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par Philippe N. Ngalla

MÂLE NOIR, LE TRAGIQUE ÉGAREMENT D’UN HOMME SUR LA VOIE DE L’AMOUR

Questionnant par sa radicalité nos conceptions de l’appartenance, de la liberté et de l’amour, Elgas, avec son premier roman, secoue une fois encore le confort de nos consciences pétrifiées

Philippe N. Ngalla  |   Publication 22/06/2021

Il n’est pas d’introduction à un auteur qui ne formule d’invitation à découvrir le reste de son œuvre. Qu’elle soit facilitée par la renommée, la publicité ou occasionnée par le hasard, le lecteur n’y donne suite que si la découverte est engageante. Le talent est souvent pour quelque chose, le goût du lecteur toujours décisif. Je me souviens, en refermant Un dieu et des mœurs, avoir d’emblée accepté de cheminer avec la production d’Elgas. Le Zinguinchorois, depuis Parisien, alors écrivain neuf, n’offrait pas grand-chose pour satisfaire mon envie de compagnonnage avec son art. Et, quoique plaisantes par leur pertinence, attrayantes par le sens de la formule et la dextérité de sa plume, ses signatures dans la presse (Elgas est journaliste), fussent-elles portées sur la littérature, n’étanchaient pas la soif que son premier récit avait suscitée. C’est dire avec quelle impatience j’attendais le successeur de son carnet d’un séjour au Sénégal. Nourrir tant d’espérances coûte son prix : le plus accommodant des lecteurs ne demande pas moins qu’un ouvrage à la hauteur du précédent ; l’auteur, qui à son dernier a dévoué talent et énergie, se tourmente de ne pouvoir augurer de l’accueil du public. Elgas peut se rassurer. Mâle noir, sa deuxième publication et premier roman, récemment paru aux Éditions Ovadia, rembourse, avec de substantiels intérêts, l’escompte de ses admirateurs.

Ce premier roman se distingue par l’élégance et les enchantements de sa langue ; j’y ai puisé des bouffées de plaisir esthétique. Outre sa tonalité évocatrice des grands prêtres Italiens de la couleur (Titien et Véronèse) par le jeu de ce mystérieux rapport entre les arts, le mélange des registres y tisse le charme de bout en bout. Lui prêtant un cadre et une atmosphère, des descriptions font respirer la narration et, par leurs grâces, s’érigent en d’inestimables motifs décoratifs. Ménage à trois morganatique, soutenu, familier et vulgaire, imbriqué les uns dans les autres, prêtent à ce roman au style plus discursif que descriptif, un accent contrasté.

Dans un journal qui s’étend sur une année (décembre 2017- décembre 2018), le narrateur, un jeune homme noir, universitaire lettré et à l’armature intellectuelle solide, relate les faits marquants de sa vie dont l’amour occupe une place prépondérante. On ne lui connaît ni nom ni prénom. On sait seulement qu’il est Sénégalais, fraîchement docteur dans une discipline des sciences humaines, passionné de littérature…trentenaire. Tout comme Elgas. Sa trajectoire française épouse celle de l’auteur, ses préoccupations aussi. Élevé dans un milieu où la conception de l’amour diffère de l’occidentale, où précisément on ne montre pas ses émotions, le jeune homme, amateur de fredaines, se sent inapte à la noble émotion. Sa virilité épanouie, non seulement ne le porte pas au-delà de lui-même, mais, inféconde d’épanouissement, teinte son existence de monotonie, de tristesse, de solitude. Fatigué de ses cavalcades, le « mâle noir » (ainsi qu’il se définit lui-même) aspire à l’amour pour lequel il se sent mal équipé. « Aimer une famille, des amis, des proches. Un amour. Le grand. L’élu. Je n’en savais rien, mais j’en manquais fichtrement. Je voulais apprendre à aimer pour trouver cette clé libératrice de mon énergie » (P37). Entre ses réflexions sur son avenir post doctoral et ses enseignements, surgissent des aventures, puis une rencontre. D’abord envisagée comme les autres, sans perspectives, sa relation avec la dévouée Mélodie l’initie à la profondeur et à la mystique de l’amour. L’improbable peu à peu se produit. Il finit par aimer.

Cela ne déborde pas d’originalité, j’en conviens. Le roman n’eut-il navigué qu’autour de cette quête, qu’il serait pâle, malgré les évidentes qualités de l’écriture. Or, un roman, hormis le style, ne se juge pas à sa lisière, encore moins au pas de charge. Au fil des situations et des pérégrinations du narrateur, surgissent des personnages à travers lesquels se discernent, en filigrane ou en clair, des problématiques et des réflexions qui interdisent la réclusion de Mâle noir dans la catégorie bigarrée du roman d’amour pour le classer dans celle, plus appropriée à sa philosophie, du roman sur l’amour. Il ne complétera pas la liste infinie des semblables de Manon Lescaut, de Carmen, de La Dame aux Camélias et j’en passe. Esquissés plus que soulignés, les principaux protagonistes prêtent à l’identification : leurs fêlures, leurs forces, leurs illusions, leurs quêtes existentielles, en les animant, soulèvent, sympathie ou aversion. Subtilement insérés dans la narration, s’égrènent, entre autres, les difficultés de l’insertion des immigrés, leurs humiliations, leurs difficultés administratives, leurs compromis, des considérations sur la race (la noire en particulier) et toute une flopée de thématiques qui font de ce roman un panorama de l’individualisme, de la solitude, des quêtes et conflits identitaires, de l’intégration/assimilation dans un contexte racialisé. On se souviendra du dialogue du jeune homme et de Djitack. De ses échanges avec Désirée aussi.

L’écartèlement du « mâle noir » entre l’Afrique symbolisée par la figure de la mère, entre la culpabilité de la rupture avec les siens et son adhésion à la culture de son pays d’accueil, constitue l’autre axe du roman. Le mâle noir questionne son identité. « Et si j’étais coupable d’avoir quitté les miens ? Djitock en termes éblouissants me l’avait dit. Ma mère avait commencé avec ses accents religieux. Bazile, plus féroce, plus cruel, me voyait sinon comme un traître à tout le moins comme un garçon fragile. Mille pensées se cognaient contre les parois de mon cerveau, et je me dis que j’étais un Noir […] J’avais bien commis des imprudences à croire aux communions humaines, à croire que les hommes étaient les mêmes partout. J’avais appris cela des philosophes grecs, des anthropologues. La langue, la culture, les religions pouvaient différer, colorer les humeurs, tracer les destins, au fond l’essence humaine restait la même. Je pouvais, sûr alors de ma vérité, aimer tous les Hommes, pour ce qu’ils produisent et non ce qu’ils sont. Mais ce soir, cette certitude s’effritait » (pp158-159).

Au bout de cet accès de lucidité, il opère un choix. Transporté par l’amour complice et émancipateur de Mélodie, représentante de l’Occident et du monde blanc, il fait le procès (moral) de son lien avec sa mère, si ténu que, de son point de vue, il ne tient plus qu’à « sa dette de naissance ». En somme rien du tout, puisqu’il estime ne devoir rien à personne. En condamnant ce lien avec sa mère et sa dette, il crucifie ses origines. Dans le miroir tendu par la bienveillance, les attentions et l’affection désintéressée de Mélodie, les pesanteurs accablantes de sa culture d’origine, l’attentisme de ses acteurs et leurs amours dénués de tendresse présentent des visages repoussants. « Tu es devenu un blanc », remarque sa mère (p.206). Débordant de trésors, l’amour de Mélodie deviendra son unique horizon. C’était sans compter les ruses du destin. À la manière des dieux homériques obstructeurs de la geste des hommes ou des forces négatives de la tragédie qui, les aveuglant ou les entêtant, les expédient vers le drame, le ciel de cette relation à laquelle le « mâle noir » a sacrifié une partie de lui s’alourdit de sombres nuages.

Questionnant par sa radicalité nos conceptions de l’appartenance, de la liberté et de l’amour, Elgas, avec son premier roman, secoue une fois encore le confort de nos consciences pétrifiées.

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