L'institutionnalisation d'un Chef de l'opposition n'est pas nouvelle, mais sa soudaine acuité n'est guère fortuite. L'avis est de Me El Hadj Amadou Sall.
Dans le Grand Jury de ce dimanche, l'avocat déclare sans broncher que l'idée vise à liquider politiquement Wade et le Pds. Seulement, fait-il savoir à qui veut : '' Wade s'en fout...Il s'en fout d'être chef de l'opposition ou pas.... Maintenant qu'on ne participe pas à une élection, on veut se précipiter pour créer un chef de l'opposition.... Ce n'est pas parce qu'on a pas participé à une élection qu'on est mort '', dira-t-il avec un ton suffisamment sec pour montrer combien '' la stratégie Sall '' l'écœure.
Me Amadou Sall de s'étonner que durant les 7 ans de mandat de Macky Sall, pourquoi l'institutionnalisation de ce statut de Chef de l'opposition n'a jamais été achevée et qu'elle n'ait jamais fait l'objet d'une procédure sérieuse.
Interpellé sur l'élection Présidentielle et sur la suppression du poste de Premier ministre, l'avocat commencera par signaler que Wade a, selon lui, eu raison sur tout le monde. '' Il n'y a pas de consensus sur le fichier. Il n'y a pas de consensus sur la loi sur le parrainage... Dans son camp, personne ne parle. Pourquoi vous ne parlez pas du silence de Moustapha Niasse. Ce silence inquiétant de Macky Sall, du silence complice de Moustapha Niasse et du silence suspect de Tenir Dieng? Nous savons exactement comment cette élection a été truquée. Des experts y travaillent...'' Et là survient une révélation de taille qui laisse comprendre que le Pds n'a pas encore lâché le morceau avec la publication prochaine d'un rapport qui montrera le manège utilisé par l'actuel Président pour rempiler.
Pour finir, Me Amadou Sall de tourner en dérision le Fast track du Président Macky Sall. ''Si aller plus vite, c'est se tromper de numéro de téléphone et appeler un Président de la République à la place d'un chef de l'opposition. Alors là! D'ailleurs, pourquoi parler anglais? Pour frimer? Un gouvernement ne devrait pas frimer... ''
MACKY INVITÉ À REPORTER SA RÉFORME CONSTITUTIONNELLE
Le juge Ibrahima Dème est contre l'initiative de la suppression du poste de Premier ministre qu'il assimile à un aveu d'échec du chef de l'Etat
Invité de l’émission "Jury du dimanche" sur IRadio ( 90.3 FM), le juge démissionnaire Ibrahima Hamidou Dème a dit qu’il est contre la suppression du poste du Premier ministre. Selon lui, c’est un aveu d’échec du président de la République. « C’est paradoxal de féliciter son Premier Ministre et de revenir pour dire qu’il n’y a pas d’efficacité. C’est un aveu d’échec » a déclaré le président du mouvement "Ensemble". Selon lui, avec cette réforme, c’est l’efficacité gouvernementale qui va prendre un coup.
« C’est une réforme majeure qu’il faudrait partager avec les autres forces vives de la Nation. Elle va installer un grand désordre dans le fonctionnement de l’Administration. Macky Sall doit avoir une conception moins partisane de la gestion du pays » a regretté l’ex juge. Qui invite le chef de l’État à reporter son projet de réforme institutionnelle. « Je l’invite à reporter son projet de réforme et à profiter d’une large concertation nationale », soutient-il.
Dans un autre registre, le juge Dème a dénoncé le manque d’indépendance de la Justice. A son avis, tout est là pour avoir une justice indépendante mais, constate-t-il pour le regretter, il y a une absence de volonté politique pour y arriver.
Par ailleurs, contrairement aux candidats malheureux de l’opposition qui continuent de contester la victoire du président Macky Sall, le magistrat démissionnaire valide les résultats issus des urnes. Ce, même s’il dit regretter tout ce qu’il y a eu dans la période électorale. « La seule vérité c est la vérité des résultats sortis par les procès verbaux signés par les mandataires de tous les candidats. Je ne pouvais pas, ayant une haute idée de la vérité des urnes, contester les résultats. Je reconnais la victoire de Macky Sall. Si être un bon politicien c est nier l’évidence, je ne serai jamais un bon politicien. Il est difficile de contester les résultats sortis des urnes » avoue-t-il.
Pour finir, celui qui a déclaré sa candidature à la Mairie de Thiès pour les prochaines élections locales, n’a pas été tendre à l’endroit du premier Président de la Cour suprême, Papa Oumar Sakho. Pour lui, ce dernier a manqué un rendez-vous important pour dire la vérité à Macky Sall lors de la cérémonie de prestation de serment.
AUDIO
DIANO BI AVEC HABIB THIAM
Le président du Copega fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
L'enseignant-chercheur au département de Droit public à la Faculté des Sciences juridiques de l'Ucad est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Cheikh Mbacké SENE
NÉNÉ FATOUMATA TALL EST BIEN À SA PLACE
Les faux procès faits à la ministre sur sa nomination et son niveau d’étude sont indignes d’un Sénégal qui a à cœur de valoriser son capital le plus cher : sa jeunesse
Les faux procès faits à Mme la ministre Néné Fatoumata Tall sur sa nomination et son niveau d’étude sont indignes d’un Sénégal qui a à cœur de valoriser son capital le plus cher: sa jeunesse. Référence d’une jeunesse consciente, compétente et engagée, Néné Fatouma TALL a fait ses preuves dans la fonction publique comme PCA de la Lonase et mérite amplement la confiance du Chef de l’Etat, mais aussi le respect de ses camarades de parti et concitoyens. Mieux encore, elle incarne parfaitement à la fois l’aspiration de la jeunesse d’être représentée par un(e) jeune et contribue la valorisation de la femme dans notre pays.
Il faut se rendre à l’évidence que le Sénégal se rajeunit (plus de 50% de sa population composée des moins de 40 ans, les 2/3 étant des femmes).Il faut également se réjouir d’avoir une jeunesse, saine consciente, patriote, engagée et capable de construire et contribuer de façon efficiente et valeureuse à l’émergence du pays. Néné Foutama Tall, Assome Aminata DIATTA, Amadou HOTT ou encore Cheikh BAKHOUM ou Birame FAYE … incarnent, entre autres, parfaitement ce que je pourrai appeler « The new generation of young Senegalese leaders».
Génération aux allures assez anglo-saxonnes dans la démarche pour ne pas dire en mode « FastTtrack », elle est le porte drapeau d’une jeunesse qui se veut plus impliquée, plus responsabilisée et plus efficiente.
La confiance que le Chef de l’Etat a placée en eux, n’est pas anodine. A travers ces nominations, le Président Macky Sall ne se distingue pas seulement par sa volonté d'aller au-devant des jeunes, mais par la place qu’il leur accorde depuis son accession à la magistrature suprême. Une considération renforcée avec la réussite d’un parfait casting,en mettant les gens qu’il faut à la place qu’il faut et en répondant à ces jeunes qui n’ont pas vote pour lui.
Néné Foutama Tall est une jeune sénégalaise lambda de la banlieue, qui a fait ses preuves sur le terrain par un engagement et une disponibilité sans faille pour son pays. Non sans être bien formée. Alors les critiques et interprétations politiciennes ne ridiculisent plus qu’il n’arrangent ceux qui les profèrent. Comme on dit, le loup attaque le troupeau par l’agneau parce qu’il le trouve plus à sa portée. Mais l’on sait aussi que lorsqu'un troupeau de moutons est bien uni, il n'osera jamais attaquer.Ceci, pour dire à mes camarades du parti et à mes concitoyens que la confiance et solidarité aident à réduire au néant les velléités politiciennes discourtoises, lesquelles ne font avancer en rien le pays, et n’ébranlent pas plus qu’il ne galvanise le Chef de l’Etat.
Macky Sall fonctionne au quotidien en tenant compte de l’intérêt supérieur de la Nation et de l’épanouissement de ses concitoyens
"La jeunesse est le sourire de l'avenir (…)" dixit Victor Hugo. Le président Macky Sall en est conscient. En Homme de vision, il s’est toujours évertué à ne poser que des actes qui vont dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation et de l’épanouissement de ses concitoyens. Parfois l’honnêteté intellectuelle devrait nous contraindre – et à juste titre - à poser de côté les considérations politiques, et reconnaître l’œuvre visible de tous et à tous les niveaux du Président Macky Sall. Il ne s’agira là que d’une honnêteté vis à vis de soi-même et de la remise sur orbite - et en bonne place – de la solidarité concitoyenne et de l’unité nationale. Il y a un temps pour polémiquer et un temps pour travailler. Parler, s’arroger de méchancetés n’a jamais fait avancer qui que ce soit. D’autant plus que, la discipline et l’attitude exemplaire de Macky Sall (connues de tous) devraient moralement nous contraindre à lui devoir respect, au delà même de l’institution qu’il incarne et symbolise. Ce digne Guide de la Nation n’a jamais eu de propos discourtois envers qui que ce soit. Il voue un respect admirable et équitable à toutes les familles confrériques et religieuses du pays, toutes les ethnies, toutes les régions, tous les genres, et de surcroit installe le pays sur les rails de l’émergence. Que demander de plus lorsqu’on a le messie rêvé ?
L’opinion ne peut ignorer les avancées significatives accordées (de droit) à la jeunesse et aux femmes par le Président Macky SALL et devraient unanimement s’en réjouir. Pendant longtemps le pays a été entre les mains d’hommes politiques qui s’accaparaient de tous les postes (avec des cumuls de fonctions) sans jamais penser à la jeunesse, de mieux en mieux formée, qui a faim d’agir et de servir, et qui était toujours laissée en rade. Le Président Macky SALL change tout cela. Il responsabilise de plus en plus les jeunes et donne à la femme sénégalaise la place méritée. Les exemples sont nombreux et à tous les niveaux (Aminta Touré à la primature, Aminata Tall au CESE, Awa Ndiaye à la CDP…). Comment réussir la transition générationnelle, avoir des futurs grands dirigeants dignement représentatifs des différentes couches de la population si on n’offre pas à qui de droit l’opportunité de servir ? Comment promouvoir une jeunesse compétente à la chose publique si on ne lui donne pas l’opportunité de se familiariser avec l’appareil d’Etat ?
La meilleure manière de parachever et maintenir le Sénégal dans la dynamique d’émergence est de responsabiliser sa jeunesse et lui permettre d’engranger le maximum d’expériences pour mieux servir aujourd’hui et mieux encadrer demain. Même l'exclusion et la marginalisation des jeunes en difficulté est aujourd’hui un crime, à plus forte raison celle des jeunes qui ont de la compétence à faire valoir et qui ne demandent qu’à servir. Alors, il m’est difficile de comprendre les attitudes de certains de mes concitoyens qui émettent des critiques sans argument fondé à l’endroit de certains nouveaux ministres dont les compétences ne sont plus à l’ordre du jour.
Alors pour finir, je me tourne vers ma camarade et sœur, illustre Ministre de la République Néné Fatoumata Tall pour te dire « restes toi-même, modèle d’une jeunesse compétente et capable, ne répondre à aucune polémique, utilises ce temps à faire avancer le pays et à mériter la confiance du Chef de l’Etat ».
Je termine toujours par cette phrase de mon défunt père (Que Dieu lui accorde ses faveurs et le place aux côtés du Prophète PSL et de Serigne Touba Cheikhoul Khadim): “Rien n’est plus gratifiant pour un homme que de servir sa communauté, son pays”. Que Dieu bénisse ce Sénégal.
Cheikh Mbacké Sene est Consultant en Communication et Intelligence économique, président du Forum Economique Generescence de Dakar, Cadre républicain (APR)
PAR BOUBACAR SADIO
PRÉSIDENT DIOUF, VOUS AVEZ FAIT PERDRE À LA POLICE SON ÂME
De tous les Présidents de la République du Sénégal vous avez été celui qui aura pris la décision la plus inopportune, la plus mauvaise, la plus inhumaine envers ses propres compatriotes
Excellence, je profite opportunément du 32eanniversaire des événements des 13 et 14 avril 1987 qui ont abouti à la radiation des policiers pour vous adresser la présente correspondance, en espérant très vivement et c’est mon souhait le plus ardent, qu’elle vous trouve, votre épouse et vous, en très bonne santé.
Excellence, avec tout le respect que je vous dois en votre qualité d’ancien Chef d’Etat qui a eu le grand privilège de et l’insigne honneur de présider aux destinées de notre cher pays pendant 20 ans, je vous dirai tout de go et sans aucune précaution oratoireque de tous les Présidents de la République du Sénégal vous avez été celui qui aura pris la décision la plus inopportune, la plus mauvaise, la plus cynique, la plus inique, la plus injuste, et la plus inhumaine envers ses propres compatriotes.
Excellence, en effet, le 15 avril 1987 sur vos instructions fermes données sous le coup de l’émotion, de la peur et de l’affolement, les députés socialistes de l’époque ont procédé au vote de la loi 87.14 portant radiation des cadres des personnels des forces de police. Cette mesure de radiation collective est intervenue à la suite des fameux événements des13 et 14 avril 1987 que certains ont qualifiés de ‘’grève des policiers’’. En effet, pendant ces deux jours, certains membres des forces de police basés à Dakar, une infime minorité et il est bon de le préciser, ont cru devoir occuper la voie publique pour manifester contre une décision de justice condamnant six de leurs collègues à des peines d’emprisonnement fermes. En réalité cette manifestation inédite a été une véritable occasion pour protester contre les conditions de vie humiliantes et avilissantes qui étaient le lot quotidien des policiers. Toutefois, le souci de la vérité qui me sert toujours de viatique ainsi que l’honnêteté intellectuelle m’obligent à reconnaitre et à dire que les policiers avaient enfreint les règles statutaires qui les régissaient. Bien que légitimes, leurs revendications n’auraient pas dû les amener à s’affranchir de leur statut.
Excellence, concernant la mesure de radiation proprement dite, comme cela a été de tout temps dénoncé, elle est foncièrement inconstitutionnelleen ce sens qu’elle a été prise par l’Assemblée nationale qui n’avait pas compétence en la matière si l’on part du principe que la radiation est une sanction disciplinaire et qu’il était dit dans la constitution en vigueur au moment des faits que le pouvoir de sanction appartenait à l’autorité investie du pouvoir de nomination. Ainsi donc, il vous appartenait de prendre vos responsabilités pour sanctionner directement les présumés fautifs dont les droits de se défendre ont été allègrement bafoués. Seulement par ponce-pilatisme , suivant en cela les conseils du puissant et incontournable Jean Collin, secrétaire général de la présidence d’alors, vous aviez transféré cette responsabilité aux députés socialistes. Et nous nous rappelons tous, avec fierté, que les députés du parti démocratique sénégalais (PDS) avaient ostensiblement quitté l’hémicycle pour ne pas être témoins ni complices de ce qui apparait aujourd’hui, vu ses conséquences, comme un crime social. Jusqu’au moment où j’écris ces lignes, les policiers radiés contestent votre décision enrobée d’une fausse légalité. Et contrairement à Blaise Pascal qui disait « il faut jamais dire au peuple que la loi n’est pas bonne ; il faut toujours lui dire qu’il faut y obéirparce que c’est la loi », nous policiers continueront à dénoncer votre loi scélérate jusqu’à ce que le dernier de vos victimes rejoigne les cieux.
Excellence, il a été ensuite demandé aux policiers de formuler individuellement une demande de réintégration, suprême humiliation. Des commissions ont été créées à l’effet d’examiner, semblait-il les dossiers cas par cas. A l’issue des travaux de celles-ci, mille deux cent quarante sept (1247) policiers, tous grades confondus, ont été jugés ‘’indignes et inaptes’’ de servir l’Etat du Sénégal et ce après des dizaines d’années de bons et loyaux services pour son compte.
Par votre faute, des milliers de braves et valeureux agents ont été brutalement privés de toutes ressources, de tous moyens de subsistance. Des agents dont on ne pouvait apprécier à sa juste valeur la somme incommensurable de sacrifices de toute nature consentis durant leurs carrières.
Excellence, votre décision a eu des conséquences terribles et indicibles dans la vie de centaines de familles sénégalaises. Jadis, ces pères de familles, leurs épouses et leurs enfants vivaient avec les soucis, les préoccupations, les joies et les peines quotidiens de n’importe quelle famille sénégalaise. Mais depuis votre décision injuste, cynique, inique et inhumaine que de péripéties, que de vicissitudes, que d’aléas !
Des familles jadis unies, joyeuses et harmonieuses se sont disloquées ; des enfants, ces êtres frêles, sans défense qui naguère fréquentaient l’école avec l’insouciance de leur âge fait de rêves les plus osés, ont été contraints d’abandonner le chemin du savoir, seul garant de l’avenir. Des bébés prématurés ont grossi le taux de mortalité infantile. Des femmes parturientes ont rendu l’âme au moment où elles mettaient au moment l’innocent sur qui le père radié espérait trouver une consolation. La maladie pernicieuse, vicieuse et malicieuse, quelquefois dans toute sa virulence, conduira au cimetière des nourrissons, des enfants, des adolescents, des femmes et des hommes abandonnés à eux-mêmes parce que précipités brutalement et de la manière la plus lâche dans une situation de désarroi et de détresse jusque là inconnue, mais surtout insupportable. Combien sont-ils à avoir été internés dans un centre psychiatrique pour avoir disjoncté parce s’étant retrouvés subitement en pleine déréliction dans un univers qui leur est devenu étranger. Des femmes, jadis fières de leurs époux et attentionnées vis-à-vis de leurs progénitures ont subitement abandonné le domicile conjugal tout simplement parce qu’un ressort psychologique a été cassé. Des cadavres ont séjourné dans des morgues davantage qu’il n’était nécessaire tout simplement parce que la misère et l’impécuniosité ne permettaient pas d’acheter le linceul et de procéder à la prière mortuaire dans les meilleures de décence. Dois-je poursuivre cette évocation macabre avec le cas de M. Gningue, ce jeune officier ayant servi sous mes ordres et qui s’est suicidé en se jetant sous les roues d’un camion sur la route nationale non loin de Fatick à quelques encablures de Diouroup ? De braves pères de famille, agents émérites qui ont combattu au prix de leur vie pour préserver l’intégrité du pays, pour faire face au banditisme se sont retrouvés à arpenter quotidiennement les rues, les boulevards, les venellestortueuses et autres recoins interlopes à la recherche de l’hypothétique pitance quotidienne.
Excellence, les faits précités sont graves et lourds de conséquences désastreuses et calamiteuses. Et celles-ci se font sentir jusqu’au moment où j’écris ces lignes. Prenez le soin d’aller visiter les familles de policiers radiés, vous aurez l’occasion de mesurer l’amplitude de la détresse, du désarroi, du malheur et de la misère que vous y avez installés. Vous avez fait du mal, du tort à des hommes dignes, à des femmes valeureuses et surtout à des enfants innocents. Votre conscience sera toujours perturbée par les échos des gémissements et les voix d’outre-tombe de milliers de Sénégalais ensevelis sout terre parce que morts de faim, de misère et d’angoisse par votre faute.
Excellence, les policiers radiés constitueront toujours votre mauvaise conscience. Nos progénitures qui avaient grossi le contingent de l’enfance déshéritée ont grandi pour relever le défi. Même ceux qui sontmorts ont constitué le terreau fertile d’où a émergé un grand arbre dont les branches sont dénommées Honneur, Fierté, Dignité, Foi et Espoir. Ce grand et majestueux arbre a produit des fruits qui, aujourd’hui, constituent autant d’hymnes de bravoure et de courage qui sont popularisés et chantés dans toutes les contrées du pays, du Walo au pays Bassari, du Ferlo à la verte Casamance.
Excellence, votre décision irréfléchie dictée par une panique injustifiée a porté un préjudicie énorme à la Police en tant qu’institution. De par votre faute, votreirresponsabilité et votre manque de maîtrise et de sérénité, vous avez fait perdre à la Police des cadres parmi les meilleurs d’Afrique ; vous avez fait perdre à la police son âme et la Police ne s’est jusqu’à présent pas relevée de ce drame. Le déficit structurel des effectifs résulte de votre décision inhumaine et assassine. Plus grave et plus dangereux, vous aviez instillé dans l’esprit de certains policiers mentalement fragiles un complexe d’infériorité par rapport à leurs collègues des autres corps qui, Dieu sait, ne sont niplus compétents professionnellement ni plus utiles socialement.
Excellence, sachez que les policiers radiés que le gouverneur Malick BA avait traités de mauvaises graines, se sont montrés à la hauteur tant au niveau de la Police municipale, aujourd’hui disparue, que dans la Police nationale où leur compétence, leur professionnalisme et surtout leur moralité ont été bien appréciés. Ils étaient très loin de l’ivraie. Ils avaient simplement eu le tort d’être des agents avertis, réfléchis, conscients de leur devoir mais surtout de leurs droits. On leur reprochait, pour la plupart, d’être des intellectuels, des têtes pensantes.Pour votre information, sachez qu’ils ne sont plus que trois en activité sur les 1247 que vous aviez radiés sans le moindre état d’âme.
Excellence, vous avez les salutations fraternelles de deux policiers radiés. D’abord celles du vieuxbrigadier-chef Mandoumbé DIAW, polygame domicilié à Grand Dakar. Il m’a chargé de vous dire qu’il est atteint de cécité depuis bientôt 28 ans. Sa seule activité est de s’asseoir devant sa maison et de voir défiler le film de sa vie à la fois tragique et dramatique. Il m’a prié et chargé de vous mettre au fait que malgré l’abysse visuel dont il souffre du fond de son âme et de sa chair, votre image s’est incrustée par effraction dans sa rétine non fonctionnelle et qu’il en pâtit énormément. Ensuite celles du brigadier Alioune CAMARA, qui vous fait savoir qu’il vous tiendra toujours comme le responsable du décès de son épouse qui, parce que n’ayant pu supporter la présence d’un huissier accompagné de la force publique pour procéder à leur expulsion, a fini par se suicider suite à un affaissement mental aggravé.
Excellence, je ne saurais terminer sans vous dire qu’à travers l’aménité du Président Macky Sall dont on dit que vous êtes le précepteur et le coach, vous êtes en train de bénéficier et de jouir indûment d’un traitement princier financé par l’argent du contribuable Sénégalais dont les impôts tirés des maigres pensions de retraite des policiers radiés.
En toute honnêteté et beaucoup de Sénégalais le pense, vous ne méritez pas les faveurs, les avantages ni les privilèges qui vous sont accordés chaque fois que vous séjournez dans notre cher pays où vous n’avez même pas daigné acquérir ne serait-ce qu’un appartement, faisant montre d’un mépris total, inexplicable, injustifiable, inqualifiable et inacceptable vis-à-vis de ce brave peuple de gorgorlous qui vous aura tout donné. Avec tout le respect que je vous dois, vous avez été ingrat et ne méritez aucune sollicitude ni reconnaissance de notre part.
Excellence, l’histoire témoignera et la postérité retiendra que le deuxième Président de la républiquedu Sénégal, monsieur Abdou Diouf a marqué indélébilement au fer rouge la vie de milliers de Sénégalais.
Les policiers radiés n’oublieront jamais ; qu’Allah Le Tout-Puissant vous pardonne.
Boubacar Sadio est Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite
par Alvar Jones Sanchez
L'EFFICACITÉ ET L'ÉVALUATION DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT EN QUESTION
En Casamance, l’aide a considérablement nui à l’engagement citoyen : là ou par le passé les populations se mobilisaient par elles-mêmes pour la construction d’une école ou d’un poste de santé, elles tendraient davantage aujourd’hui à la passivité
J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans le monde de la coopération internationale, essentiellement sur le continent africain. Je m’en suis distancé pour plusieurs motifs. L’un des plus importants tient à l’absence de correspondance entre les bénéfices associés à mes fonctions (en termes économiques et de prestige) et l’échec fréquent des projets. Ce malaise affecte un grand nombre de professionnels au sein d’organisations internationales du développement, qui doivent concilier leur désir de stabilité et de réussite professionnelle avec des questionnements éthiques parfois complexes.
L’une des raisons qui explique le fossé entre un statut souvent avantageux et des résultats plutôt discutables tient au fait que les professionnels du secteur ne sont pas rémunérés pour garantir l’impact positif et durable des interventions sur les populations. Si l’efficacité des projets avait une incidence directe sur l’avancement de carrière des chefs de projets, il est certain qu’elle susciterait davantage d’attention. Ce sont en réalité d’autres compétences qui sont valorisées, telles que la bonne gestion bureaucratique et comptable des projets (la production de rapports, le respect du calendrier, le contrôle budgétaire), la représentation institutionnelle ou la capacité à capter des fonds.
S’assurer que l’intervention constitue une amélioration de la qualité de vie des populations sur le long terme n’est pas directement associé aux exigences du poste. Elle relève plutôt de l’engagement personnel. Très peu d’organismes font le suivi des projets achevés, pour en évaluer la portée un ou deux ans après leur finalisation. Cette inquiétude n’existe pas dans la mesure où elle n’est habituellement pas exigée et financée par les bailleurs. Les professionnels qui prennent cette peine sont rares, et doivent souvent le faire sur leur propre temps libre.
Qu’en est-il de l’efficacité des projets ?
Le paysage rural africain regorge de pancartes bancales rouillées à la gloire des bailleurs. Il est semé d’édifices abandonnés, d’infrastructures agricoles en rade, d’équipements défectueux avant même d’avoir été utilisé, de périmètres maraîchers délaissés… Ces « résidus » sont les traces d’interventions de développement menées par des ONG et des agences internationales. Ils font partie de l’environnement quotidien des populations. Ces vestiges questionnent l’efficacité de beaucoup d’actions menées sur le continent sous la bannière du développement.
Il n’existe pas de données fiables sur le succès et les échecs des interventions. D’autant plus que ces qualifications varient selon de la perspective des acteurs impliqués.
Dans le cadre d’un projet de recherche financé par la Fondation de la Croix Rouge en Casamance, au sud du Sénégal, nous avons visité de nombreux villages afin d’établir ce qu’il restait des projets réalisés par les ONG internationales durant les cinq dernières années. Les interventions définies comme faillies désignaient les situations où les dispositifs mis en place avaient cessé de fonctionner à peine quelques semaines après la fin du projet. Selon cette perspective, le taux d’échec était supérieur à 70 % dans certaines localités, tandis qu’une ONG espagnole caracolait à 90 % d’échec. Des blocs maraîchers, des chèvreries, des infrastructures d’eau, une maternité, des marchés communautaires édifiés par les intervenants, tombaient en désuétude à peine quelque mois après leur construction.
Il est indéniable que de nombreuses interventions de développement transforment positivement la vie des populations. Beaucoup d’autres, cependant, sont très problématiques en termes d’impact, de viabilité et de pérennisation. Leur fréquence est difficile à chiffrer à large échelle, dans la mesure où il n’existe bien souvent aucun recensement global des actions menées sur une zone particulière, et où les dispositifs d’évaluation ne sont ni fiables ni homogènes.
Un système d’évaluation déficient
Si la culture de l’évaluation s’est aujourd’hui imposée dans le secteur de la coopération internationale, les outils utilisés sont insuffisants pour calibrer les transformations sociales ou économiques dérivées d’une intervention. Il y a plusieurs raisons à cela :
En premier lieu, l’évaluateur est presque toujours recruté par l’organisation qui a mené l’intervention – ce qui engage inévitablement sa neutralité. Les évaluateurs sollicités par les bailleurs de fonds sont rares. Celles qui mobilisent des observateurs indépendants (journalistes, d’autres ONG, des associations locales, etc.) sont pratiquement inexistantes.
En deuxième lieu, l’évaluateur dispose d’à peine quelques heures, voire de quelques jours sur le terrain, afin d’évaluer une intervention souvent menée sur plusieurs années… La visite à la hâte du terrain suggère, d’ailleurs, que les personnes interrogées livrent spontanément, sans pression ni arrière-pensée, leur vision positive ou négative du projet. En réalité, les populations tendent à modérer leurs reproches à l’endroit d’un projet ou d’une organisation. Ils craignent qu’un discours trop critique ne leur donne mauvaise réputation, et réduise les chances de recevoir d’autres projets.
Pour les organisations, une évaluation est souvent vécue comme un examen dont le résultat positif renforce la possibilité d’accéder à de nouveaux fonds. Ainsi, il ne s’agit pas tant de comprendre « ce qui n’a pas marché », mais plutôt d’atteindre la meilleure qualification possible. Elles ne sont donc pas spontanément enclines à faciliter la visibilité des aspects les plus sensibles d’une intervention.
En troisième lieu, l’évaluation d’un projet est habituellement menée à peine quelques jours ou quelques semaines après les dernières activités, pour des raisons d’homogénéité administrative et budgétaire. Mais ce procédé empêche tout recul pour évaluer l’impact. Comment savoir si, un ou deux ans après un appui matériel et économique pour la mise en place d’un petit commerce, un salon de coiffure ou un atelier de couture par exemple, les bénéficiaires se consacrent toujours à l’activité ? Ou si au contraire, comme il est extrêmement fréquent, ils ont vendu le matériel, et se retrouvent dans la même situation qu’au départ ?
Les procédures habituelles d’évaluation ne fournissent pas ces données. Elles portent sur des processus, c’est-à-dire qu’elles procèdent à la vérification des comptes, s’assurent que les activités prévues ont eu lieu et que les principaux bénéficiaires se disent plus ou moins satisfaits. Ces dispositifs sont donc davantage orientés vers la légitimation du système de l’aide que vers l’analyse des transformations enclenchées.
Parfois, le profil des évaluateurs pose également problème. Ils ont une expertise dans un ou plusieurs secteurs (santé, éducation, nutrition, etc.). En revanche ils méconnaissent souvent le contexte local, les langues vernaculaires ou les caractéristiques socioculturelles. Ces lacunes peuvent être difficilement compensées en à peine quelques jours sur le terrain. Les compétences techniques sont bien entendu nécessaires. Mais les compétences sociales, culturelles et politiques sont aussi vitales pour comprendre les conséquences d’un projet.
Des pays « sous régime d’aide »
L’impact des interventions en général, au-delà de chaque projet, est une autre question qui passe inaperçue dans les procédures habituelles d’évaluation. Si l’aide au développement peut constituer une opportunité pour traiter des secteurs délaissés par l’État, ou pour le transfert de compétences, elle s’accompagne aussi d’effets sociaux, économiques et politiques plus problématiques.
En Casamance par exemple, l’aide a considérablement nui à l’engagement citoyen : là ou par le passé les populations se mobilisaient par elles-mêmes pour la construction d’une école ou d’un poste de santé, elles tendraient davantage aujourd’hui à la passivité. L’engagement volontaire très fréquent par le passé (pour le creusement de tranchées par exemple en vue de l’installation de canalisations) est souvent impensable aujourd’hui sans incitation économique.
Cette dépendance vis-à-vis de l’initiative et du financement extérieurs est palpable à plus large échelle. De nombreux États africains dépendent financièrement de l’aide des organisations internationales. Celles-ci, en contrepartie, s’invitent dans la définition des politiques publiques. Certains parlent à ce sujet de « pays sous régime d’aide ». Il tient lieu de se questionner si ces procédés, qui affectent la souveraineté nationale, affaiblissent plutôt qu’elles ne renforcent les États récepteurs, et si, au fond, l’aide ne produisait pas les effets qu’elle prétend combattre.
La présence même d’ONG internationales s’accompagne d’effets palpables sur les tissus sociaux et économiques locaux. Dans des contextes souvent dominés par le secteur informel, le travail dans celles-ci est hautement valorisé tant par le salaire que par le statut. L’aide au développement attire logiquement les professionnels les plus qualifiés, souvent au détriment de la fonction publique. Elle fragilise d’autant plus des structures d’État souvent déjà déficitaire.
Quand l’aide creuse les inégalités
L’aide alimente également les inégalités socioéconomiques existantes. L’exemple qu’en donne Christophe Courtin est particulièrement éloquent. Tandis que le revenu d’un responsable expatrié de l’Union européenne sur le sol africain peut atteindre 12 000 euros (avec les avantages en nature et les cotisations), l’agent de sécurité à la porte de la même délégation de l’UE perçoit rarement plus de 120 euros (soit 100 fois moins !).
En conformité avec l’idéal libéral, la réduction de la pauvreté – objectif déclaré de l’aide au développement – n’est pas incompatible avec le creusement des inégalités. Ainsi, souvent présentée en termes techniques, comme dénuée de toute idéologie, la conceptualisation du développement est en réalité indissociable d’une vision politique et d’un projet de société.
L’idée selon laquelle l’aide au développement produit du progrès est communément admise. Elle est pourtant subordonnée aux critères éthiques, politiques ou socioéconomiques mobilisés pour l’évaluer. En l’absence de processus d’évaluations fiables, qui puissent prendre une certaine distance vis-à-vis des intérêts des principaux opérateurs de développement (bailleurs bilatéraux et multilatéraux, ONG nationales et internationales), cette équation (aide-progrès), qui constitue la légitimité des institutions de développement, relève davantage de l’idéologie que des réalités empiriques.
Alvar Jones Sanchez est Docteur en anthropologie sociale, Fondation Croix-Rouge française
PAR ABDOUL MABYE
CE N'EST QU'UNE FABLE
L'annonce de la suppression du poste de Premier ministre à un moment bien surprenant aurait un « objectif tactique » : créer un écran de fumée, exciter le débat sous l’arbre à palabres pour faire passer plus important : la préparation du prince héritier
En République de Ndoumbélane, le poste de premier ministre sera supprimé. Pourtant en le choisissant bien transparent il n’a jamais été encombrant. Mais qu’importe ! Après tout ce ne sera que le quatrième changement de la Constitution (ailleurs dénommée « loi fondamentale ») en moins de 1O ans à Ndoumbélane, quelque part dans le Gondwana.
Toutefois au pays des rusés, cette annonce à un moment bien surprenant aurait un « objectif tactique » : créer un écran de fumée, exciter le débat sous l’arbre à palabres pour faire passer plus important : la préparation du prince héritier de l’émirat en projet, après un règne de cinq ou … dix autres années.
Au petit frère le gaz et le pétrole transformés en bijoux de famille avec en sus la Caisse des plus importants dépôts. Au beau frère tous les moyens de la politique sociale, autant dire tous les moyens politiques.Et exit toute l’intelligence du Gouvernement, car sans les professeurs d’université il lui sera plus facile de briller puis de devenir Émir après l’Émir.
Wait and see…
EN HOMMAGE A HABIB FAYE, «MANE-MANE» DANS LES BACS LE 19 AVRIL
Un artiste n’est pas jamais parti, il reste toujours vivant, grâce à ses œuvres. Le bassiste, feu Habib Faye, décédé il y a an, le 25 février dernier, avait un projet d’album avec l’artiste koriste Abdoulaye Cissokho.
Adama Aïdara KANTE (Vox Populi) |
Publication 13/04/2019
Son idée était de voir la kora et la guitare se fusionnent pour avoir des sonorités diverses. L’enregistrement était achevé, et Habib tenait à ce que cet album sorte. il avait même déjà trouvé le titre : «Mane-Mane».
Hélas, il est parti avant que le projet n’aboutisse. Pour perpétuer la volonté de l’artiste, Abdoulaye Cissokho a tenu à sortir le produit avec la permission de sa femme et de sa famille, «pour faire le deuil». La sortie officielle de cet opus collector «Mane-Mane» (savoir-faire), est prévue le 19 avril prochain. Elle sera accompagnée de deux concerts un à l’institut Français de Dakar et l’autre, le 24 avril à l’institut Français de Saint-Louis.
En prélude à cet événement, la presse a eu droit à un aperçu de cet album à travers une séance d’écoute. L’album est riche de 10 titres avec une originalité qui met en place les instruments musicaux africains, en particulier la kora, le balafon et la flûte. il est composé aussi d’une diversité de mélodies avec du jazz, du pop, de l’afro, du mbalax… distillées dans les titres. D’après le co-auteur, Habib avait tout son enthousiaste et sa passion dans ce projet discographique. «Nous lui devions donc de le finaliser et le rendre public. Si j’étais à la place d’Habib Faye, il aurait fait la même chose», a-t-il déclaré.
Dans ce duo on entend Habib qui chante même en mandingue «Mami Niang» en rendant hommage aux mamans, aussi «Africa Molu» pour un combat pour l’Afrique. Il y a aussi d’autres chansons, telles que «Haïti», «hivernage», «amitié», «darabib»… noter qu’il y a des collaborations avec d’autres musiciens dans cet opus. Notamment avec Moctar Samba (Maroc/Sénégal) à la batterie, le Français Jean Philippe Rykiel (piano), Djiby Diabaté (balafon), Wilfried et Jules Gueye (cuivre, saxophone et trompette), Ibrahima Ndir (calebasse), Ousmane Ba (flûte).
YASS REMBOBINE POUR RENDRE HOMMAGE A SA FAMILLE
Voir Yasser Hachem, alias Yass, en scène est un régal. son spectacle produit, jeudi soir, au théâtre Sorano, est à son image.
Adama Aïdara KANTE (Vox Populi) |
Publication 13/04/2019
De retour à Dakar, Yass a présenté un spectacle, jeudi dernier, à Sorano, pour retracer sa vie et rendre un hommage à sa famille.
Voir Yasser Hachem, alias Yass, en scène est un régal. son spectacle produit, jeudi soir, au théâtre Sorano, est à son image. Débordant d’énergie, d’humanité et de générosité, l’humoriste comédien, alliant l’humour et l’amour, a tenu en haleine le nombreux public venu partager les grands moments de spectacle «one man show», pour rendre hommage à sa famille. dix ans après sa première production, Yass, un sénégalo libanais, né à Dakar, est de retour au pays pour trois grandes dates (11, 12 et 13 avril 2019).
Le premier rendez-vous a été époustouflant avec «Yass rembobine» : du vrai théâtre avec des personnages, à travers plusieurs actes. Yass (49 ans) a fait voyager le public dans son univers familial, de Dakar à Beyrouth, terre de ses ancêtres, en passant par paris. il a rembobiné ses souvenirs au rythme des musiques qui l’ont bercé en Afrique, en Europe et en Asie.
Cette pièce est un mélange de tendresse et d’humour qui fait le sel de son art, convoque beaucoup de personnages drôles, loufoques et émouvants.
Pendant 2 heures de spectacle, sans montrer une signe de faiblesse, Yass a tenu en équilibre entre un cèdre et un baobab, comme un hamac sur lequel il invite le public à s’allonger. Sur un décor simple aux limiers tamisés de rouge et du bleu de Rodrigue-Lecours, sous la musique d’Adham Chalhoub, le show pouvait démarrer.
L’humoriste a fait son entrée avec la musique Abdel Khalil qui a «bercé son enfance et son adolescence». «Je savais que le public de jeudi est un public de retraités. on va vivre des moments de tendresse», a-t-il lancé sous les ovations du public. le «flash-back» est une série de spectacles, qui va prendre fin, ce samedi, à l’institut français de Dakar.
Plongeant les spectateurs dans une ambiance familiale des modulations, de sa voix, il imite sa mère, son père et ses frères. Dans cet acte, il narre une mère ordonnée qui éduque ses enfants, dont un grand frère «bien correct» et cadet «gâté». «Le problème de ma mère, ce n’était pas mon grand frère mais moi, Yass. et mon problème à moi, ce n’était pas mon petit frère Adel, un des plus grands mystères de l’humanité», dit-il. Et de raconter sa mère Jahda, une dame très raffinée, qui tenait la mercerie «la pagaille», à la rue amadou Assane Ndoye, à Dakar : «sa passion, c’était sa famille et la cigarette (…) elle avait toujours trois tasses de café: une chaude pour tuer la nicotine de sa voix teintée de goudron, une tiède pour tuer l’amertume et une brûlante pour m’épouvanter, moi Yasser». Quant à son père, Mohammed Ali, son héros, un dandy adepte d’Yves Saint-Laurent, il avait trois passions dans la vie, à savoir, sa mère, la musique et le champagne. Mais il était aussi un déconneur. Quand mon petit frère lui dit «papa je veux un nouveau frère, il répond en disant ‘un nouveau frère je ne sais pas, mais un demi-frère quand vous voulez’». Eclats de rire et salves d’applaudissements !
La scène la plus cocasse, c’est le mariage au Liban avec une belle-mère extravagante ancrée dans ses traditions de virginité, de mondanité. le show s’est terminé sur une note triste, avec la disparition de sa mère… la leçon de morale retenue, c’est la bonne éducation, l’impact des réseaux sociaux, etc. un hommage fort aussi à ses voisins, à Dakar, Tati Maïmouna et tonton Babacar.