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24 juillet 2025
CHRONIQUE D'UNE MORT PRÉMATURÉE
Air Sénégal SA a un nouveau directeur : Ibrahima Kan - L’Etat a décidé de remercier Philippe Bohn, directeur depuis août 2017 pour qu’elle ne connaisse pas le même destin que ses devancières - Autopsie des échecs des différentes compagnies nationales
Diery Diagne et Oumar Fédior |
Publication 19/04/2019
La compagnie aérienne sénégalaise, Air Sénégal SA est l’aboutissement d’un long processus. L’ancêtre de Air Sénégal, est incontestablement, Air Afrique, compagnie trans régionale. Cette compagnie a vu le jour grâce à un accord liant onze Etats africains francophones en 1961. Les pays africains, ne pouvant pas, à ce moment assurer un trafic aérien, car les moyens financiers manquaient. Ainsi, une grande compagnie africaine est mise sur pied avec 6,54% de capital pour chaque pays membres. Le siège se trouvait à Abidjan et le Sénégalais Cheikh Boubacar Fall en fut le premier directeur. Le Togo finit par rejoindre Air Afrique. Les premiers vols ont lieu le 15 octobre 1961 avec un Super Constellation loué par Air France.
Air Afrique s’était liée à la compagnie française UTA, pour un partage des frais pour la plus grande part de ses recettes. En peu de temps, l’espace aérien entre l’Europe et l’Afrique est vite monopolisée par Air Afrique qui se développe rapidement. La bonne entente entre les pays concernés et la bonne relation avec la métropole favorisent l’essor de la multinationale. Une dizaine d’années après, le Cameroun et le Gabon quittent Air Afrique, mais leur départ n’a pas un grand impact sur la multinationale.
Ainsi, le réseau Air Afrique dessert vingt-deux pays africains, une partie de l’Europe et New York City. À la fin des années 1970 la flotte se renforce. En 2002, Air Afrique possède entre autres des Airbus A310, A300, A330 et des DC-10.
Les questions de mauvaise gestion se multiplient. Et puis patatras, la compagnie africaine est acculée par les dettes. Les Etats actionnaires ont décidé de liquider la compagnie au profit de Air France. Le groupe français détiendra 35% des parts. Le personnel avait 5%. Air Afrique est durement touchée par les chocs pétroliers et est contraint de suspendre ses opérations en novembre 2001.
Cap sur Air Sénégal International
La même année, le Sénégal avait jeté les bases de sa propre compagnie aérienne, Air Sénégal International. Au préalable, Air Sénégal International a d’abord été lancé en 1971 avant de déclarer faillite en 2000. En 2001, il relance ses activités mais avec la majeure partie des parts revenant au groupe Royal Air Maroc. L’Etat du Sénégal a 49% des parts.
Puis sur Sénégal Airlines
La compagnie a réalisé, en 2007, un chiffre d’affaires de 74 260 533 270 de francs CFA et un résultat d’exploitation de 4 030 221 000 de francs CFA. Le 24 avril 2009, la compagnie cesse ses activités à la suite de la rupture avec la Royal Air Maroc. C’est ainsi qu’en 2011, Sénégal Airlines renaît des cendres de Air Sénégal International.
La compagnie s’est fait rapidement de la place dans le transport de 13 destinations intérieures et régionales en Afrique majoritairement en Afrique de l’Ouest avec une flotte de 2 avions. Elle s’appuie sur la compagnie des Émirats arabes unis et choisit d’utiliser des avions d’Airbus2. L’Etat et diverses sociétés publiques détiennent 64 % de son capital, le reste étant partagé entre le Groupement National des Privés du Sénégal, le Groupement de Prestataires Aéroportuaires et la Fédération des Assureurs du Sénégal.
En dépit de ces performances, la compagnie endettée à hauteur de 65 milliards de FCFA, qui n’a plus d’avion et se retrouve désormais sans activités. C’était le troisième représentant de l’aviation sénégalaise.
En mars 2015, la compagnie annonce la suppression de 40% de ses effectifs, de 40 % de sa masse salariale, de la réduction de la flotte de deux avions, à la suite d’une dette accumulée de 73 millions de dollars. Le 7 mai 2015, la compagnie est désignée pour le transport des pèlerins jusqu’à La Mecque. En avril 2016, le ministre sénégalais de l’économie annonce la dissolution de la compagnie.
Suite à cela, Air Sénégal SA prend service. En 2016, elle est détenue par l’État à travers la Caisse des Dépôts et Consignation du Sénégal. Elle opère depuis l’Aéroport international Blaise-Diagne de Dakar.
Air Sénégal dispose d’une flotte constituée de 5 avions. L’entreprise connaissait des problèmes internes depuis quelques temps d’où le changement de directeur.
Mansour Diop, Expert en Transport aérien : «C’est un problème de management »
D’Air Sénégal International à Air Sénégal Sa, le constat est le même, les compagnies aériennes sénégalaises connaissent un certain nombre de difficultés. Pour Mansour Diop, qui a passé près de 32 ans au sein de Air Afrique, une compagnie aérienne, c’est d’abord une société comme toutes les autres. «Il y a des actionnaires qui mettent en place un Business Plan et un management. Maintenant, si les actionnaires veulent intervenir dans le management, il y a forcément problème. Ce qui s’est passé avec les compagnies aériennes, c’est essentiellement un problème de management. Le principe de l’homme qu’il faut à la place, c’est beaucoup plus important dans une compagnie aérienne qu’ailleurs. Parce qu’ici, la moindre faille peut coûter cher à la compagnie. Vous savez, même dans les plus grandes compagnies aériennes, la marge bénéficiaire est en moyenne 4% du chiffre d’affaires », a-t-il analysé.
Aujourd’hui avec un marché de plus en plus étroit, M. Diop estime qu’il est important que les compagnies travaillent ensemble. «Nos pays africains pris individuellement n’ont pas un marché assez fort pour rentabiliser une compagnie aérienne. Le marché du transport aérien est encore assez étroit. C’est pourquoi il est important que les compagnies essayent de collaborer petit à petit, même s’il faut que chacun garde son nom », a-t-il plaidé. Selon lui, c’est le seul moyen d’arriver à une compagnie africaine très solide comme ce qu’on a connu avec Air Afrique qui a quand même 40 ans. « Aujourd’hui, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont les mieux placés pour lancer ce type de coopération », a-t-il suggéré.
PAR MALICK SY
INSULTER LE PRÉSIDENT, C'EST OUTRAGER LE SÉNÉGAL
Quand les injures, les insultes, les calomnies et les allusions de bas de ceinture prennent le pas sur le débat intellectuel, nous fragilisons notre démocratie - Nous devons tous nous faire à l'obligation qu'on ne peut tout dire ou tout écrire
“Mégère”, “dictateur aux c… molles”, illégitime type avec des copeaux qui lui servent de neurones…”, et j'en passe et des meilleurs. En lisant ces mots d'une violence rare signés Adama Gaye dans une tribune d’une tout aussi rare brutalité intitulée “La mégère Macky a parlé ! ”, ma réaction soudaine a été de m'interroger sur les raisons explicatives d'un tel abaissement et d'un tel déchaînement de haine. Je me garderai bien de donner des leçons ou de m'ériger en procureur pour jeter l'opprobre médiatique sur un grand intellectuel et une aussi grande figure du journalisme comme vous. Je n'en ai ni l'intention, ni la légitimité et encore moins les moyens.
Mais en tant que citoyen et confrère, je suis en droit de m'indigner face aux attaques obscènes et injurieuses contre le président de la République. J'ai trop longtemps hésiter avant de me résoudre à reprendre au tout début de mon papier, les citations contenues dans votre contribution, car je crois que que l'institution présidentielle mérite le respect de chaque citoyen sénégalais. Quand les injures, les insultes, les calomnies et les allusions de bas de ceinture prennent le pas sur le débat intellectuel, nous fragilisons notre démocratie. Chaque citoyen de surcroît journaliste, peut critiquer la gouvernance de Macky Sall, mais le respect dû à la fonction de chef de l'État s'impose à tous. Parce qu'il incarne le Sénégal, insulter l'incarnation de la Nation que les Sénégalais se sont constitutionnellement choisis, c'est outrager le pays. C'est inexcusable et inacceptable d’offenser le peuple du Sénégal.
L'excès et la violence obscène de votre diatribe contre l'institution présidentielle est aussi une atteinte à la dignité de la personne de Macky Sall, qui est aussi un mari et un père de famille. Et nous devons tous nous faire à l'obligation qu'on ne peut tout dire ou tout écrire, pour je ne sais quelle raison. Parce qu’absolument rien ne justifie un tel déferlement de haine sur un homme, fut-il un adversaire politique.
Certains pourraient grandement s'étonner de me voir défendre Macky Sall, mais c'est la sacralité de l'institution que nous nous devons de protéger.
Depuis bientôt sept ans que je jette un regard critique sur la gouvernance de Macky Sall. Ma dernière publication intitulée “Macky II, le risque pour le Sénégal de prendre encore 5 ans ferme” est la preuve que je n'ai jamais cherché et n'essaie surtout pas d'entrer dans les bonnes grâces de son régime. J'ai arbitrairement été affecté et maintenu à Tambacounda depuis un septennat pour des raisons purement politiciennes, mais j'ai toujours refusé la compromission et la pratique révérencielle et utilitaire du journalisme. Histoire de rester en exacte coïncidence avec une certaine idée de l'éthique de notre métier mais aussi et surtout parce qu’aucune promotion, aucune prébende ne mérite qu'on brade sa conscience.
Mais je n'accepte pas de me satisfaire des outrances attentatoires à la dignité et la personnalité de n'importe quel concitoyen, y compris celles du président de la République. Quel qu'il soit.
M. Gaye, vous avez visiblement fait de votre anti-mackysme un engagement politique. Vue votre expérience, adossée à votre immense talent de journaliste, vous auriez pu opter pour la commodité et le confort en vous rapprochant de Macky Sall. Mais vous avez fait le choix de vous mettre en situation de contre pouvoir. Votre posture mérite respect et considération parce qu'elle est exemplaire et courageuse. A chacun son combat. Et je pense humblement que le vôtre ne devrait pas se livrer dans l'arène de la diatribe vulgaire mais dans la fabrique de ces penseurs libres qui manquent si cruellement à notre pays.
Malick Sy est journaliste
AUDIO
COMMENT AVOIR UNE BELLE PEAU ?
Avoir une peau lisse et sans aspérités nécessite à la fois des produits de qualité, une routine, et une alimentation saine - Chronique beauté sur RFI avec Aminata Thior, fondatrice de Setalmaa
Pour de nombreuses femmes, la beauté passe par la peau. Elles la veulent lisse et sans imperfections. Pour cela, il faut plusieurs choses : des produits de qualité, adaptés au type de peau. Cela nécessite également d’adopter une routine, et d’avoir une alimentation saine. La vie ici, avec Aminata Thior, fondatrice de Setalmaa.
DÉCÈS DU GÉNÉRAL LAMINE CISSÉ
L’ancien ministre de l’Intérieur et ex-chef d’état-major (CEMGA) est mort vendredi des suites d’une maladie
L’ancien ministre de l’Intérieur et ex-chef d’état-major général des armées (CEMGA) sénégalaises, le général Lamine Cissé, est décédé vendredi des suites d’une maladie, annonce la Radio futurs médias (RFM, privée).
’’Nous perdons un grand fils du Sénégal’’, a réagi sur les ondes de la RFM l’ancien ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, originaire de Sokone, également ville de naissance du défunt, dans la région de Fatick.
Le général Cissé, qui a grandi à Kaolack, selon M. Coulibaly, est ’’un très grand monsieur’’, ’’un homme exceptionnel du point de vue de l’éthique et de la morale’’.
En tant que ministre de l’Intérieur, le général Cissé avait organisé la présidentielle de 2000 à l’origine de la première alternance politique intervenue au Sénégal.
La bonne organisation de cette élection, dont les résultats ont été acceptés du pouvoir comme de l’opposition, témoigne des qualités du défunt, a rappelé Abdou Latif Coulibaly.
VIDEO
LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES À L'ÉPREUVE DE LA SÉCURITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi cette disparité dans le transfert des compétences ? Quelle politique au niveau local face à la résurgence des conflits ? DÉBAT ENTRE LIKA SIDIBÉ, BABACAR GUEYE, MALAMINE TAMBA ET IBRAHIMA AMA DIEME
Compétences pas du tout ou très peu dévolues, légitimités traditionnelles marginalisées, manque de moyens… Les insuffisances dont pâtissent les collectivités territoriales sont nombreuses et multiformes en Afrique de l’ouest et dans le Sahel. C’est le constat fait par un rapport du bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel (UNOWA) et rendu public jeudi dernier.
Pour en savoir plus sur cette étude qui lève le voile sur l’exclusion des collectivités locales dans les politiques sécuritaires, notamment au Sénégal, au Mali, en Sierra Leone et au Ghana, Lika Sidibé accueille sur SenePlus, le constitutionnaliste Babacar Gueye, Ibrahima Ama Dieme, membre du groupe de réflexion pour la paix en Casamance et Malamine Tamba, chargé des questions des gouvernances de paix et de sécurité au sein de l’Unowa.
Voir le débat en vidéo.
LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ABSENTES DES POLITIQUES SÉCURITAIRES EN AFRIQUE
Une évaluation des politiques de décentralisation mise en œuvre au Sénégal, au Mali, en Sierra Leone et au Ghana a permis de constater l’exclusion des entités locales sur les débats qui porte sur les enjeux sécuritaires
(SenePlus.com, Dakar) - Une évaluation des politiques de décentralisation mise en œuvre au Sénégal, au Mali, en Sierra Leone et au Ghana a permis de constater l’exclusion des entités locales sur les débats qui porte sur les enjeux sécuritaires. Le rapport de l’étude menée par une équipe dirigée par le constitutionnaliste sénégalais, Babacar Gueye, a été présenté le 18 avril 2019 lors d’une session de l’Arbre à palabres initiée par le bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel (UNOWA). Il s’agit d’une plateforme d’échanges sur l’état de la gouvernance, les droits de l’homme, l’état de droit, la paix et la sécurité en Afrique de l’ouest et au Sahel.
Les collectivités territoriales sont exclues des grands débats sur les questions liées au développement, à la paix et à la sécurité alors que l’Afrique de l’ouest et le Sahel sont confrontés à des menaces multiformes qui prennent racine dans les communautés où l’absence de l’Etat est criante. Une situation confirmée par le rapport qui relève que les collectivités locales sont les plus exposées aux situations d’insécurité et de troubles de la paix du fait de la faiblesse de l’Etat.
Dressant l’état des lieux de la décentralisation dans les quatre pays (Ghana, Mali, Sierra Leone, Sénégal), l’équipe de chercheurs à constaté qu’au plan interne, si dans certains cas (Sénégal), ce sont les aspirations à une meilleure émancipation des sociétés et la volonté de consolider la démocratie qui ont inspiré et gouverné le choix de la décentralisation ; dans d’autres cas (Mali, Sierra Leone, Ghana), c’est plutôt la volonté de contenir les velléités séparatistes, les revendications ethno-régionales (Sierra Leone et Ghana) et l’ingouvernabilité entrainées par l’immensité du territoire national (Mali).
Ainsi, un peu partout, note le rapport, la décentralisation s’apparente plus à un simple mouvement de communalisation qu’à un transfert véritable et effectif au plan local de la gestion des affaires locales, le pouvoir central étant toujours réticents a transféré du pouvoir réel au niveau local (cas du Mali, etc.). La sécurité par exemple reste encore une compétence de l’Etat central et les pouvoirs locaux manquent ainsi de moyens légaux pour agir.
Quid des légitimités traditionnelles ? Elles sont en général marginalisées dans le processus de la décentralisation mais dans la pratique, elles jouent un rôle effectif dans la gouvernance locale selon l’étude qui a formulé des recommandations visant à dessiner les contours d’un schéma de décentralisation à même de concilier la prise en compte des particularismes locaux et la préservation de la souveraineté territoriale des Etats tout en renforçant la stabilité politique, sociale et sécuritaire d’une part et en affermissant la démocratie et la gouvernance locales d’autre part.
C’est ainsi qu’il a été recommandé la construction de projets de territoire à partir des critères de cohérence, de convergence et de cohésion ; mais aussi de refonder les rapports de l’Etat avec les territoires et les communautés sur la base du respect des diversités humaines et territoriales.
Aux légitimités traditionnelles reconnues dans les territoires, le rapport recommande de leur donner un statut afin de réconcilier leurs rôles avec ceux des légitimités légales-rationnelles en leur accordant un rôle effectif officiel dans la politique de décentralisation.
En termes de prévention, l’étude de l’UNOWAS sur la contribution des collectivités territoriales à la paix et à la sécurité recommande la construction d’une capacité locale de réponse aux menaces à la paix et à la sécurité humaine et l’intégration de la paix et de la sécurité dans des projets éducatifs et de formation adaptés aux réalités des collectivités locales ; Elle appelle aussi à favoriser l’échange d’expériences entre collectivités territoriales de différents pays engagées dans des dynamiques locales porteuses de paix et de sécurité.
PAR CHARLES FAYE
AUDIO
IMPATIENCE CAPRICIEUSE !
Aller vite oui, mais c’est encore mieux d’y associer qualité et coûts concurrentiels - Ce n’est qu’à ce prix que l’économie globale, les politiques d’équilibre, atteindront les objectifs du triangle magique très peu convoqué dans le Fast-Track Macky 2
Bistra ! Fast-trak ! Pardon, nous ne parlons pas russe, encore moins américain, mais sommes quand même assez intelligents pour savoir que notre impatience capricieuse,,, ruineuse des grands projets s’emporte souvent pour crier avec véhémence « ney gaw » ! Et que ça saute !
Nous, si peu stressés au point de ne jamais honorer les rendez-vous à l’heure H savons comment mettre la pression dans l’urgence pour obtenir ce que nous voulons, rendu une fois et demi sur deux, à côté de l’exactitude.
Et oui ! Pour ce qui concerne les délais de livraison et la finition, on est plutôt slow trak. Sans les détails qui font la perfection, qui elle même n’est pas un détail ! Expression achevée de notre mindset largement partagé, coupablement insoucieux des bonnes pratiques et délivré conformes.
Il est heureux que le Macky veuille doper son administration à l’acide ascorbique, pour aller plus vite, plus vite même que le temps afin de réaliser son PSE2.
Mais faudrait-il encore que président Macky qui snobe grave ses alliés angoissés par ces temps qui courent, nous dise ce qu’il fait du triangle magique économique.
Un ami à qui on ne la raconte pas me dit qu’en Project Managment, le fast-trak n’est qu’un élément du projet ou alors le temps ou la durée dans un projet. Autrement dit si la qualité n’est pas au rendez-vous et que les coûts sont excessifs, autant passer en mode slow lane.
Aller vite, très vite, c’est bien, mais c’est encore mieux, d’y associer la qualité et les coûts concurrentiels. Ce n’est qu’à ce prix que l’économie globale, les politiques d’équilibre, atteindront les trois objectifs du triangle magique très peu convoqué dans le Fast-Track Macky 2, à savoir la stabilité des prix, le plein emploi, l’équilibre extérieur. Sinon, on fait dans le fast-trap.
Faste à laquelle n’échappent pas nos amis cathos entrés dans le triddum pascal depuis hier jeudi saint.
En ce Saint et Grand vendredi où ils célèbrent la Passion du Seigneur se distribue le ngalax ce lien social devenu le ciment du vivre ensemble entre musulmans et chrétiens du Sénégal.
Pour autant, cette vitalité vieille de plusieurs décennies persistance d’une accroche certaine ne doit pas nous détourner des réalités sociales marquées par la montée des inégalités dont l’enracinement engendrera davantage d’incivisme,,, au détriment de la cohésion sociale au grand bonheur des antagonismes nourris par des intérêts et convictions divergents.
Tout ça pour dire rien n’est jamais acquis à l’homme. Alors veillons et protégeons cette richesse inestimable. Agréable vendredi Saint !
Jummah moubarrack et bon week-end à tous
PAR Pierre Jacquemot
HUIT DÉFIS À RELEVER POUR LA ZLEC
Il faut surtout considérer que le principal défi n’est pas en soi le libre-échange dans la relation avec l’extérieur, mais plutôt la capacité des pays concernés à construire une politique d’intégration régionale viable et dynamique
C'est au volontarisme de Paul Kagamé, le président du Rwanda qui fut en 2018 le président de l’Union africaine, que l'on doit la mise en orbite de la Zone de libre-échange continental (ZLEC), embryon d’un marché unique à l’échelle du continent africain. L’objectif est d’établir un marché intégré de plus de 1,2 milliard d’habitants, pour les biens et les services et incluant la libre circulation des personnes et des capitaux. Adopté par 44 chefs d’État à Kigali, le 21 mars 2018, l’entrée en vigueur effective de l’accord était conditionnée par sa ratification par au minimum 22 États. Avec la Gambie, au début avril 2019, ce fut fait : 22 Parlements nationaux l’ont désormais ratifié. Cet accord est l’aboutissement d’une longue histoire, née avec le panafricanisme des indépendances, le rêve de Kwame Nkrumah d’une « Union des États africains ». Si elle est effectivement mise en place, la ZLEC sera la plus grande du monde. Par périodes successives, cette initiative pourrait se transformer en un accord contraignant et fonctionnel.
Défi 1. Inclure le Nigeria
On retrouve dans la ZLEC des économies qui, par leur taille et leur potentiel, peuvent dynamiser l’intégration économique, avec au Nord, le Maroc et l’Égypte, à l’Est, le Kenya, et au Sud, l’Afrique du Sud. Seul manque au tableau le Nigeria, premier PIB d’Afrique. Ce pays a suspendu sa signature. Cette attitude s’explique par le défi que pose la ZLEC vis-à-vis de l’agenda économique national qui repose sur la substitution des importations et la protection des industries nigérianes. L’économie politique des réformes commerciales au Nigeria est complexe, car son marché intérieur est vaste et fortement protégé, elle exporte peu en Afrique (seulement 9 % de ses produits). Toutefois, le pays, qui compte 186 millions d’habitants, ne pourra rester longtemps à l’écart. Pour des raisons de diversification et de politique extérieure (le pays espère un jour devenir membre permanent du Conseil de sécurité), le Nigeria devrait s’inscrire tôt ou tard dans la ZLEC.
Défi 2. Synchroniser les Communautés existantes
La ZLEC se fonde sur une démarche de construction par blocs. Elle vise à capitaliser les acquis existants en matière de libéralisation et d’intégration régionales et à les consolider afin, à terme, d’arriver à un niveau égal sinon supérieur à l’échelle du continent. Un espoir qui s’inscrit dans le long terme et qui passe nécessairement par la consolidation puis par la synchronisation des socles régionaux existants.
On en compte aujourd’hui 14 censés représenter autant d’espaces de libre circulation des personnes, des biens et des services. Certains États sont membres de plusieurs organisations à la fois. Elles forment « le bol de spaghettis » au sein duquel le commerce reste encore marginal, de l’ordre de 16 % en moyenne, avec une mauvaise note pour la CEEAC au centre de l’Afrique et une meilleure pour la CAE à l’Est. Cela signifie qu’il ne suffit pas de lever formellement les barrières douanières pour échanger.
Défi 3. Lever les « pratiques anormales »
L’idée de base qui sous-tend ce type de projet est qu’un marché régional au sein duquel la circulation des marchandises est libre et protégée vis-à-vis de l’extérieur par un tarif unifié est bénéfique pour tous. Sous réserve, cependant, de créer, au sein de l’espace concerné, les conditions de concurrence, d’économies d’échelle et de trafic nécessaires au développement des échanges. Les obstacles non tarifaires internes restent, en effet, nombreux et bien enracinés : contingentements imprévus, refus des conditions préférentielles, mauvaises conditions d’acheminement et de stockage… L’équivalent tarifaire de ces obstacles est évalué en moyenne à 40 %, un taux beaucoup plus élevé que les tarifs appliqués par la plupart des pays du monde. La ZLEC ne permettra pas de supprimer ipso facto toutes ces entraves, et pas davantage ce que les économistes appellent pudiquement les « pratiques anormales » : rançonnements aux frontières, « tracasseries routières », contrôles abusifs, etc.
Il faut au moins 30 jours de dédouanement des marchandises en Afrique de l’Ouest, alors qu’en Europe cette démarche administrative ne dépasse pas 10 jours. D’autres mesures s’imposent pour réduire les délais opérationnels et bureaucratiques, lever les barrages routiers et alléger les distorsions introduites par des réglementations archaïques.
Défi 4. Jouer sur les spécialisations régionales
La taille des marchés dans les ensembles territoriaux encore modestes n’a pas permis d’obtenir des économies d’échelle raisonnablement significatives. En outre, des structures économiques proches, aux activités parfois similaires, n’ont que peu de biens complémentaires à échanger. Pour échanger, il faut des complémentarités : la Côte d’Ivoire ne vend pas son cacao au Mali qui ne lui vend pas son or ; ni le Kenya ses fleurs coupées à l’Éthiopie qui en produit aussi. Le cas de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) est typique d’une absence de complémentarité. L’appartenance commune pour six membres à la zone franc, c’est-à-dire à une monnaie unique, le franc CFA, supposée faciliter les échanges communautaires, n’a guère d’influence, puisque le taux d’intégration régionale, qui mesure la part du commerce entre les pays membres, demeure inférieur à 10 %.
Pour autant, on peut considérer que le potentiel de croissance des échanges régionaux est élevé. L’exploitation de synergies peut s’illustrer en termes géographiques, au vu par exemple de la complémentarité naturelle entre pays côtiers et pays enclavés, en particulier en produits alimentaires. La densification potentielle des échanges est liée au niveau et au rythme de croissance de la consommation urbaine. Elle augmente à un rythme soutenu tiré à 60 % par l’augmentation de la population et le reste par la demande de biens et services des classes moyennes en croissance exponentielle. L’intérêt de répondre aux besoins spécifiques des consommateurs régionaux est manifeste non seulement pour l’alimentation, mais aussi dans plusieurs secteurs, comme l’industrie pharmaceutique et cosmétique, le textile, les matériaux de construction et les services financiers.
Défi 5. Lever les incohérences internes
L'objectif déclaré est de libéraliser 90 % des produits commercialisés dans le cadre de la ZLEC. Cela représente une part du commerce bien inférieure à la norme acceptée dans les accords régionaux. En effet, conformément à l’article 24 de l’OMC régissant les accords de libre-échange entre membres, ceux-ci devraient inclure « pratiquement tous les échanges ». Les accords euroméditerranéens entre l'UE et le Maroc, l'Égypte, etc., visent à libéraliser « tous » les échanges de produits manufacturés, tout en prévoyant des exceptions dans le secteur de l'agriculture. Par exemple, dans le cadre de l'ALE UE-Maroc, 100 % des produits manufacturés entrent dans l'UE en franchise de droits, tandis que 80 % des exportations agricoles le font.
Autoriser la protection sur 10 % des produits peut, en pratique, annuler une grande partie des avantages de l'accord en sélectionnant de manière stratégique des produits qui conserveront la protection. Pour jouer l’intégration régionale, il serait nécessaire que les produits devant être libéralisés à un stade précoce incluent ceux qui peuvent fournir une échelle significative de diversification en Afrique, notamment les produits manufacturés à forte intensité de main-d'œuvre, et les produits agricoles dans lesquels les pays peuvent développer un avantage comparatif.
Certains analystes mettent en garde contre les risques qu’un accord tel que celui de la ZLEC pourrait avoir sur les pays les plus faibles et les populations fragiles. Le coût de l’intégration à une union douanière au sein d’une telle organisation à géométrie variable sera élevé pour des pays handicapés par leur enclavement et la modeste diversification de leurs activités. Pour eux, sans mécanisme de compensation et de péréquation, l’argument des bénéfices du libre-échange n'apparaît guère convaincant. Mettre sur un même marché le Maroc, dont 75 % de ses exportations sont composées de plus de 80 lignes de produits, et le Tchad, pour qui le seul pétrole totalise plus de ce même taux (82 %) se révèle être un rapport inégal.
Défi 6. Adopter des règles d’origine efficaces
Définir et attribuer l'origine des marchandises constituera un défi particulier pour la ZLEC en raison du nombre de pays impliqués dans l'accord. Les règles d'origine sont les critères permettant de déterminer le pays d'origine d'un produit. Elles sont importantes du fait que les droits et restrictions applicables dépendent dans bien des cas de la provenance des produits importés. Des règles mal conçues peuvent, dans une large mesure, annuler les avantages d'un accord commercial. Si elles sont restrictives, elles peuvent empêcher non seulement les importations d'intrants intermédiaires en provenance de pays tiers, risquant ainsi de compromettre la spécialisation et la compétitivité. Pour ces raisons, une règle simple, telle que 50 % de la valeur ajoutée devrait être originaire d'Afrique, sera probablement retenue. Des critères plus complexes, tels que les exigences de valeur ajoutée spécifiques à un produit, celles liées à la reclassification, ou celles attribuant l'origine au processus de production, doivent être utilisées avec parcimonie ou totalement évitées.
Défi 7. Lever les incohérences externes
Sur le plan externe, les gouvernements africains vont en toute probabilité continuer de s’engager avec l’OMC et les traités bilatéraux. Avec la multiplication des régimes commerciaux (Accords de partenariat économique avec l’Union européenne, régime « tout sauf les armes », SPG…), le paysage des relations entre l’Afrique et l’extérieur s’est incroyablement complexifié au regard de ce qu’il était il y a vingt ans. Ces divers accords sont susceptibles de restreindre fortement leur capacité à exécuter l’agenda de la ZLEC propre au continent. En vertu de la clause de la nation la plus favorisée suivant laquelle les pays africains doivent s’accorder le même niveau de libéralisation et de déréglementation qu’ils offrent aux pays non africains, le niveau de libéralisation des tarifs sera au moins un accès en franchise et sans contingent à 80 % accordé à l’Union européenne dans le cadre des négociations des APE.
Il faut surtout considérer que le principal défi n’est pas en soi le libre-échange dans la relation avec l’extérieur, mais plutôt la capacité des pays concernés à construire une politique d’intégration régionale viable et dynamique, dans un monde de plus en plus libéralisé. La question n’est pas idéologique. Elle est politique et pratique. Elle est de savoir comment s’attaquer aux surcoûts des échanges en Afrique afin de permettre aux producteurs de se connecter plus étroitement aux marchés régionaux avec des effets positifs importants sur la transformation et le commerce intra-africain.
Défi 8. Lever les défis logistiques
L'indice de performance logistique (LPI) de la Banque mondiale qui repose sur des enquêtes auprès des opérateurs pour évaluer l'efficacité et la rapidité des procédures douanières et de l'infrastructure logistique accorde à l’Afrique subsaharienne le score le plus bas parmi les régions en développement, à plus de 2 écarts types par rapport à l’Asie de l’Est et le Pacifique.
La croissance économique engagée en Afrique au début des années 2000 n’a pas été suffisamment bien gérée pour résorber le retard en matière d’infrastructures. Plusieurs études ont montré que les contraintes d’infrastructure en Afrique sont importantes pour expliquer les faibles niveaux de commerce. Les routes goudronnées en particulier sont rares par rapport à la taille du continent. Dans les pays africains à faible revenu, on compte 318 mètres de routes revêtues pour 1 000 habitants, contre 1 000 mètres en moyenne dans les pays en développement et 15 000 mètres dans une économie avancée comme la France.
L'Afrique ne compte que 84 000 kilomètres de voies ferrées sur une surface de près de 30 millions de kilomètres carrés. En revanche, la Chine compte 67 092 km de voies ferrées sur respectivement 9,3 millions de kilomètres carrés. La plupart des ports africains souffrent d’une infrastructure médiocre, d’une capacité et d’une connectivité insuffisantes entre les routes et les voies ferrées reliant les ports. Le transport de marchandises entre Douala et N’Djamena coûte six fois plus cher qu’entre Shanghai et Douala et demande trois fois plus de temps. Les défis du transport terrestre et maritime sont d’autant plus grands pour les 15 pays africains enclavés. Certains de ces pays comptent parmi les plus pauvres du monde. Ils représentaient 24 % de la population africaine. Quant au transport aérien, il demeure coûteux et peu fréquent en raison du faible trafic passagers, de la libéralisation limitée de l'espace aérien, des taxes élevées sur les passagers et les aéroports, des problèmes de sécurité et de l'insuffisance des infrastructures aéroportuaires et d'assistance technique.
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent le point positif, car elles nécessitent une infrastructure et des équipements relativement bon marché et ne nécessitent pas une maintenance aussi lourde de la part des autorités publiques.
Il est à espérer que d’autres idées seront incluses dans les futures négociations, en introduisant une dimension politique dans l’accord de la ZLEC. L’Union africaine y verrait une occasion pour diffuser certaines normes : respect de la propriété intellectuelle, transparence des marchés publics, modernisation des contrôles douaniers, respect des directives de l’Organisation mondiale du travail en matière de travail décent, consultation systématique de la société civile.
Pierre Jacquemot est chercheur associé à l'Iris, ancien ambassadeur de France
POURQUOI JUMIA S'EST ARROGÉ ILLÉGALEMENT LE LABEL "MADE IN AFRICA"
Jumia est une entreprise enregistrée en Allemagne, fondée par des Français, qui a basé son équipe d’ingénieurs au Portugal. Et, alors que l’écosystème tech africain est riche de compétences, Jumia n’a jamais voulu se positionner sur le continent
L’introduction de Jumia à la bourse de New York sous l’étiquette « première start-up africaine » créée la polémique. De nombreuses voix se font entendre parmi les acteurs de l’écosystème tech, sur le continent, pour dénier à l’entreprise ce label. C’est la ligne que défend Issam Chleuh, directeur exécutif de Suguba, qui soutient le développement des start-up en Afrique francophone.
Un débat est en cours sur l’identité africaine de Jumia, qui met en jeu les notions d’honnêteté, de dignité et de respect. En faisant son entrée en bourse sous le label de « première stat-up tech africaine », Jumia s’est arrogé illégitimement le label « Made in Africa », créant ainsi un inquiétant précédent.
Cela doit d’autant plus nous interpeller que la société a pris un certain nombre de décisions stratégiques, ces sept dernières années, démontrant qu’elle ne souhaitait pas, dans les faits, répondre aux critères ouvrant le droit de se réclamer de cette étiquette de « Start-up Tech Africaine ».
« De nombreuses entreprises ont découvert que l’Afrique est un grand marché. Demandez à Coca Cola. Demandez à Unilever. Demandez à P&G. Demandez à Tecno. Ce n’est pas un mystère », analyse Rebecca Enonchong, fondatrice et PDG d’AppsTech, basée au Cameroun.
Jumia est une entreprise enregistrée en Allemagne, fondée par des Français, qui a basé son équipe d’ingénieurs au Portugal. Et, alors que l’écosystème tech africain est riche de compétences, Jumia n’a jamais voulu se positionner sur le continent.
Les pertes de Jumia
Pourquoi, après n’avoir rien fait pour être une vraie « Start-up Tech Africaine », ce changement soudain d’identité et d’image de marque ? Sans doute faut-il trouver la réponse dans la vogue que connaît aujourd’hui le label « African Tech Start-up », qui a permis aux start-up africaines du secteur technologique de lever plus de 1,16 milliard de dollars en fonds propres sur 164 tours en 2018, selon le rapport du Fonds Partech.
Sans doute, aussi, que le label « Made in Africa » devient soudainement plus attractif, lorsque l’on réalise que l’on enregistre des pertes cumulatives importantes. Et dans les informations fournies par Jumia à la Commission de sécurité et d’échange des États-Unis avant son entrée en bourse, on apprend que Jumia a « enregistré une perte de 165,4 millions d’euros en 2017 et de 170,4 millions d’euros en 2018. Le 31 décembre 2018, Jumia avait accumulé des pertes de 862,0 millions d’euros. »
Reste, alors, une série de questions, que je souhaite poser à la direction de Jumia :
Pourquoi la société Jumia a-t-elle décidé de s’enregistrer légalement en Allemagne et non au Rwanda ou à Maurice ? Pourquoi, alors, s’auto-proclamer si fièrement « première start-up tech africaine » à être listée sur la bourse de New York ?
Pourquoi Jumia a-t-elle décidé de baser son équipe de développeurs au Portugal, et a affirmé – fallacieusement – sur la chaîne CNBC que c’est en raison d’un déficit de développeurs en Afrique ?
Où sont tous les soi-disant « fondateurs Africains » de Jumia aujourd’hui ?
Abus d’« égoïsme rationnel »
Jumia aurait pu être enregistré à Port Louis, Kigali ou CapeTown. Elle aurait pu garder certains des « cofondateurs africains » – Nigérians, Sénégalais ou Ghanéens – qui étaient avec eux depuis la naissance de l’entreprise. Elle aurait pu choisir de baser ses équipes d’ingénieurs à Nairobi, Addis ou Casablanca.
Jumia a, en fait, abusé de l’« égoïsme rationnel » du libre-échange, qui veut que « dans un échange librement consenti, les deux parties recherchent chacune leur avantage, mais aucune des deux ne peut obtenir ce qu’elle veut sans tenir compte du souhait de l’autre ». Un principe que le Fonds monétaire international considère comme étant le seul à même de « conduire à la prospérité économique ».
Les règles du marché libre permettent à Jumia de se développer en Afrique, mais elles ne lui permettent pas de violer les lois fondamentales du commerce international. Car ce faisant, Jumia s’expose à de potentielles poursuites : il existe une jurisprudence sur l’utilisation abusive du patrimoine culturel traditionnel, des connaissances et des expressions des peuples autochtones.
PAR NIOXOR TINE
LES COUPS FOURRÉS DU MACKY
Sous prétexte d’efficacité organisationnelle, le président et ses thuriféraires sont en train d’instiller le concept d’un régime fort, où les bienfaits d’un développement économique justifieraient le renoncement à nos acquis démocratiques
Oui, comme le dit notre Président auto-réélu, il y a urgence à accélérer la cadence. Non pas seulement pour rendre Dakar aussi propre que Kigali, ce qui est utopique, à court terme, ni pour réduire le train de vie de nos gouvernants, qui n’y sont pas encore préparés, comme l’illustrent les exigences de hausse salariale des parlementaires applaudisseurs !
Tous ces objectifs sont encore trop ambitieux, vu l’état actuel de la gouvernance de notre pays.
Avant ces opérations visant à rendre nos quartiers propres, à lutter contre l’encombrement et l’occupation anarchique de nos avenues, rues et ruelles, il est indispensable d’assainir les mœurs politiques de notre élite nationale.
Il faut rompre définitivement avec cette approche messianique qui veut, qu’un leader, convaincu de sa popularité, à l’issue d’élections certes légales mais tronquées, détienne le monopole de la vérité et s’arroge le droit de chambouler notre charte fondamentale, en vue de s’octroyer encore plus de pouvoirs. Ce qui est troublant dans cette affaire, c’est que la démarche du chef de l’État prend à contre-pied les principes de la Charte de gouvernance démocratique signée par l’ensemble des leaders de la coalition présidentielle.
En dehors de cette suppression du poste de premier ministre, qui enterre définitivement toutes velléités d’abolir ou tout au moins de tempérer l’hyperprésidentialisme obsolète, on observe plusieurs tares caractéristiques de la gouvernance apériste.
Même si on estime que la nomination à tous les postes civils et militaires incombe au président de la république, on ne peut que déplorer sa gestion patrimonialiste, caractérisée par l’immixtion de sa famille dans les affaires publiques et aussi, par le fait que les fonctions les plus stratégiques au niveau de l’appareil d’État sont occupées par des membres de son clan (nouveau méga-ministère du développement communautaire, de l’équité territoriale et sociale, caisse de dépôt et de consignation, ministères de l’Intérieur ainsi que ceux de l’Économie et des Finances...). Cette bienveillance envers les siens contraste avec une absence de loyauté et de reconnaissance envers d’autres membres de son parti, défenestrés sans état d’âme, même si la presse officielle les a toujours crédités de bilans élogieux.
Ce qui est le plus insupportable dans la gestion du président Sall, c’est son caractère discrétionnaire et souvent unilatéral, relevant presque toujours du fait accompli. Certains parlent même de dissimulation, car on note une absence totale de concertation avec les alliés, les ralliés, les transhumants et autres naufragés politiques, condamnés à avaler des couleuvres, en attendant quelque bienfait du nouvel Empereur.
Un autre phénomène inquiétant et lourd de risques pour la paix civile est cette tendance pathologique à modifier les règles du jeu: loi sur le parrainage, retouches sur la Constitution, projet de report des élections locales. Sous prétexte d’émergence et d’efficacité organisationnelle, le président et ses thuriféraires sont en train d’instiller insidieusement le concept d’un régime fort, s’inspirant du modèle rwandais, où les bienfaits d’un développement économique justifieraient le renoncement à nos acquis démocratiques conquis de haute lutte !
Face à cette longue descente aux enfers ainsi qu’aux risques d’instabilité sociale majorés par les menaces sécuritaires et notre nouveau statut de pays pétrolier, les patriotes de notre pays ont l’obligation morale de se dresser.
Pour cela, l’Opposition politique et toutes les forces vives de la Nation doivent s’engager dans une nouvelle démarche pour le développement des luttes populaires, qui ne se limitent pas au seul horizon de la démocratie libérale. Cela sous-entend une véritable responsabilisation citoyenne, qui ne se réduit pas à l’exécution docile des directives élaborées par les hauts d’en haut, cherchant à divertir le peuple laborieux. Il s’agira plutôt, non seulement, de restaurer les libertés démocratiques confisquées par une autocratie en gestation, mais aussi d’œuvrer pour le respect des droits économiques et sociaux des citoyens.
Ces nobles idéaux ne pourront être atteints, que par la réappropriation de l’esprit des Assises Nationales, c’est à dire la rupture avec cette concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme et l’instauration d’une véritable démocratie participative, permettant un contrôle des exécutifs à tous les niveaux.