rennaise au coup de sifflet final. “Quand la faute est sifflée, je sens que c’est un peu litigieux. Mais quand l’arbitre va voir la Var, je sais qu’il y a des chances que le penalty soit tiré. Donc, je me concentre déjà. Après je choisis un côté, et pour une fois ça m’a souri. C’est mon premier en Ligue 1, je suis fier’’, a commenté l’international sénégalais.
Retour gagnant pour Koulibaly et Gana
D’autres Sénégalais ont également retrouvé la compétition. C’est le cas de Kalidou Koulibaly et Idrissa Gana Guèye qui ont clôturé le week-end avec une victoire de leurs clubs respectifs. Le défenseur central des Lions a joué toute la rencontre, lors de la victoire de Naples qui s’est imposé largement (4-3) face à la Fiorentina, pour la 1re journée de la Serie A italienne. Ce succès permet au Napoli de se classer 2e (3 pts, +1) derrière le leader, Lazio Rome (3 pts, 3 pts), qui a défait la Sompdoria sur le score de 3 buts à 0. Pour sa part, Gana Guèye a joué son premier match de la saison avec sa nouvelle formation, le Paris Saint-Germain, qui s’est ressaisi après sa défaite de la journée précédente (2- 1) face à Rennes. L’ancien joueur d’Everton a joué l’intégralité de la rencontre contre le Fc Toulouse, comptant pour la 3e journée de Ligue 1. Il a été aligné en milieu de terrain, dans un système en 4-3-3, derrière Verrati et Sarabia. Gana, très appliqué dans l’entrejeu parisien, a rendu une copie correcte avec un jeu simple et des passes bien ajustées.
Interrogé à la fin du match par Canal+, l’ex-pensionnaire de Diambars a exprimé sa joie d’avoir démarré sa saison au Psg par une victoire. Sur son intégration, l’ancien milieu défensif de Lille a estimé ses débuts “facilités’’ par ses coéquipiers. “C’est facile, quand on est entouré de grands joueurs. Je fais de mon mieux. On verra comment ça va se passer’’.