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PAR CÉCILE THIAKANE

MENDICITÉ DES ENFANTS, IL EST URGENT DE SORTIR DU DÉNI

À quel avenir peuvent prétendre tous ces enfants maltraités, privés de leur enfance et de leur dignité ? Qui sont les coupables : les parents, les chefs de daara, les autorités gouvernementales, ceux qui continuent à leur donner l'aumône ?

Le Point Afrique  |   Cécile Thiakane  |   Publication 22/11/2018

La Journée mondiale de l'enfance offre l'occasion d'attirer l'attention sur ces dizaines de milliers d'enfants appelés «  talibés  » et contraints à la mendicité dans les rues de Dakar, entre autres villes.

J'ai croisé récemment un jeune garçon en plein centre-ville de Dakar... C'était un jeune talibé... Il était relativement tôt. En discutant avec lui, je me rends compte qu'il ne connaissait pas son âge ! Il doit avoir entre 7 et 8 ans. Il m'apprend qu'il vient d'un daara, centre d'éducation religieuse musulmane, situé à Guédiawaye dans la grande banlieue de Dakar. Tous les jours avec les autres garçons de son daara, ils sont conduits, à l'aube, en car au centre-ville ! Le soir venu, ils refont le trajet inverse pour rentrer.

Scènes courantes de la vie des talibés 

Ils passent leurs journées à errer dans les rues de Dakar. Des journées entières passées à interpeller les passants, à quémander pour atteindre un objectif de recettes fixées par des adultes, leurs responsables de daara. Et ils sont sévèrement punis quand ils n'atteignent pas le montant journalier fixé. 

J'ai encore en mémoire ce douloureux souvenir, un échange avec de jeunes talibés, l'année dernière en pleine période des fêtes de fin d'année. Il était tard et il faisait un peu frais ce soir-là. Les rues du centre-ville de Dakar étaient presque désertes. Ces jeunes talibés, eux, n'avaient pas la chance de rentrer dans leur daara le soir venu ! Ils restaient en ville, dormaient à même le sol sur des cartons. Ils étaient livrés à leur triste sort, et à tous les dangers de la nuit. On sait qu'il y a déjà eu des cas d'abus sur de jeunes garçons qui ont été victimes de prédateurs sexuels…

Une histoire édifiante

Dernièrement, un samedi soir, en sortant d'un restaurant, aux Almadies, haut lieu de la nuit dakaroise… Il était 1 h 30 du matin… Il y avait foule, notamment beaucoup de jeunes qui se sont donné rendez-vous dans ce quartier le week-end pour se divertir. Je remarque un bon nombre de personnes assises sur le trottoir en train de mendier à une heure aussi tardive, des visages de la vulnérabilité de certaines couches de la population sénégalaise. Mon attention est vite attirée par une toute petite fille assise à côté d'une femme, elle ne semble pas avoir plus de 3 ans. Tout à coup, elle se lève d'un pas alerte dès qu'elle me voit et me tend la main. Sa rapidité d'exécution à une heure aussi tardive me sidère. Je lui prends ses deux mains et m'accroupis en face d'elle pour lui parler. Elle se contente de me sourire, et quel sourire innocent. Mais elle ne répond pas à mes questions. Je m'adresse à la femme assisse à côté d'elle, c'est sa maman. Elle me confirme que sa fille a 2 ans et demi. Je lui demande pourquoi elle est encore dehors à cette heure, avec une fille aussi jeune. Cette petite fille devrait être en train de dormir, lui dis-je. Elle m'explique qu'elle est veuve et n'a pas d'autre choix. Qu'elle est obligée, pour survivre, de faire la manche avec ses trois enfants : cette petite fille et ses deux frères jumeaux de 4 ans. D'ailleurs, l'un des jumeaux est en train de dormir à même le sol à côté de sa maman. Elle m'avoue qu'ils quittent Keur Massar tous les vendredis et les samedis pour faire la manche à cet endroit. Ils passent toute la nuit dehors, espérant profiter de la générosité des passants. Je note cependant que la majorité des passants, devenus certainement insensibles, car habitués à ces scènes, ne prêtent même pas grande attention à ces mendiants. Quand je donne un billet à la petite fille, son visage s'illumine comme un enfant qui a reçu son cadeau le plus désiré un matin de Noël. Elle s'empresse de remettre l'argent à sa maman.

Ces différents exemples, loin d'être des cas isolés, illustrent l'étendue et la complexité de ce problème de mendicité des enfants dans les rues des grandes villes au Sénégal, surtout à Dakar.

Beaucoup de questions en suspens

En plus des talibés – il paraît que leur nombre serait de plus de 40 000 dans les rues de Dakar –, on note de plus en plus de jeunes enfants accompagnés de femmes, certainement leurs mamans, qui mendient de jour comme de nuit. Je n'ai pas abordé le cas des enfants en situation de handicap, mais il y en a aussi un nombre non négligeable faisant la manche dans la rue. Je suis partie avec une pléthore de questions et un sentiment d'impuissance. Est-il possible que cette petite fille de 2 ans et demi ait si bien assimilé son rôle dans ce sombre dispositif ? Est-elle l'atout « sensibilité » pour sa maman ? Comment résister à ce visage si innocent ? Comment ne pas lui donner une pièce ? À quel avenir peuvent prétendre tous ces enfants maltraités, privés de leur enfance et de leur dignité ? Qu'est-ce qui peut bien justifier que des parents, des adultes responsables de mineurs puissent instrumentaliser la mendicité des enfants ? Qui sont les coupables : les parents, les chefs de daara, les autorités gouvernementales, ceux qui continuent à leur donner l'aumône ? Quelles sont les pistes solutionnaires pour éradiquer durablement ce fléau et redonner à ces enfants leur dignité en respectant leurs droits primaires ? Pourquoi dans un pays comme le Sénégal, où la population a soi-disant le culte de la solidarité, nous n'excellons pas dans la promotion de la justice sociale ? Comment réussir à créer des dynamiques d'inclusion qui vont au-delà de la sphère familiale, mais servant toute la communauté ?

Une justice sociale nécessaire pour poser des bases saines pour l'Afrique de demain

Parce que la misère entrave la dignité de l'homme partout où elle sévit, ces couches de la population, dans leur profonde vulnérabilité, voient leur dignité s'effriter chaque jour davantage face aux poids de leurs urgences de survie ! Il est crucial d'œuvrer concrètement pour la justice sociale. Elle reste un des vecteurs de développement durable, car réduisant les inégalités, mais aussi l'impécuniosité caractérisée, et favorisant le bien-être des populations. La place de ces enfants n'est pas dans la rue, mais dans des endroits sécurisants et structurants pour leur donner une opportunité de forger leurs destins. Ils ont besoin et ont le droit de prendre le meilleur départ possible dans la vie.

Cela passe par la satisfaction de leurs besoins primaires, par l'éducation, la sécurité, la paix et le droit à l'enfance... Comme nous le savons, lorsque l'enfant ne prend pas le meilleur départ possible dans la vie, cela entraîne un coût élevé pour lui et pour la société. Nul doute que nous aurons tous à payer cette addition et elle est partie pour être très salée. Ces enfants, qui représentent l'avenir, subissent ces violations de leurs droits dans l'indifférence de la communauté, et ont de fortes chances de grandir sans qualifications, sans repères et d'atterrir à la périphérie de la société. Aussi passons-nous à côté de futurs atouts pour nos pays, des génies, des créateurs, des scientifiques…

Il est urgent d'appliquer la loi et de sortir 

Depuis plus de quarante ans, des textes de loi ont été votés par les différents gouvernements pour interdire la mendicité de tout genre, mais leur mise en application n'est jamais effective. Une loi sénégalaise contre la mendicité des mineurs a été mise en place dès 2005. Elle a été rarement appliquée. 

Jusqu'à quand allons-nous continuer à signer des conventions, ratifier des traités internationaux sur les droits et la protection des enfants pour satisfaire aux ODD ou pour être éligible par rapport aux différents critères de financements des institutions internationales et autres bailleurs de fonds tout en sachant pertinemment que leur applicabilité sera problématique ; la source du problème n'étant pas solutionnée ! Sans considération de l'ensemble de la chaîne de valeur pour mettre en œuvre les conditions économiques, sociales et culturelles idoines, nous aurons des solutions en silo. Les enfants sont l'avenir, et pour avoir un bel avenir ils ont besoin d'être accompagnés. Nous avons le devoir et l'obligation de ne plus laisser une partie d'entre eux être privés de ses droits fondamentaux.

Au-delà du droit, des solutions existent. Mettons-les en œuvre !

Pour éradiquer ce fléau de la mendicité infantile, les solutions seront endogènes et nécessiteront une mise en commun d'initiatives faisant intervenir toutes les parties prenantes : État, autorités religieuses, familles, société civile, ONG… Certaines comme celles citées ci-dessous peuvent adresser le problème dans sa globalité.

- La redynamisation des territoires ruraux pour éviter l'exode rural de familles entières qui se retrouvent en ville sans avoir les moyens d'y vivre de façon décente et qui peuvent venir augmenter les rangs des candidats à la mendicité. Il y a aussi tous ces jeunes garçons, venant de ces zones rurales qui subissent de plein fouet les profondes mutations du monde rural avec l'abandon de l'agriculture vivrière et de l'élevage. Ces garçons se retrouvent envoyés dans des daaras en zone urbaine.

- Certaines croyances culturelles et religieuses gagneraient à être questionnées. Informer, sensibiliser mais surtout conscientiser les familles sur l'urgence de la situation de leurs enfants et à quel point ce « modèle de daara » s'est éloigné du concept initial et peut représenter un sérieux handicap dans leur vie future.

- Une politique sociale inclusive pour améliorer le niveau de vie des couches les plus vulnérables et en finir avec les urgences de survie quotidiennes.

- Subventionner les daaras, pour les moderniser et les structurer. Cela permettrait de prendre en charge décemment les talibés et les accompagner de manière optimale dans leur apprentissage.

- Santé de la reproduction à promouvoir et à faire adopter davantage par les familles démunies qui continuent à enregistrer un fort taux de natalité sans pour autant avoir les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants.

Le 20 novembre, Journée mondiale des droits des enfants, reste un moment privilégié pour se rendre compte des nombreuses injustices que subissent encore les enfants dans le monde. Stop à la mendicité ! Stop à la maltraitance ! Stop à toutes les formes d'injustice qui inhibent la croissance harmonieuse des enfants. Nos enfants ont droit à l'amour, à l'éducation, à la santé, à une vie décente et aussi à l'enfance. Une société qui ne protège pas ses enfants, une société qui n'éduque pas ses enfants ne se ferme-t-elle pas les voies de l'émergence ?

Cécile Thiakane, actrice du développement social, est basée au Sénégal

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