Marcel Mendy a perdu la bataille de la procédure, dans le cadre de son procès pour diffamation l’opposant à Hissène Habré. Car, hier, le tribunal correctionnel de Dakar a rejeté les exceptions de nullité soulevées lors de l’audience du 9 juillet dernier. Par conséquent, les juges ont ordonné la poursuite des débats. Mais ils ont renvoyé les plaidoiries au 27 août prochain, à la demande de la défense.
Seulement, les avocats du journaliste ne se sont pas limités à demander le renvoi. Ils exigent la comparution de l’ex-président tchadien incarcéré à la prison du Cap Manuel, suite à sa condamnation à la perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Me Assane Dioma Ndiaye a demandé que Hissène Habré comparaisse à leurs frais. Cependant, d’après Marcel Mendy, “tout est envisageable’’, car, dit-il, “toutes les personnes susceptibles d’éclairer la lanterne du tribunal seront citées comme témoins’’.
A ce propos, ses conseils entendent citer Me Boucounta Diallo, le juge Demba Kandji, Ruth Broody de Human Right Watch. Car, justifie Marcel Mendy, “il y va de la liberté d’expression et du droit du public à l’information. Ce n’est même pas un essai que j’ai écrit, mais un livre d’histoire sur ce que j’ai vécu en tant qu’acteur et témoin depuis le début’’. L’ex-homme fort de N’Djaména accuse le journaliste de l’avoir diffamé à travers son livre intitulé “Affaire Habré : Entre ombres, silences et non-dits’’. Il juge que certains passages constituent de la diffamation et des injures publiques.
Pour la réparation, le plaignant réclame la somme de 200 millions de francs Cfa à Marcel Mendy et Lamine Guèye de la maison d’édition Sarl Les Mamelles d’Afrique. Les avocats du prévenu voulaient l’annulation de la procédure, au motif que M. Mendy est protégé par l’immunité dont bénéficient les membres des Cae. Il s’y ajoute, selon leur argumentaire, que Hissène Habré est déchu de ses droits civils, du fait de sa condamnation. Mais le président Amath Sy et ses assesseurs jugent les exceptions mal fondées.
GUY, L’INCARCÉRATION À TOUT PRIX
Chercherait-on à faire taire le remuant activiste, que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Ses avocats répondent par l’affirmative ; et les ‘‘abus’’ dans les procès pour terrorisme ne militent pas en faveur de la poursuite
Chercherait-on à faire taire le remuant activiste de Frapp-France dégage et de la plateforme Aar Li Nu Bokk, Guy Marius Sagna, que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Ses avocats Mes Moussa Sarr et Amadou Sow répondent par l’affirmative ; et les ‘‘abus’’ dans les procès pour terrorisme ne militent pas en faveur de la poursuite.
Vendredi 19 juillet 2019. Alors que le Sénégal et les Sénégalais n’avaient d’yeux que pour Sénégal-Algérie comptant pour la finale de la Can, une autre page du destin carcéral mouvementé de l’activiste Guy Marius Sagna se jouait à la cave du tribunal de Dakar. Il était mis sous mandat de dépôt pour ‘‘fausse alerte au terrorisme’’... après avoir été interpellé trois jours plus tôt par la gendarmerie de Colobane. ‘‘En moyenne, Guy Marius Sagna est convoqué deux fois par mois dans les locaux d’une police ou d’une gendarmerie. En moyenne, il passe 48 heures de détention par mois, depuis près de six mois. Maintenant, si on en arrive à cet extrême de lui imputer des faits qu’il n’a pas commis, on est dans une situation extrêmement regrettable’’, déplore son avocat Me Amadou Sow au téléphone d’’’EnQuête’’.
En attendant le face-à-face, encore indéterminé, avec un juge d’instruction, l’activiste du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp/ France dégage) et de la plateforme Aar Li Nu Bokk risque de faire les frais de son engagement pour la cause citoyenne. Le grief contre M. Sagna a été flou, au début de l’affaire, le 16 juillet 2019, entre ses commentaires sur les défaillances du système de santé publique, après la mort de Tanor Dieng la veille, ou le communiqué de Frapp/France dégage accusant la France de ‘‘préparer un attentat terroriste’’ au Sénégal. C’est ce délit qui a été retenu, visé par l’article 429 bis de la loi 2016-29 du 8 novembre 2016 : ‘‘Celui qui, par un moyen ou procédé quelconque, communique ou divulgue une information qu’il sait fausse dans le but de faire croire à l’existence ou à l’imminence d’un attentat ou d’une explosion, d’une dégradation, détérioration ou menace, est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 500 000 F à 2 000 000 de F’’.
L’argument défensif de son autre avocat, Me Moussa Sarr, consiste à démontrer l’inanité de l’accusation : ‘‘Le contenu de ce post n’est pas constitutif d’une quelconque infraction. Ça ne constitue pas une fausse alerte au terrorisme. Le post n’est rien d’autre qu’une analyse d’une situation, celle de la présence des forces françaises en Afrique de l’Ouest. Le mouvement (Ndlr : Frapp/France dégage) donne son opinion. Analyser une situation, ce n’est pas donner une information’’, affirme la robe noire. Mieux, il défend que ces propos n’auraient jamais dû quitter l’espace du débat des idées pour arriver éventuellement au prétoire. ‘‘Cette analyse relève de la liberté d’expression. On ne peut pas empêcher à des Sénégalais, des citoyens, des panafricanistes d’apprécier la présence militaire, culturelle, économique de la France. Qu’on soit d’accord ou pas. De là à judiciariser ce débat d’idées, ce n’est pas conforme. Si les gens ne sont pas d’accord avec cette analyse, qu’ils produisent un contre-argumentaire pour discuter sur le plan intellectuel, a fortiori donner une connotation pénale. Je la conteste énergiquement, vigoureusement’’.
Ces abus de la loi sur le terrorisme
Me Amadou Sow n’en mène pas large, quant à la démarche qui vaut à son client d’être privé de liberté. ‘‘Il fallait mettre Guy Marius Sagna à l’ombre. Tous les moyens étaient bons. C’est le dernier moyen qu’ils ont eu’’. Les précédents sur les affaires de terrorisme donnent à réfléchir. En 2016, pour lutter plus efficacement contre le terrorisme au Sénégal, certaines infractions ont été modifiées et de nouvelles ont été créées. La loi n°2016-29 du 8 novembre 2016 venait de naitre. Et comme dans toute législation antiterroriste, elle fait jaser, concernant notamment la garde à vue qui, en matière de terrorisme, peut être prolongée jusqu’à 12 jours, en dehors de tout contrôle juridictionnel. Une porte ouverte aux abus dont les exemples foisonnent avec des détentions préventives de plusieurs années. Le Canadien Saïd Ali Mouhamed et son co-prévenu sénégalais Mouhamed Gassama ont été écroués pour terrorisme et blanchiment de capitaux. Ils ont été blanchis par la justice sénégalaise, le 30 juillet 2015... après quatre années en prison. Après avoir tenu l’opinion en haleine pendant près de trois ans, l’issue de l’affaire Alioune Ndao laisse également perplexe sur l’état des libertés civiles. Accusé, en compagnie de 28 autres individus, des crimes d’association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes, acte de terrorisme, financement du terrorisme, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux, la poursuite s’est pourtant effondrée, au moment du verdict. Seize personnes, dont imam Ndao, sont acquittées.
L’imam Boubacar Dianko est le cas le plus illustratif, pour le record de longévité. Accusé de connivence avec le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest), le maître coranique a été incarcéré six longues années pour un procès qui aura duré moins de deux semaines (27 mars-10 avril 2019). Il sera acquitté par la Chambre criminelle spéciale. Dans le verdict rendu, les juges ont estimé ‘‘qu’il y a des doutes sérieux quant à son affiliation avec le Mujao’’. Comme tous les accusés et acquittés de terrorisme, il a suffi aux magistrats moins de temps que la détention pour arriver à la conclusion que ces individus sont trop chargés par les procès-verbaux (Pv) d’enquêtes préliminaires. L’étudiant Ousseynou Diop et l’élève Saër Kébé font également partie du lot. Incarcérés pendant quatre ans pour apologie (en plus d’acte de terrorisme pour le second), ils ont été blanchis de ces accusations, à l’issue de leur procès. Tous les deux se sont retrouvés avec une condamnation de 3 mois assortis du sursis pour menace, après 4 ans de détention pour le premier et 38 mois pour le second.
Me Sarr : “Il n’y a pas d’infraction.’’
Le cas de Guy Marius Sagna n’est pas comparable, pour autant. La fausse alerte est un délit en principe et devrait être jugée en correctionnelle et non en criminelle. Mais la défense de Guy exclut l’idée même qu’elle passe en juridiction de jugement. ‘‘On va batailler pour obtenir un non-lieu, car il n’y a pas d’infraction’’, défend Me Sarr. L’autre robe noire chargée de sa défense trouve également que les procédés utilisés démontrent d’une envie de mettre son client à l’ombre. ‘‘Dans un premier temps, ils l’ont détenu dans les locaux de la gendarmerie sur des post qu’il aurait faits. On se rend compte que ses post ne constituent pas des infractions à la loi pénale et qu’après on essaie de redresser la barre, en trouvant une autre infraction sur la base de faits qui n’existent pas encore et qui ne sont pas prouvés par la gendarmerie’’. Comme le ‘‘Patriot Act’’ aux Usa, le prolongement de l’Etat d’urgence en France après les attentats terroristes de 2017 ou la récente loi sur la divulgation de l’information sécuritaire au Burkina Faso, le Sénégal est à se poser la question de savoir si les libertés publiques seront délaissées à l’autel de la guerre contre le terrorisme. ‘‘Le Sénégal ne doit pas sacrifier les droits humains au nom de la lutte contre le terrorisme. La prévention du terrorisme dont il a été question tout au long du Forum paix et sécurité de Dakar va et doit aller de pair avec la protection et le respect des droits humains’’, avançait François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, au lendemain de l’adoption de la loi 2016-29. ‘‘Les libertés sont le socle d’une démocratie. Qui parle de démocratie parle de liberté d’expression, d’échanges entre citoyens et donc de contradictions. Les actes qu’a posés Guy Marius sont entachés de liberté d’expression et de contradiction entre habitants d’un même Etat’’, conclut le conseil de Sagna, Me Sow.
Seydi Gassama : ‘‘Il faut l’emprisonner à tout prix.’’
Devenu la figure de proue d’une contestation civile sénégalaise, GMS tente de vitaminer un mouvement citoyen sur les rotules. Le natif d’Etomé (Ziguinchor) semble avoir signé un contrat à séjour irrégulier au violon. Après en avoir fait voir de toutes les couleurs au régime précédent, en tant que coordonnateur du M23 à Tamba, il récidive avec le ‘‘Macky’’. En mai 2018 (et bien avant), il séjournait derrière les barreaux, après un mouvement de soutien apporté pour la énième fois aux animateurs polyvalents qui exigeaient la concrétisation d’une formation devant leur permettre d’intégrer l’Education nationale. Avant cela, il a été interpellé moult fois : lors de la manifestation contre l’autoroute à péage, pour avoir brûlé la bâche de la ‘‘profanation’’ de la place de l’Europe à Gorée, lors du vote contre la loi sur le parrainage, pris dans le panier à salade de la police pour avoir tenu une manif interdite de son front anti-Ape, malmené lors du vote sur le parrainage électoral, rudoyé par les forces de l’ordre lors de l’expulsion de Kémi Séba. Plus récemment, les contestations préélectorales et les rassemblements d’Aar Li Nu Bokk pour la transparence dans les contrats gaziers lui ont donné l’occasion de savonner la planche aux autorités. Toutes choses qui font dire à son avocat, Me Amadou Sow, qu’‘‘il n’y a jamais eu de chefs d’accusation solides qui tiennent à l’endroit de Guy Marius Sagna. S’il y en avait, on ne parlerait pas de cette fausse alerte’’.
Dans le cas présent, l’accusation pourrait être affaiblie par le fait que Guy n’est pas le président de l’association responsable des propos incriminés et n’était pas présent à la conférence. ‘‘Il n’est pas président de Frapp/France dégage, il n’était pas présent à la conférence de presse où les propos à lui imputés ont été tenus. Mais il faut l’emprisonner à tout prix. Il est le leader de la contestation née du reportage de la Bbc sur le pétrole et le gaz sénégalais’’, a twitté hier le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama. ‘‘Le mouvement a analysé cette situation et a donné son opinion. Et Guy n’était même pas sur le présidium et n’a pas pris la parole. Le considérer comme une ‘information fausse’ relève d’une erreur d’appréciation manifeste. La qualification juridique qui est donnée n’est pas appropriée, elle n’est pas conforme du tout. Il n’y aucune infraction, aucune fausse alerte. On n’est pas dans le domaine de l’information, mais du débat d’idées’’, renchérit Me Moussa Sarr.
"TROP DE CHEFS D'ÉTATS AFRICAINS SE CROIENT IRREMPLAÇABLES"
Le milliardaire iconoclaste soudanais, Mo Ibrahim, ne cache pas son antipathie vis-à-vis des dirigeants qui s’éternisent à la tête de leurs pays
« Trop de chefs d’État africains se croient irremplaçables et veulent rester éternellement au pouvoir, au mépris des lois et des institutions ». Cette phrase forte est du milliardaire anglo-britannique, Mohamed « Mo » Ibrahim, lors d’une interview accordée au magazine panafricain Jeune Afrique, dans sa parution de cette semaine. D’une froideur indicible, l’homme d’affaire critique avec véhémence certains dirigeants et systèmes politiques de plusieurs États africains, y compris le Soudan, son pays d’origine. À propos, il se satisfait du renversement de l’ancien président Omar el-Béchir dont le « régime islamiste était corrompu de toutes parts ». Pour lui, « cela a été merveilleux », dit-il, « en Algérie comme au Soudan, des gens se sont levés pour dire qu’ils en avaient assez. Je n’ai pas été surpris, parce que cela était devenu inévitable, mais j’ai été impressionné par la maturité politique des manifestants ».
Il ajoute que si les nouvelles autorités de Khartoum se montrent incapables de « juger » Béchir, « il faudra l’envoyer devant la Cour pénale internationale (Cpi) ». S’agissant de la République démocratique du Congo (Rdc), « Mo » considère que l’élection du 30 décembre 2018 « est une honte », estimant que « le vrai vainqueur, Martin Fayulu, a été écarté ». Dans le même ordre d’idées, l’anglo-soudanais prétend que « Joseph Kabila a choisi son président en la personne de Félix Tshisekedi et il continue de contrôler bon nombre de leviers du pouvoir, notamment le sénat ». Au Bénin, Patrice Talon en prend pour son grade car « il s’est transformé en dictateur », observe avec déception l’homme d’affaires.
Les bons grains
Néanmoins, tout n’est pas sombre en Afrique, à en croire Mo Ibrahim. Il salue au passage la gouvernance menée en Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara qui « a vraiment fait du bon travail ». À ses yeux, le Rwanda de Paul Kagame fait partie des pays « qui affichent les meilleures performances économiques ». La particularité de ces deux pays est qu’ils ont connu une longue période de crise. Allusion faite ici à la guerre civile en Côte d’Ivoire et le génocide rwandais de 1994. Mais dans l’ensemble, le tableau n’est pas très reluisant en Afrique. Ce d’autant plus que « beaucoup de présidents tentent de faire de bonnes choses, mais choisissent les mauvais moyens pour parvenir à leurs fins », relève celui qui a bâti sa fortune dans les télécommunications. Il regrette par ailleurs « que de très vieilles personnes président encore aux destinées de ce continent ». Raison sans doute pour laquelle en douze ans, seulement cinq anciens chefs d’État se sont vus décerner « le prix Ibrahim pour la bonne gouvernance ».
Né en Nubie, au Soudan, en 1946, Mohamed Ibrahim mène sa s’est établi à Londres depuis 1974, d’où sa nationalité britannique. Avec une fortune estimée à 1,1 milliard de dollars (près de 980 millions d’euros), selon le magazine britannique Forbes, Mo est un ingénieur en électronique, pionnier du réseau de la téléphonie mobile en Europe et en Afrique, à travers sa société Celtel International. En 2006, il crée la Fondation Mo Ibrahim pour soutenir la bonne gouvernance et le leadership de qualité sur le continent africain. Ce richissime homme d’affaires à une vision immatérialiste et éphémère de la vie. D’où son proverbe fétiche : « les linceuls n’ont pas de poche. Tu nais nu, tu mourras nu. Une chose est sûre : je n’emmènerai pas ma Mastercard dans la tombe ! ».
LA FACE VISIBLE DE L’ICEBERG
Si la grâce de Mamadou Oury Diallo n’était que l’arbre qui cache la forêt ? Petit à petit, les langues commencent à se délier, dans cette affaire rocambolesque, et, par extension, dans la grande nébuleuse qui enveloppe les grâces présidentielles.
Plus de trois mois après la grâce du Guinéen Mamadou Oury Diallo, les Sénégalais continuent de demander des comptes sur les circonstances ayant mené à cette libération scandaleuse. “EnQuête’’ a essayé d’en savoir un peu plus sur la procédure de délivrance des grâces présidentielles.
Et si la grâce de Mamadou Oury Diallo n’était que l’arbre qui cache la forêt ? Petit à petit, les langues commencent à se délier, dans cette affaire rocambolesque, et, par extension, dans la grande nébuleuse qui enveloppe les grâces présidentielles.
La question qui se pose est surtout de savoir comment le trafiquant notoire de médicaments a pu être extirpé de la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel, où il purgeait tranquillement sa peine, depuis son jugement en première instance, le 4 décembre 2018, pour contrebande, trafic illicite de médicaments, exercice illégal de la profession de pharmacien et association de malfaiteurs ?
Me Abdoulaye Babou, à l’instar de plusieurs Sénégalais, a certes été surpris. Mais passé l’émotion, certaines déclarations du prévenu, lors de son face-à-face avec le juge du tribunal de grande instance de Diourbel, ne cessent de le hanter. Le Guinéen disait à qui voulait l’entendre : “Ceux qui sont derrière m’ont demandé de tout endosser et qu’ils viendront me tirer d’affaire.’’ Naturellement, de telles affirmations maladroites n’avaient semblé attirer l’attention de qui que ce soit. Apparemment, tout le monde les prenait pour des blagues, même de très mauvais goûts. Sauf le Guinéen lui-même ou ses commanditaires. L’histoire leur a donné raison. Aujourd’hui, le trafiquant Bara Sylla croupit en prison, tandis que son ou ses complices vaquent à leurs occupations. Par où est-il passé ? Comment ?
Du côté de l’Administration pénitentiaire, c’est toujours motus et bouche cousue. Idem pour le ministère de la Justice. Ce, malgré les engagements fermes du président de la République à l’endroit des pharmaciens. Il disait avoir instruit le ministre de la Justice d’ouvrir une enquête et que cette affaire ne resterait pas impunie. Macky Sall ne s’en limitait pas. Il avait aussi révélé que lui-même n’avait été informé de l’identité de la personne graciée que quand il y a eu le tollé. “En clair, informaient des sources, le nom d’Amadou Oury Diallo a été glissé sur la liste des personnes à gracier transmise au chef de l’État qui ne fait qu’apposer sa signature’’. Par qui ? Les Sénégalais attendent encore de connaitre les conclusions de l’enquête commanditée par le président Macky Sall. D’ailleurs, à cause du scandale, cette année, à l’occasion de la fête de l’Eid El Fitr, aucun détenu n’a eu à profiter de la générosité du chef de l’Etat. En tout cas, persistent et signent nos sources, cette affaire n’est que la face visible de l’iceberg. A les en croire, d’autres détenus, qui ne sont pas éligibles à la grâce, se glissent souvent sur les listes présentées au président du Conseil supérieur de la magistrature. “C’est un véritable scandale’’, soulignent nos interlocuteurs. Ce qui conforte davantage le débat autour des conditions d’octroi de la grâce présidentielle.
Au banc des accusés, il y a principalement l’Administration pénitentiaire. D’après certaines informations, il revient aux maisons d’arrêt de présenter des listes de personnes remplissant les conditions pour jouir de la grâce. Ces listes de demandeurs, poursuivent nos interlocuteurs, seront ensuite envoyées à la Direction des affaires criminelles et des grâces qui va établir un projet de décret. Lequel sera enfin transmis au président de la République pour signature. Toute une chaine qui va devoir s’expliquer dans cette affaire qui n’en finit pas de défrayer la chronique.
Mandat d’arrêt international contre Oury Diallo
Mais ce qui est encore plus scandaleux dans cette affaire Oury Diallo, s’étrangle toujours Me Abdoulaye Babou, c’est qu’il ne remplissait pas les conditions pour demander une grâce. Pour ce faire, renseigne la robe noire, “il faut une décision de condamnation définitive. Or, Mamadou Oury Diallo avait relevé appel de la décision de première instance. “Par conséquent, il n’est pas éligible à la grâce présidentielle. Il ne doit même pas figurer parmi les demandeurs’’, fulmine t-il. Et d’enfoncer le clou : “Mamadou Oury Diallo est un multirécidiviste. Il est mêlé à toutes les affaires de trafic de médicaments. Et le voilà qui se volatilise. C’est une affaire de mafia. Nous sommes convaincus que les véritables coupables n’ont pas été traduits devant la justice.’’ D’où les suspicions légitimes autour de cette affaire rocambolesque. Une chose est sûre, confient certaines sources : si le Guinéen a pu bénéficier d’une telle faveur, c’est certainement parce qu’il a des complices dans le circuit. Jusqu’à quel niveau ? C’est la question qui empêche de dormir bien des Sénégalais. Condamné à une peine d’emprisonnement ferme de 5 ans, le bonhomme s’est volatilisé comme un fantôme dans la nature. Lundi 13 mai, le tribunal qui devait statuer sur l’affaire en appel est tombé des nues, quand un des avocats de la partie civile a soulevé la grâce dont a bénéficié M. Diallo. Ce, d’autant plus qu’aucune pièce disponible dans le dossier n’était en mesure de le confirmer. Passé l’effet de surprise, la juridiction avaitrenvoyélespartiesjusqu’au27mai prochain. Le verdict en appel a finalement été rendu avant-hier par la Cour d’appel de Thiès. Le juge Souleymane Teliko a confirmé la décision rendue en première instance et lancé un mandat d’arrêt international à l’en contre du ressortissant guinéen
L’INSTITUT PASTEUR DE DAKAR VA PRODUIRE 40 MILLIONS DE DOSES DE VACCIN PAR AN
L’usine de la Fondation Institut Pasteur de Dakar, en construction à Diamniadio, va produire 40 millions de doses de vaccin contre la fièvre jaune par an, à partir de 2021, a annoncé mardi l’ambassadeur de la France au Sénégal, Christophe Bigot.
Dakar, 23 juil (APS) - L’usine de la Fondation Institut Pasteur de Dakar, en construction à Diamniadio, va produire 40 millions de doses de vaccin contre la fièvre jaune par an, à partir de 2021, a annoncé mardi l’ambassadeur de la France au Sénégal, Christophe Bigot.
"La capacité annuelle de production sera, dès 2021, de 40 millions de doses, soit 20 fois plus que la production de l’unité actuelle", a assuré M. Bigot lors d’une réunion du Rotary Club de Dakar sur le thème : "La coopération franco-sénégalaise en matière de santé durant ces trois dernières années".
L’Institut Pasteur de Dakar, "seule unité de production de vaccins en Afrique subsaharienne", va renforcer sa présence dans cette région "au bénéfice de toute l’Afrique où la fièvre jaune tue malheureusement encore", a-t-il ajouté.
"Je suis fier, en tant qu’administrateur, d’avoir pu accompagner ce projet qui est cofinancé par l’AFD (Agence française de développement) et bénéficie de l’appui de l’Institut Pasteur de Paris et du gouvernement français", a dit Christophe Bigot.
Il rappelle que la France et le Sénégal entretiennent une coopération en matière de recherche médicale, à travers l’Institut Pasteur de Dakar et l’Agence nationale de la recherche scientifique (ANRS), un organisme français qui prend part à la promotion d’un site de recherche clinique au sein du Centre hospitalier universitaire de Fann, à Dakar.
La coopération entre les deux pays, dans ce domaine, passe aussi par l’Institut de recherche et de développement (IRD) et l’Initiative 5 %, selon l’ambassadeur de la France.
L’Initiative 5% est la deuxième modalité de la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le Sida.
Elle appuie les pays, notamment francophones, dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des subventions allouées par le Fonds mondial.
"De très nombreuses recherches sont menées dans tous les domaines de la santé. Et il faut noter que toutes ces recherches sont conduites par des équipes mixtes franco-sénégalaises dont les résultats en matière de production scientifique mettent le Sénégal très en avant, sur la scène internationale", a souligné l’ambassadeur de France, en fin de mission au Sénégal.
LES FORESTIERS DÉNONCENT LA «COMPLICITÉ» DU GOUVERNEMENT DE BARROW
Le phénomène ne date pas d’hier. Mais avec l’avènement du régime d’Adama Barrow en janvier 2017, les autorités sénégalaises espéraient une réduction du trafic de bois à la frontière gambienne, qui constitue un fleuron de la forêt sénégalaise
Le ministre de l’Environnement appelle à une riposte à partir du Sénégal pour éradiquer le trafic illicite de bois à la frontière gambienne.
Le phénomène ne date pas d’hier. Mais avec l’avènement du régime d’Adama Barrow en janvier 2017, les autorités sénégalaises espéraient une réduction du trafic de bois à la frontière gambienne, qui constitue un fleuron de la forêt sénégalaise. Mais, l’accalmie ne sera que de courte durée, de l’avis de l’Union nationale des coopératives et exploitants forestiers du Sénégal (Uncefs).
Cette structure, qui rencontrait hier le ministre de l’Environnement et du développement durable, a appelé le gouvernement à des actions concrètes. «Depuis 10 mois, nous vivons cette situation sous l’œil bienveillant du gouvernement gambien qui permet aux trafiquants ramenant du bois ‘’venne’’ à partir du Sénégal, de pouvoir le scier et le transporter dans les containers», déplore Mamadou Salif Mballo, Secrétaire général du l’Uncefs.
Il faut relever que 60% des forêts sénégalaises se trouvent à la frontière avec la Gambie, c’est-à-dire de Ziguinchor à Sédhiou en passant par Kolda jusqu’à Tambacounda. Ces zones sont «assaillies de plus belle avec la complicité des nouvelles autorités gambiennes qui ont autorisé la réouverture de l’exportation de bois de ‘‘venne’’ à partir du Port de Banjul», dénonce M. Mballo. Selon lui, il «urge de stopper ce trafic parce que les populations autochtones aveuglées par l’argent, venant de la Gambie, contribuent davantage à cette exploitation du bois qui mérite d’être éradiquée».
Abdou Karim Sall : «Que la riposte s’organise à partir du Sénégal»
Pour stopper ce phénomène, il n’y a pas mille solutions, d’après le ministre de l’Environnement et du développement durable. «Je suis pour que la riposte s’organise à partir du territoire sénégalais. C’est cette riposte qui est pérenne. Si demain le Président gambien a des relations heurtées avec le Sénégal, qu’est-ce qu’on Va faire ?
On ne doit pas baser notre stratégie sur la compréhension, l’acceptation de l’exportation du bois par les autorités gambiennes. Il ne faut pas qu’on sous traite notre avenir, nos ressources», déclare Abdou Karim Sall Le ministre milite pour des stratégies viables avec des actions concertées parce que, dit-il, l’Etat seul ne peut pas régler cette affaire. «Si ce trafic a lieu, c’est parce qu’il y a une forte complicité de populations sénégalaises.
Tant qu’elles N’auront pas conscience qu’elles sont en train de causer du tort à l’intérêt général, tout ce qu’on mettra comme dispositif ne sera pas pérenne. Le combat doit se faire sur le terrain et il faut que les acteurs le portent. Nous devons tous nous mobiliser en rapport avec les forces de défense et de sécurité pour combattre ces ennemis de la forêt», préconise M. Sall qui promet un renforcement des moyens et des effectifs des agents des eaux et forêts.
« JE NE SUIS JAMAIS ASSEZ CONFIANTE »
La meilleure élève du Concours général 2019, Diary Sow, revient, dans cet entretien, sur ses ambitions et son amour pour les études.
La meilleure élève du Concours général 2019, Diary Sow, revient, dans cet entretien, sur ses ambitions et son amour pour les études. Elève au lycée scientifique de Diourbel, elle remporte, pour la deuxième fois d’affilée, la couronne de la meilleure élève du Sénégal. Elle s’est confiée à “EnQuête’’, à la veille de la cérémonie de remise des prix.
L’année dernière, vous aviez remporté la couronne du Concours général, cette année aussi. Comment se sent-on, après un tel palmarès ?
Bien, ça me rend très heureuse, surtout, je me sens fière de ce que j’ai pu accomplir. Je sais que ça a été un parcours très difficile, parsemé d’embûches. Mais, tout cela, j’ai réussi à le franchir grâce à l’appui de mes professeurs et du personnel de mon lycée. Ils ont toujours été là pour moi, pour me soutenir, pour me dire d’avancer et de ne pas trainer.
Vos parents, comment est-ce qu’ils vivent ces moments ?
Mes parents sont fiers, ils sont très heureux. Ils sont animés par le sentiment du devoir accompli, parce qu’ils se disent que depuis que j’ai commencé à étudier, avec tout le soutien qu’ils ont consenti pour moi, ils ont vu les résultats. Alors ils sont très fiers.
Vos professeurs, comment est-ce qu’ils vivent ces résultats ?
Mes professeurs, de partout, ils m’appellent pour me féliciter. Ils se sentent assez honorés, eux aussi. C’est une victoire à nous tous. C’est une preuve qu’ils ont accompli leur travail, réussi leur part du boulot, du marché, ils sont assez fiers.
Quel est votre secret pour votre percée dans les matières scientifiques, car vous avez été miss sciences en 2017, meilleure élève du Concours général 2018 et 2019.
Les matières scientifiques ont toujours été une passion pour moi, parce que je me suis toujours vue comme une scientifique. D’ailleurs, la série (S) que j’ai embrassée le prouve assez. Je suis assez douée pour les matières scientifiques. Les mathématiques, les sciences physiques, même les sciences de la vie et de la terre ont toujours été mes matières dominantes. Même si j’ai aussi une tendance assez littéraire. Je n’ai pas de préférence particulière, entre les matières scientifiques et littéraires. Je suis assez polyvalente, je m’intéresse à tout, même si je suis dans une série scientifique.
Est-ce que vous sentez parfois une confiance en vous, au point de vous dire que rien ne peut vous arriver ?
On pourrait le penser, on pourrait le croire, au vu de mes résultats. Mais il se trouve que je ne suis jamais assez confiante… Je veux dire, je suis confiante, j’ai toujours foi en mes capacités, en mon potentiel. Je sais que je suis capable d’accomplir beaucoup de choses, mais je ne le prends pas comme une évidence, sinon ça entraîne un certain laisser-aller, une nonchalance qui conduirait à la défaite. Alors non ! Je ne suis pas de ce genre d’élèves qui se croient au-dessus de tout. Je connais mes limites et mes capacités.
Qu’est-ce que vous projetez de faire dans le futur, afin de servir votre pays ?
Pour mes études universitaires, j’envisage surtout une carrière assez généraliste, parce que j’ai décidé de m’intéresser à plusieurs domaines. Je ne me vois pas vraiment comme une spécialiste en quelque domaine que ça puisse être. Je préfère embrasser plusieurs filières à la fois. Le système permet de pouvoir valser entre plusieurs domaines. Je compte faire l’ingénierie, la bio-informatique et surtout la génétique.
Quel regard jetez-vous sur votre cursus scolaire, surtout au lycée scientifique de Diourbel dont vous êtes la première promotion ?
Le lycée scientifique de Diourbel nous a accueillis en 2016, alors que nous venions tout juste d’obtenir notre Bfem. Ces trois dernières années ont été les plus dures de ma vie, parce que ça a été une période assez intense où on devait vraiment travailler beaucoup pour soutenir le rythme. Mais je trouve que ça nous a formés, forgés, appris la persévérance, l’abnégation et l’amour du travail bien fait. Nous étions soixante. Imaginez, nous avons les soixante qui sont censés être les meilleurs du Sénégal, l’élite. Donc, il fallait beaucoup travailler, parfaire pour être à la hauteur.
Quel message lancez-vous aux élèves pour qu’ils s’orientent vers les matières scientifiques ?
Je demande surtout aux élèves d’embrasser les matières qui leur plaisent, de s’y dévouer corps et âme, parce que c’est ça qui compte. Quand on fait un travail, il faut surtout avoir l’envie de le faire. Qu’ils cherchent en eux le plaisir de faire ce qu’ils font, ça ira. Les matières littéraires sont aussi bien, sinon même plus passionnantes que les matières scientifiques. Il se trouve que le Sénégal a besoin d’élèves dans toutes les disciplines possibles, qu’ils ne fassent pas de préférence, que le scientifique s’intéresse à tout. Qu’ils complètent leur formation aussi bien qu’il leur est possible de le faire.
DU PLOMB DANS L’AILE DU FOOTBALL LOCAL
Le forfait de Teungueth Fc en Coupe de la Confédération africaine de football (Caf) illustre le mal du football local sénégalais à se faire respecter sur la scène continentale.
Le forfait de Teungueth Fc en Coupe de la Confédération africaine de football (Caf) illustre lemal du football local sénégalais à se faire respecter sur la scène continentale. En perdant le droit de profiter du seul ticket qui lui est octroyé, les dirigeants laissent passer ainsi une opportunité de concrétiser leur vœu de réaliser un football sénégalais qui compte à l’international.
Le nom du club vainqueur de la Coupe du Sénégal ne figure pas sur le tableau du tirage au sort de la Coupe Caf publié ce lundi. La nouvelle sur le forfait de Teungueth Fc à ce tournoi est tombée comme un coup de massue sur la tête des amateurs de football. Cette déconvenue contraste avec le rayonnement de l’équipe nationale du Sénégal, vice-championne d’Afrique, dont les pensionnaires ont été accueillis et honorés par la nation sénégalaise, à leur retour du Caire.
Pour indisponibilité d’un budget conséquent, d’un effectif digne d’une équipe qui doit prendre part à une compétition internationale et d’un stade homologué, le club de Rufisque a renoncé à son droit de participer à la Coupe Caf en tant que vainqueur de la Coupe nationale. Cette décision des dirigeants rufisquois entraine la non-participation d’une autre formation sénégalaise. Du fait du délai très court pour remplir toutes les modalités de la participation, à moins de trois semaines du début de la phase des préliminaires, l’Us Gorée, finaliste de la Coupe nationale, et Diambars, tenant de la Coupe de la Ligue, ne sont pas dans les dispositions de suppléer Teungueth Fc. Cette défection du club présidé par Babacar Ndiaye vient écorner encore l’image du football local sénégalais qui peine à émerger sur la scène continentale. L’objectif des dirigeants du ballon rond était d’atteindre au moins les phases de poules des compétitions de la Caf pour augmenter le quota des clubs, en termes de représentation. Au lieu de ça, le Sénégal ne pourra pas profiter de son seul ticket de présence au banquet des équipes à la compétition interclubs de l’instance faitière du football africain. Quel gâchis !
Le fossé est encore énorme
Pour justifier le forfait de leur équipe, les dirigeants rufisquois ont invoqué les modifications du calendrier dont la date de démarrage a été rapprochée au mois d’août, au lieu de novembre, comme les années précédentes. Donc, Teungueth Fc n’avait que deux mois pour remplir les critères requis pour une bonne participation. Cet argument, même s’il est recevable, ne devrait pas disculper les responsables du club de Rufisque. Car Génération Foot, qui sera le seul représentant du Sénégal en Ligue africaine des champions, va honorer son engagement, malgré la réduction du délai de préparation. Ce regrettable épisode remet au goût du jour les maux qui gangrènent le football sénégalais. Au premier rang de ses difficultés se trouvent les moyens financiers. Les clubs sénégalais, surtout traditionnels, parviennent à peine à boucler leur budget annuel. Il y a deux semaines, les dirigeants de Teungueth Fc avaient fait face à la presse, pour lancer une alerte. Parmi les raisons invoquées, il y avait naturellement le manque de fonds. “Nous avons dépensé au cours de la saison plus de 190 millions pour gagner un trophée qui ne nous a rapporté que 20 millions de francs Cfa’’.
Et ce problème financier s’est accru dernièrement, avec la non-reconduction de la convention entre la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) et son partenaire habituel, Orange. L’instance dirigeante du championnat professionnel avait réussi à trouver une alternative en signant un contrat de retransmission avec Star Times, en début de la saison écoulée. Cet accord avec la multinationale chinoise devait rapporter à ladite ligue un pactole de 6 milliards de francs Cfa sur une durée de dix ans. En plus de la manne financière, les Chinois s’étaient engagés à réaliser dix pelouses synthétiques durant la période de la collaboration. Malheureusement, l’exécution du contrat est suspendue au procès intenté par Excaf Télécom contre Star Times, pour concurrence déloyale. L’autre obstacle à l’épanouissement du football sénégalais en compétitions africaines est lié à l’incapacité des clubs à retenir leurs meilleurs joueurs. “La recomposition de l’équipe est quasi utopique, parce qu’au moment où nous parlons, sept joueurs sont officiellement partis.
Pis, presque tous ceux que nous avions ciblés sont sous l’emprise des agents qui sont en train de nous créer d’énormes difficultés. Les joueurs qui sont restés ne font pas le nombre, alors que nous devons jouer notre premier match dans un mois’’. Ces propos du directeur sportif de Teungueth Fc, Alassane Dia, il y a deux semaines, dénotent parfaitement le calvaire des clubs sénégalais durant l’avant-saison pour reconstituer leurs effectifs en proie aux départs massifs des joueurs. Par ailleurs, le football local sénégalais peine à s’imposer sur la scène continentale, à cause de l’insuffisance d’infrastructures sportives respectant les normes internationales. Le stade Ngalandou Diouf n’étant pas encore homologué par la Caf, le Tfc allait recevoir hors de son fief.
par Benjamin Augé
AU TCHAD, LA SURVIE POLITIQUE DE DÉBY DÉPEND DE PLUS EN PLUS DE SES ALLIÉS DU GOLFE
Depuis quelques années, Idriss Déby, président du Tchad depuis 1990, soigne sa grande proximité avec les princes héritiers saoudien Mohamed Ben Salman (MBS) et émirati Mohamed Ben Zahed (MBZ) pour assurer sa sécurité
Le Monde Afrique |
Benjamin Augé |
Publication 24/07/2019
Après la France, les émirats et l’Arabie Saoudite, place au Qatar… Si le président tchadien Idriss Déby peut remercier la France qui lui apporte un soutien indéfectible depuis François Mitterrand, sa survie politique dépend pourtant de plus en plus de ses relations avec les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et désormais aussi le Qatar.
Depuis quelques années, Idriss Déby, président du Tchad depuis 1990, soigne sa grande proximité avec les princes héritiers saoudien Mohamed Ben Salman (MBS) et émirati Mohamed Ben Zahed (MBZ) pour assurer sa sécurité. Ils sont en effet les principaux soutiens des factions clés qui évoluent au Soudan et en Libye, pays d’où partent historiquement les rébellions qui ont tenté de renverser le chef de l’Etat.
Le pouvoir actuel du Conseil militaire de transition (TMC) à la tête du Soudan depuis avril est ainsi largement soutenu financièrement et politiquement par les Emirats arabes unis. C’est la raison pour laquelle ces derniers sont un allié de poids pour éviter la propagation des nouvelles rébellions venues de l’Est du continent. Une menace qui a ressurgi avec la chute d’Omar Al-Bachir en avril, à Khartoum.
Bête noire
Pour maintenir un lien direct avec MBZ, Idriss Déby avait nommé son propre fils, Zakaria Idriss Déby, premier ambassadeur aux Emirats arabes unis en 2017. Et comme la formule a fait ses preuves, il vient de faire la même chose à Khartoum avec, comme messager de confiance, Abdelkerim Koiboro, son neveu par alliance. Outre l’avantage d’être de la famille proche, le nouvel ambassadeur tchadien au Soudan avait été consul général en Arabie saoudite au début des années 2010, ce qui lui a permis de manier parfaitement l’arabe et de bien connaître les élites saoudiennes. Point fondamental puisque Riyad finance aussi le TMC au Soudan.
Autre sujet de crainte d’Idriss Déby : la Libye. Là, ce sont encore Abu Dhabi et Ryad qui détiennent les clés. En effet, l’allié du président tchadien en Libye, le général Khalifa Haftar, maître de la Cyrénaïque à l’est, soutenu à bout de bras par l’Emirati MBZ et le Saoudien MBS, est en grande difficulté dans son siège de Tripoli, lancé en avril contre les forces du premier ministre soutenu par l’ONU, Fayez Sarraj. Or le Tchad misait sur Haftar, après la conquête de Tripoli, pour « nettoyer » le Sud libyen. Cette zone frontalière avec son pays abrite notamment les membres de l’Union des forces de la résistance (UFR), dirigée par son pire ennemi, son neveu et ex-directeur de cabinet, Timan Erdimi.
Avant les accords de Dakar signés en 2008 entre Omar Al-Bachir et Idriss Déby, Erdimi était soutenu par le Soudan. Désormais, c’est depuis le Qatar – lieu d’exil décidé par Déby et Bachir – qu’Erdimi pilote l’Union des forces de la résistance, grâce à laquelle il tente de déstabiliser le pouvoir de son oncle, devenu sa bête noire. Encore en février, une colonne de pick-up de l’UFR avait foncé sur N’Djamena depuis la Libye avant d’être arrêtée net par un bombardement de l’armée française.
Vieil ami
En fait, les relations entre le Tchad et le Qatar se divisent en deux périodes. Si, dans un premier temps, le président tchadien a donné des gages aux Emirats arabes unis et à l’Arabie saoudite en coupant tout lien diplomatique avec le Qatar dès juin 2017 dans le cadre de l’embargo saoudo-émirati contre leur voisin gazier, il a depuis revu sa copie. D’abord, pour des raisons économiques, financières, le Tchad a dû renouer avec le Qatar. D’autant que, par-delà les questions économiques, il y avait le dossier Erdimi. Car depuis le Qatar, Erdimi continue à œuvrer contre Déby via le territoire libyen…
Alors, pour être certain d’être entendu, et parce que deux précautions valent mieux qu’une, Idriss Déby a aussi requis l’aide de son vieil ami le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, qui reste un bon messager.
Ainsi, lors de l’un de ses voyages à Doha, le 11 février, M. Le Drian a-t-il explicitement demandé à son homologue qatari, Mohammed Ben Abdulrahman Al-Thani, de resserrer la surveillance de son « invité » tchadien afin que celui-ci ne soit plus en mesure de piloter les activités militaires de l’UFR depuis l’hôtel Movënpick de Doha. Message reçu 5 sur 5 par ses hôtes qataris.
Benjamin Augé est chercheur associé aux programmes Afrique et Energie de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
CETTE JEUNE VAGUE QUI FRAPPE AUX PORTES DE LA TANIÈRE
La finale ratée de la Can 2019 pourrait beaucoup servir à Aliou Cissé en perspective de la Can 2021. Et la meilleure manière d’y arriver pour le sélectionneur c’est de continuer à donner la chance aux jeunes
La finale ratée de la Can 2019 pourrait beaucoup servir à Aliou Cissé en perspective de la Can 2021. Et la meilleure manière d’y arriver pour le sélectionneur c’est de continuer à donner la chance aux jeunes ; à l’image d’un certain Krépin Diatta.
En recevant samedi dernier les Lions de retour de la Can égyptienne avec leur statut de vice-champions d’Afrique, le président de la République les a exhortés à se remettre au travail afin de remporter la prochaine Can, prévue au Cameroun en 2021. Mais atteindre un tel objectif c’est surtout tirer les enseignements de ce second échec du Sénégal sur le chemin du sacre continental après celui de 2002 au Mali. Et sous cet angle, Aliou Cissé en est conscient quand il déclare au micro de nos confrères de la Rts :
«Il y a des postes que nous devons renforcer.»
Si dans les buts, le sélectionneur national semble gâté avec la chance d’avoir deux gardiens de but de grande classe : Edouard Mendy et Alfred Gomis. Par contre en défense, il y a un chantier à défricher : à savoir l’axe central et au niveau des latéraux. Et le cas le plus urgent c’est au niveau du flanc gauche avec la nécessité de dénicher un latéral gaucher de métier. Très actif sur son couloir lors de la Can, tout le monde sait que Youssouf Sabaly (droitier de métier) aurait été plus à l’aise et plus efficace à droite. Aliou Cissé en est conscient et il est sûr qu’il va poursuivre la prospection. Tout en ayant à l’œil le jeune Moussa Ndiaye de Excellence Foot, un autre international U20, révélation du dernier Mondial, polyvalent de surcroit et dont le profil assez rare de «défenseur central gaucher» n’existe plus dans la Tanière.
Kouyaté dans l’axe, ça suffit !
Le sélectionneur national doit aussi pousser la réflexion par rapport à l’axe central de la défense sénégalaise en trouvant une bonne alternative en cas d’indisponibilité de l’axe préférentiel Koulibaly-Sané. En effet, l’idée de faire reculer en défense Cheikhou Kouyaté semble avoir atteint ses limites si on en juge par ses prestations moyennes lors de la Can égyptienne où il a été d’ailleurs fautif en finale sur le but algérien. Du coup, en plus de l’option Pape Abdou Cissé, le coach devrait piocher chez les U20 en ciblant l’imposant et le prometteur défenseur central du Stade de Mbour, Souleymane Djimou Cissé, crédité d’un bon Mondial polonais.
Dénicher un «vrai» avant-centre, après l’échec Mbaye Niang
L’autre chantier, entre autres, c’est au niveau de l’attaque des Lions. Nous aimons beaucoup la combativité de Mbaye Niang. Mais un avant-centre qui ne marque pas pendant 7 matchs, forcément il doit se poser des questions. Surtout qu’à sa décharge, l’attaquant de Rennes, plus à l’aise sur les flancs, ne joue pas à son poste de prédilection. Mais là aussi, on peut comprendre le sélectionneur qui malheureusement a sur le banc deux remplaçants à ce poste qui ne font pas l’affaire, à savoir Mbaye Diagne et Moussa Konaté. Du coup, Aliou Cissé doit donc regarder ailleurs en Trouvant le profil qu’il faut à ce poste.
Et le jeune Habib Diallo, vice-meilleur buteur de la Ligue 2 avec le FC Metz, pourrait être intéressant. Voilà un jeune (24 ans) qui a toutes les dispositions d’un avant-centre moderne et dont Aliou Cissé pourrait en tirer profit dans le futur. Comme il l’a justement fait avec Krépin Diatta (20 ans) qui a joué sans complexe lors de la Can. En tout cas «Coach Cissé» devrait avoir de la matière lors de sa prochaine tournée européenne. La Can 2021, c’est si loin… si près.