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16 septembre 2025
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DANS L'ENGRENAGE D'UN SHUTDOWN RECORD
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - Dame Babou fait le point sur l'arrêt partiel du fonctionnement des autorités fédérales en cours aux Etats-Unis depuis 22 jours, dépassant le précédent record atteint en 1996 sous la présidence de Bill Clinton
Le shutdown qui paralyse une partie des administrations fédérales du gouvernement américain est devenu le plus long dans l’histoire des Etats-Unis dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 janvier, en entrant dans son vingt-deuxième jour. À l'origine de cette paralysie, le bras de fer entre Donald Trump et les Démocrates, à propos du financement d'un mur à la frontière mexicaine.
Le spécialiste de la politique américaine, Dame Babou fait le point de cette situation dont pâtit des centaines de milliers de citoyens, au mircro d'AfricanTime, partenaire new-yorkais de SenePlus.
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L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end depuis New-York
Pape Ndao revient sur les faits marquants de la semaine, dans sa traditionnelle chronique, diffusée sur AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
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UNE JUSTICE PARTISANE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - L’affaire des faux billets, les meurtres de Médinatoul Salam, les procès politiques, la question des longues détentions - Des sénégalais parlent d’une justice partisane
#Enjeux2019 - La grève des magistrats est un indicateur de l’état actuel de la justice au Sénégal, selon des Sénégalais. Abdoulaye Kane, Soumaiya Dia Khalifa Diop et Maodo Dieng relèvent au micro de SenePlus, les indices d'une justice à deux vitesses, à travers certaines décisions judiciaires à polémique ces dernières années.
Voir la vidéo en wolof.
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NOUS SOMMES DANS UNE HYPOCRISIE INCROYABLE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Situation des talibés, absence de lois efficaces, autonomisation des femmes, l’approche idéologique de la question du FCFA - Mame Adama Guèye pose le débat sur le plateau de Sans Détour - BANDE ANNONCE
Boubacar Badji et Madeleine Diallo |
Publication 12/01/2019
#Enjeux2019 -‘’On est dans une hypocrisie incroyable’’, lâche Mame Adama Guèye dans la bande annonce de l’émission Sans Détour, parlant de la situation des enfants talibés. L'avocat et ancien activiste de la société civile rejette la responsabilité sur toute la société. ‘’Ne parler pas seulement de l’Etat et des candidats. Cette question nous concerne tous. Nous portons la responsabilité de cette situation sur les talibés’’, a t-il déclaré.
‘’J’avais proposé à madame Aminata Touré quand elle était ministre de la Justice de tenir des assises de la justice. Le projet avait même été enclenché autour du thème : Quelle vision pour une justice performante et crédible ?’’, révèle Me Mame Adama Guèye. A la tête de la plateforme opérationnelle pour la sécurisation des élections, il pose encore une fois le débat sur le fonctionnement de la justice, plaidant pour une concertation de tous les acteurs. ‘’Il est indispensable de mettre autour d’une table l’ensemble des parties prenantes. Souvent, on a l’habitude de croire que les affaires de la justice se règlent entre l’Etat et les magistrats. C’est plus que cela. Car les parties prenantes, ce sont les justiciables’’.
Sur la question du genre, Adama Guèye note des avancées avec notamment, le vote de la loi sur la parité, entre autres. Mais il souligne toutefois des progrès à faire. Parce que dit-il, ‘’il faut beaucoup de mesures d’accompagnement en terme d'autonomisation. Il ne suffit pas de donner des opportunités aux femmes parce qu’elles sont des femmes. Il faut leur donner des capacités d’assumer des responsabilités’’.
L’urgence selon l'invité de SenePlus, c’est l'éradication des discriminations entre un homme et une femme à égalité de compétences et de responsabilités.
Voir la vidéo.
TEXTE COLLECTIF
ALERTE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La candidature de Karim Wade satisfait à toutes les conditions posées par les textes applicables - Son rejet susciterait l'incompréhension, et donc de vives critiques, de la communauté juridique internationale
SenePlus publie ci-dessous, la lettre datée du 11 janvier 2019, adressée au Conseil constitutionnel par des spécialistes nationaux et internationaux du droit sur la candidature de Karim Wade.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil constitutionnel,
M. Karim WADE a déposé auprès du Conseil constitutionnel sa candidature à l'élection du Président de la République dont le premier tour aura lieu le 24 février 2019.
Depuis longtemps, nous suivons avec une grande attention la situation politique au Sénégal. Nous ne vous cacherons pas qu'elle nous soucie beaucoup. Nous sommes, en particulier, préoccupés par les controverses relatives à l'éligibilité de M. Karim WADE, candidat désigné par le principal parti national d'opposition.
Ces controverses reposent, entre autres, sur la portée des dispositions de l'article L. 57 du code électoral issu de la loi du 4 juillet 2018 qui imposent d'être électeur pour faire acte de candidature.
Au terme d'un examen très approfondi de la question au regard des textes en vigueur, la compétence, l'expérience et l'expertise que nous détenons dans les domaines du droit constitutionnel, des institutions politiques et du droit international nous convainquent que la candidature de M. Karim WADE satisfait à toutes les conditions posées par les textes applicables et que le rejet de cette candidature susciterait l'incompréhension, et donc de vives critiques, de la communauté juridique internationale.
Les considérations qui suivent nous font aboutir à cette conclusion.
M. Karim WADE a été régulièrement et définitivement inscrit sur la liste électorale le 16 avril 2018
Conformément aux dispositions du décret n o 2018-253 du 22 janvier 2018 portant révision exceptionnelle des listes électorales en vue de l'élection présidentielle, M. Karim WADE s'est présenté pour être inscrit sur la liste électorale, le 16 avril 2018, devant la commission administrative qui siégeait à l'ambassade du Sénégal au Koweit et qui avait été désignée pour inscrire les ressortissants sénégalais résidant au Qatar, comme c'est le cas de M. Karim WADE
La commission administrative a enregistré cette inscription et remis à M. Karim WADE un récépissé n o 80651515 daté du 16 avril 2018 et portant le visa du secrétaire général de la délégation de la commission électorale nationale (DECENA) Koweft.
L'inscription de M. Karim WADE a donc été parfaitement régulière. Elle est devenue définitive.
Les services du ministère de l'intérieur n'avaient pas le pouvoir de radier M. Karim WADE de la liste électorale le 2 juillet 2018.
Le 2 juillet 2018, l'ambassadeur du Sénégal au Koweit a déclaré avoir reçu du ministère de l'intérieur un document spécifiant que M. Karim WADE une doit pas être inscrit sur les listes électorales en application de l'article L. 31 du code électoral".
Cette radiation a été revendiquée, le même jour, lors d'une conférence de presse tenue par le directeur de la formation et de la communication à la direction générale des élections. Les services centraux du ministère de l'intérieur doivent donc être regardés, de toute évidence, comme les auteurs de la radiation.
Il ressort des dispositions de l'article R. 43 du code électoral que les services centraux ne peuvent procéder à une radiation de la liste électorale que si un électeur est inscrit sur au moins deux listes, ce qui n'est évidemment pas le cas en l'espèce.
Or la décision de radiation frappant M. Karim WADE est uniquement motivée par la condamnation infligée à celui-ci le 23 mars 2015 par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI).
ElIe a donc été prise par une autorité administrative pour un motif autre que celui qui aurait pu être légalement retenu.
3. La privation du droit de vote ne peut résulter que d'une décision expresse de justice.
II est important de souligner, au préalable, que, contrairement aux réquisitions du procureur spécial, la CREI a refusé de priver M. Karim WADE de ses droits civiques, en déclarant que la loi pénale ne permettait pas de prononcer cette privation au regard de l'incrimination qu'elle avait retenue pour prononcer la condamnation. La CREI s'est exprimée en ces termes :
Considérant que le ministère public a requis l'interdiction pour les condamnés de l'exercice des droits civils, civiques et de famille mentionnée dans l'article 34 du code pénal ; - Considérant qu'en vertu de l'article 35 dudit code, les tribunaux ne prononceront cette interdiction que lorsqu'elle aura été autorisée par une disposition particulière de la loi - Considérant qu'en l'espèce, les prévenus ont été déclarés coupables d'enrichissement illicite et de complicité dudit délit ; - Considérant que l'article 163 bis du code pénal qui prévoit et réprime le délit précité n'autorise ni n'ordonne l'interdiction mentionnée dans l'article 34 précité ; qu'il y a lieu, dans ces conditions, de ne pas prononcer ladite interdiction».
Tout comme l'interdiction des droits civils et de famille, l'interdiction des droits civiques est une peine prévue par la législation pénale, comme le spécifie l'article 9 du code pénal. Cette peine a le caractère d'une peine qui est complémentaire d'une peine principale. En tant que peine complémentaire, elle ne peut, nonobstant toute disposition contraire, résulter de plein droit d'une condamnation pénale ; elle ne présente aucune automaticité et ne peut donc être appliquée que si la juridiction de condamnation l'a expressément prononcée.
Dans une décision du 15 mars 1999, le Conseil constitutionnel de la France s'est prononcé très nettement en ce sens : « Le principe de nécessité des peines», posé à l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, «implique que l'incapacité d'exercer une fonction publique élective ne peut être appliquée que si le juge l'a expressément prononcée, en tenant compte des circonstances propres à l'espèce... lors, en instituant une incapacité d'exercer une fonction publique élective d'une durée en principe au moins égale à cinq ans, applicable de plein droit à toute personne physique à l'égard de laquelle a été prononcée la faillite personnelle, l'interdiction prévue à l'article 192 de la loi du 25 janvier 1985 sur la liquidation judiciaire, sans que le juge qui décide de ces mesures ait à prononcer expressément ladite incapacité, l'article 194 de cette loi méconnaît le principe de nécessité des peines». ElIe est donc contraire à la Constitution. Ce raisonnement est parfaitement transposable en l'espèce.
L'existence de la condamnation prononcée à l'encontre de M. Karim WADE par la CREI ne peut donc pas entraîner par elle-même la privation du droit de vote.
4. La loi du 4 juillet 2018 institue des dispositions rétroactives contraires à la Constitution du Sénégal et aux engagements internationaux souscrits par le Sénégal.
En subordonnant la recevabilité de la candidature à la qualité d'électeur, la loi du 4 juillet 2018 viole le principe de non-rétroactivité à l'égard des personnes qui ont été privées du droit de vote par l'effet d'une condamnation prononcée avant son entrée en vigueur. Auparavant, ces personnes, malgré leur condamnation, pouvaient faire acte de candidature puisque la qualité d'électeur n'était pas requise. II n'en est plus de même aujourd'hui.
Or la privation du droit de vote par une décision de justice présente le caractère d'une peine, que cette peine soit prononcée à titre principal, complémentaire ou accessoire. L'article I de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont la valeur déclaratoire de principes généraux de droit international est reconnue par l'ensemble de la communauté internationale et est largement reprise par la Constitution du Sénégal, interdit que soit infligée une peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'infraction a été commise : c'est un principe inhérent aux droits de la défense.
En ce qu'elle impose d'avoir la qualité d'être électeur pour être éligible, la loi du 4 juillet 2018 ne pourrait donc être appliquée à une personne condamnée avant son entrée en vigueur sans violer le principe de non-rétroactivité incorporé à l'article 6 de la Constitution • « NuI ne peut être condamné si ce n'est en vertu d'une loi entrée en vigueur avant l'acte commis ». Ses auteurs n'ont d'ailleurs même pas cherché à envisager expressément une application rétroactive.
En conséquence, le Conseil constitutionnel ne saurait se fonder sur cette loi pour s'opposer à la candidature de M. Karim WADE sous le prétexte que ce dernier ne serait pas inscrit sur la liste électorale.
Après l'intervention de la décision du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies du 22 octobre 2018, l'arrêt de la CREI ne peut plus fonder la privation du droit de vote de M. Karim WADE.
Dans sa décision du 22 octobre 2018, le Comité des droits de l'homme des Nations Unies a déclaré que l'arrêt de la CREI avait été rendu en violation des dispositions de l'article 14 paragraphe 5 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, parce que M. Karim WADE avait été privé de la possibilité de faire réexaminer par une juridiction supérieure la déclaration de sa culpabilité et sa condamnation. Il a enjoint à l'État du Sénégal d'ouvrir à M. Karim WADE le droit de bénéficier d'un recours utile et exécutoire permettant un réexamen de la déclaration de culpabilité et de la condamnation. Cette injonction n'a pas été respectée.
Avec l'intervention de la décision du Comité, l'État du Sénégal, qui a signé et ratifié sans réserve la Charte des Nations Unies et le Pacte international, a le devoir de prendre en considération la condamnation de l'arrêt de la CREI par le Comité, de réexaminer l'affaire dans les conditions prescrites par cette institution et de ne pas donner exécution à l'arrêt. Tant que l'affaire n'aura pas été réexaminée dans les conditions exigées, il ne serait pas conforme aux engagements internationaux souscrits par le Sénégal de prendre à l'égard de M. Karim WADE une mesure d'interdiction du droit de vote.
Au surplus, une telle mesure correspondrait, pour M. Karim WADE, à une aggravation des violations des droits de l'homme au regard du Pacte international et de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, ce qui serait inacceptable.
L'application de l'article 31 du code électoral à M. Karim WADE ne répondrait pas à des critères objectifs et raisonnables.
Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies a affirmé, dans son Observation générale n o 25, adoptée au titre du paragraphe 4 de l'article 40 du Pacte international. « Toute restriction au droit de se porter candidat... doit reposer sur des critères objectifs et raisonnables. Les personnes qui, à tous autres égards, seraient éligibles ne devraient pas se voir privées de la possibilité d'être élues par des conditions déraisonnables ou discriminatoires ».
Dans un arrêt du 13 juillet 2015, la Cour de justice de la CEDEAO a clairement énoncé : « ll ne fait aucun doute que l'exclusion d'un certain nombre... de citoyens de la compétition électorale qui se prépare relève d'une discrimination difficilement justifiable en droit ».
L'article 25 du Pacte international et l'article 13 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples reconnaissent à tous les citoyens le droit de participer librement à la direction des affaires publiques de leur pays.
L'application de l'article L.31 du code électoral à la candidature de M. Karim WADE violerait les principes précités. En effet, elle revêtirait un caractère automatique et général en ce que cet article serait mis en œuvre sans l'intervention d'un juge. Elle serait disproportionnée en ce qu'elle serait une contrainte d'une extrême sévérité. ElIe serait déraisonnable parce qu'elle contreviendrait à l'ordre démocratique et ne répondrait à aucun but poursuivi pour la consolidation et l'approfondissement du processus électoral. À l'heure où le Sénégal prend la présidence du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, il serait injustifiable que le pays ne veille pas à une application stricte des prescriptions du Comité des droits de l'homme.
7. La qualité d'électeur n'implique pas l'inscription sur la liste électorale.
Aucun principe général du droit ne subordonne à l'inscription sur la liste électorale la possession de la qualité d'électeur. Bien au contraire, l'article 1.27 du code électoral, qui définit le corps électoral, énonce. « Sont électeurs les Sénégalais des deux sexes, âgés de dix-huit ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques et n'étant dans aucun cas d'incapacité prévu par la loi". Cet article n'exige donc pas d'être inscrit sur la liste électorale.
Le code électoral ne comporte aucune disposition supplémentaire concernant l'élection du Président de la République. La comparaison avec les textes concernant l'élection des membres des assemblées locales est édifiante :
l'article L.267 du code électoral régissant l'élection des conseillers municipaux spécifie . « Sont électeurs, les Sénégalais... régulièrement inscrits sur la liste électorale de la commune...». II subordonne expressément la qualité d'électeur à l'inscription sur la liste électorale,
l'article I-.233 applicable à l'élection des conseillers départementaux dispose : «Est éligible...tout électeur du département", ce qui renvoie nécessairement à la catégorie des électeurs inscrits sur la liste électorale d'une commune du département.
Pour l'élection présidentielle, en l'absence de toute prescription législative en sens contraire, l'inscription sur la liste électorale ne constitue donc pas une condition de la possession de la qualité d'électeur.
Comme nous l'avons montré, M. Karim WADE remplit ainsi les quatre conditions prévues par l'article L.27 pour posséder la qualité d'électeur. Il satisfait donc aux conditions requises pour être candidat à l'élection présidentielle.
Pour l'ensemble des raisons que nous venons d'exposer, nous avons la profonde conviction que la candidature de M. Karim WADE satisfait aux exigences posées par les textes applicables.
Nous avons aussi la conviction que votre institution saura montrer, dans l'examen de la candidature de M. Karim WADE, l'esprit d'indépendance qui caractérise aujourd'hui les juridictions constitutionnelles dans toutes les démocraties et tous les États de droit.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil constitutionnel, à l'assurance de notre haute considération.
Jean-Paul COSTA, ancien président de la Cour européenne des droits de l'homme
Dominique CHAGNOLLAUD DE SABOURET, professeur de droit public et de sciences politiques Université Paris Il
Ibrahima Arona DIALLO, professeur de droit public, Université Gaston Berger de Saint-Louis membre du Centre d'études et de recherches comparatives sur les Constitutions, les libertés et I'Etat
Denis ALLAND, professeur de droit international Université Paris II Panthéon-Assas Panthéon-Assas du Cercle des constitutionnalistes
Rosnert Ludovic ALISSOUTIN, chargé d'enseignement et d'encadrement Université Gaston Berger de Saint-Louis, Écrivain.
ARÈNE NATIONALE SANS COMBAT !
Le peuple de la lutte s’est longtemps battu pour avoir son aire de jeu - Et il a été servi à coût de milliards de FCfa - Mais Léopold Senghor, temple en ruine du foot sénégalais, sera le théâtre du combat Balla-Modou Lô, prévu demain
Le Peuple de la lutte s’est longtemps battu pour avoir son aire de jeu. Et il a été servi à coût de milliards de FCfa. Mais Léopold Senghor, temple en ruine du foot sénégalais, sera le théâtre du combat Balla-Modou Lô, prévu demain.
Vu sa «faible capacité», on aura construit l’Arène nationale pour organiser des cérémonies festives, des rencontres récréatives et non pour des affiches alléchantes pour servir de décor de carte postale.
PAR KHALIFA TOURÉ
MAIS OU SONT PASSES LES AÎNÉS ?
La disparition des aînés qui n’a rien à voir avec la stagnation démographique est un silencieux processus de liquidation de la culture de la transmission des valeurs - On ne les voit plus, escamotés par la démocratie, la médiocrité
On ne les voit plus, ils ne sont plus visibles, escamotés par la démocratie, la médiocrité, les populismes et la religion du nivellement par le bas. C’est l’esthétique du rasage généralisé qui a cours. Aucun grand coq, fut-il le plus beau de la basse-cour, n’a plus le droit d’ériger sa jolie crête.
Au-delà de l’image, c’est notre mode de vie qui est ici interrogé, c’est le temps des démons de midi, de l’indiscipline et pis, de l’impolitesse caractérisée. Personne n’est plus à l’abri des injures, c’est la déconfiture du langage qui marche à pas de loup, pourtant ceux qui ouvrent leur bouche pour salir le monde font beaucoup de bruit, mais c’est comme si personne ne les entend. C’est l’indifférence généralisée face au discours de la haine. Ce sont les mauvais sentiments, feux incandescents des cœurs ensanglantés qui brûlent les pays avec la complicité des politiciens. Quant aux hommes politiques, ils n’ont jamais existé. Au nom de la lutte contre l’ancien monde, les tyrannies éculées et les terreurs anciennes, nous sommes en train d’installer un désordre culturel qui n’a d’égal que les insouciances politiques qui ont détruit les mondes anciens. La fin d’un monde est toujours douloureuse, elle est faite de cataclysmes culturels à la suite de mécanismes «naturels» et insidieux.
La disparition des aînés qui n’a rien à voir avec la stagnation démographique est un silencieux processus de liquidation de la culture de la transmission des valeurs. Ce sont les aînés, «les grands» comme on dit, qui encadraient les plus jeunes, leur apprenaient à se battre, à se réconcilier, à respecter les règles des jeux, ces jeux qui n’existent plus. Ce sont les aînés qui corrigeaient les plus déloyaux, personne n’en est jamais mort, on finit toujours par oublier. Nous avons tous connu des tarés parmi les aînés, un peu idiots, parfois benêts sur les bords contre qui les autres parmi les aînés s’évertuaient à nous mettre en garde. Il y avait quelquefois des accidents rarissimes, tout rentrait finalement dans l’ordre, mais il y en a qui ne sont jamais remis de la liberté de faire tout ce qu’ils veulent.
L’équilibre est dans la transmission. Le jour où on en est venu à rationaliser à outrance l’éducation, c’est le début de la crise, cette école-là y est pour quelque chose, cette école «des hommes comme il faut» dont le poète Guy Tyrolien ne voulait pas. Seule la prière du petit enfant nègre pourra nous sauver, c’est le texte le plus simple et le plus subversif en ces temps de marasme moral. La sophistication et la rationalisation à outrance de l’éducation nous ont éloignés des valeurs et du modèle de la transmission. On en est venu même à détester la stabilité, c’est le comble. Mais la démocratie a ceci d’utile qu’elle nous donne l’illusion de la liberté.
La démocratie est le système du parler pour parler, parlez toujours, dénoncez, marchez, lassez-vous et finalement rentrez dans votre vieille auberge. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Nous avons peur de l’encadrement, du retour en arrière soi-disant, or la régression n’existe pas. Nous irons toujours de mal en mieux, mais à un prix fort. Les grandes destructions sont créatrices. La miséricorde de Dieu est effrayante, elle prend parfois des chemins cahoteux, mortels. C’est la faute des aînés qui n’encadrent plus, terrorisés par l’époque. Ils sont désarmés, fatigués de voir tant de choses qu’ils ne comprennent pas. Il est temps de dialoguer, tout sauf le dialogue politicien, mais le dialogue des philosophes de la nature, la palabre, non pas stérile de Guy Manga, mais la libération de la parole simple qui respecte le verbe originel.
Seuls les aînés, initiés avant nous, savent d’où nous venons, ils ont la mission de créer des espaces communes pour la transmission, parfois dans le secret, les grandes retraites mystiques où la parole est libérée ; c’est dans la manière d’être que l’on transmet, le temps fera le reste. On n’a pas besoin de curriculum pour «changer le monde», on ne change pas non plus un cheval qui gagne, mais ce n’est plus le temps des jeux supervisés par les aînés. Nous sommes à la période de l’extension du domaine politique, l’excroissance de la jungle politique dans l’espace intellectuel.
En attendant le retour des aînés !
TAWFEKH, CE N’EST PAS LE PARADIS
Recasés en 2013 suite aux fortes inondations ayant secoué la banlieue, les habitants de Tawfekh Yaakaar se disent en fait complètement oubliés par l’Etat. «C’est comme si l’Etat nous a installés et oubliés»
Tawfekh Yaakaar ne veut pas perdre espoir. Malgré de nombreuses tentatives d’alerte dont le dernier en date étant un mémorandum envoyé au président de la République, les habitants de la localité ne se découragent pas. Ils espèrent que les mesures d’accompagnement vont suivre pour une localité fonctionnelle en tous points. Recasés en 2013 suite aux fortes inondations ayant secoué la banlieue, les habitants de Tawfekh Yaakaar se disent en fait complètement oubliés par l’Etat. «C’est comme si l’Etat nous a installés et oubliés», a avisé jeudi Ousmane Ndiaye, le délégué de la cité implantée dans la commune de Tivaouane Peul Niague. «Il était prévu toute une série de réalisation d’infrastructures. Et d’après ce calendrier, tout devait être achevé en 2016.
Mais malheureusement jusqu’à l’heure, ça n’a pas avancé», a-t-il fait savoir lors d’une réunion publique d’information tenue dans la localité. «10 mille habitants et pas de marché, 10 mille habitants sans une infrastructure sanitaire, 10 mille habitants sans un lycée, 10 mille habitants et point de réseau d’assainissement ni d’éclairage public et pas même un cimetière», a mis en exergue le délégué de quartier pour édifier sur la situation que vivent les habitants de la cité qui abrite 1 200 logements. «Nous nous approvisionnons au marché centrale de Rufisque et pour vendre nous allons au marché de Niague ou de Tivaouane Peul», s’est désolée Soda Ndao s’activant dans la vente de légumes. «Nous menions des activités avant de venir ici, mais depuis que nous sommes installées, toutes les femmes ont été contraintes d’arrêter parce que notre environnement ne permet aucune activité économique», a-t-elle regretté.
Mêmes les programmes de l’Etat pour les couches défavorisées, Tawfekh n’en bénéficie pas. «Nous tous avons déposé des projets pour la Der et aucune femme ou jeune de Tawfekh Yaakaar n’a eu à en bénéficier. C’est comme si on ne fait pas partie du pays», a relevé Mme Ndao. Le chef de quartier s’est aussi désolé que pour les bourses de sécurité familiale «deux habitants seulement» ont eu à en bénéficier malgré la grande précarité qui sévit dans la cité.
LE FONDS MONDIAL CHERCHE 14 MILLIARDS DE DOLLARS US
Dans un document publié en perspective de la conférence de Lyon prévue en octobre 2019, cette organisation soutient que cette cible de reconstitution des ressources va permettre de sauver 16 millions de vie
Pour réduire de moitié les taux de mortalité «imputables au Vih, à la tuberculose et au paludisme, et à construire des systèmes de santé plus solides d’ici 2023», le Fonds mondial se fixe comme ambition de collecter 14 milliards de dollars Us.
14 milliards de dollars Us : c’est la somme que le Fonds mondial veut collecter pour le prochain cycle triennal pour sauver 16 millions de vies. Dans un document, l’organisation renseigne que cette cible de reconstitution des ressources va contribuer «à réduire de moitié les taux de mortalité imputables au Vih, à la tuberculose et au paludisme, et à construire des systèmes de santé plus solides d’ici 2023». Le document évoque «les nouvelles menaces qui entravent actuellement les progrès en matière de santé mondiale et les risques encourus si nous n’accélérons pas le mouvement maintenant». Il renseigne que «cette cible de reconstitution des ressources intervient à un moment crucial», notamment avec l’engagement de la communauté internationale de «finir avec les épidémies de Vih/Sida, de tuberculose et de paludisme d’ici 2030» à travers les Objectifs de développement durable (Odd).
Le Fonds mondial insiste sur la nécessité de reconstituer les ressources d’autant plus qu’après «des années d’avancées remarquables dans la lutte contre ces trois épidémies, de nouvelles menaces, déficits de financement ou résistance accrue aux insecticides et aux médicaments ont ralenti les progrès et permis aux maladies de regagner du terrain». C’est ce qui fait dire à Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial, que «le moment est décisif». «Décidons-nous d’accélérer le mouvement ou allons-nous baisser la garde ?
Les nouvelles menaces nous obligent à choisir. Nous devons accélérer le mouvement pour protéger les avancées que nous avons réalisées et aller plus loin. Faute de quoi, nous les laisserons s’éroder, les infections et les décès repartiront à la hausse et nous verrons disparaître la perspective de mettre fin aux épidémies», a-t-il déclaré. Selon lui, «si nous accélérons le combat maintenant, nous sauverons des millions de vies supplémentaires». A son avis, pour sauver 16 millions de vies et contribuer à la réalisation de l’Odd n° 3 (santé et bien-être pour toutes et tous), «nous devons innover davantage, collaborer plus et assurer une meilleure mise en œuvre». S’agissant de la collecte de 14 milliards dollars Us, le directeur exécutif de cette organisation estime que cette somme «permettra au Fonds mondial de continuer à assumer son rôle vital de mobilisateur et de chef de file dans la lutte contre le Vih, la tuberculose et le paludisme».
Par ailleurs, le document rappelle que «depuis sa création en 2002, le partenariat du Fonds mondial a obtenu un impact formidable». Ainsi, il est souligné que «dans les pays où il investit, plus de 27 millions de vies ont été sauvées». Concernant le nombre de décès liés au Vih, à la tuberculose et au paludisme, il a «baissé d’un tiers». «Rien qu’en 2017, dans les pays où le Fonds mondial investit, 17,5 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le Vih, 5 millions de patients atteints de tuberculose ont été traités et 197 millions de moustiquaires ont été distribuées». Il est précisé que le Fonds mondial obtient «cet impact avec un large éventail de partenaires : organismes publics bilatéraux, institutions multilatérales et techniques, entreprises privées, fondations, pays maîtres d’œuvre, groupements de la société civile et personnes touchées par les maladies».
L’AEROGARE TRANSFORMEE EN GALERIE EPHEMERE
Un an après son démarrage, l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd) s’ouvre aux expressions artistiques sénégalaises.
Pendant un mois, l’aérogare est devenue une galerie éphémère qui a reçu deux œuvres du sculpteur sénégalais Ousmane Sow ainsi que six tableaux de l’artiste Baba Ly. Une collaboration qui va s’étendre également aux Manufactures des arts décoratifs de Thiès (Msad).
Dans l’espace commercial de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), le baobab en fer trône au milieu des chocolats, des cigarettes et autres. Le baobab sert de support à des produits dérivés. Liqueurs et farines de pulpe sont à côté de baobabs miniatures prêts à être rempotés. Un an après son démarrage, l’Aibd ouvre son espace aux expressions artistiques du pays. En plus des produits artisanaux, une boutique spéciale est dédiée aux créations des artistes du pays. Robes, chaussures et sacs y sont proposés. Mais pour marquer sa première année d’existence, l’Aibd a reçu pendant un mois deux œuvres du sculpteur Ousmane Sow ainsi que six tableaux de l’artiste Baba Ly. «L’aéroport est un endroit où beaucoup de gens passent. Il est important pour nous qu’il contribue à la promotion de l’art et des artistes au Sénégal. C’est pour ça que depuis début décembre, pour le premier anniversaire de l’aéroport, avec le concours de la maison Ousmane Sow et d’Eiffage, nous avons mis à la disposition des passagers deux œuvres du sculpteur Ousmane Sow», a expliqué le directeur général de Limak Aibd Suma (Las).
Selon M. Xavier Mary qui s’adressait à des journalistes culturels en visite au sein de l’aéroport au dernier jour de l’exposition temporaire, les deux œuvres de Ousmane Sow sont Le cavalier désarçonné et Sitting bull en prière. «Ces œuvres font partie de la Bataille de Little big horn qui est constituée de 35 pièces», raconte la fille du sculpteur. Ndèye Marina Sow se réjouit de l’opportunité qui est donnée aux œuvres de son père d’être découvertes par les Sénégalais et les étrangers en séjour dans le pays. «Les œuvres de mon père ont vocation à être vues, à sortir et que le Peuple sénégalais se les approprie. Son œuvre doit être pérenne et par des actions comme celle-ci, on a la garantie que ça le sera», souligne Mme Sow.
Cette exposition est organisée par l’Aibd, en collaboration avec Eiffage qui a géré toute la logistique liée au déplacement des pièces, explique le conseiller culturel de la société, Mauro Petroni. Selon M. Mary, c’est la première étape d’une nouvelle collaboration qui se dessine entre Las et les artistes du pays. «C’est le début d’une démarche qui vise à promouvoir l’art sénégalais. L’aéroport veut promouvoir l’art sénégalais en mettant à la disposition des passagers diverses œuvres d’art, des peintures ou toute autre forme de sculptures et nous allons travailler avec plusieurs associations et institutions dont les Manufactures des arts décoratifs de Thiès (Msad)», explique M. Mary. En effet, outre les sculptures de Ousmane Sow, les halls départ et arrivée de l’Aibd accueillent six toiles du peintre Baba Ly. De plus, des jeunes encadrés par ce dernier ont réalisé des baobabs de Noël. Ces œuvres installées un peu partout dans l’espace ont été acquises par Las pour donner un air festif à l’aérogare.
Marina Sow sur les œuvres de son père : «Elles sont rentrées à la maison»
Depuis le 1er décembre dernier, la maison du sculpteur Ousmane Sow a ouvert ses portes au public. Le musée qui expose une quarantaine d’œuvres du maître sénégalais est plutôt bien fréquenté, à en croire la fille du sculpteur. «La maison du sculpteur Ousmane Sow a rouvert ce 1er décembre qui est la date anniversaire de son décès. Nous avons un tarif pour les résidents et un autre pour les non-résidents. Ce qui permet de faire la ventilation et de voir comment est accueillie cette maison», a expliqué Ndèye Marina Sow en marge d’une visite à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd) d’un groupe de journalistes culturels. «A notre grande surprise, le gap entre les deux n’est pas si grand. A peine 20%. Comme quoi, les Sénégalais, quand on leur propose une offre culturelle, ils y adhèrent», se réjouit Mme Sow.
Au total, ce sont 40 œuvres qui sont exposées à la maison Ousmane Sow, notamment les séries africaines du sculpteur, les Noubas, les Massaïs, les Zoulous et toute la série des petits Noubas. «Ce sont des œuvres originales qui n’ont plus vocation à voyager. Elles sont rentrées à la maison. Et ce qui est vendu aujourd’hui, ce ne sont que des bronzes. Les pièces originales ne seront plus jamais vendues de façon à ce que l’œuvre reste entière et au Sénégal», explique Mme Sow qui informe que la mairie de Paris vient d’acquérir une pièce en bronze, Les lutteurs au corps à corps, qui va trôner Place Valois dans le 3e arrondissement.