Plus de Premier ministre au Sénégal : c’est, à terme, le projet du président Macky Sall. Le chef du gouvernement Mohammed Boun Abdallah Dionne est chargé de mener à bien cette réforme d’ampleur. Pour cela, il faudra passer par une refonte de la Constitution du pays.
En vue de réformer la structure de l’État, Macky Sall va devoir proposer un projet de loi à l’Assemblée nationale. Dans la Constitution, il va falloir effacer le terme de Premier ministre. Mais pas seulement, explique Ndiogou Sarr, professeur en droit public.
« L’existence du gouvernement est prise par la Constitution. L’existence du Premier ministre aussi est dans les dispositions de la Constitution. La Constitution elle-même reconnait au Premier ministre des prérogatives. Donc si on doit supprimer ce poste, il est évident que l’on doit toucher fondamentalement à la Constitution. Pas uniquement l’aspect qui concerne le poste du Premier ministre, mais tous les pouvoirs ou toutes les compétences que la Constitution a prévus et qui étaient dévolus au Premier ministre. »
Le régime politique sénégalais est dans une zone grise entre le régime présidentiel et le régime parlementaire d’après Ndiogou Sarr. La balance va maintenant pencher en grande partie du côté du président.
« Il est déjà submergé, le président de la République ! Il y a une centralisation trop forte. Ça va amener une inefficacité au plan administratif, ce qui va éloigner davantage les administrations. Par conséquent, je ne suis pas convaincu de la pertinence de la disparition du poste de Premier ministre. Maintenant, le président, ce sont ses prérogatives. Il décide de le faire, attendons de voir ce qu’il va nous proposer. »
Macky Sall qui n’a pas encore décliné la totalité des réformes prévues dans l’administration.
PAR Moussa Bèye
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NOUS AVONS LU "SERVIR" D'ABDOUL MBAYE
Que personne ne devienne PM dans ce pays sans avoir au préalable lu ce livre qui rappelons-le, au-delà de sa vocation originale de rendre compte d’une mission, est un véritable outil, un guide pour tous les décideurs publics - NOTE DE LECTURE
À tout point de vue, l’exercice parait périlleux ! Donc besoin est-il de préciser qu’il ne s’agit point ici de dresser un « compte rendu » du livre encore moins de faire un résumé, mais juste une opportunité saisie pour vous partager une modeste impression pour ne pas dire émotion y découlant...Parler de l’ouvrage d’un homme qui « soigne sa mise » comme il soigne ses discours, sa posture ou son éloquence... est de manière intrinsèque un exercice hautement risqué.
En voyant le livre aussi volumineux (395 pages), on se demande à priori, si véritablement nous avons à faire à un masochiste, un homme dépressif, ou qui s’ennuie au point de vouloir meubler ou échapper à la prise du temps par l’écriture. On a aussi pensé à un roman avec un regard hypertrophié de ses actions. On appréhende également une éventuelle tentative de règlement de comptes etc. certainement pas ! C’est véritablement ignorer l’idée que l’auteur a de sa personne et surtout l’idée qu’il se fait de sa mission, « ... le poids de nos responsabilités et l’étendue de nos devoirs dans la conduite des politiques publiques de notre pays. ». Prolifique et généreux, il l’a été dans ce livre, vraiment !
En effet, on aurait pu simplement nous limiter à l’Avant-propos de l’ouvrage, car il est déjà en soi tout un programme. Or, l’auto-exigence de la tâche que l’auteur s’est astreinte se confond aisément avec le devoir, mais aussi le plaisir de s’y déférer. Le faire disons-nous avec une aisance, cette « aisance que procure le vrai », et avec une facilité qui surprennent le lecteur. Tout ceci est rendu sans doute possible grâce à sa cohérence, son attachement à la vérité qu’il lui « faudra dire en toutes circonstances », au respect de la parole donnée, mais aussi à la sincérité. Par voie de conséquence, un signal fort a été donné sur la culture de reddition de comptes, pourvu qu’il soit entendu et suivi....
Sinon comment peut-on comprendre quelqu’un qui rend compte alors qu’il n’en était, absolument pas obligé ? Très vite déjà, on réalise que rien ne se fera plus par hasard. L’auteur décrit assez rapidement d’ailleurs son parcours professionnel en brossant ses principales responsabilités, ses missions, ainsi que leurs corollaires.
- Il évoque aussi son sens des responsabilités et, surtout son attachement à une éthique professionnelle, outre la morale nécessaire... et dans l’action publique quotidienne.
- En se dressant comme un homme à la fois méthodique, discipliné, rigoureux et extrêmement exigent, l’ancien premier ministre se découvre déjà. Penser avant d’agir et surtout comment agir méthodologiquement pour une efficience maximale ! A noter que le souci et le caractère pédagogique nous accompagnent tout au long de cet ouvrage... « L’organisation d’une journée de travail », par exemple, qui commence par le réveil à 5 heures 20 minutes et une arrivée au bureau à 7 heures 30 minutes, donne ici un indicateur sur la charge de travail, mais aussi sur le poids de la conscience de ses responsabilités. Et d’ailleurs on confond aisément ici vivre et travailler, tant le travail effectif commence au réveil. Et on ne parle même pas de l’heure du coucher. L’exemplarité, ne peut être prise en défaut. Par conséquent, l’on est légitimement fondé à convoquer des réunions qui démarrent «à 8 heures précises, pour bien montrer à l’ensemble des participants que la ponctualité matinale n’est pas une chimère. »
- La pensée, le souci de l’autre pointe le bout de son nez « A ce bureau, je serai assis, et travaillerai au service des autres, au service de mes concitoyens. Je sais qu’ils n’y seront pas insensibles. Cela permettra de disposer sans doute d’un peu plus d’indulgence de leur part face à l’urgence. » Mais surtout, la volonté et l’envie de partager : sa conception « ...de rupture devenue si nécessaire à la gouvernance de la chose publique... », qu’il veut matérialiser par des actions concrètes dans le but ultime de « SERVIR l’intérêt général ». En quoi faisant ? Eh bien en « ... mettant en avant les vertus constructives de progrès. ». Autant dire toute une ambition.
Cette auto-exigence de rendre compte se confond même avec un code d’éthique et se veut aussi un outil méthodologique. Déjà, le caractère extrêmement bien lucide et structuré de l’auteur apparait dès les premières lignes de cet ouvrage. « Je suis alors animé par un sentiment d’impatience. » Avant d’ajouter un peu plus loin encore « J’ai par contre décidé d’être un Premier ministre pressé. » Car, conscient du caractère révocable ad nutum de la fonction, mais plus encore de l’immensité de la tâche à accomplir.
La méthode ! La méthode avec la conscience qu’elle est indispensable et doit être inhérente à l’action publique, si elle doit aboutir à des réalisations mesurables, quantifiables, traçables...l’exigence majeure !
Pour un pays qui a été habitué à un pilotage à vue, souvent à l’amateurisme qui a caractérisé surtout les derniers gouvernements avant la deuxième alternance de 2012, nous sommes servis. « Une préoccupation m’habitera d’ailleurs ensuite : il est important à cette place, dans cette station, que je prouve aux politiques et aux citoyens armés de leurs bulletins de vote, qu’ils doivent exiger de leurs dirigeants les preuves, la traçabilité de leurs capacités. »
Et pour une fois, un homme qui a compris non seulement qu’il était en mission, mais surtout compris le sens de celle-ci. On voit nettement que son expérience riche dans le privé avec un style de management différent orienté sur les résultats a été plus que sollicitée. « J’ai retenu de mes expériences de manager d’entreprises que l’atteinte de résultats ne peut seulement dépendre de la bonne décision prise ou de la bonne instruction donnée. Le résultat est le produit de l’exécution effective de ces décisions et instructions » . Comment ne pas s’interroger du reste, sur cette alchimie entre un homme qui a un tel background avec des gens qui, pour l’essentiel n’ont connu que la fonction publique ? D’autant plus qu’ « Il sera nécessaire d’impulser de nouvelles dynamiques de travail au sein de l’administration sénégalaise pour lui donner de l’efficacité, et obtenir des résultats à la fois visibles, mais également macro-économiques, en réorganisant le retour vers des fondamentaux stables, garants du long terme. ». Rien de moins !
Le professionnalisme, la confiance et le respect ne sont pas étrangers à cela «L’administration sénégalaise regorge de grands commis bien formés et compétents ». C’est certainement avec la contribution de ces derniers éléments là qu’il faut voir les recettes de cette « mutation vécue... par la primature ... devenue un cabinet d’étude par son organisation, son rythme et sa production. »
Cette fonction est décidemment un sacerdoce pour lui. La couleur est d’ores déjà annoncée, le ton donné. Pour quelqu’un qui aspire à une rupture et vient avec « une idée précise », la rupture n’est-elle pas déjà dans sa façon de faire ? Cela commence d’abord et avant tout par la haute idée qu’il se fait de ses responsabilités avec la prétention de vouloir inscrire son action dans l’histoire. Dans une période où tout était urgent, où il y avait le feu partout, « il faut donner des réponses aux urgences les plus extrêmes. » Il a su arbitrer entre les différentes priorités. Il a su par le souffle nouveau et un regard presque étranger qu’il a apportés à ce niveau de responsabilité étatique, sa vision, son expérience managériale qui rappelons-le encore, commence par le choix pointilleux et éthique de ses principaux collaborateurs. Ainsi, le premier challenge semblait être de s’entourer d’une équipe d’hommes et de femmes avec des compétences avérées, au sérieux indiscutable, connus et reconnus dans la haute administration. Á noter aussi sa capacité à « apprécier un effectif existant » et au besoin à le « mettre à mes normes » Un regard rassurant d’un serviteur de l’État qui a le souci de réussir sa mission. Les ingrédients d’une mayonnaise qui allait prendre. Ce qui est dans le fond, un hommage appuyé et traduit également la conviction que dans ce pays, existent des ressources humaines de qualité, il suffit juste de bien chercher. C’est aussi dans sa façon d’aborder les problèmes, avoir du bon goût et chercher le meilleur, y compris dans le choix de ses équipes.
Était-il au courant déjà que ça en soi était déjà une rupture ?
« Je fais renforcer l’équipe de mes conseillers par un spécialiste de l’organisation qui sera chargé du suivi des instructions. ». Ainsi les bases d’un véritable système d’information sont jetées. Et le lecteur ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’inexistence d’un tel outil à ce haut niveau, centre des plus grandes décisions et orientations politiques de l’État. L’histoire est en marche à grands pas, «il lance le projet de son informatisation » qui sera « finalisé au moment de son départ », un legs utile, qui permet la traçabilité, le suivi à temps réel des mesures, instructions etc. Nous sommes véritablement dans le domaine par excellence du management de projet, programme et dans l’analyse fine des décisions et de leurs impacts...
Nous avons eu assez souvent des Premiers ministres qui se demandaient véritablement ce qu’ils faisaient à la Primature. D’autres, arrivés par surprise, sans aucune vision, aucune consistance..., et d’ailleurs comprenaient-ils réellement le sens, la portée ainsi que l’honneur du décret présidentiel signé pour leur nomination ?
Personnellement, nous nous sommes toujours posé ces questions à travers nombre de nos PM qui sont passés par le 9ème étage du fameux Building administratif. Pour certains, nous n’avons pas toujours eu un grand respect, l’histoire nous donne raison. Les deux qui ont succédé PAM, tout comme au moins deux qui lui ont précédé, la liste n’est pas exhaustive du reste ! De vraies catastrophes ambulantes.
Même si dans un pareil régime avec une prépondérance exacerbée, le président de la République, écrase beaucoup..., surtout quand le PM manque de personnalité, de caractère, de hauteur et, se caractérise par une incapacité à s’élever, une absence d’esprit et de convictions républicaines ... des tares qui sont considérables. Si nous devons encore avoir ce genre de PM, autant alors militer activement tout de suite pour la suppression pure et simple de la fonction !
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a objectivement placé la barre très haute ! En effet, il nous renseigne : «Dans ces couloirs où nous marchons, et ces bureaux où nous travaillons aujourd’hui, résonnent encore, pour qui sait les entendre, les pas d’hommes et de femmes de nombreuses générations qui avant nous, ont eu à cœur, d’assumer et d’exercer résolument, avec la probité requise et le patriotisme ardent reconnu, le service de l’Etat et de la Nation » Que personne ne devienne PM dans ce pays sans avoir au préalable au moins lu ce livre qui rappelons-le au-delà de sa vocation originale de rendre compte d’une mission, est un véritable outil, un guide utilisateur pour tous les décideurs publics et PM etc.
Cet ouvrage, est à bien des égards, un condensé de l’action d’un Premier ministre et de son équipe. Ainsi pendant dix-sept mois, le Premier ministre Abdoul Mbaye a été dans le feu de l’action d’une façon ininterrompue avec dévouement, rigueur et professionnalisme. La tâche était titanesque, le contexte pas toujours favorable, mais une détermination et un sens de l’État, du sacrifice au service de l’intérêt général qui sont admirablement exemplaires. Il nous fait entrer de plain pied dans les rouages de la Primature avec un nombre incalculable de rencontres, des réunions de coordination, de réunions interministérielles multiples et variées, touchant à tous les secteurs d’activés. L’on comprend alors que des compétences transversales et multidimensionnelles sont plus requises, en dehors d’avoir une facilité à comprendre des dossiers à implication et à portée multiples. De la baisse de prix aux questions récurrentes des inondations, en passant par les campagnes multiples et variées, par les questions énergétiques, sans parler des questions de formations... « Le projet est dans le discours, et le discours indique le sens de la marche en avant. »
Le caractère méthodologique, processuel, mais surtout pédagogique du livre lu ne font l’ombre d’aucun doute. Un Président de la République, qui habite sa fonction avec des qualités intrinsèques d’un véritable Homme d’État, aurait pu utiliser Abdoul Mbaye dans l’intérêt exclusif du Sénégal et d’ailleurs conformément aux premières et nobles intentions de redressement du pays. Cela demandait aussi de ménager des susceptibilités personnelles, mais aussi disons-le franchement cette question de complexe d’infériorité ! Et pourtant, il affirme sa « reconnaissance au Président de la république, et a partagé avec enthousiasme et engagement son projet de ruptures, celui que les Gouvernements que j’ai eu l’honneur de diriger ont porté, pour l’intérêt du Sénégal ».
C’est là où résidait à notre humble avis les clés du succès et de la réussite des politiques sociales, économiques, institutionnelles..., gages d’un second mandat sans même avoir à battre campagne et surtout nous avoir évité tout ce gâchis. Notre conviction profonde est que c’était indiscutablement à la portée de tout homme sensé. Malheureusement pour nous et pour le pays, la politique politicienne prend la plupart du temps le dessus sur tout, hélas.
La lecture attentionnée du livre nous laisse avec le profond sentiment qu’Abdoul Mbaye a fait preuve d’une très grande sérénité, démontré si besoin en était encore un professionnalisme hors du commun. Une haute idée de la fonction de Premier ministre, une incarnation de ce qu’on attend d’un homme d’État. On aurait dit que cet homme a passé sa vie à se préparer à occuper cette fonction. On ne sent aucune fausse note, aucun cafouillage, ni même une note discordante dans son action. Un Premier ministre qui a exercé avec plénitude, dévouement et désintéressement ce rôle fondamental dévolu par les institutions de notre République dans la conduite et la coordination des activités du gouvernement. Abdoul Mbaye a exprimé son « bonheur d’avoir servi (son) pays au cœur de la République pendant dix-sept mois ! ». Inutile d’être un spécialiste pour savoir que c’est du grand art. Une maîtrise parfaite des dossiers, une connaissance approfondie et même inattendue du pays, une haute idée de lui-même, principalement de la fonction et, à juste raison. Une humilité, mais aussi une courtoisie qui font parties de sa marque de fabrique. Un homme qui avec le regard critique d’un citoyen averti, intéressé et attentif aux affaires publiques, avec des mots justes, adaptés aux circonstances livre un diagnostic sans complaisance. Mais également avec un pragmatisme et un bon sens qui sont dignes d’un grand patriote, matérialise la vision et les promesses du chef de l’Etat avec une connaissance assez surprenante de la situation sociale, politique et économique du Sénégal. En suivant l’argumentaire d’Abdoul Mbaye, l’on a souvent le sentiment d’un homme qui a une balance pour bien peser chaque mot avant de le mettre à sa place. Le ton toujours mesuré trahit souvent l’humilité d’un véritable leader expérimenté, qui à l’épreuve, a su gérer les affaires de la Cité avec responsabilité, détermination, conviction et don de soi. Dans l’histoire politique du Sénégal, il nous semble extrêmement difficile de citer un Premier ministre après Mamadou Dia, qui ait fait autant de don de soi, de sacrifices, qui ait fait de sa mission un vrai sacerdoce qu’Abdoul M’baye et, cela en un temps record.
Nous nous devons à la vérité de dire et cela pour avoir lu « Par devoir et par amitié » de feu Habib Thiam, un homme qui gagnerait à être plus connu. Nous n’avons pas eu la chance de lire, par exemple Mamadou Lamine Loume ou Adjibou Soumaré , pour dire qu’ils restent à notre sens hors catégorie. À l’évidence, et pour répondre à son interrogation du départ, nous confirmons notre certitude qu’il a bien fait « d’avoir pensé que la lecture de l’ouvrage pourra inspirer plusieurs de « (vos) concitoyens concernés par la gestion de la chose publique dans leur méthode d’action ».
Un exercice d’écriture qui, après réflexion, devrait être constitutionnalisé, une excellente façon à notre sens de l’institutionnaliser en l’inscrivant définitivement dans les pratiques Républicaines. Au président de la République, nous lui souhaitons dans ces moments particuliers de notre histoire politique, la même inspiration qui l’avait guidée à choisir quelqu’un comme Abdoul Mbaye. Au-delà des personnes, le choix d’un homme ou d’une femme, travailleur, loyal, qui a de la notoriété, de l’expérience, qui serait bien éduqué, avec une connaissance de l’État et des enjeux internationaux auxquels ce pays est confronté serait assurément un atout. Bien entendu une expérience dans le privé serait d’une valeur ajoutée certaine, un véritable meneur, un homme de terrain, prêt à endosser les réformes indispensables...... dans l’intérêt du Sénégal. « N’est-il pas temps qu’on y associe les cœurs ? », s’interrogeait légitimement le distingué Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum.
Un Sénégal où les gens bien éduqués, dévoués, sérieux et compétents retrouveront leur véritable place. Nous serons alors loin de ce Sénégal des fossoyeurs, des blablateurs, des tonneaux vides et autres ignorants, ingrats qui, la plupart du temps, n’ont que l’insulte et les offenses à la bouche... Nous serons alors loin, en reprenant Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum de ce « pays où il est extrêmement difficile de vivre et où il fait bon de mourir ».
Bon bref, énormément de choses à dire sur cet ouvrage d’une richesse et d’une densité exceptionnelles. Tout citoyen Sénégalais, toute personne qui s’accordera du temps pour le lire ne sera nullement déçu et n’aura sans nul doute le temps de s’ennuyer !
LA LD PREND ACTE DE LA DECISION DE MACKY SALL
Les «Jallarbistes» sont les premiers alliés du chef de l’Etat, Macky Sall, à réagir, après la formation du nouveau gouvernement. Ils disent prendre acte de l’absence d’un des leurs dans le nouvel attelage.
La ligue démocratique (ld) a réuni, hier, son Secrétariat permanent (Sep) en session extraordinaire, à sa permanence nationale, sous la présidence de Nicolas Ndiaye, Secrétaire général du parti, à l’effet d’apprécier la formation du nouveau gouvernement. «après des échanges approfondis», le Secrétariat permanent du parti susmentionné a, selon le communiqué qui a sanctionné la rencontre, «pris acte de la formation du gouvernement et de l’absence de membres de la ld en son sein».
Tout en souhaitant «pleins succès au nouveau gouvernement», la ligue démocratique réaffirme son ancrage dans la coalition «Benno Bokk Yakaar» et engage les militantes et les militants du parti à «se mobiliser pour la réussite du second mandat du président Macky Sall». en outre, appréciant «la qualité du travail de la camarade Khoudia Mbaye au ministère de l’urbanisme et de l’habitat (2012-2014) et au ministère chargé de la promotion des investissements (2014-2019)», le Secrétariat permanent des «Jallarbistes» lui adresse ses «chaleureuses félicitations, ainsi qu’à tous ses collaborateurs».
Pour Nicolas Ndiaye et compagnie, leur camarade Khoudia Mbaye «a représenté avec la dignité et l’honneur requis le parti et les valeurs qu’il incarne». de même, ils remercient, au nom des militantes et des militants de la ligue démocratique, le président de la république pour «la confiance sans cesse renouvelée au parti et à (leur) camarade Khoudia Mbaye».
LES PARTISANS DE LAT DIOP A GUEDIAWAYE SE REBELLENT
Les jeunes de l’Alliance pour la République (APR), favorables à Lat Diop, à Guédiawaye, ont dénoncé, hier, la mise à l’écart de leur leader du gouvernement, au profit, disent-ils, de Néné Fatoumata Tall.
Adama Aïdara KANTE (Vox Populi) |
Publication 09/04/2019
La convergence des jeunesses républicaines (Cojer) du département de Guédiawaye version Lat Diop a rendu publique, hier, une déclaration incendiaire, relative à la formation du nouveau gouvernement. «la liste du nouveau gouvernement Macky 2 est tombée, hier (avant-hier) dans la nuit, à la suite d'une longue attente et d'un suspense digne des films hollywoodiens. la publication de cette liste révèle beaucoup de surprises entre les départs d'hommes forts du président et l'entrée de nouvelles personnalités et pour certaines méconnues du grand public», indiquent les jeunes de l’APR favorables à Lat Diop.
Pour eux, «le cas de Guédiawaye en est la parfaite illustration avec la nomination de la très controversée Néné Fatoumata Tall, coordonnatrice départementale des femmes, au poste de ministre de la Jeunesse, dans une localité où il existe deux grands leaders, Aliou Sall, l'actuel maire de la ville de Guédiawaye, petit frère du président et non moins parrain du ministre ; et Lat Diop qui, aussi, est un leader connu par son engagement auprès du président dans certaines localités, telles que Guédiawaye, Pikine, Touba et Diourbel». «Comme le premier nommé ne pouvait faire partie d'un gouvernement dirigé par son frère selon les dires du président, on s'attendait logiquement à ce que Lat Diop fasse son entrée dans le gouvernement, vu son parcours et son engagement. D’autant plus que les analyses les plus pointues n’envoyaient pas forcement à ce niveau cette femme, et pourtant, elle hérite du poste au détriment de Lat Diop qui fait ainsi les frais de son différend avec le frère du boss», assènent-ils. les jeunes partisans du directeur de la coopération et des Financements extérieurs à la direction générale du budget de s’interroger par la suite : «Néné Fatoumata Tall est-elle le choix du président ou celui de son frère Aliou Sall ? Ou ne serait-elle pas le un ministre par procuration, le bras armé d’Aliou Sall dans l'attelage gouvernemental ?».
«Même sa condition de militant de première heure, à lui seule, ne saurait suffire pour motiver une nomination à un poste aussi hautement stratégique», soutiennent-ils. «une partie de la coalition se réjouit de cette énième nomination dont elle bénéficie, au moment où le constat de l'autre côté est un marasme. Car, depuis sa venue dans l’APR, aucun de ceux qui sont avec Lat Diop n'ont bénéficié d'une quelconque nomination. Seuls ceux qui sont avec Aliou Sall sont nommés députés à l'assemblée nationale, hauts conseillers ou chargés de mission», renchérissent les partisans de Lat Diop, qui dénoncent «un parti pris du président Macky Sall pour son petit-frère à qui on donne les moyens de ses ambitions, mais surtout pour essayer de combattre un adversaire politique dans une querelle fratricide». Ils estiment que cela est d'autant plus pertinent, que l’on s’achemine vers les élections locales, et «cette nomination pèsera forcément sur la balance».
Joint par téléphone, l’ancien leader du défunt Front pour l’émergence et la prospérité (Fep) n’a pas voulu s’épancher sur la révolte des jeunes républicains du département de Guédiawaye qui lui sont favorables. Lat Diop a juste consenti à confier : «les choix du président de la république doivent être respectés».
DJIHADISME ET CHIENLIT ETHNIQUE
Moins d’une dizaine de jours après les affrontements intercommunautaires d’Ogossagou où une milice d’autodéfense dogon a été accusée d’avoir massacré 160 peuls, le même scénario s’est reproduit au Burkina Faso voisin le 31 mars dans la localité d’Arbinda
Moins d’une dizaine de jours après les affrontements intercommunautaires d’Ogossagou le 23 mars dernier au Mali où une milice d’autodéfense dogon a été accusée d’avoir massacré 160 peuls, le même scénario s’est reproduit au Burkina Faso voisin le 31 mars dans la localité d’Arbinda, plus précisément au village d’Hamkan (province du Soum). Bilan : 62 morts dont 32 par les djihadistes et 30 à cause des affrontements qui s’en sont suivis entre peuls, mossis et koroumbas. Aujourd’hui, toute cette partie nord de la Patrie des hommes intègres est devenue un endroit où l’entente entre les ethnies se désintègre.
La paix et l’entente, ayant naguère régné entre elles, ont cédé maintenant le pas à une suspicion généralisée et des villages entiers se dépeuplent pour fuir les violences. Les greniers incendiés et le bétail tué menacent les survivants de famine aggravée par la cessation des activités agricoles. La communauté peule, qui compte le plus grand nombre de victimes dans les affrontements intercommunautaires au Mali et au Burkina Faso, doit certainement maudire deux des leurs, Malam Dicko, un djihadiste burkinabe, chef d’Ansaroul Islam, tué en mai 2017, et Amadou Koufa, un djihadiste malien, chef de la katiba du Macina, rallié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghali, un touareg malien, affilié à Al Qaïda, à Aqmi et aux Talibans.
En effet, le 8 novembre 2018, Koufa a appelé les peuls de la sous-région à l’insurrection et au djihad. Depuis lors, les soupçons pèsent davantage sur cette communauté accusée de complicité avec les terroristes à chaque fois que de prétendues attaques djihadistes touchent les autres ethnies. Pourtant, on trouve toutes les ethnies dans ce maelstrom djihadiste. Le cycle des attaques-représailles a commencé à ensanglanter le Mali avant d’atteindre maintenant le Burkina Faso quand, en janvier dernier, à Yirgou (au centre-nord), des affrontements intercommunautaires firent 48 morts, presque tous des peuls, après l’assassinat d’un chef mossi et de son fils.
Une milice mossi, les Koglweogos, est accusée d’être l’auteure du massacre. Depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, le tacite pacte de non-agression, qui existait entre les djihadistes et ce dernier, est devenu caduc. Qui plus est, les groupes terroristes ont enregistré le ralliement de soldats burkinabé radiés en 2011 ou compromis dans le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré en septembre 2015. Comme au Mali, les autorités burkinabé se semblent pas avoir trouvé, pour l’instant, la parade car tout le nord du pays est maintenant sous l’influence des groupes djihadistes qui intimident les populations pour les amener à pratiquer un islam strict. Rien qu’en 2018, 200 attaques terroristes ont été recensées dans ce pays dont beaucoup étaient dirigées contre les forces de défense et de sécurité. Depuis les forêts de l’est du pays, des djihadistes tentent de s’implanter dans cette zone du Sahel. Les risques d’une plus large contamination dans notre sous-région ne sont pas à négliger car les djihadistes portent leurs attaques de manière à les faire endosser à une ethnie et susciter des représailles. Et puisque les peuls sont présents dans plus d’une dizaine de pays africains, les djihadistes cherchent ainsi à provoquer un embrasement de toute l’Afrique de l’Ouest et même jusqu’au centre du continent.
Pour contrecarrer leurs visées, il faut donc en plus d’un meilleur maillage territorial par les forces de l’ordre et l’administration, plus de développement économique, une étroite collaboration entre les appareils sécuritaires des Etats dans la coordination et les échanges d’informations et beaucoup de sensibilisation et de médiation entre les différentes communautés… Le G5 Sahel dont on attendait beaucoup connaît un retard à l’allumage avec un trop faible effectif (5 000 hommes) et l’insuffisance des moyens qui lui sont alloués ne lui permet pas une présence visible et dissuasive sur un terrain dont le premier défi est l’immensité. Quant à la France, elle maintient un dispositif militaire au Sahel, mais comme l’a reconnu Florence Parly, la ministre française des Armées, « si elle reste seulement militaire, l’action est une goutte d’eau versée sur le sable du désert »
UN LEXIQUE REVELATEUR DES AMBITIONS DE L’ETAT
Le nouveau gouvernement est marqué par l’éclatement et la suppression de certains ministères et le changement de dénomination ou la fusion pour d’autres départements ministériels.
Le premier gouvernement de l’acte 2 du magistère du Président Macky Sall ne se singularise pas seulement par sa taille par rapport au précédent attelage gouvernemental. L’autre détail qui frappe, c’est le chamboulement observé dans la dénomination de certains ministères. Certains départements ministériels ont disparu de l’organigramme gouvernemental, d’autres ont été éclatés alors que certains ont été fusionnés ou ont changé de libellé. Le changement le plus notable, c’est sans doute l’éclatement du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. Scindé en deux, il a enfanté un ministère des Finances et du Budget et un ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération. Ce qui entraîne la disparition du ministère délégué en charge du Budget. Cette séparation entre Economie et Finances n’est pas inédite au Sénégal. Dans le premier gouvernement formé en 1960, siégeaient un ministre du Plan, du Développement et de la Coopération technique (Amadou Karim Gaye) aux côtés d’un ministre des Finances (André Peytavin). De même, dans le gouvernement de 1966, siègent Habib Thiam, comme ministre du Plan et du Développement et Jean Colin au ministère des Finances. Jusqu’en 1968 avec Abdou Diouf (Plan et Industrie) et Jean Collin (Finances). C’est dire donc que ce n’est pas une première que deux départements se partagent la question des questions économiques et financières dans une équipe gouvernementale. Et dans le monde, on trouve quelques exemples comme en Allemagne. La France l’a également expérimentée en 2014 sous François Hollande avant qu’Emmanuel Macron ne revienne à l’ancien système. Autre ministère éclaté, c’est celui de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique. Désormais il y a, d’un côté, un ministère de la Communication et de la Culture et de l’autre un ministère des Télécommunications et de l’Economie numérique. Le regroupement de la Communication et de la Culture entérine la disparition de ce dernier secteur comme ministère plein. Mais l’appellation de ministère de la Communication et de la Culture n’est pas nouveau.
Le libellé existait dans l’attelage gouvernemental sous le Président Abdou Diouf et même sous Abdoulaye Wade. A côté des ministères séparés en plusieurs départements, il y a ceux qui ont connu des changements dans leur dénomination. Le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a été délesté du mot « Transports ». Désormais, il faut dire Infrastructures terrestres et Désenclavement. Itou pour le ministère de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public qui se voit enlever « Rationalisation des effectifs » pour devenir ministère de la Fonction publique et du Renouveau du service public. Le ministère de la Femme, de la Famille et du Genre se voit greffer « Protection de l’Enfance » à la faveur de la disparition du ministère de la Bonne gouvernance et de la Protection de l’enfance. Le ministère des Transports aériens et du développement des infrastructures aéroportuaires et celui du Tourisme ont été fusionnés pour donner un ministère du Tourisme et des transports aériens. Une appellation qui a existé dans l’organigramme gouvernemental par le passé. Le ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat et celui de l’Emploi, de l’Insertion professionnelle et de l’Intensification de la main d’œuvre ont été fondus pour donner un ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat. Quant au ministère de la Gouvernance territoriale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, il connaît un petit glissement lexical en devenant ministère des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du Territoire. Le même changement lexical est noté concernant le ministère de l’Industrie et des Petites et moyennes industries qui s’est mué en ministère du Développement industriel et des Petites et moyennes industries.
Plus de ministres délégués
Pour la première fois au Sénégal, on entendra parler de ministre de l’Eau. En effet, le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement a muté en ministère de l’Eau et de l’Assainissement. Tandis que le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique s’est substitué au ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie. Le ministère du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des Pme a été simplifié en ministère du Commerce et des Pme. Même constat pour le ministère de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat devenu tout ministère de la Jeunesse. Et puis, il y a certaines dénominations ministérielles qui ont disparu. Il s’agit du ministère de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Francophonie, celui de la Bonne Gouvernance et de la Protection de l’Enfance et celui de la Promotion des investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’Etat.
Autre fait marquant, l’attelage gouvernemental ne compte aucun Ministre délégué. Le précédent gouvernement en comptait deux. Ils ont été remplacés par des Secrétaires d’Etat qui avaient fait leur apparition, pour la première fois en 2014 à la faveur du tout premier gouvernement de Mouhammed Boun Abdallah Dionne avant d’être supprimés en 2017, au lendemain des législatives. Contrairement à 2014 où ils étaient six, ces secrétariat d’Etat sont au nombre de trois. Il y a celui auprès du ministre des Infrastructures terrestres et du Désenclavement en charge du Développement du Réseau ferroviaire ; celui auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Sénégalais de l’Extérieur et celui auprès du Garde des Sceaux en charge de la Promotion des droits humains et de la Bonne gouvernance. Une seule nouvelle création est notée : le ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale. Un département ministériel qui laisse penser à une volonté du président de la République de donner un pilotage plus institutionnel au Programme d’Urgence de Développement communautaire (Pudc), au Puma et au Promovilles, en consolidant ses acquis tout en élargissant ses perspectives et son champ d’action dans le monde rural.
L’OPTION DE LA TECHNOCRATIE
Pas moins d’une douzaine de directeurs généraux ont fait leur entrée dans le gouvernement. Peut-être c’est là un signe du Président Macky Sall de mettre vite en route son concept de « fast-track » dans la conduite des dossiers.
« Dans bien des cas, trop de routine, trop de lenteur et de procédures et de formalités indues continuent d’enterrer l’efficacité du service public et la compétitivité de notre économie. Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’État en mode fast-track ».
Ainsi parlait le Président Macky Sall, le 2 avril dernier, dans son discours à l’occasion de sa prestation de serment. Invitant, par ailleurs, l’administration à « épouser les réalités de son temps ». Cette ambition d’aller vite dans la conduite des dossiers de l’Etat justifie-t-il le nombre élevé de directeurs généraux nommés dans le nouveau gouvernement, si l’on sait que l’efficacité est la première qualité recherchée chez un manager ? En tout cas, le constat est là. Ils sont au moins une douzaine de managers ou responsables de premier plan de structures publiques à avoir rejoint le gouvernement. Parmi ces « directeurs généraux » promus à la station ministérielle, il y a Mouhamadou Makhtar Cissé, ancien directeur général de la Senelec.
Trainant la réputation d’un homme rigoureux et efficace, cet Inspecteur général d’Etat (Ige) qui fut aussi Directeur général des douanes, fait, en réalité, son retour dans le gouvernement. En effet, il a déjà occupé le poste de ministre délégué en charge du Budget sous Macky Sall entre 2013 et 2014 avant d’être nommé directeur de cabinet du président de la République. Un an plus tard, il est porté à la tête de la Société nationale d’électricité qu’il a remise sur de bons rails. Il est désormais à la tête du stratégique ministère du Pétrole et de l’Energie. Directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe) depuis 2015, Abdou Karim Fofana est dans son élément au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Il est le maître d’œuvre des Sphères ministérielles de Diamniadio qui vont permettre au gouvernement du Sénégal d’en finir avec la location d’immeubles dont les arriérés de loyers ont cumulé jusqu’à 30 milliards de FCfa et des dettes bancaires de l’ordre de 10 milliards de FCfa. Un Abdou Karim peut en cacher un autre. Celui qui était jusqu’ici à la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), en l’occurrence Abdou Karim Sall, s’est révélé un homme de rigueur et de poigne à la tête de cette structure. Il s’est opposé quand il le fallait aux opérateurs de téléphonie tout en menant à bon port l’Artp.
Même s’il n’a pas duré à la tête de la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta (Saed), Samba Ndiobène Kâ, nouveau ministre de l’Elevage et des Productions animales, y a laissé ses marques. Il a réussi à consolider les acquis tout en accentuant les efforts pour doper la production rizicole dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal. Evoluant dans le même secteur, le développement agricole mais dans le sud du pays, la Sodagri, sous la conduite de Moussa Baldé, est devenue un pilier de la politique agricole de l’Etat dans la région naturelle de Casamance. C’est donc un homme au profil de l’emploi qui a été nommé à la tête du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural.
Ancien directeur général de la société de transport Dakar «Dem Dikk», Dame Diop est également en terrain connu au ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat. En effet, après avoir quitté la direction de «Dakar Dem Dikk», il avait atterri à la direction générale du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt) où il a laissé un bon bilan. Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Omar Hann a, lui aussi, pendant cinq ans, fait ses preuves à la direction du Coud, dans un milieu hostile, constamment en proie aux humeurs des étudiants. C’est dans la conduite des affaires des étudiants que Moïse Sarr aussi s’est révélé. Depuis avril 2013, il était le chef du Service de la gestion des étudiants sénégalais à l’étranger basé à Paris. A ce titre, il a eu à gérer, au quotidien, l’épineuse question des bourses étrangères. C’est donc tout naturellement qu’il a été fait secrétaire d’Etat en charge des Sénégalais de l’extérieur.
Femme discrète et à la tête bien faite, Ndèye Tické Ndiaye Diop a conduit, sans faire de vagues, les affaires de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) pendant deux ans. Femme de dossiers, cet ingénieur de formation en technologie générale halieutique a occupé auparavant le poste de secrétaire général du ministère de la Pêche et de l’Economie. Elle est chargée de mettre sa rigueur, son expérience et son efficacité au service du développement de l’Economie numérique et des Télécommunications. Quant à Aminata Assome Diatta, nouvelle ministre du Commerce et des Pme, et Mayacine Camara, secrétaire d’Etat en charge du Réseau ferroviaire, ils occupaient jusqu’ici des postes techniques dans des ministères.
La première au ministère du Commerce en tant que directrice du Commerce extérieur et le second en tant que coordonnateur de la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe). Avec cette palette de managers, on peut dire qu’on est en face d’un « gouvernement de directeurs généraux » par opposition au terme usité de « gouvernement de technocrates ».
«CE QU’IL FAUT POUR ATTEINDRE L’EFFICACITE»
Le Pr Moussa Diaw estime qu’avec le temps à donner aux ministres, les objectifs qui sont fixés et le temps politique, la nouvelle équipe gouvernementale peut répondre au souci d’efficacité du président de la République.
Le temps qui sera donné aux ministres, les objectifs et le temps politique. Voilà trois éléments qui sont déterminants pour atteindre l’efficacité recherchée par le président de la République, Macky Sall, à travers le nouveau gouvernement, selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. « Si le président de la République choisit ces personnalités à différents niveaux, c’est qu’elles sont en mesure de faire ce qu’on attend d’elles », soutient-il.
M. Diaw ajoute qu’il faudra « attendre que ces personnalités soient en service, que les attributions soient définies et qu’on leur donne le temps de faire leurs preuves en fonction du cap qui a été fixé par le président de la République ». En outre, il souligne que dans la formation du gouvernement, le chef de l’Etat a décliné un certain nombre de critères, notamment l’efficacité et l’expérience. Il rappelle que ce choix n’a pas été facile surtout en ce qui concerne certaines personnalités qui font « l’objet de réserves au niveau de l’opinion », car épinglées par des rapports. L’universitaire affirme aussi que des membres du nouveau gouvernement ont fait leurs preuves à la tête de certaines structures. D’où, croit-il, le choix porté sur eux. C’est le cas des directeurs généraux.
De son point de vue, ces choix se justifient si on tient compte des performances qu’ils ont réalisées. Moussa Diaw pense particulièrement à Amadou Makhtar Cissé qui a révolutionné la Senelec. Pour lui, c’est « une personnalité respectable, compétente ». En ce qui concerne l’éclatement de certains ministères, notamment celui de l’Economie, des Finances et du Plan, il explique que cela relève des prérogatives du président de la République. « Il a jugé judicieux de fragmenter ce ministère en le confiant à messieurs Amadou Hott et Abdoulaye Daouda Diallo en fonction de leurs expériences et de leurs trajectoires », dit M. Diaw. Et d’indiquer que compte tenu de leurs parcours, ils peuvent répondre au souci d’efficacité recherché par le Président Sall.
S’agissant de certains ministres du gouvernement dont quelques-uns étaient plus ou moins proches du chef de l’Etat, l’enseignant-chercheur répète que ce dernier a fait son choix qui n’était pas facile, si l’on tient compte du contexte politique et de l’approche des élections locales. « Mais, dans tous les cas, il a étudié la situation et il relève de ses prérogatives de prendre des décisions », argumente-t-il. A son avis, il faut voir si l’efficacité est mise en avant ou comment le président va s’y prendre, d’autant plus qu’il veut des réponses rapides par rapport aux préoccupations des populations. Moussa Diaw souligne que toutes ces décisions auront un impact sur le plan politique et le M. Sall appréciera par rapport aux enjeux locaux.
LES BOULANGERS VEULENT AUGMENTER LE PRIX DU PAIN
La hausse du prix du sac de farine doit impérativement conduire à une augmentation du prix du pain. Telle est la volonté de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs).
Son président, Amadou Guèye, estime que le prix doit impérativement bouger. ’’Face au refus de l’Etat qui a refusé l’augmentation’’, M. Guèye appelle à l’ouverture du Conseil national de la consommation pour, dit-il, “qu’on puisse statuer, dans les meilleurs délais, éventuellement sur une révision du prix’’. Sans cela, alerte le boulanger, une riposte sera menée par rapport à la situation.
Selon M. Guèye, qui s’exprimait sur les ondes de Sud Fm, cette situation va cesser, car en tant qu’industriels, les boulangers n’accepteront plus de travailler à perte. “Nous devons énormément de dettes aux meuniers, aux banques et autres pour qu’on puisse continuer à perdre de l’argent’’, a-t-il martelé. Pour le président de la Fnbs, “si le pain est un produit social, l’Etat n’a qu’à prendre des leviers pour permettre à la population d’avoir un prix faible ou l’augmenter impérativement’’. Car, souligne-t-il, ils ont proposé diverses solutions de format de 200 F Cfa, mais ils sont toujours dans l’attente. Le président de l’Association des meuniers industriels du Sénégal a confirmé la hausse, en évoquant le cours mondial du blé.
Ainsi, le sac de 16 200 est passé à 17 500 F Cfa et celui de 16 700 à 18 000 F Cfa. D’après Claude Demba Diop, il s’agit, pour eux, de se réajuster, car les prix qui étaient appliqués ne représentaient pas ceux arrimés au blé.
LES ORPHELINS DE LA REPUBLIQUE
Le projet de suppression du poste de Premier ministre ne manquera certainement pas d’installer la panique chez les nombreux conseillers et membres du cabinet de Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Avec cette suppression toujours, ils seront nombreux les services dont il va falloir statuer sur leur nouvelle tutelle.
Le week-end dernier, Macky Sall n’a pas fait que promettre de supprimer le poste de Premier ministre. De fait, par la même occasion, il installe bien des administrations dans la plus grande expectative. De quel démembrement de l’Etat relèveront-ils, avec cette suppression pour le moins inattendue. C’est tout le décret n°2017- 1546 du 8 septembre 2017 qui va devoir être chamboulé.
Ledit décret porte, en effet, sur la répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique, entre la présidence de la République, la Primature et les ministères.
Jusque-là, relevaient de la Primature selon la disposition susvisée : le cabinet du Premier ministre ainsi que les services rattachés, dont le Service du protocole, le Bureau de prospective économique, la Cellule de coordination et de suivi des projets et programmes, la Cellule de communication, la Cellule de lutte contre la malnutrition, le Conseil national de lutte contre le sida, le Millenium Challenge Account Sénégal (Mca-Sénégal), la Cellule d’appui au Mca-Sénégal, le Comité interministériel de restructuration des entreprises publiques et parapubliques (Cirep), le Comité interministériel à la prévention et à la sécurité routières.
En deuxième lieu, il y avait le cabinet du ministre délégué chargé du Suivi du Pudc, le Secrétariat général du gouvernement et services rattachés, à savoir : l’Ecole nationale d’administration (Ena), la Direction des services législatifs, la Direction des archives du Sénégal, la Direction de l’imprimerie nationale, la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos), la Direction de l’administration générale et de l’équipement, le Bureau de suivi et de coordination (Bsc), le Bureau d’Information gouvernementale (Big), le Bureau du courrier général, le Service informatique, la Cellule de passation des marchés, la Commission d’évaluation des agences, la Division de la gestion du Building administratif, l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), la Haute autorité de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, le Comité d’orientation et de suivi de la stratégie de croissance accélérée, la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin (Hassmar), l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire (Arsn). Pour tous ces services et départements, il était dégagé un budget de plus de 48 milliards.
Quelle sera la destination de toute cette manne ? Qui en aura désormais le contrôle ? Elles sont nombreuses les questions qui taraudent. Mais le plus inquiétant, c’est sans doute le sort de ces dizaines et des dizaines de travailleurs qui avaient été engagés dans le cabinet même du Premier ministre. Il faut souligner que rien que le budget de fonctionnement de la Primature était chiffrée à plus de 14 milliards de F Cfa. Et inutile de dire que les dépenses du personnel occupaient une bonne partie de cette enveloppe. Ce qui fait dire que c’est du coup Mahammed Boun Abdallah Dionne, désormais ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence, qui se retrouve avec un gros boulet entre les mains.