Prestation de serment de membres de l’OFNAC
L’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) s’est renforcé de nouveaux membres dans l’objectif de bien mener sa mission de sensibilisation et d’enquête. Trente quatre nouveaux membres de l’Ofnac ont prêté serment hier devant la Cour d’appel de Dakar de bien exercer la tâche qui leur sera confiée et de préserver la confidentialité des dossiers. Ils sont appelés à être loyaux et fidèles aux règles qui régissent l’institution. L’Ofnac doit disposer d’une organisation performante, adossée à des ressources humaines compétentes et intègres, appliquant rigoureusement des procédures d’enquête et d’investigation conformes aux meilleures pratiques en vigueur.
Amadou Ba remercie Marième Faye Sall
Le nom de Marième Faye Sall est revenu encore lors d’une cérémonie de passation de service de ministres. Cette fois, ce n’est pas l’ancien ministre Mbagnick Ndiaye. Lors de la cérémonie de passation de serment au ministère des Finances, Amadou Ba a ouvert une parenthèse sur la politique en vue de remercier tous les responsables politiques de Dakar et des Parcelles Assainies. Il a remercié particulièrement la Première Dame Marième Faye Sall en magnifiant ses efforts qui, dit-il, ont permis d’avoir de bons résultats à Dakar lors de la présidentielle. «Je suis sûr que sans elle, on n’aurait pas obtenu les résultats enregistrés», renchérit Amadou Ba.
Amadou Ba, «un homme de devoir au service de Macky Sall»
Amadou Ba a rappelé qu’il est entré en politique grâce au Président Macky Sall qui, à un moment, lui a demandé d’adhérer à sa vision et de travailler à ses côtés. «Ce que nous avons fait lors du référendum. Il m’a ensuite fait confiance en me mettant tête de liste de Dakar lors des dernières législatives. D’ailleurs, je ne revendique jamais le titre de tête de liste. Ce n’est pas important pour moi. Ce qui est important c’est de participer à une œuvre commune. Et tout récemment, le chef de l’Etat m’a demandé de coordonner un peu les activités politiques dans Dakar pour la présidentielle. Là aussi, de manière collective, on a eu des résultats», explique-til. Sur ce, il estime être un homme de devoir au service du chef de l’Etat. «Quand il me demande d’aller faire une mission, je le fais. Dès que la mission se termine, je retourne dans mes activités pour m’occuper de mes dossiers. Ce que je sais très bien faire», a-t-il indiqué en guise de conclusion.
Meurtre de Bassirou Faye
Le policier Sidy Mohamed Boughaleb accusé d’être le meurtrier de l’étudiant Bassirou Faye était hier à la barre de la Cour d’Appel de la chambre criminelle de Dakar hier. Mais le dossier n’a pas été débattu à fond. Le tribunal a renvoyé l’affaire à la prochaine session c’est-à-dire le 29 avril prochain à la demande des avocats de la défense. Ces derniers demandent en effet la comparution des 50 témoins cités dans cette affaire. Il s’agit principalement du commissaire de police Ndiaga Diop, du magasinier des armes de la Police Mamour Diouma Ba, du policier Ousmane Sagna, du témoin principal des faits l’étudiant Sette Diagne et de la dame Awa Fall, secrétaire du commissaire Cheikh Diop. Cette dernière a, selon la robe noire, déclaré avoir vu l’accusé entre 14h et 15h au camp Abdou Diassé alors que Bassirou Faye est décédé aux environs de 15h. Selon Me Seydou Diagne, beaucoup de témoins qui pouvaient décharger son client, n’ont pas été cités par la justice. Toutefois, le président de la Chambre criminelle d’appel a insisté sur la présence de l’étudiant Sette Diagne, le principal témoin dans cette affaire. Il faut ajouter que deux des policiers témoins dans cette affaire en l’occurrence Vieux Badji et Abdou Diaw sont présentement en mission au Mali. Pour rappel, Sidy Mohamed Boughaleb a été condamné à 20 ans de travaux forcés et en plus d’une amende de 50 millions.
Mbaye Jacques Diop distingué
Notre confrère Mbaye jacques Diop est encore distingué. Le chargé de communication du ministère des Sports a été élevé au grade de commandeur de l’Ordre du mérite au titre de l’année 2019. Il a reçu cette distinction sur proposition du ministre des Sports, Matar Ba, qu’il remercie ainsi que le président de la République. Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que Mbaye Jacques Diop est honoré. En 2012, il était décoré chevalier de l’Ordre national du lion, alors qu’il était en service au ministère de la Fonction Publique.
Message de Pâques d’Idrissa Seck
Le président de Rewmi sort de son silence. Mais ce n’est pas pour se prononcer sur l’actualité politique. Il a adressé un message épistolaire à la communauté chrétienne en cette période de sainte semaine. «Pendant cinq semaines de carême, nos frères et sœurs Chrétiens se sont préparés par des œuvres de charité et d’abnégation à la célébration du mystère Pascal. Je profite de la commémoration du Dimanche des Rameaux pour souhaiter à tous les fidèles catholiques, une Sainte semaine», a écrit Idrissa Seck. Le président du Conseil départemental de Thiès souhaite ainsi une bonne fête du sacerdoce à tous les évêques du Sénégal, particulièrement à Mgr André Guèye, évêque de Thiès, ainsi qu’à tout son Presbyterium.
Passation de service au ministère des Transports
La grande partie des nouveaux membres du gouvernement a pris service hier. Plusieurs ministres ont passé le témoin à leurs successeurs. Le désormais ex-ministre des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement, Abdoulaye Daouda Diallo, a passé le témoin hier à Me Oumar Youm, ex-Directeur de cabinet du président de la République. Sous la tutelle du ministère des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement, Abdou Ndene Sall, le chargé du Développement du réseau ferroviaire, a sacrifié à la traditionnelle cérémonie de passation de service. En présence des ministres Abdoulaye Daouda Diallo et Me Oumar Youm, il a passé le témoin au maire de Koungheul, Mayacine Camara, secrétaire d’Etat en charge du Développement du réseau ferroviaire.
Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan
Le tout puissant ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba, a cédé son fauteuil à ses deux remplaçants à la faveur de l’éclatement de ce département ministériel. Il avait à ses côtés l’ex-ministre délégué en charge du Budget, Birima Mangara. Amadou Ba a passé le témoin à Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et du Budget, et à Amadou Hott ministre de l’Economie et de la Coopération. La cérémonie s’est tenue en présence des directeurs généraux et directeurs nationaux dudit ministère.
Aminata Assome Diatta rencontre les boulangers
Le nouveau ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (PME) a pris fonction hier à la tête de ce département à l’occasion d’une cérémonie. A peine installée, Aminata Assome Diatta a décidé de prendre à bras le corps les doléances des boulangers du Sénégal. Elle va recevoir aujourd’hui la fédération nationale des boulangers du Sénégal pour échanger avec eux sur la question du prix de la farine. Selon le nouveau ministre du Commerce, le problème ne se limite pas seulement au prix du pain. A l’en croire, la question est plus complexe que cela. Aminata Assome Diatta rappelle par contre que le prix du sac de farine est à 17 500 F. Les boulangers qui souhaitent l’augmentation du prix de la baguette de pain menacent d’aller en grève dans la semaine.
Passation de service de Mame Mbaye Niang
L’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a cédé son fauteuil hier à son successeur, Alioune Sarr. La cérémonie de passation de service a eu lieu hier dans l’après midi. Le ministre sortant s’est réjoui du travail abattu à la tête du département avec son équipe. Il annonce le passage très bientôt du nouveau code du tourisme pour son adoption à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, dit-il, «nous avons la fierté d’accueillir le plus grand tour, Rio Tours opérator Rio qui va s’installer à Pointe Sarène avec un partenaire sénégalais». Selon Mame Mbaye Niang, le Club Med aussi a bouclé son financement pour démarrer la construction d’un complexe de 514 chambres en novembre, et Mariotte Hôtel va s’installer aux Almadies avec plus de 400 chambres, etc.
Ministère de l’Enseignement Supérieur Cheikh
Oumar Anne a pris hier les rênes du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Le ministre sortant Pr Mary Teuw Niane, a saisi l’occasion pour remercier le Président Macky Sall de lui avoir donné l’opportunité de servir le pays aux fonctions de ministre de la République. A l’en croire, le chef de l’Etat lui a permis de mener des transformations au niveau de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation. Mary Teuw Niang a remercié les personnels de l’enseignement supérieur et les partenaires. Félicitant son prédécesseur pour son travail, Cheikh Oumar Anne avance que l’enseignement supérieur est sur le bon chemin grâce au dynamisme du Pr Mary Teuw Niane. Il a promis d’ouvrir les universités aux entreprises. Pour M. Anne, les entreprises doivent valoriser les savoirs dispensés au sein des universités pour avoir de la valeur ajoutée.
Omar Guèye perd l’Ucg
D’après le décret de répartition des service rendu public la semaine dernière, le ministère des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement du Territoire, Oumar Guèye, est dépouillé de deux structures qui ne sont pas des moindres. Il est amputé de la Direction de l’Etat Civil. Cette direction est désormais supprimée. Quant à l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (Ucg) qui brasse des milliards, elle est transférée au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, piloté par Abdou Karim Fofana. C’est dire que le ministre hérite d’un département ministériel vidé de son essence. Cependant, d’après nos sources, le décret rendu public comportait beaucoup d’erreurs. En réalité, selon certaines informations, la Direction de l’Etat civil drivé par Aliou Sall, adjoint au maire de Boki Diawé, reste toujours avec Oumar Guèye.
Douanes et Cedeao
L’Amicale des Inspecteurs et Officiers des Douanes Authentique s’est prononcé sur la décision de la Cour de justice de la Cedeao pour préciser que contrairement aux dires, la Cour a consacré la victoire d’une stratégie syndicale. En réalité, reconnaît l’amicale, la Cour a rejeté la requête des douaniers puisque l’État du Sénégal a renoncé à la procédure disciplinaire intentée contre les syndicalistes qui ont déjà gagné leur combat syndical depuis la décision de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Puisque la question du droit syndical des douaniers sénégalais a déjà fait l’objet de recommandations de la part du Comité de la liberté syndicale de l’OIT. Mais, souligne l’amicale, la Cour de justice de la CEDEAO s’est prononcée, uniquement, sur les droits fondamentaux objet de la requête des douaniers à savoir : le droit à l’éligibilité, les libertés de réunion et d’expression et le droit à un procès équitable. Ainsi, elle s’est déclarée compétente pour connaitre du litige et rejette l’exception d’irrecevabilité soulevée par l’État du Sénégal. Seulement, la cour déclare la requête des douaniers recevable mais mal fondée et souligne qu’il n’y a pas déni de justice. Toutefois, elle déboute l’État du Sénégal de sa demande de dommages et intérêts en ce que la procédure initiée par Ndiaga Soumaré n’est pas frustratoire.
JE NE CROIS PAS À LA RÉUSSITE INDIVIDUELLE
S’exprimant lundi lors de la cérémonie de passation de service avec ce dernier, Amadou Ba annonce qu’il compte s’inscrire "dans la même dynamique pour continuer la mission accomplie par son prédécesseur à la tête de la diplomatie sénégalaise
Dakar, 15 avr (APS) - Le nouveau ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur Amadou Ba se dit engagé "dans la même dynamique" que celle de son prédécesseur Me Sidiki Kaba, en vue de contribuer au rayonnement du Sénégal à l’international.
S’exprimant lundi lors de la cérémonie de passation de service avec ce dernier, Amadou Ba annonce qu’il compte s’inscrire "dans la même dynamique pour continuer la mission accomplie par son prédécesseur à la tête de la diplomatie sénégalaise".
Amadou Ba a également assuré qu’il ne ménagera "aucun effort" pour traduire en actes la vision diplomatique du président de la République Macky Sall.
Pour ce faire, il compte s’appuyer "sur l’ensemble du personnel du ministère’’ des Affaires étrangères, "les ambassadeurs, les consuls et vice-consuls".
"Je ne crois pas à la réussite individuelle", a assené le nouveau patron de la diplomatie sénégalaise.
Son prédécesseur, Me Sidiki Kaba, désormais ministre des Forces armées, invite son successeur à davantage œuvrer "pour faire de la diplomatie sénégalaise ce qu’elle a toujours été".
Me Sidiki Kaba a salué "le professionnalisme" et "la générosité" des ambassadeurs et consuls pour leur "franche collaboration" lors de son passage au ministère des Affaires étrangères.
Il a également rappelé à l’endroit de son successeur quelques principes portant notamment sur "la diplomatie de bon voisinage", avec la nécessité de maintenir autour du Sénégal.
L’ancien ministre des Affaires étrangères a également évoqué "la diplomatie économique et culturelle", se disant confiant concernant ce point, en ce sens que "la diplomatie économique" constitue selon Me Kaba "un prolongement du travail brillamment effectué" par son successeur à la tête du ministère de l’Economie et des Finances.
Me Sidiki Kaba a par ailleurs cité la diplomatie de paix et de sécurité, qui explique la participation du Sénégal dans les missions de maintien de la paix, dans la gouvernance mondiale et la défense de l’Etat de droit.
EL HADJ DIOUF ACCEPTE UN RÔLE D’AMBASSADEUR AUPRÈS DES LIONCEAUX
Selon le président de la FSF, la présence de l’ancien capitaine des Lions fait partie intégrante de "la nouvelle politique" de l’instance dirigeante du football sénégalais
Dar-es-Salam 15 avr (APS) - Le double Ballon d’or africain 2001 et 2002, El Hadj Diouf a accepté de jouer un rôle d’ambassadeur auprès de l’équipe nationale des moins de 17 ans qui prend part à la CAN de la catégorie qui se joue actuellement en Tanzanie, a-t-on appris du président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor.
"El Hadj (Diouf) a accepté de venir avec nous pour parler aux jeunes, leur faire comprendre l’importance du maillot national et aujourd’hui (ce lundi), il est allé leur parler", a indiqué le président de la FSF dans un entretien avec l’APS.
Les deux personnalités ont quitté Le Caire pour arriver dimanche en début de matinée à Dar-es-Salam, ancienne capitale politique de la Tanzanie qui abrite la CAN des moins de 17 ans du 14 au 28 avril.
Selon le président de la FSF, la présence de l’ancien capitaine des Lions fait partie intégrante de "la nouvelle politique" de l’instance dirigeante du football sénégalais.
"Nous avons compris que le Sénégal a mis du temps à mettre l’accent sur le football des jeunes", a déclaré Me Augustin Senghor, selon qui de plus en plus, la FSF compte mettre l’accent sur cette catégorie en termes d’investissement et de formation.
"Nous devons être plus présents pour accompagner les jeunes, les accompagner et développer’’ le potentiel de "nos jeunes pour en faire de futurs champions", a-t-il dit, se réjouissant que depuis 2012, "il y a comme une courroie de transmission entre les sélections nationales".
Dans cette perspective, la FSF compte travailler pour amener le Sénégal à se qualifier "à toutes les phases finales de CAN et permettre aux jeunes de progresser et de grandir au contact de ceux de leur âge sur le continent et dans le monde", a-t-il dit en marge du match Maroc-Sénégal (1-1) qui a eu lieu au Chamazi Stadium de Dar-es-Salam.
Dans cette poule B, celle du Sénégal, c’est le Cameroun qui mène la danse après sa victoire 2-0 aux dépens de la Guinée.
Dans la poule A, la Tanzanie a été battue 4-5 par le Nigeria, alors que l’équipe de l’Angola est venue à bout de l’Ouganda 1-0.
«UNE ARMÉE ÉTRANGÈRE DEVIENT VITE UNE ARMÉE D’OCCUPATION»
L'ancien diplomate Laurent Bigot, évoque longuement l’intervention française au Mali, mais aussi les incohérences de la politique étrangère de la France
Sputnik France |
Jean-Baptiste Mendès |
Publication 15/04/2019
Un diplomate garanti sans langue de bois. Viré en 2013 du Quai d’Orsay par Laurent Fabius, Laurent Bigot était le sous-directeur du département Afrique de l’Ouest au ministère des Affaires étrangères. Il évoque longuement pour Sputnik l’intervention française au Mali, mais aussi les incohérences de la politique étrangère française. Entretien.
Il a quitté les ors du 37, quai d'Orsay en 2013, sèchement limogé par Laurent Fabius pour avoir exprimé ses réserves quant à la suite de l'opération Serval. Laurent Bigot, alors sous-directeur du département Afrique de l'Ouest au ministère des Affaires étrangères, soutenait pleinement l'intervention française au Mali décidée par François Hollande et lancée dès le 11 janvier pour soutenir les forces armées maliennes face à l'offensive djihadiste au nord du pays. Sauf que «l'après», la solution politique n'avait pas été prévue. Depuis, il estime que le pays est «en voie d'afghanisation».
Serval réussie, Barkhane à revoir
Revenons aux origines de l'intervention française. En difficultés sur le plan intérieur dès le début de son mandat, le Président de la République, François Hollande se lançait en janvier 2013 dans l'aventure malienne à l'appel des autorités du pays, menacées par des groupes armés djihadistes. Une opération saluée de toutes parts, notamment par le ministère des Affaires étrangères. Laurent Bigot témoigne de son expérience au cœur de l'évènement :
«La décision du Président Hollande était très courageuse. Parce qu'à l'époque, on avait peu d'informations, on est probablement la seule armée étrangère à pouvoir intervenir militairement aux côtés de l'armée malienne, aucune autre puissance étrangère ne peut le faire. Est-ce que les djihadistes avaient pour ambition de descendre à Bamako? Sûrement pas. Mais sur le moment, on n'avait pas d'informations. C'était une opération d'envergure, ils visaient probablement le verrou militaire de Mopti-Sevaré et s'arrêter là. Descendre jusqu'à Bamako, c'était compliqué. Il n'y avait pas d'autres options que de répondre positivement à la demande des autorités maliennes, c'est-à-dire d'y aller militairement.»
Pourtant, dès le lancement de Serval, le diplomate se montre critique en interne quant aux solutions politiques après l'intervention. Comment régler politiquement la crise malienne après être intervenu militairement? C'est là que le bât blesse. Dans sa persévérance à vouloir convaincre sa hiérarchie, il déplaît à Laurent Fabius, qui le licencie sèchement. Le Premier ministre des Affaires étrangères du quinquennat Hollande n'en est pas à son coup d'essai sur les «incompatibilités d'humeur»: Christian Rouyer, ambassadeur français au Mali, est brutalement remplacé en mars 2013; Jean Félix-Paganon, représentant spécial pour le Sahel, est aussi mis à l'écart, ainsi qu'Élisabeth Barbier, du Département Afrique.
«J'ai toujours alerté sur le fait qu'on n'ait toujours pas réfléchi politiquement à ce qu'il y aurait après l'opération militaire […] On m'avait répondu sèchement qu'on n'avait pas les moyens de financer un processus d'accompagnement. Moi j'avais d'ailleurs répondu: "on envoie 5.000 soldats pour faire la guerre, mais on n'est pas capable d'envoyer dix personnes pour accompagner un processus de paix". Ces positions ont beaucoup irrité à la fois ma hiérarchie et le ministre… et puis quand il y a une tête qui dépasse au Quai d'Orsay, on la coupe.»
En août 2014, l'opération Serval est transformée en dispositif Barkhane, toujours en place en 2019 sur le territoire malien. À l'origine un succès, la présence des forces françaises aux côtés de l'armée malienne a réussi initialement à repousser les groupes armés. Est-il permis de dresser le bilan de l'intervention française? La crise politique au Mali a-t-elle été réglée? Que nenni, estime Laurent Bigot :
«Le dispositif Barkhane est complètement enlisé et en voie d'afghanisation, c'est-à-dire que c'est le bourbier. On a une hostilité croissante, quand bien même on explique à longueur d'interview qu'on est là pour protéger les populations, et puis militairement on n'a pas enrayé l'insécurité. Le nord du Mali est hors contrôle, le centre du Mali est hors contrôle, le nord du Burkina est hors contrôle, donc quand on regarde l'état de l'insécurité entre l'opération Serval et aujourd'hui, on ne peut pas considérer que les objectifs militaires ont été atteints.»
Suite aux attaques du 11 septembre 2001 à New York, l'armée française intervint aux côtés des États-Unis afin de poursuivre l'organisation terroriste Al-Qaida, réfugiée chez les talibans en Afghanistan. En 2012, dix ans plus tard, Nicolas Sarkozy prenait la décision de mettre en place un retrait graduel des forces, l'essentiel des troupes ayant quitté Kaboul fin 2014. Pourtant, les talibans conservent une large partie du territoire et sont actuellement en pourparlers directs avec les États-Unis. Le bourbier afghan est-il en train de se reproduire au Mali? Venant d'un diplomate français, le constat est implacable.
«On n'a pas appris de ce qui s'est passé en Afghanistan. Une armée étrangère devient vite une armée d'occupation. En Afghanistan, on a tué des talibans au nom de nos valeurs, on oubliait qu'en tuant un taliban, on tuait le père, le frère, le mari de quelqu'un dans la population.
Il se passe exactement la même chose dans le Sahel. On exécute, parce que c'est bien ça le terme, des djihadistes —enfin des présumés djihadistes- on oublie qu'ils sont le mari, le père, le frère de quelqu'un dans la région. À force de tuer des gens, vous vous mettez à dos des communautés entières, des clans entiers, qui ne vous reconnaissent pas la légitimité d'exécuter un des leurs quand bien même vous leur faites le reproche d'être terroristes.
La définition de terroriste, c'est nous qui la donnons par rapport à nous. Mais ces gens-là ne sont pas nécessairement vus comme des terroristes par les populations locales. Donc à force de procéder ainsi, on se met à dos les populations entières.
Et en plus, les populations locales voient bien que leur sort au quotidien ne s'améliore pas du tout, qu'elles continuent à être sous le joug de l'État malien, c'est-à-dire le harcèlement des forces de sécurité maliennes, qui commettent des exactions également. Donc leur situation au quotidien ne s'améliore pas, l'armée française se permet d'exécuter les leurs, à la fin les gens ne soutiennent plus.»
Les causes de la crise au Sahel
Début 2011, le Président Sarkozy décide d'intervenir en Libye- sans consulter le Quai d'Orsay et les spécialistes de la région, dixit Laurent Bigot- afin de soutenir la rébellion et de renverser Mouammar Kadhafi. Suite au lynchage du Guide de la Révolution, le pays entre progressivement dans une guerre civile dont il est loin d'être sorti. À l'heure actuelle, les factions rivales du maréchal Haftar et de Fayez el-Sarraj se font face dans les rues de Tripoli. Le sud de son territoire est devenu une zone grise, en proie aux groupes armés, notamment djihadistes. Deux années après la chute de Kadhafi, des groupes terroristes menaçaient ainsi le Mali et Bamako. Peut-on y voir une corrélation entre ces deux évènements?
«La crise libyenne a été un accélérateur de cette crise-là, mais elle couvait depuis longtemps. Il se serait passé un effondrement au Mali d'une manière ou d'une autre […] Ça n'est pas la cause principale. La cause principale, c'est vraiment ce qu'il se passait dans le régime malien, qui était totalement pourri, il y a eu un effondrement moral du système institutionnel, c'est ça le drame du Mali.
Après, l'explication des djihadistes… nous, on les qualifie de djihadistes, il ne faut jamais oublier que c'est un regard occidental qu'on porte sur gens-là. Moi, je préfère dire des groupes armés, qui ont des agendas assez complexes et différents. Il y a des équilibres et des rapports de force qui ne sont pas forcément ce que nous nous décrivons en tant qu'Occidentaux.
Nous, on les met dans la catégorie djihadiste, donc terroriste, donc on a le droit de les tuer. C'est un peu simpliste comme raisonnement, ce n'est pas forcément la perception que les populations ont, c'est beaucoup plus complexe que ça et je trouve qu'on oublie trop souvent de mettre en cause la responsabilité des autorités nationales de ces pays-là, qui ont failli dans leur rôle, qui ont eux aussi des liens un peu troubles avec les groupes armés, parce qu'elles communiquent, elles sont en lien avec ces groupes armés, et que parfois leurs agendas se rejoignent.»
Alors, quelles sont les raisons profondes de la déstabilisation du Mali? Ayant quitté la diplomatie, Laurent Bigot n'y va pas par quatre chemins pour pointer les défaillances intrinsèques du système démocratique national :
«On appelle ça des "failed States" moi j'appelle ça des fake States, c'est un semblant d'État et ça a toujours été une démocratie de façade, bien évidemment. Nos anciens ambassadeurs sur place, qui sont maintenant à la retraite, n'hésitent pas à décrire les processus électoraux complètement truqués qui ont amené à l'élection notamment du président ATT [Amadou Toumani Touré, ndlr], mais avant aussi.
Ça c'est une réalité malienne, à la limite ça appartient aux Maliens, mais nous, les Français, on s'est beaucoup raconté d'histoires c'est-à-dire que quand bien même en interne, on aurait pu regarder en face ce qu'était le Mali, on ne l'a jamais fait.»
En France, y a-t-il une ligne en politique étrangère?
C'est une chose de critiquer l'organisation de certains États africains, c'en est une autre de critiquer la conduite en matière de politique étrangère de son propre pays. Laurent Bigot dénonce allégrement l'incohérence de la diplomatie française, depuis plusieurs mois. Un deux poids, deux mesures qui fait bondir l'ancien diplomate :
«Elle a été plus que prudente, elle ne s'est pas mise dans le sens du changement au nom du principe de non-ingérence, principe qui a largement été foulé aux pieds par la France au Venezuela, puisque la France a reconnu le président de l'Assemblée nationale, autoproclamé président. Donc pour le coup, c'est une belle ingérence.
Mais pour l'Algérie, on s'est réfugié derrière le principe de non-ingérence. Ce qui serait bien, c'est que la diplomatie française nous explique dans quels cas elle utilise l'ingérence et dans quels cas elle ne l'utilise pas, ça serait beaucoup plus clair pour [aider] les concitoyens français [à] comprendre les principes de la politique étrangère.»
Laurent Bigot insiste sur l'image que renvoie la diplomatie française dans le monde, marquant un recul certain de son influence en Afrique et au Moyen-Orient. Le fonctionnaire en disponibilité développe son opinion sur le manque de considération que peuvent ressentir les autres puissances à l'égard de la France, qui n'aurait pas de colonne vertébrale en matière de politique étrangère :
«Ce qui me frappe, c'est qu'il y a un manque de cohérence dans nos positions. Vous parlez du dossier syrien. Sur le dossier malien à juste titre d'ailleurs, François Hollande n'a cessé de dire, légalité internationale, légalité internationale. Nous sommes intervenus à la demande des autorités maliennes et on s'est mis sous l'autorité des Nations unies, tout ça a été fait dans le respect de la légalité internationale.
En Syrie, on bombarde en toute illégalité internationale, pas de mandat du conseil de Sécurité, pas de mandat des autorités légales en place que nous reconnaissons. Quand bien même nous critiquons Bachar el-Assad, nous le reconnaissons comme autorité légitime c'est-à-dire que nous considérons que c'est effectivement le Président de la Syrie […] On n'a pas l'accord des autorités en place, on n'a pas de mandat du Conseil de sécurité, et on bombarde un territoire étranger, où est la légalité internationale? Et là, ce n'est pas cohérent. […] Je pense que ce qui fait la force d'un pays, c'est effectivement avoir une continuité en matière de politique étrangère et une cohérence, on en manque singulièrement.»
N'apprend-on rien des leçons du passé? L'Afghanistan a été une erreur, la Libye un fiasco, la gestion de la guerre en Syrie, un désastre. Certes, les questions de politique étrangère ne déterminent pas une élection, il n'y a qu'à voir en 2017, le peu de place accordé aux choix diplomatiques des différents candidats. Pourtant, elles peuvent refléter le mandat de tel ou tel Président. Ainsi l'ancien diplomate déplore-t-il l'accélération du temps politico-médiatique, incapable de saisir les enjeux à long terme :
«Ce n'est pas tellement qu'au Quai d'Orsay, elles ne soient pas retenues, c'est surtout au niveau politique qu'elles ne sont pas retenues. Au niveau politique, il y a une telle accélération du temps et une obsession de l'immédiateté et de la communication que nos décideurs politiques ne prennent plus le temps de se poser et de réfléchir, ce qui est assez incroyable.
Ce qui compte, c'est le dernier tweet, c'est de pouvoir faire un communiqué, c'est de pouvoir répondre au micro de BFMTV immédiatement, c'est ça qui compte, sauf que des questions complexes comme la Libye méritent de se poser, méritent probablement de moins communiquer. La politique étrangère a besoin de sérénité, la communication n'est pas toujours compatible avec la sérénité liée à la politique étrangère. Ce sont des enjeux de long terme, au moins de moyen terme.»
La question du débat au sein de l'appareil diplomatique
Inquiétant est le mot lorsque l'on écoute Laurent Bigot quand il regrette l'esprit de courtisanerie au sein même des institutions diplomatiques au mépris des réalités sur le terrain. Il évoque de plus le manque de débats internes au Quai d'Orsay, ce qui peut expliquer les décisions souvent très discutables de la part des ministres. Les fonctionnaires diplomatiques sont payés par l'État afin de proposer un point de vue, une analyse, et des options sur un sujet donné. Non pour plaire à un politicien :
«La question du débat interne au Quai d'Orsay est effectivement compliquée. La conception que j'en ai, c'est qu'en amont d'une décision politique, les fonctionnaires sont payés pour faire valoir des avis assez libres. Ils peuvent se tromper, mais pour éclairer justement la sphère politique. En aval, une fois que la décision politique est prise, on exécute l'ordre et puis comme disait Chevènement, si on n'est pas d'accord, on démissionne.
Ce que j'ai toujours regretté —c'est mon point de vue, peut-être que j'ai tort, peut-être ce n'est pas comme ça que doit fonctionner un ministère-, mais j'ai toujours regretté qu'en amont, il n'y ait pas de pluralité d'avis possibles et qu'on ne puisse pas confronter les idées. Il y a une tendance lourde que j'ai observée au Quai d'Orsay —et qui s'est beaucoup accéléré ces dernières années- c'est qu'on a le souci de plaire ou en tout cas d'écrire ce que le ministre aurait envie de lire, ou en tout cas ce qu'on pense ce que le ministre aurait envie de lire.»
Laurent Bigot accuse nommément Laurent Fabius pour cette absence de discussion. Celui-là même qui est responsable de son licenciement. Les précédents ministres semblaient davantage ouverts à l'échange de points de vue: il mentionne notamment Alain Juppé et Henri de Raincourt durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
«Pour avoir bossé avec d'autres ministres, je dois reconnaître qu'avec Laurent Fabius, on n'a jamais eu l'occasion de discuter, de débattre, quand je dis, moi, c'est la Direction Afrique en général: il n'y a jamais eu de discussion libre, débridée sur les sujets. D'autres ministres avaient l'intelligence d'organiser ce genre de discussions, lui pas du tout […] Alain Juppé par exemple, Henri de Raincourt, qui était le ministre de la Coopération, qui avait une relation avec la Direction Afrique extrêmement libre et décomplexée et qui n'hésitait pas à nous appeler pour qu'on vienne le challenger justement sur certains dossiers, mais ce n'était pas le cas de Laurent Fabius.»
La question épineuse du Rwanda
Le 7 avril dernier débutait une série de commémorations des vingt-cinq ans du génocide des Tutsis au Rwanda. L'occasion de revenir sur ce débat extrêmement polémique en compagnie d'un ancien du Quai, certes spécialiste de l'Afrique de l'Ouest, mais qui connaît bien le sujet. Les relations franco-rwandaises ne sont toujours pas rétablies, alors même qu'Emmanuel Macron a soutenu la candidature de Louise Mushikiwabo, une proche du président Paul Kagamé, à la tête de l'Organisation de la Francophonie. Laurent Bigot appelle la France à assumer ses erreurs politiques passées, tout en rejetant les accusations diffamatoires parues sur l'armée française :
«Assumer. Oui, on a probablement fait une énorme erreur politique, et cette erreur politique a probablement coûté des milliers de vies; on n'en est pas directement responsable, mais c'est ça la réalité. Mais il n'empêche qu'aujourd'hui, il faudrait qu'on affirme un peu plus nos positions vis-à-vis du Rwanda. Il y a un moment où le "France- bashing" de la part des autorités rwandaises devient vraiment pénible et le devoir des autorités françaises est de défendre systématiquement l'honneur de l'armée française, ce qui n'a pas toujours été le cas.»