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23 juillet 2025
LA TROUVAILLE DE MACKY SALL POUR METTRE FIN AU DESORDRE
En réunion du Conseil des ministres hier, le président de la République, Macky Sall, a demandé au ministre des Affaires étrangères de mettre en place de nouveaux passeports diplomatiques.
Cela, dans le but de remettre de l’ordre dans la délivrance “abusive’’, par l’Etat, de ces titres officiels.
“EnQuête’’ avait récemment évoqué, dans ses colonnes, la ferme volonté du président de la République de mettre de l’ordre dans l’octroi des passeports diplomatiques. Eh bien, Macky Sall n’a pas pris beaucoup de temps pour mettre le pied à l’étrier. Il a instruit, hier en Conseil des ministres, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ba, à mettre en place de nouveaux passeports diplomatiques. Cela, en vue d’une plus grande rationalité dans leur octroi. Une mesure qui ne va pas faire que des heureux. Au lendemain de son investiture coïncidant ainsi avec sa prise officielle de fonction, le président de la République s’est aussitôt attelé à remettre de l’ordre dans la délivrance de ces passeports diplomatiques.
Après la mise en place de son nouveau gouvernement, le président Macky Sall presse, donc, le pas pour juguler le mal et arrêter une bonne fois pour toute les dérives notées, depuis bien avant son avènement à la tête du pays, mais qui se sont beaucoup accentuées, au fil des dernières années. En effet, beaucoup de non ayants droit ont eu, ces dernières années, à bénéficier des avantages de ces titres de voyage, pourtant uniquement destinés à certains hauts cadres de l’Etat, à certaines autorités étatiques et aux représentants du peuple. Il faut relever que le président Macky Sall n’en est pas à sa première tentative pour mettre de l’ordre dans ce secteur. En 2012, alors qu’il venait d’accéder au pouvoir, il avait déjà déclaré la guerre aux détenteurs illégitimes de passeports officiels, diplomatiques et de service particulièrement.
A cet effet, des mesures drastiques avaient été prises pour corser d’abord les conditions d’octroi. Mais, très vite, on en était revenu à la situation ante. Voire pire, puisque l’on a même eu à se confronter au cas de Babacar Ndiaye, cet homosexuel qui avait exhibé à la face de tout le peuple son titre diplomatique qui lui permettait de se balader en toute quiétude dans beaucoup de pays. Une affaire qui avait fait beaucoup de bruit.
Entre-temps, même si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, il n’empêche que le problème se pose toujours avec acuité, dès lors que la crédibilité de l’Etat sénégalais est aujourd’hui mise à rude épreuve au sein du Parlement européen qui, en juillet 2018, a tenté de supprimer les avantages liés à ces types de passeport sénégalais. Le projet béni par la France avait été bloqué par l’Espagne et cela avait défrayé la chronique. Le chef de l’Etat a donc décidé remettre la mosquée au milieu du village.
«YELENNA », SOUL BANG’S LE VAUT BIEN
Dans les airs, jambes écartées, Soul Bang’s semble en apesanteur à des mètres de la terre. Cette image, immortalisée par Youri Lenquête et illustrant la pochette du nouvel album de l’artiste guinéen, résume le contenu de “Yelenna’’.
Le prix Découvertes Rfi 2016 est dans des sphères que son public ne lui connaissait jusqu’ici. Un vrai régal.
Le marché mondial l’intéresse comme tous les grands artistes ou ceux qui aspirent à l’être. Seulement, contrairement à d’autres, dans la compréhension de l’artiste guinéen Soul Bang’s, être artiste international ne se résume pas à être connu en Europe ou aux Usa. Etre connu en Afrique reste important pour lui. C’est pourquoi, il visite actuellement certaines capitales africaines pour présenter son dernier album “Yelenna’’ (sourire en langue soussou) sorti en janvier dernier et produit par Sony Music Entertainment Côte d’Ivoire. Dans ce cadre, il était en conférence de presse mardi à Dakar. “J’ai déjà présenté l’album en Côte d’Ivoire. Je pourrais le faire demain au Burkina ou ailleurs en Afrique’’, a-t-il informé.
D’ailleurs, son album s’adresse à toute l’Afrique. Les rythmes et sonorités sont divers. Il use du malinké, du soussou et du lingala pour faire passer ses messages. Ces derniers sont aussi variés. Mais la femme y demeure une constante. Le titre éponyme est un hommage à toutes les femmes. Comme pour dire, ce sont les femmes qui apportent la joie et le bonheur dans les foyers. Là où il y a ces sentiments, il y a de l’amour. Audelà des foyers, l’Afrique a besoin de cela, a dit Soul Bang’s. Parmi les femmes, se distingue sa mère.
D’ailleurs, c’est “N’na Lé’’ (c’est ma mère en langue soussou) qui ouvre cet album de treize titres. Il est un hommage à la mère de l’artiste. Pour Soul Bang’s, les mères sont au début de tout. Mieux encore, il considère que le monde ne peut se faire sans la femme. “S’il y a quelqu’un à fêter au quotidien, c’est la femme’’, a-t-il partagé. Lui s’y est déjà mis. Il ne célèbre pas que sa mère. Sa chanteuse de femme, naturellement, occupe une place importante dans sa vie. D’ailleurs, à cause de la sortie de l’album de sa tendre épouse prévue à la fin de ce mois, il suspend pour un moment la promotion de “Yelenna’’ pour mieux la soutenir. Il l’annonce les yeux brillants, le sourire aux lèvres.
A cette dernière, il a dédié l’une des chansons de ce nouvel album, “Un sens à ma vie’’. Cela veut tout dire. Cette chanson n’est pas la seule ode à l’amour. Ce sujet est également omniprésent dans cet album. “Pesa nga chance’’, “Singue love’’, “Singue love’’, “Ate tougna fola’’, “I want u’’ et “Agbeleman’’ parle tous d’amour. Seuls les messages diffèrent. Il est soit question d’un couple qui ne demande qu’à être heureux, mais est persécuté par l’entourage ; soit d’un jeune homme qui fait la cour à une jeune fille, soit des promesses d’un amoureux à sa dulcinée, etc.
Toutes les folies ou encore tous les malheurs que vivent des couples y passent. Les messages ne sont donc pas toujours beaux. Quelle qu’en soit la nature, tout de même, le prix Découvertes Rfi 2016 rappelle qu’il faut toujours garder la foi, “Allah Tongo’’. Dieu est le seul en qui avoir confiance, semble-t-il dire. Donc, ne baissez jamais les bras et ne vous laissez pas entrainer par “Daligni’’ (découragement en langue soussou). Il faut souligner que ce nouvel album de Soul Bang’s est assez différent de ce que l’artiste a offert à son public qu’il célèbre dans “I like it’’, jusqu’ici. Avec le très talentueux beat maker ivoirien d’origine ghanéenne Akatché. Avec Hernani Almeida, le duo de réalisateurs a fait un excellent travail au plan musical. Du r’n’b, qui semblait être la marque du jeune chanteur guinéen, il plonge les mélomanes dans un répertoire de sonorités africaines, disons guinéennes et très ondoyantes. Au plan vocal, Soul Bang’s bluffe carrément son auditoire. Tantôt, il sert nûment du Salif Keïta, tantôt du Mory Kanté, tantôt du Soul Bang’s tout bonnement. Un délice que d’écouter cet album en intégralité.
TROIS TRAFIQUANTS ARRETES AVEC DES PEAUX DE LEOPARD ET D’ANTILOPE
La police de Kédougou a interpellé, avant-hier, 3 trafiquants en possession de peaux de léopards et d’antilopes adultes fraîchement abattus
Avant-hier, les agents du Parc national de Niokolo-Koba, en collaboration étroite avec les éléments du commissariat urbain de Kédougou et l'appui du projet Eagle Sénégal, ont procédé à une importante saisie. Il s’agit de 3 peaux d’antilopes adultes fraîchement abattues et celles de léopard, des espèces intégralement protégées au Sénégal pour leur rareté, tout comme le lion. Les 3 trafiquants qui les détenaient sont interpellés. Il ressort des investigations que ce jour-là, c’est vers 14 h que les trois individus de nationalité sénégalaise ont été pris la main dans le sac. Aussitôt arrêtés, ils ont été conduits dans les locaux du commissariat de Kédougou où ils sont actuellement entendus pour les besoins de l’enquête. A ce stade de l’enquête, dit-on, ils sont poursuivis pour détention, circulation et commercialisation de peaux de léopard et d'antilope. Selon des sources, l'un des léopards proviendrait de la zone tampon du parc de Niokolo-Koba et aurait été lâchement piégé avant d’être abattu. Celles-ci renseignent que la région de Kédougou, par ses frontières avec la Guinée-Bissau, la Guinée et le Mali, est un haut lieu connu de trafic de faune transfrontalier et transnational.
Menace de disparition ou d'extinction totale
Le Sénégal oriental compte encore parmi ses joyaux au patrimoine naturel national, une grande faune des plus prestigieuses en Afrique, avec la présence bien établie de léopards, mais aussi de lions, d'hippopotames, d'éléphants, de chimpanzés et bien d'autres espèces moins connues du grand public, mais tout aussi présentes, discrètes et fragilisées. “Tous ces animaux sauvages et intégralement protégés au Sénégal par le Code de la chasse et de la faune, mais aussi par la Convention de Washington régissant leur commerce international, sont gravement menacés de disparition ou d'extinction totale de l'espèce, si leur abattage et commercialisation illégaux ne sont pas rigoureusement contrôlés et sévèrement sanctionnés’’, ont laissé entendre des experts en la matière.
LE PSYCHOLOGUE BABACAR DIOP PERCE LE MYSTERE
“Djinné Maïmouna, crises psychosociales et hystériformes dans l’école sénégalaise, approche psychosociologique’’ est le titre de l’ouvrage que vient de publier le docteur en sociologie et psychologue conseiller Babacar Diop.
Il cherche à donner une explication rationnelle aux crises psychosociales des élèves. La cérémonie de dédicace a eu lieu, hier, au lycée Kennedy.
“Djinn’’ vient du mot arabe “Jihann’’ qui signifie caché, invisible. L’auteur l’associe au prénom Maïmouna, en raison des multiples mésaventures entourant cet être surnaturel qui affecte le plus souvent les jeunes filles. Le titre et la photo de couverture du livre pourraient laisser penser qu’il s’agit d’une énième démonstration visant à pérenniser dans les esprits l’existence d’êtres surnaturels prompts à perturber la quiétude des élèves sénégalais. Mais non, car ici, l’auteur s’attèle, par une méthode rigoureuse hautement saluée par ses pairs, à déconstruire le mythe entourant les crises d’hystérie affectant bon nombre d’apprenants. Si les chefs religieux affirment que l’islam reconnait l’existence des djinns, dans cette œuvre de 200 pages subdivisée en six chapitres, Babacar Diop s’évertue à expliquer de manière rationnelle les causes des nombreuses crises psychosociales des élèves, particulièrement des filles dans les lycées et collèges du Sénégal. Partant de l’origine même des crises d’hystérie dans l’Antiquité grecque, il présente l’ampleur de la problématique dans les lycées et collèges, non sans répertorier les causes après des enquêtes menées dans différents établissements du pays. Le psychologue conseiller a, par ailleurs, montré les différentes formes de manifestation, non sans proposer des solutions de prise en charge à l’ensemble du système éducatif.
Solutions de prise en charge
Déterminé à aller au-delà des explications magico-religieuses de ce phénomène longtemps véhiculées et d’éclairer la lanterne des Sénégalais, Babacar Diop propose une approche scientifique. La lecture de son livre ouvre des pistes de réponses sociologiques, psychologiques et biologiques. C’est sans doute pour cette raison qu’il invite à rire et à sourire face à cette notion de djinn. “Souvent, dans la société sénégalaise, lorsqu’un phénomène parait incompréhensible, l’homo senegalensis a tendance à se référer au djinn qui est un héritage de l’islam. Cependant, de nos enquêtes, nous avons constaté que ces crises s’expliquent par plusieurs phobies. La phobie des devoirs, de l’échec, des examens. Ce sont des craintes irrationnelles, angoissantes. Nous avons aussi montré qu’elles s’expliquent par les représentations traumatisantes qu’on observe dans la société sénégalaise. En outre, la faim fait partie des causes, car quand on a faim, des réactions biochimiques se déclenchent et peuvent conduire à ces crises. Elles ont aussi un lien avec la pauvreté des familles des victimes’’, fait-il savoir. Selon lui, le problème est d’actualité et plusieurs conséquences en découlent : les troubles de mémoire, de la concentration, de l’humeur, une stigmatisation, une discrimination, une auto-stigmatisation, des blessures psychosomatiques et la peur de la solitude.
Pourquoi les jeunes filles sont les plus exposées
Les filles sont caractérisées par une fragilité émotionnelle, psychophysiologique, un fait plus accentué à l’adolescence. En effet, ce moment fait de changements physiques arrive avec son lot de bouleversements psychologiques et émotionnels, installant une vulnérabilité de l’adolescente prompte à craquer à tout moment. Par ailleurs, l’école sénégalaise, dans sa structuration, semble enfoncer le clou. Car enseignants et personnel médical s’accordent pour dire qu’un pic de ces crises est noté en période d’évaluation. Ainsi, en plus de la surcharge scolaire, les élèves font face au quotidien à une pression familiale et communautaire quant à leurs performances scolaires. Bref, ils sont attendus de pied ferme. Et le directeur du Centre national d’orientation, Macodou Dièye, de dire : “Il faut être témoin de ces crises pour en mesurer la gravité. Des élèves tombant subitement animés d’une énergie incontrôlable… Je pense qu’il est important de se poser les bonnes questions. Est-ce que ce système éducatif est fait pour nous ? Est-il adapté à nos réalités ? Sommes-nous à l’aise avec ce système éducatif où, parfois, nous apprenons des choses lourdes et statiques datant de l’Antiquité, n’ayant aucun rapport avec ce que vivent nos élèves ? Je pense que, souvent, nous demandons aux élèves plus qu’ils n’en peuvent. Je félicite Babacar pour son courage, car il a touché un point jusque-là tabou, pourtant bien réel dans nos établissements, en proposant des solutions pertinentes. Expliquer, c’est comprendre et comprendre, c’est aider le système éducatif’’.
Les responsabilités sont partagées
Pour d’autres, “Djinné Maïmouna’’ met chaque acteur devant ses responsabilités. Les enseignants sont invités à revoir leur pédagogie, la gestion d’une classe en fonction des différences des uns et des autres, afin d’éviter toute frustration. Les parents sont interpellés quant à la forte pression qu’ils mettent sur leurs enfants qui, souvent, sont en perte de repères. Toutefois, une autre cause de ces crises, souvent banalisées, est aujourd’hui source de déséquilibre physiologique dont l’hypoglycémie ou encore la baisse du glucose sanguin source d’énergie. Il se trouve que la sous-alimentation cause bien de dégâts. “Les enfants de Dakar ne prennent pas le petit-déjeuner. A cause des embouteillages, l’enfant quitte tôt la maison, le ventre vide. Chaque jour, des filles tombent et le personnel médical est souvent submergé. Vous les voyez prendre une tasse de café devant le portail sans aucun accompagnement. Elles ne mangent rien jusqu’à la fin des cours qui vont jusqu’à 17 h et cela les affaiblit complètement. J’interpelle vivement les parents sur ce point. Le petit-déjeuner est un repas essentiel’’, martèle la proviseure du lycée John F. Kennedy. Babacar Diop peut se féliciter d’avoir apporté des réponses et des solutions à plusieurs chefs d’établissement présents à cette cérémonie de dédicace confrontés à ce phénomène. Ce sont, entre autres, l’implication du psychologue conseiller dans la prévention des crises d’hystérie, dans tous les établissements du pays, la présence active des assistantes sociales et le retour des cantines scolaires. Ce qui fait dire à Idrissa Diop, enseignant chercheur à l’Ucad, que “dans nos écoles, le psychologue est sous-employé. Il ne sert qu’à orienter les élèves.
Pourtant, il a été formé pour agir en faveur du bien-être des élèves. Ce dernier est capable d’accompagner les enfants en difficulté qui, très souvent, ont une personnalité fragile. Evitons de frapper nos enfants, parce que quand vous le faites, vous lui dites qu’il n’est rien, qu’il ne vaut rien. Bref, vous le rabaissez sérieusement’’. Cependant, certains pensent que la consommation de drogue et d’alcool en milieu scolaire n’est pas à exclure. L’auteur a le mérite de s’être lancé sur un terrain vierge et ouvre ainsi des pistes de réflexion sur un sujet dont l’étude est loin d’être épuisée. La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep), selon son coordonnateur Cheikh Mbow, se réjouit d’avoir enfin la pièce manquante du puzzle dans la gestion du système éducatif sénégalais. Il entend partager les informations de l’auteur à l’échelle nationale, œuvrer pour l’accessibilité du livre aux acteurs de l’éducation nationale et enfin faire un plaidoyer dans le but d’alerter l’opinion et d’éradiquer le phénomène
Par Yoro BA
UN MANDAT POUR S’INSTALLER DANS L’HISTOIRE
je vais tenter de vous raconter la belle histoire des cinq prochaines années telles qu’on peut l’imaginer à partir de ce qu’on l’on sait aujourd’hui du bilan et des perspectives du PSE
En effet, les populations sénégalaises matures et attachées à leur destinée, dans chaque communauté rurale, dans chaque commune, dans chaque région, ce peuple pacifique et patient des ethnies et des tarikhas, des riches et des moins fortunés, ont sanctionné positivement le bilan du Président Macky SALL, et accordé une confortable majorité à la plus large, la plus crédible, la plus durable coalition de l’histoire récente de notre pays, en l'occurrence Benno Bokk Yaakaar.
Une brève histoire de l’avenir
Avec toute l’humilité requise, je vais tenter de vous raconter la belle histoire des cinq prochaines années telles qu’on peut l’imaginer à partir de ce qu’on l’on sait aujourd’hui du bilan et des perspectives du Plan Sénégal émergent, autrement dit, vous conter une “brève histoire de l’avenir” pour reprendre la belle formule de Jacques Attali. Notre pays, notre peuple, notre culture, notre démocratie ont l’obligation de rentrer dans ce temps du temps d’après, dans lequel seul un puissant ressort moral et spirituel sera en mesure d’affronter les doctrines et les radicalités. Nous irons donc au-delà du bilan infrastructurel pour insister sur les perspectives qui touchent à l’éthique, à la paix, à la sécurité, à la construction du citoyen, à l’infrastructure morale, en bref aux valeurs.
Des Valeurs
Partant du postulat que les valeurs, pour abstraites qu’elles soient, peuvent être considérées comme des idéaux collectifs, susceptibles d’orienter le actions individuelles, sera-t-il possible de réussir l’émergence sans en tenir compte ? Surtout que des auteurs comme Durkheim considère “qu’une fois les valeurs ordonnées, elles sont porteuses d’une vision du monde, donnent un sens aux pratiques des individus, et s’imposent à eux”. Un autre auteur, Max Weber, dans “L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme” montre que des valeurs, -religieuses dans son cas-, peuvent être un des facteurs du changement économique et social, que ce facteur pouvait jouer un rôle essentiel dans certaines transformations sociales et intervenir de façon très indirecte dans d’autres. Il en est ainsi, selon Weber, de l’essor de l’esprit d’entreprise et du capitalisme moderne, qui a été favorisé par la morale issue du calvinisme. Au vu de ces constats, s’impose à nous la question de savoir si l’échec patent, manifeste, constaté, des différents plans de développement appliqués au Sénégal depuis les indépendances, ne serait pas le fait de la non-tenue en compte des normes et valeurs auxquelles les Sénégalais croient et qui déterminent finalement leur comportement ? En ignorant totalement cet aspect du problème et en ne se focalisant que sur des aspects techniques et technocratiques, n’a-t-on pas fait bon marché des aspects liés aux normes et valeurs, à la culture, à la religion, bref aux aspects sociaux de la nation, comme facteurs indispensables pour tout développement économique ? Le cas échéant, ne va-t-on pas assister à la reproduction du même résultat pour le P.S.E. ? Les décisions des leaders politiques sont principalement influencées par leurs perceptions de la réalité qui sont faites de l’appréciation qu’ils portent sur leur État comme sur celui des pays tiers, de leurs informations, de l’attirance ou de la répulsion qu’ils éprouvent face à tel interlocuteur ou fait international, de leur prédisposition à agir ou à temporiser, des valeurs qu’ils ont intériorisées au fil des années. Permettez-moi à ce niveau de visiter “Le Sénégal au Cœur” du Président Macky Sall, œuvre dans laquelle on découvre à la fois des leçons de dignité et de patriotisme, d’humilité et de courage, des leçons de vie simplement.
Leçon de dignité
“Ma mère plaçait la dignité audessus de tout : elle nous a élevés dans le culte de l’effort et de la fierté, elle nous a appris à nous suffire de ce que nous avions et à ne pas envier de plus nantis que nous. Mon père disait on peut perdre une bataille, mais il faut toujours garder l’arme au poing pour gagner la suivante” p.16
Leçon de patriotisme
“On ne peut pas diriger un pays et ne pas se mettre à son service, sinon on n’est là que pour son intérêt personnel et son ego surdimensionné. Je travaille à tracer des sillons à transformer mon pays, le Sénégal, de façon à laisser quelque chose derrière moi, non pour ma propre postérité, mais pour cette terre qui m’a vu naître”. p.44
Leçon d’humilité
“Politiquement, j’engrange de l’expérience et j’observe. Je ne fais pas les titres des journaux, je ne cherche pas la lumière, je passe pour un bon cadre du PDS, qui ne fait pas de vagues et reste loin des intrigues. Lors des photos de groupe, je n’essaie pas de jouer des coudes : ce n’est pas mon tempérament, ni ma manière d’exister” p.46
Leçon de vie
“La trahison, les complots et les intrigues n’existent pas dans le disque dur de mon éducation et de ma vision du monde. Je ne crois ni à la ruse ni à la philosophie consistant à penser que tous les coups sont permis en politique” p.73 C’est donc une démarche tout en hauteur qui voudrait que les paroles soient corroborées voire précédées par des actes car ici, comme nous le dit si bien André GIDE, “ce n’est pas seulement le monde qu’il s’agit de changer mais l’homme. D’où surgirat-il, cet homme neuf ? Non du dehors, camarade, saches le découvrir en toi-même (“Xaam sa bopp”) et comme du minerai l’on extrait un pur métal sans scories, exiges de toi cet homme attendu”. En ce sens, la volonté politique sera au service de la compétence, la compétence au service de l’Etat, l’Etat au service des citoyens, les citoyens au service du pays. Bien entendu, cette ambition du Président de la République ne sera possible que dans : -l’unité c'est-à-dire cette harmonie d’ensemble d’une œuvre politique ou cette combinaison de différentes choses de manière qu’elles ne forment plus qu’un tout -le travail ou l’occupation rétribuée, qui en économie politique est l’un des facteurs de production. Il s’agit de se donner de la peine pour faire, pour exécuter une chose qui produise un intérêt -la justice, c'est-à-dire la vertu morale qui fait rendre à chacun ce qui lui est dû, une justice économique et sociale, objectif d’une économie menée en vue d’assurer entre les individus une égalité –au moins relative- en matière de satisfaction des besoins.
De l’économie
Quelques mois après l’accession du président Macky SALL à la Présidence de la république, les nouvelles autorités du pays se sont résolument engagées dans un nouveau modèle de développement économique et social, le Plan Sénégal Emergent (PSE), qui vise à travers un agenda de transformations économiques et sociales, l’émergence dans la solidarité. Il s’agit donc grâce à une stratégie déclinée autour de trois axes (-transformation structurelle de l’économie et de la croissance,-capital humain, protection et développement durable,-gouvernance, institutions, paix et sécurité), de mettre en place un ensemble de projets structurants à fort contenu de valeur ajoutée et d’emplois avec pour objectif principal l'émergence. L’émergence qui pourrait être définie comme “une variation adaptée à la mondialisation en cours sur le même thème de décollage de Walt W. ROSTOV, et qui marque un réel point tournant, faisant passer un pays pauvre d’un équilibre de faible croissance, à un meilleur équilibre de croissance forte, durable et diversifiée, dans un contexte de stabilité macro-économique”. Pour atteindre cet objectif d'émergence, le Président Macky Sall aura besoin de patriotes et de leaders : entrepreneurs visionnaires, intellectuels progressistes, économistes avisés, et communicateurs de masse. Il compte mobiliser le leadership politique et économique, organiser les acteurs locaux qui ont l’ambition de créer de la richesse qui répondent aux besoins de nos marchés intérieurs, de ceux de la sous-région et du reste de l’Afrique. L'énorme potentiel de ces marchés soutenu par les tendances démographiques fortes des 50 prochaines années, permettra de soutenir une croissance qu’il veut forte et inclusive pour aller vers un développement durable et endogène, tout en enrayant définitivement la grande pauvreté dans le monde rural. L’emploi en général, celui des jeunes en particulier, constitue une problématique à laquelle il faut trouver une solution rapide pour ne pas hypothéquer la paix sociale. Pour éviter de susciter une espérance vite rattrapée par la réalité du taux de chômage, le Président Sall, à côté des politiques agricoles instituant les DAC (Domaines Agricoles Communautaires) et dont il escompte tirer un maximum d’emploi, à côté des fonds administrés par l’ANPEJ, de l’Agence pour la sécurité et de la Délégation à l’Emploi Rapide (DER), va s’atteler à mettre en place un cadre propice à l’émergence d’opportunités fortes, pour stimuler le secteur privé à investir et à multiplier la création de PME/PMI sénégalaises performantes , c'est-à-dire créatives de valeur ajoutée et donc d’emplois. C’est tout le sens qu’il faut donner au programme “Liggéeyal Ellek dans ses déclinaisons 5 Initiatives Majeures, 3 programmes sectoriels et 5 accès universels. Dans le même temps, à travers la promotion du concept EcoleInnovation par exemple, le Président Macky Sall vise l’éclosion des talents et la création d’emplois, grâce aux Centres d’initiatives pour l’Emploi et l’Entreprenariat Local (CIEL)
Du partenariat politique
Pendant sept ans, le Président Sall n’a eu de cesse d’exhorter les militants et la direction de son parti l’APR à travailler avec ses partenaires politiques de BBY dans un esprit critique, sans suspicion, mais avec l’humilité requise, pour une refondation de la République sur des bases démocratiques et transparentes. Pour les cinq années à venir, le Président Sall continuera de s’inscrire dans un élan d’ouverture et d’inclusion afin que toutes les forces patriotiques et démocratiques partageant les mêmes valeurs d’éthique se mobilisent pour construire ensemble un nouveau type de citoyen sénégalais. Le Président invite donc la coalition BBY à réfléchir sur des thèmes aussi importants et urgents que les stratégies qui offrent à une collectivité humaine une représentation du monde et de la société qui lui permet d’agir sur la défense de ses intérêts matériels. Il nous faudra réfléchir sur comment transformer notre coalition, le BBY en un puissant facteur de mobilisation afin qu’ il puisse entreprendre des actions pour abréger les souffrances et les frustrations des masses, et ouvrir à notre pays des perspectives qui l’éloignent de la médiocrité ; réfléchir et proposer les modalités à mettre en œuvre pour promouvoir réellement la construction nationale, édifier une société juste et fraternelle pour permettre à chaque sénégalaise, chaque sénégalais, d’occuper la place que lui assignent ses mérites et son dévouement aux intérêt du pays (Jëf Jël Niaax Jarinu).
Yoro BA est Sociologue, président (NAFORE) NOUVELLE ALLIANCE DES FORCES RÉPUBLICAINESTEMOIN
QU’EST-CE QUI FAIT DONC COURIR MACKY ?
Pourquoi ces rencontres au pas de course avec les responsables de son camp ? A l’évidence, le président mijote quelque chose et a un projet ou une idée derrière la tête - Pour ne pas dire qu’il cache quelque chose aux Sénégalais
Le professeur Moussa Diaw de l’Ugb et le journaliste Ibrahima Bakhoum répondent à cette question.
Après l’annonce de la suppression du poste de Premier ministre le samedi 6 avril dernier pour, dit-il, aller très vite dans sa politique — une volonté d’accélération résumée par son désormais fameux slogan « Fast-track » —, le président de la République a entamé des séries de rencontres avec les responsables de son parti, les députés de la majorité présidentielle et les alliés. Des actes qui poussent beaucoup à se demander ce qui fait… courir le président de la République si réellement il effectue son dernier mandat à la tête de notre pays.
Après la proclamation de sa victoire par le Conseil constitutionnel, le président Macky Sall a prêté serment le 2 avril dernier. Quatre jours après, le samedi 6 avril 2019, il a reconduit Mahammad Boun Abdallah Dionne qui annonce à la surprise générale sa nomination comme ministre d’Etat et secrétaire général chargé de préparer… la suppression prochaine de son poste. Le Président voudrait en effet monter en première ligne, supprimer le niveau intermédiaire de décision que constituait la Primature et être responsable devant les Sénégalais. Le tout est résumé dans le mot anglais de « Fast-track ».
Après la formation de son gouvernement composé de 32 ministres et de 3 secrétaires d’Etat, Macky Sall enfile ses habits de politicien et entame une série de rencontres. D’abord avec le secrétariat exécutif national (Sen) de son parti, l’Alliance Pour la République (APR) le lundi 15 avril dernier. Puis, le lendemain mardi 16 avril, avec les députés de sa majorité. Il devrait rencontrer ce jour les alliés de la majorité présidentielle. Pourquoi la suppression du poste de Premier ministre ? Pourquoi ces rencontres au pas de course avec les responsables de son camp ? Pourquoi cette volonté d’aller si vite, d’accélérer la cadence comme disait son ancien Premier ministre Aminata Touré ?
A l’évidence, le président Macky Sall mijote quelque chose et a un projet ou une idée derrière la tête. Pour ne pas dire qu’il cache quelque chose aux Sénégalais. Que nous concocte-t-il au juste ? Nous avons posé la question à un professeur de sciences politiques et à un journaliste. Pour le professeur Moussa Diaw, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, les motivations présidentielles peuvent s’appuyer sur la nécessité de préparer un dauphin, quelqu’un qui va le remplacer et qui va assurer la continuité de sa politique. Mais, ce qui pose quand même une interrogation est, selon M. Diaw, que Macky Sall a gagné les élections confortablement et s’est engagé dans un resserrement du gouvernement tout en comptant mettre en œuvre la méthode fast-track pour aller plus vite, épuiser les dossiers et exécuter les projets de l’exécutif avec beaucoup d’efficacité. « Donc, cela, c’est l’argument qui a été développé. Mais, en réalité, est-ce que cela ne cache pas d’autres motivations, d’autres ambitions ? Il y a certainement des motivations cachées et on le saura d’ici quelque temps. Parce que si c’est pour l’efficacité, il pouvait procéder autrement en gardant le Premier ministre. Mahammad Dionne a sa confiance et il l’a remercié publiquement, donc, pourquoi ne pas continuer avec lui ?
Pourquoi décide-t-il de changer le régime politique vu qu’on n’est pas dans une situation de crise ? » s’interroge l’enseignant chercheur à l’Ugb. Quant au journaliste Ibrahima Bakhoum, il pense que Macky Sall veut certainement marquer le coup comme cela se fait dans beaucoup de pays en Afrique. Cela veut dire qu’il va actionner des leviers avec des gens qui vont manifester un peu partout en disant qu’il nous faut encore ce président-là « parce qu’il a beaucoup travaillé et tout ». « Vous avez entendu Ismaïla Madior Fall, son actuel ministre d’Etat, dire qu’ « en principe » le Président ne va pas se représenter. Ce « en principe »-là ouvre tous les principes. Je préfère ne pas donner l’exemple du président tchadien qui aurait dit qu’il voulait partir mais que c’est la France qui l’a empêché de partir. Donc, on ne serait pas surpris d’entendre Macky Sall dire que je voulais partir mais c’est les Sénégalais qui m’ont demandé de rester.
L’autre chose est que même indépendamment de se présenter, il y a eu autant de problèmes lors des législatives. Il y a eu lors de la présidentielle : inscription, sous-inscription, réinscription, désinscription, non-inscription, sur-inscription sur les listes électorales. Donc, cette présidentielle a été entachée par ces points-là. Alors, il a besoin que, s’il va aux locales, sa coalition arrive en tête. Donc, mettre un peu d’ordre en promettant à ses troupes quelque chose lors de cette élection. Toutefois, on a entendu le Premier ministre Mahammad Dionne dire qu’on ne peut pas avoir deux élections en une seule année. En outre, le Président est en train de se précipiter et d’évacuer des points dont il ne voudrait pas parler lors du dialogue. Parmi ces points, la suppression du poste du Premier ministre », explique le doyen Ibrahima Bakhoum.
Des propos relativisés par le Pr Moussa Diaw qui estime qu’il n’y a pas une opposition forte actuellement qui pourrait empêcher Macky Sall de dérouler convenablement ses stratégies. Il se demande donc pourquoi se risquer à changer de régime politique. C’est cela la vraie question, selon lui. Parce qu’avec la suppression du poste de Premier ministre, on va, selon l’enseignant à l’Ugb, assister à une sorte de tripatouillage de la Constitution. Ce du fait qu’on va réformer encore la Constitution avec tout ce que cela engendrera comme transformations institutionnelles et politiques et la démocratie risque d’en souffrir. « Lui, il n’aura pas de problème parce qu’il a la majorité mécanique. Mais, on aura une Assemblée nationale qui n’aura plus la possibilité de contrôler le gouvernement. Il n’y aura plus de déclaration de politique générale. Il n’aura lui aussi plus la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale. Mais, après lui, quand on aura un Président qui n’est pas du même bord que la majorité à l’Assemblée nationale, qu’est-ce qui va se passer ? On pourrait se retrouver avec un blocage parce qu’il n’y a aucun levier permettant de surmonter la situation s’il y a un blocage. Donc, on s’engouffre dans l’incertitude, dans des situations politiques s’il y a blocage. C’est pourquoi sa vraie motivation, on la connait. Certainement, il y a des motivations politiques derrière tous les actes qu’il est en train de poser » soupçonne le Pr Moussa Diaw de l’Ugb.
Moussa Diaw politologue : « Si personne ne s’oppose à Macky, il pourrait se représenter en 2024 »
Ce qui fait dire à l’enseignant chercheur qu’en politique tout est possible. Raison pour laquelle, il est d’avis que Macky veut évacuer très tôt ce problème en disant qu’il ne veut plus en parler. Mais, s’il subit une pression il pourrait se présenter une nouvelle fois en 2024. Parce que rien ne l’empêche, pense-t-il, de le faire tout en sachant que le Conseil Constitutionnel va valider sa candidature s’il la déposait. « Ce, du fait qu’on a dit que les 7 ans qu’il vient de boucler ne sont pas concernés. Ce 5 ans serait son premier mandat. Pour l’instant, il peut évacuer la question. Mais, il peut y avoir une évolution politique. Il y a des pressions. Et si jamais il veut partir, il y a des proches qui l’entourent et qui ne voudraient pas qu’il les lâche. En politique, c’est juste des situations à saisir. Donc, la porte n’est pas totalement fermée. Si personne ne s’oppose à lui, il pourrait se représenter en 2024. Parce que s’il n’avait aucune autre motivation derrière la tête, il n’allait pas s’attarder sur toutes ses réformes notamment avec la suppression du poste du Premier ministre », prévient le Pr Moussa Diaw. Des propos confirmés par le journaliste Ibrahima Bakhoum qui ne serait pas du tout surpris si Macky Sall décidait de se représenter en 2024. Et de développer son argumentation: « Vous savez, il y a des choses qu’on ne dit pas. Lui, Macky Sall, depuis 2012, quand il disait aux gens que je ferai 5ans, il savait déjà qu’il était en situation de faire 7 ans. Donc, aujourd’hui, la loi telle quelle est écrite, et ce sont des juristes qui l’ont dit, lui donne l’opportunité de se représenter en 2024. Parce qu’il n’y a pas de rétroactivité. Et s’il n’y a pas de rétroactivité, il pourrait encore briguer un autre mandat. Le mandat s’appelle 5 ans. On n’a pas dit séjour. On a dit mandat. Si on avait dit séjour à la tête du pays, les 7ans en feraient partie. »
Ibrahima Bakhoum : « Je ne serais du tout pas surpris si le Président Macky Sall se représentait en 2024 »
Néanmoins, le doyen Bakhoum pense que si l’actuel président de la République fait de bons résultats d’ici 2024, il aura, au lieu de se présenter lui-même, déjà préparé son dauphin. « Plutôt que de se dire, retenez moi avant que je ne parte, il dira que ‘puisque vous êtes satisfaits, Dionne est là. Le succès a été obtenu grâce à nous deux’. Et pourquoi, on positionnerait Dionne ? C’est juste pour sécuriser ses arrières », soutient en conclusion le doyen Ibrahima Bakhoum.
''MACKY SALL VA DEVENIR PLUS QU’UN ROI, UN EMPEREUR !''
Le chef de l’Etat va supprimer le poste de Premier ministre. Il voudrait écarter cet échelon intermédiaire afin que ses ministres lui rendent compte directement. Toutefois, avec cette mesure, il risque de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains.
Ce qui pousse notre interlocuteur, un éminent universitaire qui a requis l’anonymat, à soutenir que Macky Sall sera plus qu’un Roi, « un empereur ». Cependant cette attitude ne sera pas sans conséquence. En cas d’échec, ce sera celui du président de la République qui n’aura plus désormais de boucliers.
Il l’avait annoncée lors de la prestation de serment. Il est en passe de la réaliser. C’est maintenant clair dans l’esprit de ses concitoyens, Macky Sall va procéder à un toilettage du texte constitutionnel. Cela passe par la suppression du poste de Premier ministre mais aussi d’autres mesures additives. Pressé par le temps, le chef de l’Etat veut aller vite. Selon lui, cinq années ça passe vite et, puisqu’il veut laisser quelque chose pour la postérité, il a décidé de prendre les choses en mains. Interrogé pour éclairer notre lanterne et celle de nos lecteurs sur la pertinence ou non de la suppression du poste de Premier ministre, notre interlocuteur qui préfère garder l’anonymat explique qu’il y a quelque chose de positif dans cette initiative. « Il y aura plus de cohérence dans le contrôle de l’action gouvernementale car le Président aura directement affaire avec celui qui a en charge d’exécuter un programme dans un département donné » explique d’emblée cet universitaire sous le sceau de l’anonymat.
Selon lui, la suppression du poste de Premier ministre permettra au président de la République de renoncer au bouclier qu’était le chef du gouvernement mais aussi de régler le problème du dauphinat. « Le Président a envie de prendre en mains directement la gouvernance du pays. Macky Sall veut à la fois régner et gouverner. Il veut manœuvrer directement le pays, c’est pourquoi il a décidé de renoncer au bouclier qu’était le PM. Ce dernier lui servait aussi d’intermédiaire avec les ministres. «Aujourd’hui, avec cette suppression, Macky Sall va aller directement au front. Ce qui est risqué pour lui car s’il réussit, ce sera un triomphe et un succès personnel qui peuvent lui faire nourrir d’autres ambitions. Mais s’il y a échec, ce sera celui du Président de la République » explique notre interlocuteur. « La seconde lecture que pourrait faire le chef de l’Etat, c’est que peut être qu’il a eu vent du dauphinat. Il y a eu beaucoup de bruits autour du poste de Premier ministre. Plusieurs personnalités politiques voulaient ce poste. En le supprimant, il supprime un objet de cristallisation, de convoitises. Cela va lui permettre d’éviter de futurs conflits, des tiraillements entre membres de son parti ou de sa coalition qui auraient quelques velléités pour occuper ce poste » a argumenté notre universitaire anonyme. Lequel estime qu’avec cette mesure, forcément, le Président sera plus fort car tous les pouvoirs dévolus au PM vont lui échoir en plus de ceux que lui confère la Constitution. « Il va avoir tous les pouvoirs administratifs et règlementaires. C’est lui qui détiendra le pouvoir exécutif et le gouvernement n’existera que de nom. En réalité, il n’y aura plus de gouvernement. A la place, on verra à un président de la République et ses collaborateurs. Si vous y ajoutez la forte majorité dont il dispose à l’Assemblée nationale, vous vous rendrez compte à quel point il devient puissant et fort » indique ce constitutionaliste qui considère que, dans ses conditions, il y aura une absence de contrepouvoirs.
Les conséquences de cette suppression
« Certains observateurs craignent un pouvoir présidentiel trop fort. Une tendance à l’autoritarisme et à la dictature. Il va devenir quasiment plus qu’un Roi, un empereur !» a martelé notre interlocuteur. Selon lui, cette suppression du poste de Premier ministre occasionnera un surcroît de travail pour le président de la République. Mais, s’empresse-t-il de relativiser, « puisqu’il a eu l’intelligence de nommer un ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence, j’imagine qu’une bonne partie du travail va lui incomber. En tout état de cause, il y aura une charge de travail supplémentaire mais peut-être qu’il est suffisamment préparé pour l’assumer » conclut notre universitaire ayant requis l’anonymat.
PAR Pape NDIAYE
NE NOUS ÔTEZ SURTOUT PAS NOTRE BOUT PAIN DE LA BOUCHE !
Si le Sénégal n’a jamais connu des émeutes du riz, c’est parce que nos compatriotes ont toujours pu se rabattre sur le bon vieux « mbourou » - Le pain constitue son compagnon inséparable dans nos ventres
Décidément ! Au Sénégal, le pain est à la base de tous les « repas » de fortune. Il se mange à toutes les sauces et est assaisonné à tous les goûts. D’où les multiples variations autour de cet aliment fait avec de la farine : Du « pain-thon » au « pain boulettes » en passant par le « pain ndambé », le « pain-chocolat », le « pain-beurre », le « pain-mayonnaise » ou le « pain-omelette », il y en a pour tous les goûts ainsi que pour toutes les bourses !
Crise économique provoquant, le dîner du soir autour d’un grand bol tel qu’on le connaissait dans les décennies 60-90 n’existe plus. Alors, sus aux pains tartinés de quelque chose ! C’est justement de ce petit morceau de pain trompant notre faim du soir, ou de ces baguettes qu’on avale goulument le matin, que les boulangers de notre pays ont décidé de nous priver trois jours durant pour cause de grève. Une grève consécutive à l’augmentation du prix du sac de farine, passé de 16.200 à 18.500 francs. Or, le pain est un aliment ancré dans nos habitudes alimentaires. Et qui explique que si le Sénégal n’a jamais connu des émeutes du riz, c’est parce que nos compatriotes ont toujours pu se rabattre sur le bon vieux « mbourou » si apprécié de nos Pulaar, Sérères et aussi de nos voisins Guinéens « Peulh Fouta » ! Un pain dont nos voisins Koroboro maliens, grands vendeurs de « tangana » devant l’éternel, constituent avec les « Ndreng » les plus grands distributeurs (mais aussi consommateurs mais chût ! ne le criez pas trop fort). Mais si le riz reste et demeure l’aliment de base par excellence des Sénégalais, le pain constitue son compagnon inséparable dans nos ventres ! Un compagnon idéal et incontournable puisque jamais un repas sans pain. Cela est valable aussi bien pour les riches que pour les pauvres. Surtout pour les pauvres puisque, dans les ménages les plus démunis, le pain constitue le principal complice des repas en tartes : petit déjeuner, déjeuner et diner. D’où des millions de baguettes de pain vendues chaque jour à Dakar. De même que dans les villages les plus reculés où le « tapalapa » ou pain traditionnel se vend comme de petits… pains.
Sans compter les miches de pain rassis collectées dans les boulangeries et expédiées dans les villages où ils retrouvent une seconde vie dans les panses des… Ndiobènes. Il s’y ajoute qu’avec la multiplication des recettes de tartes sucrées ou salées, la dépendance alimentaire vis-à-vis du pain s’est aggravée. Comme quoi, les Sénégalais ne peuvent plus vivre sans pain. Pour eux, c’est le pain ou la mort ! Sous d’autres cieux, c’est la mort comme ce fut le cas lors des émeutes du pain (1983 et 1984) en Tunisie ou des dizaines (70) de personnes ont été tuées dans des manifestations contre la hausse du prix du pain. Et malgré la proclamation de l’état d’urgence et le couvre-feu décrétés par le président Habib Bourguiba, les émeutes se sont poursuivies dans tout le pays jusqu’à faire vaciller le régime. Et pour sauver sa peau et éviter de se faire « tartiner » par le pain de la rue, le président de la République avait convoqué la télévision nationale à 5 h du matin pour annoncer avoir annulé toutes les augmentations du prix du pain !
En Algérie aussi, 31 ans avant les actuelles manifestations pour exiger que le Système (Bouteflika en tête) dégage, il y avait eu en 1988 des émeutes du pain qui avaient fait une centaine de morts. Comme quoi, on ne plaisante pas avec le pain ! Récemment, au Soudan, c’est le triplement du prix du pain qui a d’abord fait trembler le régime soudanais jusqu’à provoquer la chute du président Omar el-Béchir. Cette augmentation avait provoqué un soulèvement des populations dans un pays dirigé d’une main de fer depuis plus de 30 ans par un dictateur féroce. Certes, le pain n’est pas le riz et comparaison n’est pas raison ! Seulement, ils sont tous les deux des aliments « siamois » qui volent quotidiennement à nos secours. Autant de choses qui font que nous supplions à genoux les grévistes de la Fnbs : « honorables boulangers du Sénégal, ne nous ôtez surtout pas notre bout de pain de la bouche ! » …
MATI DIOP AU FESTIVAL DE CANNES
La cinéaste sénégalaise, avec son film «Atlantique», figure sur la liste des réalisateurs sélectionnés pour la Palme d’or de la 72e édition
Selon Radio France internationale (Rfi), le film de Mati Diop sera en concurrence avec les dernières productions de Pedro Almodovar, Arnaud Desplechin, Ken Loach et des frères Dardenne. Au total, 19 films seront en compétition lors du Festival de Cannes prévu du 14 au 25 mai prochain.
Née en 1982, Mati Diop a la culture dans le sang. En effet, elle est la fille de Wasis Diop, pionnier de la world music, et la nièce de Djibril Diop Mambéty qui a signé entre autres les films Touki Bouki en 1973 et Hyènes en 1992.
Dans sa carrière d’actrice, Mati Diop a joué dans les films 35 rhums de Claire Denis (2008), Le Garde-corps de Lucrezia Lippi (2009), Yoshido de Sébastien Betbeder (2010), Sleepwalkers de Thierry de Peretti (2010), Bye Bye d'Édouard Deluc (2011), Un autre monde de Gabriel Aghion (2011), Simon Killer d'Antonio Campos (2012) et Fort Buchanan de Benjamin Crotty (2014).
Par Déthié FAYE
SUPPRESSIONS DU POSTE DE PREMIER MINISTRE, CONTEXTES SIMILAIRES ?
J’estime que, le Président ayant lancé un appel aux forces vives pour un dialogue national, devrait par souci de logique et de cohérence inscrire cette question dans la liste des points à discuter
En 1963, le Président Senghor, tirant les leçons sur les risques et les conséquences d’un bicéphalisme au sommet de l’Exécutif, a fait adopter par référendum une Constitution qui met le Président de la République à l’abri de toute éventualité d’obstruction à sa volonté.
En 1983, le Président Diouf, face à des barons puissants qui remettaient en cause sa légitimité et constituaient une menace pour son pouvoir, procède pour la deuxième fois dans l’histoire du Sénégal à la suppression du poste de Premier Ministre pour tenir tous les pouvoirs entre ses mains et être lui-même au front en vue faire face efficacement aux frondeurs et aux contestataires de son autorité.
La troisième suppression pourrait intervenir en 2019, sur décision du Président Sall, nouvellement élu pour son second et dernier mandat, au motif qu’il vise la rapidité et l’efficacité dans l’action de l’Exécutif. Si en 1963 et 1983, les enjeux étaient liés à la consolidation et au renforcement des pouvoirs du Président de la République en éliminant toute possibilité de remise en cause de son pouvoir, la réforme envisagée par le Président de la République semble motivée par une volonté d’anticipation sur : La lutte pour le dauphinat
L’instabilité qui découlerait d’une probable cohabitation suite aux prochaines législatives. Il n’est pas évident que le changement envisagé soit une solution à ces préoccupations. C’est pourquoi, j’estime que, le Président ayant lancé un appel aux forces vives pour un dialogue national, devrait par souci de logique et de cohérence inscrire cette question dans la liste des points à discuter. Il lui reviendra alors, suite aux concertations, de procéder à un arbitrage. Une telle démarche d’inclusion est un des défis que le Président de la République devrait relever pour ce mandat. La démocratie et la décrispation y gagneraient beaucoup.
Déthié FAYE est Président de la C.D.R/ Fonk Sa Kaddu