POINT DE MIRE SENEPLUS - Au total 16 personnalités ont fait leur entrée au sein du nouveau gouvernement de 32 ministres et 3 secrétaires d’Etat dont la liste a été rendue publique dimanche, contre une vingtaine de sortants
Dakar, 8 avr (APS) - Au total 16 personnalités ont fait leur entrée au sein du nouveau gouvernement de 32 ministres et 3 secrétaires d’Etat dont la liste a été rendue publique dimanche, contre une vingtaine de sortants.
Le chef du gouvernement Mahammed Boun Abdallah Dionne, parlant de la nouvelle équipe, a évoqué "un élan nouveau, des visages nouveaux, davantage de femmes, davantage de jeunes, mais c’est également le Sénégal de tous qui est en marche", le chef de l’Etat devant être désormais "en contact direct avec le pouls" des régions.
Selon lui, "la moitié de ses membres, soit 50% des ministres, sont nouveaux", sans compter que la participation des femmes a augmenté, passant "de l’ordre de 20%" dans la précédente équipe à 25% dans la nouvelle, soit "une femme sur quatre membres du gouvernement".
Voici la liste des entrants : Maître Malick Sall (Justice), Mouhamadou Makhtar Cissé (Pétrole et Energies), Amadou Hott (Économie, Plan et Coopération), Moussa Baldé (Agriculture et Equipement rural), Cheikh Oumar Hann (Enseignement supérieur, Recherche et Innovation), Samba Ndiobène Kâ (Élevage et Productions animales), Abdou Karim Fofana (Urbanisme, Logement et Hygiène publique).
Il y aussi Aminata Assome Diatta (Commerce et PME), Néné Fatoumata Tall (Jeunesse), Zahra Iyane Thiam (Microfinance et Economie solidaire), Dame Diop (Emploi, Formation professionnelle et Artisanat), Ndèye Tické Ndiaye Diop (Économie numérique), Moïse Diégane Sarr ( secrétaire d’État, chargé des Sénégalais de l’extérieur), Mamadou Saliou Sow (secrétaire d’État, chargé de la Promotion des droits humains et de la Bonne gouvernance), Mayacine Camara (secrétaire d’État, chargé du Réseau ferroviaire).
Me Oumar Youm, l’ancien directeur de cabinet du président de la République, fait son retour dans le gouvernement au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.
Les ministres sortants sont Augustin Tine (Forces armées), Ismaila Madior Fall (Justice), Diène Farba Sarr (Renouveau urbain, Habitat et Cadre de Vie), Papa Abdoulaye Seck (Agriculture et Equipement rural), Mansour Elimane Kane (Pétrole et Energies renouvelables), Mary Teuw Niane (Enseignement supérieur), Yaya Abdoul Kane (Gouvernance territoriale), Mbagnick Ndiaye (Intégration Africaine, NEPAD et Francophonie).
Abdoul Latif Coulibaly (Culture), Khoudia Mbaye (Promotion des investissements, Partenariats et Développement des Téléservices de l’Etat), Abdoulaye Bibi Baldé (Communication, Télécommunications, Postes et Economie numérique), Maïmouna Ndoye Seck (Transports aériens et Développement des infrastructures aéroportuaires), Mame Thierno Dieng (Environnement et Développement durable) ont aussi quitté le gouvernement.
De même, Mame Mbaye Niang (Tourisme), Pape Gorgui Ndong (Jeunesse), Aminata Angélique Manga (Economie solidaire et Microfinance), Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop (Bonne gouvernance et Protection de l’enfance), Souleymane Jules Diop (ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du suivi du PUDC), Birima Mangara (Budget) ne font plus partie du gouvernement, ainsi que les secrétaires d’Eat Abdou Ndéné Sall (chargé du développement du réseau ferroviaire) et Moustapha Lô Diatta (chargé de l’accompagnement et de la mutualisation des organisations paysannes)
par adama wade
LE CAS SIBETH NDIAYE NE PEUT PAS ARRIVER EN AFRIQUE
Peu de pays du continent éliraient un Barack Obama du fait de ses identités multiples - L’Afrique devrait adapter ses codes de nationalité à la lumière des enjeux du monde actuel
La nomination de la Franco-Sénégalaise Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement français a été unanimement saluée par la presse francophone. Née sénégalaise en 1979, la seule survivante de la garde rapprochée du président Emmanuel Macron, se retrouve dans l’un des rôles les plus symboliques de la république.
Une telle situation pourrait difficilement arriver en Afrique, un endroit où les codes de nationalités, les critères et les déterminants de nominations dans les postes officiels sont enfermés dans des principes explicites et implicitement de nationalité biologique . «Les législations sur la nationalité de certains pays africains restreignent explicitement le droit à la nationalité sur des bases raciales ou ethniques, et dans d’autres pays, la discrimination ethnique ou raciale en matière de reconnaissance de la nationalité est très répandue en pratique», déplorait Browmen Manby dans son étude comparée sur les nationalités en Afrique. (https://www.refworld.org/pdfid/4d259acc2.pdf)
Que l’on se rappelle de la polémique survenue il y a quelques jours à propos de la nationalité italienne du nouveau président congolais (RDC, l’un des pays qui interdit le cumul de nationalités). Ou encore du déni de la nationalité ivoirienne au président Alassane Ouattara , du refus par une certaine opposition d’accepter la nationalité gabonaise à Maxient Accrombessi, ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo, né béninois, ou encore de la thèse des origines biaffraises du président Ali Bongo…
Bref, l’Afrique devrait adapter ses codes de nationalité à la lumière des enjeux du monde actuel. Peu de pays du continent éliraient un Barack Obama du fait de ses identités multiples. En Afrique du Sud, en Égypte et en Mauritanie, la double nationalité s’acquiert sur autorisation spéciale du chef de l’Etat ou du gouvernement . Au Sénégal, la double nationalité est acceptée seulement pour les naturalisés d’où les supputations sur les nationalités cachées de certains leaders politiques.
En RDC, la double nationalité est interdite d’où l’empressement de l’équipe Tshisekedi à déclarer que le président a eu la nationalité italienne pendant 17 ans avant … d’y renoncer ? La Constitution de la République démocratique du Congo (RDC) dispose expressément que la nationalité d’origine est réservée aux personnes membres d’une « communauté autochtone » présente dans le pays au moment de l’indépendance.
AUGUSTIN TINE, NOUVEAU DIRECTEUR DE CABINET DE MACKY
L'ex ministre des Forces armées est nommé en remplacement de Me Oumar Youm, désormais ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement
L'ex ministre des Forces armées, Augustin Tine est nommé ministre Directeur de Cabinet du Président de la république, selon un décret rendu public dimanche soir par Maxime Jean Simon Ndiaye, ministre, secrétaire général du Gouvernement.
M. Augustin Tine remplace à ce poste Me Oumar Youm, nommé ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement dans le nouveau gouvernement qui compte 32 ministres et trois secrétaires d'État.
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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT DE MACKY
La nouvelle équipe renouvelée à 5O%, compte 32 ministres et 3 secrétaires d’Etat avec une participation des femmes à la hausse - INTÉGRALITÉ DE LA LISTE
"A temps nouveau, un élan nouveau. Le chef de l'Etat a voulu réorganiser le gouvernement pour un souffle nouveau. Ainsi, 50% des ministres sont nouveau. Nous sommes passés de 20% à 25% de femmes, soit 1 ministre sur 4. Nous sommes également passés de 39 ministres et ministres délégués à 32 ministres et 3 secrétaires d'Etat. Chaque région a au moins 1 ministre pour avoir les pulsions des populations", a expliqué le Premier ministre, secrétaire d'Etat de la présidence, Dionne devant la presse.
La liste de la nouvelle équipe dans son intégralité :
Sidiki Kaba, Ministre des Forces Armées
Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’Intérieur
Abdoulaye Daouda Diallo, Ministre des Finances et du Budget
Amadou Bâ, Ministres des Affaires étrangères
Me Malick Sall, Garde des sceaux Ministre de la Justice
Mansour Faye, Ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et solidarité
Makhtar Cissé, Ministre du Pétrole et de l’Energie
Mariama Sar, Ministre de la Fonction Publique
Oumar Youm, Ministre, Infrastructures, des transports
Amadou Hott, Ministre de l’Economie, du Plan et coopération
Abdoulaye Diouf Sarr, Ministre de la Santé
Moussa Baldé, Ministre de l’Agriculture et equipement rural
Serigne Mbaye Ministre de l’Eau et de l’Assainissement
Ndeye Saly, minitre de la Femme, de la Famille
Aliou Sarr, Ministre du Tourisme et Transport
Aminata Mbengue, Ministre de la Pêche,
Mamadou Talla, Ministre de l’Education nationale
Oumar Gueye, Ministre des Collectivités Territoriales
Cheikh Oumar Hann, Ministre de l’Enseignement Supérieur
Moustapha Diop, Ministre du Développement industriel
Abdou Karim Sall, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable
Sophie Cladima; Ministre des Mines et Géologie
Matar Ba, Ministre des Sports
Samba Diobel Ka, Ministre de l’Elevage et Production animale
Samba Sy, Ministre du Travail
Abdou Karim Fofana, Ministre de l’Urbanisme et Logement
Aminata Asom Diatta, Ministre du Commerce
Abdoulaye Diop, Ministre de la Communication
Néné Fatoumata Tall, Ministre de la Jeunesse
Mme Zahra Iyane Thiam Diop, Ministre de la Micro Finance
Dame Diop, Ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat
Ndeye Tiké Ndiaye Diop, Ministre de l’Economie Numérique
Moïse Diégane Sarr, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur chargé des Sénégalais de l’extérieur
Mamadou Saliou Sow, secrétaire d’Etat auprès du garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé de la Promotion des droits humains et de la Bonne gouvernance
Mayacine Camara, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, chargé du Réseau ferroviaire
par Michel Tagne Foko
J'ACCUSE !
Il y a des personnes qui se retrouvent aujourd’hui à devoir partir, arrachés de leurs endroits de naissance - Ceux qui restent se retrouvent au milieu d’une guerre, entre l’armée camerounaise et celle des sécessionnistes
Nous avons une playliste d’enfer. On fredonne les anciens slows français, « Julianna » de Claude Michel. Le bonheur se fait voir sur nos visages. On ne peut pas s’empêcher d’écouter « Born To Do It » l’album inoubliable de l’artiste anglais Craig David. La déesse de la chanson africaine, Kandia Kouyaté, de la République du Mali, nous hypnotise avec son « Zouk Mandingue ». Nous écoutons aussi en boucle « Ko yidha wo ko allah » du chanteur guinéen Sekouba Fatako. Il y a aussi des spécialités locales, des succès du Bikutsi, Makossa, Samali. Du style « sweet mother » de Prince Nico Mbarga, « se oa nu » de Ben Decca, « on attend l'enfant » des Maxtones du Littoral, etc.
C’est l’aurore, le vent frais du petit matin se mêle à de l’herbe mouillée, et distille, comme ça, dans l’atmosphère, un agréable parfum. Nous avons du très bon café arabica plein le thermos, et sommes prêts pour l’excursion. La longueur du trajet n’impressionne même pas. Sur cette route serpentée de collines et de montagnes, c’est en 4x4 que le trajet s’effectue.
Un arrêt s’impose, après la barrière de contrôle, lorsque nous arrivons au péage de Santa, dans le département du Mezam. Les vendeurs ambulants s’empressent de proposer du pain, des fruits, des avocats, des rats-palmistes à rapporter à la maison, des brochettes de viande, de quoi nous revigorer… On adore ça, cette ferveur qui se dégage de ces marchands.
Santa, c’est le lieu de résidence d’un ancien premier ministre, c’est aussi le coin où la légende nous dit qu’un certain Samoufor était persuadé qu’il connaissait un animal que les Occidentaux ne connaissaient pas. On dit qu’il a réussi à faire venir des scientifiques de renom au village, qu’il les a emmenés derrière sa maison à l’endroit où il avait une porcherie et a dit, l’air fier, et en attrapant un porcelet, que le cochon est trop sale pour être connu des blancs. Étonnés au point d'en être sans réaction, de retour chez eux, les scientifiques ont blacklisté le Cameroun durant de nombreuses années…
À tous les coups, on s’arrête là-bas, dans ce restaurant, situé avant la descente dans la ville, à proprement parler, de Bamenda, chef-lieu de la région du nord-ouest. C’est un lieu où les avocats, notables du coin, et les badauds, se rencontrent. On apprécie de déguster du poulet mariné aux condiments, puis grillé à la broche, accompagné des bananes plantain. C’est tellement succulent. Ensuite, vient le temps d’affronter la mythique « commercial avenue ». Sonne comme ça l’heure de flâner dans cette pétarade d’émotions...
Nous déposons nos valises dans une magnifique villa, à l’architecture européenne, nichée au-dessus d’une colline où la végétation est dense, à perte de vue. Nous sommes, comme ça, dans la petite localité de Sabga, dans une sorte de bourgeoisie absolue. De gauche tout de même, à l’africaine, bien sûr, accompagnée d’un humanisme transcendant. Le riche côtoie le pauvre, et c’est comme ça. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », comme le dit le titre de l’un des films de Jean Yanne.
Les peuples migrent depuis la nuit des temps, et dans ce village, en plein cœur des pays « grassfields », il existe une forte population de l’ethnie Foulbé, encore appelé Peul ou Foulani. Et en nombre d’habitants, elle est la plus abondante, et c’est un fait.
Malgré ce brassage ethnique ou culturel, qui crée parfois des sources de conflits ailleurs, une certaine tolérance réside curieusement en chaque âme de cette campagne. Lorsqu’un zébu, mouton, chèvre ou un cheval,... échappe à la vigilance d’un paysan, et s’en va commettre des dégâts sur les exploitations des autres, une solution à l’amiable est rapidement trouvée, car le dialogue est toujours présent et une confiance réciproque règne entre voisins.
Un pasteur d’origine américaine s’est installé à cet endroit depuis des années, avec sa femme et ses enfants. Des filles. Elles parlent très bien la langue locale, avec le ton et tout ce qui va avec. Il est clair qu’elles sont du pays, et puis c’est tout.
Il a su se faire une place. Il a bâti son église. Sa communauté s’est agrandie au fil des années. Il semble bien réconforter ses fidèles. Il possède un petit avion, les gens en sont ébahis. Ses employés sont d’ethnies différentes, chacun essaye de se faire une place tout en respectant l’autre…
Tôt ce matin, nous prenons la route, jusqu’à la commune de Ndop, à plus d’une heure de trajet, rejoindre une très chère amie de la localité. Nous enfilons des bottes en caoutchouc. Elle nous amène sélectionner les champignons, dans les champs, participer à la cueillette. C’est une grande première. Nous en sommes ravis. Nos petits paniers en main, on joue les experts. La récolte est bonne. Il est temps d’aller se faire une omelette aux champignons. L’idée nous fait saliver. Elle nous dit que l’un des meilleurs riz camerounais vient de ce coin. On encaisse l’information sans broncher. Elle nous propose de nous faire visiter les plantations. On y va par politesse, mais au fond, pour dire vrai, on s’en fout.
On découvre un métier pénible, précaire. Des gens qui travaillent, pour la plupart, en petite communauté, à la main, comme à l'époque de la servitude. « Il n’y a pas d’argent pour acheter les machines », disent-ils, en pidgin, langue locale, traduit en français. « Il nous faut adhérer à l’association de la filière pour qu’on nous prête la machine, la décortiqueuse, mais elle n’est jamais disponible lorsqu’on en a besoin. Alors, on fait avec les moyens du bord… », « (…) Pour semer et récolter, il n’y a pas de machine », « hey, ici on travaille, ne venez pas pleurer ou faire les Blancs, vous n’êtes pas dieu, et vous êtes bien noirs ». Etc.
Ça se voit sur nos visages, en entendant tous ces témoignages, qu’on se sent coupables de ne pas soutenir l’économie locale, puisqu’on est plutôt abonnés Asie, en matière de riz. On est quand même contents de cette découverte. La visite se passe bien, sans plus. Et au retour, on croise un homme d’un certain âge. Il est tellement agréable. La conversation est lancée. Le courant passe tellement bien entre nous qu’il nous offre, dans des feuilles de bananier, des larves blanches de raphia. On n’en croit pas nos yeux. On en raffole. On lui dit merci. On lui serre affectueusement la main. On fait des signes avec nos têtes. Il hoche aussi la tête, comme pour nous dire qu’il n’y a pas de quoi. Il est temps de rentrer...
Quelques jours plus tard, l’amie de Ndop vient nous chercher, dans l’après-midi. Après une escale de pur bonheur à la chute d’eau du coin, nous reprenons la route. Cette fois-ci, pour rejoindre Bambili, à vingt minutes de route. Elle semble heureuse de nous faire découvrir son univers, ses coups de cœur. On s’arrête au marché, à cet endroit où les femmes vendent de l’huile rouge. Ce que nous voyons est tout simplement artistique. Que ça soit sur le plan vestimentaire, gestuel, ou tout naturellement l’état des étals en bambou de raphia. S’ensuit une visite dans la zone artisanale du marché. Il y a des ateliers de peinture, de sculpture, de couture… On y trouve, d’un côté, des bijoux fantaisie, masques et statuettes pour touristes, et de l’autre côté, des statues et masques ethniques imposants, des colliers en terre cuite. Tout un arsenal du monde animiste. Nous sommes aux anges…
Notre chère et tendre amie nous fait comprendre qu’elle rêve de créer un festival des cultures premières, à cet endroit. Un espace où l’art ancestral est au rendez-vous durant une semaine au moins. Elle en est limite obsédée. Elle dit s’être privée de beaucoup de choses, durant des années. Qu’il est temps, pour elle, de casser sa tirelire et de se lancer enfin. Elle a son business plan, et tout. Elle parle si bien de son projet. On l’écoute attentivement, encore et encore. À la fin de son monologue, nous lui souhaitons, bien évidemment, beaucoup de réussite…
La narration, ci-dessus, date de plusieurs années. Bien avant que des personnes ne décident de protester, dans ces zones dites « anglophones », dénonçant ainsi leurs scandaleuses conditions de travail, et de vie. Oui, c’était bel et bien avant que le gouvernement camerounais se braque et envoie l’armée refaire le portrait des manifestants.
Tout a changé dans cette partie du Cameroun. La mort est omniprésente. Les cœurs sont déchirés de chagrin. Il n’y a plus personne en route. Les villages sont devenus fantômes. La suspicion à dominer l’entraide et a sacrifié le vivre-ensemble. Désormais, tout le monde se méfie de tout le monde… Les riches ont fui. Il n’y a plus d’activité, à proprement parler. Les zébus ont été volés, certains abattus, tout simplement comme ça, par pure méchanceté, dans la brousse. Les gens se font kidnapper, les ravisseurs demandent de fortes sommes d’argent aux familles, comme rançon.
Il y a des personnes qui se retrouvent aujourd’hui à devoir partir, arrachés comme ça de leurs endroits de naissance. De ce lieu où l’imaginaire de chacun s’est construit. Ceux qui restent se retrouvent au milieu d’une guerre, entre l’armée du Cameroun et celle des sécessionnistes, de l’État imaginaire de l’« Ambazonie ». Chacun jouant au puissant. Ça tire de partout. Des êtres humains, innocents, se retrouvent piégés dans ce chaos. Il y a des morts, oui des corps sans vie, des personnes qui ne savaient même pas ce que l’on appelle « politique » et qui vivaient jusque-là leurs petites vies tranquilles…
Michel Tagne Foko est Chroniqueur, écrivain, éditeur. Membre de la société des auteurs du Poitou-Charentes (FRANCE)
PAR ISABELLE BONI-CLAVERIE
LE LONG COMBAT CONTRE LES NORMES DOMINANTES
Pourquoi une norme érigée à partir des spécificités physiques d’un groupe ethnique particulier devrait avoir valeur d’universel ? Pourquoi faudrait-il faire blanc pour affirmer une certaine réussite sociale ?
Parce que Sibeth Ndiaye a porté une robe à fleurs et ses cheveux afro le jour de sa prise de fonction comme porte-parole du gouvernement, elle a essuyé un torrent de commentaires misogynes et racistes sur les réseaux sociaux. Le reproche qui lui a été le plus communément fait est, que par sa tenue et sa coiffure, elle dépréciait les fonctions officielles qui sont désormais les siennes. Ce qui revient à dire qu’en osant être simplement ce qu’elle est, une femme, qui plus est une femme noire, elle n’était pas digne de la République.
Sibeth Ndiaye n’est pourtant pas la première femme ministre noire à porter ses cheveux tels que la nature les lui a donnés. Mais Christiane Taubira disciplinait son afro en de fines nattes terminées par un strict chignon. Le racisme particulièrement odieux dont elle a été la cible a pris appui ailleurs. Quant à Georges Pau-Langevin, deux fois ministre sous Hollande, elle portait l’afro très court, ce qui, pour un œil non averti, en rendait le caractère crépu moins perceptible. Sibeth Ndiaye, elle, a choisi de laisser libre cours à la luxuriance de sa chevelure non homologuée d’origine européenne. Et, qu’elle le veuille ou non, cela a un sens qui va bien au delà d’une simple question capillaire.
Au même titre que la peau noire, le cheveu crépu est devenu avec la mise en esclavage des Africains un stigmate racial. Sans doute parce qu’avec la couleur, c’est ce qui fait le plus fortement différence avec le Blanc. A contrario, obtenir des cheveux lisses est depuis plusieurs siècles, et pour des millions de personnes noires, un objectif en soi. Ce n’est pas un hasard si les premières fortunes afro-américaines se sont bâties au début du vingtième siècle sur la commercialisation de produits et techniques de défrisage. Pas un hasard non plus si partout dans le monde les femmes noires, et parfois les hommes, n’ont de cesse de masquer la nature réelle de leurs cheveux.
Il ne s’agit pas seulement de l’incorporation d’une norme esthétique dominante, mais aussi d’une réalité sociale. Aujourd’hui encore, il est plus facile lorsqu’on est noir et qu’on vit dans un pays occidental de trouver du travail, d’être accepté socialement, si on a le cheveu lisse. Souvent ce n’est même pas une question de choix, mais d’obligation. Nombre d’environnements professionnels exigent une coiffure « classique » qui exclut de fait les cheveux crépus ou trop ostensiblement frisés. Les vraies questions seraient plutôt : pourquoi une norme érigée à partir des spécificités physiques d’un groupe ethnique particulier devrait avoir valeur d’universel ? Pourquoi faudrait-il faire blanc pour affirmer une certaine réussite sociale ?
C’est cela sans doute qui agace autant chez Sibeth Ndiaye. Elle ne s’excuse pas d’être noire dans un milieu politique majoritairement blanc. Elle ne fait même pas l’effort d’offrir aux Français «bon teint » des gages visibles d’assimilation. Elle déboule là où on ne l’attendait pas, telle qu’en elle-même, avec son « premier pays », le Sénégal, auquel elle se réfère explicitement, sa naturalisation toute récente, son afro, ses tenues colorées et son franc-parler. Mais elle le dit elle-même, ses parents sénégalais lui ont appris que « là où tu es, tu es à ta place. » Et sa place elle la prend.
Croyant la défendre, certains, y compris au sein du gouvernement, ont joué la carte de la méritocratie, réitérant sans s’en rendre compte le même type d’infériorisation sociale que ceux qui l’attaquaient. «Parier avec Sibeth sur une nana de moins de 40 ans, noire, pas née en France, c’est couillu et ça veut dire quelque chose en termes d’égalité des chances.», nous apprend ainsi un conseiller ministériel cité par Libération. Si ce n’est que Sibeth Ndiaye vient d’une grande famille, rompue à l’exercice du pouvoir, avec un père qui a été député et une mère, haute magistrate, qui a présidé le Conseil Constitutionnel du Sénégal. C’est une immigrée, peut-être, mais fille de cette bourgeoisie africaine qui a les moyens d’envoyer ses enfants étudier en Europe ou en Amérique. Sa réussite n’est pas celle d’un système, mais d’une personne.
En cela, l’afro de Sibeth Ndiaye n’a rien de révolutionnaire. Il n’est pas à ranger du coté de celui d’Angela Davis et des militants des droits civiques noirs américains des années 60, quand le simple port d’une telle coiffure vous désignait comme dangereux gauchiste auprès de la police. Il est juste le signe d’une nouvelle génération, à l’aise dans ses origines multiples, muticulturelle, afropéenne comme dirait l’écrivaine Léonora Miano.
De la même façon, cette nomination, si elle montre l’absence de préjugés du Président qui l’a choisi, ne fait pas système. Sous la présidence de Macron les lois en matière d’immigration se sont encore durcies. Et s’il n’y a jamais eu autant de députés non blancs sous la 5è République (post indépendances africaines) qu’avec LREM, la « diversité » ou plutôt l’inclusion des minorités ethniques n’a jamais autant été un non sujet politique.
Il n’en reste pas moins que Sibeth Ndiaye, son afro et sa robe à fleurs, constituent un signal réjouissant pour de nombreuses femmes noires, et pour tous ceux qui refusent de voir la République confisquée par des idéologies rances.
par Amate Dieng
NOUVEAU GOUVERNEMENT OU LA CHARRUE AVANT LES BOEUFS
De quel droit Macky se permet-il de faire le choix de la suppression du poste de premier ministre en l'absence d'une consultation large du peuple sénégalais débouchant sur un consensus fort ?
La nomination par décrets, signés ce samedi 6/4/2019 de M. Mouhammad Boun Abdallah Dionne aux fonctions cumulées de Premier Ministre et ministre d'État secrétaire général de la Présidence de la République donne l'image de la charrue avant les bœufs.
En effet, elle annonce une réforme institutionnelle capitale qui indique un régime présidentiel pur et dur, à la place du régime en vigueur jusque là, qualifié par les uns de régime parlementaire rationalisé, et par les autres de régime présidentialiste. C'est un choix important sur lequel je ne peux me permettre de porter un jugement, encore moins sur les raisons invoquées à l'appui.
Mais l'on pourrait emprunter à l'autre, la formule politicienne suivante : de quel droit M. Macky Sall se permet-il de faire ce choix en l'absence d'une consultation large du peuple sénégalais débouchant sur un consensus fort ?
Comme beaucoup de citoyens naïfs, j'avais pensé que le dialogue large et inclusif auquel le Président a appelé avec insistance, devait justement régler ce genre de questions nationales primordiales comme par exemple :
_ la fixation des institutions et de leur fonctionnement de manière définitive.
_ la définition du type de sénégalais et du projet de société nationale, ainsi que la formation et l'éducation qui y conduisent.
_ la conservation de nos ressources naturelles et leur exploitation, s'il y a lieu, en association avec les étrangers pour le plus grand profit des sénégalais et actuels et futurs.
Je confesse que j'ai la faiblesse de penser que ce genre de questions fondamentales doit être traité de manière prioritaire, pour leur fixer une direction nationale acceptée de manière consensuelle par toutes les franges de la société et donc, insusceptible de remise en cause, sauf si indispensable, par la même procédure.
Ainsi il sera mis fin, singulièrement sur la question de l'institution du Premier Ministre, aux errements constatés sous Senghor puis Diouf et annoncés par ce nouveau gouvernement. Mais pour cela, il faut que Macky Sall et les hommes politiques qui lui succéderont aient l'humilité de croire, avec l'ex président américain Barack Obama que l'Afrique et le Sénégal en particulier, ont surtout besoin d'institutions fortes et non de dirigeants providentiels, même éclairés, et qu'ils acceptent de s'investir corps et âmes pour la réalisation de cet objectif crucial.
Pour cela, il leur incombe de privilégier une approche inclusive consensuelle nationale, conduisant à une décision qui a toutes les chances d'être pérenne sur l'approche conventionnelle légale, majoritaire et partisane, qui entraîne une décision qui a comme tare d'être à la merci d'une remise en cause par toute autre majorité partisane, ouvrant ainsi la porte à d'éternels recommencements. Ce qui serait un handicap à notre projet national de marche en avant.
Amate Dieng est administrateur civil à la retraite
LES MEMBRES DU GOUVERNEMENT CONNUS D’UNE MINUTE À L’AUTRE
Les consultations qui ont démarré depuis hier samedi devraient bientôt prendre fin. Et la liste des nouveaux membres du gouvernement, connue.
Le président de la République Macky Sall a débarqué au Palais vers les coups de 16h 35 minutes.
D'après des informations, les consultations ont débuté depuis 11h du matin, mais se sont, pour la plupart, faites par téléphone.
A signaler qu'il n'y a pas eu d'entrées et de sorties comme on a eu à le vivre lors des précédents remaniements ministériels.
Les choses vont bouger, la liste des membres du gouvernement devra être connue inversement.
Le décret présidentiel devrait être lu par Mouhamed Boun Abdallah Dionne lui-même, nommé depuis hier, sectaire général à la Présidence de la République.
POURQUOI OUATTARA A EXPULSÉ KEMI SEBA
Le chef de l'Etat ivoirien a expliqué samedi l’expulsion en mars de l’activiste politique et essayiste franco-béninois de son pays, insinuant qu'il ne peut pas accepter qu'on brûle le Franc CFA
« On n’a jamais expulsé des nationaux des pays voisins (en Côte d'Ivoire), on en a expulsé un seul qui a osé brûler le Franc CFA, ce que je ne peux pas accepter », a dit M. Ouattara en allusion à Kémi Séba, expulsé en mars d’Abidjan vers le Bénin.
Dans un post sur les réseaux sociaux, Kémi Séba, a indiqué avoir été expulsé parce que le pouvoir refuse la tenue d’une conférence contre le néocolonialisme français, ajoutant que son proche collaborateur, Henri Djehuty, lui, a été relâché après un interrogatoire.
M. Ouattara s’exprimait lors d’un panel sur la problématique de la migration africaine et l’emploi, le thème principal de l’édition 2019 du Forum Mo Ibrahim qui se déroule du 5 au 7 avril à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.