Le législateur aurait mis entre les mains du dirigeant suprême de notre pays, la faculté de disposer du sort de l'un de ses administrés au gré de ses humeurs, de ses émotions, de ses passions ? Nous avons là un gros problème
Cet hivernage 2019 est triste à mourir…Mais il est également très riche en enseignements pour ceux qui réfléchissent. Des personnalités de premier plan de notre pays ont rejoint le Seigneur des Mondes. Cela nous rappelle que des gens, moins connus voire des anonymes, par millions, rencontrent le décret divin chaque jour dans le silence de douleurs confidentielles, l’écoulement de larmes intimes. Mais c’est qu'il y a des morts qui parlent davantage aux vivants. Et qui les interpellent dans la fragilité de leur condition humaine : hommes de Savoir, hommes de Pouvoir, Hommes de l'Avoir… le Seigneur des Mondes nous a éprouvés sous toutes les facettes des ambitions terrestres en rappelant à lui des êtres très proches de nous, particulièrement dotés dans chacune de ces dimensions. Et me revient en mémoire une phrase de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum rappelant que Amath Dansokho lui avait dit, à l'occasion de l'une de leurs conversations intelligentes « Serigne Cheikh ! La mort est vraiment la seule démocratie. Nous sommes tous égaux devant elle. » Ainsi était Grand Amath, un révolutionnaire sincère, un analyste déroutant mais surtout un homme qui avait un cœur gros comme ça ! J'ai, comme plusieurs sénégalais, eu l'honneur parfois, d’être convoqué dans son petit appartement de la route de Ouakam. Un lieu où se sont noués et dénoués tant de séquences de l’histoire récente de notre pays. Sa grande qualité c'est qu'il savait faire la part des choses entre adversité politique et sentiments affectueux personnels. Cela est rare chez nous. Très rare !
Ce rappel de cette sentence de feu Amath Dansokho est venu comme une éclaircie dans la touffeur d'un hivernage jugé tardif mais qui livre les pluies tant espérées. Il faudrait peut être commencer à se demander si nous ne devrions pas changer de comportement et réajuster nos habitudes culturales. Débat de spécialistes…Revenons à nos digressions soufies…
C'est donc en plein milieu des ravages des premières inondations et de leurs cortèges de dégâts matériels et de pertes en vies humaines, de la multiplication des agressions et des meurtres, de la récurrence d'accidents mortels insoutenables, de comportements outranciers de personnalités censées incarner l'ordre et le maintenir que, de Biarritz et sur les ondes de RFI, le président de la République a mis fin aux rumeurs sur une éventuelle libération du député-maire Kkalifa Ababacar Sall.
On apprend que la « grâce présidentielle » ne relève pas d'une appréciation intelligente de la situation politique du pays, ni d'une analyse de l’opportunité de jouer la carte de l'apaisement et de la réconciliation. La grâce présidentielle n'est pas envisageable selon l’évolution d'un contexte, la facilitation du dialogue national par exemple. Non ! Le législateur aurait mis, entre les mains du dirigeant suprême de notre pays la faculté de disposer du sort de l'un de ses administrés au gré de ses humeurs, de ses émotions, de ses passions ?
Nous avons là un gros et fâcheux problème de gouvernance à résoudre. Un pouvoir exorbitant à contenir. Imaginez un jour que la santé mentale du guide suprême se dégrade à l’Insu de tous ! Dans la gestion des affaires du pays, rien ne doit relever du « désir » ou du bon vouloir. Tout doit reposer sur des codes, des pouvoirs et des contrepouvoirs ! Et c'est là où le coefficient personnel des hommes et des femmes qui incarnent les institutions entre en jeu. Nos Institutions héritées de la colonisation répartissent les pouvoirs et, en principe, sont en quête d'un équilibre salvateur pour l’intérêt général. A chaque fois que certains trahissent leur mission pour plaire au Prince, ils mettent en danger le socle fondateur de l’État de droit.
« Tout pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu, corrompt absolument. » aurait dit Lord Acton. De toutes les façons, la vraie démocratie nous attend tous ! RIP Amath !
par Roger Gbegnonvi
IL FAUT RÉINVENTER LA NÉGRITUDE
Pauvres Césaire et Senghor ! Le bilan de 60 ans d’indépendance africaine fait mentir l’optimisme de la Négritude, au risque de donner à penser que nos sociétés restent malades de tares ancestrales que nous ne nous avouons pas
24 heures au Bénin |
Roger Gbegnonvi |
Publication 26/08/2019
Dahoméen vieilli à l’ombre des écoles, vous posez aux jeunes pousses béninoises dotées du baccalauréat la question : « Qu’est-ce que la Négritude ? » L’on vous répond : soit « je ne sais pas », soit « né… quoi ? » Car en 2019, élèves et étudiants béninois ignoreraient jusqu’au nom du mouvement créé par Césaire et Senghor à Paris autour de 1930 pour marteler que les Noirs de par le monde ne sont pas des parias. Hors-jeu, la Négritude ?
En 1960, à l’aube des indépendances africaines, cette Négritude fut le bonheur des élèves et étudiants, aujourd’hui parents et grands-parents. Avec Senghor nous chantions : « Femme nue, femme noire / Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ! / J’ai grandi à ton ombre. » Avec Césaire nous admirions « nos vieilles sociétés. / C’étaient des sociétés communautaire, jamais de tous pour quelques-uns. / C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalistes, […] mais aussi anti-capitalistes. / C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. / C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles. »
Rêve ou réalité ou lyrisme à foison ? Car Césaire précise : « Je fais l’apologie systématique des société détruites par l’impérialisme. » Dont acte. Car le bilan de 60 ans d’indépendance ne plaide pas pour l’anticapitalisme ou pour la démocratie au regard de Bokassa, Idi Amin Dada, Mobutu et consorts. Ni pour la fraternité au regard de nos conflits ethniques : le génocide sur les Tutsis effleura le génocide sur les Juifs. Ni pour « la femme noire » au regard de sa dépigmentation voulue pour ‘‘faire la Blanche’’. Et nos enfants et petits-enfants grandissent noirs à l’ombre de femmes occupées à se décolorer à coup d’onguents, de comprimés, de pilules et d’injections pour se débarrasser de la mélanine. Car en 1952, Frantz Fanon, psychiatre et petit-fils d’esclaves, a écrit : « Le Noir veut être comme le Blanc. Pour le Noir, il n’y a qu’un destin. Et il est blanc. Il y a de cela longtemps, le Noir a admis la supériorité indiscutable du Blanc… » Au point de traiter comme maladie honteuse la couleur noire de sa peau ? Les enfants grandis en voyant Maman se dépigmenter se dépigmenteront. Pauvres Césaire et Senghor ! Car le bilan de 60 ans d’indépendance africaine fait mentir l’optimisme de la Négritude, au risque de donner à penser que nos sociétés restent malades de tares ancestrales que nous ne nous avouons pas pour n’avoir pas à les corriger, que nous cachons sous un tollé d’ « apologie systématique » face au Blanc, tout en œuvrant, dit Fanon, pour que « tous nos efforts tendent à réaliser une existence blanche ». Et nous ne nous avouons pas non plus le terrible fiasco de cette singerie.
La Négritude à la Césaire et à la Senghor fut une école de pensée pour traverser, à peu près debout, les souffrances de la colonisation après les souffrances de l’esclavage. Cette école est révolue. Nous devons en ouvrir une autre pour une conscience nouvelle. Il faut réinventer la Négritude. Une autre Négritude. Dynamique. Créatrice. La tâche s’en impose à nous. Et nous ne l’accomplirons pas en nous proclamant marxistes-léninistes, car aucun membre de notre intelligentsia n’a été dans l’étude et dans l’abnégation au chevet de notre prolétariat ou de notre paysannerie en quête pour eux d’un sort meilleur. Et nous ne l’accomplirons pas en nous affichant chrétiens catholiques ou réformés, car nos ancêtres n’ont pas participé aux luttes sanglantes qui ont départagé les tenants de l’Evêque de Rome et les tenants du moine allemand Martin Luther. La tâche à faire, nous l’accomplirons en nous arrimant à Aimé Césaire : « car il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme est finie / que nous n’avons rien à faire au monde / que nous parasitons le monde / mais l’œuvre de l’homme vient seulement de commencer / et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée au coin de sa ferveur. » Oui. Réflexion et action. Foi et ferveur.
NGHADIOR RÉCLAME L’ACCÈS À L’ÉLECTRICITÉ
Les populations de la localité, dans l’arrondissement de Niodior et le département de Foundiougne, ont organisé une marche la semaine dernière pour réclamer l'électrification de cette île partie intégrante des Îles du Saloum
Les populations de Nghadior, dans l’arrondissement de Niodior et le département de Foundiougne, ont organisé une marche la semaine dernière pour réclamer l'électrification de cette île partie intégrante des Îles du Saloum. Les habitants de Nghadior ont exprimé leur mécontentement face à ce qu'ils considèrent comme un manque de considération des autorités. Surtout précisent-ils qu'une centrale capable d'alimenter l'île est installée à Djirnda chef-lieu de la commune située à uniquement 1,4 km de Nghadior.
Les habitants de Nghadior font appel au chef de l'Etat pour trouver une solution définitive à leur problème. Cette situation en plus d’être perçue comme une injustice, a un impact négatif sur le développement du village et ses deux mille âmes, à travers notamment la baisse des performances scolaires, les problèmes de conservation et de transformation des produits halieutiques pour une population qui ne vit quasi exclusivement que de la pêche.
PAR Guy Marius Sagna
LA LUTTE CONTINUE !
Dans la prison de Rebeuss, l’humanité est piétinée, niée - Ce que sept ans de présidence « mackyllée » nous rappelle, c’est que démocratie et liberté ne sont pas définitivement acquises
Depuis que je suis sorti de la prison de Rebeuss, je travaille à mettre en œuvre le mot d’ordre de Karl Marx. « Rendons la honte plus honteuse en la rendant visible ». Oui, depuis le 16 août, j’essaie de contribuer à rendre visible le naufrage de l’humanité auquel j’ai assisté dans cette prison de Rebeuss qui si elle avait été un bateau aurait coulé depuis longtemps du fait que construite pour 800 détenus elle en renferme près de 3.000. Oui, c’est une honte d’enfermer des êtres humains dans cette prison et de ne pas les juger pendant 8 ans. C’est une honte de les entasser comme des sardines dans des chambres qui ressemblent plus aux différentes pièces de la maison des esclaves de Gorée qu’à autre chose. C’est une honte qu’en plus des traitements inhumains et dégradants que les détenus subissent une scandaleuse exploitation. Les détenus sont « volés » par l’administration pénitentiaire pour faire face aux manquements de l’Etat. Dans leur relation avec les détenus, le ministre de la justice ainsi que l’administration pénitentiaire de Rebeuss devraient méditer le propos de Gabriel Garcia Marquez. “J'ai appris qu'un homme n'a le droit d'en regarder un autre de haut que pour l'aider à se lever.” Dans la prison de Rebeuss, l’humanité est piétinée, niée.
Au président de la république, ainsi qu’à celles et ceux qui aspirent à servir le peuple sénégalais je leur conseille du Mandela. « Personne ne peut prétendre connaitre vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles. ».
Si je pense beaucoup aux trois milliers de détenus de Rebeuss. Je pense aussi à certains d’entre eux dont la situation est aussi un danger pour nous tous. Pour paraphraser Madiba, ma liberté, notre liberté ne sera jamais complète sans celles de Khalifa Ababacar Sall, de Adama Gaye, de Karim Meïssa Wade…
Ce n’est pas qu’un calendrier chargé qui explique mon silence sur Facebook depuis ma « liberté ». C’est mon incapacité à trouver des mots plus beaux que le silence devant le film des événements qui se sont produits pendant 30 jours et qui ont conduit à mon exfiltration populaire. Evénements que je n’arriverai jamais à saisir exhaustivement. Pour vos prières, vos plaidoiries, vos mobilisations, vos soutiens…aux niveaux national, africain et international, je n’ai qu’« Un seul mot, usé, mais qui brille comme une vieille pièce de monnaie : merci ! ».(Pablo Neruda).
Nous sommes tous en danger. Tous en sursis à partir du moment où le président de la république et/ou son ministre de la justice peuvent faire arrêter des citoyens pour après chercher des infractions à leur imputer. Mais encore, ce que sept ans de présidence « mackyllée » nous rappelle c’est que démocratie et liberté ne sont pas définitivement acquises. Elles ont besoin d’être protégées donc de sentinelles car nous ne sommes jamais à l’abri de recul. Et là, nous sommes aussi toutes et tous interpellés.
La lutte continue. Elle continue pour exiger que les détenus de Rebeuss et d’ailleurs soient jugés. Elle continue pour exiger des conditions décentes dans les 37 établissements pénitentiaires du Sénégal. Elle continue pour la fin du « vol » des prisonniers. Elle continue dans le cadre de Aar li nu bokk pour une gestion démocratique des ressources naturelles du Sénégal.
L’objectif de mon arrestation était de divertir Aar li nu bokk.
L’objectif était aussi pour ces assassins de libertés de poursuivre la répression contre le FRAPP. Les manifestations du FRAPP sont systématiquement interdites et ses membres régulièrement en garde à vue. Après Lamine Guèye Ndiaye détenu pendant un mois à Rebeuss, c’était mon tour à moi. Quels sont les crimes du FRAPP ? En deux ans (dans deux mois), d’avoir dit « Auchan dégage, carrefour dégage » avec les commerçants, d’avoir été avec les distributeurs de produits de télécommunication organisés dans l’UDPTS, avec les prestataires de transferts d’argent, avec les travailleurs licenciés du Bureau Veritas, avec les travailleurs de PCCI, avec les sortants de l’ENA, avec les habitants de Bargny menacés d’expropriation foncière, avec les animateurs polyvalents des cases des tout petits, avec les enseignants des écoles franco sénégalaises, aux côtés des familles des victimes de violences policières, aux côtés de la petite Aïssatou Cissé...D’avoir participé à une opération escargot pour fustiger l’autoroute à pillage. De dire non aux Ape et à leur jumeau la Zleca, de lutter pour la souveraineté monétaire et de rejeter les politiques du Fmi et de la Banque mondiale…
Derrière ces luttes deux préoccupations majeures : la souveraineté économique et la souveraineté populaire. Autrement dit, un autre Sénégal dans une autre Afrique souveraine et unie qui contribue à frayer une autre Terre.
La lutte va continuer car dans le contexte du néocolonialisme, « (…) même hors de prison, le Sénégal reste une prison. » (Amzatt Boukari), « (…) même en dehors de la prison, nous ne sommes pas libres. Le combat continue donc. » (Khadim Ndiaye).
Aux valets de l’impérialisme qui complotent contre les résistants à l’oppression impérialiste militant dans des organisations comme le Front pour une Révolution anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) vous perdez votre temps. « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. » (Ernest Hemingway).
Une bataille a été gagnée : la liberté provisoire. Elle va se poursuivre jusqu’à la victoire. En attendant, l’oppression impérialiste se poursuit. La résistance s’organise. Notamment dans le FRAPP. Cette résistance a besoins de bras, de bouches, de moyens pour s’installer partout au Sénégal afin de gagner cette seconde phase de décolonisation en cours pour un Sénégal libre dans une Afrique libre et politiquement unie avec un gouvernement fédéral sans lequel toutes les tentatives d’intégration économique, monétaire…seront vouées à l’échec comme le disait Cheikh Anta Diop. Echecs qui seront utilisés pour discréditer l’option souverainiste, les anti-impérialistes panafricains et nous maintenir ou nous ramener dans l’oppression néocoloniale.
Nous devons être armés du « pessimisme de l’analyse ». Tout en étant armés de « l’optimisme de la volonté ». Nous vaincrons !
Merci Rose Samb pour tes doigts de fée qui m'aident à consommer local. Doomi réew moy tabaax réew.
SONKO DOIT IMMÉDIATEMENT ÊTRE EMPRISONNÉ
Me Elhadj Diouf tire encore à boulets rouges sur Ousmane Sonko. L’avocat, très en verve, n’a pas loupé le leader du parti Pastef/Les Patriotes lors de sa sortie, cet après-midi, sur l’affaire des 94 milliards FCFA.
Me Elhadj Diouf tire encore à boulets rouges sur Ousmane Sonko. L’avocat, très en verve, n’a pas loupé le leader du parti Pastef/Les Patriotes lors de sa sortie, cet après-midi, sur l’affaire des 94 milliards FCFA. Pour lui, Sonko doit être « arrêté » et mis « immédiatement » en prison. « Si tel n’est pas la cas, l’Etat va encore montrer sa faiblesse devant un énergumène », plaide l’avocat qui trouve que : « Ousmane Sonko était dans une opération de manipulation de l’opinion. Parce que, jusqu’ici, aucune somme n’a été débloquée ».
Brandissant des documents, Me Diouf note qu’Ousmane Sonko, via son cabinet Atlas, avait fini par nouer un pacte avec les héritiers du foncier en question. Lequel devait permettre à l’ancien inspecteur des Domaines de recevoir une quote-part 12% des sommes ou valeur recouvrées. « Ousmane Sonko réclame aux héritiers 12% de la somme recouvrée. 12% de 94 milliards de F CFA, c’est 11 milliards de F CFA. Il voulait des fonds de campagne, parce que, nous étions à 7 mois de la présidentielle », a déclaré Me Elhadj Diouf. Qui ajoute : « Une clause de confidentialité avait été trouvée entre Ousmane Sonko et les représentants des héritiers pour qu’aucune information concernant le pacte noué ne soit divulgué sans l’accord de l’autre partie ». Toute chose qui lui fait croire que Sonko a « menti » aux Sénégalais. « 94 milliards de mensonges » qui méritent selon Me Elhadj Diouf, la prison.
Pour finir, Me El Hadji Diouf informe que Mamour Diallo compte déposer une plainte après la plénière sur les résultats de la commission d’enquête parlementaire.