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29 juillet 2025
par Serigne Saliou Guèye
LE SACRE DE LA CONFIANCE ET DE LA LOYAUTÉ
Aujourd’hui, Dionne incarne une double facette : technocrate et politique en même temps - Plus proche collaborateur du Président en tant que Secrétaire général de la Présidence, il devient, de facto, le deuxième patron du palais
Comme on s’y attendait, le président de la République Macky Sall a reconduit Mahammad Boun Abdallah Dionne au Premier ministre et l’a nommé au poste stratégique de Secrétaire général de la présidence de la République. C’est la reconnaissance du travail accompli, la récompense d’une fidélité sans faille à Macky Sall depuis qu’il était directeur de cabinet de ce dernier sous le magistère de Wade. A la Primature d’abord puis à l’Assemblée nationale. Dionne est l’atout confiance du chef de l’état, raison pour laquelle, il sera l’une des pièces maitresses sur laquelle le président Sall s’appuiera pour amorcer son dernier mandat décisif. Aujourd’hui, c’est le sacre de la loyauté, de la confiance, de l’expérience mais aussi de la compétence.
Né le 22 septembre 1959 à Gossas, Mahammed Boun Abdallah Dionne, selon les informations recueillies sur Wikipédia, est diplômé en 1983 de l'Institut d'informatique d'entreprise (IIE) de France, grande école d'ingénieurs devenue l'Ecole nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (Ensiie). Il est également titulaire d'un diplôme de troisième cycle en économie internationale et globalisation, spécialité Politiques économiques et sociales de l'université de Grenoble. Il a participé à de nombreuses formations organisées conjointement par la BCEAO et l'Institut du FMI.
Mahammad Dionne a également suivi des formations délivrées par l'Institut de la Banque mondiale en particulier sur le financement des infrastructures et leur accès par les plus pauvres. Il a commencé sa carrière professionnelle en 1983, à la compagnie IBM (division des opérations extérieures), en qualité d'ingénieur technico-commercial, avant de rejoindre, en 1986, la BCEAO. En 1997, il a été détaché par la BCEAO auprès du gouvernement du Sénégal.
Dans le cadre de son détachement, Mahammad Dionne a occupé, de 1997 à 2003, les fonctions de directeur de l'Industrie au ministère chargé de l'Industrie, puis de chef du Bureau économique du Sénégal à Paris avec rang de ministre-conseiller, de 2003 à 2005, et enfin, de directeur de cabinet du Premier ministre Macky Sall de 2005 à 2007. Après l'élection de Macky Sall à la présidence de l'Assemblée nationale du Sénégal, Mahammad Dionne devient son directeur de cabinet de 2007 à 2008.
Par la suite, il est nommé représentant de l'Onudi en Algérie jusqu'en décembre 2010. De 2011 à mars 2014, il exerce les fonctions de coordinateur sénior de la coopération industrielle sud-sud puis, de chef du programme de l'Onudi pour l'Afrique et les pays les moins avancés. Inconnu du grand public, il est nommé Premier ministre en 2014. Depuis lors, il s’est comporté comme la sentinelle du Président, le défendant en toutes occurrences. Il a défendu l’Etat contre les accusations d’Ousmane Sonko sur l’affaire Pétrotim.
Aujourd’hui, Dionne incarne une double facette : technocrate et politique en même temps. Plus proche collaborateur du Président en tant que Secrétaire général de la Présidence, il devient, de facto, le deuxième patron du palais. Comme le dit Samy Cohen dans son ouvrage Les conseillers du Président, « le Secrétaire général de la Présidence joue simultanément les rôles de collaborateur privilégié du Président, de courroie de transmission avec le gouvernement ». C’est ce que confirmait le Général de Gaulle quand il disait que « le Secrétaire général est au centre et au courant de tout ». En cela, il s’assimile à un Premier ministre-bis. Sous l’ère d’Abdou Diouf, Jean Collin, Secrétaire général de la Présidence, a été plus puissant que le Premier ministre Habib Thiam.
Connu pour son franc-parler mais provocateur avec ses justes oracles, Dionne se caractérise par le consensualisme qui se dégage autour de sa personne. Toutefois, il faut noter que, dans les couloirs du pouvoir, certains le considèrent comme un apériste de la dernière heure puisque, pendant la traversée du désert de Macky Sall, son mentor, il avait pris la poudre d’escampette avec l’appui de Karim Wade pour aller se la couler douce à l’Onudi. D’ailleurs cette tare congénitale constitue un point d’achoppement dans sa trajectoire politique larvée. Et dans la bataille politique qui sourd à l’horizon de l’APR, cela le délégitime dans une éventuelle succession du leader.
Mais chacun s'accorde pour dire que Boun Dionne est un bosseur pour avoir bien conduit le PSE et implémenté la vision de son leader là où Aminata Touré et Abdoul Mbaye ont échoué. Au plan politique, il a conduit la liste gagnante électorale mais perdante sociologiquement des dernières législatives. C’est lui qui a coordonné le Pôle programme du candidat Macky Sall à la dernière présidentielle. On se rappelle l’annonce de la victoire de son candidat au soir du 24 février qui a créé tout un désordre dans la scène politique. Il l’avait fait à propos du nombre de candidats qui franchiraient l’obstacle des parrainages. Ça aussi, c’est du Boun Dionne, il sait allumer des contrefeux pour rester maitre de la communication publique politique.
Dionne qui a été un PM non encombrant, non « ambitieux » saura-t-il tirer un enseignement fructueux de cette mise en garde du Président François Hollande qui disait à l’alors Secrétaire général de l’Elysée de 2012 à 2014, Pierre-René Lemas, de savoir « rester dans l’ombre » ? En tout cas, de 2014 à 2019, Dionne a été un « Mister Nobody ».
LE GRAND PERDANT ET LES GAGNANTS
De ministre des Finances, Amadou Ba devient ministre des Affaires étrangères ! Ce qui sonne comme une rétrogradation pour un ministre à qui l’on prête des ambitions présidentielles et qui ne parvient même plus à cacher qu’il souhaite remplacer Macky
C’est assurément un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage ! Amadou Ba, tout-puissant ministre de l’Economie et des Finances pendant près de cinq ans, et poids lourd de la majorité présidentielle à Dakar où il a de manière décisive aidé le président de la République à inverser la tendance électorale grâce à sa force de frappe financière, Amadou Ba, donc, quitte la place Peytavin pour migrer vers la place de l’Indépendance ! Autrement dit, de ministre de l’Economie et des Finances, il devient ministre des Affaires étrangères ! Ce qui sonne comme une rétrogradation pour un ministre à qui l’on prête des ambitions présidentielles et qui ne parvient même plus à cacher qu’il souhaite remplacer le président Macky Sall.
En tant que ministre des Affaires étrangères, il passera le plus clair de son temps — neuf mois sur 12 en moyenne — à l’extérieur, ce qui ne lui laissera guère le loisir d’entretenir sa base électorale des Parcelles Assainies. Et du département de Dakar d’une manière générale. Ensuite, tout Crésus qu’il soit, le fait de perdre les mamelles que constituent les régies financières — notamment la Douane et les Impôts et Domaines — et leurs colossaux fonds communs et autres primes de saisie ou de signature de conventions aura sans nul doute pour effet d’émousser sa force de frappe financière. Laquelle, déjà, a été trop sollicitée au cours de la dernière campagne pour l’élection présidentielle. En perdant tout cela et en se retrouvant à la tête d’un ministère où il devra se contenter de frais de mission — et parfois aussi de libéralités de généreux souverains du Golfe persique ou du roi du Maroc —, il perd les moyens d’entretenir sa clientèle politique. De ce point de vue, Amadou Ba apparaît comme le plus grand perdant du remaniement ministériel d’hier.
Les grands gagnants sont incontestablement
Abdoulaye Daouda Diallo qui, rétrogradé aux Infrastructures dans le dernier gouvernement, revient en force pour occuper le ministère des Finances et du Budget. Ce alors que dans le premier gouvernement du magistère Macky Sall, il avait dû se contenter du poste de ministre délégué chargé du Budget. Entretemps, il est vrai, il avait pris un ministère de souveraineté, l’Intérieur, et géré notamment les élections législatives de 2017 ainsi que le basculement des cartes d’identité et d’électeur du numérique au biométrique. Après les Infrastructures, il pointe donc désormais comme numéro quatre du Gouvernement derrière son successeur place Washington, Aly Ngouille Ndiaye, et le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba. Ainsi que derrière le PM, bien entendu. Me Kaba, en passant des Affaires étrangères aux Forces armées monte dans la hiérarchie gouvernementale et se retrouve numéro deux à un poste particulièrement sensible et de confiance. En devenant numéro 3 du Gouvernement, Aly Ngouille Ndiaye aussi prend du galon.
Toutefois, le plus grand gagnant du remaniement reste assurément l’avocat Me Malick Sall qui entre pour prendre directement un ministère de souveraineté tout en pointant à la sixième place du Gouvernement. Un exploit !
par Mamadou Oumar Ndiaye
DES CHOIX GAGNANTS ASSURÉMENT !
L’un des faits marquants du nouveau gouvernement est incontestablement le retour en force de Mouhamadou Makhtar Cissé - Macky n’aurait pas pu trouver un meilleur ministre de la Justice que Me Malick Sall
L’un des faits marquants du gouvernement formé hier est incontestablement le retour en force — et en grâce — de Mouhamadou Makhtar Cissé. L’ancien directeur de cabinet du président de la République, envoyé au purgatoire de la Senelec — c’est du moins le noir dessein que poursuivaient ses adversaires — a non seulement réussi le tour de force de stopper la descente aux enfers de l’électricien national, mais encore mis fin aux délestages cauchemardesques d’antan. Lesquels empoisonnaient le quotidien des ménages et des entreprises. Surtout, Makhtar Cissé est parvenu à accroitre notablement les capacités de production de la Senelec avec un recours aux énergies renouvelables dans le cadre d’un mix énergétique à ce point réussi que de nombreux pays africains viennent s’inspirer de l’expérience sénégalaise. Mieux, la Sénelec vend même aujourd’hui de l’électricité aux pays de la sous-région, elle qui en manquait dramatiquement ! Sans compter que, abonné aux déficits abyssaux depuis Mathusalem, l’électricien national est parvenu à renouer avec les bénéfices depuis quelques années. C’est donc fort logiquement que l’artisan de cette résurrection miraculeuse de la Senelec, l’homme qui a réussi à faire oublier aux Sénégalais les délestages, revient en force au gouvernement pour prendre les commandes d’un secteur qu’il connaît bien : l’Energie, et en particulier le pétrole et le gaz dont notre pays va devenir un producteur dans deux ans. A travers ce retour au gouvernement — il avait eu à occuper les fonctions de ministre du Budget — de Mohamadou Makhtar Cissé, c’est donc la compétence qui est récompensée dans la mesure où l’homme a fait ses preuves partout oùilestpassé. A la tête de la Douane d’abord où il avait battu les records de recettes lors de son passage mais aussi, on l’a dit, à la Senelec où cette tête d’œuf appartenant au prestigieux corps de l’Inspection générale d’Etat (IGE) a réconcilié les Sénégalais avec la fée Electricité. En le nommant au ministère de l’Energie, le président de la République a fait incontestablement le bon choix.
Me Malick Sall, un orfèvre du droit à la Justice
L’autre homme qu’il faut à la place qu’il faut dans ce nouveau gouvernement, c’est l’avocat Me Malick Sall. A la tête de l’un des plus grands cabinets de Dakar, cet avocat d’affaires aux multiples réseaux internationaux connaît sur le bout des doigts le monde judiciaire où il évolue depuis une quarantaine d’années. Maîtrisant parfaitement le droit, connaissant bien ses dossiers, respecté aussi bien par ses confrères avocats que par les magistrats qui apprécient sa compétence et sa courtoisie, le très discret « Malick » a toujours aidé et conseillé dans l’ombre le président Macky Sall. Mieux, il n’a ménagé ni son temps, ni sa santé, ni sa fortune pour aider de manière désintéressée le candidat Macky Sall pour le compte duquel il a abattu un travail de titan dans le département de Matam où il a équipé des hôpitaux, offert des ambulances, aidé des associations de jeunes, financé des groupements de femmes, soutenu les responsables locaux de l’APR sur ses propres deniers. Assurément, là aussi, le président Macky Sall n’aurait pas pu trouver un meilleur ministre de la Justice que Me Malick Sall. Ce à un moment où nos compatriotes ont un sérieux problème de confiance avec leur institution judiciaire. Une justice qui est désormais entre de bonnes mains, assurément.
Poussive, la formation du premier gouvernement de Macky II - Un accouchement difficile, de stress post-électoral qui révèle certes une volonté d’impulser une nouvelle dynamique, mais qui conserve beaucoup de “stigmates’’ de Macky I
Poussive, la formation du premier gouvernement de Macky II. Un accouchement difficile, de stress post-électoral qui révèle certes une volonté d’impulser une nouvelle dynamique, mais qui conserve beaucoup de “stigmates’’ de Macky I. La volonté de rupture aurait pu être mieux assumée et déroulée, pour donner des signaux plus clairs. Si le nombre de ministres est passé de 39 à 35, les postes clefs sont occupés par des politiques purs et durs
Poussive, la formation du premier gouvernement de Macky II. Un accouchement difficile, de stress post-électoral qui révèle certes une volonté d’impulser une nouvelle dynamique, mais qui conserve beaucoup de “stigmates’’ de Macky I. La volonté de rupture aurait pu être mieux assumée et déroulée, pour donner des signaux plus clairs. Si le nombre de ministres est passé de 39 à 35, les postes clefs sont occupés par des politiques purs et durs. Il y a sans doute de tous nouveaux visages dont on attend de savoir s’ils ne sont pas tout simplement trop maquillés, mais aussi de vieilles reliques dont nous doutons de la capacité à impulser les ruptures annoncées. Signe avant-coureur que le “marathon’’ des réglages ne pouvait se terminer que de la sorte, c’est l’annonce-surprise de la suppression du poste de Premier ministre.
Le deuxième président du Sénégal, Abdou Diouf en l’occurrence, a été ébloui par les mêmes sirènes qu’il avait appuyé sur le bouton rouge, mais les deux situations politiques sont loin d’être les mêmes. Diouf avait en face de lui de “féroces dinosaures’’ prêts à le “dévorer’’, au soir de son atterrissage arrangé à la présidence, qu’il se devait de les neutraliser. C’est le 1er mai 1983, à la suite d’une révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale, qu’Abdou Diouf renforça ses biceps de président nouvellement installé par un régime présidentiel renforcé. Les observateurs de l’époque témoignent que Diouf se rendra bien compte que c’était une erreur. Le président Sall sort d’une élection qui le consacre victorieux à plus de 58 %. En vérité, aucune menace sérieuse ne pèse sur lui, pas pour l’instant, en tout cas, qui justifie une posture aussi radicale.
La question n’est pas Mahammed Boun Abdallah Dionne intuiti personae, qui va devenir simple secrétaire général de la Présidence, sans prise sur les ministres du gouvernement. Loyal vis-à-vis du président, il peut l’être, comme chanté sur tous les toits. Il peut aussi révéler des zones de faiblesse, qui n’ont sans doute pas fait beaucoup de publicité. Mais, dans le fond, Dionne ne saurait être un obstacle ou un prétexte. Ne serait-il pas satisfait du travail de ce dernier qu’il aurait simplement pu le remplacer par un autre profil plus adapté aux enjeux de l’heure. On ne peut, en effet, pas penser que le pays, sauf à considérer les Sénégalais comme des incapables, ne compte pas de dignes fils capables d’occuper et d’animer à la fois politiquement et techniquement la Primature, si tant est que Dionne ne fait plus l’affaire. Mieux, sur le principe, n’aurait-il pas été plus indiqué d’intégrer ce projet de dissolution de l’institution dans le corpus des réformes constitutionnelles lors du dernier référendum ? Les mêmes électeurs qui viennent de le porter à la magistrature auraient bien pu lui dire “oui’’.
Cette validation par le citoyen aurait tout simplement effacé le caractère politicien d’une décision aussi structurante pour le devenir de la République. Il faut rappeler que cette question avait été traitée par les Assises nationales. Visiblement, le président n’a plus besoin d’un fusible, d’un rempart grandeur Primature. Il veut luimême aller au front. On a envie d’ajouter à ses risques et périls. Parce que pour les années à venir, les périls ne manqueront pas. Idrissa Seck et Ousmane Sonko ont beau être sonnés, mais ils sont loin d’être Ko. La politique au Sénégal nous enseigne que même les cadavres ressuscitent et que les rapports de force changent bien souvent à une vitesse vertigineuse. Toutes choses qui font que ce gouvernement-ci a du pain sur la planche. Il n’aura pas droit à l’échauffement qui précède la compétition. Son efficacité ne saura être appréciée qu’à l’épreuve de son action concrète, sur l’échelle des résultats qu’il sera en mesure de mettre sur la balance. Sera-t-elle à la hauteur des nouveaux espoirs fortement exprimés à la dernière présidentielle ? Toute la question est là !
par Jean Meïssa DIOP
ÉCHEC À LA PRESSE DE SCOOP
Faire le pied de grue à la présidence de la République n’y a rien a pu ; toute une journée durant, la presse n’a pu obtenir le moindre nom des ministres du gouvernement dont la constitution a tenu en haleine tout un pays
D’aucuns, sur les réseaux sociaux, ont avoué être saisis d’un “stress’’(sic) à force d’attendre que la fumée sorte du toit de la salle de conclave – pour emprunter une image toute vaticane au moment de l’élection d’un pape. Bien des facebookers ont littéralement disjoncté en parlant d’une “attente interminable’’, voire insoutenable. Toute la journée du dimanche, chaînes de télévision et de radio n’ont pu dire que “Nous allons retourner à la présidence de la République’’ : “Ici, à la présidence de la République, on guette toujours la sortie du Premier ministre Mahamad Boun Abdallah Dionne pour la proclamation de la liste des ministres du nouveau gouvernement’’…
Depuis 11h, il en est ainsi : les alertes se succèdent annonçant pour “imminente’’ (sic) la publication de la liste du gouvernement. Puis, rien, mais rien…
C’est que, selon toute vraisemblance, la présidence de la République aura réussi un tour de force, accompli un exploit inédit d’avoir verrouillé toute information relative à cet événement. Un verrouillage auquel la presse n’est pas du tout habituée. Une presse dont certains acteurs sont très prompts à se vanter d’avoir décroché un scoop !
Ainsi, ont été mis en échec les chasseurs de scoop et les “maîtres des exclusivités’’ prompts à tambouriner des exclusivités qu’ils doivent à des sources haut placées, mais qui, cette fois-ci, ont été neutralisées sans rémission. Il faudra bien que, un jour, la vérité se sache sur comment la présidence de la République est parvenue à cette prouesse qui pourrait servir en des circonstances futures. En recherche de l’information, le journaliste se retrouve parfois en butte à ce mur et s’aperçoit de ses propres limites. Ils n’ont pas eu de source, ceux qui se vantent toujours d’avoir qui des “antennes’’, qui des capteurs ou encore ces autres des “agents de renseignement infiltrés ’’ (Ari) ou des “gorges profondes’’.
Excusez du peu ! Et voilà qu’hier, 7 avril 2019, ils se sont aperçus de la vanité de leurs prétentions et des limites de leur vantardise. La constitution de ce gouvernement en avril 2019 restera un raté d’anthologie pour la presse de scoop. Les tuyaux habituels ont été obstrués et n’ont pas fonctionné comme d’habitude. Certes, ils ont juste eu ceux qui avaient pu pronostiquer la suppression de la fonction de Premier ministre, mais les noms de l’équipe gouvernementale leur auront échappé. Il faudra attendre que le chef de l’Etat communique ce qu’il estime devoir communiquer ; et la presse de n’être qu’un relais…
Le communiqué peut tomber sur l’e-mail de la rédaction ; et le mérite de chasseur du scoop aura été réduit à presque rien. Voilà donc toute une journée pour presque rien ou si peu. Des radios et télés, peut-être pour réduire le poids de la longue attente, ont trouvé l’alternative dans le recours à des “analystes’’, “politologues’’ et autres “dakaralogues en sénégalalogie’’ qui n’ont fait que ronronner avec des clés d’analyse presque foirées et qui, par voie de conséquence, n’apprennent rien au public. Le président de la République Macky Sall devrait être reconnu as du verrouillage, et la presse l’a appris à ses dépens. Il n’a pas été besoin d’imposer aux collaborateurs de faire un serment de ne pas fuiter la moindre information obtenue dans le cadre de leurs fonctions–comme l ’avait fait Me Wade à l’époque président de la République. Et dans cette situation, même les fabricants de fakenews ont été défaits. Même les pronostiqueurs incorrigibles ont dû déposer les armes et constater leur défaite.
AJOUTER UNE TOUCHE PERSONNELLE POUR BOOSTER CES SECTEURS
Dame Diop, le nouveau ministre de l'Emploi, de la Formation professionnelle et de l'Artisanat, veut renforcer les acquis et y ajoutant une touche personnelle
Dame Diop, ministre de l'Emploi, de la Formation professionnelle et de l'Artisanat, veut renforcer les acquis et y ajoutant une touche personnelle. Interrogé par nos confrères de la Radio Futurs Médias, le ministre déclare que ‘’le président de la République a posé de grands axes dans son premier mandat aussi bien pour l’emploi, la formation professionnelle que l’artisanat. Donc, il s’agira pour nous conformément à la volonté de Macky Sall de les renforcer et d’apporter notre touche personnelle pour que tous ces secteurs puissent aller de l’avant’’.
L’EMBARGO CONTRE LES LUTTEURS DE ROCK ENERGIE LEVE
Ouf de soulagement pour les jeunes lutteurs de l’écurie rock énergie. Les managers ont levé le pied sur la mesure qu’ils avaient adoptée de refuser de signer des combats pour les poulains de Modou Lô
L’affaire Birame Gningue a trouvé une issue heureuse. Pour ceux qui ont une mémoire courte, l’on peut leur faire un petit rappel. En effet, lorsque Modou Lô a donné mandat à son agent de le manager officiellement, le Regroupement des managers avait donné une ferme injonction à ses membres de ne pas signer les combats qui concernent les lutteurs de Rock Énergie. Un blocus qui avait pénalisé les poulains de Modou Lô. Ils avaient été complètement rayés de la carte des combats. Cette situation, les partenaires d’écurie de Xaragne Lô l’ont gérée avec une certaine intelligence. D’abord, ils avaient saisi la presse pour alerter.
Boy Sine et ses coéquipiers avaient, par la suite, entamé des démarches pour rencontrer des personnes ressources de l’arène. Le but recherché : amener le président Babou et compagnie à lever le pied sur la mesure prise. «Nous avions rencontré le président Babou pour le supplier de comprendre notre situation et de lever le blocus. Ce qu’il a fini par accepter. C’est le lieu de le remercier vivement ainsi que tous les managers. Parce qu’ils ont adressé une lettre à notre écurie pour nous pardonner et nous invitent à éviter des erreurs pareilles dans le futur. Je voudrais bien remercier le manager Ass Cissé qui a joué un grand rôle pour que la situation soit décantée», a argumenté Boy Sine, qui a joint par téléphone Sunu Lamb, vendredi dernier. «J’ai été mandaté par mes pairs et l’écurie pour donner la bonne nouvelle à l’intention des amateurs. Nous n’avions pas arrêté nos entraînements mais on avait mis la pédale douce. Cette levée d’embargo va désormais nous pousser à donner plus dans les entraînements», jubile le jeune lutteur.
«AMA EST PRET CONTRE TAPHA TINE»
La lutte est son job. Tapha Tine ou un autre, Ama Baldé est prêt», fait savoir Jules Baldé.
Alors que la saison de lutte 2018-2019 bat son plein, certains lutteurs tardent à décrocher des combats. C’est le cas d’Ama Baldé de Pikine, fortement sollicité mais qui peine à signer un contrat. Cette situation pourrait être un vieux souvenir pour lui, puisque son frère Jules Baldé bénit son combat revanche contre Tapha Tine
Il ne se passe pas un jour sans que nous ne soyons interpellés sur le prochain combat de Domou Pikine. Le fils de feu Falaye Baldé est réclamé sans cesse par ses inconditionnels mais aussi les amateurs. À quelques mois de la fin de cette présente saison, qui sera bouclée le 31 juillet, c’est la course contre la montre pour le montage des combats. Les promoteurs s’activent de gauche à droite pour monter des combats. Un lutteur comme Ama Baldé veut être engagé et son combat contre Tapha Tine est dans les plans de Pape Thialis Faye.
Joint par téléphone, pour savoir si les négociations sont en bonne voie, Jules Baldé explique : «Pape Thialis veut le combat. Nous sommes à son écoute. Ama Baldé est prêt contre Tapha Tine. Que les gens sachent qu’Ama Baldé veut lutter et il n’attendre pas un seul lutteur. Nous sommes prêts pour tous les lutteurs. Si nous arrivons à tomber d’accord avec Pape Thalis, nous sommes partants contre Tapha Tine. On veut lutter cette saison. On ne va pas prendre une avance pour la saison prochaine. Si on signe avec un promoteur, c’est pour cette saison. Préparer un combat c’est excessivement difficile, nous n’allons pas prendre une avance au hasard pour un combat qui se tiendra la saison prochaine. C’est trop risqué. Le lutteur peut mourir. Ama Baldé veut compétir, il n’est pas un mannequin. La lutte est son job. Tapha Tine ou un autre, Ama Baldé est prêt», fait savoir Jules Baldé.
DAKAR, CAPITALE DES BANLIEUES FRANCOPHONES
Du 5 au 13 avril, les banlieues sénégalaises et françaises vont fusionner pour montrer les talents dont ils recèlent.
Le festival Banlieues Fraternelles Francophones (B2F), réunit à Dakar des jeunes artistes sénégalais et leurs camarades venus de Marseille et Strasbourg. Le festival qui met à l’honneur les arts urbains se déroule entre Guédiawaye, Ouakam et Rufisque sur financement de l’Institut culturel français.
Délinquance, drogue et violence sont des stéréotypes souvent attachés aux banlieues. Pour donner une autre image de ces quartiers, l’association GHip Hop, la Maison des Cultures urbaines (Mcu), et l’Institut français de Dakar ont initié le festival Banlieues Fraternelles Francophones (B2F) avec la participation de l’Association Kaay Fecc. Du 5 au 13 avril, les banlieues sénégalaises et françaises vont fusionner pour montrer les talents dont ils recèlent. «Il s’agit de réunir les jeunes des banlieues francophones autour d’un socle commun», explique Annabelle Ostyn de l’Institut français. Pendant 8 jours donc, des jeunes des banlieues sénégalaises et ceux des banlieues de Strasbourg et Marseille vont mettre en commun leur créativité pour montrer un visage positif. «Beaucoup de stéréotypes sont portés sur les banlieues mais il y a autre chose qui se passe en banlieue et il faut qu’on amène les gens à porter un nouveau regard sur les banlieues», explique Malal Talla de G Hip Hop. «Il y a une proximité, une ressemblance, énormément de choses que les banlieues partagent et il faut travailler sur ça», poursuit-il. Pour ces rencontres rap, danse, slam, graffiti et autres disciplines des cultures urbaines seront au programme.
Cette deuxième édition voit la montée en puissance du festival qui passe de 4 à 20 évènements. Parmi les évènements phare, la Battle nationale qui, cette année, aura comme parrain l’artiste Pps. Selon la présidente de l’association Kay Fecc, Gacirah Diagne, «il est important de montrer aux jeunes des modèles qui réussissent dans le milieu pour les pousser à aspirer à cette réussite». Durant le festival, l’objectif, dit-elle, est de pousser les jeunes danseurs des 14 régions du pays venus s’affronter à Dakar à se tourner vers la création chorégraphique pour arriver à une autonomie financière. «La danse est une profession et il faut que les jeunes arrivent à comprendre que le corps est leur instrument de travail et qu’ils doivent l’entretenir, le nourrir et le former», explique Mme Diagne. Au total, souligne Annabelle Ostyn, la culture urbaine est devenue une véritable économie et durant le festival, l’association Mémoire Vive, qui a développé des fabriques artistiques à Marseille et Strasbourg, va partager son expérience avec les jeunes des banlieues sénégalaises. Il faut dire qu’au Sénégal, même si le talent est une chose bien partagée, les cultures urbaines souffrent de l’absence d’infrastructures et de financement. Le soutien de l’Etat est structurel, souligne Amadou Fall Ba, administrateur de la Maison des cultures urbaines. Cela, malgré la hausse du Fonds des cultures urbaines qui va passer de trois cents millions à un milliard de francs Cfa.