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30 juillet 2025
LA RÉSILIENCE RWANDAISE
25 ans après le génocide contre les Tutsis, à quoi ressemble le Rwanda ? De petit pays enclavé, il est devenu un modèle économique qui fascine sur le continent, avec des taux de croissance à plus de 7% - Comment expliquer cette mutation?
25 ans après le génocide contre les Tutsis, à quoi ressemble le Rwanda ? De petit pays enclavé, il est devenu un modèle économique qui fascine sur le continent, avec des taux de croissance à plus de 7%... Comment expliquer cette mutation? Réponse avec Mehdi Ba, rédacteur en chef du site internet de "Jeune Afrique".
par Jean-Baptiste Placca
FRÈRE DE CHEF D'ÉTAT
Il est presque toujours trop tard, lorsque les chefs d’État eux-mêmes s’aperçoivent qu’ils auraient peut-être pu sauver leur régime, en mettant quelques limites aux excès ou aux abus de tel ou tel membre de leur proche entourage
Alors que le peuple algérien en a manifestement fini avec Bouteflika et vogue vers d’autres exigences, vous semblez vouloir vous attarder sur le rôle de sa famille, en particulier de l’un de ses frères, dans le naufrage de son régime. Pourquoi donc ?
Parce que ce frère, manipulateur mercantile, Saïd, faut-il le nommer, assume une lourde responsabilité dans ce que l’Algérie est devenue, ces dernières années, et dans le sort peu glorieux qui est, finalement, celui de son frère. Il a, avec quelques autres, réussi l’exploit de réduire un chef d’État à un statut de simple produit d’appel, pour pouvoir continuer à faire prospérer ses affaires juteuses, à l’abri du sceau présidentiel. Bouteflika, le président, n’était, à l’évidence, plus en état de gouverner. Mais il fallait le maintenir aux affaires, pour faire illusion. Et ce n’est pas la première fois qu’une famille abuse ainsi des faiblesses d’un chef d’État malade, pour conserver les privilèges du pouvoir, en Afrique.
Dans une interview, passée presque inaperçue, un général à la retraite, Hocine Benhadid, dénonçait, le 10 mars dernier, dans le quotidien El Watan, « l’entêtement de Saïd Bouteflika à maintenir au pouvoir son frère, malade depuis 2005, et dont la situation s’était aggravée en 2013 ». En clair, ces six, sinon ces quatorze dernières années, le président n’était plus aux commandes. Mais son frère l’était, avec quelques complicités haut placées, et une multitude d’hommes de paille opérant en son nom, dans divers secteurs économiques.
Est-ce propre à la seule Algérie ?
Non, évidemment ! En fait, la famille est généralement le talon d’Achille de nombreux chefs d’État, sur le continent. Et souvent, dans leur détermination à en finir avec les régimes qui les oppriment, les oppressent et les exploitent, les peuples en veulent parfois plus à la famille et à l’entourage proche qu’à la personne même du chef d’État dont ils veulent se débarrasser.
Et c’est plus fréquent que vous ne pouvez l’imaginer. Les Guinéens vous en diront tant, sur le rôle d’Ismaël Touré, dans les pages sombres du régime de son frère, Sékou Touré, héros continental, et néanmoins dictateur de la Guinée Conakry. Dans les affaires d’argent comme dans la cruauté vis-à-vis des détenus du Camp Boiro, le nom d’Ismaël Touré aurait mérité d’être mis en facteur…
Wassila Bourguiba, en Tunisie, n’aurait rien eu à envier à Saïd Bouteflika, en matière de camouflage de l’état réel du vrai chef de l’État. Plus récemment, nous avons tous encore à la mémoire, les récits de quelques phases de la gloutonnerie de l’épouse et de la belle-famille de Ben Ali, les Trabelsi. Kadhafi avait, certes, ses frasques et ses travers, mais il était moins concerné par les questions matérielles que certains de ses enfants, qui ont considérablement contribué à lui attirer l’antipathie de son peuple. Au Burkina, vous vous souvenez sans doute des surprenantes révélations sur le frère et la belle-famille du frère du président Compaoré.
Peut-on donc dire que l’impopularité de la famille pèse davantage dans leur chute que ne veulent l’admettre les chefs d’État eux-mêmes ?
Absolument ! Alors que Abdoulaye Wade était encore au pouvoir, et que l’on surnommait son fils, Karim, « ministre du Ciel et de la Terre », une personnalité africaine nous confiait que le père rendait, là, un très mauvais service à son fils, alors perçu comme symbolisant la dérive affairiste du régime Wade. C’est d’ailleurs pour avoir osé convoquer le fils du président à venir s’expliquer devant la représentation nationale sur sa gestion des fonds colossaux d’un sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) que l’ancien Premier ministre, Macky Sall, a été brutalement débarqué de la présidence de l’Assemblée nationale, et contraint à devenir l’opposant, qui battra finalement Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012. Comme le dira plus tard un de ses partisans, poète à ses heures, « un flux monarchique l’emporta, un reflux démocratique le ramena ».
Chaque fois qu’un chef d’État échoue à gérer avec lucidité l’implication de sa famille dans le pouvoir d’État, cela finit par être fatal à tout le clan. Frère, fille ou fils de président, pour certains, est une profession, tout comme belle-famille de chef d’État. Et la question est tellement sensible, que les meilleurs de leurs amis ne peuvent l’aborder avec les chefs d’État eux-mêmes, sans risquer de perdre leur amitié.
Et il est presque toujours trop tard, lorsque les chefs d’État eux-mêmes s’aperçoivent qu’ils auraient peut-être pu sauver leur régime, en mettant quelques limites aux excès ou aux abus de tel ou tel membre de leur proche entourage.
MAXIME JEAN-SIMON NDIAYE NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU GOUVERNEMENT
L'ancien secrétaire général de la Présidence remplace Seydou Guèye au poste
Maxime Jean-Simon Ndiaye n'est plus secrétaire général de la Présidence. Il a été remplacé par Mahammad Dionne, qui cumule ce poste avec celui de Premier ministre. Maxime Jean-Simon Ndiaye quant à lui remplace Seydou Guèye en qualité de secrétaire général du gouvernement.
LE POSTE DE PREMIER MINISTRE SERA SUPPRIMÉ
Le chef du gouvernement sortant Mahammed Boun Abdallah Dionne, reconduit à son poste avec la charge de former un nouveau gouvernement, a confirmé les informations de presse faisant état de la suppression à terme, de la primature
M. Dionne, qui assurera en même temps les fonctions de ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, a indiqué que le prochain gouvernement sera chargé de conduire la réforme devant aboutir à la suppression de chef de gouvernement, pour "mieux d’Etat" et un meilleur suivi des politiques publiques.
Le journal Le Quotidien a évoqué cette perspective dans sa livraison de ce week-end, rapportant que le président de la République "a décidé de supprimer le poste" de Premier ministre.
Le nouveau gouvernement qui sera mis en place "aura pour tâche principale et immédiate de mener cette réforme jusqu’à son adoption par l’Assemblée nationale", écrit le journal.
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DIONNE RECONDUIT À LA PRIMATURE
Le premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne va assumer cumulativement ses fonctions avec celles de ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence - Le nouveau gouvernement est attendu pour les prochaines heures
Le président de la République, Macky Sall a reconduit samedi, Mahammad Boun Abdallah Dionne au poste de Premier ministre.
Il cumulera cette fonction avec celles de ministre d'État et de Secrétaire général de la présidence de la République. Le ci-devant secrétaire général de la présidence de la République, Maxime Jean-Simon Ndiaye devient ministre, secrétaire général du Gouvernement.
S'adressant à la presse, le Pm Dionne a indiqué que la prochaine équipe gouvernementale sera chargée de conduire la réforme devant aboutir à la suppression de chef de gouvernement pour un meilleur suivi des politiques publiques.
Dionne et son gouvernement ont démissionné hier vendredi. Mahammad Boun Abdallah Dionne avait été nommé Premier ministre le 6 juillet 2014, en remplacement d'Aminata Touré. Dionne a été reconduit au lendemain des élections législatives de juillet 2017 après avoir conduit la coalition présidentielle à la victoire.
C'EST QUOI UN RECENTRAGE ORGANIQUE ?
Macky Sall semble définitivement tourner vers une révolution de Palais quand son administration parle d’un « resserrement organique » du prochain gouvernement. Éléments d’explication… d’une expression
« Le poids des mots, le choc des choix à venir », pourrait-on, ainsi, détourner un célèbre slogan. Macky Sall semble définitivement tourner vers une révolution de Palais quand son administration parle d’un « resserrement organique » du prochain gouvernement. Éléments d’explication… d’une expression.
« Le chef de l’Etat vous informe qu’incessamment sera composée une nouvelle équipe pour ce quinquennat qui démarre, constituée de femmes, d’hommes et de jeunes. Elle sera surtout marquée par un resserrement organique, un recentrage des missions essentielles autour des priorités qu’il compte imprimer à ce quinquennat », a prévenu Maxime Jean Simon Ndiaye après la démission du Pemier ministre Abdallah Dionne. Comment être explicite tout en étant laconique ? C’est une prouesse linguistique.
Réduction du nombre de ministres
L’expression « resserrement organique » interpelle en premier. Elle renvoie à « un regroupement à l’interne afin que les éléments soient plus solidaires », analyse Mamadou Ndiaye, professeur titulaire de linguistique française à l’Ucad. Cependant, le spécialiste en linguistique apporte un point de nuance en précisant que « les termes n’ont de sens que dans leur contexte ». Et dans le cas de figure d’une projection dans un futur gouvernement, un « resserrement organique » peut évoquer « la réduction du nombre de ministres afin de rendre cohérent et plus efficace le groupe donc le gouvernement ».
Depuis son arrivée à la tête du Sénégal en 2012, Macky Sall a « consommé » trois Premiers ministres et cinq gouvernements. Abdoul Mbaye fut Premier ministre du 4 avril 2012 au 1er septembre 2013. Ses trois gouvernements comptaient 25 membres (ministres et secrétaires d’Etat) pour le premier (4 avril 2012 au 28 octobre 2012), et 30 pour les deux autres (29 octobre 2012 au 14 février 2013 et 14 février 2013 au 1er septembre 2013 ).
Aminata Touré a pris le relais de l’ancien banquier entre le 2 septembre 2013 et le 6 Juillet 2014. L’ancienne fonctionnaire internationale était à la tête d’un gouvernement composé de 31 ministres et d’un ministre délégué.
39 membres
Le tout récent démissionnaire Mahammed Boun Abdallah Dionne a dirigé deux gouvernements. Le premier du 6 Juillet 2014 au 6 septembre comptait 39 membres, 30 ministres, 3 ministres délégués, 6 secrétaires d’Etat. Le deuxième du 6 Septembre 2017 au 5 avril 2019 avait en son sein 39 membres répartis entre 35 ministres et 4 ministres délégués.
Dans un langage soutenu, le président Sall donne les contours du prochain gouvernement. « En prenant la suite de la phrase, il y a le mot « recentrage ». En général, on recentre quelque chose qui est dispersée. Dans le cas de figure, on veut certainement évoquer resserrer les rangs. C’est toujours dans le même ordre d’idées que resserrement organique », note le professeur Ndiaye.
par Modou Mamoune FAYE
MAIS, POURQUOI SONT-ILS SIBETH ?
Pourquoi toutes ces attaques contre Sibeth Ndiaye qui, pourtant, n’est pas la première femme noire issue de l’immigration à accéder à de hautes fonctions au sein du gouvernement français ?
La nomination de Sibeth Ndiaye, le 31 mars dernier, comme secrétaire d’Etat, porte-parole du gouvernement, a revigoré les vieux démons du racisme en France. Depuis qu’elle a accédé à ce poste stratégique, l’ex-conseillère de presse d’Emmanuel Macron s’attire les foudres des réactionnaires de la fachosphère hexagonale. Ces derniers se sont rués sur les médias traditionnels et les réseaux sociaux pour lui balancer des propos nauséabonds qui puent le racisme et le sexisme. Certains s’en prennent à son code vestimentaire qui tranche avec le look bcbg des cadres, des ministères, d’autres font des remarques humiliantes sur sa coiffure afro. Bref, toute la panoplie langagière du parfait xénophobe franchouillard qui croit dur comme fer que les Noirs et les Arabes sont la cause de ses déboires quotidiens.
Au micro de Rtl, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (Rn, le parti de Marine Le Pen) pour les européennes balance tout de go : « Sibeth Ndiaye assume d’être une menteuse professionnelle », reprenant des propos que l’actuelle porte-parole du gouvernement français aurait tenus et qui, selon cette dernière, ont été complètement sortis de leur contexte. Un autre membre du Rn, porte-parole de ce parti, Sébastien Chenu, va plus loin dans la démagogie en affirmant sur Cnews : « Elle assume le fait de mentir et ça devient un marqueur de la Macronie ». Même les gauchos, d’habitude si ouverts, s’y sont mis. En apprenant la nomination de Sibeth Ndiaye, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a cru à un « poisson d’avril fait quelques heures trop tôt ».
Mais la palme revient à Robert Ménard, ex- secrétaire général de Reporters sans frontières, ancien gauchiste récupéré par l’extrême droite et actuel maire de Béziers. Sur Rmc, mardi dernier, il a attaqué Sibeth Ndiaye, non pas sur ses compétences, mais sur ses… origines familiales. « La légende autour d’elle, sous prétexte qu’elle est d’origine sénégalaise, laisserait entendre qu’elle ait un parcours difficile. Je vous rappelle que sa mère présidait le Conseil constitutionnel au Sénégal, c’est la bourgeoisie sénégalaise », a-t-il osé dire sans sourciller. Le hic est que les anti-Sibeth, on en trouve au cœur même de l’Etat français. « Depuis que le communiqué du remaniement est tombé, on s’appelle tous entre nous. On est sciés, pour ne pas dire dubitatifs. On ne comprend pas », a confié un conseiller ministériel au quotidien Le Parisien.
Mais pourquoi toutes ces attaques contre Sibeth Ndiaye qui, pourtant, n’est pas la première femme noire issue de l’immigration à accéder à de hautes fonctions au sein du gouvernement français ? Il y a eu le cas de Rama Yade, une autre Sénégalaise de naissance, qui avait occupé des positions plus prestigieuses : secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères, puis chargée des Sports sous Nicolas Sarkozy. Peut-être que cette dernière était beaucoup plus « lisse », plus « intégrée » aux yeux des fachos. Cette phrase de l’écrivain Olivier Marteau illustre parfaitement nos propos : « On peut très bien être femme, ministre, noire et respecter la fonction et les gens. Exemple : Rama Yade », a-t-il déclaré dans un tweet.
Il est vrai que Sibeth Ndiaye, jeune femme de 39 ans, née à Dakar le 13 décembre 1979 et naturalisée française qu’en 2016, a une dégaine qui ne plaît pas à certains Français ringardisés et peu ouverts aux apports extérieurs. Elle s’habille comme elle le sent : jeans, jupes colorées et paire de baskets blanches, avec une tignasse afro ou des dreadlocks qui font gerber les défenseurs du puritanisme protocolaire. Il est tout aussi vrai qu’elle n’use pas de la langue de bois lorsqu’il s’agit de communiquer. Mais cela justifie-t-il tout ce déferlement de propos racistes dans un pays où les mots liberté, égalité et fraternité font office de devise nationale ? Et puis, ceux qui lui reprochent sa couleur de peau, son look et son franc-parler ignorent sans doute que dans son pays d’origine, elle est issue d’une famille qui symbolise toute la tolérance à la sénégalaise : un père musulman, Fara Ndiaye, ancien compagnon de lutte de l’ex-Président Abdoulaye Wade, et une mère catholique, Mireille Ndiaye, d’origine togolaise, qui a choisi le Sénégal comme pays d’adoption au point d’en devenir la présidente du Conseil constitutionnel.
Les attaques contre Sibeth Ndiaye ne datent pas de sa nomination comme porte-parole du gouvernement français. En 2017 déjà, le Canard Enchaîné lui avait reproché d’avoir été irrespectueuse envers la mémoire de Simone Veil, après le décès de cette dernière, en tweetant : « Yes, la meuf est dead » (oui, la dame est morte). Une information démentie plus tard par une enquête minutieuse du quotidien français Libération. A l’époque, Ibrahima Diawadoh N’Jim, d’origine mauritanienne et ancien conseiller de Manuel Valls, avait écrit ceci dans le Monde : « Ce qu’on reproche à Sibeth Ndiaye, c’est d’être une femme noire qui a réussi. Cette polémique relève d’un racisme insidieux encore bien présent en France ». Toute cette histoire montre, en effet, que certains Français ne se rendent pas compte que le visage de leur société a radicalement changé. Quant à Sibeth Ndiaye, elle semble bien « carapacée » face à ce déferlement de racisme. Sur Bfm Tv, mercredi dernier, elle a balancé ces propos pleins de sagesse à ses détracteurs : « Quand vous êtes une femme et qu’en plus vous êtes noire, on met toujours en doute la raison pour laquelle vous êtes là. On vous dira que c’est de la discrimination positive, que c’est un peu du hasard, que c’est le fait du prince, que c’est grâce à vos amitiés ». Pan sur le bec !
LA PRIMATURE EN SURSIS
Alors que le pays bruit des spéculations sur le nom et le profil du futur chef du gouvernement, Le Quotidien a appris que le chef de l’Etat a décidé de supprimer le poste en question - La prochaine équipe aura notamment pour tâche de mener cette réforme
Alors que tout le pays bruit des spéculations sur le nom et le profil du prochain chef du gouvernement, Le Quotidien a appris que le chef de l’Etat a décidé de supprimer le poste en question. L’équipe qui sera mise en place aujourd’hui, aura pour tâche principale et immédiate de mener cette réforme jusqu’à son adoption par l’Assemblée nationale.
Le propos est passé inaperçu dans son discours d’investiture, et pourtant Macky Sall avait annoncé la couleur. Le Président réélu avait déclaré le 2 avril dernier, après sa prestation de serment : «Je compte saisir l’Assemblée nationale afin qu’elle accompagne les changements dans la gouvernance de l’Exécutif pour un meilleur suivi des politiques publiques.» Peu nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur le sens de cette phrase et sur les fameux changements dont parlait le chef de l’Etat. Pourtant, Le Quotidien est en mesure d’affirmer aujour¬d’hui qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de la suppression du poste de Premier ministre.
Le nouveau chef de gouvernement qui sera nommé aujour¬d’hui, aura pour tâche principale, de faire passer cette réforme auprès de l’Assemblée nationale. Dans cet ordre d’idées, dès le premier Conseil des ministres de la nouvelle équipe gouvernementale, un projet de loi sera élaboré et adopté, en vue d’être soumis dans les plus brefs délais à l’Assemblée nationale.
Avec la majorité confortable dont il dispose à l’Assemblée, le Président peut s’assurer que son projet sera adopté et la réforme actée le plus rapidement possible. Le Pm qui sera nommé aujourd’hui devra alors rendre le tablier et laisser les membres du gouvernement rendre directement compte au président de la République.
Les exemples de Senghor et Diouf
Avec cette réforme, Macky Sall donne l’impression de faire un saut dans le passé. Ce n’est pas la première fois que le Sénégal décide de supprimer le poste de Premier ministre. La première fois, ce fut juste après la crise que le pays avait connue, avec la dualité au sommet de l’Exécutif, entre Mamadou Dia et Léopold Senghor. Victorieux de son bras de fer, le Président-poète décidera de faire pièce à l’institution primatoriale. Le pays connut ainsi un hiatus de 1963 à 1970, quand il décida de nommer Abdou Diouf à ce poste. Ce dernier, qui sera le seul Premier ministre de Senghor après Mamadou Dia, occupera la station pendant dix ans, sans interruption.
Devenu chef de l’Etat en 1981, Abdou Diouf tentera aussi l’expérience en 1983. Habib Thiam qui avait été Premier ministre, sera écarté au profit de Moustapha Niasse, qui cumulait alors le poste avec son portefeuille des Affaires étrangères. Il présentera rapidement un projet de réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale, pour se retrouver après, simple ministre des Affaires étrangères.
Dans les deux cas, les deux chefs de l’Etat avaient leurs objectifs, dont on peut imaginer qu’ils ne sont pas les mêmes que ceux de Macky Sall.
Fast track
Le Président Sall, tout le monde en convient, est tenu d’opérer des réformes pour pérenniser son Plan Sénégal émergent (Pse). Et il n’a que 5 ans pour produire des résultats solides et durables. Il a affirmé, dans son discours d’investiture, que «quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain». Et il avait indiqué que c’était cela, «le cap que j’entends fixer aux équipes qui m’accompagneront dans ce nouvel élan de réformes transformatives». On peut comprendre que dans ces conditions, aussi fidèle qu’il soit, le Premier ministre Boun Abdallah Dionne, pouvait difficilement apporter du nouveau dans les méthodes de gestion.
On sait que, depuis un certain temps déjà, le chef de l’Etat se désolait de la lenteur de certains de ses projets, ainsi que des lourdeurs de son Administration. Il souhaitait très clairement faire bouger les choses et avait une fois de plus déclaré : «Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’Etat en mode fast track. Nous l’avons déjà réussi pour des projets et initiatives majeurs. Il nous faut généraliser ces meilleures pratiques.»
Une fois le canevas tracé, le chef de l’Etat veut suivre ses projets au plus près. Détaché de la préoccupation d’une réélection que la Constitution lui interdit, Macky Sall sait qu’il ne pourra marquer l’Histoire que par ses réalisations et ses réformes. Il va assumer la réalisation des projets qui pour certains, pourraient le rendre impopulaire. Mais Il a dit à des proches que cette fois-ci, il va se «retrousser les manches, mettre le bleu de chauffe et descendre sur le chantier». En d’autres termes, Macky va être le Maître d’ouvrage, le contremaitre et le contrôleur. Pour cela, il va travailler avec une équipe gouvernementale resserrée, et mettra le pied à l’étrier à des compétences immédiatement opérationnelles. Le Président ne mettra pas dans son gouvernement des personnes qui viendraient pour se former à l’exercice du pouvoir.
Avantages de la disparition de la Primature
L’un des bons côtés de la suppression du poste de Premier ministre est, pour le chef de l’Etat, d’éviter de se laisser distraire par le débat sur sa succession. Le Président estime qu’en nommant quelqu’un au 9ème étage du Building administratif, il le présenterait, aux yeux de certains, comme son dauphin désigné, à l’image de Abdou Diouf avec Senghor. Cela serait, pour d’autres ambitieux, un signal pour tenter de l’abattre. Sans compter que ce Pm de son côté, pourrait se sentir pousser des ailes et essayer de placer ses hommes, au lieu de chercher à accomplir sa mission. Dans ces conditions, le chef de l’Etat risquerait de passer une bonne partie de son temps à arbitrer des ambitions au lieu de travailler. D’où cette forte parole qu’il a lâchée devant ses proches : «Il n’y a pas de place pour une compétition politique au sein du gouvernement !»
D’ailleurs, des observateurs soulignent que même le Président Wade, au plus fort de la tension entre le Premier ministre Idrissa Seck et lui, avait envisagé la suppression du poste de Premier ministre. C’était au moment du fameux coup d’Etat rampant, couché, et finalement débout, théorisé dans l’entourage du Président. Le dilemme avait été réglé avec l’emprisonnement de Idy. Mais même son successeur, Macky Sall, n’avait pas connu meilleur sort à la fin.
Gain de temps et d’argent
En évitant tous ces déboires à l’occupant de ce poste, le Président, dans sa volonté de simplifier les procédures, met également fin à de nombreux postes budgétivores, en plus d’être des goulots d’étranglement. Dans la nouvelle articulation, les nombreux services à ce jour attachés à la Primature, rendront directement compte à leur ministre de tutelle. Ce dernier de son côté, soumettra directement au chef de l’Etat. D’où un gain de temps et d’argent bien appréciable, induit par la suppression de nombreux postes.
Quid du dialogue ?
Beaucoup de personnes ont exprimé hier au journal Le Quotidien leur préoccupation quant à la sincérité de l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat, à la lumière de nouveaux développements. Certains ont même affirmé à ce journal que l’on ne pouvait pas appeler à un dialogue inclusif, et décider de manière abrupte et unilatérale, d’une réforme aussi importante que celle qui touche le fonctionnement de l’Exécutif. Ce à quoi, par avance, le chef de l’Etat avait, en quelque sorte, confié à ses proches, qu’il n’y avait pas d’inquiétudes à se faire. Pour Macky Sall, «le dialogue national devra être ouvert de façon inclusive et transparente, et nous en jugerons les résultats. Si ces derniers induisent un élargissement de l’attelage gouvernemental, cela pourrait se faire à l’issue des résultats des Locales».
En attendant, la voix des urnes a parlé et la Présidentielle aura donné à Macky Sall une légitimité suffisante pour décider et agir.
LE GOUVERNEMENT CONNU AUJOURD’HUI ?
Un nouveau gouvernement va être formé «incessamment» par le président de la République. L’annonce a été faite hier par le Secrétaire général de la présidence de la République, Maxime Jean Simon Ndiaye.
Un nouveau gouvernement va être formé «incessamment» par le président de la République. L’annonce a été faite hier par le Secrétaire général de la présidence de la République, Maxime Jean Simon Ndiaye. Le Premier ministre Mahammed Boun Ab¬dal¬lah Dionne a présenté sa démission, celle de son gouvernement à Macky Sall au palais de la République.Macky : «D’ici demain, je vais devoir faire les consultations»
C’est officiel depuis hier. Le Sénégal n’a plus de gouvernement. Le Premier ministre sortant a présenté la démission de son équipe gouvernementale au président de la République. Après avoir accordé une audience à Mahammad Boun Abdallah Dionne, Macky Sall annonce la formation du nouveau gouvernement. «Je voudrais accepter cette démission du gouvernement comme le veut la tradition républicaine : après une élection présidentielle, le Premier ministre donne sa démission, celle du gouvernement. Mais je tenais aussi à vous remercier ainsi que tous les membres du gouvernement qui n’ont ménagé aucun effort pour la mise en œuvre des politiques que j’avais définies. Les résultats obtenus illustrent éloquemment ce travail collectif d’équipe. Maintenant, je pense qu’il faudra réorganiser et poursuivre l’effort qui a été entamé. D’ici demain, je vais devoir faire les consultations. Mais je tenais à vous remercier et je pense que le Secrétaire général de la Présidence pourrait faire une petite communication à ce propos», a déclaré le chef de l’Etat en recevant la lettre de démission du dernier gouvernement de son septennat.
«Une équipe resserrée et recentrée»
Et justement, Maxime Jean Simon Ndiaye a fait face à la presse en donnant une idée de la ligne du prochain attelage gouvernemental. «Le chef de l’Etat vous informe qu’incessamment sera composée une nouvelle équipe pour ce quinquennat qui démarre. Constituée de femmes, d’hommes et de jeunes, elle sera surtout marquée par un resserrement organique, un recentrage des missions essentielles autour des priorités qu’il compte imprimer à ce quinquennat», a assuré Maxime Jean Simon Ndiaye. Après avoir répété les félicitations du chef de l’Etat à l’endroit de Dionne et son équipe, le Sg de la Présidence a poursuivi la lecture du message de Macky Sall : «Le Premier ministre sortant a su donner le meilleur de lui-même en faisant porter à son projet politique la marque d’une cohérence quotidienne ancrée dans le culte du résultat et qui nous vaut beaucoup de satisfaction aujourd’hui. Le Président n’a pas manqué de souligner que durant ses 57 mois de fonction, le Premier ministre sortant a accompli avec satisfaction les charges qui lui ont été confiées. S’adressant aux ministres, le chef de l’Etat salue leur engagement déterminant dans leur secteur respectif. Le chef de l’Etat considère que leurs résultats ont été à la hauteur de leur dévouement à leur vision collective du futur. Le 6 juillet 2014, en nommant aux fonctions de Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, il avait fait le pari juste sur un compatriote dévoué aux causes nationales, un collaborateur loyal, mais également un homme généreux dans l’effort et le travail.»
A son tour, Boun Abdallah Dionne a réitéré sa «gratitude» et sa «disponibilité» ainsi que celles de son équipe à l’endroit du chef de l’Etat. «Nous sommes venus respectueusement présenter la démission du gouvernement de la République. J’ai saisi cette opportunité bien entendu au nom de toute l’équipe qui a eu à accompagner Son excellence Monsieur Macky Sall, président de la République. Au nom du gouvernement, nous sommes venus pour réitérer nos remerciements et notre profonde gratitude pour l’opportunité qu’il a bien voulu nous offrir de l’accompagner pour servir le Peuple sénégalais sur la voie de l’émergence. A présent, c’est, comme je le disais, le temps du Président après la démission du gouvernement. Et bien entendu, le Président va mettre en place une nouvelle équipe parce qu’il s’agit aussi d’un temps nouveau. Un temps pour prendre en compte davantage les espérances de la Nation qu’il porte très bien. Ce qui lui a valu d’ailleurs sa reconduction. Je pense que, très bientôt, cette nouvelle équipe sera annoncée», a-t-il dit. Evidemment, la question ne pouvait pas manquer. «Est-ce qu’on peut s’attendre à votre reconduction ?» A cette question d’un journaliste, Boun Dionne a répondu par un petit sourire avant de quitter la salle.
LA CATHEDRALE SAINT-ANTOINE DE PADOUE FERME SES PORTES
C’est une bâtisse qui a aujourd’hui 98 ans. Mais, elle se trouve dans un état de délabrement très avancé.
IBOU MANE - (CORRESPONDANT) |
Publication 06/04/2019
C’est en 1921 que la Cathédrale Saint-Antoine de Padoue de la ville de Ziguinchor a été mise sur les fonts baptismaux par le père Jean-Marie Esvan. Ce bâtiment, qui croule aujourd’hui sous le poids des ans, a été fermé pour des raisons sécuritaires.
Finalement, la Cathédrale Saint-Antoine de Padoue de Ziguinchor a été fermée pour des raisons de sécurité. «Déjà en 2018, pendant l’hivernage nous nous débrouillons à occuper les endroits non inondés pour célébrer nos messes. Mais depuis le mois février dernier la charpente commence a cédé», informe l’Abbé Damas de la Cathédrale Saint-Antoine de Padoue. Craignant pour le prochain hivernage où tout risque, selon lui, de s’écrouler, l’Abbé Damas souligne que l’église a depuis attiré l’attention des autorités du ministère de tutelle sur cette situation. Mais en attendant et étant dans l’impossibilité de célébrer des messes au niveau de cette cathédrale, les autorités catholiques ont, par la voix de l’Abbé Damas, décidé tout bonnement de fermer l’Eglise pour des raisons sécuritaires.
Et pour pallier cette situation, Abbé Damas soutient que l’Eglise compte chercher une grande bâche de 300 à 400 places pour célébrer les messes en attendant la réfection du Bâtiment dont le coût total s’élève, selon lui, à 90 millions F Cfa. «Mais, avant la réfection générale du bâtiment par les autorités étatiques, nous comptons réaliser de manière urgente et par nos propres moyens la toiture avec le soutien des bonnes volontés», souligne l’homme d’église.