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31 juillet 2025
«EN TANT QUE PREMIER MINISTRE, J'AI MENE LE PROJET DE SUPPRESSION DU POSTE DE CHEF DE GOUVERNEMENT»
L’histoire retient qu’avant Mahammed Boun Abdallah Dionne, l’actuel président de l’Assemblée nationale est le dernier Premier ministre qui a été mis en place pour supprimer...
L’histoire retient qu’avant Mahammed Boun Abdallah Dionne, l’actuel président de l’Assemblée nationale est le dernier Premier ministre qui a été mis en place pour supprimer... son propre poste. Moustapha Niasse a mené cette mission pendant 26 jours et pense qu'il doit être dans les cordes d'un homme d'Etat.
Avant 1983, il avait gravi les échelons de la haute fonction sans encombre. Directeur de cabinet, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Environnement puis ministre des Affaires étrangères sous le Président Léopold Sédar Senghor. Après la première élection de Abdou Diouf en 1983, c’est sans grande surprise que Moustapha Niasse est nommé Premier ministre le 3 avril avec une mission bien spécifique : mener à bien le processus de suppression du poste de chef du gouvernement. En vingt six jours, il allait s'acquitter de sa mission « sans état d'âme », rappelle l'actuel président de l'Assemblée nationale. Moustapha Niasse est d'avis que « quand on aime son pays comme un homme d'État, on doit accepter, et par dessus tout, de réaliser ce projet ». Évoquant son expérience d'avril 1983, il raconte que « pendant vingt-six jours, j'ai mené ce projet phare de la présidence de Diouf, car il était porteur d'espoirs et d'avantages ».
Commentant le projet actuel, le président de l'Assemblée nationale révèle que son auteur l'avait mis au parfum : « Le Président Macky Sall m'avait mis au courant de son projet. Il m'en avait parlé et je trouve que c'est une excellente chose. J'approuve ce que le Président Sall a fait (ndr : le projet de suppression du poste de Premier ministre). C'est une bonne chose parce qu'il va donner des avantages certains dans la conduite de la gouvernance et dans la réalisation des projets du quinquennat ».
«IL Y AURA DES INCIDENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES NON ENCORE MAITRISABLES»
Le docteur Yaya Niang, chercheur en Droit public à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, estime que cette décision favorisera une concentration des pouvoirs de l’Exécutif qui reviennent au chef de l’Etat.
Le Docteur Yaya Niang, chercheur en Droit public à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, estime que cette décision peut être un argument opérant du point de vue de l’action administrative, mais avec des incidences juridiques et politiques non encore maîtrisables
Un gouvernement sans Premier ministre, ce sera la nouvelle configuration de l’équipe gouvernementale qui va travailler à mettre en œuvre la vision du président Macky Sall. Cette question suscite moult interrogations. Mais le docteur Yaya Niang, chercheur en Droit public à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, estime que cette décision favorisera une concentration des pouvoirs de l’Exécutif qui reviennent au chef de l’Etat. « Ça pourrait justifier que c’est seul le président de la République qui est élu directement au suffrage universel. Mais dans nos démocraties modernes, on a tendance à déconcentrer le pouvoir, à distribuer du pouvoir et des responsabilités. Cette suppression va permettre une concentration de tous les pouvoirs de l’Exécutif entre les mains du président de la République », fait savoir Yaya Niang, non sans préciser que l’exercice du pouvoir au sein de l’Exécutif était jusque-là partagé entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Mais, précise le Docteur Yaya Niang, cette suppression annoncée est fondée et justifiée du point de vue de l’efficacité administrative. Car, fait-il remarquer, le président Macky Sall a fait part de sa volonté de rendre « plus efficaces ses actions » pour répondre avec célérité aux demandes, notamment celles de l’emploi des jeunes. « Du point de vue de l’administration, de l’efficacité, du pragmatisme de l’administration, étant donné qu’il y avait le bicéphalisme au sein de l’Exécutif, on va ramener les activités primatoriales et les rattacher directement à la présidence. Donc, cette justification peut être invoquée », argumente-t-il. Toutefois, la suppression du poste de Premier ministre peut avoir « des incidences politiques et juridiques non encore maîtrisables », selon M. Niang.
S’agissant de l’incidence juridique, indique-t-il, le Sénégal a un régime hybride, avec des éléments à la fois d’un régime présidentiel et des éléments d’un régime parlementaire. « Et parmi ces éléments d’un régime parlementaire, il y a ce qu’on appelle les moyens d’actions réciproques entre l’exécutif et le parlement. Le président de la République a un moyen d’actions parce qu’il peut dissoudre l’Assemblée nationale après deux ans de législature. Et l’Assemblée nationale peut aussi voter une question de confiance ou une motion de censure pour faire tomber le gouvernement. C’était le Premier ministre qui en assurait la responsabilité politique ». Selon M. Niang, la question que l’on se pose est celle de savoir si la fonction de Premier ministre disparaît, est-ce que le président de la République continuera à disposer de la prérogative de dissoudre l’Assemblée nationale étant donné que celui qui en assumait la responsabilité politique n’existe plus ?
Sous l’angle politique, précise-t-il, c’est le Premier ministre qui servait de bouclier et recevait les coups pour qu’ils ne tombent pas directement sur l’institution présidentielle. Donc, si la fonction de Premier ministre disparaît, souligne-t-il, le président de la République doit faire face directement à la responsabilité politique. Ainsi il sera question de savoir, si le président de la République est prêt à remplacer le Premier ministre pour pouvoir engager sa responsabilité politique devant la représentation nationale. Car, explique-t-il, « le président de la République est élu au suffrage universel direct et la légitimité dont il est titulaire, aucun autre élu ne la dispose ». Selon le chercheur, seule la formulation du projet de texte pourra édifier sur ces questions délicates.
Un couteau à double tranchant !
Cette réorganisation de l’Exécutif pourrait être un couteau à double tranchant, avertit le Docteur Yaya Niang. « Jusque-là, seul le président de la République connaît le contenu du projet parce qu’il n’y a pas encore de texte, mais on se limite aux motifs invoqués, à savoir rendre efficace davantage l’action du gouvernement pour répondre avec célérité aux demandes ». Cette suppression peut rendre efficace l’action administrative qui n’a rien à voir avec l’action politique avec ses incidences juridiques. « Ça peut régler des problèmes ponctuels du point de vue de l’action administrative, mais tout en soulevant des questions politiques et juridiques dont on ignore encore les réponses. Si le Pm s’efface, celui qui l’avait couvert va s’afficher et c’est le président de la République ». Le texte, à en croire le Docteur Niang, doit dire si le président de la République va continuer à disposer de ses prérogatives de dissoudre l’Assemblée nationale. Car, soutient-il, s’il continue à avoir cette prérogative, il faudrait, qu’en retour, qu’il accepte d’engager sa responsabilité politique devant l’Assemblée nationale. Sans quoi, fait-il remarquer, il n’y aura pas de réciprocité. « Soit il n’y a plus d’actions et on est dans un régime présidentiel pur et dur. Ou bien le président de la République garde toujours sa prérogative de dissoudre l’Assemblée nationale, et l’Assemblée nationale peut engager la responsabilité du président de la République, ou faire disparaître les deux et rester dans un régime présidentiel typique. Ça c’est du point de vue juridique, il faut qu’on règle cette question », explique le Docteur en droit public.
DEUX ENSEIGNANTS SÉNÉGALAIS PRIMÉS AU GLOBAL EDUCATOR CHALLENGE
Créé il y a plus de dix ans avec le soutien de Microsoft, Education Exchange (E2), un événement mondial centré autour de l’innovation dans le secteur éducatif, a vu la participation de 5 enseignants du ministère de l’Education nationale.
La participation du Sénégal à l’édition 2019 Global EducationEchange a été fructueuse. Dans un communiqué, le ministère de l’Education nationale informe que notre pays a présenté 5 enseignants à cet événement mondial centré autour de l’innovation dans le secteur éducatif, et s’est distingué en remportant deux prix au Global Educator Challenge dans les catégories Créativité et Innovation.
Le Sénégal a pris part à l’édition 2019 de Global EducationExchange qui s’est déroulée du 2 au 4 avril à Paris. Créé il y a plus de dix ans avec le soutien de Microsoft, Education Exchange (E2), un événement mondial centré autour de l’innovation dans le secteur éducatif, a vu la participation de 5 enseignants du ministère de l’Education nationale. Dans un communiqué, il informe qu’à «Paris, le Sénégal s’est distingué en remportant deux prix au Global Educator Challenge celui de la catégorie Créativité obtenu par Mme Aminata Lô Badiane (institutrice en service au Crfpe de Rufisque) et celui de la catégorie Innovation obtenu par M. Amadou Yacine Diatta (professeur de sciences physiques au Lycée scientifique d’Excellence de Diourbel)». Le document ajoute que «M. Ibrahima Diagne (professeur d’anglais au Lycée de Medina Yoro Foulah/Kolda) a, quant à lui, réussi à l’examen de certification, le Microsoft certified educator». Le communiqué renseigne également que lors du panel Education leaders tenu dans le cadre de cet événement, le Système d’information et de management de l’Education nationale (Simen), lancé en décembre 2016, a été présenté. Le document rappelle que le Simen «met le numérique au cœur du système éducatif et ambitionne de le moderniser grâce aux outils technologiques». A ce titre, souligne-t-on, «il regroupe une suite d’applications web et mobile destinées à permettre aux enseignants et aux élèves d’avoir accès à la technologie pour faciliter l’apprentissage et la gestion du système».
Analysant la participation de notre pays à cet événement, les auteurs du document estiment que «le ministère de l’Education nationale progresse donc assurément dans la mise en œuvre des recommandations des Assises de l’éducation et de la formation et des décisions présidentielles qui en sont issues», visant «à mettre les technologies de l’information et de la communication au cœur de notre système éducatif».Par ailleurs, le document renseigne qu’E2 réunit «chaque année plus de 400 enseignants venus de tous les continents pour leur permettre, outre le partage d’expériences, de présenter un projet novateur mettant en exergue l’intégration du numérique en classe afin d’enrichir les pratiques pédagogiques». De même, il est précisé qu’à l’occasion de cet événement, «sont organisés des ateliers, des conférences et des sessions d’échange autour de thèmes majeurs comme l’intelligence artificielle, la formation des enseignants, les pratiques des systèmes éducatifs». A cela s’ajoute «également un con cours, le Global Educator Challenge, au cours duquel les participants sont invités à trouver une solution innovante à un problème éducatif précis, ainsi qu’un examen de certification (…)».
DES MILLIERS DE TONNES MENACÉES DE POURRISSEMENT
Les producteurs de tomate de la commune de Bokhol ne savent plus à quel saint se vouer. Après avoir réalisé une production record, ils sont obligés de regarder la tomate pourrir dans les champs, à cause de l’incapacité des industriels à l’enlever.
Dans la commune de Bokhol, département de Dagana, région de Saint-Louis, plusieurs milliers de tonnes de tomate fraîche sont menacées de pourrissement, à cause de l’incapacité des industriels d’évacuer la production vers les usines.
Les producteurs de tomate de la commune de Bokhol ne savent plus à quel saint se vouer. Après avoir réalisé une production record, ils sont obligés de regarder la tomate pourrir dans les champs, à cause de l’incapacité des industriels à l’enlever. Le président du comité tomate qui craint le pire s’est expliqué sur cette situation qui s’aggrave de jour en jour. Selon Abdoulaye Dieng qui a tiré la sonnette d’alarme, toutes les conditions étaient réunies pour réaliser une production record cette année, car l’Etat avait très tôt procédé à la distribution des engrais. Les financements avaient été mis en place à temps et les calendriers culturaux respectés à la lettre. Il s’en est suivi une très bonne production dans les périmètres agricoles de la zone suscitant ainsi beaucoup d’espoir de la part des producteurs. Seulement ces derniers vont vite déchanter, car depuis quelques semaines, la tomate a commencé à pourrir dans les champs en grande quantité en raison de l’incapacité des industriels de l’enlever pour le transporter dans les entrepôts de leurs usines en vue de la transformation. Selon Abdoulaye Dieng, le constat est général, la tomate a bien produit cette année mais n’est pas évacuée vers les usines, ce qui est à l’origine de beaucoup de pertes. Sur les raisons qui ont conduit à cette situation, le président du comité tomate a pointé de façon implicite le doigt sur les industriels qui, malgré les efforts qu’ils ont fournis, sont incapables jusque-là d’évacuer les importantes quantités de tomate qui dorment dans les champs et qui sont en train de pourrir. Pour M. Dieng, même si on ne peut pas parler pour l’instant de surproduction, la production de tomate est très bonne et d’ailleurs largement plus importante que celles des trois dernières années. Il fait remarquer dans la même lancée que la tomate a mûri en même temps, alors que l’évacuation n’a pas permis d’atteindre le niveau escompté, malgré le démarrage des opérations d’évacuation par les trois industriels opérant dans la filière depuis le mois de février, plus précisément le 1er février pour la Socas, le 10 février pour Agroline et le 20 février pour Takkamoul Food.
UNE PRODUCTION DE 80 MILLE TONNES ATTENDUE
Pour mettre fin à cette situation avant qu’elle ne s’empire davantage, le président national de la filière tomate invite, au nom de ses camarades producteurs, les industriels à prendre les mesures nécessaires pour enlever la totalité de la production de tomate. Dans ce sens, fait-il savoir, une réunion s’est tenue entre les producteurs, les industriels, la Saed et la Caisse nationale de crédit agricole pour trouver les solutions permettant de sortir la tomate des champs. Les industriels ont d’ailleurs, selon Abdoulaye Dieng, pris l’engagement d’augmenter leur parc automobile et de mettre ensuite en place des stratégies leur permettant d’éviter les pertes. Il s’agit entre autres, d’essayer de privilégier dans le calendrier d’évacuation, les casiers qui avaient repiqué les premiers avant de passer aux autres. Selon les informations fournies par M. Dieng, plus de 2400 ha ont été emblavés pour la tomate et une production record de plus de 80 mille tonnes était attendue, une production qui va dépasser largement les quantités produites au cours des trois campagnes précédentes de tomate industrielle. Sur ce tonnage, la Socas s’était engagée, selon le président du comité tomate, à acheter 30 mille tonnes, alors qu’Agroline et Takamoul avaient promis d’en acheter chacun 25 mille tonnes, des engagements qui risquent de ne pas être respectés si les choses en restent en l’état. Il faut remarquer que ce n’est pas la première fois que cette situation se produit dans cette zone, d’où la nécessité pour le ministère de l’Agriculture et celui du Commerce de s’atteler à mettre en place des mécanismes de régulation permettant de sécuriser la production et d’éviter aux producteurs les importantes pertes qu’ils subissent.
PARCOURS D'UN HOMME DE L'OMBRE
Selon certains collaborateurs du chef de l’Etat, Macky Sall n’a confiance qu’en Mahammad Boun Abdallah Dionne pour conduire ses projets avec succès - Ce dernier n’a aucune ambition politique et il obéit au Président
Mohammed Boun Abdallah Dionne, né le 22 septembre1959 à Gossas, dans la régionde Fatick, est Premier ministre du Sénégal depuis le 6 juillet 2014. Il a été reconduit à son poste qu’il va devoir cumuler avec les fonctions de ministre d’Etat et Secrétaire général de la Présidence.
La reconduction de Mahamadou Abdallah Dionne par Macky Sall traduit la grande confiance qu’il inspire au chef de l’Etat. Ce natif de Gossas, qui va fêter ses 60 ans en Septembre prochain, a eu en charge, pendant 5 ans, la coordination de l’action gouvernementale.
Directeur de Cabinet de 2004 à 2008 à la Primature et à l’Assemblée nationale, il a toujours mis en exergue sa fidélité au Président Macky Sall. Ce qui lui vaut sa longévité à la Primature. Sur le plan politique, il a remporté des succès électoraux lorsdes législatives de 2017 et de la Présidentielle de 2019.
Tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) lors des législatives du 30 juillet 2017, le directeur de campagne du candidat Macky Sall (lors de la dernière présidentielle) a rempli la mission qui lui avait été assignée en conservant une large majorité parlementaire forte de 125 députés, sur les 165 que compte l’Assemblée nationale. Ce fidèle parmi les fidèles de Macky Salla su éviter tout faux pas. Il a mission patron dans les meilleures dispositions pour briguer un second mandat avec plus de 58%.
Cet informaticien de formation ayant servi à IBM et à la BCEAO est encore chargé de diriger le quinquennat du président de la République. Après avoir embrassé une carrière diplomatique, il a été chef du Bureau économique de l’Ambassade duSénégal à Paris et a travaillé à l’Onudi.
Depuis 2014, il occupe le poste de Premier ministre qui sera bientôt supprimé de l’architecture institutionnelle. Après la suppression de ce poste, il restera ministre d’Etat et secrétaire général à la Présidence de la République pour continuer sa mission auprès de son ami, le Président Macky Sall, à qui il voue une loyauté incommensurable. Entre les deux têtes de l’exécutif, il n’existe pas l’ombre d’une brouille depuis leur première collaboration en 2004.
Après la séparation entre Me Abdoulaye Wade et Macky Sallen 2008, Mohammed Boun Abdallah Dionne a quitté le Séné-gal pour rejoindre l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi). Il revient à Dakar au début de 2014 pour être nommé ministre chargé de la Mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE).
Au bout de quelques mois, il est désigné au poste de Premier ministre. Selon certains collaborateurs du chef de l’Etat, Macky Sall n’a confiance qu’en Mahammad Boun Abdallah Dionne pour conduire ses projets avec succès. Ce dernier n’a aucune ambition politique et il obéit au Président Sall.
DIONNE RESTE UN HOMME FORT
Au fond, il n’entendrait plus «Monsieur le Premier ministre», mais il le restera en tant que coordonnateur des activités des ministres et de l’Administration.
On peut croire que Boun Dionne perd du «poids» en n’étant plus Pm. Mais dans les tâches et les attributions, il reste un homme de confiance mais surtout un homme fort du Palais. Du Président aussi.
Macky Sall a pris de cours tout le monde. L’on ne pouvait soupçonner que sa phrase prononcée à la fin de ce qu’on pourrait désormais qualifié de «Discours de Diamniadio», le 2 avril dernier, pouvait suggérer la suppression du poste de Premier ministre. Quoique, en filigrane, «des changements dans la gouvernance de l’Exécutif» ne pouvaient épargner les deux têtes : la Présidence ou la Primature. Alors, il ne reste qu’à suivre la suite. Car, il s’agirait là, moins de la suppression elle-même que ce qu’il mettra dans le corps du super ministre d’Etat, Secrétariat général de la présidence de la République. Mais aussi et surtout, les prérogatives du Pm qui seront, sans doute et à bien des égards, transférées au Secrétariat général de la Présidence. Et puis, Dionne n’est ministre d’Etat et Secrétaire général de la Présidence que le temps de conduire la réforme. Parce qu’il devra y avoir un autre décret précisant qu’il n’est plus Pm et conserve ses autres titres. Et encore, rien ne dit, après cette suppression, que c’est lui ou un autre qui assurera les fonctions de ministre d’Etat et Secrétaire général de la Présidence.
DIONNE, HOMME FORT
La succession de titres (Premier ministre, ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence) fait de Boun Abdallah Dionne un homme fort jusqu’à ce que Macky Sall le décharge de la fonction de Premier ministre. Ça pourrait rappeler la surcharge de Karim Wade, qui lui avait valu la caricature de «ministre de la terre et du ciel». Et puis, c’est être naïf que de penser que Dionne a été affaibli en perdant la Primature. L’on ne cesse de rappeler d’ailleurs, les hyper «machines» du Palais qu’étaient Jean Collin et Ousmane Tanor Dieng, qui étaient au Palais, mais qui faisaient et défaisaient des carrières. En réalité, en étant plus proche (physiquement et politiquement) du chef de l’Etat, il a la preuve de la confiance continue. Il voit et entend plus la voix du maître des céans. Il est davantage «contrôlé» par le chef, mais il a aussi l’avantage de contrôler les hommes du Palais. Au fond, il n’entendrait plus «Monsieur le Premier ministre», mais il le restera en tant que coordonnateur des activités des ministres et de l’Administration. Avec les services rattachés au Secrétariat général de la Présidence, il dirige le «gouvernement du palais». Et, sans doute, dans ce schéma du président de la République, il ne faut pas s’attendre, en dehors de Dionne, que quelqu’un d’autre porte le privilège protocolaire de ministre d’Etat. Il ne sera pas qu’un (simple) «collaborateur», pour reprendre le qualificatif que Nicolas Sarkozy avait donné à son Premier ministre François Fillon. C’est clair. Macky Sall ne veut pas que son mandat soit miné par les ambitions des uns et des autres. Il est vrai que le Premier ministre, au vu de ses prérogatives constitutionnelles, est, trivialement, «le premier des ministres». Et pourtant, pas que. Qu’est-ce qui expliquerait alors que cet adjectif numéral ordinal soit aussi jalousé et convoité. Et il n’occupe pas le 9ème étage du building pour être le dernier ! Il est au sommet des étages. Et, c’est parfois parce que le Pm est un escabeau vers le (vrai) sommet.
MACKY APPLIQUE UNE PROPOSITION DE HOLLANDE
L’on avait souvent comparé Macky Sall à François Hollande dans leur «normalité» prônée. Ils partagent aussi le goût de la mort du poste de Premier ministre. En octobre 2018, à l’occasion des 60 ans de la Constitution de la Ve République, le prédécesseur de Macron avait réitéré -il y avait pensé quand il était Présidentsa proposition pour la suppression du poste de Premier ministre. Il considère que cela donnerait «une légitimité forte au chef de l’Etat». «Je pense qu’il faut couper le nœud gordien. Il faut aller jusqu’au bout. Le président de la République doit être le seul chef de l’Exécutif. Donc plus de Premier ministre, plus de responsabilité devant le Parlement, plus de droit de dissolution», expliquait-il à la télévision française Public Sénat. Plaidant d’ailleurs «un Parlement qui ressemblera au pouvoir du Congrès américain et un président de la République qui est forcément le chef de la majorité». Retour du Sénat ? Sous cette formule de François Hollande, on peut se demander déjà si Macky Sall va revenir au Parlement bicaméral. Il faut dire d’ailleurs, qu’à ce propos, certains proches du chef de l’Etat comme Mounirou Sy et Moustapha Diakhaté ont récemment émis le souhait d’un retour du Sénat qui induirait la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
La mannequin Noémie Lenoir s’est rendue au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun pour comprendre pourquoi le continent, malgré ses ressources et ses talents, produit si peu de vêtements
L’Afrique aime la mode, la belle étoffe, l’harmonie des couleurs fauves ou solaires. L’Afrique inspire la mode. Et si à Paris ou Milan, les couturiers jouent la thématique plein pot, un de premiers à avoir mis en scène cette noce des continents en haute couture reste Jean-Paul Gaultier. Le styliste aime se souvenir de l’image qui l’a inspiré, la première fois qu’il a décentré son regard sur le continent. Celle d’une femme croisée dans le quartier de Barbès, à Paris, un boubou sous son pardessus d’homme. Ce mariage inattendu lui a inspiré sa toute première collection entièrement construite sur le « mélange du dandy avec l’Afrique », comme il la résume lui-même. Ça, c’est sans doute un peu pour la belle histoire, mais c’est ce que Noémie Lenoir voulait s’entendre raconter avant de partir enquêter sur ce qui se joue côté fringues et fripes sur cette terre qui inspire l’hémisphère nord.
La mannequin d’origine réunionnaise, qui a défilé pour Victoria’s Secret, a fait les unes de Vogue, Marie Claire ou Elle et a joué des petits rôles au cinéma, est partie la tête remplie de questions. Le double documentaire (deux fois 52 minutes) qu’elle cosigne avec le réalisateur Antoine Rivière, Habille-nous Africa, en pose de nombreuses. Comment se fait-il que l’Afrique, qui inspire autant la mode européenne, produise aussi peu de vêtements ? Pourquoi un continent qui cultive autant de coton le laisse-t-il quitter les frontières brut, sans cette transformation qui pourrait donner de l’emploi aux jeunes ? Qui sont les espoirs de demain, les jeunes créateurs d’Afrique de l’Ouest ? Où s’habille la jeunesse branchée qui émerge à Dakar, Abidjan ou Douala, inondant les réseaux de selfies dans des sapes imaginatives ?
Pour répondre à ce questionnement, Noémie Lenoir a choisi une trame narrative simple. La mannequin s’est mise en scène, du Sénégal au Cameroun en passant par la Côte d’Ivoire, en quête d’une moisson de fringues pour organiser un défilé dans le désert marocain. Un périple truffé d’entretiens où on la suit pas à pas à la rencontre de ceux qui font la mode de l’ouest du continent, artistes ou businessmen qui racontent leurs success stories et nous entraînent au fond de concept stores que le téléspectateur français s’attendrait plus à découvrir dans une rue parisienne que dans les faubourgs de Dakar.
« Un secteur de richesse énorme »
Installé à Abidjan, le styliste Aristide Loua, patron de la marque Kente Gentlemen, est un bel exemple de ces jeunes dynamiques qui font tomber les barrières. Lui a étudié la finance aux Etats-Unis, avant de créer sa marque et de développer des partenariats avec New York, Tokyo ou Istanbul pour la diffusion. Si économiquement, tout va bien pour lui, il reconnaît que son « vrai challenge est d’inciter à acheter ce qu’on produit ». Ce qui n’est pas encore le cas… Comme si le continent entier nourrissait un sentiment d’infériorité et préférait copier ce qui vient d’ailleurs que promouvoir sa production.
Que faudrait-il pour franchir le pas ? Le patron de Pathé’O a sa petite idée. Lui, le gamin burkinabé arrivé à 14 ans dans les rues d’Abidjan pour ne pas mourir de faim dans son pays, a vu son business décoller le jour où Nelson Mandela a commencé à porter sa marque. Alors aujourd’hui, il martèle sa solution miracle : « Si nos chefs d’Etat acceptaient d’être nos modèles, on y gagnerait »,souffle-t-il, convaincu, à Noémie Lenoir. Pour lui, il y a une industrie de la mode à développer sur le continent. « Ce serait le meilleur endroit pour faire des accessoires, il y a des petites mains, il y a tout », ajoute-t-il, rappelant que « l’Afrique de demain appartient aux créateurs de richesse » et que la mode est justement « un secteur de richesse énorme ».
Richesse ? Industrie ? Noémie Lenoir a voulu comprendre comment il était possible qu’en produisant 400 000 tonnes de coton en Côte d’Ivoire et 200 000 au Cameroun, on ne trouve pas de gros site industriel où l’on carde, file et couse encore cette matière première qui, par-dessus le marché, est biologique. En fait, 95 % de la production part directement à l’export… Ce produit, qui nécessite pourtant de la main-d’œuvre, quitte le continent sans avoir été ni égrainé ni effilé… La preuve en images : l’enquêtrice erre dans une cité fantôme qui, dans les années 2000, abritait une quarantaine d’unités de traitement du coton et n’en a plus que dix aujourd’hui, dans une Côte d’Ivoire pourtant minée par le manque d’emplois. Le pire exemple étant les usines Gonfreville, à Bouaké, réduites à 100 employés quand elles en ont fait travailler plus de 4 000…
L’enfer étant pavé de bonnes intentions, Aïssa Dione, qui s’est lancée dans le tissu d’ameublement à Dakar, rappelle que l’attitude des pays du Nord empêche cette ré-émergence d’une filière textile : « On fait partie d’un système très compliqué. Dans les pays du Nord, on donne [les vêtements usagés] à Emmaüs. Tout est envoyé ici pour rien et la production textile s’écroule chez nous. » C’est d’autant plus grave à ses yeux que le secteur de la création, si on inclut tous les métiers, du tisserand à la couturière, pourrait fournir facilement 50 000 emplois, d’après ses estimations, ce qui « aiderait à freiner la migration des jeunes ».
« Se définir une nouvelle identité »
En fait, c’est à chaque rouage de la filière de la mode que ça coince. La créatrice camerounaise Anna Ngann Yonn, à l’origine de la marque Kreyann, a voulu promouvoir le haut de gamme et localiser en Afrique des défilés de mode. Pour cela, elle a mis sur pied le K-Walk, un défilé 100 % africain ; mais après quatre saisons elle s’est retrouvée étranglée financièrement, sans fonds et sans repreneur. C’était pourtant « un des fashion shows les plus reconnus du continent », regrette celle qui aurait tellement aimé que d’autres pérennisent ce rendez-vous continental et lui donnent une dimension supérieure.
Alain Ngann, photographe camerounais (de mode notamment), estime que ces histoires avortées résultent d’un manque de prise de conscience. « Les gens ne sont pas conscients de notre richesse. Beaucoup de choses ne sont plus transmises de génération en génération et c’est dommage », dit-il, persuadé que l’Afrique inspire bien plus qu’elle ne l’imagine le reste du monde et qu’elle doit se servir de cette force.
C’est aussi le parti pris de Loza Maléombho, 70 000 abonnés sur Instagram, avec sa marque de vêtements. Après six années à New York, elle est rentrée en Côte d’Ivoire pour « utiliser les matières locales », les faire vivre. Aujourd’hui, elle crée des vêtements à partir du tissu utilisé pour les sacs de cacao, cette sorte de toile de jute aux aspects bruts qui ne demande qu’à être travaillée, ou à partir de pagne tissé, une autre spécificité locale.
Si les entretiens de Noémie Lenoir montrent tout le chemin qu’il reste à parcourir, ils s’arrêtent aussi sur de vraies success stories, car tous les créateurs sont convaincus que la mode mondiale sera rapidement bien plus africaine qu’elle ne l’est aujourd’hui. A Dakar, si Aïssa Dione vend aujourd’hui à Christian Lacroix, Paco Rabanne, Louis Féraud ou Hermès, celle qui a grandi et étudié en France s’est étonnée, en rentrant, de la difficulté à meubler et décorer une maison au Sénégal. « A l’époque, 100 % du tissu d’ameublement était importé »,s’offusque la jeune femme, dont l’entreprise fait désormais travailler 100 employés et ne cesse de grandir.
Trouver les créneaux porteurs, croire en ses capacités à inventer un avenir nourri par le passé. « Une des problématiques de l’Afrique de l’Ouest est le questionnement de l’ancien et du nouveau », résume Selly Raby Kane, styliste du collectif Muus Du Tux, à Dakar. Le continent doit à ses yeux « se définir une nouvelle identité non imitatrice de l’Occident, à la fois respectueuse de son héritage et pourtant résolument moderne ». Un défi qui résume bien ce que pourrait être l’Afrique de demain.
Habille-nous Africa, de Noémie Lenoir et Antoine Rivière, sur TV5 Monde Afrique le 8 avril à 21 heures (heure de Dakar) et sur TV5 Monde France le 10 avril à 21 heures (heure de Paris)
MACKY DEJOUE TOUS LES PRONOSTICS
Le chef de l’Etat a surpris plus d’un en annonçant la suppression prochaine du poste de Premier ministre - Avec cette réforme prochaine au niveau de l’Exécutif, Macky Sall veut prendre lui-même les choses en main
Réélu pour cinq ans à l’issue du scrutin présidentiel du 24février dernier, le chef de l’Etat a surpris plus d’un en annonçant la suppression prochaine du poste de Premier ministre. Avec cette réforme prochaine au niveau de l’Exécutif, Macky Sall veut prendre lui-même les choses en main.
Le président de la République veut visiblement accélérer la cadence en étant lui-même le catalyseur de sa politique. Pour ce faire, il a jugé plus approprié de reconsidérer le niveau intermédiaire de transmission et d’animation gouvernementale. C’est pourquoi Macky Sall a annoncé, samedi dernier, lors de la reconduction de Mahammad Bou Abdallah Dionne à la tête du gouvernement, sa volonté de supprimer la fonction de Premier ministre pour être lui-même en contact direct avec les niveaux administratifs chargés de l’application, de l’exécution, mais également de la mise en œuvre. Ainsi, le chef de l’Etat a décidé de poser un jalon décisif dans le pilotage de l’Exécutif parle rapprochement du niveau d’instruction des dossiers que constitue le gouvernement, du centre de décision qu’incarnent le président de la République et ses services.
Autrement dit, c’est tout le processus décisionnel, mais également le suivi et l’évaluation qui seront ajustés avec un recentrage de l’Etat par le haut d’abord. Justifiant un tel choix, le Secrétaire général de la Présidence, Maxime Jean Simon Ndiaye, a soutenu que le Président Macky Sall donne suite à ce qu’il avait évoqué lors de sa prestation de serment du 2 avril2019 en annonçant : «Des changements dans la gouvernance de l’Exécutif pour un meilleur changement des politiques publiques». Selon Maxime Jean Simon Ndiaye, le chef de l’Etat ne fait que renouveler sa volonté résolue d’insuffler une nouvelle dynamique dans la conduite des affaires publiques. Il renouvèle aussi sa détermination à resserrer l’organe gouvernemental, mais également à recentrer les missions essentielles de l’Etat.
Le secrétaire général de la Présidence d’indiquer que le chef de l’Etat s’est ainsi attaché à rester cohérent avec trois viatiques de base qui fondent la performance publique : «la simplicité dans l’organisation, la souplesse dans l’action et le fonctionnement, la clarté et la lisibilité des échelles de responsabilités».