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28 juillet 2025
par Abdelaziz Moundé Njimbam
QUE LA FRANCE SE REMÉMORE, COMMÉMORE ET RÉPARE SES CRIMES EN AFRIQUE
il y’en a des millions - Derrière les murs muets de l’Elysée : le « bouton nucléaire » autorisant des coups d’Etat ; les assassinats répétés de leaders indépendantistes ; les opérations « homicides » décidés par des chefs d’Etat français, etc.
Votre mentor, Paul Ricoeur, éminent philosophe, dans sa retentissante somme « La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli » s'interrogeait sur le procès mémoriel permanent qui constitue une des marques de notre époque : Entre remémoration et commémorations, quelle est la place de la juste mémoire ?
Quand certains, sous prétexte de combat contre la repentance, de sanctification du secret défense, indifféremment égarés et aveuglés par l’illusion de la supériorité occidentale, la grandeur à géométrie variable de la France et de la civilisation européenne, se refusent au devoir et au travail de mémoire sur l’Afrique, la complexité, les réalités et atrocités de son passé « français », vous avez choisi sur le cas rwandais, d’affronter une dure réalité et d’y répondre : la responsabilité de la France, dans l’un des plus grands massacres de l’histoire de l’Afrique. Une puissance qui a su sans rien dire. Un acteur géostratégique qui a couvert l’horreur perpétrée par ses « amis » et protégés au pouvoir. Un fournisseur d’armes qui a continué d’en approvisionner, au plus fort des massacres, les soutes à munition des génocidaires. Ricoeur le disait aussi : La fatalité, c'est personne, la responsabilité, c'est quelqu'un.
C’est tout à votre honneur, après tant d’années d’orgueilleux et vain déni de vos prédécesseurs, au verbe humaniste et à la grammaire cynique des relations internationales ; de « volontarisme » à pas mesurés de François Hollande, exprimant une émotion pour le carnage des tirailleurs de Thiaroye mais fermant toutes les portes aux réparations. Autant de temps d’une cécité d’une partie de l’opinion et de surdité de ces chevaliers qui ne jurent que par la gloire de la France - qu’elle mérite par tous les prestigieux acquis, idées et hauts faits de son histoire - et refusent sa part d’ombre et de ténèbres, pour emprunter à Stephen King et Conan Doyle, un mot éloquent et chargé de sens.
A votre honneur, même si votre présence à Kigali, à la place d’un haut représentant d’origine rwandaise, aurait donné aux actes, la grandeur et la sincérité des mots.
L’honneur aussi de votre pays qui souvent, comme vous l’avez dit à Alger, a imaginé la Déclaration des Droits de l’Homme et oublié de la lire en Afrique, aussi sous le fallacieux prétexte de la « Mission civilisatrice », paravent sophiste du pillage des richesses et accessoirement bâtisseur d’écoles et d’hôpitaux.
Celui de tous ces français, lucides comme un Stendhal, généreux de leurs engagements tel un Jaurès, qui ont de leurs plumes, à l’image d’un André Gide, de leurs cris articulés à la Césaire, ou de leurs marches incessantes à la Bové, refusé que les verrous scellent éternellement ces placards remplis des cadavres de la présence française en Afrique.
Et, M. Macron, il y’en a des millions. Trop de millions ! Dans les catacombes de la diplomatie et de la raison d’Etat : les enfumades d’Algérie ; le nettoyage des opposants marocains ; les tombes sans nom des tirailleurs massacrés à Thiaroye, etc.
Derrière les murs muets de l’Elysée : le « bouton nucléaire » autorisant des coups d’Etat ; les assassinats répétés de leaders indépendantistes ; les opérations « homicides » décidés par des chefs d’Etat français, etc.
Dans les cimetières des intérêts économiques : les morts et les victimes irradiés de l’uranium au Gabon, jamais reconnus ni indemnisés ; les victimes des déportations ; les horribles sévices du travail forcé ; etc.
Dans les fosses communes de la géopolitique : les deals secrets avec Leopold II au Congo, cache-sexe de millions de mains coupées, de têtes décapitées et de corps ensevelis ; les enfants et les morts affamés du Biafra ; etc.
Dans les morgues incendiées de la lutte contre les mouvements indépendantistes et de résistance : les massacres des populations Bamiléké et Bassa du Cameroun, les exécutions de Fort-Crampel où l’on faisait détonner des explosifs dans la bouche des résistants pour « méduser » ceux qui suivraient leur exemple ; les expéditions punitives des missions ; le glaive sanglant et les canons d’horreur de Faidherbe, Gallieni, généraux célébrés de la République ; etc.
Dans les pages jaunies des archives militaires, calcifiées sous le sceau d’un secret-défense suranné.
Ces fantômes, victimes collatérales des appétits de puissance économique, géopolitique géostratégique et de l’avidité humaine, ne sont pas la fiction du Thriller de Michael Jackson ou un chapitre de Jack l’Eventreur. Ils sont une réalité niée, voilée depuis tant de décennies, mauvaise conscience de ceux qui ne rêvent que de table rase du passé, tel ce gouverneur français à l’abolition de l’esclavage en 1848 aux Antilles, alors qu’ils célèbrent De Gaulle, Napoléon, Jeanne D’Arc ou les pages glorieuses de Vercingétorix.
A force de les enfoncer sous les mers comme ce rail de morts de l’esclavage abandonnés par les bateaux négriers, de les dissimuler, ils sont redécouverts avec rage par une grande partie de la jeunesse africaine, sous l’effet d’un lent et patient travail de conscience historique. Ils peuplent l’inconscient collectif, se heurtent à l’histoire, à la subjectivité, à l’affectivité et aux choix idéologiques. Ce que le bons sens se refuse alors est braconné par le conspirationnisme. Ce que l’honneur se refuse est usurpé par la mauvaise foi et le ressentiment. Le fuel du sentiment anti-français y trouve alors ses gisements les plus prolifiques. L’hystérisation des réseaux sociaux y puise son gaz. La radicalisation des esprits y siphonne son carburant.
Ce qu’il faut, c’est de briser la glace des mensonges et dénis officiels, en, exposant à la vue des générations futures, la vérité sur ce passé qui ne passe pas : les Etats-Unis en ont pris le chemin.
Ce qu’il faut, sans hiérarchiser ou télescoper les mémoires, c’est de prendre le fil de cette proposition de loi, formulée par Cécile Duflot, portant sur la reconnaissance des crimes coloniaux de la France : claire, officielle, solennelle.
Ce qu’il faut aussi dans le calme des bibliothèques, des salles d’archives et des laboratoires de recherche, c’est d’associer les historiens de tous ces horizons dans un travail ouvert, rigoureux pour exhumer et rendre intelligible, le rôle obscur de la France après les ces Indépendances octroyées, sous contrôle, où les coups d’Etat, assassinats et actes de déstabilisation économique, ont trahi les belles déclarations des visites et toasts officiels.
Ce qu’il faut, c’est d’oser débaptiser ces rues, stèles et places en France ou y apposer des explications claires, qui font l’apologie et célèbre les acteurs les plus pernicieux de ces crimes et horreurs.
Enfin, comme pour ce qu'attend Haiti, terre qui a du payer un tribut pour avoir sa liberté, l’honneur de la France, qui a indemnisé les marchands d’esclaves, en créant par exemple, après l'abolition, la Banque du Sénégal, ancêtre de la Banque de l’Ouest Africain et de cette monnaie qui attente à notre souveraineté qu’ est le Franc Cfa, est de se défaire d’une raideur de puissant en abordant avec sérieux et rationalité, au pays de Descartes, la question des réparations. Elle ne parlera plus dans ses rencontres avec l’Afrique ou au sujet des Africains, d’aide ou de charité, mais de justice, de vérité et de fraternité !
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MULTIPLE PHOTOS
SOUPA SÉRÈRE RÉCEPTIONNE SA PREMIÈRE ÉCOLE
L’ONG américaine Buildon, œuvrant dans l’éducation en partenariat avec la fondation Acronis, a procédé à l’inauguration de l’école du village situé au Nord de la région de Fatick
Alioune G Sall et Fatou Sène |
Publication 08/04/2019
L’ONG américaine Buildon, œuvrant dans l’éducation en partenariat avec la fondation Acronis a procédé l’inauguration de l’école du village de Soupa sérère, situé dans le Nord de la région de Fatick, le samedi 06 Avril 2019. ‘’ C’était une évidence pour Acronis de participer à cette dynamique consistant à rapprocher le centres d'éducation vers les enfants dans tous les endroits possibles. C’est la deuxième école en Afrique sur un programme de 15 dans le monde, au cours de ces 3 prochaines années’’, a renseigné Maréva Koulamallah, ‘’ directrice communication EMEA. ‘’ pour Acronis.
Les deux classes de l’école de Soupa Sérère ont été construites dans le cadre d’une méthode participative où les bailleurs invitent les bénéficiaires à mettre la main à la pâte. ‘’ Après le choix de la localité bénéficiaire, on amène l’argent. Mais on vient construire avec les habitants. Par exemple ici à Soupa Sérère, chaque jour il y avait au minimum 30 habitants du village qui venaient travailler avec nous’’, a expliqué Daouda Camara, coordonnateur de l’Ong Buildon au Sénégal. ‘’ On ne se limite pas seulement à construire une école et à l’équiper. D’autres actions vont suivre. Parmi lesquelles, l’alphabétisation des femmes, la réinsertion à l’école des enfants qui ont abandonné tôt l’apprentissage’’, a annoncé Daouda à propos des différentes actions de l’ONG, ajoutant qu' l'organisation songe à mettre à la disposition des femmes, un montant assez conséquent pour leur permettre en place un commerce.
IL ÉTAIT UNE FOIS, LES BLANCS
Dans « Histoire des Blancs », l’Africaine-Américaine Nell Irvin Painter explore les constructions mentales qui, depuis l’Antiquité, ont forgé la « blanchité »
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 08/04/2019
Dès 1948 et son mythique Orphée noir, Jean-Paul Sartre a eu conscience du « privilège blanc », celui de « voir sans qu’on le voie » et de se penser comme point de référence. En attestent une grande partie des travaux d’anthropologues au XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle. Des hommes (la plupart du temps) et des femmes (plutôt rares) occidentaux écrivent sur les « autres ». Dans un contexte de domination coloniale et impériale né de la traite transatlantique, les Noirs sont des objets d’étude scientifique pour les Blancs.
Il aura fallu attendre les années 1990 pour que les chercheurs s’intéressent enfin à ceux qui habituellement regardent les autres, les Blancs, et que se développent les Whiteness Studies aux Etats-Unis, après la publication de The Wages of Whiteness : Race and the Making of the American Working Class, de David R. Roediger, en 1991, et de How the Irish Became White, de Noel Ignatiev, en 1995. Vingt-cinq ans plus tard, en 2010, l’historienne africaine-américaine Nell Irvin Painter publiait Histoire des Blancs, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Max Milo.
Cette étude monumentale, fruit de deux décennies de recherches, tend à montrer comment la notion de race blanche s’est construite outre-Atlantique et comment elle puise dans une histoire qui remonte à l’Antiquité, à une époque où les races n’existaient pas et où il n’était pas question de Blancs et de Noirs. Ce qui importait alors, c’était là d’où venaient les hommes, la géographie, le climat. Pourquoi alors remonter aussi loin ? Pour comprendre d’où viennent les Saxons, dont se sont réclamés – et se réclament toujours – une partie des Américains blancs, ceux qui pendant longtemps se sont pensés comme étant les seuls véritables Américains et qui dominaient la société dans son ensemble. Mais aussi d’où viennent les Celtes. Ce qui permet, entre autres, de comprendre la discrimination dont ont été victimes les Irlandais.
La distinction entre Celtes et Gaulois, par exemple, dépend de la manière dont les Romains parlaient d’eux et des mots qu’ils employaient pour les désigner ; ce qui n’est pas sans rappeler la manière dont, beaucoup plus tard, les colonisateurs européens créeront par le langage et la volonté politique des ethnies en Afrique.
Un pan oublié de l’histoire mondiale
Nell Irvin Painter convoque tout un pan « oublié », dit-elle, de l’histoire mondiale : celui de l’esclavage des Blancs, qui a duré plus de deux mille ans et qui ne s’est terminé qu’avec la modernisation ottomane au début du XXe siècle. Cet esclavage-là est fondamental pour comprendre comment s’est construite la blanchité, notamment à travers son idéal de beauté.
« L’emploi de l’adjectif “caucasien” pour désigner les Blancs, écrit-elle, trouve son origine dans les idées de beauté qu’on associait à l’esclave blanc originaire de l’est de l’Europe, et la blanchité reste liée à des représentations de la beauté existantes dans l’histoire de l’art et la culture populaire. » En témoigne le succès des odalisques. C’est là l’un des paradoxes dont aime à se jouer l’histoire : à cause de l’ampleur inédite – et sans commune mesure avec les autres esclavages – de la traite négrière, on a fini par associer les Noirs à l’esclavage, les Blancs à la liberté, et le modèle blanc s’est imposé comme canon esthétique. Or cette beauté-là nous vient de celle des femmes esclaves d’Eurasie.
Comble de l’ironie, le terme de « Caucasien » servant à désigner les Blancs a été pensé à partir d’un crâne qu’a eu en sa possession le médecin, anthropologue et biologiste allemand Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840) et qu’il trouvait parfaitement beau. Il semblerait que « la femme dont le crâne servit à désigner la race blanche ait été une esclave sexuelle à Moscou, comme des milliers de ses compatriotes en Russie et dans l’Empire ottoman ». Cette femme était une Géorgienne que les Russes avaient faite prisonnière et qui mourut d’une maladie vénérienne.
Au XIe siècle, Dublin est le plus grand marché d’esclaves d’Europe et un dixième de la population britannique est esclave – ce qui aura profondément marqué l’identité anglaise, dont l’hymne national déclame que « les Britanniques jamais ne seront des esclaves », justement parce qu’ils l’ont été. Patrick, saint patron de l’Irlande, a été au Ve siècle l’un d’entre eux. Les Vikings ont été des marchands d’esclaves de premier ordre et ont déplacé massivement des peuples, à un point tel que ces trafics « ont changé la face de l’Europe ».
« Avant le développement du trafic d’esclaves provenant d’Afrique au XVIIIe siècle, c’est entre la moitié et les deux tiers des tout premiers immigrés blancs des colonies anglaises du Nouveau Monde qui vinrent comme travailleurs forcés, soit de 300 000 à 400 000 personnes », explique Nell Irvin Painter. Ces chiffres peuvent paraître infimes comparés aux plus de 12 millions d’Africains déportés outre-Atlantique, mais ils montrent comment les Etats-Unis, dès le début, se sont construits sur l’esclavage et la privation de liberté.
Plusieurs races blanches hiérarchisées
Très vite, les esclaves associés aux travaux pénibles (Africains et Tartares) sont perçus comme laids ; ceux appréciés pour le sexe (essentiellement des femmes blanches du Caucase) incarnent un idéal de beauté qui perdurera après la disparition de cet esclavage. « Traite négrière et invention de la race sont concomitantes et s’imbriquent étroitement », précise Nell Irvin Painter au Monde Afrique.
Il faut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu’on ne répartisse plus les hommes seulement en fonction de leur origine géographique. On met désormais l’accent sur la couleur de peau. Dès la fin du XVIIIe siècle, les Etats-Unis se construisent en accordant la citoyenneté à presque tous les hommes blancs. En sont exclus les femmes, les Indiens, les Asiatiques, les esclaves et les hommes libres d’origine africaine.
Au milieu du XIXe siècle, l’évolution est telle qu’être Américain signifie être un homme blanc anglo-saxon protestant (WASP). Car à cette époque, rappelle Nell Irvin Painter, on ne croit pas en une race blanche mais en plusieurs races blanches, qu’on hiérarchise. Race, classe, religion se mélangent et entrent en considération. Il y a souvent conflit de race là où il faut cacher un conflit de classe, observe l’historienne américaine. L’homme WASP domine. Les Irlandais, parce que considérés comme celtes et catholiques, sont persécutés et occupent les emplois précaires. Les Etats-Unis sont traversés par un anti-catholicisme sanglant. Considérés comme des « dégénérés » et comparés aux Noirs, les Irlandais pratiquent la discrimination raciale pour s’élever au-dessus de ces derniers.
Lorsque de nouvelles vagues d’immigrés débarquent à Ellis Island au XXe siècle, les Irlandais s’intègrent davantage à la société américaine. Sont alors considérés comme races blanches inférieures les juifs de Russie, les Européens de l’Est, les Polonais, les Italiens. Et ce jusqu’à la fin des années 1930, où « la perspective d’une guerre avec l’Etat raciste de l’Allemagne nazie élargit le concept d’Américain, si bien que les non-Blancs, en particulier les Noirs, commencent à se faire une place ».
Toute identité est une fiction
La grande force de cette Histoire des Blancs, extrêmement documentée et savante, est de montrer que pendant près de deux siècles ont cohabité deux systèmes raciaux aux Etats-Unis : « un pour les races d’Europe et les races “étrangères”, un pour la dichotomie noir/blanc ». Cette dernière « apparaît comme un élément social et non biologique, une construction sociale puissante qui permet aux Blancs de se considérer d’abord et avant tout comme des individus ». Un « privilège » qui constitue « l’identité de la race blanche » : « En même temps, de nombreuses autres caractéristiques – classe, région, sexe, âge, capacité physique et orientation sexuelle – ont un impact sur la façon dont se manifeste ce privilège. »
« La race est une façon de parler de relations de pouvoir », résume Nell Irvin Painter auprès du Monde Afrique. Des relations qui créent des clivages que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a renforcés : « J’ai écrit Histoire des Blancs sous Obama. Avant Trump, beaucoup de personnes blanches ne voyaient pas leur blanchité. Trump a changé cela. Depuis, poser la question blanche se confond avec la question du nationalisme blanc », poursuit l’auteure. Un nationalisme blanc dirigé contre les migrants et qui veut dresser un mur de séparation avec le Mexique, alors même que les Etats-Unis se sont construits dans la migration, tout comme les déplacements et les brassages de populations ont créé de nouveaux peuples constitutifs de l’Europe.
L’ancienne enseignante à Princeton démontre ainsi que toute identité est une fiction, une construction politique et idéologique, et qu’il ne saurait exister d’identité culturelle ou biologique pure. Elle rappelle par exemple qu’à son origine, le terme « Saxon » (dont se revendiquaient les pionniers blancs américains et dont se réclament encore les WASP) « ne désigne pas ceux qui peuplent l’Angleterre, mais des étrangers : des brigands qui sont originaires de l’Europe continentale – Scandinaves, Angles et Jutes, tous ceux qui pouvaient se livrer au pillage de la Bretagne romaine ».
Histoire des Blancs, de Nell Irvin Painter, éd. Max Milo, 432 pages, 29,90 euros.
par Oupa Diossine LOPPY
QUE NOUS CACHE CETTE RÉVISION CONSTITUTIONNELLE DE MACKY ?
Nous allons assister à une sorte de présidentialisme - Est-ce une avancée démocratique ? Le Président fait-il toujours confiance à son entourage ?
La suppression du poste de premier ministre au Sénégal n'est pas nouveau. Au lendemain de l'indépendance du pays, en décembre 1962, Senghor le Chef de l’État et Dia le Président du Conseil (équivalent de Premier ministre de nos jours) eurent des divergences. Le Président de la République, Senghor, mit fin au régime parlementaire par l'instauration du régime présidentiel jusqu'en 1970. C'est l'échec du système bicéphale. Deux béliers ne peuvent pas boire ensemble dans un même marigot.
Huit ans plus tard, le Président de la République, Senghor, prit le temps de préparer un dauphin, et suite à une révision constitutionnelle, il nomma Abdou Diouf, Premier ministre qui occupera le poste jusqu'au 31 décembre 1980, à la démission du Président-poète.
L'administrateur civil, Diouf, fera face aux caciques du parti socialiste (PS). Il nomma néanmoins son ami Habib Thiam au poste de Premier Ministre. L'épreuve du pouvoir l'avait contraint à procéder à une révision constitutionnelle par le biais de l'Assemblée nationale en instaurant un régime présidentiel (1983-1991).
Ainsi, le Président Diouf exerça les charges de Chef de l’État et de Premier Ministre, donc la fonction de Chef de gouvernement. Il adopta de ce fait le régime présidentiel renforcé. Il manifesta ses ambitions d'asseoir la mainmise au sein du PS et de l’État du Sénégal.
Me Abdoulaye Wade est donc le seul Président de la République du Sénégal à gouverner sans passer par le régime présidentiel. Le référendum qu'il organisa le 07 janvier 2001 fera basculer le Sénégal à la IIIe République mais il maintiendra le régime parlementaire jusqu'à sa défaite 2012.
Quelles sont les vertus du régime parlementaire ?
Dans un régime parlementaire le gouvernement est responsable devant le parlement et le Président de la République et le parlement devant le Président de la République. On parlera donc d'un régime parlementaire «dualiste». Le Président de la République généralement élu au suffrage universel (cas de notre pays) joue un rôle politique très important. C'est un système où la séparation des pouvoirs est souple.
Pourquoi donc, nos chefs d’État ont recours au régime Présidentiel en cas de difficultés d'exercice de pouvoir ?
Dans ce régime, la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) est stricte. Le pouvoir exécutif est entre les mains du Chef de l’État. L'exécutif n'est pas responsable devant le législatif : donc, le gouvernement ne peut pas être renversé par le parlement et inversement le pouvoir exécutif ne peut pas dissoudre le parlement. Dans ce cas, le pouvoir judiciaire qui dispose d'un pouvoir d'arbitre des différends entre les deux pouvoirs pourra-t-il jouer son rôle ?
Il y a souvent des blocages au cas où le législatif et l'exécutif sont en désaccord. Seuls les États-Unis ont le secret de la durée de ce régime grâce à leur histoire et réalités sociales. C'est dire que le régime Présidentiel n'a pas de beaux jours ailleurs qu'aux États-Unis. Il est éphémère en Afrique et même en Europe.
Senghor comme Diouf était revenu au régime parlementaire. Le régime présidentiel était donc une sorte de tremplin, une thérapie ou une thérapie du choc pour ajuster un système politique en danger. Ce remède, efficace ou pas, dans tous les cas, il avait permis une stabilité politique et institutionnelle.
Aujourd'hui, qu'est-ce que nous cache cette révision envisagée par Macky Sall ? Autant la démarche de Senghor était compréhensible car il y avait une crise au sommet de l’État, comme celle de Diouf qui n'avait pas encore le contrôle du PS mais l'attitude de Macky soulève de nombreuses interrogations. Nul ne peut encore affirmer avec certitude s'il s'agit d'un signal ou d'un avertissement à l'endroit des cadres de son parti et de ses alliés. En d'autres termes, il n'est pas facile, à l'heure actuelle, de déceler le message envoyé à l'électorat et au peuple sénégalais.
Les États où le régime parlementaire est adopté en Afrique, on assiste à une stabilité politique et des institutions. Quand la majorité présidentielle et parlementaire coïncident, le Premier Ministre constitue une sorte de «paravent» au Président de la République. Et c'est présentement le cas actuel au Sénégal.
Quelles sont donc les motivations du Président Macky Sall ? C'est un secret de polichinelle de dire qu'il voudrait contrôler le gouvernement, le Parlement. Est-ce à dire qu'il ne croit plus à aucun membre de son entourage pour mener l'attelage gouvernemental ? Il décide d'entrer dans l'arène sans aucune protection en la personne du Premier Ministre ; il ne veut plus de boucliers.
Sans un Premier Ministre, le Président n'a plus de gouvernement mais des collaborateurs. Il décide de ne plus se «cacher» derrière un Premier Ministre et son gouvernement. Il est le seul maître du jeu. Il contrôle l'action de chaque collaborateur et du parlement. C'est le seul maître à bord. Pas de dauphin. Nous allons donc assister à une sorte de présidentialisme. Tous les pouvoirs seront concentrés entre ses mains.
Est-ce une avancée démocratique ? La réponse saute à l’œil nu. Comment le pouvoir va arrêter le pouvoir, en cas d'abus ? Comment l'exécutif et le législatif vont s'équilibrer ? Quand le judiciaire n'est plus dans le cœur des citoyens, comment faire qu'il y ait harmonie entre les trois pouvoirs ?
On peut légitimement se demander si c'est une manière de créer un climat de sérénité dans l'attelage gouvernemental pour plus d'efficacité, se consacrer uniquement à la réalisation des objectifs promis au peuple sénégalais et, penser que c'est une manière de signifier qu'il n'y a pas de place pour ceux qui pensent déjà à la fin du mandat du Président Sall, en 2024.
Ne pas avoir un dauphin ne voudrait-il pas dire aussi que c'est moi la seule constance, je décide, moi seul de l'avenir de la nation quand je veux ? Et c'est à partir de là que va surgir l'idée du troisième mandat. Pour voir plus clair dans cette situation, il faudra avoir une boule de cristal. Le Président Macky Sall fait-il toujours confiance à son entourage ?
La révision constitutionnelle de mars 2016 a réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans. Quelles interprétations ? Suite à l'élection présidentielle de février dernier qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive, seul Macky Sall peut mettre fin aux supputations d'un troisième mandat.
Le peuple attend une nette amélioration de son quotidien. Si les mentalités ne changent pas, si les mesures ne sont pas prises pour une meilleure gestion de nos ressources naturelles, aucune modification des textes, appropriée soit-elle, ne pourra permettre à nos citoyens de mieux se faire soigner, à nos enfants de suivre une meilleure éducation, à l’État de vaincre la malnutrition...
En définitive, le partage des richesses ne doit plus être un slogan mais une réalité. Le discours politique ne doit plus être des promesses ni du rêve pour ceux qui y croient mais des engagements responsables.
Les hommes politiques font souvent l'erreur de croire que le peuple est résigné. Le peuple sénégalais est patient, il analyse, il observe. Travailler pour le triomphe de la justice sociale, de la justice tout simplement, doit être le credo ou le sens de toute action politique. Comme on ne peut pas arrêter la mer avec ses bras, de la même manière nul ne pourra maîtriser un jour le déferlement de la foule poussée par la colère et l'amertume.
MAKHTAR CISSÉ OU LA SANCTION POSITIVE DU BON MANAGEMENT
Le nouveau ministre de l’Energie qui a sorti la SENELEC des ténèbres, fait un retour remarqué au gouvernement, au sein duquel il est attendu pour appliquer au les recettes qui lui ont permis de sortir de la crise la Société nationale d’électricité
Le nouveau ministre de l’Energie et du Pétrole, Mahamadou Makhtar Cissé, qui a sorti la SENELEC des ténèbres selon la presse, fait un retour des plus indiqués au gouvernement, au sein duquel il est attendu pour appliquer au nouveau département dont il est désormais en charge les recettes qui lui ont permis de sortir de la crise la Société nationale d’électricité.
M. Cissé, ministre délégué chargé du Budget du gouvernement dirigé par Aminata Touré (septembre 2013-juillet 2014), réintègre le nouveau gouvernement formé dimanche pour piloter le département du Pétrole et des Energies. Un ministère dont l’importance se mesure aux enjeux financiers importants que devrait générer l’exploitation des premiers gisements découverts au Sénégal, certains spécialistes évoquant à terme des revenus de l’ordre plus de 16.000 milliards de francs CFA pour l’Etat du Sénégal.
Une manne financière vertigineuse dont l’utilisation à bon escient devait pouvoir permettre au pays de décoller, des enjeux tout aussi importants qui aiguisent les appétits et nourrissent tout autant la controverse sur la bonne gouvernance de ces ressources.
Rien qui puisse vraiment effrayer quelqu’un comme Mahamadou Makhtar Cissé, qui a fait ses preuves dans le management d’une entreprise comme la SENELEC, moribonde et structurellement déficitaire lorsqu’il en prenait les rennes en juin 2015, pour la "sortir des ténèbres".
De fait, sous la direction de Mahamadou Makhtar Cissé, envoyé en mission commando, la SENELEC dans une situation notoirement difficile sur le plan financier et celui de la production, au point qu’elle se débattait dans les délestages, est passée au vert moins de quatre années plus tard, pouvant même désormais compter sur un surplus de production.
Le nouveau ministre du Pétrole et des Energies, titulaire d’un DEA en finance et gestion publique, mais également d’une maîtrise en Sciences juridiques (option droit des affaires), a fait passer la production de la SENELEC à 1130 mégawatts, contre 687 mégawatts.
Une prouesse qui ne serait pas de trop pour cet inspecteur général d’Etat à la tête de son nouveau ministère, dont le côté humain du management vanté semble s’inspirer autant des ressources de la gestion moderne des hommes que de sa profonde connaissance de l’administration sénégalaise.
Il faut se rappeler que Mahamadou Makhtar Cissé, enfant de troupes et douanier de formation, fut directeur général des douanes et directeur de cabinet du président de la République, des atouts qui peuvent compter au moment d’être appelé à la gestion d’un département en charge du Pétrole, ressource précieuse et bienfaitrice qui a fait ailleurs le malheur de certains pays africains, en les plongeant parfois dans des guerres fratricides au lieu de les sortir de l’ornière.
Des enjeux et questions intimement liés qui donnent toute leur légitimité à la présence de Mahamadou Makhtar Cissé au sein de ce ministère voué à être surveillé de près par le chef de l’Etat himself, le background d’ingénieur pétrochimiste de Macky Sall devant être là plus qu’ailleurs très à propos.
De bonne augure pour tout dire, surtout que l’un fut le directeur de cabinet de l’autre dans un passé pas si lointain.
PAR ABDOURAHMANE SARR
DE L'ÉCLATEMENT DU MINISTÈRE DES FINANCES
Macky Sall peut entrer dans l’histoire, mais son nouveau quinquennat entamé avec des erreurs que le Sénégal a déjà commises, risque de connaitre des ratés au démarrage
Dans nos pays en développement, la personnalité qui a en charge la coordination et la cohérence de la politique économique et financière du pays, premier collaborateur du Président de la République, est le Ministre de l’Economie et des Finances. De ce point de vue, nous sommes pour un régime présidentiel fort et en phase avec la suppression d’un poste de Premier Ministre qui n’aurait pas le portefeuille de l’économie et des finances. Choisir ce Ministre de l’Economie et des Finances n’équivaut pas nécessairement à choisir un rival ou un successeur, mais il faut le choisir, car le Président de la République ne peut pas efficacement assurer cette fonction et un successeur est inévitable.
Eclater cette fonction entre trois personnes, dont l’une dépouillée de la coopération, le tout à coordonner par un Ministre d’Etat plutôt que de responsabiliser des directions sous un seul homme de confiance sème les graines d’un quinquennat de gestion de conflits d’experts. Déjà, la fusion de l’économie et des finances avec le retour du plan nous a valu des statistiques de croissance invraisemblables, et une situation financière extrêmement précaire du fait de recettes incompatibles avec cette croissance supposée. Cette situation, le Fonds Monétaire International ne veut pas la décrire dans un langage clair et non diplomatique. Comme beaucoup le savent, l’accélération de notre endettement est le fait de déficits budgétaires effectifs trop élevés, insoutenables, et mis en œuvre de façon non transparente. Maintenant que le deuxième mandat est assuré, le Sénégal a besoin d’être mis sur les bons rails dans une transparence qui permettra la critique objective et constructive.
Par ailleurs, la forte volonté de planifier le développement depuis 2014, et la séparation du plan et des finances, ne correspondent pas à une vision d’un Président libéral. La culture de plan, entendons de transformation structurelle volontariste de notre économie, par opposition à la planification nécessaire de biens et services publics de qualité à travers le budget, ne nous a jamais réussi et avait été abandonnée car nous ne nous sommes jamais donné les instruments de sa réussite. Nous avons déjà développé cette question dans nos précédentes contributions et rapports.
Notre développement dont le leadership était supposé désormais relever du secteur privé national du fait de l’échec de l’Etat, comme maintes fois réaffirmé avec l’appui de l’Etat, ne peut se faire dans une culture de planification centralisée du futur de notre économie avec ou sans pétrole et gaz. La planification du budget à moyen terme, des biens et services publics de qualité essentiellement, devrait donc de ce fait également relever du Ministre de l’Economie et des Finances. Le ministère du budget deviendrait alors également inutile puisque les dépenses à moyen terme ne peuvent être planifiées sans une vision à moyen terme de l’économie privée et du budget et leur gestion financière à court et moyen termes.
Aussi, la coopération, dans une logique financière, ne peut se faire sans les finances car la coopération dans un Ministère de l’Economie et des Finances ne devrait pas être une banque de projets financés par des bailleurs à inclure dans le budget car financés. Pour un pays du niveau du Sénégal, c’est une stratégie d’endettement à moyen terme qui doit déterminer nos modes de financement plutôt que des financements disponibles du fait d’une coopération bilatérale ou multilatérale efficace. Cette façon de combiner projet et financement relève du financement de projets privés ou publics privés hors budget et sous le leadership du secteur privé. En effet, une stratégie d’endettement doit s’élaborer indépendamment de la coopération financière. Idéalement, la bonne conception de projets publics aux niveaux des ministères devrait être séparée du mode de financement de ces projets. Lorsque les deux se font ensemble comme nous l’avons fait depuis 1960, nous perpétuons notre dépendance de bailleurs bilatéraux et multilatéraux, augmentons notre vulnérabilité extérieure, et retardons davantage notre développement. Nous ne rompons donc pas avec le passé.
Dans un pays comme le Sénégal où nous avons un Ministère de l’Economie et des Finances rompu à la tâche, il faudrait donc y mettre un homme de confiance. Ce dernier est peut-être le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République ou le Ministre de l'Economie du Plan et de la Coopération, ou encore celui des Finances et du Budget. Cela n’en ferait pas un successeur quel que puissent en penser leurs camarades de parti. L'ancien Premier Ministre est malheureusement un fervent adepte du plan, peut être du fait de son passage à l’industrie et à l’ONUDI.
Le développement peut-il être planifié à l’échelle centrale ? Le Président de la République et les sénégalais dans le cadre d’un dialogue, doivent d’abord répondre OUI à cette question car pour l’instant nous ne l’avons jamais réussi. Nous ne pouvons conclure sans réitérer qu’une des raisons principales de cet échec est que nous n’avons jamais eu l’instrument monétaire et de change pour accompagner cette façon de faire.
Le Président Macky Sall peut entrer dans l’histoire, mais son nouveau quinquennat entamé avec des erreurs que le Sénégal a déjà commises, risque de connaitre des ratés au démarrage. Les Sénégalais patienteront encore.
MACKY SALL RESSUSCITE JEAN COLLIN
Le Premier ministre, sous sa forme actuelle, sera finalement institué en 1970 et confié à un technocrate. Entre 1963 et 1983, beaucoup d’eau aura donc coulé sous les ponts.
La nouvelle est tombée, ce week-end, comme un couperet. Le président de la République a pris la ferme résolution de supprimer le poste de Premier ministre. Ce qui ne manquera certainement pas d’occasionner un bouleversement très profond de toute l’architecture du droit constitutionnel sénégalais.
Abdoulaye Wade avait sa vice-présidence. Macky Sall tient désormais son secrétariat général de taille XXL. Bientôt, au Sénégal, on ne parlera plus du poste de Premier ministre. Telle est la volonté du chef de l’Etat qui devra être matérialisée par l’Assemblée nationale où il dispose d’une majorité plus que confortable. Comme si l’histoire se répétait, il faut remonter à 1983 pour voir un scénario presque identique. Mais avant cela, le poste de Premier ministre avait aussi été supprimé en 1963, sous le président Léopold Sédar Senghor. Si, pour la première fois, en 1963, les choses étaient claires, pour la deuxième, elles l’étaient moins. En effet, en 1963, Senghor, qui avait souffert du bicéphalisme à la tête de l’Exécutif, avait décidé d’y mettre un terme, en supprimant tout bonnement le poste de président du Conseil, équivalent de celui de Pm. La situation ante ne permettait pas, explique le professeur de droit public Ndiogou Sarr, d’avoir une bonne lisibilité entre les compétences du président de la République et celles du président du Conseil qu’occupait le président Mamadou Dia. C’est pourquoi, au sortir de la crise de 1962, le président Senghor avait jugé utile de recentrer tous les pouvoirs au niveau de la présidence. Cela n’avait donc rien à voir avec la situation actuelle. Senghor était devenu en même temps président de la République et chef du gouvernement.
Le Premier ministre, sous sa forme actuelle, sera finalement institué en 1970 et confié à un technocrate. Entre 1963 et 1983, beaucoup d’eau aura donc coulé sous les ponts. Les raisons qui ont poussé Senghor à se séparer d’un Premier ministre tout puissant n’étaient plus d’actualité. Mais d’autres avaient fini de prendre forme au niveau de la présidence. Pourquoi Abdou Diouf avait supprimé le poste de Premier ministre ? Un de ses conseillers à l’époque explique que cela procédait surtout de la volonté de Jean Collin, alors tout-puissant secrétaire général de la présidence. “Collin, rapporte notre source, ne voulait pas de quelqu’un entre lui et le président de la République. De l’accession de Diouf au pouvoir jusqu’en 1983, il occupait le poste de secrétaire général de la Présidence tout court. C’est à la suppression du poste de Pm qu’il a été nommé ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence. Il en sera ainsi jusqu’en 1990, à son départ’’.
Quand Diouf devient “roi fainéant’’
Comme Dionne. C’est à partir de ce moment, indique toujours notre source, que Diouf est devenu “roi fainéant’’. Pendant ce temps, Collin avait été davantage renforcé dans ses prérogatives. “Il lui arrivait de réunir les ministres et de coordonner leurs actions’’, informe l’ex-conseiller. Qui rappelle que l’ancien ministre d’Etat va quitter plus tard l’entourage du président Abdou Diouf, à cause de la nomination de Famara Ibrahima Sagna. Les deux personnalités, indique-t-il, ne se sont jamais entendues. Le hasard a fait que le départ de Collin en 1990 coïncide avec le retour du poste de Premier ministre. Après Collin, Ousmane Tanor Dieng, dit-on, a joué presque le même rôle. “Il était comme un Premier ministre’’, selon nombre d’observateurs. Par ailleurs, pour le professeur de droit public Ndiogou Sarr, la suppression du poste de Premier ministre ne manquera pas de créer des bouleversements majeurs dans l’armature institutionnelle du Sénégal. “Le poste de Premier ministre servait non seulement de fusible, mais également permettait d’avoir quelqu’un pour coordonner l’Administration. Avec sa suppression, on va vers une hypertrophie des pouvoirs entre les mains d’un seul homme, le président de la République. De ce point de vue, il y aura davantage de lourdeurs. C’est comme si le chef de l’Etat voulait tout concentrer entre ses mains. Cette réforme, en plus d’entrainer des bouleversements majeurs, est inutile’’, estime le publiciste. Ainsi, Senghor avait supprimé pour mettre un terme à la dualité. Diouf pour renforcer le tout-puissant Jean Collin. Et Macky, pourquoi a-t-il jugé utile de se départir de son Pm ? Cette question est d’autant plus légitime que lui ne souffre ni de la dualité comme Senghor ni de la présence d’une forte tête comme Collin. Si nombre d’observateurs y voient une volonté de tout concentrer entre ses mains, d’autres mettent en garde contre toute précipitation. Pour eux, il faut attendre au moins de voir la nouvelle clé de répartition des compétences. Ainsi seulement pourraient ils juger du scénario entrepris par l’actuel locataire du palais de la République. Soit ce sera comme Senghor, le président hyperpuissant, soit comme Diouf, le roi fainéant. Allant plus loin dans l’analyse, d’autres se demandent si le président de la République n’est pas en train de mettre en place un poste pour sa future reconversion, à défaut de pouvoir se présenter en 2024. Pour rappel, récemment, Macky 2012 avait recommandé au président d’opter pour un scénario à la Poutine.
Ce qui va changer
Un séisme institutionnel ! Le mot n’est pas de trop pour qualifier les multiples changements entrainés par la réforme Macky Sall. Ce qui est sûr, c’est que, désormais, si la réforme entre en vigueur, il n’y aura plus de doute sur la nature du régime politique au Sénégal. Cela n’était pas le cas, à la lecture des dispositions constitutionnelles qui, à bien des égards, comportaient des caractéristiques d’un régime parlementaire. Même si, dans la pratique, l’on s’approchait plus d’un régime présidentiel, voire présidentialiste. Avec la nouvelle réforme Macky Sall, d’importants bouleversements vont voir le jour. Principalement, il s’agira de revoir le titre IV de la Constitution intitulée “Du gouvernement’’. Ce titre renvoie aux articles 53, 54, 55, 56 et 57 de la Constitution. Mais pas que ! Il ressort, en effet, de l’article 53, que le gouvernement comprend le Premier ministre, chef du gouvernement, et les ministres. D’après ledit article, le gouvernement conduit et coordonne la politique de la nation sous la direction du Premier ministre. Ce dernier est responsable devant le président de la République et devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution. En ce qui concerne l’article 55, il prévoit qu’après sa nomination, le Premier ministre fasse sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance. Quant à l’article 56, il parle du caractère collégial du gouvernement, dont la démission ou la cessation des fonctions du Premier ministre entraîne la démission de l’ensemble de ses membres. Enfin, pour ce qui est de l’article 57, il souligne que le Premier ministre dispose de l’Administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi. Il assure l’exécution des lois et dispose du pouvoir réglementaire sous réserve des dispositions de l’article 43 de la Constitution. Toujours selon cette disposition, les actes réglementaires du Premier ministre sont contresignés par les membres du gouvernement chargés de leur exécution. Le Premier ministre préside en outre les Conseils interministériels ainsi que les réunions ministérielles ou désigne, à cet effet, un ministre. Il peut également déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. Ce n’est pas tout. Le Premier ministre avait aussi la prérogative de contresigner les actes du président de la République, à l’exception de certains. A qui seront désormais dévolues toutes ces compétences ? Est-ce au ministre d’Etat Sg de la Présidence ou au président lui-même ? Qu’adviendra-t-il des pouvoirs de dissolution du chef de l’Etat sur l’Assemblée nationale et de motion de censure du Parlement ? Les prochains jours devront permettre d’avoir une réponse claire sur ces questions. Il faudra une majorité des 3/5 pour procéder à l’adoption de la réforme.
Les inquiétudes du député Théodore Chérif Monteil
Dans une interview qu’il nous a accordée et qui sera publiée ultérieurement, le député Théodore Chérif Monteil, membre de la majorité, retient que la suppression du poste de Pm peut être analysée sous deux angles. Sous l’angle des pouvoirs détenus par le Premier ministre, “on peut penser, a priori, que, du fait de son rôle strictement confiné à la coordination de l’exécution des politiques définies par le président de la République, le poste n’est pas très utile et constitue, comme M. Boun Abdallah Dionne l’a dit lui-même, “un échelon intermédiaire’’. Mieux, le parlementaire estime même que “pour un chef d’Etat qui veut conduire son action en mode ‘fast track’, les intermédiaires sont sources de ralentissement et surtout de distorsion de l’information. Vu sous cette perspective, c’est certainement une bonne chose et aussi, par effet collatéral, une source d’économie pour nos maigres deniers’’. Toutefois, s’empresse d’ajouter le leader de l’Union citoyenne Bunt Bi, l’interlocuteur entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, c’est le Premier ministre. Dès lors, la question qu’on doit se poser, selon lui, c’est maintenant “qui sera, en absence de Premier ministre, l’interlocuteur du Parlement ?’’. “L’équilibre des forces entre l’Exécutif et le Législatif est assuré par le fait que l’Assemblée nationale a le pouvoir de faire tomber le gouvernement par la motion de censure et le président a lui le pouvoir de dissoudre cette même Assemblée nationale’’, informe-t-il, avant de s’interroger : “Lorsqu’il n’y aura plus de Premier ministre, comment le Parlement va-til s’adresser au gouvernement ?’’ Le député de rappeler que le seul contact que le chef de l’Etat a avec le Parlement se fait à travers le gouvernement par l’intermédiaire d’un Premier ministre. “Ou bien devra-t-on se contenter de messages tels que stipulé par l’article 79 de la Constitution qui dispose : ‘Le président de la République communique avec l’Assemblée nationale par des messages qu’il prononce ou qu’il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat’’’, se demande-t-il, soulignant que cette réforme sera profonde et entraînera une réécriture complète de la Constitution. “Si on sait que depuis 2001 le Sénégal n’a pas de texte fondamental consolidé, on voit d’ici l’ampleur de la tâche. Car, à l’heure où on parle, nul ne peut dire qu’il existe une version officielle de la Constitution du Sénégal consolidée. Si vous allez sur le site du Secrétariat du gouvernement, vous y trouverez un effort d’agrégation réalisé par le Conseil constitutionnel avec la note explicative ci-après (voir encadré). En tout état de cause, fait savoir le député de la majorité, “je vais réfléchir à haute voix sur la question que me pose ma conscience, mais aussi ceux-là qui m’ont élu député : quel est l’intérêt, pour un président en cours de dernier mandat, de réunir autour de sa personne tous les pouvoirs d’une nation ?’’
NOTE EXPLICATIVE DE LA CONSTITUTION : “L’absence d’un texte consolidé fait naître des incertitudes juridiques’’
“À l’épreuve du temps, la Constitution, adoptée lors du référendum du 7janvier2001, promulguée et publiée au ‘Journal officiel’ n°5963 du 22 janvier 2001, présente un nouveau visage, en raison des nombreuses lois constitutionnelles qui ont modifié, abrogé ou remplacé la plupart de ses dispositions. Ces différentes lois ont introduit des changements majeurs tant dans l’esprit que dans la lettre des dispositions concernées. Cependant, malgré ces importantes modifications, aucune action concertée des autorités compétentes permettant aux citoyens de disposer d’un texte unique, consolidé et officiel de la Constitution, reflétant exactement la volonté du pouvoir constituant, n’a été entreprise. L’absence de ce travail officiel de consolidation et de mise à jour fait naître des incertitudes juridiques quant à la bonne version de la Constitution. En effet, on peut constater que plusieurs versions de cette Constitution, avec parfois des différences majeures, circulent et sont diversement appréhendées par les différents acteurs. Cette approche multiple et différenciée dans la présentation du texte de la Constitution, qui conduit à l’existence d’autant de versions de notre Loi fondamentale qu’il y a d’éditeurs, chacun apportant à sa manière les corrections qu’il juge appropriées, est nécessairement source d’insécurité.’’
par nioxor tine
MACKY, LE VAINQUEUR SOLITAIRE
La composition du premier gouvernement de Macky II renseigne sur cette volonté du président de disposer d’une équipe gouvernementale, à son entière dévotion, qui n’aura pas réussi à s’ouvrir à de nouvelles forces politiques
À cause de toutes les contradictions, qui agitent le landerneau politique national et du risque que court notre pays de devenir une autocratie électorale, la classe politique sénégalaise doit trouver les voies et moyens de restaurer, consolider et approfondir notre système démocratique. Cela passe par la rupture radicale avec le présidentialisme obsolète instauré, au lendemain de la crise politique de 1962 et qui continue de perdurer, malgré deux alternances politiques.
MARKETING POST-ÉLECTORAL
Depuis la proclamation des résultats de la dernière élection présidentielle par le conseil constitutionnel, nous assistons à une gigantesque opération de marketing, destinée à assurer le service après-vente d’une victoire usurpée, entachée par de multiples entorses aux normes démocratiques élémentaires.
Car, contrairement aux allégations du président auto-reconduit, un scrutin calme avec un taux de participation élevé n’est pas forcément gage de sincérité. De même, la validation par les observateurs nationaux et étrangers de la bonne organisation des opérations électorales, le jour du scrutin, n’exclut nullement d’éventuelles manipulations en amont du vote. Il est de plus en plus établi, qu’aussi bien le fichier électoral, qui, à ce jour demeure une arlésienne pour l’opposition, que l’état civil national ont fait l’objet de tripatouillages, dont le maire de Mermoz-Sacré-Cœur et d’autres hommes politiques se sont largement fait l’écho.
Par ailleurs, la présence à la cérémonie d’investiture de plusieurs chefs d’état africains, dont certains ne sont pas des modèles de vertu, loin de constituer une caution morale à la politique mise en œuvre dans notre pays, relève simplement de bons usages diplomatiques entre pays frères et/ou amis.
Malgré tout, le redoutable appareil de propagande de l’État cherche à travestir le sens d’un vote truqué, en tentant de nous faire croire que plus de 58% citoyens sénégalais auraient totalement adhéré à la démarche politique du président sortant et de sa Coalition.
LA RUSE DU DIALOGUE
Au cœur du dispositif communicationnel post-électoral se trouve cet appel au dialogue, qui peine à être entendu car sortant du néant et n’étant ni précédé ni suivi d’actes forts pour le crédibiliser.
Le président, qui a mis à mal les normes et principes républicains, lors de son premier mandat, prétend vouloir changer de fusil d’épaule et nous invite à revisiter le “contrat social qui fonde le vivre ensemble dans un État de droit”, à restaurer les valeurs citoyennes et à œuvrer pour le panafricanisme. Ce sont là autant de promesses faites au début de son précédent mandat et figurant en bonne place dans les recommandations de la CNRI, qu’il a dû ranger dans un tiroir, sans prendre le temps de les lire.
Mais il sera bientôt rattrapé par ses démons politiciens en procédant plutôt au lancement d’une nouvelle campagne à forts relents clientélistes, en direction, probablement, des prochaines échéances électorales. Il s’agit essentiellement d’opérations de séduction ciblant plus spécifiquement les électorats féminin et jeune. Il y a aussi, des questions cristallisant les préoccupations des citoyens de notre pays comme la facilitation de l’accès au logement (construction de cent mille logements en 5 ans), les problématiques foncière et écologique (PSE vert), et d’autres où l’État risque d’empiéter sur les plates-bandes des collectivités territoriales, surtout celles de Dakar (occupation anarchique de la voie publique, problèmes aigus d’encombrement et d’insalubrité).
UN PRÉSIDENT ISOLÉ ET PARANOÏAQUE
La réélection du président Macky Sall, a paradoxalement contribué à faire resurgir les ambitions politiques contenues de ses alliés les plus représentatifs. La question légitime qu’on peut se poser est celle de savoir s’ils se préoccupent, un tant soit peu, de l’application du programme, pour lequel, ils ont appelé à voter. De fait, ils font face à un choix cornélien : reprendre leur liberté pour se positionner assez tôt en vue des prochaines compétitions électorales, surtout les présidentielles de 2024 ou se fondre dans un large front organique, sous l’égide du de l’Alliance pour la République. En attendant leur décision finale, qui sera loin d’être unanime, ils cherchent à rafistoler leurs appareils politiques affaiblis par des rebellions face aux velléités hégémoniques du parti présidentiel. L’impression, qui se dégage, au vu des premiers jalons posés par le président réélu, dans de cette période électorale, est son isolement progressif et inéluctable. La laborieuse gestation de même que la composition du premier gouvernement de Macky II renseignent sur cette volonté du président de la république de disposer d’une équipe gouvernementale, à son entière dévotion, qui n’aura pas réussi à s’ouvrir à de nouvelles forces politiques. De plus, de fortes personnalités à envergure nationale et aux profils pointus en ont été évincées au profit de jeunes politiciens novices de l’APR.
RÉTABLIR LA CONFIANCE ENTRE ACTEURS POLITIQUES
Le score électoral prétendument flatteur obtenu par le président Sall n’a pas réussi à dissiper le lourd contentieux entre lui et son opposition, portant sur les questions électorales mais aussi sur la gestion controversée des nouvelles ressources pétrolières et gazières.
Au lieu de cela, on assiste plutôt à des tentatives de la part du président réélu d’enfumer la classe politique, y compris ses alliés, en essayant de confiner de sérieuses problématiques politiques à des opérations de “set-setal” relevant du mouvement associatif et des collectivités territoriales.
Le dialogue devient d’autant plus une nécessité dans notre pays, que des signes inquiétants, annonciateurs de la mise en place d’une autocratie se dévoilent progressivement. Sous les fallacieux prétextes de centralisation de l’information et d’efficacité organisationnelle, de stabilité politique face aux menaces sécuritaires, on accentue le caractère présidentialiste de notre système politique, en supprimant le poste de premier ministre.
Ces manœuvres de bas étage n’ont aucune chance de prospérer au niveau de notre pays, car ne servant que les intérêts étroits de l’Alliance pour la République, confrontée au défi de la succession du président actuel.
Instaurer un véritable dialogue politique exige des partis de se projeter au-delà de leurs intérêts électoraux à court terme, pour établir un consensus sur des questions d’importance nationale. Cela présuppose également l’équité́ entre les partis, pour rompre définitivement avec les prises de décisions impliquant clairement une relation gagnant-perdant.
Cela passe par la reconnaissance des droits de l’opposition et la mise en place d’une Haute Autorité pour la Démocratie, en vue de la modernisation et la rationalisation des partis politiques, y compris la problématique de leur financement.
La mise en place d’une plateforme de dialogue politique ne pourra pas occulter le large consensus obtenu lors des Assises Nationales du Sénégal et approfondi par la CNRI, en vue d’obtenir un seuil minimal de confiance réciproque.
LES ELEVEURS RECLAMENT DES ARMES A FEU
Face à la recrudescence des vols de moutons de la race “Ladoum’’, les éleveurs demandent la possibilité de porter des armes à feu, pour faire face aux “braquages’’ dont ils sont victimes.
PAPE MOUSSA GUÈYE (RUFISQUE) |
Publication 08/04/2019
Les éleveurs de moutons “ladoum’’ ne se sentent pas en sécurité et s’inquiètent pour leurs bergeries, avec la recrudescence des vols. Le président de l’Association départementale des éleveurs de “ladoum’’ (Adel), Abdoulaye Diakhaté, renseigne que “ce fléau est en train de plomber le secteur. Depuis un bon bout de temps, poursuit-il, on a constaté la recrudescence des vols. Tout récemment, un des nôtres du département de Rufisque, en l’occurrence Gora Diokhané, a été victime d’un vol’’. Il parle de braquages dignes des films hollywoodiens. “Ce n’est plus de simples vols, mais des braquages. Les voleurs viennent armés jusqu’aux dents pour prendre vos animaux. Si d’aventure vous voulez vous interposer, ils vous tuent sans hésiter’’, se désole-t-il.
A la clôture du 6e salon organisé par sa structure, qui s’est tenu du 2 au 7 avril derniers aux Hlm de Rufisque, les éleveurs n’ont pas manqué de lancer un appel aux autorités compétentes pour régler définitivement le problème. “Cela constitue un réel problème, pour nous. Depuis des années, on en parle, mais les voleurs ne sont jamais traqués et attrapés. Donc, nous demandons à l’Etat de nous assister et de nous venir en aide par rapport à ce fléau qui constitue un réel frein, parce que beaucoup de gens n’osent pas investir dans ce domaine, parce que, tout simplement, ils ont peur d’être volés un jour’’, lance-t-il. En attendant, le président estime qu’il est nécessaire qu’on autorise “les éleveurs à porter des armes’’, parce que, dit-il, “le problème est complexe’’.
Par ailleurs, les éleveurs ont émis le vœu de voir la race “ladoum’’ considérée “comme de la semence et utilisée pour booster notre élevage sur le plan national’’. Mais, aussi, la possibilité pour eux de s’implanter au niveau du ranch Djibo Leyti Ka (ex-Doly), afin “de pouvoir rentabiliser la race ‘ladoum’, mais aussi pour l’autosuffisance en moutons de Tabaski et en viande’’, explique Abdoulaye Diakhaté dit “Samy’’.
4 PERSONNES INTERPELLEES DONT UN MINEUR DE 15 ANS
Selon nos sources, les limiers de la Sûreté urbaine de Dakar ont interpellé, en début de weekend, à Petit-Mbao, une localité de la banlieue dakaroise, un quatuor de trafiquants à bord d’un camion
Du fait des nombreux barrages et moyens de surveillance sur les axes routiers, les grands dealers de chanvre indien privilégient, désormais, la mer pour faire transiter leurs marchandises. Les nombreuses interpellations par les forces de l'ordre ne freinent pas leurs ardeurs.
Selon nos sources, les limiers de la Sûreté urbaine de Dakar ont interpellé, en début de weekend, à Petit-Mbao, une localité de la banlieue dakaroise, un quatuor de trafiquants à bord d’un camion. D’après nos informations, il s'agit d'un pêcheur du nom de M. M. D., âgé de 23 ans, du chauffeur W. B. qui est né en 1996, d’un autre pêcheur A. O. D. qui vient de boucler ses 19 ans et de W. B. D., tout juste âgé de 15 ans et sans emploi. Ils ont été interpellés en possession de 87 blocs de 2 kilogrammes de chanvre indien de type “marron” en provenance du Mali. Soit, au total, une quantité qui est estimée à 174 kg.
La fouille minutieuse effectuée sur eux a permis aux limiers de trouver la somme de 3 322 500 F Cfa. Un probable produit de vente de cette drogue, confient nos interlocuteurs. Une enquête est ouverte pour élucider cette affaire et aussi voir s'il y a des ramifications. Au terme de leur période de garde à vue, ils seront déférés au parquet par les hommes du commissaire El Hadj Cheikh Dramé pour les délits respectifs de trafic international de chanvre indien pour M. M. D, et complicité de trafic international de chanvre indien pour les trois autres.