Premier Conseil des ministres ce matin
La première réunion du Conseil des ministres du quinquennat du président Macky Sall se tient aujourd’hui au Palais de la République à la salle Bruno Diatta. Le président Macky Sall va donner à chaque ministre sa feuille de route et les objectifs à atteindre. La nouvelle équipe de Mohammad Boun Abdallah Dionne saura ce qui l’attend et la cadence que le chef de l’Etat veut imprimer à son quinquennat.
Prise d’otage spectaculaire
Un fait insolite s’est produit hier, à la Sicap Amitié 3. M N alias Papis, né en 1972, a pris en otage son père, sa mère, sa petite-sœur sœur et l’employée de maison de 13 h à 19 h. Rentré de la Suisse après son divorce, il en voulait à son entourage à qui il reproche de le rabaisser depuis qu’il est revenu sans le sou. Maîtrisés avec un neutralisant par les redoutables éléments de la Bip, il reçoit des soins sous haute surveillance dans un hôpital de la place. M N, né en 1972, a d’abord confisqué les téléphones portables de ses victimes pour les empêcher de demander de l’aide à l’extérieur. Il les a enfermés ensuite dans une chambre, sous la menace d’un couteau. Des éléments de la Police de Dieupeul qui avaient réussi à le joindre au téléphone ne sont pas parvenus à le faire entendre raison. C’est alors que la Brigade d’intervention polyvalente (Bip) spécialisée dans ce genre de situation, est passée à l’action. Il a tout de même poignardé sa petite sœur avant de recevoir un coup de neutralisant au bas-ventre. Une enquête a été ouverte.
Un gang arrêté à la cité Apecsy 2
La Division des Investigations criminelles (Dic) a interpellé 8 personnes à la cité Apecsy 2 de Yoff pour divers délits dont la détention et le trafic de chanvre indien, de drogue dure, d’armes blanches (coupe-coupe). La bande serait à l’origine d’agressions et une partie civile a reconnu un membre du groupe comme étant celui qui l’avait blessée lors d’une altercation. Une moto, un ordinateur et divers matériels ont été saisis par les limiers.
M. Maréna avait violé et séquestré Anta Kébé en 2016
a Division des Investigations Criminelles (Dic) a mis fin à la cavale de M Maréna, suspecté d’avoir violenté, séquestré et violé Anta Kébé, en 2016, à Nord-Foire. Une affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive à l’époque. Maréna a été alpagué à Darou Thioub. Nous y reviendrons.
Le président égyptien à Dakar
Le Président Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi va effectuer une visite officielle au Sénégal le jeudi 11 et le vendredi 12 avril prochains. Ce faisant, il sera le premier chef d’Etat étranger à fouler le sol sénégalais après l’installation officielle de Macky Sall, le 2 avril 2019, devant un parterre de 18 chefs d’Etat et de gouvernement et plus de 50 délégations internationales.
Baptême de feu pour Amadou Ba
Restons avec la visite officielle du Président Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Elle intervient quatre jours seulement après la formation du nouveau gouvernement marquée par un changement de titulaire à la tête de la diplomatie sénégalaise. Alors que la passation de services entre Me Sidiki Kaba, le nouveau ministre des Forces armées et Amadou Ba, l’ancien ministre de l’Economie et des finances, n’a pas encore lieu. De toutes les façons, Amadou Ba fera son baptême du feu sur la scène diplomatique internationale avec l’accueil de l’homme fort du Caire.
Mimi prend date avec les Kaolackois
«Après la victoire éclatante de mon candidat à l’élection présidentielle, mon grand défi principal est de changer radicalement Kaolack en profondeur. Je vous y invite ». Telle est, en substance, le message posté sur sa page Facebook par l’ancien Premier ministre, envoyée spéciale du président de la République. S’agit-il d’une résolution de la part de la native de Kaolack pour détrôner l’actuelle maire Mariama Sarr ou d’une simple manifestation d’une démarche de citoyenneté. Dans tous les cas, l’ancien Premier ministre a déjà mis en place un mouvement « And Défar Kaolack Ak Mimi », en perspective des élections locales du 1er décembre prochain. Wait and see.
Réaction de Moustapha Diakhaté
Le jeu de chaises musicales se poursuit. Après le gouvernement, le chef de l’Etat a commencé à renouveler son cabinet. En effet, après la nomination de l’ancien ministre des Forces Armées, Dr Augustin Tine, au poste de Directeur de cabinet du président de la République, un autre ancien membre du gouvernement est parachuté au Palais, en l’occurrence Mame Mbaye Niang. Il remplace Moustapha Diakhaté qui était jusque là chef de cabinet du président de la République. Ce dernier n’a pas tardé d’ailleurs à réagir après son remplacement. Moustapha Diakhaté a tenu à remercier le président Macky Sall pour l'avoir «honoré d'être à ses côtés et permis de consacrer sept ans de sa vie au service de la République». Il lui sera reconnaissant «éternellement». L’ancien président du groupe parlementaire de Bennoo Bokk Yakaar (Bby) n’a pas manqué de présenter également ses hommages à sa sœur et amie la première dame, Marème Faye Sall.
Le taximan accusé d’agression et de vol
Abdou Wahab Diallo est dans de beaux draps. Il est accusé d’agression et de vol au préjudice de Diomaye Yatt. L’affaire a été appelée hier en chambre criminelle. La victime Diomaye Yatt, en compagnie d’autres personnes, avait conduit le 5 juillet 2014 Abdou Wahab Diallo à la brigade de gendarmerie de la Foire pour vol portant sur la somme de 10.720.000 francs. Ils ont remis aux pandores un couteau avec une manche en bois et une lame en acier que détenait le mis en cause au moment de son forfait. Le plaignant avait pris le taxi de Abdou Wahab Diallo pour se rendre à l'agence Cbao des Parcelles Assainies où il devait verser plus de 10 millions pour le compte de la station Shell. En cours de route, le chauffeur s’est arrêté, prétextant de remettre de l’argent à sa tante. Le taximan ouvre la malle du véhicule et un individu y sort. Ce dernier asperge un gaz asphyxiant à Diomaye Yatt pour le neutraliser et son acolyte s’est emparé de son sac contenant l'argent, avant de quitter les lieux. Le taximan a eu l’outrecuidance de le faire passer pour un agresseur auprès des riverains. Le procès a été renvoyé au 20 avril pour la comparution des témoins.
Ces goulots à l’accès aux soins de santé primaires
Dans certaines localités du pays, l’accès à des soins de qualité pose problème. La Direction de la Santé qui a organisé un Panel lors de la célébration de la journée mondiale de la Santé avait posé le débat afin de trouver des solutions. La directrice de la Santé, Dr Marie Khemess Ngom, est d'avis que le patient doit avoir accès à des soins de santé de qualité et partout où il se trouve dans le pays. A l’en croire, la couverture sanitaire universelle signifie que tout le monde doit avoir accès à des services de qualité sans craindre les coûts financiers. Selon Dr Ngom, parmi les défis à relever, il y a l’accessibilité de soins tant sur le plan géographique que sur le plan financier.
L’Apr Podor en bouclier autour de Cheikh Oumar Anne
Les responsables et cadres de l’Alliance pour la République (APR) du département de Podor volent au secours du nouveau ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Cheikh Oumar Anne fait l’objet d’un lynchage médiatique et sur les réseaux sociaux pour avoir été épinglé sur sa gestion du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Ainsi les cadres de Podor s’érigent en bouclier contre lui. Ils regrettent le fait que la publication de la liste des membres du gouvernement ait offert l’occasion, par presse interposée, à des cadres, « des politiques et des envieux malintentionnés, de s’acharner sur la personne de Dr Cheikh Oumar Anne ». A les en croire, en dépit des vices de forme relevés dans le rapport de l’OFNAC par des spécialistes, Cheikh Oumar Anne a eu à apporter des réponses claires sur les éléments d’accusation. Les responsables, cadres et militants du département du parti présidentiel de Podor sont déterminés à défendre le nouveau ministre de l’Enseignement dans l’exécution de sa mission. Par ailleurs, ils félicitent Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et du Budget, et Cheikh Oumar Anne.
Lamine Diallo et le gaz
Le président du mouvement Tekki pense que le chef de l’Etat cache beaucoup de choses en annonçant la suppression du poste de Premier ministre. Pour Mamadou Lamine Diallo, supprimer la Primature, c’est accentuer le présidentialisme et empêcher un débat public sur le gaz. Ce qui fait dire au député que le Sénégal est à la croisée des chemins après avoir raté le virage de 2012. Il se demande si on doit laisser Macky Sall et ses affidés accentuer le présidentialisme, avec la mise en place de son état major de combat anti démocratique. A ses yeux, supprimer la primature, c’est mettre fin aux discours de politique générale et aux questions orales des députés aux membres du gouvernement. En outre, Mamadou Lamine Diallo s’interroge sur les raisons qui motivent subitement le président Macky Sall à vouloir changer de régime, alors qu’il n’en a jamais parlé depuis 7 ans. Pour lui, soit Macky Sall a caché son jeu, ce qui est grave, à ses yeux ; ou il l’a fait parce qu’il est bloqué dans la nomination d’un Premier ministre, au vu de la vingtaine de candidats de l’Apr à sa succession. C’est encore plus grave, dit-il, dans la mesure où cela voudrait dire que Benno et l’Apr vont vers l’implosion ; et le pays serait alors ingérable.
Mamadou Lamine Diallo (bis)
Mamadou Lamine Diallo n’a pas fini de s’interroger sur les véritables intentions du Macky Sall en annonçant un nouveau régime. A l’en croire, le chef de l’Etat veut les pleins pouvoirs pour une politique d’ajustement structurel. Selon Mamadou Lamine Diallo, le Trésor a besoin de plus de 1 000 milliards de francs pour les arriérés intérieurs, et c’est la faute à Macky Sall. Il affirme que les «parrains occidentaux» de Macky Sall ont accepté de valider son coup d’Etat électoral à condition qu’il mette en œuvre la politique d’ajustement structurel de réduction des dépenses. Pour cela, Macky Sall va chercher à avoir les pleins pouvoirs avec la caution d’un soi-disant dialogue national. Il aura les coudées franches pour faire passer une loi d’amnistie et effacer les crimes financiers de son régime, ramener le Sénat et peut-être la vice-Présidence, appliquer une politique de rigueur, en diminuant les dépenses et en augmentant certains prix et taxes. Tout cela dans l’objectif, dit-il, de créer un émirat gazier comme le Qatar.
Horizon Sans Frontières
Le président d’Horizon Sans Frontières, Boubacar Séye, se félicite de la création d’un secrétariat d’Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Sa conviction est que le Sénégal doit impliquer ou du moins faire participer sa diaspora de façon effective au développement du pays. Le secrétaire d’Etat est rattaché à un ministre qui lui délègue certaines de ses attributions. Boubacar Sèye fait remarquer que, très souvent, il y a un manque de précision dans le périmètre des compétences dévolues aux secrétaires d’Etat, au point que certains d’entre eux sont assimilables à de grands directeurs de cabinet tandis que d’autres se comportent carrément comme de véritables ministres titulaires, défiant même leur ministre de tutelle. En tout état de cause, Horizon Sans Frontières plaide pour une prise en charge de la question migratoire dans sa diversité, sa complexité et sa transversalité.
Votre proposition de suppression du poste de Premier ministre et même le resserrement du gouvernement ne précèdent à mon sens qu'une série de manigances et de tromperies
Notre pays ne file-t-il pas droit vers la gouvernance autour d'un monarque, et qui ne dit pas son nom ? Sommes-nous amnésiques ou insensibles face à un tel jeu de dupes ?
Rappelons nous que le président de la république avait signifié parmi ses prérogatives, celle de ne plus retoucher à la constitution et ce, lors du référendum de 2015.
Un point, je cite : « l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, la laïcité, le caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l’État, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République ». Autrement dit celui qui sollicitait le vote du OUI à l'endroit des sénégalais, avait par ailleurs proposé de sceller notre constitution pour toujours.
Quatre années plus tard, ce même peuple se voit exposé à une retouche constitutionnelle de plus, par la voie parlementaire et qui ne justifie pas son urgence. Les fondements de la république ont-ils été pensés et bâtis sur la base de règles très complexes et moralement instables ?
Une constitution qui englobe toutes les formes d'imperfections autour d'une jurisprudence. Ce terme, très difficile à traduire dans la vie courante et qui facilite l'introduction de toutes les ruses.
Je traduis plusieurs de ces institutions dites de la nation et même "indépendantes" comme de simples démembrements du pouvoir exécutif, qui en réalité est le seul pouvoir qui vaille et qui anéantit tous les autres (pouvoir législatif et pouvoir judiciaire).
Tant que nous n'aurons pas des hommes capables de mettre les principes de valeurs et de respect des droits communs au devant de leurs intérêts personnels, ce pays ne sera jamais sur les rails du développement.
L'émergence de notre nation est toute aussi compromise par ces opportunistes acteurs de la justice qui n'ont diable que la sauvegarde de leurs privilèges. Ils lisent le droit certes mais ils l'interprètent malheureusement selon des circonstances favorisantes du chef de l’exécutif.
Votre proposition de suppression du poste de Premier ministre et même le resserrement du gouvernement ne précèdent à mon sens qu'une série de manigances et de tromperies.
Une recomposition politique au plus haut sommet de l'État et une implication directe de l'exécutif dans toute l'administration semblent-elles perspicaces pour atteindre un niveau de gestion "Fast Track " ?
Je vois plutôt, un gouvernement des zones de turbulences avec des hommes de passage et auquel je donnerai au maximum deux années de survie avant de procéder à un remaniement. Et ce, loin de fonder mes propos sur un quelconque jugement de valeurs à l'encontre d'un seul des hommes qui composent cette nouvelle formation.
Il voulait passer par le dialogue national pour ensuite créer un gouvernement de réconciliation, le temps que passe la tempête" (difficultés financières, voire socioéconomiques). Ce qui semble échoué au regard de l'insensibilité des grands opposants face à cette invitation.
Alors on passe à un gouvernement de complaisance, comme pour faire porter les prochaines situations de crises à d'autres têtes et épargner son équipe type, son arsenal de bataille pour une ultime quête.
Vous plagiez la notion de VALEURS de Thierno Alassane Sall pour embellir votre vieux discours mais vous peinez à les traduire en des actes forts et concrets allant dans le sens de bâtir un État souverain et indépendant de toute influence extérieure.
La République des valeurs est une exigence nationale et son ère est bien proche.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, MODY NIANG
MACKY INCAPABLE DU MEILLEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment peut-on donc faire confiance à un tel homme et attendre de lui quelque rupture que ce soit ? Il faut vraiment être un Macky pour oser faire de ce Cheikh Oumar un ministre
Excellente chronique ! De cet homme, ce politicien pur et dur, je n'ai jamais rien attendu, . . . .de meilleur. Il en est incapable. Nous ne devons quand même pas oublier qu'il a été allaité par le vieux président-politicien pendant huit ans avant d'être sevré ! Il en a hérité les pires défauts, et pas une seule qualité. Il est vrai qu'on en trouve difficilement une seule chez son ex-mentor.
Votre excellent chroniqueur a insisté à juste titre sur le plus vilain de ses défauts : le mensonge. Il ment, il ment sans état d'âme, sans gêne. Toute sa longue gouvernance de sept ans est jalonnée de ''wax waxeet'', au point que sa parole ne vaut plus un kopeck. Une expression wolof consacre le manque total de confiance dans sa parole par les populations. C'est celle-ci : "waxi Maki, du ma ci dóor sama doom".
Comment peut-on croire un seul instant que cet individu puisse changer, en bien naturellement puisqu'il est déjà le mal ?
Ces derniers jours, j'ai échangé avec des amis qui voulaient me convaincre que l'individu pouvait mettre à profit son second mandat pour rectifier ses erreurs du premier mandat. D'abord, de mon point de vue en tout cas, on ne peut pas parler d'erreurs le concernant. Toutes ses initiatives considérées comme des erreurs procèdent de choix délibérés qu'il a toujours revendiqués. Et puis, des erreurs, on les regrette. Or lui, persiste dans ses choix.
Pendant que certains de nos compatriotes vraiment optimistes s'attendaient à un "gouvernement resserré", à un "gouvernement de mission", il a formé un gouvernement de 32 membres et trois secrétaires d'Etat. Un gouvernement avec des ministères-bidons, parfois des coquilles carrément vides. Et ce ne sera sûrement pas tout : le pire est devant nous. Il lui faudra recaser les ministres remerciés et de nombreux autres membres de la coalition gagnante, qui réclament haut et fort leurs parts du gâteau, ayant contribué à la victoire acquise dans leurs localités respectives. Personne ne peut le leur reprocher car ils savent que le critère privilégié par le président-politicien n'est point la compétence ou autres qualités, mais la victoire dans sa localité. Les nouveaux ministres et autres promus - et DIEU sait qu'il y en aura - travailleront davantage pour gagner demain dans leurs localités, que pour faire avancer le secteur qui leur a été confié.
Comment peut-on donc faire confiance à un tel homme et attendre de lui quelque rupture que ce soit ? Il est ce qu'il est et le restera.
La preuve la plus palpable, c'est la nomination de ce Cheikh Oumar Hanne en qualité de ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'innovation. Oser bombarder cet individu à un tel niveau de responsabilité ou à quelque autre que ce soit, c'est manquer manifestement de respect au peuple sénégalais. La presse fait état de casseroles qu'il traîne, casseroles qui sont quantité négligeable si on les compare aux nombreuses autres forfaitures révélées par l'OFNAC dans son dossier entre les mains du Procureur de la République. Je suis bien placé pour être aussi affirmatif, car je n'avais pas encore démissionné de l'Office quand ses graves indélicatesses étaient en cours de traitement. Il faut vraiment être un Macky Sall pour oser faire de ce Cheikh Oumar un ministre de la République. Il faut aussi être un Cheikh Oumar Hanne pour oser accepter ce poste, rencontrer ses compatriotes et les regarder les yeux dans les yeux. Sa place est à Reubeuss, et non dans un gouvernement. Un jour ou l'autre, le président-politicien devra répondre, devant l'histoire, de nombreuses forfaitures dont, en particulier, cette nomination insoutenable.
Ce texte est une réaction à la chronique de notre éditorialiste, Demba Ndiaye : Tout compte fait
par Cheikh Tidiane DIEYE
MACKY EST MAL (RE)PARTI
Les actes qu'il vient de poser révèlent que son appel au dialogue manque de sincérité et que sa volonté de promouvoir l'éthique dans la conduite des affaires publiques ne va pas au-delà du discours prononcé le 3 avril
Je ne m'attendais pas à un miracle en ce qui concerne le premier mandat du Président Macky Sall. Il l'a démarré avec un projet politique peu ambitieux et des hypothèses approximatives sur les véritables urgences du Sénégal en matière de transformation. Il a tout misé sur l'infrastructure matérielle pour réaliser son projet d'émergence, en recourant à un emprunt massif et en pensant que le développement se réduit à un squelette d'indicateurs macroéconomiques. C'est pourquoi de Yoonu Yokkuté, il est passé au PSE sans parvenir à desserrer les contraintes structurelles qui plombent son action dans l'économie nationale. Il a négligé l'infrastructure immatérielle, par choix raisonné ou par ignorance, et a, finalement, échoué à construire un citoyen responsable, imbu des valeurs de la République et conscient de son rôle en tant qu'acteur à la base de tout développement. Il a fermé les yeux, pendant sept ans, sur toutes les entreprises de prédation économique, les actes de corruption, la forte politisation de l'administration et l'affaissement de l'autorité de l'Etat. Il a promu la transhumance, toléré les contrevaleurs et garanti l'impunité à ses partisans cités dans les rapports des organes de contrôle tout en humiliant ses adversaires politiques.
Comme si le Sénégal n'avait ni Etat ni autorité capable de faire respecter les lois et les règlements, Il a laissé le désordre et l'indiscipline s'installer dans tous les segments de la société. La corruption a gangréné les structures administratives jusque dans les interstices, au point de devenir systémique et banalisée.
Mais autres temps, autres mœurs. Lors de sa prestation de serment et à l'occasion de son message à la Nation du 3 avril 2019, il a annoncé, en filigrane, vouloir tourner la page de son propre passé et ouvrir un nouveau chantier placé sous le signe de la restauration des valeurs civiques, du vivre-ensemble, de l'éthique, de l'ordre et de la discipline. Il semble avoir découvert, après sa réélection, que ce pays avait fini de toucher le fond au plan de sa morale sociale et politique. Il donne l'impression de découvrir qu'aucun développement n'est possible dans l'incivisme et le désordre. Il ouvre les yeux, en fin, sur une vérité impossible à ignorer: en matière de gouvernance, aucune action n'est durable si son substrat n'est pas l'éthique.
Certains ont applaudi en l'entendant énoncer ses nouvelles résolutions. Je ne me suis pas forcément réjouis en ce qui me concerne. Car, même si je nourris toujours le vœu de le voir devenir le Président que j'attends de lui, j'ai passé l'âge où je pouvais me laisser prendre, par naïveté, à des intentions sans épaisseur. Je ne prends plus personne au mot. Je ne juge plus que par les actes.
Or les actes qu'il vient de poser révèlent deux vérités. D'une part, que son appel au dialogue manque de sincérité, et d'autre part que sa volonté déclarée de promouvoir l'éthique dans la conduite des affaires publiques ne va pas au delà du discours qu'il a prononcé le 3 avril. Ces actes suffisent à démontrer que le Macky Sall d'hier est encore celui d'aujourd'hui. Il sera probablement celui de demain s'il ne change pas de cap.
Le premier acte concerne sa décision de supprimer le poste de Premier Ministre. Il s'est donné le droit de décider tout seul d'une réforme constitutionnelle aussi importante que la suppression du poste du Premier Ministre, avec toutes les conséquences d'une telle décision sur l'ordonnancement institutionnel et la cohérence constitutionnelle qui doivent fonder la République. Il n'a nullement senti le besoin ni n'a eu la sérénité d'attendre le dialogue auquel il a appelé pour mettre cette question en débat et donner aux acteurs politiques et aux forces vives la possibilité de donner leur avis. Que Senghor ait fait la même chose il y a 50 ans ou Abdou Diouf il y a 30 ans ne justifie nullement un tel passage en force. Le monde de Senghor ne doit pas être celui de Macky Sall. N'en faire qu'à sa tête; ne prendre en compte que ses propres intérêts politiques et ne compter que sur sa majorité parlementaire mécanique pour tripatouiller la Constitution à sa guise est contraire à tous les principes d'une gouvernance démocratique et vertueuse. L'unilatéralité de cette décision et sa rapidité cachent forcément des desseins inavoués, peut-être inavouables. Rajouter les pouvoirs du Premier Ministre à ceux déjà exorbitants du Président de la République conduit inéluctablement à un mastodonte présidentiel. Or la "surprésidence" ou la "superprésidence" conduisent toujours à la "malprésidence". C'est ce que nous vivons depuis l'indépendance du Sénégal, avec le résultat que l'on sait.
Peut-être a t-il besoin de régler des problèmes politiques internes à son parti en évitant de nommer à cette fonction un cadre qui pourrait se sentir pousser des ailes et déclencher prématurément la guerre de la succession en se positionner comme dauphin. Oublie t-il qu'un bon leader ne devrait pas avoir peur de préparer sa succession en laissant éclore, sous son ombre, les hommes et femmes qui possèdent l'éthique et la compétence nécessaires pour devenir les dirigeants du futur ?
Il y a plus grave encore dans sa décision. Si dans quelques semaines, voire quelques mois, sa volonté devait s'exercer, débouchant sur la démission du Premier Ministre, c'est tout le Gouvernement qu'il vient d'installer qui démissionnerait également, car aux termes de la Constitution, la démission ou la cessation des fonctions du Premier Ministre entraine la démission de l'ensemble des membres du Gouvernement, eu égard à la nature collégiale et solidaire du Gouvernement.
La mise en œuvre de sa décision ôterait au peuple sénégalais un attribut constitutionnel important. La suppression du Premier Ministre change la nature du régime et enlève au peuple la prérogative d'engager la responsabilité du gouvernement par un vote de confiance ou une motion censure contre le Gouvernement, prérogative qu'il exerce à travers ses représentants.
Même si le Premier Ministre est nommé par le Président de la République, et qu'il peut être révoqué par lui à tout moment, il n'en demeure pas moins qu'il dispose de nombreux pouvoirs que lui confère directement la Constitution. S'il n'y a plus de Premier Ministre, le Président de la République accepterait-il de se mettre directement devant l'Assemblée nationale et engager sa responsabilité et celle de son Gouvernement? Sera t-il responsable devant l'Assemblée nationale dans les mêmes termes que ceux prévus dans les Articles 85 et 86 de la Constitution? Fera t-il lui-même la Déclaration de politique générale avant de se soumettre au vote de confiance des Députés? Dans quel scénario serait le Sénégal si la majorité parlementaire devait sortir de l'opposition en 2022 ?
Tant que le Président Sall n'aura pas donné de réponses claires à ces questionnements et les mettre en débat de manière ouverte et inclusive, toute action de sa part dans le sens qu'il indique relèverait d'un autoritarisme d'une autre époque et révèlerait, s'il en était encore besoin, son visage de bourreau constitutionnel et fossoyeur de la démocratie.
Le second acte déroutant qu'il a posé, en contradiction avec la parole énoncée, concerne la nomination du nouveau Ministre de l'enseignement supérieur. Ce dernier a été épinglé par l'OFNAC qui l'a nommément cité dans son Rapport 2016.
L'institution anti-corruption a recommandé, après des enquêtes, que l'ancien DG du COUD soit relevé de ses fonctions et que la gestion d'aucune entreprise publique ne lui soit plus jamais confiée. Cela, sans préjudice d'éventuelles poursuites judiciaires à son encontre. C'est cet homme qui vient d'être porté à la tête du Ministère de l'enseignement supérieur dont le budget est de 195 287 174 705 FCFA.
Pour quelqu'un qui veut convaincre que l'exemplarité des dirigeants sera désormais le seul leitmotiv et que l'éthique et la gestion vertueuse seront les seules balises de l'action gouvernementale, c'est plutôt mal parti. Que dis-je? Mal reparti.
Dr Cheikh Tidiane Dieye est coordonnateur National de la Plateforme AVENIR Senegaal bi ñu bëgg
AMADOU HOTT, UN CHOIX DE RAISON
C’est un choix qui ne fera l’objet d’aucune contestation - Le parcours du tout nouveau ministre de l’Economieimpose le respect
Ancien vice-président de la Bad chargé de l’Électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte, Amadou Hott vient d’être nommé ministre de l’Économie, de la Planification et des Partenariats internationaux du Sénégal. A la Bad, il y a abattu un travail remarquable en moins de trois ans. Adenisa, le président de la BAD ne tarit pas d’éloges quand il parle de son désormais ex-collaborateur. Pour lui, Hott a accompli un excellent travail en tant que vice-président de la Bad. « Il a aidé à positionner et à gérer habilement notre travail dans l’électricité, l’énergie et le climat, et notamment plusieurs projets énergétiques novateurs et transformateurs. Il va beaucoup nous manquer, il sera certainement un atout précieux pour le gouvernement du président Macky Sall, dont il aidera à concrétiser la vision en faveur d’une transformation plus rapide du Sénégal», a témoigné Adesina, président de la Bad.
Avant de rallier la Bad en 2016, Amadou Hott, marié et père de trois enfants, a d’abord servi sa Nation quand il a été nommé en 2012, Conseiller spécial du président de la République du Sénégal en investissements et financements, coordonnant différents projets dont la mise en place du Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS) qu’il dirigea par la suite. De Juin 2013 à mai 2014, il a occupé la fonction de Président du Conseil d’Administration de la société de projet de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD SA).
PAR Issaka K. Souaré
L'ÉTERNELLE HOSPITALISATION DES DIRIGEANTS AFRICAINS À L'ÉTRANGER
Bien des dirigeants africains se font évacuer à l’étranger par manque d’infrastructures sanitaires chez eux. Pourquoi n’investissent-ils pas alors, ne serait-ce que dans un établissement de référence ?
Victime d’un accident vasculaire cérébral alors qu’il participait à une rencontre en Arabie Saoudite, le 24 octobre 2018, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba (ABO), a été immédiatement pris en charge dans la capitale saoudienne où il aurait subi une intervention chirurgicale. Environ un mois après, lorsqu’il était question de le transférer ailleurs pour « continuer sa convalescence », les options considérées par sa famille biologique et le gouvernement gabonais étaient la capitale britannique, Londres, puis celle marocaine, Rabat.
Il a fini par être transféré dans la capitale marocaine le 29 novembre. A aucun moment dans cette histoire a-t-on entendu mentionner l’option d’un retour chez lui, au Gabon. Depuis, il est revenu à quelques reprises à Libreville, « en visite », pour ensuite reprendre son vol et retourner à Rabat, d’où il « gouverne » à distance. Tout en lui souhaitant un prompt rétablissement, on ne peut s’empêcher de rappeler que son père, feu Oumar Bongo Ondimba, est décédé en juin 2009 hospitalisé, non dans un établissement gabonais, mais dans une clinique espagnole à Barcelone.
Fin juin 2008, le président zambien, Lévy Mwanawasa, fait un malaise lors du sommet de l’Union africaine à Charm el-Cheick, en Égypte. Deux jours plus tard, le 1er juillet, il est transféré, non dans un établissement à Lusaka, mais dans un hôpital militaire à Clamart, près de Paris, où il décède le 19 août. Six ans plus tard, le 28 octobre 2014, son deuxième successeur, Michael Sata, a rendu l’âme dans une clinique londonienne où il avait été évacué d’urgence une dizaine de jours auparavant.
En février 2005, le président togolais, Gnassingbé Eyadéma, pousse son dernier souffle à bord d’un avion médicalisé qui l’emmenait dans une clinique israélienne. Il aurait pu être sauvé s’il avait été pris en charge pendant le temps passé à chercher où le transférer, en dehors du Togo où il avait pourtant été victime de la crise qui l’a emporté vers ses ancêtres. Plus récemment, pour ne pas continuer avec la longue liste de cas, en début 2017, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a passé quelques sept semaines de suite dans un établissement médical à Londres pour ce qui a été qualifié de « congé médical ».
La question logique qui a motivé la rédaction de cette tribune, et que vous avez sûrement devinée, est de savoir pourquoi ces éternelles évacuations médicales de nos dirigeants africains en dehors de leurs pays ? La réponse, elle est simple mais mérite d’être méditée.
Je me dois d’abord de reconnaître ceci : lorsque quelqu’un est attaqué par un malaise, il est tout à fait normal qu’il soit pris en charge sur place, où qu’il se trouve. Cependant, les cas ici énumérés – ainsi que ceux qui ont été économisés – étaient des cas planifiés, impliquant un déplacement, souvent sur des milliers de kilomètres, soit au départ de leur pays (les cas d’Éyadema et de Sata) ou après une prise en charge préliminaire ayant permis de les stabiliser pour pouvoir voyager (cas actuel d’ABO et celui passé de Mwanawasa). Alors pourquoi ces évacuations ou non-retour au pays après une première prise en charge ?
La réponse simple est que ces leaders savent qu’il n’y a pas d’infrastructures médicales de qualité dans lesquelles ils ont confiance chez eux. Pourtant, il est de leur responsabilité de changer la donne, surtout ceux qui ont passé suffisamment de temps au pouvoir pour pouvoir palier aux carences qu’ils auraient héritées de leurs prédécesseurs. Ils n’ont vraiment pas d’excuse.
Au-delà de l’image que cela donne de leur pays et de l’embarras dans lequel ils mettent leurs concitoyens, ils créent parfois des confusions au plus haut sommet de l’État, surtout lorsque les institutions sont encore fragiles et les mécanismes de succession, en cas de décès, sont moins éprouvés. On est tous témoins des jeux qui sont actuellement en cours à Libreville. Mais ces leaders démontrent aussi à la face du monde, si besoin en était, qu’ils abandonnent leurs pauvres concitoyens à leur propre sort.
Alors méditons un peu sur la « réponse simple » que je viens de proposer. Bien des dirigeants africains se font évacuer à l’étranger par manque d’infrastructures sanitaires chez eux. Pourquoi n’investissent-ils pas alors, ne serait-ce que dans un établissement de référence ? Peut-être qu’ils comparent les coûts « relativement moindres » de telles évacuations, à l’unité, à l’ardoise financière nécessaire pour un tel investissement. Mais n’est-ce pas là la preuve d’un manque de vision et de patriotisme, voire de mauvais raisonnement économique ?
Admettons que la construction, l’équipement et l’entretien d’une structure médicale moderne demanderaient beaucoup de fonds. Mais imaginons les fonds colossaux nécessaires pour la prise en charge d’un chef d’État à l’étranger. Sachant que ceux-ci ne voyagent pas modestement, notamment pour un tel séjour médical. Il faut compter le coût des soins, du logement, de la sécurité et de tout ce qu’il faut pour assurer les commodités usuelles.
Multipliez cela par le nombre de telles évacuations et des suivis médicaux subséquents du chef de l’État. Ajoutez-y les mêmes traitements pour ses ministres et autres dignitaires de l’État, et ce, au fil des années. Il faut compter aussi le temps nécessaire pour l’évacuation et qui aurait été suffisant pour sauver la vie de l’illustre patient s’il était hospitalisé sur place chez lui. Imaginons ensuite le tribut humain que payent les populations à cause de l’absence de ces infrastructures.
Chez nous en Guinée, par exemple, où les évacuations sanitaires sont légion – et je crois la situation identique dans bon nombre d’autres pays ouest-africains et africains, les agents médicaux ont des recettes prêtes, selon la tête du patient. Lorsque ce dernier apparaît comme nanti, on lui recommande d’être évacué à l’étranger, souvent avec un médecin qui l’accompagne à destination, à ses frais bien sûr. Par contre, lorsque son look trahit un tel pronostic sur ses fortunes, on conseille gentiment à ses parents de l’emmener auprès des siens, au village … vous pouvez deviner les implications.
Avant de terminer cet article, il sied de reconnaître, fort heureusement, que certains pays africains se démarquent honorablement dans cette saga que d’aucuns qualifieraient de scandaleuse. Des pays comme le Maroc (d’où son accueil pour le président gabonais), l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Kenya et la Tunisie sont dotés, grâce à la clairvoyance de leurs dirigeants, d’établissements dignes de ce nom et qu’il convient, pour les autres, de suivre comme exemple pour leur propre dignité et celle de leurs concitoyens. Au demeurant, ces établissements ne sont pas gratuits, car payés par les patients soit en comptant ou à travers des programmes d’assurance maladie ou sociale auxquels ils contribuent ou peuvent contribuer.
Issaka K. Souaré est un fonctionnaire international. Il est l’auteur de plusieurs publications dont “Les partis politiques de l’opposition en Afrique” (Montréal, avril 2017, avec préface d’Alpha Oumar Konaré), “Guerres civiles et coups d’État en Afrique de l’Ouest” (Paris, 2007) ; et “Africa in the United Nations System, 1945-2005” (Londres, 2006).
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PLONGÉE DANS LA PREMIÈRE SÉRIE POLICIÈRE AFRICAINE DE CANAL+
Entre comédie, traditions et intrigues, la mystique a toute sa place dans cette série - Son réalisateur et un de ses acteurs se sont confiés au Point Afrique
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 09/04/2019
Loin de Starsky & Hutch ou L'Arme fatale, voilà une série originale de Canal Plus International, Sakho et Mangane, bien ancrée dans les réalités africaines. À Dakar, Souleymane Sakho et Basile Mangane forment un duo de policiers aux caractères opposés et aux méthodes radicalement différentes. Sous les ordres de Mama Ba, nouvellement nommée, le commandant Sakho en impose. Brillant, mystérieux, c'est un vieux loup solitaire, qui cache de lourds secrets. Mais le voilà bien contrarié, déjà dans son ascension professionnelle, mais aussi dans sa liberté d'enquêteur, puisqu'il doit travailler avec le lieutenant Basile Mangane, un jeune inspecteur fougueux. Ce tandem de flics de choc va enquêter sur une série de crimes de plus en plus étranges, flirtant avec le paranormal et le mysticisme. Mais n'ayez crainte, il ne s'agit pas de magie noire, et encore moins de sorcellerie ! Les trois réalisateurs, Jean-Luc Herbulot, Hubert Ndao et Toumani Sangaré ont choisi de plonger les téléspectateurs dans des récits, cultures et traditions bien plus authentiques et sacrés. Lébous, dieux, divinités, puissances surnaturelles, esprits, génies, peu importe, il s'agit toujours de puissances fondatrices. Discussions sans langue de bois avec Jean-Luc Herbulot et Issaka Sawadogo, l'acteur burkinabè qui monte, de la série Guyane au succès Walter, de Varante Soudjian.
Le Point Afrique : Jean-Luc, en tant que réalisateur, vous aviez un seul impératif en arrivant sur ce projet, celui de l'« africaniser », pourquoi ?
Jean-Luc Herbulot : En réalité, ça va beaucoup plus loin que ça. Quand on m'a parlé de la série, je n'avais qu'une exigence : que cette série policière qui a pour cadre l'Afrique soit réalisée, conceptualisée avec sérieux. Je ne voulais pas d'une comédie policière comme on en fait déjà sur le continent. J'ai grandi avec ce besoin de voir des héros, des personnages qui nous ressemblent et des gens qu'on peut respecter, qui nous donnent envie d'être avec eux. La bataille pour cette série se retrouve aussi dans ces débats. Faire une bonne série, c'est aussi proposer des personnages sérieux auxquels tout spectateur peut s'identifier. Ensuite, il a fallu trouver un dénominateur que beaucoup d'Africains ont en commun. Et c'est là qu'est intervenu, de manière très naturelle, le mystique. Il y a eu beaucoup de recherches, d'échanges, avant et pendant le tournage. Les acteurs ont fait leurs propres recherches. Notamment pour le personnage du commandant Sakho. Parce que la série prend un tournant de plus en plus mystique au fur et à mesure des épisodes. L'idée étant de parvenir à créer des codes africains qui deviendront des références à l'international.
Et vous, Issaka, quelle a été votre approche du personnage du commandant Sakho ?
Issaka Sawadogo : C'est beaucoup de travail, il faut lire le scénario et bien plus, il m'a fallu porter l'histoire, aller puiser en moi la part de Sakho qui était enfouie. Car tout comme mon personnage, je viens d'une famille où il y a tous les éléments que l'on décrit dans la série notamment avec tout ce côté mystérieux, les références aux cultes, aux traditions, à la religion. Je vais même aller plus loin, car ce tournant que vit Sakho, je l'ai aussi vécu. À un moment de ma vie, j'ai éprouvé le besoin de me détacher d'une partie de la tradition qui enferme alors que le monde autour de moi évolue. Pour cela, j'ai dû souvent repartir vers Jean-Luc, le réalisateur, pour connaître l'évolution du personnage. Il y avait plusieurs pistes, donc on travaillait en permanence en accord. C'est comme ça que nous avons construit chaque personnage pas à pas. D'ailleurs, quand Jean-Luc était absent des plateaux, on l'appelait pour savoir comment poursuivre le jeu, car il suffit d'un faux jeu pour fausser la série.
Comment avez-vous appréhendé le tournage dans la ville de Dakar ?
Jean-Luc Herbulot : Tous les ghettos du monde se ressemblent. Je ne dis pas que Dakar est un ghetto, mais il y a des similitudes avec d'autres villes du monde, comme le Mexique, le Brésil. En fait, pour faire vivre la ville autant que les personnages, on a chacun puisé dans nos expériences. Moi, mes références se situent aux États-Unis, parce que c'est là où j'ai commencé ma carrière. Pour Yan Gaël, qui joue l'inspecteur Mangane, c'est la France et les États-Unis. Pour Issaka, c'est l'Europe du Nord, la Norvège notamment où il a vécu 22 ans ! Aucune ville africaine francophone ne possède autant de métissage culturel que Dakar. Cette capitale est à la fois très attachée aux traditions de ses populations tout en étant indéniablement portée vers la nouveauté et le modernisme. Cette dualité a dessiné les contours de l'ancrage de chacun des personnages. Le plus difficile quand on tourne 8 épisodes de 52 minutes, c'est-à-dire près de huit films, c'est de s'adapter au rythme. Et sur ce point, ce n'est même pas une question de Noir ou Blanc, Africain ou pas. En fait, le Dakarois est un peu chauvin, donc quand il ne vous connaît pas, c'est difficile. Il y a eu des moments de tensions.
Ce n'est pas étonnant, l'Afrique est souvent définie comme terre de sacré, comment avez-vous travaillé avec les communautés locales pour qu'elles vous ouvrent leurs portes ?
Issaka Sawadogo : J'observe que c'est partout pareil. Le Dakarois, le Bamakois, le Ouagalais : personne n'aime la critique. Et pourtant, elle permet d'avancer. On a rencontré des résistances sur nos méthodes de travail et il fallait expliquer aux gens pour les rassurer sur le fait qu'ils avaient eux aussi des connaissances, mais que notre série demandait un don de soi. Notre objectif était de raconter l'Afrique autrement, mais quand on vous voit arriver de l'étranger, beaucoup pensent qu'on vient leur faire la leçon. Il faut avoir une certaine maturité pour travailler sur des projets panafricains comme celui-ci. C'est là où l'Afrique a encore beaucoup de travail à faire. Je ne critique personne en particulier, mais c'est toute l'Afrique. Si tu arrives avec de nouvelles idées, tu vas toujours rencontrer des personnes qui vont te demander d'où tu viens. En réalité, ces personnes ne veulent pas quitter leur zone de confort. Or tant qu'on ne donne pas aux Africains la possibilité de se confronter en dehors de cette zone, on ne pourra pas avoir la parole et raconter l'Afrique par nous-mêmes.
L'appropriation de son histoire est une préoccupation qui traverse l'histoire de plusieurs des personnages, c'est aussi le cas pour vous ?
Jean-Luc Herbulot : Je prends souvent l'exemple « des lions en cage ». On a tous vu des lions en cage, c'est un lion, mais il est en cage. En tant que réalisateur, acteur producteur, etc. je pense que les « couronnes », les réussites, elles sont à prendre où nous sommes nés. À un moment donné, si tu veux être un vrai lion, il faut sortir de ta cage. C'est le conseil que je donne aux plus jeunes qui sont à l'extérieur. J'ai commencé par le cinéma américain, mais je suis revenu en France après des déceptions. Là aussi, on m'a découragé, et pourtant, en France, c'est Netflix qui a acheté mon premier film indépendant Dealer, mais si j'avais écouté tout le monde, je n'aurais pas fait ce film. En arrivant sur ce projet, j'ai été très radical avec la production. Je doute qu'un Sénégalais apprécie une comédie policière avec des codes qui ne lui parlent pas. En plus, il faut changer les codes, on ne peut plus se permettre de diffuser les mêmes discours, les mêmes images de l'Afrique. Et c'est là où Canal Plus a compris que s'ils voulaient aller loin, travailler avec des acteurs ou réalisateurs plus jeunes d'origine africaine et de la diaspora, il faut accepter de changer les codes.
Issaka Sawadogo : La force de l'Afrique aujourd'hui, ce sont les Africains. Qu'ils soient jeunes, femmes : ils ont envie de réaliser leurs rêves. Prenons, le Fespaco qui se déroule au Burkina Faso, pendant longtemps le pays était seul pour l'organiser, sans médias internationaux, sans Hollywood, mais aujourd'hui à force de persévérance, ce festival a acquis une renommée qui dépasse les frontières du pays. Ça bouge, ça débat, et tout cela grâce à nous-mêmes. C'est à nous de créer l'Afrique que l'on veut voir dans les cinquante prochaines années. Si on ne le fait pas, personne ne va venir le faire pour nous. C'est ce que nous faisons avec cette série, on se saisit de nos rêves et on ouvre toutes les possibilités de création que nous offre le continent, on se perdra parfois en chemin, mais je suis persuadé que les futures générations n'auront plus « tout à faire ».
Mais tout ceci est aussi possible grâce à des partenariats solides, comme vous l'avez expérimenté avec Canal Plus...
Jean-Luc Herbulot : On a tous besoin de partenariats, mais il faut qu'il soit gagnant-gagnant. Sur ce projet, nous on y gagne parce qu'on nous laisse déployer notre vision artistique jusqu'au bout. Canal Plus y gagne, parce c'est une série originale avec des références jamais exploitées et crédibles pour ses abonnés. À partir du moment où, sur des projets, des personnes ne vont plus venir imposer leurs visions, je pense que l'Afrique et ses partenaires seront tous gagnants. Car le continent est l'avenir point à la ligne. Que ça soit dans l'économie, la culture, les arts, la tech, c'est évident ! J'ai laissé une académie au Sénégal, où ils créent des jeux vidéo avec des casques VR (de réalité virtuelle, NDLR) même en France j'ai du mal à trouver ce genre d'écoles. Donc voilà où on en est en l'espace de deux ans au Sénégal. Donc pour moi les Africains sont l'avenir. Au lieu de faire semblant chez les autres, « je » nous invite à agir à la maison !
LES PORTUGAIS RETROUVENT LEUR BOURREAU MANE
Lors de la large victoire des Reds à Lisbonne, Sadio Mané avait réalisé une solide prestation, soldée par un triplé. Et ce soir, le Sénégalais sera surveillé comme du lait sur le feu.
Battu la saison dernière par cette même équipe de Liverpool (0-5) à Lisbonne, avec un triplé de Sadio Mané, le FC Porto affronte ce soir Liverpool en match comptant pour les quarts de finale de la Ligue des Champions. A Anfield, les Dragons tenteront de prendre leur revanche, avant la manche retour.
Liverpool / FC Porto de ce soir est l’une des affiches des quarts de finale aller de la Ligue des Champions. A Anfield, le club de la Mersey aura à cœur de bien débuter cette manche, avant son déplacement à Lisbonne. Vainqueur du Bayern Munich lors du tour précédent (0-0, 1-3), Liverpool n’a pas droit à l’erreur. Il y a une année, le club anglais avait battu son adversaire du jour (0-5), en huitièmes de finale de la Ligue des Champions (à Lisbonne). Mais ce soir, le FC Porto viendra avec d’autres ambitions. L’équipe coachée par Sergio Conceicao voudra prendre sa revanche et laver l'affronter de la saison écoulée. C’est ce que l’entraîneur des Reds a déjà compris. « Porto est une équipe très expérimentée. Iker Casillas est dans le but et il est au sommet du championnat portugais chaque année. C’est un duel différent de celui de l’année écoulée », a fait savoir Jürgen Klopp.
Lors de la large victoire des Reds à Lisbonne, Sadio Mané avait réalisé une solide prestation, soldée par un triplé. Et ce soir, le Sénégalais sera surveillé comme du lait sur le feu. Auteur de 20 buts dont 3 en Ligue des Champions (17 en Premier League), le joueur formé à Génération Foot(Sénégal) aura un rôle majeur dans cette partie. Liverpool qui domine le championnat anglais devra soigner sa sortie pour mieux préparer son déplacement en terre portugaise. Et de l’avis du technicien allemand, Liverpool semble avoir un léger avantage face à l’actuel leader du championnat portugais. « L’avantage que nous avons est que nous sommes chez nous. L’avantage pour eux est qu’ils peuvent être très motivés par rapport à ce qui s'était produit l’année dernière. Ce sera difficile mais nous avons vraiment hâte d'y être. Nous allons essayer de le faire à nouveau », a ajouté l’ancien coach de Dortmund. A noter que dans l’autre match de ce soir, Tottenham fera face à Manchester City, dans un duel 100% anglais.