Birima Mangara : «Je vais là où le devoir m’appelle»
Joint au téléphone, après avoir été éjecté du gouvernement, le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara a fait savoir qu’il demeure un fonctionnaire et qu’il n’est pas attaché à un poste. «Je suis un fonctionnaire au service du pays et je vais là où le devoir m’appelle. Je ne suis pas attaché à perpétuellement demeurer à un poste», a-t-il lâché au bout du fil. L’ancien ministre du Budget a ensuite exprimé sa gratitude au chef de l’Etat qui lui a accordé sa confiance pendant tout ce temps. Il faut dire que Birima Mangara a été Directeur de Cabinet adjoint du Président de la République avant d’être bombardé ministre délégué chargé du Budget. Même s’il n’a pas le droit de faire de la politique en tant qu’Inspecteur général d’Etat (IGE), Monsieur Mangara a financièrement contribué à la réélection du Président Macky Sall en soutenant beaucoup de responsables à l’intérieur du pays, mais aussi à travers le mouvement de soutien de son épouse, Magui Chanelle, «And ak wa Mangara fallat Macky» qui s’est déployer partout.
Mamadou Talla doublement félicité
Il y avait foule au domicile du nouveau ministre de l’Education nationale. Mamadou Talla recevait non seulement les cadres de son département, mais aussi des militants venus de la Diaspora. Aussi présent dans la diaspora dont il est originaire qu’à Kanel dont il est devenu le nouveau patron, le successeur de Serigne Mbaye Thiam recevait les félicitations des délégations venus d’horion divers .Il y avait le maire de Kanel, Haymoud Daff, le président du Conseil départemental de Kanel, l’ancien député Samba Keïta, le Dg de la Cmu, le député Néné Marième Kane, le Pr Ousmane Dia, directeur de l’Apprentissage, l’ancien ministre d’Etat Zakaria Diaw, Mamadou Oumar Bocoum, Sadio Cissé etc. Tout ce beau monde était venu non seulement féliciter le ministre, mais aussi exprimer leur gratitude au chef de l’Etat pour cette promotion accordée à l’ancien ministre de la Formation professionnelle.
Trois individus déférés au parquet
Dans la journée d’hier, la gendarmerie de Keur Massar a déféré devant le Procureur de la République trois individus qui auraient pris part à l’incendie volontaire provoqué dans la maison de Tapha Aw, peu de temps après le drame. En effet, informé de la mort de Bacary Diédhiou, un groupe de personnes s’est rendu au domicile du maire de la localité, Moustapha Mbengue pour y saccager des biens, dont un véhicule avant de poursuivre leur expédition punitive chez le jeune mécanicien en y mettant le feu. Un geste extrémiste que les mis en cause doivent regretter puisqu’il est établi que Tapha Aw n’a pas porté le coup fatal. Au cours de l’enquête, les gendarmes ont aussi interpellé trois autres personnes dont une femme et un homme d’un âge avancé, ainsi qu’un jeune homme. Il leur est reproché la complicité de meurtre et le recel de meurtrier. Les investigations se poursuivent en vue d’autres interpellations. Pour rappel, tout est parti d’un affrontement entre deux camps. Le premier était composé de joueurs de football qui s’activaient sur un terrain, le second d’un groupe de faux lions, communément appelé « Simb Gaindé » qui faisait une prestation. Provocateurs, les faux lions faisaient des irruptions sur le terrain, ce qui avait fini par énerver les joueurs. S’en est suivi un échange de propos aigres-doux puis une bagarre. Pour calmer les esprits, Bacary Diédhiou est intervenu. Il a été poignardé au dos. Evacué à Keur Massar, il n’a pas pu recevoir les soins nécessaires faute d’un plateau technique adéquat. Transféré à Thiaroye, le mécanicien a fini par succomber à ses blessures. Sa mort a entraîné une vague de violences chez les riverains.
La LD prend acte de son absence du gouvernement
Même si la Ld n’a pas été consultée, son Secrétariat Permanent de la Ligue Démocratique (LD) braque ses projecteurs sur le nouveau gouvernement. Nicolas Ndiaye et ses camarades jallarbistes soutiennent qu’ils prennent acte de leur absence du gouvernement formé ce weekend. En effet, le seul représentant de la LD dans l’ancienne équipe gouvernementale n’a pas été reconduit. Il s’agit de la responsable des femmes jallarbistes, Khoudia Mbaye. D’ailleurs, les jallarbistes se sont réunis sous la présidence de Nicolas Ndiaye (secrétaire général du parti,) à l’effet d’apprécier le nouveau gouvernement. «Après des échanges approfondis, le Secrétariat Permanent de la Ligue Démocratique a pris acte de la formation du gouvernement et de l’absence de membres de la LD en son sein», d’après un communiqué parvenu à «L’As». «Tout en souhaitant pleins succès au nouveau gouvernement, la LD réaffirme son ancrage dans la coalition Bennoo Bok Yakaar et engage les militantes et les militants du parti à se mobiliser pour la réussite du second mandat du Président Macky Sall», soulignent les responsables de la Ld.
Mamadou Saliou Sow
Plus chanceux que le nouveau Secrétaire d’Etat auprès du Garde des Sceaux Chargé de la Promotion des Doits Humains et de la Bonne Gouvernance, tu meurs. Le nouveau représentant de la région de Kédougou dans le gouvernement a vraiment de la baraka. Mamadou Saliou Sow avait presque rejoint le parti de Ousmane Sonko, Pastef Les patriotes, il y a de cela trois mois parce qu’il était frustré. Pourtant, M. Sow est membre fondateur de l’alliance pour la République (Apr). Il ne pouvait plus voir le chef de l’Etat à cause de son Directeur de cabinet, Me Oumar Youm. C’est à la veille de la présidentielle qu’il a été reçu par le président Macky Sall l’Etat qui l’a ramené dans les rangs de l’Apr. C’est donc surpris que Salif Sow fait son entrée dans le Gouvernement dans un département qu’il connait, puisqu’il est titulaire d’un Diplôme d’études approfondies (DEA) en droit de la Sorbone.
Perturbations
La Sénégalaise des Eaux (Sde) annonce encore que ses techniciens ont entamé des travaux de réparation d’une fuite sur la conduite principale du lac de Guiers (alg1) provoquée par l’entreprise française Sogea/Satom travaillant pour le compte de la Sones à hauteur de Ndande. Certains ouvrages de production du système d’alimentation en eau de Dakar sont à l’arrêt. Ainsi, la distribution d’eau connaîtra des perturbations allant de la baisse de pression au manque d’eau à Louga, Thiès, Rufisque et environs, Dakar et sa banlieue. La Sde informe aussi qu’un dispositif de camion-citerne sera mis en place pour soulager les populations des quartiers les plus impactés par ces perturbations. La situation reviendra progressivement à la normale à la fin des travaux prévue le mardi dans la soirée.
Le Sénégal reste le meilleur élève des pays du SIILS
Le Sénégal fait des efforts considérables pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est le constat qui a été fait par l’USAID lors de la réunion d’évaluation annuelle qui regroupe 6 pays d’Afrique et d’Asie bénéficiant de ce programme. Grâce à la création de nouveaux types de semences dont la production en graine et en biomasses reste conséquente. L’objectif du projet de développement concernant la céréale est atteint. Ces résultats ont conduit à la seconde phase du programme de l’USAID. Le Sénégal a été choisi pour le démarrer.
Thierno Bocoum
Le président du mouvement Agir désapprouve les réformes constitutionnelles qu’envisage le Président Macky Sall pour s’octroyer un superpouvoir. Ainsi pour Thierno Bocoum, Macky Sall inaugure l’ère de gestion solitaire du pouvoir en décidant tout seul de changer le régime politique du Sénégal avec la suppression du poste de Premier ministre. Selon lui, c’est l’équilibre des différents pouvoirs qu’il remet ainsi en cause. A en croire Thierno Bocoum cette décision qui n’a jamais été une promesse électorale n’a pas encore révélé tous ses secrets. En tout état de cause, dit-il, son nouveau gouvernement décline une partie des termes de références d’un soi-disant dialogue que le Président Macky Sall appelle de ses vœux. Ainsi, regrette-t-il, le chef de l’Etat maintient son ministre de l’Intérieur et renforce ses pouvoirs pour quelqu’un qui est normalement à son dernier mandat. Pour lui, Macky Sall a décidé de renforcer ses pouvoirs et de voiler par le mystère la gestion de la chose publique à la place d’une transparence qu’exige toute grande démocratie.
Secrétaires d’Etat
Le Sénégal est en train de se familiariser avec les postes de secrétaires d’Etat dans les attelages gouvernementaux. Depuis 2014, le Pésident Macky Sall qui a introduit le poste de secrétaire d’Etat dans le gouvernement. Or, il n’existe pas dans la loi fondamentale du Sénégal. Le titre de secrétaire d’Etat comme membre du gouvernement, indique Aziz Diop, enseignant en Droit à l’Université Aliou Diop de Bambey, est contraire à l’article 53 de la Constitution. L’article 53 de la Constitution du Sénégal stipule : Le Gouvernement comprend le Premier Ministre, chef du Gouvernement, et les Ministres. Le Gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier Ministre (…).
LA SUPPRESSION DU POSTE DE PREMIER MINISTRE N’EST PAS OPPORTUNE
Moussa Touré est contre l’idée de suppression du Poste de Premier ministre- Le Chef de l’Etat Macky Sall compte introduire dans les plus brefs délais un nouveau projet de loi à l’Assemblée nationale.
(SenePlus.com, Dakar) – ‘’Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne décision dans la recherche de l’efficacité et de la célérité du traitement des dossiers’’, a soutenu l’ancien ministre de l’Economie et des finances sous le régime de Abdou Diouf (1981-2000) sur les ondes de la Radio Futurs médias (Rfm privée) dans son édition du matin.
L’autre aspect de cette décision dans l’architecture actuelle, a-t –il ajouté, ‘’le Président de la République a son périmètre, le Premier ministre quoi qu’on puisse dire a également a son périmètre de compétence où il évolue en faisant avancer des dossiers’’.
Aujourd’hui, ‘’tout cela sera concentré par le Chef de l’Etat alors qu’il est souvent en voyage, il s’occupe de politique interne et extérieure, de tellement de choses qui ne lui permettent pas de s’impliquer lui-même dans des dossiers pour les faire avancer’’, a fait valoir l’ancien ministre de l’Economie des Finances. L’ancien ministre était dans un gouvernement sans Premier ministre sous l’ère Diouf qui avait également supprimé le poste en 1983.
Sur la scission du ministre de l’Economie et des finances, Moussa Touré estime également que ce n’est pas ‘’opportun’’.Par ailleurs il estime que le ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence occupé cumulativement par le Premier ministre Mahamad Boun Abdalah Dione aura tous les pouvoirs.
par l'éditorialiste de SenePlus, demba ndiaye
TOUT COMPTE FAIT...
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ? On ne doit plus croire ce que dit et dira ce président
Mea culpa. Parce que tout compte fait, on ne peut définitivement pas faire confiance ni à l’homme, ni à l’institution présidentielle qu’il est sensé incarner, tant sa propension à dire ce qu’il ne fera pas et à faire le contraire de ce qu’il avait dit, semble relever d’une pathologie politique dont le nom populaire, et vulgaire, est : le mensonge. Oui, tout compte fait, on ne peut pas croire cet homme.
Comme beaucoup de nos compatriotes, son adresse à la nation du 3 avril dernier, m’avait bluffé : j’avais cru déceler des accents de sincérité, une raison retrouvée, une citoyenneté redevenue boussole d’un quinquennat qu’il voulait plus citoyen, plus moral, un environnement plus vert, des villes plus propres (zéro déchet) disait-il. Alors, berné par les accents de sincérité, j’avais pensé que « Pour une fois », on pouvait croire Monsieur le Président. Je m’étais trompé, dans un moment de...faiblesse. Parce qu’il ne fera rien de ce qu’il a dit le 3 Avril. Oui, tout compte fait, on ne doit pas, on ne doit plus croire ce que dit et dira ce président. Et voici pourquoi...
1/ Le 3 Avril, dans un discours enrobé de trémolo et d’accent de sincérité, il appelle au dialogue, promet le retour de la citoyenneté, la défense de notre environnement, de nos villes, villages et quartiers, des villes zéro déchets, une administration plus républicaine et réactive, la fin des crimes fonciers contre leurs terres agricoles, le resserrement du gouvernement pour une plus grande efficacité... Et pour cela, ses médias affidés annoncent la suppression du poste de Premier ministre, nous tympanisent avec des rappels historiques (Senghor, Diouf) hors contexte.
2/ Après avoir fait mariner des jours durant la population et les milliers de candidats ministrables, pour la formation du gouvernement, qui ne sera tout compte fait que très transitoire, c’est finalement un monstre qui sort des neurones des alchimistes qui établissent les formules politiques à l’usage du Président. En effet, on nous annonce que son très voyant de Premier ministre (il avait annoncé à la virgule près, le score de son candidat) reste pour quelques semaines comme PM, cumulativement avec celui de SG de la présidence. Son boulot ? Conduire la réforme supprimant son poste. Merde alors ! Il reste PM pour quelques semaines pour supprimer son poste ! Et c’est l’homme dont avait dit, comme l’autre, qu’il était « le jardinier des rêves » de son boss. Coordonnateur de sa campagne électorale victorieuse avec le score qu’il avait annoncé ! Dites-moi depuis quand on émascule l’étalon qui donne de beaux bébés ?
3/ On nous annonce un « gouvernement resserré » (mon œil !) pour un quinquennat d’action pour le « dernier mandat » (vraiment ?) du Macky. Les griots et autres « spécialistes » mettent des tonnes de pommade sur un quinquennat de « travail », « d’action », pour « laisser sa marque », et patati et patata...Que nenni ! Il n’y a rien de « resserré » dans ce gouvernement, mais plutôt des incongruités qui en disent long sur les grands mensonges du septennat, notamment d’un certain nombre de « bombages » de torses.
a) plusieurs de mes confrères ont taillé (à tort) des habits du « meilleur ministre de l’Économie et des finances » à Amadou Ba, le « grand argentier » de l’Etat qui ramène chaque année des milliards (plus que le pays n’en avait demandé) ; on en a même fait l’architecte de la victoire du candidat Macky Sall à Dakar. Évidemment les thuriféraires avaient oublié de préciser un petit détail : Khalifa Sall et Karim Wade avaient été mis hors course. Alors pourquoi on va exiler ce super ministre de l’Économie dans la sphère des mensonges d’Etat: leurs Affaires étrangères ?
b) On nous a vanté les miracles du PUDC dans nos campagnes désertiques et désertées. Le secrétaire d’Etat qui gérait cet outil faiseur de miracles disparaît ...pour avoir fait trop de résultats !
c) Le ministre de l’agriculture dont on a vanté les mérites, les diplômes, la technicité, et surtout, avoir conduit le pays à l’autosuffisance alimentaire (riz...). Viré ! Merde, notre président n‘aimerait-il pas ceux qui font des résultats ?
d) Le ministre de l’Enseignement supérieur, un de nos plus brillants matheux, qui veut réhabiliter les maths et les sciences est viré comme un malpropre. Lui reproche-t-on la mort de l’étudiant Fallou Sène à la place du gendarme qui a tiré, pour des finances qui n’ont pas viré les bourses à temps, ou du Crous qui n’a pas laissé les gosses bouffer à l’heure puisqu’ils n’avaient pas touché leurs courses ?
e) Mais le plus grave, c’est qu’on remplace dans le temple du SAVOIR, la maison de CHEIKH ANTA DIOP, cet austère mathématicien, par un sulfureux bonhomme épinglé par les services de contrôle, et qui est cité tous les jours pour cette affaire. Quel message on envoie à notre jeunesse dont on prétend qu’elle sera la boussole du quinquennat ?
f) la Culture dont on affirme vouloir réhabiliter, nos musées qu’on veut rendre aux populations, nos œuvres qu’on veut ramener de chez Marianne, et dont Latif Coulibaly avait dépoussiéré les chantiers, et montré que la Culture ce n’était pas que de la musique et de la danse : par ici le « musée des déclassés pour travail bien fait »!
...ET on peut continuer ainsi pour les sept ministres expulsés des prairies marrons-beige. Ils ont été les dindons de la farce des marrons du feu...du Macky. Et qu’on arrête les mensonges : il n’y a eu ni gouvernement « resserré », ni économies substantielles.
4/ Maintenant, la question de la suppression du poste du Premier ministre et de l’appel au dialogue.
Sur la forme et l’objectif du fameux dialogue. Que l’on m’explique, comme si j’étais un enfant de sept ans qui vient d’entrer au CI : comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ? De quoi il sera question dans et durant ce dialogue ? S’il a lieu ? Déjà qu’il faisait l’objet de suspicion légitime de la part de l’opposition significative et du « oui mais » d’une partie de la société civile, maintenant, on peut parier qu’il est définitivement mort-né. Parti en couilles quoi !
Sur le projet de suppression du poste de Premier ministre. Une certaine opinion expliquerait ce projet par la peur du régime d’être battu lors des prochaines législatives et donc, de devoir cohabiter avec l’opposition. Cela peut être un des éléments, mais pour ma part, cela me semble peut crédible. Parce que supprimer le poste du PM, ne règle pas le problème d’être battu ou non aux législatives. D’accord, nous serons dans un régime hyper présidentialiste, dont le chef du gouvernement ne viendra pas des rangs du parti, ou de la coalition qui sortira majoritaire des législatives. Mais le président sera quand-même minoritaire dans le parlement ! Et comment il fera pour faire passer ses projets de lois dans une telle Assemblée ? On ma répondu par des décrets et des ordonnances...
Nom de Dieu, peut-ont imaginer un pays gouverné par des décrets et des ordonnances pendant cinq ans...dans la paix ? Dans un pays considéré comme une merveilleuse vitrine démocratique en Afrique !
Non, il me semble pour ma part, que c’est plus grave que cela : notre président verse de plus en plus dans des velléités monarchiques. Plus d’institutions démocratiques intermédiaires, Assemblée nationale plus asservie encore, des institutions godillots et budgétivores (CESE, HCTT...) servant à faire illusion pour la consommation extérieure dont les représentants se suffiront du vernis démocratique pour nous pomper pétrole et gaz en bonne conscience. Comme leur silence durant le génocide rwandais et qu’ils essaient d’exorciser aujourd’hui.
Oui, je suis obligé de faire un douloureux double mea-culpa : il n’y a pas de « nouveau Macky » et « Tout compte fait », on ne peut absolument pas lui faire confiance.... C’est l’héritier politique de ce que le « Vieux » avait de haïssable : des tendances autoritaires et des penchants dangereux pour les régimes monarchiques...
J’ai été frappé par le fait qu’en 2019, des étudiants sénégalais réclament encore l’enseignement des œuvres de celui qui, en plus de porter le nom de leur université, est considéré comme l’un des plus grands penseurs d’Afrique
Fin mars, des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), se réclamant du « Mouvement Carbone 14 », ont organisé une marche pour réclamer l’enseignement des œuvres de leur parrain dans les programmes. Sans préjuger d’éventuelles autres motivations des leaders de ce mouvement, j’ai été frappé par le fait qu’en 2019, des étudiants sénégalais réclament encore l’enseignement des œuvres de celui qui, en plus de porter le nom de leur université, est considéré comme l’un des plus grands penseurs d’Afrique. La même complainte provient des confréries qui, elles aussi, jugent que les œuvres de nos grandes figures religieuses ne sont pas suffisamment prises en compte dans les programmes scolaires…
Le hasard a fait qu’au moment de cette actualité, j’étais en train de lire le volume commémoratif (2011) du 150ème anniversaire de la naissance de Rabindranath Tagore, l’auteur indien le plus célèbre du 21ème siècle et « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire » (Présence Africaine, seconde édition, 1974) de Cheikh Anta Diop. Il ne s’agit point de comparer ici le poète indien et l’historien sénégalais, mais de faire un simple constat. Là où le poète indien est célébré, par les plus hautes autorités de son pays, comme « le Connaisseur » et « le Guérisseur », bref, le voyant et l’interprète des aspirations profondes de son peuple, l’historien sénégalais est presque tombé dans l’oubli, 33 ans seulement après sa mort, devenant l’affaire de quelques rares disciples qui continuent de vénérer la mémoire du « maître » dans des cercles universitaires ou milieux panafricanistes marginaux. Nous n’apprenons pas suffisamment notre culture et notre passé, encore moins les enseignements de nos plus brillants penseurs.
A l’inverse, les pays asiatiques vénèrent leurs grands penseurs et s’inspirent de leur culture pour mieux s’inscrire dans la modernité et le développement. « Il [Tagore] incarnait l’esprit de l’Asie, favorisant la paix, l’échange des idées, l’intégration pacifique de différentes religions et les échanges commerciaux par mer, neutres et dénués de marques de polarisation – des zones de paix et la complémentarité des intérêts », écrit S. M. Krishna, ministre indien des Affaires étrangères (2009-2012), dans l’avant-propos de l’ouvrage commémoratif cité plus haut.
Oui, les leaders du « Mouvement Carbone 14 » ont raison. On ne lit pas assez nos grands penseurs. Je me souviens que c’est tardivement que j’ai découvert Cheikh Anta Diop dans mon cursus scolaire. J’étais déjà à l’université et un de nos profs, un « cheikhantaiste » et marxiste convaincu, avait inscrit dans son cours la lecture obligatoire et un exposé sur « Nation nègre et culture », l’un des ouvrages majeurs de l’égyptologue. Il ne faut sans doute pas considérer l’œuvre du « pharaon du savoir » comme le Coran ou la Bible. A rebrousse chemin de ceux qui le vénère comme un « visionnaire », certains de ses critiques estiment qu’il a produit « une espèce d’histoire culturelle de l’Afrique qui était pleine de bonne volonté, mais qui n’était pas très exacte sur le plan empirique ». Soit ! Mais son œuvre mérite certainement d’être enseignée aux jeunes Africains. Parce qu’elle constitue une source d’inspiration et de réarmement moral inestimable. Voici d’ailleurs ce qu’écrit Cheikh Anta Diop dans « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire » : « C’est la conjoncture historique qui oblige notre génération à résoudre dans une perspective heureuse l’ensemble des problèmes vitaux qui se posent à l’Afrique, en particulier le problème culturel. Si elle n’y arrive pas, elle apparaîtra dans l’histoire de l’évolution de notre peuple, comme la génération de démarcation qui n’aura pas été capable d’assurer la survie culturelle, nationale, du continent africain ; celle qui, par cécité politique et intellectuelle, aura commis la faute fatale à notre avenir national » (page 28).
Si l’objectif de Cheikh Anta Diop était, dans le contexte des années 1950, de réaffirmer avant tout que l’Afrique avait un passé, un présent et qu’elle allait avoir un avenir, ceci reste valable aujourd’hui plus qu’hier. Certes, le continent a fait d’énormes progrès en matière de démocratie et de développement, mais nos dirigeants auraient tort de négliger l’estime de soi, la construction citoyenne. C’est le chantier prioritaire.
Sinon, comme le disait Cheikh Anta Diop, nous risquons de ne pouvoir opposer à la mainmise étrangère sur nos économies « qu’un nationalisme folklorique et bariolé tout au plus des couleurs vives de nos tissus indigènes ».
par Abdelaziz Moundé Njimbam
QUE LA FRANCE SE REMÉMORE, COMMÉMORE ET RÉPARE SES CRIMES EN AFRIQUE
il y’en a des millions - Derrière les murs muets de l’Elysée : le « bouton nucléaire » autorisant des coups d’Etat ; les assassinats répétés de leaders indépendantistes ; les opérations « homicides » décidés par des chefs d’Etat français, etc.
Votre mentor, Paul Ricoeur, éminent philosophe, dans sa retentissante somme « La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli » s'interrogeait sur le procès mémoriel permanent qui constitue une des marques de notre époque : Entre remémoration et commémorations, quelle est la place de la juste mémoire ?
Quand certains, sous prétexte de combat contre la repentance, de sanctification du secret défense, indifféremment égarés et aveuglés par l’illusion de la supériorité occidentale, la grandeur à géométrie variable de la France et de la civilisation européenne, se refusent au devoir et au travail de mémoire sur l’Afrique, la complexité, les réalités et atrocités de son passé « français », vous avez choisi sur le cas rwandais, d’affronter une dure réalité et d’y répondre : la responsabilité de la France, dans l’un des plus grands massacres de l’histoire de l’Afrique. Une puissance qui a su sans rien dire. Un acteur géostratégique qui a couvert l’horreur perpétrée par ses « amis » et protégés au pouvoir. Un fournisseur d’armes qui a continué d’en approvisionner, au plus fort des massacres, les soutes à munition des génocidaires. Ricoeur le disait aussi : La fatalité, c'est personne, la responsabilité, c'est quelqu'un.
C’est tout à votre honneur, après tant d’années d’orgueilleux et vain déni de vos prédécesseurs, au verbe humaniste et à la grammaire cynique des relations internationales ; de « volontarisme » à pas mesurés de François Hollande, exprimant une émotion pour le carnage des tirailleurs de Thiaroye mais fermant toutes les portes aux réparations. Autant de temps d’une cécité d’une partie de l’opinion et de surdité de ces chevaliers qui ne jurent que par la gloire de la France - qu’elle mérite par tous les prestigieux acquis, idées et hauts faits de son histoire - et refusent sa part d’ombre et de ténèbres, pour emprunter à Stephen King et Conan Doyle, un mot éloquent et chargé de sens.
A votre honneur, même si votre présence à Kigali, à la place d’un haut représentant d’origine rwandaise, aurait donné aux actes, la grandeur et la sincérité des mots.
L’honneur aussi de votre pays qui souvent, comme vous l’avez dit à Alger, a imaginé la Déclaration des Droits de l’Homme et oublié de la lire en Afrique, aussi sous le fallacieux prétexte de la « Mission civilisatrice », paravent sophiste du pillage des richesses et accessoirement bâtisseur d’écoles et d’hôpitaux.
Celui de tous ces français, lucides comme un Stendhal, généreux de leurs engagements tel un Jaurès, qui ont de leurs plumes, à l’image d’un André Gide, de leurs cris articulés à la Césaire, ou de leurs marches incessantes à la Bové, refusé que les verrous scellent éternellement ces placards remplis des cadavres de la présence française en Afrique.
Et, M. Macron, il y’en a des millions. Trop de millions ! Dans les catacombes de la diplomatie et de la raison d’Etat : les enfumades d’Algérie ; le nettoyage des opposants marocains ; les tombes sans nom des tirailleurs massacrés à Thiaroye, etc.
Derrière les murs muets de l’Elysée : le « bouton nucléaire » autorisant des coups d’Etat ; les assassinats répétés de leaders indépendantistes ; les opérations « homicides » décidés par des chefs d’Etat français, etc.
Dans les cimetières des intérêts économiques : les morts et les victimes irradiés de l’uranium au Gabon, jamais reconnus ni indemnisés ; les victimes des déportations ; les horribles sévices du travail forcé ; etc.
Dans les fosses communes de la géopolitique : les deals secrets avec Leopold II au Congo, cache-sexe de millions de mains coupées, de têtes décapitées et de corps ensevelis ; les enfants et les morts affamés du Biafra ; etc.
Dans les morgues incendiées de la lutte contre les mouvements indépendantistes et de résistance : les massacres des populations Bamiléké et Bassa du Cameroun, les exécutions de Fort-Crampel où l’on faisait détonner des explosifs dans la bouche des résistants pour « méduser » ceux qui suivraient leur exemple ; les expéditions punitives des missions ; le glaive sanglant et les canons d’horreur de Faidherbe, Gallieni, généraux célébrés de la République ; etc.
Dans les pages jaunies des archives militaires, calcifiées sous le sceau d’un secret-défense suranné.
Ces fantômes, victimes collatérales des appétits de puissance économique, géopolitique géostratégique et de l’avidité humaine, ne sont pas la fiction du Thriller de Michael Jackson ou un chapitre de Jack l’Eventreur. Ils sont une réalité niée, voilée depuis tant de décennies, mauvaise conscience de ceux qui ne rêvent que de table rase du passé, tel ce gouverneur français à l’abolition de l’esclavage en 1848 aux Antilles, alors qu’ils célèbrent De Gaulle, Napoléon, Jeanne D’Arc ou les pages glorieuses de Vercingétorix.
A force de les enfoncer sous les mers comme ce rail de morts de l’esclavage abandonnés par les bateaux négriers, de les dissimuler, ils sont redécouverts avec rage par une grande partie de la jeunesse africaine, sous l’effet d’un lent et patient travail de conscience historique. Ils peuplent l’inconscient collectif, se heurtent à l’histoire, à la subjectivité, à l’affectivité et aux choix idéologiques. Ce que le bons sens se refuse alors est braconné par le conspirationnisme. Ce que l’honneur se refuse est usurpé par la mauvaise foi et le ressentiment. Le fuel du sentiment anti-français y trouve alors ses gisements les plus prolifiques. L’hystérisation des réseaux sociaux y puise son gaz. La radicalisation des esprits y siphonne son carburant.
Ce qu’il faut, c’est de briser la glace des mensonges et dénis officiels, en, exposant à la vue des générations futures, la vérité sur ce passé qui ne passe pas : les Etats-Unis en ont pris le chemin.
Ce qu’il faut, sans hiérarchiser ou télescoper les mémoires, c’est de prendre le fil de cette proposition de loi, formulée par Cécile Duflot, portant sur la reconnaissance des crimes coloniaux de la France : claire, officielle, solennelle.
Ce qu’il faut aussi dans le calme des bibliothèques, des salles d’archives et des laboratoires de recherche, c’est d’associer les historiens de tous ces horizons dans un travail ouvert, rigoureux pour exhumer et rendre intelligible, le rôle obscur de la France après les ces Indépendances octroyées, sous contrôle, où les coups d’Etat, assassinats et actes de déstabilisation économique, ont trahi les belles déclarations des visites et toasts officiels.
Ce qu’il faut, c’est d’oser débaptiser ces rues, stèles et places en France ou y apposer des explications claires, qui font l’apologie et célèbre les acteurs les plus pernicieux de ces crimes et horreurs.
Enfin, comme pour ce qu'attend Haiti, terre qui a du payer un tribut pour avoir sa liberté, l’honneur de la France, qui a indemnisé les marchands d’esclaves, en créant par exemple, après l'abolition, la Banque du Sénégal, ancêtre de la Banque de l’Ouest Africain et de cette monnaie qui attente à notre souveraineté qu’ est le Franc Cfa, est de se défaire d’une raideur de puissant en abordant avec sérieux et rationalité, au pays de Descartes, la question des réparations. Elle ne parlera plus dans ses rencontres avec l’Afrique ou au sujet des Africains, d’aide ou de charité, mais de justice, de vérité et de fraternité !
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MULTIPLE PHOTOS
SOUPA SÉRÈRE RÉCEPTIONNE SA PREMIÈRE ÉCOLE
L’ONG américaine Buildon, œuvrant dans l’éducation en partenariat avec la fondation Acronis, a procédé à l’inauguration de l’école du village situé au Nord de la région de Fatick
Alioune G Sall et Fatou Sène |
Publication 08/04/2019
L’ONG américaine Buildon, œuvrant dans l’éducation en partenariat avec la fondation Acronis a procédé l’inauguration de l’école du village de Soupa sérère, situé dans le Nord de la région de Fatick, le samedi 06 Avril 2019. ‘’ C’était une évidence pour Acronis de participer à cette dynamique consistant à rapprocher le centres d'éducation vers les enfants dans tous les endroits possibles. C’est la deuxième école en Afrique sur un programme de 15 dans le monde, au cours de ces 3 prochaines années’’, a renseigné Maréva Koulamallah, ‘’ directrice communication EMEA. ‘’ pour Acronis.
Les deux classes de l’école de Soupa Sérère ont été construites dans le cadre d’une méthode participative où les bailleurs invitent les bénéficiaires à mettre la main à la pâte. ‘’ Après le choix de la localité bénéficiaire, on amène l’argent. Mais on vient construire avec les habitants. Par exemple ici à Soupa Sérère, chaque jour il y avait au minimum 30 habitants du village qui venaient travailler avec nous’’, a expliqué Daouda Camara, coordonnateur de l’Ong Buildon au Sénégal. ‘’ On ne se limite pas seulement à construire une école et à l’équiper. D’autres actions vont suivre. Parmi lesquelles, l’alphabétisation des femmes, la réinsertion à l’école des enfants qui ont abandonné tôt l’apprentissage’’, a annoncé Daouda à propos des différentes actions de l’ONG, ajoutant qu' l'organisation songe à mettre à la disposition des femmes, un montant assez conséquent pour leur permettre en place un commerce.
IL ÉTAIT UNE FOIS, LES BLANCS
Dans « Histoire des Blancs », l’Africaine-Américaine Nell Irvin Painter explore les constructions mentales qui, depuis l’Antiquité, ont forgé la « blanchité »
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 08/04/2019
Dès 1948 et son mythique Orphée noir, Jean-Paul Sartre a eu conscience du « privilège blanc », celui de « voir sans qu’on le voie » et de se penser comme point de référence. En attestent une grande partie des travaux d’anthropologues au XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle. Des hommes (la plupart du temps) et des femmes (plutôt rares) occidentaux écrivent sur les « autres ». Dans un contexte de domination coloniale et impériale né de la traite transatlantique, les Noirs sont des objets d’étude scientifique pour les Blancs.
Il aura fallu attendre les années 1990 pour que les chercheurs s’intéressent enfin à ceux qui habituellement regardent les autres, les Blancs, et que se développent les Whiteness Studies aux Etats-Unis, après la publication de The Wages of Whiteness : Race and the Making of the American Working Class, de David R. Roediger, en 1991, et de How the Irish Became White, de Noel Ignatiev, en 1995. Vingt-cinq ans plus tard, en 2010, l’historienne africaine-américaine Nell Irvin Painter publiait Histoire des Blancs, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Max Milo.
Cette étude monumentale, fruit de deux décennies de recherches, tend à montrer comment la notion de race blanche s’est construite outre-Atlantique et comment elle puise dans une histoire qui remonte à l’Antiquité, à une époque où les races n’existaient pas et où il n’était pas question de Blancs et de Noirs. Ce qui importait alors, c’était là d’où venaient les hommes, la géographie, le climat. Pourquoi alors remonter aussi loin ? Pour comprendre d’où viennent les Saxons, dont se sont réclamés – et se réclament toujours – une partie des Américains blancs, ceux qui pendant longtemps se sont pensés comme étant les seuls véritables Américains et qui dominaient la société dans son ensemble. Mais aussi d’où viennent les Celtes. Ce qui permet, entre autres, de comprendre la discrimination dont ont été victimes les Irlandais.
La distinction entre Celtes et Gaulois, par exemple, dépend de la manière dont les Romains parlaient d’eux et des mots qu’ils employaient pour les désigner ; ce qui n’est pas sans rappeler la manière dont, beaucoup plus tard, les colonisateurs européens créeront par le langage et la volonté politique des ethnies en Afrique.
Un pan oublié de l’histoire mondiale
Nell Irvin Painter convoque tout un pan « oublié », dit-elle, de l’histoire mondiale : celui de l’esclavage des Blancs, qui a duré plus de deux mille ans et qui ne s’est terminé qu’avec la modernisation ottomane au début du XXe siècle. Cet esclavage-là est fondamental pour comprendre comment s’est construite la blanchité, notamment à travers son idéal de beauté.
« L’emploi de l’adjectif “caucasien” pour désigner les Blancs, écrit-elle, trouve son origine dans les idées de beauté qu’on associait à l’esclave blanc originaire de l’est de l’Europe, et la blanchité reste liée à des représentations de la beauté existantes dans l’histoire de l’art et la culture populaire. » En témoigne le succès des odalisques. C’est là l’un des paradoxes dont aime à se jouer l’histoire : à cause de l’ampleur inédite – et sans commune mesure avec les autres esclavages – de la traite négrière, on a fini par associer les Noirs à l’esclavage, les Blancs à la liberté, et le modèle blanc s’est imposé comme canon esthétique. Or cette beauté-là nous vient de celle des femmes esclaves d’Eurasie.
Comble de l’ironie, le terme de « Caucasien » servant à désigner les Blancs a été pensé à partir d’un crâne qu’a eu en sa possession le médecin, anthropologue et biologiste allemand Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840) et qu’il trouvait parfaitement beau. Il semblerait que « la femme dont le crâne servit à désigner la race blanche ait été une esclave sexuelle à Moscou, comme des milliers de ses compatriotes en Russie et dans l’Empire ottoman ». Cette femme était une Géorgienne que les Russes avaient faite prisonnière et qui mourut d’une maladie vénérienne.
Au XIe siècle, Dublin est le plus grand marché d’esclaves d’Europe et un dixième de la population britannique est esclave – ce qui aura profondément marqué l’identité anglaise, dont l’hymne national déclame que « les Britanniques jamais ne seront des esclaves », justement parce qu’ils l’ont été. Patrick, saint patron de l’Irlande, a été au Ve siècle l’un d’entre eux. Les Vikings ont été des marchands d’esclaves de premier ordre et ont déplacé massivement des peuples, à un point tel que ces trafics « ont changé la face de l’Europe ».
« Avant le développement du trafic d’esclaves provenant d’Afrique au XVIIIe siècle, c’est entre la moitié et les deux tiers des tout premiers immigrés blancs des colonies anglaises du Nouveau Monde qui vinrent comme travailleurs forcés, soit de 300 000 à 400 000 personnes », explique Nell Irvin Painter. Ces chiffres peuvent paraître infimes comparés aux plus de 12 millions d’Africains déportés outre-Atlantique, mais ils montrent comment les Etats-Unis, dès le début, se sont construits sur l’esclavage et la privation de liberté.
Plusieurs races blanches hiérarchisées
Très vite, les esclaves associés aux travaux pénibles (Africains et Tartares) sont perçus comme laids ; ceux appréciés pour le sexe (essentiellement des femmes blanches du Caucase) incarnent un idéal de beauté qui perdurera après la disparition de cet esclavage. « Traite négrière et invention de la race sont concomitantes et s’imbriquent étroitement », précise Nell Irvin Painter au Monde Afrique.
Il faut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu’on ne répartisse plus les hommes seulement en fonction de leur origine géographique. On met désormais l’accent sur la couleur de peau. Dès la fin du XVIIIe siècle, les Etats-Unis se construisent en accordant la citoyenneté à presque tous les hommes blancs. En sont exclus les femmes, les Indiens, les Asiatiques, les esclaves et les hommes libres d’origine africaine.
Au milieu du XIXe siècle, l’évolution est telle qu’être Américain signifie être un homme blanc anglo-saxon protestant (WASP). Car à cette époque, rappelle Nell Irvin Painter, on ne croit pas en une race blanche mais en plusieurs races blanches, qu’on hiérarchise. Race, classe, religion se mélangent et entrent en considération. Il y a souvent conflit de race là où il faut cacher un conflit de classe, observe l’historienne américaine. L’homme WASP domine. Les Irlandais, parce que considérés comme celtes et catholiques, sont persécutés et occupent les emplois précaires. Les Etats-Unis sont traversés par un anti-catholicisme sanglant. Considérés comme des « dégénérés » et comparés aux Noirs, les Irlandais pratiquent la discrimination raciale pour s’élever au-dessus de ces derniers.
Lorsque de nouvelles vagues d’immigrés débarquent à Ellis Island au XXe siècle, les Irlandais s’intègrent davantage à la société américaine. Sont alors considérés comme races blanches inférieures les juifs de Russie, les Européens de l’Est, les Polonais, les Italiens. Et ce jusqu’à la fin des années 1930, où « la perspective d’une guerre avec l’Etat raciste de l’Allemagne nazie élargit le concept d’Américain, si bien que les non-Blancs, en particulier les Noirs, commencent à se faire une place ».
Toute identité est une fiction
La grande force de cette Histoire des Blancs, extrêmement documentée et savante, est de montrer que pendant près de deux siècles ont cohabité deux systèmes raciaux aux Etats-Unis : « un pour les races d’Europe et les races “étrangères”, un pour la dichotomie noir/blanc ». Cette dernière « apparaît comme un élément social et non biologique, une construction sociale puissante qui permet aux Blancs de se considérer d’abord et avant tout comme des individus ». Un « privilège » qui constitue « l’identité de la race blanche » : « En même temps, de nombreuses autres caractéristiques – classe, région, sexe, âge, capacité physique et orientation sexuelle – ont un impact sur la façon dont se manifeste ce privilège. »
« La race est une façon de parler de relations de pouvoir », résume Nell Irvin Painter auprès du Monde Afrique. Des relations qui créent des clivages que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a renforcés : « J’ai écrit Histoire des Blancs sous Obama. Avant Trump, beaucoup de personnes blanches ne voyaient pas leur blanchité. Trump a changé cela. Depuis, poser la question blanche se confond avec la question du nationalisme blanc », poursuit l’auteure. Un nationalisme blanc dirigé contre les migrants et qui veut dresser un mur de séparation avec le Mexique, alors même que les Etats-Unis se sont construits dans la migration, tout comme les déplacements et les brassages de populations ont créé de nouveaux peuples constitutifs de l’Europe.
L’ancienne enseignante à Princeton démontre ainsi que toute identité est une fiction, une construction politique et idéologique, et qu’il ne saurait exister d’identité culturelle ou biologique pure. Elle rappelle par exemple qu’à son origine, le terme « Saxon » (dont se revendiquaient les pionniers blancs américains et dont se réclament encore les WASP) « ne désigne pas ceux qui peuplent l’Angleterre, mais des étrangers : des brigands qui sont originaires de l’Europe continentale – Scandinaves, Angles et Jutes, tous ceux qui pouvaient se livrer au pillage de la Bretagne romaine ».
Histoire des Blancs, de Nell Irvin Painter, éd. Max Milo, 432 pages, 29,90 euros.
par Oupa Diossine LOPPY
QUE NOUS CACHE CETTE RÉVISION CONSTITUTIONNELLE DE MACKY ?
Nous allons assister à une sorte de présidentialisme - Est-ce une avancée démocratique ? Le Président fait-il toujours confiance à son entourage ?
La suppression du poste de premier ministre au Sénégal n'est pas nouveau. Au lendemain de l'indépendance du pays, en décembre 1962, Senghor le Chef de l’État et Dia le Président du Conseil (équivalent de Premier ministre de nos jours) eurent des divergences. Le Président de la République, Senghor, mit fin au régime parlementaire par l'instauration du régime présidentiel jusqu'en 1970. C'est l'échec du système bicéphale. Deux béliers ne peuvent pas boire ensemble dans un même marigot.
Huit ans plus tard, le Président de la République, Senghor, prit le temps de préparer un dauphin, et suite à une révision constitutionnelle, il nomma Abdou Diouf, Premier ministre qui occupera le poste jusqu'au 31 décembre 1980, à la démission du Président-poète.
L'administrateur civil, Diouf, fera face aux caciques du parti socialiste (PS). Il nomma néanmoins son ami Habib Thiam au poste de Premier Ministre. L'épreuve du pouvoir l'avait contraint à procéder à une révision constitutionnelle par le biais de l'Assemblée nationale en instaurant un régime présidentiel (1983-1991).
Ainsi, le Président Diouf exerça les charges de Chef de l’État et de Premier Ministre, donc la fonction de Chef de gouvernement. Il adopta de ce fait le régime présidentiel renforcé. Il manifesta ses ambitions d'asseoir la mainmise au sein du PS et de l’État du Sénégal.
Me Abdoulaye Wade est donc le seul Président de la République du Sénégal à gouverner sans passer par le régime présidentiel. Le référendum qu'il organisa le 07 janvier 2001 fera basculer le Sénégal à la IIIe République mais il maintiendra le régime parlementaire jusqu'à sa défaite 2012.
Quelles sont les vertus du régime parlementaire ?
Dans un régime parlementaire le gouvernement est responsable devant le parlement et le Président de la République et le parlement devant le Président de la République. On parlera donc d'un régime parlementaire «dualiste». Le Président de la République généralement élu au suffrage universel (cas de notre pays) joue un rôle politique très important. C'est un système où la séparation des pouvoirs est souple.
Pourquoi donc, nos chefs d’État ont recours au régime Présidentiel en cas de difficultés d'exercice de pouvoir ?
Dans ce régime, la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) est stricte. Le pouvoir exécutif est entre les mains du Chef de l’État. L'exécutif n'est pas responsable devant le législatif : donc, le gouvernement ne peut pas être renversé par le parlement et inversement le pouvoir exécutif ne peut pas dissoudre le parlement. Dans ce cas, le pouvoir judiciaire qui dispose d'un pouvoir d'arbitre des différends entre les deux pouvoirs pourra-t-il jouer son rôle ?
Il y a souvent des blocages au cas où le législatif et l'exécutif sont en désaccord. Seuls les États-Unis ont le secret de la durée de ce régime grâce à leur histoire et réalités sociales. C'est dire que le régime Présidentiel n'a pas de beaux jours ailleurs qu'aux États-Unis. Il est éphémère en Afrique et même en Europe.
Senghor comme Diouf était revenu au régime parlementaire. Le régime présidentiel était donc une sorte de tremplin, une thérapie ou une thérapie du choc pour ajuster un système politique en danger. Ce remède, efficace ou pas, dans tous les cas, il avait permis une stabilité politique et institutionnelle.
Aujourd'hui, qu'est-ce que nous cache cette révision envisagée par Macky Sall ? Autant la démarche de Senghor était compréhensible car il y avait une crise au sommet de l’État, comme celle de Diouf qui n'avait pas encore le contrôle du PS mais l'attitude de Macky soulève de nombreuses interrogations. Nul ne peut encore affirmer avec certitude s'il s'agit d'un signal ou d'un avertissement à l'endroit des cadres de son parti et de ses alliés. En d'autres termes, il n'est pas facile, à l'heure actuelle, de déceler le message envoyé à l'électorat et au peuple sénégalais.
Les États où le régime parlementaire est adopté en Afrique, on assiste à une stabilité politique et des institutions. Quand la majorité présidentielle et parlementaire coïncident, le Premier Ministre constitue une sorte de «paravent» au Président de la République. Et c'est présentement le cas actuel au Sénégal.
Quelles sont donc les motivations du Président Macky Sall ? C'est un secret de polichinelle de dire qu'il voudrait contrôler le gouvernement, le Parlement. Est-ce à dire qu'il ne croit plus à aucun membre de son entourage pour mener l'attelage gouvernemental ? Il décide d'entrer dans l'arène sans aucune protection en la personne du Premier Ministre ; il ne veut plus de boucliers.
Sans un Premier Ministre, le Président n'a plus de gouvernement mais des collaborateurs. Il décide de ne plus se «cacher» derrière un Premier Ministre et son gouvernement. Il est le seul maître du jeu. Il contrôle l'action de chaque collaborateur et du parlement. C'est le seul maître à bord. Pas de dauphin. Nous allons donc assister à une sorte de présidentialisme. Tous les pouvoirs seront concentrés entre ses mains.
Est-ce une avancée démocratique ? La réponse saute à l’œil nu. Comment le pouvoir va arrêter le pouvoir, en cas d'abus ? Comment l'exécutif et le législatif vont s'équilibrer ? Quand le judiciaire n'est plus dans le cœur des citoyens, comment faire qu'il y ait harmonie entre les trois pouvoirs ?
On peut légitimement se demander si c'est une manière de créer un climat de sérénité dans l'attelage gouvernemental pour plus d'efficacité, se consacrer uniquement à la réalisation des objectifs promis au peuple sénégalais et, penser que c'est une manière de signifier qu'il n'y a pas de place pour ceux qui pensent déjà à la fin du mandat du Président Sall, en 2024.
Ne pas avoir un dauphin ne voudrait-il pas dire aussi que c'est moi la seule constance, je décide, moi seul de l'avenir de la nation quand je veux ? Et c'est à partir de là que va surgir l'idée du troisième mandat. Pour voir plus clair dans cette situation, il faudra avoir une boule de cristal. Le Président Macky Sall fait-il toujours confiance à son entourage ?
La révision constitutionnelle de mars 2016 a réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans. Quelles interprétations ? Suite à l'élection présidentielle de février dernier qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive, seul Macky Sall peut mettre fin aux supputations d'un troisième mandat.
Le peuple attend une nette amélioration de son quotidien. Si les mentalités ne changent pas, si les mesures ne sont pas prises pour une meilleure gestion de nos ressources naturelles, aucune modification des textes, appropriée soit-elle, ne pourra permettre à nos citoyens de mieux se faire soigner, à nos enfants de suivre une meilleure éducation, à l’État de vaincre la malnutrition...
En définitive, le partage des richesses ne doit plus être un slogan mais une réalité. Le discours politique ne doit plus être des promesses ni du rêve pour ceux qui y croient mais des engagements responsables.
Les hommes politiques font souvent l'erreur de croire que le peuple est résigné. Le peuple sénégalais est patient, il analyse, il observe. Travailler pour le triomphe de la justice sociale, de la justice tout simplement, doit être le credo ou le sens de toute action politique. Comme on ne peut pas arrêter la mer avec ses bras, de la même manière nul ne pourra maîtriser un jour le déferlement de la foule poussée par la colère et l'amertume.
MAKHTAR CISSÉ OU LA SANCTION POSITIVE DU BON MANAGEMENT
Le nouveau ministre de l’Energie qui a sorti la SENELEC des ténèbres, fait un retour remarqué au gouvernement, au sein duquel il est attendu pour appliquer au les recettes qui lui ont permis de sortir de la crise la Société nationale d’électricité
Le nouveau ministre de l’Energie et du Pétrole, Mahamadou Makhtar Cissé, qui a sorti la SENELEC des ténèbres selon la presse, fait un retour des plus indiqués au gouvernement, au sein duquel il est attendu pour appliquer au nouveau département dont il est désormais en charge les recettes qui lui ont permis de sortir de la crise la Société nationale d’électricité.
M. Cissé, ministre délégué chargé du Budget du gouvernement dirigé par Aminata Touré (septembre 2013-juillet 2014), réintègre le nouveau gouvernement formé dimanche pour piloter le département du Pétrole et des Energies. Un ministère dont l’importance se mesure aux enjeux financiers importants que devrait générer l’exploitation des premiers gisements découverts au Sénégal, certains spécialistes évoquant à terme des revenus de l’ordre plus de 16.000 milliards de francs CFA pour l’Etat du Sénégal.
Une manne financière vertigineuse dont l’utilisation à bon escient devait pouvoir permettre au pays de décoller, des enjeux tout aussi importants qui aiguisent les appétits et nourrissent tout autant la controverse sur la bonne gouvernance de ces ressources.
Rien qui puisse vraiment effrayer quelqu’un comme Mahamadou Makhtar Cissé, qui a fait ses preuves dans le management d’une entreprise comme la SENELEC, moribonde et structurellement déficitaire lorsqu’il en prenait les rennes en juin 2015, pour la "sortir des ténèbres".
De fait, sous la direction de Mahamadou Makhtar Cissé, envoyé en mission commando, la SENELEC dans une situation notoirement difficile sur le plan financier et celui de la production, au point qu’elle se débattait dans les délestages, est passée au vert moins de quatre années plus tard, pouvant même désormais compter sur un surplus de production.
Le nouveau ministre du Pétrole et des Energies, titulaire d’un DEA en finance et gestion publique, mais également d’une maîtrise en Sciences juridiques (option droit des affaires), a fait passer la production de la SENELEC à 1130 mégawatts, contre 687 mégawatts.
Une prouesse qui ne serait pas de trop pour cet inspecteur général d’Etat à la tête de son nouveau ministère, dont le côté humain du management vanté semble s’inspirer autant des ressources de la gestion moderne des hommes que de sa profonde connaissance de l’administration sénégalaise.
Il faut se rappeler que Mahamadou Makhtar Cissé, enfant de troupes et douanier de formation, fut directeur général des douanes et directeur de cabinet du président de la République, des atouts qui peuvent compter au moment d’être appelé à la gestion d’un département en charge du Pétrole, ressource précieuse et bienfaitrice qui a fait ailleurs le malheur de certains pays africains, en les plongeant parfois dans des guerres fratricides au lieu de les sortir de l’ornière.
Des enjeux et questions intimement liés qui donnent toute leur légitimité à la présence de Mahamadou Makhtar Cissé au sein de ce ministère voué à être surveillé de près par le chef de l’Etat himself, le background d’ingénieur pétrochimiste de Macky Sall devant être là plus qu’ailleurs très à propos.
De bonne augure pour tout dire, surtout que l’un fut le directeur de cabinet de l’autre dans un passé pas si lointain.