Kaffrine, 5 fév (APS) - Le candidat de la coalition "Sonko Président’’, Ousmane Sonko, a appelé, mardi, à Kaffrine (centre), les jeunes à "renverser" le système en place au Sénégal depuis l’indépendance du pays en 1960. "Je suis le candidat de la jeunesse. Et j’en suis fier. C’est cette jeunesse qui constitue le présent et l’avenir du pays. Elle ne peut pas se reconnaître dans ce système qui date depuis l’indépendance. Chère jeunesse, renverse ce système le soir du 24 février", a exhorté le leader du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Attendu lundi, Ousmane Sonko n’a finalement foulé le sol de Kaffrine que ce mardi dans la soirée. Auparavant, le leader de PASTEF s’était rendu dans le département de Koungheul. A Kaffrine, il est largement revenu sur les incidents de Saint-Louis où deux de ses militants ont été blessés. "BBY [Benno Bokk Yaakaar] est affolé et a peur. On dirait que la coalition Sonko Président est la seule opposition. Cette coalition nous accuse gratuitement à tort et à travers. Cela montre qu’ils ont peur de nous", a lancé M. Sonko. Il a appelé ainsi les forces de défense et de sécurité ainsi que les autorités religieuses et la justice à réagir face à de telles attaques. Après avoir listé les maux de Kaffrine, Ousmane Sonko a promis de changer le visage de cette région, s’il est élu président. Il a toutefois exhorté ses militants à privilégier les visites de proximité pour, dit-il, davantage convaincre les populations sur la nécessité de changer le système. "Nous n’avons pas besoin de dépenser des millions et des millions pour mobiliser. Il faut plutôt privilégier les visites de proximité pour vulgariser notre vision politique", a-t-il insisté.
"IDY 2019" PRÉCONISE UN CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION
Dakar, 6 fév (APS) - Le candidat Idrissa Seck, une fois porté à la tête de l’Etat, va mettre sur pied un Conseil supérieur de l’éducation dont le fonctionnement et les grandes décisions reviendront aux acteurs eux-mêmes, a indiqué mardi Abdourahmane Diouif, son porte-parole.
Le Conseil supérieur de l’éducation serait comme le Conseil supérieur de la magistrature où les acteurs eux-mêmes régulent leur propre secteur. "Mais à la différence des acteurs de la justice, ce conseil sera supervisé par le Président Idrissa Seck une fois élu mais le fonctionnement et les grandes décisions seront prises par les acteurs eux-mêmes", a expliqué Abdourakhmane Diouf par ailleurs membre du directoire de campagne du candidat Idrissa Seck à la présidentielle du 24 février prochain.
"L’une des lignes directrices de ce programme est de faire également de l’enseignant le socle du système puisqu’un enseignant qui n’est pas motivé est un enseignant qui va faire crouler le système", a-t-il assuré. L’idée pour le candiat Idrissa Seck est, selon son porte-parole, "d’établir une relation multipartite entre les élèves qui veulent étudier, les enseignants qui réclament un plus de dignité et l’Etat qui doit mettre les moyens".
Pour la petite enfance, Abdourahmane Diouf estime qu’"il faut semer la graine et l’entretenir et il n’est pas normal que des enfants des couches moyennes aient la possibilité d’aller à la maternelle alors d’autres n’en ont pas la possibilité". Il s’agit, soutient-il, "d’universaliser de façon graduelle l’accès à l’enseignement maternel" afin de permettre aux enfants de parents défavorisés et des zones rurales d’y avoir également accès.
Parlant de l’enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf fait remarquer que le candidat Idrissa Seck va "décongestionner, déverrouiller et anticiper sur les enjeux du futur". "Nous sommes d’accord que tout le monde ne peut pas aller à l’université avec près de 40000 bacheliers par année. Il faut une situation intermédiaire qui propose des formations professionnelles pures aux bacheliers mais également aux non bacheliers", renseigne le porte-parole.
"La scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans dans notre programme ne doit pas être une promesse vaine mais une réalité", a encore dit M. Diouf, évoquant au passage les enfants scolarisables hors du système qui seront pris en charge. Dans le programme également figure en bonne place "les enfants en situation de handicap" pour leur plein épanouissement dans le système note t-il. "Idy 2019" a élaboré un projet de société dénommé "Sénégal gagnant" à travers une déclinaison chiffrée "1-3-15-45".
Le 15 englobe les visions programmatiques dont la 5ème est appelée "le Sénégal instruit". Dans cette vision figure trois déclinaisons thématiques : l’éducation nationale, la petite enfance et l’enseignement supérieur.
Le programme de la coalition "Idy 2019" prend en compte l’ensemble du cursus scolaire et académique au Sénégal de la maternelle au doctorat pour "une meilleure fluidité entre les différents stades du cursus scolaire", a rapporté M. Diouf. "Idy 2019" a pris l’engagement devant des acteurs de l’éducation de "travailler avec les ONG, les syndicats et toutes les formes d’associations qui œuvrent dans le domaine de l’éducation et qui pourraient apporter une contribution".
TRANSFORMÉS EN ÉCO-PARCS LES PARCS INDUSTRIELS DE DIAMNIADIO
"Nos différentes potentialités doivent être mises en synergie pour qu’à Diamniadio, nous arrivions à mettre réellement des parcs industriels qui sont conformes et respectent l’environnement", a suggéré mardi Mariline Diarra
Dakar, 5 fév (APS) - Les parcs industriels installés au Pôle urbain de Diamniadio, à la sortie de Dakar, doivent être transformés en éco-parcs industriels verts aux normes environnementales, a suggéré mardi la directrice de l’environnement et des établissements classés, Mariline Diara.
"Nous devons faire de ces parcs industriels, des éco-parcs, avec l’appui de la DEEC", la Direction de l’environnement et des établissements classés, a-t-elle dit à l’occasion du lancement des activités du programme "villes durables" dont la mise en œuvre est assurée par le Bureau de mise à niveau (BMN) des entreprises. La ville de Dakar et celle de Diamniadio, le pôle urbain en construction pour désengorger la capitale, sont ciblés pour la mise en œuvre de ce programme.
"Dakar est déjà une ville existante, un acquis, on se projette sur Diamniadio, une ville verte et durable", a expliqué Mariline Diara. "Nos différentes potentialités doivent être mises en synergie pour qu’à Diamniadio, nous arrivions à mettre réellement des parcs industriels qui sont conformes et respectent l’environnement", a-t-elle insisté. À travers le pays, d’autres zones industrielles sont en train d’être réalisées, ce qui doit amener à la manière de rendre ces villes vertes et durables, a indiqué la directrice de l’environnement et des établissements classés.
Selon Mariline Diara, cette approche ’’intégrée’’ avait été lancée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), à travers trois thèmes que sont les villes durables, la sécurité alimentaire et les forêts. "Le Sénégal est le seul pays au monde à avoir bénéficié de deux approches intégrées, notamment les villes durables et la sécurité alimentaire", a-t-elle affirmé.
Le programme "villes durables", explique Mme Diara, comporte deux composantes, dont celle relative au drainage des eaux et à la gestion de l’érosion côtière dans les villes de Saint-Louis et Diamniadio. L’autre aspect se résume au volet industriel exécuté par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI).
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
ISSA SALL, PUR-SANG AU TROT
EXCLUSIF SENEPLUS - De tous les aspirants à la fonction, il présente une originalité qu’on aurait tort de négliger - Quelque que soit en effet son score le 24 février, El Hadji Issa Sall est déjà victorieux - INVENTAIRE DES IDOLES
A l’ombre d’Ousmane Sonko, a éclos une figure politique atypique, d’autant plus intéressante qu’elle agrège presque tous les traits romanesques : discrétion, ascension, mystère, popularité, populisme, mysticisme, ambition, acquis professionnels. El Hadji Issa Sall s’est qualifié pour les élections sans grands bruits, bousculant l’offre habituelle, présentant une allure singulière et participant d’une recomposition politique dont le caractère inédit est appelé à croître.
De tous les aspirants à la fonction, il présente une originalité qu’on aurait tort de négliger. Sans la surévaluer, elle donne de la matière pour flairer une analyse. Pour ceux qui appellent à la transformation politique, à une inclusion des classes populaires, à une adaptation aux valeurs endogènes, il offre, à sa mesure, sans doute avec des déficits, quelques pistes de ce que pourrait devenir le militantisme politique dans quelques années. Cette originalité, si elle ne lui garantit pas d’avance un succès électoral, l’écarte définitivement d’une défaite.
Quelque que soit en effet son score le 24 février, El Hadji Issa Sall est déjà victorieux, avec une irruption durable sur une scène dont Sonko est l’autre nouveau-né. C’est un agent de transformation. S’il ne révolutionne pas la scène, il la colore différemment. El Hadji Issa Sall est comme l’augure, l’annonce d’une jonction entre le désir de retour aux valeurs et l’orientation vers la technicité sociale. Il semble déjà avoir installé les prémisses d’une vision politique qui suscite sinon l’adhésion, la curiosité.
Différents observateurs ont été d’abord marqués par les images de liesse, de grands rassemblements aux couleurs de son parti, ce vert et blanc très islamique. Ces manifestations qui prennent d’assaut les rues de la banlieue, avec un cap pour la province. Ces scènes impressionnantes, pour un parti renaissant, au leader qui n’a pas jamais occupé de poste de premier plan, ont animé les décryptages. Décontenancés, les journalistes ont oscillé entre le boycott, l’incompréhension et les analyses farfelues sur un « mysticisme » décrit comme inviolable. La massification, qui est un indice – même trompeur – de la force de frappe politique, semble avoir souri à ce père de famille débonnaire, au large sourire, qui est en train de monter une vraie mécanique politique à l’organisation ordonnée, aux idées de communication inspirées, au travail méthodique, avec un usage des réseaux sociaux et des outils numériques qui présentent un vrai avant-gardisme.
Mais ce regard laisse en rade bien des choses du parcours d’El Hadji Issa, véritable moteur de ce projet. Docteur en informatique à la fin des années 90, bien avant l’essor majeur du numérique, il a ouvert dans la foulée l’université du Sahel en 1998, école en tous points précurseur et pilote d’une vision. 1998, date aussi de naissance du PUR. L’établissement privé et supérieur présente la caractéristique de s’orienter vers des filières techniques et utilitaires, et plus encore, elle semble survivre. Sa longévité n’est égalée que par l’UCAD et l’UGB et sa vocation panafricaine, de tout temps assumée, décline peu la vision de son président. Le crédo de retour des diplômés au pays, qui a toujours été un enjeu, avec des fortunes différentes, a abondamment animé le discours intellectuel pré et post indépendance. Le projet de Sall s’inscrit donc dans une pensée ancienne mais elle ajoute le mérite de persévérance, et surtout la suite dans les idées. Le nécessaire désengorgement des filières littéraires, l’orientation davantage vers la technicité, l’apprentissage local d’un monde universitaire, le crédit de l’ancienneté, ont posé les bases d’une vraie vision intellectuelle dont l’engagement politique est l’aboutissement.
Néo-politique, El Hadji Issa Sall reste surtout un vieux briscard qui a pris le temps d’analyser une scène qu’il a connue, dont il a vu les angles morts. La présidence de l’université ainsi que son intérêt pour la chose publique, son discret engagement politique, l’ont maintenu à un niveau d’alerte et d’acuité. Cette patience rappelle ceci : ce que la précocité ne vous donne pas, la maturité peut vous le rendre. Les slogans du PUR (parti pour l’unité et le rassemblement) ne sont pas que des jeux de mots ratés. Ils sont le vernis d’un projet pensé, aux mesures parfois discutables, sans doute un peu démagogiques, mais l’ensemble reste cohérent comme offre politique avec l’exploration des notions d’économie solidaire, de justice sociale et même de finance islamique, entre autres. La volonté d’arrimer les progrès de la modernité au discours traditionnel sur les valeurs, sans les opposer ou les mettre en conflit, est un autre chantier dans lequel le PUR avance ses pions.
L’impression donc d’un mysticisme, d’un gourou qui serait en possession d’âmes dévotes, est réductrice. Elle prend le parti d’une explication simpliste. Le talent politique suppose cette pincée de populisme, cette volonté de magnifier les vertus sacrées auxquelles tiennent le peuple. Pendant longtemps, les affinités ethnique, religieuse et les clans ont offert des points de fédérations. Il semble qu’il existe chez Issa Sall une volonté de dépassement avec une religion expurgée - pour l’heure - de son contenu seulement politique, posant ainsi les fondations et les formes nouvelles d’un conservatisme républicain.
A l’échelle du monde, de l’Indonésie à la Turquie, en passant par les compromis issus des printemps arabes au Maghreb, voire les tentations politiques des imams Dicko et Aïdara au Mali, l’offre du conservatisme à dominante religieuse évolue. C’est peut-être la première fois qu’au Sénégal, où le temporel et le spirituel ont toujours entretenu des relations intimes, qu’un conservatisme politique transcendantal, presque avenant dans son abord, sonne aux portes de la scène politique.
Le buzz autour de Sonko et ses supposées ascendances religieuses salafistes ont dévié les attaques paniquées de ses détracteurs, et manqué l’occasion d’avoir un regard plus global sur la renaissance du religieux dans la conversion politique. Offre de repli, de contestation de l’ordre occidental, décisif dans les indépendances, le recours au religieux a toujours été présent, même si récemment la séquence terroriste a réduit l’espace d’analyse à la seule violence générée. El Hadji Issa Sall, dont l’appartenance aux « moustarchidines » est connue, allie ses adhésions spirituelles à ses acquis, à ses expériences et à ses flairs. Nulle surprise donc de voir, en un temps record, son parti jouer dans la cour des grands. Le confrérisme, voire le soufisme, reste donc, contrairement à une vulgate, une offre d’islam politique, dont la violence n’est pas le seul moyen d’expression.
Il investit tous les champs, de l’éducation à la politique en passant par la solidarité et l’humanitaire, pour ainsi trouver un écho chez les populations. Le talent d’El Hadj Issa Sall est d’avoir donné à cette idée qui sommeillait, les contours d’une viabilité politique, en alliant le sens de l’organisation à l’élévation aux exigences des standards politiques. Son conservatisme disparaît presque devant le travail politique de confection de programme abattu, et la série de communications inspirées qui en font un candidat à part. Son site est un bijou de communication et cette fermeté sans hostilité, dévoile l’amorce de mutation dans la perception politique.
On ne peut rien prédire de son devenir, mais il est au carrefour de nombreuses idées qui sont populaires sur le continent, dans le pays et dans le monde, et auxquelles il apporte un toilettage politique, technique et intellectuel. Son charisme reste pour l’heure peu flagrant et on le déconsidère dans le quintet qui est en compétition. Mais il reste, plus que Sonko, la révélation. L’un est entré par effraction en politique, l’autre par un casse savant. Un nouveau conservatisme politique, moins affilié aux sphères confrériques seules, est né au Sénégal. Il porte la marque de son géniteur, à qui le PUR survivra pour le meilleur et pour le pire. C’est un pur-sang au trot à qui l’avenir donnera de la vitesse ou qu’il achèvera dans la brume des étoiles filantes. C’est un heureux mystère.