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27 juillet 2025
L’OPTION DE LA TECHNOCRATIE
Pas moins d’une douzaine de directeurs généraux ont fait leur entrée dans le gouvernement. Peut-être c’est là un signe du Président Macky Sall de mettre vite en route son concept de « fast-track » dans la conduite des dossiers.
« Dans bien des cas, trop de routine, trop de lenteur et de procédures et de formalités indues continuent d’enterrer l’efficacité du service public et la compétitivité de notre économie. Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’État en mode fast-track ».
Ainsi parlait le Président Macky Sall, le 2 avril dernier, dans son discours à l’occasion de sa prestation de serment. Invitant, par ailleurs, l’administration à « épouser les réalités de son temps ». Cette ambition d’aller vite dans la conduite des dossiers de l’Etat justifie-t-il le nombre élevé de directeurs généraux nommés dans le nouveau gouvernement, si l’on sait que l’efficacité est la première qualité recherchée chez un manager ? En tout cas, le constat est là. Ils sont au moins une douzaine de managers ou responsables de premier plan de structures publiques à avoir rejoint le gouvernement. Parmi ces « directeurs généraux » promus à la station ministérielle, il y a Mouhamadou Makhtar Cissé, ancien directeur général de la Senelec.
Trainant la réputation d’un homme rigoureux et efficace, cet Inspecteur général d’Etat (Ige) qui fut aussi Directeur général des douanes, fait, en réalité, son retour dans le gouvernement. En effet, il a déjà occupé le poste de ministre délégué en charge du Budget sous Macky Sall entre 2013 et 2014 avant d’être nommé directeur de cabinet du président de la République. Un an plus tard, il est porté à la tête de la Société nationale d’électricité qu’il a remise sur de bons rails. Il est désormais à la tête du stratégique ministère du Pétrole et de l’Energie. Directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe) depuis 2015, Abdou Karim Fofana est dans son élément au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Il est le maître d’œuvre des Sphères ministérielles de Diamniadio qui vont permettre au gouvernement du Sénégal d’en finir avec la location d’immeubles dont les arriérés de loyers ont cumulé jusqu’à 30 milliards de FCfa et des dettes bancaires de l’ordre de 10 milliards de FCfa. Un Abdou Karim peut en cacher un autre. Celui qui était jusqu’ici à la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), en l’occurrence Abdou Karim Sall, s’est révélé un homme de rigueur et de poigne à la tête de cette structure. Il s’est opposé quand il le fallait aux opérateurs de téléphonie tout en menant à bon port l’Artp.
Même s’il n’a pas duré à la tête de la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta (Saed), Samba Ndiobène Kâ, nouveau ministre de l’Elevage et des Productions animales, y a laissé ses marques. Il a réussi à consolider les acquis tout en accentuant les efforts pour doper la production rizicole dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal. Evoluant dans le même secteur, le développement agricole mais dans le sud du pays, la Sodagri, sous la conduite de Moussa Baldé, est devenue un pilier de la politique agricole de l’Etat dans la région naturelle de Casamance. C’est donc un homme au profil de l’emploi qui a été nommé à la tête du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural.
Ancien directeur général de la société de transport Dakar «Dem Dikk», Dame Diop est également en terrain connu au ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat. En effet, après avoir quitté la direction de «Dakar Dem Dikk», il avait atterri à la direction générale du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt) où il a laissé un bon bilan. Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Omar Hann a, lui aussi, pendant cinq ans, fait ses preuves à la direction du Coud, dans un milieu hostile, constamment en proie aux humeurs des étudiants. C’est dans la conduite des affaires des étudiants que Moïse Sarr aussi s’est révélé. Depuis avril 2013, il était le chef du Service de la gestion des étudiants sénégalais à l’étranger basé à Paris. A ce titre, il a eu à gérer, au quotidien, l’épineuse question des bourses étrangères. C’est donc tout naturellement qu’il a été fait secrétaire d’Etat en charge des Sénégalais de l’extérieur.
Femme discrète et à la tête bien faite, Ndèye Tické Ndiaye Diop a conduit, sans faire de vagues, les affaires de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) pendant deux ans. Femme de dossiers, cet ingénieur de formation en technologie générale halieutique a occupé auparavant le poste de secrétaire général du ministère de la Pêche et de l’Economie. Elle est chargée de mettre sa rigueur, son expérience et son efficacité au service du développement de l’Economie numérique et des Télécommunications. Quant à Aminata Assome Diatta, nouvelle ministre du Commerce et des Pme, et Mayacine Camara, secrétaire d’Etat en charge du Réseau ferroviaire, ils occupaient jusqu’ici des postes techniques dans des ministères.
La première au ministère du Commerce en tant que directrice du Commerce extérieur et le second en tant que coordonnateur de la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe). Avec cette palette de managers, on peut dire qu’on est en face d’un « gouvernement de directeurs généraux » par opposition au terme usité de « gouvernement de technocrates ».
«CE QU’IL FAUT POUR ATTEINDRE L’EFFICACITE»
Le Pr Moussa Diaw estime qu’avec le temps à donner aux ministres, les objectifs qui sont fixés et le temps politique, la nouvelle équipe gouvernementale peut répondre au souci d’efficacité du président de la République.
Le temps qui sera donné aux ministres, les objectifs et le temps politique. Voilà trois éléments qui sont déterminants pour atteindre l’efficacité recherchée par le président de la République, Macky Sall, à travers le nouveau gouvernement, selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. « Si le président de la République choisit ces personnalités à différents niveaux, c’est qu’elles sont en mesure de faire ce qu’on attend d’elles », soutient-il.
M. Diaw ajoute qu’il faudra « attendre que ces personnalités soient en service, que les attributions soient définies et qu’on leur donne le temps de faire leurs preuves en fonction du cap qui a été fixé par le président de la République ». En outre, il souligne que dans la formation du gouvernement, le chef de l’Etat a décliné un certain nombre de critères, notamment l’efficacité et l’expérience. Il rappelle que ce choix n’a pas été facile surtout en ce qui concerne certaines personnalités qui font « l’objet de réserves au niveau de l’opinion », car épinglées par des rapports. L’universitaire affirme aussi que des membres du nouveau gouvernement ont fait leurs preuves à la tête de certaines structures. D’où, croit-il, le choix porté sur eux. C’est le cas des directeurs généraux.
De son point de vue, ces choix se justifient si on tient compte des performances qu’ils ont réalisées. Moussa Diaw pense particulièrement à Amadou Makhtar Cissé qui a révolutionné la Senelec. Pour lui, c’est « une personnalité respectable, compétente ». En ce qui concerne l’éclatement de certains ministères, notamment celui de l’Economie, des Finances et du Plan, il explique que cela relève des prérogatives du président de la République. « Il a jugé judicieux de fragmenter ce ministère en le confiant à messieurs Amadou Hott et Abdoulaye Daouda Diallo en fonction de leurs expériences et de leurs trajectoires », dit M. Diaw. Et d’indiquer que compte tenu de leurs parcours, ils peuvent répondre au souci d’efficacité recherché par le Président Sall.
S’agissant de certains ministres du gouvernement dont quelques-uns étaient plus ou moins proches du chef de l’Etat, l’enseignant-chercheur répète que ce dernier a fait son choix qui n’était pas facile, si l’on tient compte du contexte politique et de l’approche des élections locales. « Mais, dans tous les cas, il a étudié la situation et il relève de ses prérogatives de prendre des décisions », argumente-t-il. A son avis, il faut voir si l’efficacité est mise en avant ou comment le président va s’y prendre, d’autant plus qu’il veut des réponses rapides par rapport aux préoccupations des populations. Moussa Diaw souligne que toutes ces décisions auront un impact sur le plan politique et le M. Sall appréciera par rapport aux enjeux locaux.
LES BOULANGERS VEULENT AUGMENTER LE PRIX DU PAIN
La hausse du prix du sac de farine doit impérativement conduire à une augmentation du prix du pain. Telle est la volonté de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs).
Son président, Amadou Guèye, estime que le prix doit impérativement bouger. ’’Face au refus de l’Etat qui a refusé l’augmentation’’, M. Guèye appelle à l’ouverture du Conseil national de la consommation pour, dit-il, “qu’on puisse statuer, dans les meilleurs délais, éventuellement sur une révision du prix’’. Sans cela, alerte le boulanger, une riposte sera menée par rapport à la situation.
Selon M. Guèye, qui s’exprimait sur les ondes de Sud Fm, cette situation va cesser, car en tant qu’industriels, les boulangers n’accepteront plus de travailler à perte. “Nous devons énormément de dettes aux meuniers, aux banques et autres pour qu’on puisse continuer à perdre de l’argent’’, a-t-il martelé. Pour le président de la Fnbs, “si le pain est un produit social, l’Etat n’a qu’à prendre des leviers pour permettre à la population d’avoir un prix faible ou l’augmenter impérativement’’. Car, souligne-t-il, ils ont proposé diverses solutions de format de 200 F Cfa, mais ils sont toujours dans l’attente. Le président de l’Association des meuniers industriels du Sénégal a confirmé la hausse, en évoquant le cours mondial du blé.
Ainsi, le sac de 16 200 est passé à 17 500 F Cfa et celui de 16 700 à 18 000 F Cfa. D’après Claude Demba Diop, il s’agit, pour eux, de se réajuster, car les prix qui étaient appliqués ne représentaient pas ceux arrimés au blé.
LES ORPHELINS DE LA REPUBLIQUE
Le projet de suppression du poste de Premier ministre ne manquera certainement pas d’installer la panique chez les nombreux conseillers et membres du cabinet de Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Avec cette suppression toujours, ils seront nombreux les services dont il va falloir statuer sur leur nouvelle tutelle.
Le week-end dernier, Macky Sall n’a pas fait que promettre de supprimer le poste de Premier ministre. De fait, par la même occasion, il installe bien des administrations dans la plus grande expectative. De quel démembrement de l’Etat relèveront-ils, avec cette suppression pour le moins inattendue. C’est tout le décret n°2017- 1546 du 8 septembre 2017 qui va devoir être chamboulé.
Ledit décret porte, en effet, sur la répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique, entre la présidence de la République, la Primature et les ministères.
Jusque-là, relevaient de la Primature selon la disposition susvisée : le cabinet du Premier ministre ainsi que les services rattachés, dont le Service du protocole, le Bureau de prospective économique, la Cellule de coordination et de suivi des projets et programmes, la Cellule de communication, la Cellule de lutte contre la malnutrition, le Conseil national de lutte contre le sida, le Millenium Challenge Account Sénégal (Mca-Sénégal), la Cellule d’appui au Mca-Sénégal, le Comité interministériel de restructuration des entreprises publiques et parapubliques (Cirep), le Comité interministériel à la prévention et à la sécurité routières.
En deuxième lieu, il y avait le cabinet du ministre délégué chargé du Suivi du Pudc, le Secrétariat général du gouvernement et services rattachés, à savoir : l’Ecole nationale d’administration (Ena), la Direction des services législatifs, la Direction des archives du Sénégal, la Direction de l’imprimerie nationale, la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos), la Direction de l’administration générale et de l’équipement, le Bureau de suivi et de coordination (Bsc), le Bureau d’Information gouvernementale (Big), le Bureau du courrier général, le Service informatique, la Cellule de passation des marchés, la Commission d’évaluation des agences, la Division de la gestion du Building administratif, l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), la Haute autorité de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, le Comité d’orientation et de suivi de la stratégie de croissance accélérée, la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin (Hassmar), l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire (Arsn). Pour tous ces services et départements, il était dégagé un budget de plus de 48 milliards.
Quelle sera la destination de toute cette manne ? Qui en aura désormais le contrôle ? Elles sont nombreuses les questions qui taraudent. Mais le plus inquiétant, c’est sans doute le sort de ces dizaines et des dizaines de travailleurs qui avaient été engagés dans le cabinet même du Premier ministre. Il faut souligner que rien que le budget de fonctionnement de la Primature était chiffrée à plus de 14 milliards de F Cfa. Et inutile de dire que les dépenses du personnel occupaient une bonne partie de cette enveloppe. Ce qui fait dire que c’est du coup Mahammed Boun Abdallah Dionne, désormais ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence, qui se retrouve avec un gros boulet entre les mains.
UNE NOMINATION POLÉMIQUE
Au ministère de l'enseignement supérieur, le réformateur Mary Teuw Niane laisse sa place à l’ex-directeur du Coud - Un choix surprenant pour certains et décevant pour d’autres - Beaucoup estiment en effet, que le nouveau ministre ne ferait pas le poids
Le remaniement ministériel du président Macky Sall fait jaser. Et c’est le chamboulement à la tête du secteur de l’enseignement supérieur qui enregistre le plus de commentaires. Etudiants, professeurs et citoyen lambda sont depuis hier partagés entre “surprise’’ et “déception’’, vu les profils du ministre sortant et de son successeur. L’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hann, est loin de faire l’unanimité au sein du campus. Et pour cause, “sa mauvaise gestion du personnel’’ et le flot de critiques quant à l’exercice de ses fonctionsdepuis2014. “Il refuse la prise en charge sanitaire du personnel du centre.
Les vacataires et autres temporaires sont mal payés’’, renseigne un agent du Coud. Les plus déçus par cette nomination ne sont autres que les étudiants. Dans les jardins, devant les amphis, ils discutent de ce changement qui, selon eux, est mal pensé. “Cheikh Oumar Hann peine à résoudre le problème du logement sur le campus. Plusieurs chambres sont occupées par des étudiants qui ne le sont que de nom.
Les étudiants membres de l’Apr font la loi avec son aval. Certains ont même des postes au Coud. Franchement, il a échoué en tant que directeur du Coud. Je me demande comment il va gérer un ministère’’, s’interroge Ousmane Diop, étudiant en Licence de droit public. Tout comme lui, beaucoup reprochent au maire de Ndioum d’avoir installé un climat de tension politique entre les étudiants, dès son arrivée sur le campus. Pour d’autres, Cheikh Oumar Hann n’a ni la trempe ni la poigne de Mary Teuw Niane pour diriger un secteur perpétuellement en zone de turbulences. “Il méritait de rester dans le gouvernement, vu toutes les réformes qu’il a apportées dans le but d’assainir l’enseignement supérieur. Sous son mandat, il y a eu morts d’étudiants certes, mais je pense que Mary Teuw Niane avait les compétences requises. Il évoluait dans un secteur qu’il maitrisait très bien. C’est dommage’’, se désole Cheikh Tidiane Sy, étudiant à la faculté des Lettres.
Le poids de leurs parcours
Ainsi, les pensionnaires du temple du savoir regrettent déjà celui dont ils demandaient la tête en mai 2018, suite à la mort de Fallou Sène, tout simplement parce que son successeur ne serait pas à la hauteur du chantier qui l’attend et que, malgré tout, Niane lui dame le pion en termes de compétence.
Toutefois, des avis divergents, il y en a. Certains pensent que Macky Sall veut passer de la bureaucratie aux affaires techniques. C’est le cas de Jules Sabaly, entrepreneur, qui pense “qu’il faut un technicien pour régler le problème des étudiants. Ils ont besoin d’une bonne formation axée sur les besoins du marché et non de chapitres qui datent de l’Antiquité qu’ils récitent à longueur de journée. Que leur a apporté le système Lmd ? C’est toujours des diplômes classiques. Un ministre ne doit pas forcément être un académicien’’. Pour lui, chaque Sénégalais devrait d’abord observer la méthode de travail du nouveau venu, avant toute critique. Si Mary Teuw Niane s’est fait connaitre du grand public par ses compétences intellectuelles, sa culture de l’excellence des années 1990 à nos jours, l’instigateur des grandes réformes de l’enseignement supérieur cède sa place à Cheikh Oumar Hann dont le nom est inéluctablement rattaché à un rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Enmars2017, il a largement été cité dans un rapport évaluant sa gestion entre 2014 et 2015. L’office a révélé de graves irrégularités : cumul de fonctions, octroi de subventions irrégulières, fractionnement dans les commandes de marché, pratiques de détournement de deniers publics.
En outre, les enquêteurs de l’Ofnac ont souligné avoir mis la main sur des “indices graves et concordantes de faux et usage de faux’’. La presse d’alors avait même prévu son emprisonnement, surtout que Nafi Ngom Keita, Chef de l’Ofnac, exigeait qu’il soit relevé de ses fonctions de directeur du Coud et que des décisions fermes soient prises pour qu’il n’ait plus à charge un organe public. Le dossier, bien que remis à l’autorité judiciaire, n’a fait l’objet d’aucune poursuite et l’intéressé n’a point cessé de clamer son innocence. Il sera une deuxième fois rattrapé, un mois plus tard, par de nouvelles accusations, cette fois-ci de l’Autorité de régulation des marchés publics qui a constaté une cession illégale de marché à des prestataires privés quant à la restauration sur le campus. Ce fait aurait privé les étudiants de repas, l’année suivante, n’eût été l’indulgence de l’Armp
“Comment peut-on gérer des étudiants avec de telles accusations sur le dos ?’’
Bref, ce cumul de malversations avérées fait tache sur son Cv qui, pour certains professeurs de l’Ucad, pose un problème d’éthique. “Comment peut-on gérer des étudiants avec de telles accusations sur le dos ?’’, s’étonne l’un d’eux qui a préféré garder l’anonymat. Pour ce dernier, Cheikh Oumar Hann est bien loin de la grandeur de Mamadou Seck, Président de l’Assemblée nationale de 2008 à 2012, qui a eu à démissionner en raison de ses démêlés avec la justice. Il reviendra plus tard à son poste, après avoir été blanchi par une enquête. Niane et son successeur sont de purs produits de l’université sénégalaise et sont tous deux scientifiques et docteurs dans leur domaine d’études. Le premier est mathématicien, le second ingénieur en sciences physiques option génie des procédés. S’ils partagent aussi des années d’enseignement universitaire, leurs parcours cependant diffèrent. Le ministre sortant a consacré toute son énergie à l’enseignement supérieur et à la recherche. De plus, l’ancien recteur de l’université de Saint-Louis a profondément réformé le système universitaire, non sans se heurter à des représailles et à des bavures. Son successeur, lui, a plutôt occupé des postes techniques : directeur général de l’Agence sénégalaise pour l’innovation technologie, conseiller technique au ministère des Mines, de l’Industrie et de l’Artisanat, ministre conseiller du président Abdoulaye Wade. Pourtant, aujourd’hui, à l’heure du bilan, Niane tire son épingle du jeu, contrairement à Hann. Qui sait ? C’est sûrement ce profil technique que recherche le président Macky Sall. Sauf que, pour l’heure, les multiples affaires dans lesquelles il est impliqué lui ont fait perdre toute crédibilité.
ASSOME AMINATA DIATTA LISTE LES PRIORITES DE SON EQUIPE
Dans cette interview, elle revient également sur sa rencontre avec son mentor et l’équation des grandes surfaces.
Choisie par le chef de l’Etat Macky Sall pour diriger le ministère du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (Pme), lors de son dernier quinquennat, Assome Aminata Diatta se prononce sur les priorités de son équipe pour mener la mission qui leur est confiée.
De la Direction du Commerce extérieur, vous êtes nommée ministre du Commerce et des Pme. Est-ce que vous pouvez revenir sur votre cursus ?
Je suis dans le département du Commerce depuis 2006, plus précisément au mois de juillet, dès notre sortie de l’Ecole nationale d’administration. C’est un département que je n’ai quitté que pour une courte période ; d’abord, pour une formation en gestion de la politique économique à l’université de Cocody, à Abidjan. Ensuite, pour travailler comme conseillère de Mme le Premier ministre Aminata Touré d’abord, et ensuite de Mouhammad Boun Abdallah Dionne. C’est un ministère où j’ai quand même effectué l’essentiel de mon service. Aujourd’hui, ma nomination à la tête du ministère n’est qu’un prolongement.
Parlez-nous de votre rencontre avec le chef de l’Etat. Est-ce que vous vous êtes connus à Fatick où vous étiez chef du Service régional du commerce en 2012 ?
(Rire) Non, Monsieur le Président de la République, je ne l’ai pas rencontré à Fatick. Il est vrai qu’une de nos relations communes, Makhtar Diouf, a essayé plusieurs fois d’organiser la rencontre. Mais compte tenu des charges du président et du besoin qu’il avait de faire le tour du territoire national, elle n’a pas eu lieu. Donc, ma première rencontre avec lui date de 2016, à l’occasion de la visite du directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Roberto Azevêdo, lors de l’audience que le chef de l’Etat lui a accordée. Le ministre du Commerce, Alioune Sarr, a bien voulu que j’accompagne la délégation. Et c’est ainsi que je l’ai rencontré. Mais, avant cela, nous étions sur le terrain politique, plus particulièrement à Ziguinchor, où nous étions investis pour mobiliser les populations, en vue du référendum de 2016. Mais aussi pour fidéliser les militants du président de la République.
Comme vous l’avez déjà évoqué, vous êtes en terrain connu. Donc, quelles sont les priorités pour votre équipe ?
Il y a déjà un travail entamé. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler du commerce en ignorant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Qui, d’ailleurs, a réuni le nombre de ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur. Donc, il faut considérer que cette zone de libre-échange est une priorité pour notre pays. D’autant plus que le Sénégal réalise plus de 40 % de ses exportations sur le continent africain. Il y a également d’autres priorités. Parce qu’elles vont naturellement dans le sens des orientations du président de la République. Le chef de l’Etat accorde une importance particulière à l’emploi des jeunes. Et nous avons entamé, depuis quelques mois, des travaux en vue d’élaborer deux stratégies. Une sur le commerce des services et l’autre sur celui électronique. Le commerce de services est un secteur extrêmement important de notre économie. Plus de 59 % de notre produit intérieur brut (Pib) est constitué de services. C’est aussi un secteur qui emploie plus de 40 % de notre population. Donc, ce n’est pas négligeable. Et à chaque fois que l’emploi quitte le secteur primaire, il ne transite pas vers le secondaire. Il va directement vers le tertiaire. Ce qui signifie qu’il est essentiellement absorbé par les services. Aujourd’hui, pour créer beaucoup d’emplois, il faudrait s’intéresser au secteur des services. Il y a également un secteur qui est un grand pourvoyeur d’emplois dans les services. Il s’agit de celui des services fournis aux entreprises. Dans un pays comme la France, qui dispose déjà des statistiques, c’est un secteur qui emploie 3 millions de personnes. Donc, c’est extrêmement important. Puisque l’objectif du président de la République, c’est de créer au moins un million d’emplois durant ce quinquennat. Donc, nous voulons beaucoup nous appuyer sur ce secteur pour l’aider à concrétiser cette ambition.
Quand on parle du commerce et de Pme au Sénégal, on parle d’informel. Comment comptez-vous vous y prendre pour la formalisation du secteur ?
L’idée que nous avons, c’est de continuer de nous appuyer sur les services. Parce que celui des services fournis aux entreprises est un secteur qui permet d’appuyer les entreprises. Donc, les aider à être plus performantes. L’idéal, pour nous, c’est non pas de limiter l’action d’appui aux Pme, à travers le travail des structures étatiques - ainsi, il sera assez difficile de couvrir toutes les entreprises - mais plutôt d’encadrer les entreprises de services. Ce sont elles qui vont aider d’autres entreprises à se développer. Elles vont servir également, quelque part, d’interface entre l’Administration et une partie des entreprises. Par la même occasion, ce sont des entreprises qui vont se formaliser et ainsi, nous pensons que nous pourrons réduire le taux d’acteurs informels noté dans le secteur.
Il y a aussi le débat sur les grandes surfaces qui a fait couler beaucoup d’encre, l’année dernière, et même un décret a été signé par le chef de l’Etat pour réglementer le secteur. Quelle analyse en faites-vous ?
La chance que nous avons déjà pour ce secteur de la distribution, c’est que le Sénégal, en prenant ses engagements à l’Omc, n’a pas consolidé ce domaine. Il y a beaucoup de dispositions sur lesquelles le Sénégal peut revenir. C’est la raison pour laquelle nous avons beaucoup plus de flexibilité, pour mieux réglementer ce secteur. Mais le secteur de la grande distribution n’est pas mauvais en soi. Il peut permettre de booster les entreprises. Parce que si on prend les entreprises de grande distribution qui sont là, ce sont les multinationales. Elles sont aussi présentes sur le marché international. Donc, il ne faudrait pas ignorer la possibilité pour nos entreprises de s’appuyer sur ces multinationales pour intégrer la chaîne de valeur mondiale. Ce qui est important, c’est de veiller à ce que cela ne tue pas nos petites entreprises, notamment la petite distribution. Mais, également, organiser nos commerçants pour qu’ils soient propriétaires de grandes surfaces. Parce que nous allons vers la zone de libre-échange continentale. Peut-être ce que nous refusons aujourd’hui à ces grandes surfaces des pays européens, il sera difficile à notre pays, à long terme, de le refuser à ceux d’Afrique. Parce que l’ambition des chefs d’Etat africains, c’est de libéraliser le commerce entre pays africains. Il faut rappeler que l’Afrique est le seul continent où le Sénégal réalise des excédents en matière d’exportation. Donc, nous n’avons pas intérêt à ce que les autres pays aussi appliquent des mesures de rétorsion. Ce que nous pouvons faire, c’est organiser notre secteur privé, faire en sorte qu’il soit performant, afin que le Sénégal puisse disposer de grandes marques de distribution. Ce qui pourrait nous aider à aller vers la conquête de ce grand marché qu’est le continent africain.
Donc, vous prônez l’organisation des acteurs sur ce point, pour faire face aux défis de l’heure ?
Oui.
Vous êtes originaire de la Casamance. Qu’avez-vous à dire par rapport à cette région naturelle ?
Je suis originaire de la région de Ziguinchor, plus précisément du département de Bignona et dans la commune de Kartiack. Donc, je remercie la population casamançaise. Mais, au-delà de celle-ci, le Sénégal. Parce que bien qu’étant ressortissante de la Casamance, nous avons toujours travaillé pour tout le Sénégal, aussi bien du point de vue technique que politique. Pour la politique, nous avons un mouvement national qui s’est beaucoup investi à travers toutes les régions du Sénégal, en particulier celles de Ziguinchor, Dakar et Thiès. Je ne voudrais pas uniquement me limiter à Ziguinchor, bien qu’étant très fière de cette région et acceptant le fait de représenter cette région au gouvernement. Mais je voudrais magnifier le rôle que nos camarades ont joué à travers toutes les régions du Sénégal. Nous sommes d’abord ministre de la République du Sénégal et nous sommes au service du pays.
DES MATHS A LA TERRE
Désormais ex-directeur général de la Sodagri et néo-ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, aujourd’hui âgé de 53 ans, hérite d’un département stratégique dans la mise en œuvre du Pse II.
Désormais ex-directeur général de la Sodagri et néo-ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, aujourd’hui âgé de 53 ans, hérite d’un département stratégique dans la mise en œuvre du Pse II. Rien de rédhibitoire pour ce mathématicien pur et dur, habitué des équations les plus difficiles.
De février 2013 à avril 2019, Moussa Baldé a été le directeur général de la Société de développement agricole et industrielle du Sénégal (Sodagri) qui touche au total plus de 300 producteurs de la vallée de l’Anambé. Car, parallèlement à sa brillante carrière universitaire (voir plus loin), le mathématicien met ses compétences au service de l’agriculture, notamment la recherche de financement et la modernisation du secteur. Sa nomination à la tête du département de l’Agriculture marque donc une nouvelle étape dans son implication pour le développement du secteur agricole sénégalais. Le nouveau ministre porte ainsi sur ses épaules les aspirations de ce secteur vital pour l’économie sénégalaise. Sa nomination suscite un certain enthousiasme chez les populations du Fouladou en particulier et les populations sénégalaises en général. Pour Moussa Baldé, les prochains chantiers seront, entre autres, de poursuivre les travaux de modernisation de l’agriculture sénégalaise, de mettre en synergie les différents acteurs intervenants dans la filière agricole (des banques aux producteurs) et également de mener à bien les projets de transformation agricole. Tout ceci vis-à-vis du Programme national de développement, dont l’axe 2 concerne fortement la transformation agricole.
Brillant mathématicien
Le nouveau ministre est membre de l’Alliance pour la République (Apr) depuis 2011. La même année, il a intégré la Convergence des cadres républicains. Depuis 2012, Moussa Baldé est le coordonnateur des universitaires républicains. De 2014 à 2017, il a été conseiller municipal de la commune de Guiro Yéro Bocar. Et depuis juillet 2014, il dirige le Conseil départemental de Kolda. Teint clair, taille moyenne, le nouveau ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, est né en 1966 à Témento Samba. Une localité située dans la commune de Guiro Yéro Bocar, au sud de la région de Kolda. A l’âge de 7 ans, il foule le sol de l’école élémentaire de Dabo. L’entrée en 6e en poche, il atterrit au Collège d’enseignement général (Ceg) de Kolda. Après quatre bonnes années d’études, il décroche son Diplôme de fin d’études moyennes (Dfem). Ce qui lui permet d’aller au lycée Djignabo de Ziguinchor. Dans cet établissement, il décroche son Baccalauréat série C, en 1986. Puis se rend à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar où il obtient sa Maitrise en Mathématiques pures en 1991. Deux ans après, il obtient son Dea de Géométrie différentielle en 1993. Ce qui lui ouvre les portes de l’Université de Rouen, en France, où il soutient une thèse de Doctorat en Mathématiques appliquées, en 1999.
Moussa Baldé est un professeur titulaire à l’Ucad, depuis octobre 2018
De 2000 à 2001, revenu au Sénégal, il devient assistant stagiaire à l’Ucad, puis maitre-assistant toujours à l’Ucad, d’octobre 2001 à septembre 2008. Egalement, lors de ce brillant cursus universitaire, il a été membre du comité scientifique pour la création de l’université de Ziguinchor durant un an (2006 à 2007), puis chercheur invité au Lss-Supelec Paris 11 en France, de septembre à octobre 2004. Il a aussi été maitre de conférences à l’Institut de mathématiques de Toulouse, en France, en juin 2008. Le nouveau ministre de l’Agriculture fut également chercheur à l’Aims (African Institut of Mathematical Sciences, Cap Town, en Afrique du Sud, d’août et septembre 2009, puis maitre de conférences à l’université de Rouen, en France (juin 2010 et juillet 2011). Il a également occupé le poste de responsable du Laboratoire Géométrie et Application de l’Ucad (2008-20013), avant de devenir membre du Centre international de Mathématiques pures et appliquées en France. Il fut promoteur Sud du Projet pour le développement des biomathématiques au Sénégal, de 2013 à 2017. Moussa Baldé est un professeur titulaire à l’Ucad, depuis octobre 2018
LE SAEMSS SALUE LE DÉPART DE SERIGNE MBAYE THIAM
Au même moment, le syndicat loue l’arrivée de Mamadou Talla qu’ils décrivent comme l’homme du sérail
Le départ de Serigne Mbaye Thiam de la tête du ministère de l’Education Nationale ravit profondément les syndicats d’enseignants qui ont longtemps réclamé sa tête. Réagissant sur la question, les responsables du Syndicat autonome des enseignants du moyens secondaire (Saemss) accordent des préjugés favorables à Mamadou Talla qui remplace Serigne Mbaye Thiam à l’Education nationale. Homme du sérail et connaissant parfaitement le secteur, Mamadou Tall sait se montrer, de l’avis des syndicalistes, conciliant lors des négociations.
Le changement survenu à la tête du ministère de l’Education Nationale avec le départ de Serigne Mbaye Thiam soulage une bonne partie des enseignants. D’autant que depuis plusieurs années, ils n’ont eu de cesse de réclamer son éviction du gouvernement. «Nous avons toujours souhaité que Serigne Mbaye Thiam quitte la tête de ce ministère aussi important dans la vie d’une Nation. Il n’a jamais accepté le dialogue. Il pense que la confrontation est la seule voie pour régler les problèmes de l’école sénégalaise. Nous voulions toujours tenir des rencontres avec ce monsieur qui snobe les enseignants», jubile le secrétaire national des affaires extérieures du Saemss, Demba Thiam. Ce dernier et ses camarades qui se réjouissent du départ du responsable socialiste s’attendent désormais à un climat apaisé dans le secteur de l’éducation, plus particulièrement entre le Ministère et les syndicats d’enseignants. Au même moment, les enseignants du Saemss louent l’arrivée de Mamadou Talla qu’ils décrivent comme l’homme du sérail. «Il est du secteur. En tant qu’enseignant, il connait les problèmes de l’Education. Lors des négociations avec les syndicats, il a toujours eu un sens de l’écoute et une oreille attentive par rapport aux revendications des enseignants. Il comprend mieux les enjeux de l’école», indique Demba Thiam. «Je peux dire sans risque de me tromper que c’est un sentiment de satisfaction qui anime tous les enseignants avec l’arrivée de Mamadou Talla. C’est quelqu’un qui est toujours prêt à prendre langue avec les syndicats d’enseignants. Il est à l’opposé de Serigne Mbaye Thiam qui pensait que seule la confrontation peut résoudre les problèmes de l’école sénégalaise», ajoute Demba Thiam, secrétaire général national aux affaires extérieures du Saemss.
L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE RESTE SOUS LA BARRE DES 3%
Ce rapport semestriel de la Banque Mondiale consacré à la conjoncture économique africaine se penche, en outre sur l’incident de la fragilité sur la croissance en Afrique subsaharienne et le rôle de l’économie numérique sur le contient.
Pour la quatrième année consécutive, le taux de croissance des pays subsahariens est resté sous les 3%. Les raisons, selon l’économiste en chef de la Banque Mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack sont multiples. Il cite la fragilité de certains pays, la recrudescence des tensions commerciales et l’incertitude au niveau politique. Comme solution, il propose la digitalisation de l’économie, mais aussi l’amélioration des politiques économiques et le renforcement des institutions.
Les résultats du rapport d’Africa Pulse ont été publiés hier. Pour cette 19ème édition, la Banque Mondiale révèle pour la quatrième année de suite, l’économie des pays au sud du Sahara progresse moins vite que l’accroissement démographique, malgré les prévisions régionales plus favorables pour 2019, qui tablent sur un rebond à 2.8%. Pour l’Institution financière internationale, la croissance ne parvient pas à franchir la barre des 3% depuis 2015. Ce rapport semestriel de la Banque Mondiale consacré à la conjoncture économique africaine se penche, en outre sur l’incident de la fragilité sur la croissance en Afrique subsaharienne et le rôle de l’économie numérique sur le contient. « Cette 19ème édition confirme le fait que la croissance reste fragile et même décevante. Avec le chiffre du dernier trimestre de 2018, nous avons révisé nos projections de croissance. Nous estimons maintenant qu’en 2018, le taux de croissance en Afrique subsaharienne était de 2.3%. Cela correspond à une révision de nos chiffres par rapport à octobre 2018 qui était de 0.4% », a dit l’économiste en chef de la Banque Mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack. Selon le Camerounais, les raisons sont internes et externes. Pour les seconds, M. Zeufack estime qu’il y a la recrudescence des tensions commerciales entre les partenaires économiques les plus importants du contient, notamment la Chine et les Etats-Unis qui ont des répercussions sur le commerce. Il y a également un regain du prix du pétrole, qui reste volatile. Ce qui ne manque pas d’affecter les taux de croissance dans les pays africains.
Au plan interne, Albert Zeufack estime qu’il y a trois raisons qui expliquent la faiblesse de la croissance en Afrique Subsaharienne en 2018. Le premier, pour lui est l’instabilité macroéconomique. «Nous avons, dans certains pays, des problèmes de gestion de la dette. Dans d’autres, il y a une inflation qui reste supérieure à deux chiffres et un déficit budgétaire qui s’accumule dans bon nombre de pays. Cela contribue à créer un cadre macroéconomique instable», a expliqué l’économiste camerounais. Le deuxième facteur, ajoute-t-il, est l’incertitude au niveau politique et la fragilité reste le troisième facteur qui explique la faiblesse du taux de croissance dans les pays au Sud du Sahara. «Nous estimons que la fragilité, dans un petit nombre de pays, coûte plus d’un point de pauvreté en Afrique. Dans d’autres pays, il a un coût estimé à 0.5% par an de croissance qui, en cinq ans arrivera à 2.6%. Ce qui est un coût énorme», a soutenu Albert Zeufack.
MANÉ, L'ANTI-STAR QUI PREND LA LUMIÈRE DE SALAH
Quand Mohamed Salah doute, Sadio Mané marque: discret, humble, mais terriblement efficace, l'attaquant sénégalais prend une nouvelle dimension cette saison, et Liverpool comptera encore sur lui dès mardi (21h00) à Anfield face à Porto en quarts de C1
Quand Mohamed Salah doute, Sadio Mané marque: discret, humble, mais terriblement efficace, l'attaquant sénégalais prend une nouvelle dimension cette saison, et Liverpool comptera encore sur lui dès mardi (21h00) à Anfield face à Porto en quarts de finale de Ligue des champions.
Depuis quelques mois, la baisse de régime de la superstar égyptienne Salah, sacré meilleur joueur africain et meilleur joueur de Premier League la saison dernière, a permis de mettre en lumière les performances de Mané: pendant que le premier a connu une disette de huit matches - qui a pris fin vendredi -, le second a pris les rênes de l'attaque rouge, avec onze buts en 13 matches.
C'est bien le Sénégalais, 27 ans mercredi, qui a permis aux hommes de Jürgen Klopp de tenir la distance en championnat d'Angleterre, qu'ils dominent d'une tête devant l'ogre Manchester City et qu'ils rêvent de reconquérir 29 ans après leur dernier sacre.
Sur la scène européenne aussi, le natif de Sédhiou, au Sénégal, a revêtu ces derniers mois le costume de leader d'attaque. A l'instar de ce doublé face au Bayern Munich le mois dernier qui a ouvert la voie à une nouvelle épopée des Reds en C1. Sa première réalisation face aux Allemands, lorsqu'il a contrôlé un long ballon, dribblé le gardien et marqué, est emblématique de sa progression face au but.
Si statistiquement Sadio Mané et Mohamed Salah sont au coude à coude cette saison (l'Egyptien compte 18 buts en championnat contre 17 pour le Sénégalais, et trois chacun en C1), les deux footballeurs vivent différemment leur célébrité et leur statut.
- Manger, prier, dormir -
En septembre, Sadio Mané a ainsi été filmé en train de nettoyer les toilettes de sa mosquée, quelques heures après avoir marqué lors d'une victoire cruciale contre Leicester.
Son triptyque quotidien ? Manger sainement, prier et se coucher tôt, a-t-il révélé la semaine dernière lors d'une interview au média de son club: "C'est à ça que ressemble une journée classique pour moi. C'est mon rêve, quelque chose que j'ai toujours voulu faire et je suis tellement reconnaissant d'être en mesure de le faire aujourd'hui".
"Mon rêve est devenu réalité, a insisté Mané. Jouer pour l'un des plus grands clubs d'Europe avec une super équipe, un super entraîneur".
Le FC Porto, qui se déplace à Liverpool mardi, est bien conscient de la menace que représente Mané. Lors de leur opposition la saison dernière en Ligue des champions, il a inscrit un triplé lors du 5-0 au match aller.
Cette fois encore, lui et ses coéquipiers espèrent tuer le suspense dès le match aller. Ils pourront, pour cela, s'appuyer sur leur dynamique en Premier League, où ils tiennent le rythme infernal des Citizens.
"Les garçons sont des monstres de mentalité. J'adore ça", a d'ailleurs déclaré Jürgen Klopp après leur victoire vendredi face à Southampton.
Sans compter que ses hommes ont désormais une corde de plus à leur arc, comparé à l'an dernier, lorsque la blessure de Mohamed Salah en finale de la Ligue des champions avait semblé anéantir à elle seule leurs espoirs de sacre.
Du gardien Alisson Becker au défenseur central Virgil van Dijk, plusieurs joueurs ont prouvé qu'ils pouvaient tenir la baraque, si besoin. A commencer par Sadio Mané.